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Partie 7 : Dissertation
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Portrait(s) de femme(s) (p. 112-117)
Les quatre études thématiques proposées ont pour but de permettre une étude
approfondie de l'œuvre au programme. En complément des études linéaires sur des
passages de l'œuvre, elles sont conçues pour préparer en priorité l’épreuve de la
dissertation et développer des connaissances précises, nécessaires pour la construction
d’une argumentation personnelle propre à cette épreuve. Alternant analyses de détail et
questions de synthèse, analyses sur l'œuvre et résonances avec des textes
complémentaires, chaque étude propose une plongée et une traversée dans l'œuvre à
partir d’un thème embrassant ses enjeux majeurs.
Chaque étude est indépendante des trois autres : le temps à y consacrer est très variable
et les mises en œuvre pédagogiques, détaillées plus bas, peuvent être différentes.
Cette première étude propose de réfléchir à une question transversale qui s’apparente
fortement, dans la démarche intellectuelle qu’elle suppose, à une dissertation. L’objectif
est donc de permettre aux élèves de parcourir l'œuvre, de se l’approprier plus en détails,
tout en développant des compétences propres à l’argumentation : clarification et analyse
d’un sujet, structuration des idées, repérages pertinents dans l’œuvre, organisation
progressive sous la forme d’un plan, analyses issues de passages précis de l'œuvre.
Le travail proposé peut se faire en petits groupes pour favoriser les échanges sur l'œuvre
et sur la compréhension des différentes étapes du travail proposé. Il peut faire l’objet
d’un travail en classe pour les étapes 1 et 2, puis d’un travail plus personnel pour les
étapes suivantes.
Le corrigé annoncé dans ce livre du professeur est une proposition et ne constitue pas la
seule réponse possible.
L’étape 3 qui propose de guider les élèves dans la recherche d’arguments et d’analyses
susceptibles de nourrir la démonstration peut être complétée, notamment si le corrigé
proposé pour l’étape 5 sert de base à une correction de l’exercice. Dans ce cas, on pourra
ajouter les questions suivantes pour nourrir le plan tel qu’il est proposé ci-dessous :
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a) Relisez « Les Droits de la femme » (p. 29-30). Comment l’homme est-il qualifié ? Au
vu des remarques de l’autrice, dans quelle mesure pourrait-on également le
qualifier d’usurpateur ?
b) À quel endroit de l'œuvre Olympe de Gouges s’adresse-t-elle directement et
exclusivement aux femmes ? Que leur demande-t-elle concrètement de faire ?
c) Dans le Préambule de la Déclaration, quelle formule l’autrice choisit-elle pour
désigner les femmes ? Pourquoi, selon vous ?
d) Où l’autrice évoque-t-elle une expérience personnelle ? En quoi cet épisode sert-il
son combat selon vous ?
Éléments de corrigés
Étape 1
- défauts et qualités : entendus dans leur sens moral, ces deux termes font écho à
certains passages de l'œuvre étudiée où l’autrice s’attache à dépeindre les vices des
femmes de l’Ancien Régime ; ce n’est pas néanmoins un thème majeur.
- caricature : notion inappropriée ; en tant que représentation excessive, qui déforme les
traits dans une intention plaisante ou satirique, la caricature ne correspond pas à la
démarche de Gouges lorsqu’elle décrit la condition féminine.
- modèle : terme assez peu pertinent si on l’entend comme représentation pouvant servir
de référence à l’imitation ou à la reproduction ; les femmes, telles qu’elles sont décrites
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ou envisagées sous la plume de Gouges, ne sont pas considérées comme des exemples à
suivre.
- éloge et blâme : ces deux termes ont du sens à l’échelle de l'œuvre dans la mesure où
l’autrice peut développer une perspective morale ; si le blâme des femmes est présent
dans l'œuvre (celui des hommes aussi), le terme « éloge » reste toutefois peu adéquat
pour rendre compte de sa démarche de manière générale.
Étape 2
1. Parmi les onze intitulés proposés ci-dessous, barrez ceux qui vous semblent les
moins pertinents pour répondre au sujet.
Les propositions que nous n’avons pas retenues sont très éloignées de l’œuvre étudiée :
une première lecture relativement attentive de la Déclaration et des textes qui
l’encadrent permet d’éliminer facilement ces propositions :
- Pas de caricature (2) dans la démarche de Gouges, ni de réclamation vengeresse
(11). Ces mots sont incorrects pour rendre compte du projet énoncé par l’autrice
dans cette œuvre.
- Si les valeurs de la Révolution sont au coeur de la réflexion proposée, elles ne
sont pas incarnées par l’autrice ou une autre femme qui en serait l’emblème ou la
représentation symbolique (10).
- Plutôt que d’évoquer un portait au singulier, la question nous encourage à
analyser les représentations de la condition féminine dans l'œuvre. Plus encore,
s’il est bien question, dans le début du Postambule notamment, de « réveiller les
femmes » endormies par des siècles de servitude, l’ensemble de l’œuvre ne se
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réduit pas à cette injonction de Gouges (5). En ce sens, la question des « qualités
et défauts de la femme » ne peut être au centre de la démonstration.
2. Parmi ceux que vous avez gardés, sélectionnez-en trois qui pourront constituer
les trois parties d’une réponse au sujet.
Les propositions restantes sont justes dans la mesure où elles rendent compte au moins
d’un aspect de l'œuvre. Reste à savoir si elles sont suffisamment générales pour
permettre le développement de plusieurs arguments.
Étape 3
On peut citer les expressions suivantes qui permettent de montrer une égalité juridique
et sociale entre les sexes, formulée dès l’article premier (« la femme nait libre et demeure
égale à l’homme en droits ») :
- « les droits naturels et imprescriptibles de la femme et de l’homme » (article II)
- « la nation, qui n’est que la réunion de la femme et de l’homme » (article III)
- « toutes les citoyennes et citoyens doivent concourir [à la loi] » ; « toutes les
citoyennes et tous les citoyens, étant égaux à ses yeux, doivent être également
admissibles » (article VI)
- « Les femmes obéissent comme les hommes à cette loi rigoureuse. » (article VII)
- « les contributions de la femme et de l’homme sont égales. » (article XIII)
- « Les propriétés sont à tous les sexes réunis ou séparés. » (article XVII)
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b) Repérez deux exemples qui illustrent le pouvoir des femmes. Comment Gouges
juge-t-elle cette puissance féminine ?
Les femmes détiennent une certaine forme de pouvoir dans la mesure où leurs charmes,
leur pouvoir de séduction, permettent à certaines d’entre elles de se hisser jusqu’au
sommet de l’État ou des lieux de pouvoir. Leur beauté et leur ruse sont des armes
qu’elles manipulent avec brio mais que Gouges condamne avec fermeté :
- « Le gouvernement français, surtout, a dépendu, pendant des siècles, de
l’administration nocturne des femmes. » L’autrice continue la description en citant
des instances de pouvoir variées (ministère, présidence, pontificat, cardinalat) où
les femmes ont pu influencer les hommes par les stratagèmes de la séduction.
- Plus loin, elle évoque le cas de la femme belle qui « voyait cent fortunes à ses
pieds » : ses charmes, son pouvoir de séduction lui donne un pouvoir économique
(mais qui n’existe qu’aussi longtemps que la femme est jeune et belle et qui
dépend du bon vouloir de l’homme : la richesse ne signifie pas l’indépendance,
mais au contraire la dépendance).
Dans les deux cas, Gouges blâme ce comportement qu’elle associe aux mœurs dépravées
de l’Ancien Régime.
c) Dans son adresse aux hommes, quel argument développe-t-elle pour affirmer
l’égalité entre les femmes et les hommes ? Quelles sont donc les causes de
l’inégalité selon elle ?
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humaine. Mais, par ces divers stratagèmes, elles étaient toutefois respectées par les
hommes qui les admiraient notamment pour leur beauté. Depuis la Révolution, les
femmes sont censées avoir acquis un statut respectable (mais avec sa Déclaration elle
montre justement que ce « respect » est un leurre) ; mais elles sont méprisées par les
hommes qui les privent de droits politiques et les maintiennent ainsi dans un position
d’infériorité.
Le lexique dominant est celui du vice, de la dépravation : « mal » (l. 132), « dissimulation
» (l. 133), « ruse » (l. 134), « charmes » (l. 135), « poison, fer » (l. 136), « crime » (l. 137),
« administration nocturne » (l. 139) « secret » (l. 140), « indiscrétion » (l. 140), « cupidité »
(l. 143).
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nombreux et dramatiques encore : « je ne veux donner qu’un aperçu des choses, je les
approfondirai dans la nouvelle édition de tous mes ouvrages politiques ».
Étape 4
Après avoir effectué ce travail, si vous pensez que vos trois grandes parties doivent être
modifiées ou précisées, reprenez-les.
Cette étape cherche à encourager chez les élèves des réflexes de relecture et
d’autocorrection.
Étape 5
Organisez sous forme de plan détaillé les éléments recueillis dans l’étape 3.
- Argument 1 : le sort partagé par toutes les femmes, c’est celui d’un abus de
pouvoir et de force de la part des hommes
→ Analyse des « Droits de la femme » et du « Préambule ».
- Argument 2 : l’autrice expose la situation des femmes à travers différentes
descriptions dramatiques
→ Analyse des lignes 160 à 188.
- Argument 3 : le sort des femmes ne s’est pas vraiment amélioré avec la Révolution
→ « ce sexe autrefois méprisable et respecté, et depuis la Révolution,
respectable et méprisé » (lignes 143-144).
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→ Analyse du début du Postambule où Gouges exhorte les femmes à agir
au présent, en usant de leur raison.
III. Portrait de la femme ou des femmes ? Du concept de femme aux situations réelles
vécues par les femmes de son époque.
Étape 6
1. Identifiez le lien entre chacun des textes-échos et l'œuvre étudiée en vous aidant
du guide p. 117.
● Le texte-écho 1 (Le cri du sage, par une femme, Olympe de Gouges) peut nourrir
l’argument 3 de la première partie ainsi que l’argument 2 de la seconde.
Guide de lecture
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De la même manière que dans le début du Postambule où elle s’adresse avec franchise et
sévérité aux femmes, Olympe de Gouges use des procédés de l’exhortation que sont :
- l'apostrophe directe avec interjection lyrique « ô femmes ! »
- l’usage de nombreuses questions rhétoriques visant à impliquer le destinataire
dans un raisonnement actif : « Qu’avez-vous fait ? Qu’avez-vous produit ? »
- la modalité exclamative avec anaphore du ô lyrique dans le second paragraphe :
« ô sexe, tout à la fois séduisant et perfide ! [...] ô vous, qui avez égaré les
hommes ».
- l’emploi d’antithèses mettant en valeur le paradoxe qui anime le tempérament
des femmes : « Ô sexe tout à la fois faible et tout-puissant ! »
- le déploiement d’un lexique dépréciatif qui participe du blâme des femmes :
« vous avez abandonné », « vous avez éloigné » « vous haïr, vous mépriser »,
« sexe [...] perfide » « sexe [...] trompeur » « [vous] avez égaré les hommes ».
L’autrice reproche aux femmes d’être responsables du mépris que les hommes leur
portent en ces moments de troubles révolutionnaires. Par leur attitude séductrice et
trompeuse, par leurs manigances et leurs ruses, les femmes ont perdu tout crédit auprès
des hommes qui ne peuvent pas leur témoigner confiance et respect.
L’éducation qu’elle a reçue, conçue pour faire des filles des êtres silencieux, passifs,
dociles et distraits, permet de les garder sous tutelle, dans un état d’ignorance et de
naïveté qui confine à la bêtise.
L’éducation qu’elle se forge est toute autre : il s’agit de duper le monde pour mieux s’en
émanciper, pour gagner sa liberté tout en faisant croire à tous qu’elle répond
parfaitement au rôle qu’on attend d’elle, celle d’une jeune femme obéissante et se
conformant aux codes sociaux. C’est une éducation de l'artifice, du stratagème et de la
ruse.
Pour la Marquise, duper le monde est le seul moyen dont elle dispose pour y occuper une
véritable place. Sinon, c’est l’ennui mortifère qui aurait eu raison d’elle et l’aurait
conduite à une existence fade et morne. La ruse qu’elle élabore, le rôle qu’elle se
construit et le jeu de dupe qui en découle sont les seules armes dont elle dispose pour
exister dans un monde d’hommes où la femme est cantonnée à une existence
entièrement passive et dictée par l’autre sexe.
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Marceline dénonce l’injustice dont sont victimes les femmes dans la société d’Ancien
Régime où le fonctionnement même de la société et les rapports entre les sexes les
pénalisent. En prenant appui sur sa situation personnelle, elle démontre comment les
femmes, même sages et vertueuses, sont poussées à la faute et n’en sont jamais
véritablement quittes aux yeux de la société patriarcale dans laquelle elles vivent.
Éduquées pour être maintenues dans l’ignorance, devant subvenir à leurs besoins sans
possibilité d’exercer librement un métier (on commentera alors le passage sur les métiers
de la couture), les jeunes femmes modestes sont souvent réduites à succomber à des
hommes qui les séduisent et les abandonnent sans aucun engagement leur garantissant
une protection. La loi est faite par les hommes et pour eux, en protégeant ces
comportements irresponsables qui conduisent de nombreuses femmes à une vie de
pauvreté et d’opprobre.
L’injustice subie par les femmes ne concerne pas que les femmes de condition modeste.
Dans sa dernière réplique, Marceline élargit son propos en prenant l’exemple des femmes
de condition aisée : là encore, les femmes sont réduites à une forme de servitude
puisqu’elles sont dépossédées de leurs biens par le mariage et condamnées beaucoup
plus fermement que leurs époux pour les mêmes fautes (l’adultère par exemple).
Résumant ce paradoxe sous la forme d’un parallélisme de construction (« traitées en
mineures pour nos biens, punies en majeures pour nos fautes »), Marceline montre l’état
d’assujettissement dont sont victimes les femmes de la haute société. Certes, elles n’ont
pas à se battre pour subvenir à leurs besoins, garantis par un mariage qui les protège de
la misère, mais elles sont réduites à un pur rôle d’apparat, n’obtenant des hommes
qu’une « considération dérisoire ».
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Le mariage : esclavage féminin ou contrat égalitaire ? (p. 118-
121)
Les quatre études thématiques proposées ont pour but de permettre une étude
approfondie de l'œuvre au programme. En complément des études linéaires sur l'œuvre,
elles sont conçues pour préparer en priorité l’épreuve de la dissertation et développer
des connaissances précises, nécessaires pour la construction d’une argumentation
personnelle propre à cette épreuve. Alternant analyses de détail et questions de
synthèse, analyses sur l'œuvre et résonances avec des textes complémentaires, chaque
étude propose une plongée et une traversée dans l'œuvre à partir d’un thème
embrassant ses enjeux majeurs.
Chaque étude est indépendante des trois autres : le temps à y consacrer est très variable
et les mises en œuvre pédagogiques, détaillées plus bas, peuvent être différentes.
Objectifs pédagogiques
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Mise en œuvre pédagogique
L’activité 1 est proposée en binôme pour permettre des échanges entre les élèves et une
répartition du travail. L’étape 1 peut être commencée en classe lors d’une séance (une
heure) puis se terminer lors d’un temps de travail personnel. Les étapes 2 et 3 peuvent se
faire à la maison et donner lieu à un rendu sous forme de DM. On pourra proposer alors
aux élèves de réaliser l’étape 2 grâce à un outil d’écriture collaborative de type Framapad
(ou Pad disponible sur l’ENT du lycée) qui facilite les échanges, la répartition de l’écriture
et permet à l’enseignant(e) de vérifier que chaque membre du binôme s’est investi
suffisamment.
L’activité 2 proposée permet un pas de côté vis-à-vis du programme stricto sensu tout en
permettant de travailler les compétences essentielles de l’oral et du commentaire de
texte à l’écrit. Certains textes proposés dans l’anthologie peuvent d’ailleurs servir
d’exercices de type bac pour le commentaire dans la mesure où ce sont des extraits de
genre narratif et théâtral, correspondant aux bornes chronologiques de l’épreuve écrite
sur texte inconnu. Plusieurs scénarios pédagogiques sont proposés notamment pour
rendre l’activité moins chronophage en classe. Enfin, pour permettre un projet de classe
(35 élèves) permettant aux élèves de travailler en binôme sur un texte différent, d’autres
propositions de texte sont faites ci-dessous, dans la correction de l’activité 2.
Éléments de corrigés
Activité 1
Étape 1
Plusieurs réponses sont possibles tant qu’elles mettent en évidence l’idéal d’harmonie et
de coopération qu’Olympe de Gouges relève dans la nature. « Dans la nature, l’élément
féminin et l’élément masculin se trouvent unis et indifférenciés, sans rapport de
domination l’un par rapport à l’autre »
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Thématique · Définition du statut et du rôle de la femme vis-à-vis de l’homme
« Compagne » est issue du mot « compangne » (2 e moitié du XIIe siècle) qui signifie « celle
qui accompagne quelqu’un, qui vit habituellement auprès de quelqu’un ». Le terme est
lui-même issu de l’ancien français « compain » (qui donne en français moderne
« compagnon » et « copain »), mot qui s’est formé à partir des termes latins « cum »
signifiant « avec » et « panis » désignant le pain. Littéralement, la compagne est celle
avec laquelle on partage son pain. Choisir ce terme, c’est mettre en évidence l’idée de
« mise en commun », de partage et d’entente entre deux individus.
Le terme « compagne » n’a pas la même connotation que les termes « épouse » ou
« femme » (comme pendant du « mari ») qui mettent l’accent sur le lien marital institué
socialement entre un homme et une femme. En choisissant le terme « compagne »,
Olympe de Gouges se place sur un plan théorique où le lien naturel qui existe entre
l’homme et la femme est celui d’un partage et d’une cohésion, d’un secours mutuel
comme l’indique la manière dont elle résume l’épisode révolutionnaire au début du
Postambule : « l’homme esclave a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux
tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne » (l.
103-105). En choisissant de ne pas employer les termes juridiques (« épouse », « femme »
par opposition au « mari »), l’autrice insiste sur le lien originel égalitaire qui existe selon
elle entre les deux sexes. Critiquant par la suite les liens conjugaux tels qu’ils existent
sous l’Ancien Régime et qu’elle juge en partie responsables du renforcement des
inégalités et de l’oppression subie par les femmes, l’autrice cherche à montrer comment
la société a perverti des rapports initialement harmonieux entre les deux sexes.
Le terme « compagne » est par conséquent le terme qui convient le mieux pour définir les
rapports sains qui devraient exister et se développer entre les deux sexes selon l’autrice.
C’est dans cette perspective qu’elle propose à la suite de sa Déclaration des droits de la
femme et de la citoyenne une « Forme du contrat social de l’homme et de la femme » où
elle définit précisément ces nouveaux liens, ces liens de « compagnonnage », qui
unissent librement et dans un rapport égalitaire les deux sexes. Cette « Forme du contrat
social » s’oppose donc au mariage, vu par l’autrice comme une institution obsolète et
foncièrement inégalitaire, instituant de fait une domination de l’homme sur la femme.
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Thématique · Situation conjugale sous l’Ancien Régime
L’homme détient le pouvoir économique, qui lui permet de « s’offrir » les faveurs des
femmes, mais qui lui garantit surtout une forme d’indépendance tout au long de sa vie.
Acquise par la naissance ou par la possibilité de travailler, l’homme dispose toujours des
moyens de faire fortune, ce qui n’est pas permis aux femmes. Un homme né pauvre, s’il a
du mérite et des vertus, peut s’enrichir là où la femme, partant de la même situation, est
vouée à « la pauvreté et l’opprobre » (l. 183).
La femme détient la beauté, les charmes dont elle va se servir pour attirer les hommes
susceptibles de lui assurer protection et confort matériel, ou encore pour lui permettre
d’intégrer les cercles réduits du pouvoir afin de les influencer.
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Ce capital est très fragile puisqu’il diminue irrémédiablement avec le temps : les charmes
s’effacent et la beauté s’affadit ; devenues vieilles, les femmes n’ont plus de pouvoir ni
d’influence. Leurs amants les délaissent. Si elles ne peuvent subvenir à leurs besoins par
une indépendance financière, et si elles ne bénéficient pas de la protection du statut
marital, elles sont réduites à la pauvreté.
3. Expliquez l’image employée par Gouges pour définir les rapports asymétriques au
sein du couple.
Gouges reprend l’image de l’esclavage pour définir les rapports au sein d’un couple, sans
préciser d’ailleurs s’il s’agit d’un couple marié ou non : « la femme que l’homme achète,
comme l’esclave sur les côtés d’Afrique » (l. 162).
Cette comparaison associant la femme à une esclave évoque donc la transaction
financière qui régit les rapports entre les sexes, transaction qui déséquilibre forcément le
couple puisque l’un détient le capital économique (la « fortune » pour reprendre le terme
employé par l’autrice) là où l’autre, soit ne peut en disposer librement, soit n’a pas la
possibilité d’en constituer un comme sa véritable propriété. L’homme achète la femme
comme une esclave, parce qu’il subvient à ses besoins et pourvoit à son confort matériel
en échange de ses faveurs.
1. Quels exemples Olympe de Gouges prend-elle pour montrer les dangers des
relations hors mariage pour les femmes ?
Olympe de Gouges prend tout d’abord l’exemple d’une femme entretenue par un riche
amant qui, une fois vieille et ayant perdu tous ses charmes, se retrouve abandonnée et
donc pauvre (l. 165). Elle évoque également le cas d’une jeune femme qui vit pendant des
années avec un homme qui l’aime mais qui l’abandonne quelques années plus tard. Dans
tous les cas, qu’elle ait eu des enfants ou non avec cet homme, que celui-ci soit déjà
marié ou non, il pourra l’abandonner sans crainte d’être poursuivi tandis qu’elle devra
subvenir seule aux besoins de sa famille sans avoir véritablement les moyens honnêtes
de subsister.
La juridiction de l’Ancien Régime est défavorable aux femmes, plus encore lorsque celles-
ci ne sont pas mariées. La conception des enfants hors du cadre marital pénalisent par
exemple grandement les femmes qui sont contraintes d’accoucher loin de chez elles et de
quitter leur famille pour élever seule leur enfant afin d’éviter la honte sociale (Texte 3 p.
60). Le statut de mère ne donne aucun droit sous l’Ancien Régime s’il n’est pas corrélé au
statut d’épouse, liant ainsi la femme à un homme.
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Thématique · « Le mariage est le tombeau de la confiance et de l’amour »
Olympe de Gouges associe l’institution maritale à un état mortifère qui brise les liens
originels unissant l’homme et la femme, à savoir la confiance et l’amour. En effet, le
mariage encourage selon l’autrice des rapports corrompus entre les époux comme
l’exemplifie le cas des enfants issus d’un adultère féminin : la femme peut donner
naissance à un enfant dont le père n’est pas son mari tout en faisant passer cet enfant
pour l’héritier du couple. Inversement, un enfant qu’elle aurait eu avec un homme avec
lequel elle n’est pas mariée n’a aucune chance d’hériter des biens et du nom de son
véritable père. À travers cet exemple, l’autrice cherche à montrer que le mariage est une
institution où l’homme et la femme peuvent mentir et se tromper mutuellement : il n’a
pas été institué pour engendrer une relation harmonieuse entre un homme et une femme
mais pour perpétuer des rapports de domination majoritairement préjudiciables aux
femmes et aux enfants : la filiation qui découle de l’institution maritale par exemple
s’accommode du mensonge et du secret parce qu’elle contribue à réduire
considérablement la perte ou la dilapidation des biens patrimoniaux, c’est-à-dire les
biens du père.
3. Après avoir relu les pages 41 à 43, montrez en quoi le mariage, selon Gouges, est
porteur des vices de l’Ancien Régime.
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Thématique · Propositions
Gouges formule une proposition concrète pour remédier au déséquilibre présent dans la
situation conjugale et dont les femmes sont les premières victimes : il s’agit d’opérer le
« partage des fortunes entre les hommes et les femmes, et de l’administration publique »
(l. 179), donc de réformer d’abord totalement le système conjugal et patrimonial, jusqu’ici
patriarcal puisqu’il favorise toujours l’héritier masculin sur l’autre sexe. Si les hommes et
les femmes héritent à égalité des biens de leurs ascendants, le contrat de mariage s’en
trouve totalement bouleversé en laissant la possibilité aux femmes d’être indépendantes
d’un point de vue économique. De la même manière, l’accès paritaire aux emplois de
l’administration publique transformera radicalement la société en permettant aux
femmes d’obtenir à une forme d’autonomie, à celles issues d’une famille pauvre mais qui
auraient « du mérite et des vertus » de sortir par elles-mêmes de la pauvreté sans rien
devoir à un mari.
« La forme du contrat social de l’homme et de la femme » qu’elle décrit juste après cette
proposition se présente alors comme la formulation des différentes clauses de ce
nouveau contrat d’union qui remplacerait favorablement le mariage devenu pour l’autrice
obsolète : le partage de la fortune y est de nouveau évoqué, notamment en cas de
séparation du couple.
Plus loin encore, l’autrice élargit son propos en demandant des lois en faveur des veuves
et des femmes en union libre en prévoyant des compensations financières.
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Rousseau définit le contrat social comme les conventions que les êtres humains adoptent
entre eux lorsqu’ils sortent de l’état de nature où ils ne formaient pas « société ». Il est la
solution permettant aux êtres humains de rester libres tout en étant individuellement
protégés. Chaque individu cède son autorité à la volonté générale en échange de quoi il
bénéficie de la garantie de sa liberté et de la protection de sa personne et de ses biens.
En ce sens, puisque chaque individu cède son autorité à la volonté générale, chaque
individu est égal à tout autre individu. C’est librement et communément que tous les
êtres humains cèdent leurs droits naturels pour acquérir des droits garantis par la
société.
Plus largement, les réflexions que mène Rousseau dans Du Contrat social irriguent en
profondeur la pensée de l’autrice concernant les relations entre les hommes et les
femmes, fondées sur un déséquilibre des forces : par exemple, le philosophe définit
l’esclavage comme illégitime au sein d’une société de droit, ce que Gouges reprend pour
condamner le rapport déséquilibré qui régit les deux sexes. « Je fais avec toi une
convention toute à ta charge et toute à mon profit, que j’observerai tant qu’il me plaira et
que tu observeras tant qu’il me plaira » : cette définition de l’esclavage par Rousseau
pourrait tout à fait paraphraser la situation que Gouges décrit des rapports
hommes/femmes où ces dernières s’aliènent pour leur subsistance. Quand la monnaie
d’échange dont use la femme s’est tarie (sa beauté, ses charmes), elle ne peut même plus
subsister.
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Le mariage ne repose pas essentiellement sur le sentiment amoureux entre les deux
époux ; par ailleurs, considéré comme un acte sacré réalisé devant Dieu, le mariage
(toujours religieux au XVIIIe siècle) ne peut être brisé puisqu’il a impliqué la volonté de
Dieu. Les conventions conjugales proposées par Gouges peuvent au contraire être
résiliées à tout moment puisque le contrat d’union contient une clause spécifique en cas
de séparation. Dès lors, le contrat selon Gouges autorise le divorce, qui sera institué en
France l’année suivante (1792), au moment où le mariage devient un contrat civil et non
plus seulement religieux.
Les membres du clergé, que l’autrice désigne sous les qualificatifs de « tartuffes »,
« bégueules » (l. 222) et qu’elle associe de manière provocante à l’enfer, peuvent tout à
fait s’élever contre la forme de mariage civil qu’elle propose. En effet, se fondant sur une
conception religieuse du mariage, où l’union se trouve sacrée par la volonté de Dieu, les
hommes d'Église ne reconnaissent pas la valeur de toute autre forme de liens conjugaux.
Le mariage, dans leur perspective, ne peut être rompu puisque l’homme ne peut
décemment détruire ce que Dieu lui-même a béni ; la possibilité de la séparation,
envisagée par Gouges dès la rédaction du contrat d’union, reste inconcevable dans une
perspective catholique.
Étape 2
On pourra valoriser les travaux des élèves qui, dans la construction de cet entretien, ont
su :
- reprendre les éléments étudiés au moyen de la trame proposée dans l’étape 1 ;
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- reformuler avec clarté et précision la pensée de l’autrice en se l’appropriant
pleinement ;
- alterner différents types de questions (ouvertes, fermées, à visée didactique, à
visée polémique…) ;
- varier les approches de la thématique proposée en en montrant différentes
facettes ;
- proposer un entretien dynamique, vivant, et proche du style et de l’éloquence
d’Olympe de Gouges.
Étape 3
Présentez votre entretien à la manière d’un journal de l’époque, en vous inspirant par
exemple des journaux accessibles sur Gallica LLS.fr/DDFCJournaux et en vous servant
d’un outil de mise en page comme Canva.
On pourra valoriser les travaux faisant preuve d’originalité et de créativité, d’un sens du
détail ou qui témoignent d’une recherche supplémentaire quant à la présentation
graphique fidèle aux procédés de l’époque.
▶ Activité 2 (numérique)
À partir d’un florilège d’extraits, réalisez collectivement une anthologie orale sur
l’expérience du mariage de l’Antiquité à nos jours.
Étape 1
Étape 2
Lisez attentivement votre texte en vue de réaliser ensemble une mise en voix expressive
qui fera apparaitre votre interprétation du passage. Au sein de votre groupe, discutez
ensemble :
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- du sens du texte et de la vision du mariage qui y est à l’œuvre
22
mariage.
pour leurs combats
- Au-delà de la volonté pour une femme de
ou leurs exploits afin
refuser désormais le silence et la
de contester leur
résignation de la soumission, B. Groult
marginalisation dans
conteste une législation et des mœurs
l’esprit des hommes.
jugées archaïques.
L’énonciation devient
- Appel à la généralisation de cette prise de
plus impersonnelle
conscience auprès de toutes les femmes.
dans les deux
derniers paragraphes.
- Condamnation sous-jacente d’un système
6. Laetitia Lackschmama Pathétique.
héréditaire qui discrimine doublement
Colombani, La s’adresse à Smita et
Smita : en tant que femme située tout en
Tresse, 2017. sa fille et leur dévoile
bas de l’échelle des castes et en tant que
les difficultés
veuve, rejetée par la société et par sa
inhérentes à la
famille.
condition d’une
femme veuve. - Sous la forme de constats, évocation
d’une existence de femme, minorée,
empêchée, sans cesse exclue dès lors que
les liens du mariage sont rompus.
- Prise de conscience des traumatismes
7. Djaïli Amadou Le père puis la mère Pathétique.
engendrés par la polygamie, le mariage
Amal, Les s’adressent à leur
précoce et forcé, ainsi que par les violences
Impatientes, 2020. fille, Hindou, la
conjugales.
narratrice, pour lui
- Par le terme peul « munyal », par les
faire leurs
propos incontestés du père de famille,
recommandations sur
critique d’un système patriarcal qui oblige
sa future vie de co-
les femmes à une obéissance et à une
épouse.
soumission totale au père, au frère, au
mari.
- Grande vulnérabilité des femmes
sommées d’accepter de manière fataliste
un destin d’épouses qui ne sera que
tourments et violences.
23
des Femmes, 1662.
- respect de la versification (-e final des mots,
diérèses, enjambements...) ;
- rythme et à la longueur des phrases : la
première phrase court sur 10 vers ; attention
également à la structure binaire de certains
vers ;
- au changement des intonations à l’intérieur
de la tirade afin de rendre la lecture vivante.
3. Voltaire, Femmes, Dialogue On sera attentif(ve) au :
soyez soumises à vos philosophique. - choix du dialogue qui confère dynamisme et théâtralité à
maris, 1768. l’extrait ;
- aux prises de parole très éloquentes de la maréchale de
Grancey : succession de questions oratoires, anaphores, des
modalisations qui expriment une critique virulente des
rapports homme-femme.
4. George Sand, Roman – L’extrait On sera attentif(ve) au :
Indiana, 1832. prend la forme - choix du dialogue qui confère dynamisme et théâtralité à
d’un dialogue l’extrait : on sera sensible en particulier au jeu de
romanesque. questions / réponses et au rythme vif de l’échange ;
- aux effets de tension entre les personnages, perceptibles
aux jurons, au lexique de la domination et de l’esclavage ;
- aux verbes introducteurs de dialogue qui renseignent sur
les intonations de lecture et les relations entre les
personnages.
5. Benoîte Groult, Essai. On sera attentif(ve) à :
Ainsi soient-elles, Le premier - la longueur de la première phrase qui, par sa structure
1975. paragraphe prend accumulative, énumère le nom de quelques femmes
la forme d’un illustres ;
discours adressé à - les passages où l’implication de l’autrice est marquée par le
des femmes ayant choix d’une énonciation personnelle, d’un lexique dépréciatif
marqué l’Histoire ou par l’ironie.
par leur réussite
ou leurs combats.
6. Laetitia Roman – L’extrait On sera attentif(ve) à :
Colombani, La Tresse, inclut différentes - la succession voire à l’imbrication des différentes formes
2017. formes de paroles de paroles rapportées ;
rapportées.
- la présentation d’un double point de vue féminin sur la
condition de la femme mariée et de la veuve qui confine à la
même dénonciation.
7. Djaïli Amadou Roman. On sera attentif(ve) aux :
Amal, Les - changements d’intonation selon l’identité et l’état d’esprit
Impatientes, 2020. du personnage : autorité du père, acceptation forcée de sa
condition par la mère dont la prise de parole oscille entre
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24
défaitisme désespéré et expression d’une leçon de vie ;
- à la charge émotionnelle de la prise de parole de la mère
d’Hindou.
- de sa construction
25
culine.
Métaphores de la
toute-puissance de l’
homme.
- Forte modalisation
3. Voltaire, Texte en prose. Raisonnement inductif Les deux derniers
de l’extrait
Femmes, soyez qui part d’expériences paragraphes récusent
(première personne,
soumises à personnelles (la lecture avec ironie la
ponctuation
vos maris, des épîtres de Saint supposée supériorité
expressive,
1768. Paul par la Maréchale, physique de l’homme
périphrases.
son mariage avec M. de sur la femme.
- Circuit
Grancey) au plaidoyer
argumentatif
général pour l’égalité
efficace :
homme-femme.
raisonnements
inductif, concessif,
références
scientifiques,
bibliques,
littéraires, choix
d’un dialogue
dynamique.
- Des revendications
d’égalité hommes-
femmes qui
s’expriment par une
critique virulente de
la domination
masculine : champ
lexical de la
soumission de la
femme, phrases
cinglantes qui
manient l’ironie.
Un dialogue
4. George Texte en prose. Inversion des rapports Les deux dernières
polémique :
Sand, Indiana, de force : de la phrases de l’extrait
- jurons,
1832. subordination civile de traduisent la force de
interjections et
l’épouse à un mari caractère d’Indiana et
apostrophes
autoritaire à la signent la victoire
injurieuses dans les
revendication d’une d’une femme contre
propos du mari ;
force morale et d’une l’autorité de son
- lexique de la
liberté intérieure époux.
subordination
contre lesquelles
féminine.
l’époux est démuni.
Le portrait d’une
femme forte :
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26
- champ lexical de la
volonté ;
- fréquences des
négations ;
- répartition
avantageuse de la
parole et
retournement de
situation final.
- Structure
5. Benoîte Texte en prose. La thèse sexiste réfutée Le premier
accumulative par
Groult, Ainsi par l’autrice, « Pour paragraphe, de
l’énumération
soient-elles, être respectable, il ne structure
d’exemples,
1975. s'agit donc pas d'être accumulative, égrène
présentés sous la
mère, il s'agit d'être le nom de femmes
forme d’une
mariée », est invalidée reconnues pour leur
anaphore.
par les exemples du autonomie et leur
- Ironie perceptible
premier et du dernier haute valeur
par la chute de la
paragraphes qui physique, morale,
première phrase : «
démontrent que la intellectuelle. On
rien ne vous voudra
femme est porteuse de appréciera en
ni dignité ni sécurité
hautes valeurs. particulier l’effet de
».
pointe produit par la
- Progression de
fin de la première
l’énonciation : du
phrase.
tutoiement qui
établit un lien
sororal entre les
femmes et l’autrice
à une énonciation
plus impersonnelle :
emploi dominant de
la 3ème personne et
du présent de vérité
générale.
- Double visée
critique, d’abord à
l’égard des hommes
qui dénigrent les
compétences et les
valeurs des femmes
puis à l’encontre de
celles qui
participent à ce
dénigrement.
- Forte présence du
6. Laetitia Texte en prose. L’analepse présente De « Maudites, elles
discours narrativisé
Colombani, La dans chaque sont considérées
et du discours
Tresse, 2017. paragraphe est comme coupables » à
27
indirect libre qui
l’occasion d’une « condamnées à une
tiennent à distance
évocation à la fois vie de mendicité » :
l’émotion du
personnelle et générale entre discours
personnage face aux
des conditions de vie narrativisé et discours
horreurs subies.
des veuves dans la indirect libre,
- Fréquente
caste des Intouchables Lackschmama évoque
progression à thème
en Inde. le sort des veuves en
constant qui
Inde, une vie de
structure le premier
dépouillement et
paragraphe en lui
d’exclusion.
conférant une
portée accumulative
: les injustices ou
sévices subis sont
ainsi énumérés en
ne laissant aux
femmes aucune
échappatoire.
- Emploi dominant
du présent
d’énonciation qui
prend peu à peu
une valeur itérative
inscrivant les
conditions des
femmes
intouchables dans
des règles
sociétales
immuables.
- Lexique de la perte
et de la déchéance.
- Dans le dernier
paragraphe,
balancement binaire
des phrases qui crée
un effet
d’opposition
saisissant.
- Forte opposition
7. Djaïli Texte en prose. Deux points de vue Le dernier paragraphe
entre les propos
Amadou Amal, s’opposent permet au
résolus et
Les radicalement : celui du personnage maternel,
majoritairement
Impatientes, père, détenteur du de faire le bilan de sa
impersonnels du
2020. pouvoir au sein de la vie de co-épouse dans
père et la charge
famille et bénéficiant la civilisation peule.
émotive du discours
des intérêts d’un Le passage trahit
de la mère.
mariage arrangé (« Je l’émotion des
- Procédés qui
suis content de cet personnages face à
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28
soulignent le poids
arrangement qui leur condition de
des traditions
satisfait tout le monde femme.
contre lequel
[...] ») et celui de la
aucune femme ne
mère qui tire les
peut s’élever :
conséquences
répétition
dramatiques de sa vie
anaphorique de «
de soumission et de
j’ai hérité »,
violences conjugales :
énoncés gnomiques,
« J’ai piétiné mes rêves
phrases brèves,
pour mieux embrasser
parfois non-
mes devoirs. »
verbales, lexique
dominant des
relations familiales.
Étape 3
En vue de votre passage devant la classe, réalisez une prise de notes pour justifier vos
choix interprétatifs. Préparez ensuite une courte introduction de votre extrait en
rappelant l’auteur ou l’autrice, le titre de l’œuvre, son inscription dans l’histoire littéraire
et un genre ainsi que les enjeux du texte.
Étape 4 Le jour J, introduisez rapidement votre extrait et ses enjeux, puis proposez à la
classe votre mise en voix. À la suite de la lecture, justifiez à l’oral vos choix
d’interprétation et expliquez quelle vision ou quelle expérience du mariage propose
votre extrait.
Pour conseiller les élèves ou évaluer leur prestation orale, on pourra s’appuyer sur les
critères de réussite suivants :
29
La lecture est claire et expressive. L’élève sait adapter sa
manière de lire au genre littéraire et à la tonalité
dominante du texte choisi.
Pour s’entraîner à la lecture expressive d’un texte, on
pourra tirer profit des conseils et des exercices proposés
dans le LLS.fr/FR396.
Étape 5 Lors du passage des autres groupes, prenez des notes de manière à sélectionner
les deux textes qui, selon vous, proposent les liens les plus pertinents avec votre extrait.
Complétez en ce sens le schéma suivant.
Extraits Délimitations
1. Molière, L’Avare, De « Je veux ce soir lui donner pour époux un homme aussi riche que sage »
I, 5, 1668. à « Ne bougez ; je reviens tout à l’heure. »
2. Molière, Les Femmes De « Quoi ! le beau nom de fille est un titre, ma sœur » à « Dont l’appétit
savantes, I, 1, 1672. grossier aux bêtes nous ravale.»
3. Montesquieu, Lettres De « C'est une grande question, parmi les hommes [...] » à « où l'on aime à
persanes, lettre XXXVIII, soutenir des opinions extraordinaires et à réduire tout en paradoxe. »
1721.
30
5. George Sand, « Aux De « Il [L’affranchissement de la femme] consiste simplement à rendre à la
membres du Comité femme les droits civils [...] » à « Il faut que l'homme et la femme obéissent à
central », leurs serments, à l'honneur, à la raison, à leur amour pour leurs enfants.»
Correspondance, 1848.
7. Annie Ernaux, La Femme De « Un mois, trois mois que nous sommes mariés, nous retournons à la fac,
gelée, 1981. [...] » à « Maintenant, c’est la nourriture corvée. »
8. Chimamanda Ngozi De « « Tu as été marié ? » J’ai entrelacé les doigts car mes mains s’étaient
Adichie, Les Marieuses, mises à trembler. » à « [...] j’ai remarqué qu’il n’attendait pas d’avoir fini de
2015. mastiquer pour boire son eau. »
31
Stratégies argumentatives et tactiques de combat (p. 122-
127)
Les quatre études thématiques proposées ont pour but de permettre une étude
approfondie de l'œuvre au programme. En complément des études linéaires sur l'œuvre,
elles sont conçues pour préparer en priorité l’épreuve de la dissertation et développer
des connaissances précises, nécessaires pour la construction d’une argumentation
personnelle dans ce type d’épreuve. Alternant analyses de détail et questions de
synthèse, analyses sur l'œuvre et résonances avec des textes complémentaires, chaque
étude propose une plongée et une traversée dans l'œuvre à partir d’un thème
embrassant les enjeux majeurs de l'œuvre au programme.
Chaque étude est indépendante des trois autres : le temps à y consacrer est très variable
et les mises en œuvre pédagogiques, détaillées plus bas, peuvent être différentes.
Être capable de :
● approfondir sa connaissance de l'ensemble de l’œuvre en maitrisant le
vocabulaire propre aux textes argumentatifs (éloquence, harangue, types
d’arguments, persuader, convaincre, etc.)
● acquérir des réflexes d’analyse pour le commentaire (repérage de certains
procédés d’écriture propres aux textes issus de la littérature d’idées - essais,
discours, - et narratifs)
● développer son esprit de synthèse à travers la rédaction de réponses-bilans
● nourrir sa réflexion sur l'œuvre étudiée par la comparaison de celle-ci avec
d’autres textes (de l’autrice, mais aussi de Diderot, Laclos, Toussaint Louverture,
Rousseau)
L’étude thématique 3 est une étude dense qui propose aux élèves de parcourir
l’ensemble de l'œuvre autour d’une thématique essentielle au regard de l’objet d’étude et
de l’intitulé du parcours associé : écrire et combattre pour l’égalité. Abordant de
nombreux points (trois parties, huit sous-parties) et construite sur un nombre
conséquent de questions (plus d’une trentaine), elle est conçue comme une étude
arborescente qui cherche à ouvrir au maximum les perspectives d’approche du sujet.
32
Pour mener à bien l’étude, il sera judicieux de répartir le travail entre différents groupes
au sein de la classe, certaines questions permettant d’ailleurs d’aborder un même enjeu
mais sous un angle différent.
Si le travail se fait en petits groupes, il est possible ensuite de réaliser une synthèse sous
forme de carte mentale reprenant les différents axes travaillés, et qui sera distribuée à
l’ensemble de la classe : si chaque groupe a travaillé sur un aspect spécifique, l’ensemble
de la classe pourra bénéficier d’une synthèse utile en vue des révisions et de la
préparation de l’épreuve.
Éléments de corrigés
Impliquer et attaquer
Dans « Les Droits de la femme » où l’autrice apostrophe l’homme, comme dans les
premières lignes du Postambule où elle interpelle la femme, Olympe de Gouges emploie
des procédés d’écriture similaires dans le but de mobiliser ses destinataires :
- Dans les deux cas, l’autrice s’adresse à son destinataire par le biais du tutoiement
qui crée un rapport de proximité immédiate, supprimant tout rapport d’autorité.
33
régulièrement le début du Postambule : « Quand cesserez-vous d’être aveugles ?
Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? » (lignes
106-107), puis « Que vous reste-t-il donc ? (l. 110), puis encore aux lignes 112 à 114.
Dans « Les droits de la femme », la question rhétorique liminaire inscrit
directement l’extrait dans une tonalité polémique : « Homme, es-tu capable d’être
juste ? » qui sera ensuite développée par une autre question rhétorique à la
ligne 3 : celle-ci se trouve par ailleurs développée au moyen de questions
formulant des hypothèses de réponses, contribuant ainsi à dynamiser l’invective :
« Dis-moi ? Qui t’a donné le souverain empire d’opprimer mon sexe ? Ta force ?
Tes talents ? » (l. 3-4).
- Dans les deux cas, le vocabulaire employé nourrit la dimension polémique de cet
appel : le champ lexical du rapport de force est omniprésent, aussi bien dans les
« Droits de la femme » (« souverain empire », « d’opprimer », l. 3 ; « ta force »,
l. 4 ; « empire tyrannique », l. 7 ; « commander en despote », l. 18) que dans le
début du Postambule (« homme esclave » l. 103 ; « briser ses fers » l. 104 ; « vaines
prétentions de supériorité » (l. 121). Plus encore, le lexique des valeurs morales
parcourt ces deux extraits en dessinant notamment le blâme des hommes (« être
juste » l. 1 ; « sagesse » l. 5 ; « boursouflé de sciences et dégénéré » l. 16 ;
« ignorance la plus crasse » l. 18 ) ou en exigeant de la part des femmes une
attitude exemplaire, fondée sur le devoir de se saisir de leurs droits. Dans les deux
cas, c'est le lexique de la philosophie des Lumières que l’autrice emploie pour
nourrir son argumentation et esquisser un monde tendu entre deux pôles
incompatibles : celui de la raison et de la vertu, conforme à la nature et celui du
préjugé et de la corruption : « le tocsin de la raison » (l. 98), « préjugés, fanatisme,
superstition, mensonges » (l. 100-101), « flambeau de la vérité » (l. 101), « nuage de
la sottise et de l’usurpation » (l. 102), « siècles de corruption » (l. 108), « les sages
décrets de la nature » (l. 112), « la force de la raison » (l. 121), « les étendards de la
philosophie » (l. 122)
Ressemblances Différences
L’implication forte du destinataire permise par Une adresse plus mesurée chez Rousseau, plus
l’emploi des mêmes procédés d’écriture : exaltée chez Gouges :
- apostrophes lyriques (« ô femmes ! » chez - Rousseau examine une question (l. 1) dont il
Gouges ; « ô hommes » chez Rousseau) ; expose les grandes lignes dans le cadre de
- modalité injonctive (« écoute ») et cette introduction ;
exclamative (« combien tu as changé de ce que - Rousseau résume notamment sa thèse dans
tu étais ! ») ; le paragraphe 3 là où Gouges investit
- l’emploi du tutoiement qui rapproche le davantage les ressorts expressifs de la
locuteur de son destinataire (« combien tu as persuasion.
34
changé de ce que tu étais! »).
Une coquille s’est glissée dans la première édition : il s’agit des pages 29-30 et 45-46. Elle
est corrigée dans les rééditions.
Dans « les Droits de la femme », Olympe de Gouges s’adresse à l’homme en tant qu’être
masculin. Dans le Postambule, elle s’adresse aux « tartuffes », aux « bégueules », au
« clergé et [à] toute la séquelle infernale » (l. 222-223), aux « détracteurs de la saine
philosophie » (l. 234), ceux qui s’opposent ou s’opposeront aux propositions qu’elle
élabore pour permettre notamment le divorce et la reconnaissance des enfants hors
mariage.
Le vocabulaire est nettement dépréciatif : dans « les Droits de la femme », l’homme est
qualifié de « bizarre, aveugle, boursouflé de sciences et dégénéré » (l. 16), sorte de
despote monstrueux et donc contre-nature ; dans le paragraphe qui suit la « Forme du
contrat social de l’homme et de la femme », ses adversaires sont qualifiés de « tartuffes »
et de « bégueules » (l. 222) et la périphrase « les détracteurs de la saine philosophie »
(l. 234) les met clairement en opposition avec les penseurs des Lumières. Il s’agit pour
l’autrice de cantonner ses adversaires à l’ « ancien monde », celui de l’obscurantisme et
des préjugés, par opposition au monde progressiste défendu par le courant des Lumières,
dans lequel Gouges s’inscrit et dont la Révolution a permis l’avènement et la
concrétisation politique des idées.
35
ayant reçu « toutes les facultés intellectuelles » (l. 19) par lesquelles chacun reconnait la
marque du genre humain ? En ce sens la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
contient une contradiction que Gouges souhaite résorber avec sa propre Déclaration : si
les hommes, entendus comme êtres humains, naissent libres et égaux et si on considère
que la femme appartient à l’humanité, alors les femmes naissent également libres et
égales aux hommes et la Déclaration de 1789 doit en tenir pleinement compte.
Lorsqu’elle s’adresse ensuite aux membres du clergé ou plus largement à ceux qui
s’opposeraient à sa réforme du mariage, elle s’appuie sur le texte biblique lui-même pour
démontrer que le nouveau modèle de filiation qu’elle propose n’est pas contraire au
texte religieux et même que celui-ci en fournit un exemple avec Abraham, époux de
Sarah, qui a eu un enfant légitime « hors-mariage » avec sa servante Agar. Il s’agit bien de
prendre ses adversaires à leurs propres contradictions. Ceux qui fondent leurs principes
et leur dogme sur l’étude approfondie du texte sacré au point de s’y perdre, comment
pourraient-ils renier alors la Bible elle-même ?
Déclarer et proposer
1. À partir de l’étude linéaire page 72, montrez en quoi le préambule opère une
rupture de ton par rapport à l’adresse faite aux hommes (▶ p. 29 et 30).
Commentez notamment le lexique (niveau de langue, champs lexicaux dominants),
la syntaxe et la ponctuation.
Les éléments de réponse sont disponibles sur le Livre du Professeur consacré aux études
linéaires, notamment celle de l’extrait 1 p. 72.
Une parole performative est une parole agissante, qui modifie la réalité lorsqu’elle est
prononcée (par exemple : « Je vous déclare mari et femme »). La Déclaration des droits de
la femme et de la citoyenne est rédigée sous la forme de dix-sept articles qui
promulguent des droits et des devoirs modifiant en profondeur l’organisation sociale de
la nation ; cette réécriture de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen a pour
ambition de faire advenir une réalité seulement en puissance au moment où Gouges la
rédige : ainsi, en déclarant par exemple dans l’article premier que « la femme nait libre et
demeure égale à l’homme en droits », l’autrice veut faire passer cette virtualité dans
l’ordre du réel, en présentant l’ensemble des articles comme un texte « à décréter par
l’Assemblée nationale dans ses dernières séances ou dans celle de la prochaine
législature ».
36
dimension politique et législative de la Déclaration qui suit. Le terme « solennel » est
d’ailleurs employé pour qualifier celle-ci à la ligne 8 (« une déclaration solennelle »).
· Écrire la loi
Un pastiche est l’imitation d’un style, souvent pour le parodier, parfois pour lui rendre
hommage (▶ glossaire p. 178). Certes, Gouges imite le style de la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen : elle en reprend les tournures, parfois même des phrases entières
en ajoutant simplement la référence aux femmes. Néanmoins, elle ne cherche ni à
parodier ce texte, à moins de mettre en avant son incomplétude puisque les femmes en
sont exclues, ni à lui rendre hommage, puisqu’elle le critique. Si le style solennel est bien
celui du texte initial, ce n’est pas par jeu mais parce qu’il s’agit du ton que requiert tout
texte promulguant la loi et les droits. L’enjeu est grave et sérieux et le style d’écriture doit
en rendre compte.
Une parodie est une imitation caricaturale, dans un but comique ou satirique (▶
glossaire p. 178). Ce terme ne semble donc pas adapté pour décrire ce texte : Olympe de
Gouges ne poursuit pas un but comique, au contraire son texte revendique des droits
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37
« naturels, inaliénables et sacrés » (l. 8-9) pour les femmes, alors qu’ils leur sont
dénigrés. La parodie ne correspond pas du tout aux objectifs d’Olympe de Gouges dans
cette Déclaration dont la légitimité en tant que femme politique est en jeu.
La dimension subversive d’un tel écrit est en revanche beaucoup plus palpable dès la
lecture du préambule qui formule la demande d’une Assemblée nationale des « mères »,
des « filles » et des « sœurs », « représentantes de la nation ». La Déclaration a une
dimension subversive dans la mesure où elle propose un nouvel ordre, une nouvelle
organisation sociale et politique (articles VI et XIII) qui passe par la destruction de
certains principes pour rétablir une égalité entre les sexes. Il s’agit, dans la perspective
de l’autrice, de poursuivre et d’achever pleinement le projet révolutionnaire. En cela, la
dimension perturbatrice de sa démarche est pleinement assumée et même revendiquée
comme l’atteste « Les Droits de la femme », ce court texte accusateur et combatif qui
précède le préambule de la Déclaration et dans laquelle Gouges assume l’audace de son
entreprise.
Le choix d’une réécriture d’un texte fondateur est original et efficace : en s’appuyant sur
un texte déjà existant, Gouges met au jour, en ajoutant ou modifiant plusieurs passages-
clés, l’injustice dont sont victimes les femmes, jusqu’ici invisibilisées par ou dans la loi
elle-même. Le Préambule révise d’ores et déjà le texte-source en mettant en lumière les «
mères, les filles, les sœurs » comme « représentantes de la Nation ». Cette prise de
parole solennelle, suivie de dix-sept articles « à décréter par l’Assemblée nationale dans
ses dernières séances ou dans celle de la prochaine législature » a une force rhétorique
remarquable : en déclarant chacun des articles, Gouges les fait advenir comme « réalités
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38
» destinées à se diffuser par le biais de la publication et de la diffusion dans l’espace
public.
- L’autorisation pour les prêtres de se marier (l. 257). En cela, Gouges prolonge un
débat ancien des philosophes des Lumières (Montesquieu, Voltaire, et les
Encyclopédistes) qui considéraient que le célibat des prêtres participait nettement
à la dépopulation d’un pays et contribuait à attacher le clergé davantage à Rome
qu’à leur État ou leur patrie, sans parler des dangers de la continence sexuelle.
Sur cette dernière proposition et le débat sur le célibat des prêtres, on pourra se
référer à la thèse de Sarah Dumortier en partie consacrée au débat sur le célibat
écclesiastique (notamment les pages 49 à 56) et consultable en ligne.
2. Page 46 et 47, quel verbe est répété quatre fois ? Pourquoi cette insistance, selon
vous ?
39
catégories de la population. Le procédé anaphorique participe de cette entreprise en
créant un effet d’insistance : ayant évoqué le sort de la femme mariée, elle traite ensuite
de la veuve, mais aussi de la fille abandonnée suite à une union libre, et de la prostituée.
Sans chercher à favoriser les femmes (toute femme enfreignant la loi doit être punie), elle
cherche à ce que la loi protège équitablement les plus faibles.
Convaincre et persuader
1. En vous aidant du glossaire, montrez quels types d’arguments sont employés aux
pages 35 à 37 puis 47 à 49.
Article XIII : « elle a part à toutes les corvées, à toutes les tâches,
pénibles ; elle doit donc avoir de même part à la distribution des places,
des emplois, des charges, des dignités et de l’industrie. »
40
précisément, on pourra se référer par exemple aux articles X et XIII (arguments
logiques, mais aussi raisonnements a pari).
- Le raisonnement concessif est aussi présent par exemple lorsqu’elle évoque les
différentes conditions féminines et notamment le statut des femmes publiques :
« Cette chaine d’union fraternelle offrira d’abord le désordre, mais par la suite,
elle produira à la fin un ensemble parfait » (l. 248-250).
· Émouvoir et persuader
L’injustice subie par les femmes est exemplifiée au moyen de différents tableaux : une
femme aimée mais qui, devenue vieille, est laissée par son amant et se retrouve pauvre et
méprisée ; une jeune femme naïve tombant amoureuse d’un homme qui l’abandonne
après quelques années sans aucun moyen de subsister ; une femme pleine de vertus et
de talents, mais qui, parce qu’elle est née pauvre, ne peut tirer aucun bénéfice de son
mérite, ne pouvant être reçue à aucune fonction publique. Olympe de Gouges s’arrête là,
concluant sur la nécessité de développer ces réflexions et cet état des lieux
ultérieurement : « je ne veux donner qu’un aperçu des choses, je les approfondirai dans
la nouvelle édition de tous mes ouvrages politiques » (l. 185 et suivantes).
41
La stratégie qu’elle adopte pour défendre le statut des hommes de couleur s’appuie en
effet sur la tonalité pathétique : le tableau du chaos est toutefois beaucoup plus
développé à travers une insistance sur la dimension tragique des évènements : à travers
des effets rhétoriques plus appuyés comme l’anaphore qui débute la description (« c’est
là où »), le lexique dominant du feu (« fermentations incendiaires » l. 265, « allument »,
« feu », « embraser » l. 266) puis du sang, les images du parricide et du fratricide, Olympe
de Gouges cherche à susciter l’effroi des « âmes » les plus « endurcies » (l. 262).
Dans cet extrait de Sur les femmes, Diderot dresse lui aussi le tableau pathétique de la
condition féminine à travers un témoignage à la première personne : le lexique de la
souffrance (« malheureuse » ; « peines ») parcourt cette prise de parole émouvante et se
trouve accentué par des polyptotes qui signalent l’éternel retour des épreuves et de la
douleur (« ce que j’ai enduré » / « ce que j’endurerai » ; « j’ai souffert » / « me reste à
souffrir » ; « je serai morte / « jusqu’à ce que je meure »). La comparaison des travaux
effectués par l’homme puis par la femme montre comment cette dernière porte un
fardeau bien plus grand que celui de l’homme et à quel point ses tâches sont
harassantes. Plus encore, c’est le ton de désespoir de l’Indienne qui nous interpelle :
alors qu’elle vient de mettre au monde une enfant morte à cause de mauvais soins, elle
avoue humblement préférer mille fois la mort à une vie de misère comme celle que
mènent les Indiennes.
Une oratrice
L’inclusion d’un dialogue sous forme de « “Femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous
question/réponse et nous ?” “Tout”, auriez-vous à répondre. »
42
En employant ces procédés rhétoriques, Gouges s’inscrit dans la lignée des orateurs
révolutionnaires qui, tout en s’inspirant de l’éloquence antique, encore largement
enseignée sous l’Ancien Régime, donnent à leurs discours une perspective politique
moderne. Si, à la différence de ses homologues masculins, Gouges ne monte pas à la
tribune et ne discourt pas face à des auditeurs, ses écrits restent toutefois marqués par
une profonde oralité et par les codes rhétoriques du discours : par les apostrophes
nombreuses, les questions rhétoriques ou encore l’usage du tutoiement, l’autrice cherche
par exemple à impliquer immédiatement et durablement les destinataires. Ses prises de
parole, formulées à l’écrit, n’obéissent pourtant pas au schéma classique de la
rhétorique : l’exorde vise rarement à s’attirer la bienveillance du public, et la captatio
benevolentiae peut laisser place à une attaque frontale, comme dans « Les droits de la
femme » ou au début du postambule ; narration, confirmation et réfutation s’entremêlent
souvent pour laisser place à une péroraison qui vise moins à marquer les esprits qu’à
synthétiser le propos ou envisager d’autres sujets de réflexion possibles.
43
Thème principal Il s’agit d’exhorter les femmes à s’émanciper de la domination
masculine.
- Les femmes ont naturellement des droits dont elles ont été
spoliées par la société (l. 2).
- Les femmes sont naturellement les compagnes de l’homme, non
pas leur esclave (l. 3).
Arguments
- Les femmes se sont accommodées de cette situation de tutelle
en usant du pouvoir des faibles, à savoir le vice.
- Les femmes doivent être actrices de ce combat émancipateur en
ayant le courage de bouleverser la société.
Olympe de Gouges déploie une parole visant à persuader ses destinataires, hommes et
femmes, de la nécessité de garantir les mêmes droits pour toutes et tous. Son éloquence
réside à la fois dans sa faculté à émouvoir son auditoire en suscitant empathie, révolte et
indignation face aux situations d’injustice vécues par les femmes ou les peuples
colonisés, tout en déployant une argumentation fondée sur les principes et valeurs des
Lumières. Maitrisant les techniques propres à la tradition rhétorique, elle excelle à
impliquer ses destinataires dans son propos et déploie un discours énergique qui se veut
efficace puisque l’enjeu de ces écrits est pragmatique et non théorique. Gouges cherche
en effet à agir sur la société et plus précisément sur les décideurs politiques : sa
Déclaration vise à compléter celle de 1789. En offrant une parole véritablement incarnée
dans les divers textes entourant les dix-sept articles (l’épitre à la reine, « Les Droits de la
femme », le postambule) parallèlement à une déclaration elle-même solennelle et
impersonnelle comme tout texte de loi l’exige, l’autrice cherche à susciter l’adhésion tant
du cœur que de l’esprit.
Une narratrice
44
Le texte se clôt par un changement de ton radical : Gouges propose un appendice sous
forme d’anecdote personnelle. Elle devient narratrice en nous contant une mésaventure
avec un cocher malhonnête, suivi d’un entretien avec un commissaire de paix qui se
comporte encore plus injustement. Ce récit, qui s’étend sur une soixantaine de lignes,
possède un statut marginal au regard de la solennité et des enjeux historiques exposés
dans la Déclaration et les autres textes qui l’accompagnent.
Gouges commence son récit par une prétérition : « j’avais résolu et décidé de ne pas me
permettre le plus petit mot pour rire dans cette production, mais le sort en a décidé
autrement. » (l. 293-295). Qualifier cet appendice de « petit mot pour rire » est étonnant
sous la plume de l’autrice qui nous a habitué(e)s jusqu’ici à des réflexions graves et
solennelles. Cette rupture de ton cherche à provoquer la surprise et l’intérêt. L’oratrice
devient donc conteuse et déploie des talents jusqu’ici peu exploités ou mis en valeur : art
du suspense, mise en scène de personnages et mise en scène de soi, dialogue théâtralisé.
En introduisant son récit à la manière d’un apologue, Olympe de Gouges cherche à plaire
et instruire, à la manière d’un fabuliste comme La Fontaine ou d’un conteur comme
Voltaire. Elle commence d’ailleurs son anecdote en formulant une sorte de moralité (« il
est vrai que nul individu ne peut échapper à son sort » (l. 291), que son expérience
personnelle va illustrer ensuite. Gouges n’hésite pas à souligner le pittoresque ou le
piquant de la situation, notamment par la maitrise de l’art du suspense et par la
caractérisation comique des personnages masculins : le cochet malhonnête « fait du
bruit », le commissaire de paix est un « forcené » qui « s’emporte » et le magistrat porte
« une redingote poudreuse et dégoutante comme sa conversation » et se comporte
comme un « moderne Brid’oison ». L’univers théâtral n’est pas loin avec ces échos
farcesques et comiques, comme l’indique la référence au personnage de juge ridicule du
Mariage de Figaro de Beaumarchais. L’anecdote amuse Gouges (« je m’en fus moitié
furieuse et moitié riant du jugement de ce moderne Brid’oison » l. 336-337) mais lui donne
in fine l’occasion de revenir à des considérations plus politiques.
45
l’autorité quand celle-ci est injuste. En prenant appui sur sa propre expérience, l’autrice
se rend aussi plus proche de ses destinataires : elle n’est pas une femme déconnectée de
la réalité, qui n’aurait que des considérations purement spéculatives, mais une femme
qui met en application dans son quotidien les idées qu’elle défend, et pour qui tout
évènement, aussi anecdotique soit-il, est l’occasion de réfléchir concrètement à
l’amélioration de l’ordre social.
Cet appendice final propose un autre aperçu de la personnalité de l’autrice : elle s’y
dépeint comme une femme « comme tout le monde » (qui pour aller à Paris prend les
transport en commun, même si c’est long et compliqué : « l’économie n’est point
défendue », l. 295-296), active, travailleuse et minutieuse (quand elle se rend chez son
éditeur pour corriger ses épreuves), généreuse mais pas naïve (avec le cocher), éprise de
justice, connaissant la loi et sûre de ses droits face aux hommes dont le comportement
s’avère injuste voire outrangeant. Ce rapide autoportrait fait d’elle un modèle de ténacité,
y compris dans les plus petits faits de la vie quotidienne : elle n’est décidément pas une
victime mais une femme qui assume parfaitement de tenir tête aux hommes, lorsque sa
cause est juste. Enfin, dans sa manière d’introduire son récit et sa propre mise en scène,
elle fait preuve d’autodérision qui lui permet de développer une forme de bienveillance
et d’empathie de la part de ses destinataires : « sans doute une mauvaise étoile me
poursuivait dès le matin » affirme-t-elle avec une pointe de malice, ayant tout à fait
conscience que son récit n’a rien de tragique.
4. Dans quelle mesure ce récit sert-il l’argumentation déployée par l’autrice dans
l’ensemble de l'œuvre ?
Ce récit final cherche à montrer les injustices subies par les femmes : la narratrice
dénonce ainsi « l’acte d’autorité » (l. 321) et le « coup d’autorité » (l. 332) du magistrat.
Cette dénonciation en entraine une autre : en s’exclamant « C’est donc là l’espèce
d’homme qui doit juger un peuple éclairé ! » (l. 337-338), elle dénonce l'incompétence du
magistrat, qui méconnait la loi et agit de manière injuste, sans écouter les arguments de
la plaignante. L’œuvre s’achève donc sur une question civique et politique, celle de la
compétence des fonctionnaires du nouveau régime, fondamentale pour le maintien de
l’ordre social : « Que font ces juges de paix ? Que font ces commissaires, ces inspecteurs
du nouveau régime ? » (l. 349-351). Cette anecdote n’est donc pas si éloignée de la
Déclaration en tant que telle : en dénonçant le non-respect des hommes envers la loi, la
narratrice se présente elle-même comme une femme de loi et fait du respect de la loi une
question civique et sociale.
46
Gouges esquisse son autoportrait en écrivaine dans la dernière partie du postambule,
dans l’appendice où elle raconte une mésaventure personnelle.
b) Quelles actions sont précisément décrites ? Est-ce ainsi que vous vous
représentez en premier lieu le travail d’un écrivain ?
Évoquant sa venue chez son imprimeur, elle décrit son travail : corriger ses épreuves,
vérifier que les pages sont bien « serrées et remplies » (l. 309-310), s’atteler à la
composition et à l’impression. Ce travail d’agencement et de correction correspond
davantage au travail d’un éditeur et d’un imprimeur que d’un écrivain.
2. Pourquoi l’autrice a-t-elle fait ce choix selon vous ? Justifiez votre réponse en
faisant un lien avec le contexte révolutionnaire.
BILAN
47
l’exemple d’une femme libre, légitime à écrire et tout à fait capable d’œuvrer à l’évolution
des lois.
2. Texte-écho 2 • Montrez en quoi le combat mené par l’autrice s’appuie sur le sens
figuré du verbe « combattre ».
Dans la préface de Zamore et Mirza, Olympe de Gouges s’adresse aux esclaves et « gens
de couleur » (métisses) en lutte contre les Blancs dans la colonie de Saint-Domingue. Elle
condamne fermement la violence à laquelle ils ont recours pour faire reconnaitre leurs
droits et rompre leur esclavage ou les inégalités de statut dont ils sont les victimes. Si
l’autrice soutient leur combat pour la liberté et l’égalité, elle émet de sérieuses réserves
sur les moyens employés en blâmant avec énergie le recours aux armes, qu’elle associe à
une forme de sauvagerie et de férocité. Son raisonnement est simple : si les opprimés
usent de la violence face à leurs oppresseurs, ils se comportent comme leurs oppresseurs
et ne permettront donc jamais de rompre le cercle de la domination et de faire naitre la
paix car, par nature, « en imitant vos tyrans, vous les justifiez » (l. 3) ; « La tyrannie vous
suivra, comme le crime s’est attaché à ces hommes pervers. » (l. 10-11). La violence porte
en elle une injustice profonde puisqu’elle n’agit que par amalgame : « dans votre aveugle
rage, vous ne distinguez pas les victimes innocentes de vos persécuteurs. » (l. 4-5).
Quiconque use de la violence n’est donc pas digne de l’humanité et mérite qu’on le prive
48
de ses droits fondamentaux, notamment de la liberté : « les hommes n’étaient pas nés
pour les fers et vous prouvez qu’ils sont nécessaires » (l. 5-6).
Si un combat doit être mené, c’est avec les armes de la loi et du droit qu’il conduira à la
victoire : ces armes seules sont capables de faire éclore « une concorde indispensable au
bien de la colonie et à [leurs] propres intérêts » (l. 18).
Dans cet extrait de la Réfutation de quelques assertions d’un discours prononcé par
Viénot-Vaublanc, Toussaint Louverture condamne la violence dont a fait preuve une
partie des esclaves dans la colonie de Saint-Domingue : son objectif est de déconstruire
les accusations de son adversaire Viénot-Vaublanc qui considère que la situation
chaotique de la colonie repose sur la violence des Noirs. Toussaint Louverture, en
reconnaissant la brutalité et les exactions commises par les révoltés, met en garde le
Sénat français contre toute forme d’amalgame : « c’était le délire de quelques individus,
et non pas celui de tous les Noirs. » Le comportement indécent d’une partie de la
population ne doit pas faire oublier le combat exemplaire et républicain de la majorité.
Les termes ou périphrases qu’emploie l’auteur pour qualifier la violence relèvent du
blâme en rejetant les hommes violents hors de l’humanité, dans une forme de
monstruosité indifférenciée : « aveuglement », « délire » (l. 6), « conduite coupable » (l.
9), « passions qui font agir les ennemis de la liberté » (l. 14-15), « troupe sans frein, sans
discipline » (l. 16). Ils s’opposent aux expressions caractérisant le comportement du reste
des Noirs, guidés par les valeurs de la philosophie des Lumières et de la République : «
preuves sans réplique de fidélité à la République » (l. 17-18), « actes de bonté et
d’humanité » (l. 19) « retour à l’ordre et au travail » (l. 20), « attachement à la France » (l.
20) et enfin « dociles à la voix de la raison » (l. 22).
Se faire entendre
Publier, c’est faire connaitre quelque chose, l’annoncer officiellement. Il s’agit notamment
de faire paraitre un ouvrage (l’éditer, l'imprimer et le diffuser).
Le terme est emprunté au latin publicare qui signifie « mettre à la disposition du public ;
montrer au public ». Publier, c’est donc rendre public.
49
La publication permet à Olympe de Gouges de faire connaitre et de diffuser largement ses
idées. En publiant, l’autrice sort de l’espace privé traditionnellement dévolu aux femmes,
pour investir l’espace public, espace dominé par les hommes mais aussi lieu d'échanges
et de débats politiques. En étant publiée, la parole d’Olympe de Gouges accède à un
statut particulier : elle devient support de réflexions et de dialogue pour l’ensemble des
citoyennes et citoyens et se dote d’un pouvoir d’action. Si Gouges écrit et publie, c’est
pour agir sur l’actualité et la société de son temps, c’est pour changer véritablement et
concrètement les lois, c’est pour parfaire l'œuvre révolutionnaire.
Exprimer ses idées sur des affiches, c’est se donner la possibilité de les rendre
accessibles à tout le monde puisqu’elles sont alors visibles dans l’espace public par
excellence : la rue, espace de circulation et espace commun. À la différence des salons ou
des lieux de culture et de débat politiques (les Cercles, les Sociétés), l’affiche touche non
seulement un public très large mais aussi un public non averti, par exemple les femmes.
Là où les Cercles révolutionnaires supposent une démarche de la part de celles et ceux
qui s’y rendent, l’affiche interpelle tout à chacun se trouvant dans l’espace public. Afficher
ses idées, c’est recourir ainsi à une forme de communication cherchant à toucher et
informer le plus grand nombre de personnes, en un siècle où l’objet-livre reste encore
l’apanage des classes aisées ; c’est choisir un support capable de faire naitre l’opinion
publique.
50
Supports d’expression féministes
51
L’origine et les fondements de l’inégalité parmi les sexes
(p. 128-134)
Les quatre études thématiques proposées ont pour but de permettre une étude
approfondie de l'œuvre au programme. En complément des études linéaires sur l'œuvre,
elles sont conçues pour préparer en priorité l’épreuve de la dissertation et développer
des connaissances précises, nécessaires pour la construction d’une argumentation
personnelle propre à cette épreuve. Alternant analyses de détail et questions de
synthèse, analyses sur l'œuvre et résonances avec des textes complémentaires, chaque
étude propose une plongée et une traversée dans l'œuvre à partir d’un thème
embrassant ses enjeux majeurs.
Chaque étude est indépendante des trois autres : le temps à y consacrer est très variable
et les mises en œuvre pédagogiques, détaillées plus bas, peuvent être différentes.
Être capable de :
● approfondir sa connaissance de l'ensemble de l’œuvre en maîtrisant le
vocabulaire propre à l’autrice et à une époque.
● nourrir sa réflexion sur l’oeuvre étudiée en la mettant en perspective avec des
textes plus anciens (Poullain de La Barre, La Fontaine mais aussi les auteurs
antiques du dossier numérique « Un premier et un deuxième sexe » disponible sur
LLS.fr/DDFCForce), contemporains de l’œuvre elle-même (Condorcet, Rousseau,
Charrière, Guyomar) et plus récents (Beauvoir).
● nourrir ses analyses littéraires par des connaissances et une approche plus
philosophique.
52
Les guides de lecture proposés peuvent faire l’objet d’un travail personnel et donner
l’occasion d’un bilan en classe sous forme de tableau récapitulatif.
Éléments de corrigés
Construisez la réponse que pourrait formuler Olympe de Gouges à cette question en vous
appuyant sur votre lecture précise de l'œuvre. Aidez-vous du parcours de lecture suivant
pour nourrir votre propos.
Le terme « nature » est employé pour la première fois dans le texte intitulé « Les Droits
de la femme » (l. 29-30) : « parcours la nature dans toute sa grandeur » (l. 5), « dans
l’administration de la nature » (l. 12). Il désigne alors « l’univers » et plus particulièrement
« l’ordre répandu dans toutes ces choses créées et suivant lequel toutes choses ont leur
commencement, leur progrès et leur fin » (dictionnaire de l’Académie française, édition
de 1762). En ce sens, la nature désigne l’ordre établi des éléments dans l’univers comme
système de lois qui président à l’existence des choses et où l’être humain n’a aucune
part. Dans la perspective de Gouges, la société doit être le reflet de la nature.
« Droits naturels »
53
● Que désignent les « droits naturels » pour Olympe de Gouges ?
Remarque · Une définition est proposée p. 69 du livre. La question 5 b) de cette page peut
être donnée en complément, puisqu’elle porte, à partir d’un très court extrait, sur la
définition que Condorcet donne des droits naturels.
Jaucourt et Gouges partagent une même définition des droits naturels comme droits
fondamentaux consubstantiels à l’humanité : ce qui contrevient à la nature contrevient
aussi à la morale. C’est en ce sens qu’ils condamnent l’un et l’autre l’esclavage comme
étant une pratique inhumaine.
Olympe de Gouges évoque les lois de la nature et de la raison dans les articles IV et V de
la Déclaration. Elles protègent la liberté et l’intégrité de chacun(e), mais également
l’égalité entre tous les individus. Gouges s’appuie sur les lois issues a priori de deux
entités différentes : la nature, qui désigne l’ordre établi des éléments dans l’univers, et la
raison, faculté qui détermine l’appartenance d’un être au genre humain. Le droit à la
liberté, à l’égalité et à l’intégrité est garanti par les lois de la nature, c’est-à-dire le
fonctionnement de celle-ci, mais aussi par les lois de la raison, cette faculté ayant été
distribuée aux deux sexes dans le genre humain.
Document sous licence libre Creative Commons
54
Plus encore, « nature » et « raison » tendent à s’unifier dans la perspective philosophique
de Gouges, héritée de la philosophie des Lumières du XVIII e siècle. En effet, la raison est
comprise comme l’expression la plus parfaite de la nature humaine ; la raison est ce que
dicte en tout être humain le comportement le plus pur et moral qui soit, donc aussi le
comportement le plus proche de sa nature propre. « Nature » et « raison » sont
confondues puisque la seconde est l’expression toute humaine de la première.
Guide de lecture
Selon Poullain de La Barre, les inégalités entre les deux sexes persistent encore parce
qu’elles sont le fruit de la coutume, le résultat d’un préjugé si profondément ancré dans
nos manières de vivre qu’il nous semble naturel, alors qu’il est le fruit d’une certaine
organisation de la société. Les femmes ne sont pas naturellement inférieures aux
hommes ; elles ont été rendues inférieures et l’étude approfondie des conditions
historiques (l’auteur évoque la possibilité de remonter à la source) permettrait de
montrer comment la société a provoqué l’inégalité entre les deux sexes.
2. Si les facultés sont identiques aux deux sexes, par quel moyen les femmes ont-
elles été soumises ?
Les femmes ont été soumises par la force, par « la loi du plus fort », loi illégitime selon
Poullain de la Barre.
55
l’agneau », c’est le loup qui triomphe en dépit de la justesse de l’argumentation et de la
bonne foi de l’agneau. La morale de cette fable, ironique, dénonce implicitement (mais
donc aussi de manière quelque peu ambiguë car La Fontaine est proche du pouvoir) le
fonctionnement injuste de la justice, qui est toujours du côté des puissants. On peut le
voir aussi comme un avertissement (plus que comme une dénonciation) : ne vous
attaquez jamais à un puissant, car on vous donnera toujours tort.
Le député Pierre Guyomar rejoint, plus d’un siècle après les réflexions de Poullain de la
Barre, sa critique de la loi du plus fort ; selon lui, celle-ci s’oppose tout simplement au
droit et à la loi. En ce sens, la force, si elle a une légitimité et un sens dans le monde
sauvage, n’en a aucune lorsqu’il s’agit de faire société.
Texte-écho A
1. Quelle est la morale de cette fable ?
La morale choisie par le fabuliste pose comme inexorable le fait que le plus fort triomphe
toujours, du seul fait de sa domination sur les autres. Le droit est donc inéluctablement
du côté de celui qui incarne le pouvoir. Dès ce vers liminaire, le fabuliste nous délivre
ainsi une morale contestable. Il s’agira de percevoir, après une lecture plus fine de la
fable, la portée ironique de ce premier vers puisque La Fontaine veut condamner les abus
de pouvoir en dénonçant le sort injuste réservé à l’Agneau.
56
face à la domination et à l’agressivité du Loup. Sa parole est ainsi confisquée confirmant
que sa condamnation est inéluctable.
Cette fable est une condamnation ferme de la justice arbitraire exercée par les puissants
de la cour, incarnés ici par un Loup tyrannique et cruel. En effet, le lexique de la haine
composé des expressions « plein de rage » (v. 8), « en colère » (v. 11), « bête cruelle » (v.
18) plaçant résolument ce personnage du côté de la férocité, l’emploi du futur simple « tu
seras châtié » (v. 9) qui annonce de manière inflexible la sentence finale, la rapidité
expéditive avec laquelle cette sentence sera appliquée dans les trois ultimes octosyllabes
(v. 27-29) dénoncent non seulement la dure réalité des rapports de force entre le tiers
état et les Grands de la cour mais également l’absence de toute équité dans les conflits
qui les opposent.
Texte-écho B
1. Quelle contradiction Guyomar met-il en lumière dans cet extrait ?
Alors que les femmes font intégralement partie de la population française quand on fait
le compte démographique des habitants du pays (« La France a 25 millions d’habitants »),
celles-ci sont décomptées de la population globale dès lors qu’il s’agit de leur accorder
des droits politiques. Pierre Guyomar laisse échapper sa surprise voire son
incompréhension devant cette injustice par la question rhétorique « S'agit-il de calculer
le nombre des membres du souverain ? ». Les oppositions fortes des premières phrases
entre les expressions « 25 millions d’habitants » et « le nombre des membres du
souverain » ou entre les groupes verbaux « on comprend les femmes « et « on fait la
soustraction » légitiment l’indignation de l’auteur qui condamne ainsi ce préjudice subi
par les femmes alors même que les idéaux révolutionnaires auraient dû/pu œuvrer pour
une égalité politique entre les sexes.
En appliquant « la loi du plus fort », les Grands qui dirigent le pays sur le seul principe de
l’autorité et de la toute-puissance évitent de recourir « au travail d’un code » c’est-à-dire
à un système de lois rigoureux et plus égalitaire. Ce manque législatif instaure donc un
déséquilibre, une injustice profonde exprimée par l’expression métaphorique « en
écrasant d’une main le faible » qui dévoile toute la violence du rapport de force entre les
faibles et les puissants, mais aussi entre les femmes et les hommes.
Guide de lecture
57
1. a) Selon Rousseau, quelle égalité existe-t-il entre l’homme et la femme ? b) En
quoi diffèrent-ils ?
L’homme détient naturellement la force qui détermine chez lui des qualités d’initiative,
de puissance et de volonté.
b) Et à la femme ?
La femme, naturellement moins forte, est dotée de la beauté et de la ruse. Plus faible que
l’homme, elle est naturellement passive, timide, docile.
La ruse est une qualité chez Rousseau : c’est la puissance dont sont dotées les femmes
pour faire face à la force, attribut naturel de l’homme. Dans l’équilibre des rapports entre
l’homme et la femme, l’homme use de force, là où la femme emploie la ruse : c’est au
moyen de ces deux armes différentes que leurs rapports s’équilibrent et que l’un ne
domine pas l’autre. Dans la perspective rousseauiste, la différence sexuelle induit des
différences psychologiques : être de sexe masculin, c’est être doté d’une force physique
supérieure qui induit des comportement plus actifs et volontaires. Être de sexe féminin,
c’est être plus faible ce qui conduit la femme à développer un autre talent : la ruse. Celle-
ci est donc la réponse naturelle développée par les femmes pour équilibrer ses rapports
avec les hommes.
4. Que pense Gouges de la ruse des femmes ? Expliquez les divergences entre
Rousseau et elle en vous référant à l’étude thématique 1, p. 112.
58
5. Que reproche Isabelle de Charrière à Rousseau ? Précisez votre réponse en lisant
sur LLS.fr/DDFCRousseau un extrait dans lequel Rousseau explique quelle
éducation il préconise pour développer les qualités naturellement féminines.
Guide de lecture
« On ne nait pas femme, on le devient » signifie que la femme est une construction
sociale que l’individu de sexe féminin intériorise par le biais d’une certaine éducation et
d’interactions sociales. Devenir une femme, c’est assimiler dès la naissance et tout au
long de la vie des attitudes et schémas de pensée déterminés comme étant du ressort du
féminin, ce que Beauvoir décrit comme « un destin qui lui est imposé par ses éducateurs
et par la société ». Par exemple, la passivité ou la retenue sont le fruit d’une longue
éducation faite d’un rapport biaisé, secondaire et contraint au monde matériel et social
là où le garçon développe activité, initiative et curiosité parce qu’il se déploie et investit
le monde dès son plus jeune âge en y trouvant un champ d’expérience et d’apprentissage.
59
▶ Un premier et un deuxième sexe (LLS.fr/DDFCForce)
Guide de lecture
1. Texte 1 · Comment les rapports entre l’homme et le femme évoluent-ils dans ces
trois extraits du récit de la Genèse ? Appuyez-vous notamment sur le lexique
employé.
Le premier paragraphe de cet extrait met plutôt en évidence une forme d’équilibre entre
l’homme et la femme, formant tous deux une unité que Dieu ne distingue pas lorsqu’il
s’adresse à eux : après les avoir bénis sans distinction, il s’adresse à l’homme et la femme
en employant un « vous » qui rassemble et caractérise le couple homme/femme comme
une unité. L’homme et la femme, ensemble, dominent le monde terrestre en le peuplant
et en se rendant maîtres des autres espèces (« l’assujettissez ; et dominez sur [...] »).
Le second paragraphe met l’accent sur le caractère premier du sexe masculin dans la
création : Dieu crée d’abord l’homme puis forme la femme à partir d’une côte de l’homme
pour lui donner une compagne. Le compagnonnage de l’homme et de la femme est voulu
par Dieu, l’homme étant endormi et donc passif durant la création de la femme par Dieu.
Le couple peut donc être vu comme une volonté de Dieu et comme une création à part
entière (« ils deviendront une seule chair »), faite à partir de deux entités distinctes.
Ensemble, l’homme et la femme forment un nouvel être (« une aide semblable à lui »).
Le troisième paragraphe, qui suit le moment où Dieu retourne au jardin d’Eden pour
constater la faute d’Adam et Ève, relate un changement relationnel majeur entre l’homme
et la femme : là où tous deux « dominaient » et « assujettissaient » le monde terrestre
dans le premier paragraphe, c’est désormais l’homme qui asservira la femme (« il
dominera sur toi »). La punition que Dieu réserve à la femme est marquée par des
souffrances liées à deux statuts désormais spécifiquement rattachés à sa condition : la
maternité et la conjugalité.
60
Guide de lecture
De plus, elle s’inscrit dans la lignée d’autres exégètes comme Basile, dont elle met en
évidence sa qualité de « grand saint » : ce recours à un argument d’autorité dans le
premier paragraphe de l’extrait lui permet d’asseoir son argumentaire sur une figure
reconnue par ses lecteurs tout en mettant bien en évidence que les hommes aussi, à
l’instar de Basile, peuvent tout à fait reconnaître l’égale vertu des deux sexes. Marie de
Gournay continue ensuite en tenant compte des arguments de ses adversaires : à ceux
qui défendent l’idée que la supériorité de l’homme est légitimée par le texte sacré du fait
que Dieu ait choisi un fils pour sauver l’humanité, elle oppose la figure de la Vierge qui,
dans la Bible, occupe un statut particulier et même supérieur en un certain sens au Christ
lui-même (car lui, n’est pas considéré comme un être parfait).
2. Selon vous, pourquoi est-ce important, pour l’autrice, de s’appuyer sur les textes
religieux ?
61
Les textes religieux, et notamment la Bible, considérée comme le texte sacré de la
religion chrétienne, sont d’une importance extrême pour fonder les bases de la morale et
du fonctionnement de la société au XVIe siècle. En fondant sa réflexion sur la Bible, Marie
de Gournay s’élève au rang d'exégèse, fonction jusqu’alors réservée aux hommes et
même uniquement aux clercs ou aux érudits. Il s’agit pour elle de montrer qu’elle est tout
à fait capable, au même titre que les grands commentateurs du texte sacré, de fonder son
raisonnement, non sur des convictions personnelles issues de son expérience de la
condition féminine, mais en raison et en vérité, le texte biblique étant considéré comme
la source de la parole divine et donc de la vérité.
Guide de lecture
1. Texte 2 · Quels sont les deux textes de référence sur lesquels s’appuie Thomas
d’Aquin ?
Thomas d’Aquin s’appuie d’une part sur la Bible, en reprenant un passage de la Genèse,
d’autre part sur les écrits d’Aristote, philosophe grec de l’Antiquité. Ces deux références
sont des figures d’autorité au XIIIe siècle, l’ensemble des connaissances se fondant sur
l’étude du texte sacré et des écrits antiques.
L’homme La femme
62
Chez les deux penseurs, la femme est marquée, naturellement, biologiquement, par la
passivité notamment dans l’acte de reproduction de l’espèce : ce n’est pas elle, mais
l’homme qui détient la substance qui donne vie à la matière que la femme apporte. Cette
dichotomie entre l’activité, détenue par l’homme, et la passivité, état de la femme,
dépasse, dans la représentation des rapports entre les sexes, la seule dimension
biologique : en pensant que la femme ne détient aucune substance animée (littéralement
« qui donne l’âme, qui donne vie »), on admet que la femme est par nature un être inactif,
qui doit naturellement « recevoir » et « s’offrir » en tant que « matière », en tant que «
corps » à la puissance active détenue par l’homme.
Guide de lecture
La théorie de Buffon vient contredire les pensées d’Aristote sur la répartition des
substances active et passive entre les deux sexes. Buffon affirme que le mâle et la femelle
détiennent tous deux, des « matières également actives, également chargées de
molécules organiques propres à la génération ». La dichotomie activité/passivité devient
obsolète d’un point de vue scientifique, l’homme et la femme étant considérés comme
participants actifs à l’oeuvre de reproduction.
63
intéressante pour le débat proposé précédemment : trois scientifiques (Yves Coppens,
Pierre-Henri Gouyon et Edith Heard) font un tour d’horizon des recherches menées par
des anthropologues, généticiens, paléontologues sur l’évolution naturelle et culturelle
des sexes et l’apparition des différences entre ces derniers.
Objectifs pédagogiques
Cette rubrique s’organise autour de deux types d’activités : l’élaboration d’une fiche de
révision collective (outil 1) qui doit permettre une mobilisation des connaissances sur
l'œuvre étudiée et leur mise en commun, puis la conception de quatre cartes mentales
pour réinvestir les acquis des études thématiques précédentes (outil 2). Afin de favoriser
les échanges entre les élèves, on pourra réaliser cette fiche de révision et ces cartes
mentales en binômes ou en petits groupes. Un temps de mise en commun des réponses
sera ensuite organisé en classe entière. On pourra enfin tirer profit de ces activités de
synthèse et des notions / citations mises en jeu pour se constituer un solide réservoir
d’exemples pour l’exercice de dissertation.
Éléments de corrigés
Outil 1
Thèmes Citations
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64
« Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation,
demandent d’être constituées en Assemblée nationale. » (Préambule)
L’union des femmes
« Cette chaine d’union fraternelle offrira d’abord le désordre, mais par
les suites, elle produira à la fin un ensemble parfait. » (Postambule)
« [les femmes] ont résolu d’exposer dans une déclaration solennelle, les
droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme » (Préambule)
Les droits naturels « Le but de toute association politique est la conservation des droits
naturels et imprescriptibles de la femme et de l’homme : ces droits sont
la liberté, la propriété, la sûreté et surtout la résistance à l’oppression. »
(Art. II)
65
« Homme, es-tu capable d’être juste ? » (« Les Droits de la femme »)
Des attaques ad
hominem Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? »
(Postambule)
Outil 2
66
Stratégies argumentatives et
2. Créez une carte mentale pour chacune des trois autres études thématiques.
La carte mentale proposée ci-dessous pourra être modifiée en fonction des intitulés
choisis dans l’étape 2 page 112 et des arguments développés dans l’étape 3 page 113.
67
I Un tableau pathétique I L’image d’une
Portrait(s) de femme(s)
I Portrait de la femme ou
des femmes ?
68
Carte mentale pour l’étude thématique 2 · Le mariage : esclavage féminin ou contrat
égalitaire ?
Des propositions
La « Forme Un projet
du contrat inédit... Une
social de nouvelle
l’homme et définition
de la de la
femme » filiation
… mais
- critiqué - par la
Directemen reconnaiss
t « je vois
Carte mentale pour l’étude thématique 4 · L’origine et les fondements de l’inégalité parmi
les sexes
69
L’origine et les fondements de l’inégalité
70
Revoir la méthode (p. 136)
Objectifs pédagogiques
Les quatre exercices proposés permettent aux élèves de créer des automatismes sur
certains points techniques de la dissertation. Ils suivent une progression guidée : analyse
du sujet, démarche argumentative appropriée au sujet, formulation pertinente d’une
problématique, mobilisation des connaissances dans la perspective de l’élaboration d’un
plan détaillé. Les deux premiers exercices peuvent être réalisés en binôme : chaque élève
prendra en charge un sujet et procèdera à son analyse en suivant l’ordre des consignes.
Au terme de ce premier travail, les élèves de chaque binôme échangeront leur analyse et
proposeront une correction en notant les remarques méthodologiques dans la marge.
Une correction collective suivra, qui permettra une mise en commun des réponses et, si
besoin, une explication sur les erreurs ou défaillances constatées. Les deux derniers
exercices seront réalisés individuellement par écrit ou feront l’objet d’une activité
d’échanges oraux en classe entière.
Éléments de corrigés
Ex 1
Les deux sujets de dissertation sont constitués des deux mêmes composantes :
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71
- La citation d’un journaliste, Laurent Joffrin pour le sujet 1, et celle de deux
historiens, Michelle Perrot et Georges Duby pour le sujet 2. Ces deux citations
présentent un point de vue sur l’un aspect de la Déclaration d’Olympe de Gouges :
dans le sujet 1, Laurent Joffrin évoque l’engagement humaniste d’Olympe de
Gouges qui dépasse celui des droits de la femme. Dans le sujet 2, Michelle Perrot
et Georges Duby énumèrent les revendications égalitaires qui ont émergé à la fin
du XVIIIe siècle et dont Olympe de Gouges s’est fait la porte-voix.
- Le sujet proprement dit, formulé par une question. Ce sujet doit permettre
d’éclairer, d’expliciter les propos des auteurs en mobilisant les connaissances sur
la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.
Les deux questions sont introduites par la locution interrogative « En quoi » que l’on
pourrait reformuler par « pour quelles raisons ». Les deux sujets induisent un plan
thématique : ils sont introduits par des mots interrogatifs qui demandent de valider une
opinion selon une démarche progressive. Ainsi, la question « En quoi ces propos
illustrent-ils les combats de l’autrice de la Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne ? » invite à développer les raisons qui font de cette Déclaration une œuvre
militante.
Le sujet 2 contient également trois mots-clés qui forment un lexique politique déjà étudié
dans le dossier pédagogique (pages 68-69).
➢ « république » : du latin res publica, la « chose publique », la république
appartient aux citoyens (avec les limites que l’on donne à ce mot, les conditions
pour en faire partie) et elle donc une forme de la démocratie. Le peuple s’exprime
(la plupart du temps) par le biais de représent(e)s élu(e)s, qui exercent leur
mandat pour une durée déterminée. Dans la citation de Georges Duby et Michelle
Perrot, la république est une organisation politique qui permet un partage plus
équilibré des pouvoirs.
72
➢ « citoyens » : ceux (et celles) qui peuvent exercer leur droit de cité, c’est-à-dire
leurs droits civiques en participant pleinement à la vie politique de leur pays ;
➢ « droit politique » : droit de participer à la vie politique, d’exercer ses droits
civiques en votant ou en étant élu(e).
73
➢ « Égalité des droits fondée par la nature, égalité des sexes, égalité dans
l’instruction » : dès le préambule, Olympe de Gouges revendique ces « droits
naturels, inaliénables et sacrés » (p. 31), qui par nature doivent concerner aussi
bien les femmes que les hommes. De même, l’article premier proclame l’égalité
des droits entre les sexes : « La femme nait libre et demeure égale à l’homme en
droits » (p. 32). L’article VI affirme également la nécessité pour les femmes
d’accéder aux mêmes « dignités, places et emplois publics » (p. 34) que les
hommes alors que, selon l’article X, la femme doit pouvoir exprimer ses opinions
librement : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions mêmes fondamentales.
La femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également le doit de
monter à la tribune » (p. 35). Enfin, dans la « forme de contrat social de l’homme
et de la femme », elle propose de renouveler les lois du mariage pour créer une
« chaine d’union fraternelle » (p. 47) qui accordera à la femme une place plus
juste.
➢ « l’exhortation au changement » : dès l’épitre à la reine, Olympe de Gouges
exhorte Marie-Antoinette, à la fois « mère et épouse » de défendre « ce sexe
malheureux » (p. 27), de soutenir les droits des femmes. Ce sont ensuite les
hommes qu’elle interpelle « Les Droits de la femme », avec l’apostrophe initiale «
Homme, es-tu capable d’être juste ? » (p. 29). Enfin, ce sont les femmes qui sont
prises à partie au début du postambule : « Femme, réveille-toi ; [...] reconnais tes
droits » (p. 38) ; « Ô femmes, femmes, quand cesserez-vous d’être aveugles ? » (p.
38). « Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir
de les affranchir. » (p. 40)
Droit des femmes à accéder aux emplois Art. VI : « toutes les citoyennes et tous citoyens
publics. [...] doivent être également admissibles à
toutes dignités, places et emplois publics »
(p. 34)
Droit des femmes à la liberté d’expression et Art. X : « Nul ne doit être inquité pour ses
d'opinion. opinions même fondamentales. La femme a le
droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir
également celui de monter à la tribune »
(p. 35)
Droit à un partage juste des biens. Art. XIV et XVII : « Les propriétés sont à tous les
sexes réunis ou séparés ; [...] nul ne peut en
74
être privé comme vrai patrimoine de la
nature » (p. 38)
Élaboration d’un contrat conjugal qui « Nous entendons et voulons mettre nos
permettra le partage des biens. fortunes en communauté » (p. 44)
Protection des veuves et des femmes non- « Je voudrais encore une loi qui avantageât les
mariées. veuves et les demoiselles trompées par les
fausses promesses d’un homme à qui elles se
seraient attachées » (p. 46)
Droit au mariage des prêtres. « Ajoutez-y le mariage des prêtres » (p. 47)
Ex 2
Le sujet 1 est formulé par une question ouverte, introduite par un terme interrogatif. Ce
type de question induit une réponse qui analysera de manière progressive la notion de ce
sujet : il faut donc choisir un plan thématique.
L’expression-clé du sujet 1 est « une fraternité nouvelle ». Elle met l’accent sur
l’émergence de liens plus justes, plus égalitaires, plus complémentaires entre les
membres d’une même nation.
75
4. Le sujet 1 a été analysé à la page suivante, mais trop brièvement. Complétez cette
ébauche d’analyse en proposant des synonymes, des antonymes et des définitions
précises.
Fraternité :
● Devise de la France : liberté, égalité, fraternité, trois valeurs universelles et
indissociables.
● Synonymes → amitié, solidarité, communion.
● Frères = lien de parenté, de proximité, de solidarité
● Peut avoir un sens plus large : entre frères, mais aussi entre hommes, entre
hommes et femmes, entre gens de différentes nationalités, entre classes sociales,
etc.
● L’équivalent féminin du mot est sororité, mais qui n’existe que dans un sens
restreint (solidarité entre femmes)
nouvelle :
● Nouvelle place pour les femmes ? pour tous les opprimés ?
● Nouvelle organisation ? Vers un système social et politique qui inclurait des droits
plus égalitaires ?
● Nouvelles mentalités qui bouleverseraient en profondeur les liens entre les
individus ?
5. Faites le même travail pour le sujet 2 dont l’ébauche d’analyse est disponible sur
LLS.fr/DDFCSujet2.
Bouleverser :
● Réorganiser, reconstruire, refondre, restructurer.
● Mettre sens dessus dessous, renverser, troubler, changer brutalement.
● Par la violence ? Par les mots ? Par la littérature ? Par la loi ?
● Révolutionner = en créant un ordre nouveau ? En quoi cet ordre nouveau
s’opposerait-il au monde établi ? S’agirait-il d’un monde meilleur ? Plus juste ?
Plus égalitaire ?
l’ordre établi :
● Ordre social, pouvoir en place.
● Place des un(e)s par rapport aux autres, nouvelle organisation de la société,
redistribution des rôles de chaque composante d’une nation, vers un partage, une
plus grande complémentarité.
● Règles : lesquelles ? celles que tous les individus doivent suivre ? celles qui
émanent de la loi ? celles qui imposent une classification voire une hiérarchisation
entre les individus formant une société ?
● Faut-il obéir à l’ordre établi ? Faut-il s’y soumettre ?
76
6. Approfondissez l’analyse des deux sujets au brouillon en proposant des
références à l'œuvre étudiée (passages précis, citations éventuelles, arguments
de l’autrice…).
Sujet 1 :
Passages :
- « Les droits de la femme », (p. 29-30)
- Les articles I et III (p. 32-33).
- Le début du postambule (p. 38-40).
- Dans le postambule, exemples évoquant la dépendance et le rejet dont les
femmes sont victimes (p. 42).
- Proposition de lois, au sein d’un « Contrat social » en vue d’un système social et
politique qui inclurait des droits plus égalitaires (p. 44-47).
Citations :
- « [...] et vous verrez bientôt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampants à
vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Être suprême. » (p. 39-
40)
- Une loi qui permettra « le partage des fortunes entre les hommes et les femmes,
et de l’administration publique » (p. 43).
- « Cette chaine d’union fraternelle offrira d’abord le désordre, mais par les suites,
elle produira à la fin un ensemble parfait » (p. 47).
Arguments :
- Il faut respecter les lois de la nature qui ne distinguent pas, ne hiérarchisent pas
les éléments masculins et féminins.
- Il faut respecter les lois de la raison : si les deux sexes sont égaux d’un point de
vue intellectuel, ils doivent aussi être égaux du point de vue des droits politiques.
- Il s’agit d’exhorter les femmes à sortir de leur passivité et de leur aveuglement afin
de faire émerger une nouvelle société, plus conforme aux idéaux des Lumières et
aux acquis de la Révolution.
- Olympe de Gouges propose un nouveau contrat social pour une meilleure
reconnaissance des droits des femmes : l’instauration du divorce, la suppression
du mariage religieux au profit d’un contrat conjugal établissant le partage des
biens entre les époux, et enfin la protection des mères et des enfants, en
particulier des enfants illégitimes.
Sujet 2 :
Passages :
- Le préambule qui, par un jeu de réécriture, permet d’offrir aux femmes une
Déclaration des droits novatrice et inclusive (p. 31-32).
- Les articles de la Déclaration qui corrigent les injustices ou silences de la
Déclaration de 1789 (p. 32-38).
77
- Des passages polémiques qui intiment aux hommes le devoir de mettre un terme à
l’oppression qu’ils exercent sur les femmes (« Les droits de la femme », p. 29-30)
et aux femmes celui de s’en affranchir (postambule, p. 38-40).
- Un « Contrat social » qui devient une force de propositions inédites (p. 44-49).
Citations :
- « Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ;
reconnais tes droits » (p. 38)
- « Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de
les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir » (p. 40)
- « je vois s’élever contre moi les tartuffes, les bégueules, le clergé et toute la
séquelle infernale. Mais combien il offrira aux sages de moyens moraux pour
arriver à la perfectibilité d’un gouvernement heureux ! » (p. 45)
- « Le préjugé tombe, les mœurs s’épurent et la nature reprend tous ses droits »
(p. 47)
Arguments :
- La DDFC, une œuvre militante qui veut récuser les inégalités de droits.
- La DDFC, une œuvre qui incite les femmes à un sursaut salvateur qui puisse les
libérer du joug de l’obscurantisme et de la domination masculine.
- La DDFC, une oeuvre qui veut institutionnaliser des droits nouveaux et
fondamentaux pour la femme.
- La DDFC, une œuvre qui veut propager des idées innovantes et révolutionnaires
pour une plus grande égalité ou complémentarité entre les individus : partage des
fortunes et des fonctions dans l’administration publique, droit au divorce,
reconnaissance des enfants illégitimes…
- La DDFC, une œuvre engagée qui se heurte à la persistance de préjugés misogynes
et à des mentalités sectaires.
7. Proposez pour chacun des sujets une reformulation permettant de dégager une
problématique.
Ex 3
1. Parmi les trois problématiques suivantes, quelle est selon vous la plus
pertinente ?
a) La Déclaration est-elle un cri qui retentit pour faire réagir la passivité ?
b) En quoi cette oeuvre polémique est-elle une exhortation au changement ?
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78
c) Avec ce verbe à l’impératif, la Déclaration d’Olympe de Gouges engage-t-elle les
femmes à militer pour leurs droits ?
Le choix d’une question ouverte ne permet pas de retenir la proposition b). En effet,
introduite par « En quoi », cette question déplace les enjeux du sujet en induisant un
plan thématique qui ne correspond pas à la démarche dialectique imposée par la
question fermée du sujet.
Ex 4
Sujet 1 : « Homme, es-tu capable d’être juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ;
tu ne lui ôteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t’a donné le souverain empire
d’opprimer mon sexe ? » s’indigne Olympe de Gouges au début de sa Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne. En quoi ce cri de révolte illustre-t-il le combat des
femmes pour accéder à l’égalité des droits ?
→ Problématique D : En quoi la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
manifeste-t-elle la nécessité urgente pour les femmes, qu’Olympe de Gouges représente,
d’élever énergiquement la voix pour obtenir plus de justice ?
79
→ Problématique E : Dans quelle mesure la Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne peut-elle se définir comme une arme au service d’une lutte pour un monde plus
égalitaire ?
Sujet 4 : Selon Benoîte Groult dans Ainsi soit Olympe de Gouges, Gouges « a été la
première féministe à comprendre [...] que le sexisme n’était qu’une des variantes du
racisme, et à s’élever à la fois contre l’oppression des femmes et contre l’esclavage des
Noirs. » En quoi cette autrice est-elle une figure fondatrice des combats pour l’égalité ?
→ Problématique B : En quoi les fondements idéologiques et philosophiques de la
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne reposent-ils sur une réflexion qui
dépasse la seule question de l’émancipation féminine ?
● Sujet 4
[Entrée en matière] Connue pour ses prises de position féministes, Olympe de Gouges
a, tout au long de sa vie, mené un combat plus large en prenant la défense des personnes
les plus démunies, rejetées, opprimées. [Formulation du sujet] C’est d’ailleurs l’opinion de
Benoîte Groult qui, dans Ainsi soit Olympe de Gouges, considère qu’elle « a été la
première féministe à comprendre [...] que le sexisme n’était qu’une des variantes du
racisme, et à s’élever à la fois contre l’oppression des femmes et contre l’esclavage des
Noirs. » En quoi cette autrice est-elle une figure fondatrice des combats pour l’égalité ?
[Problématique] En quoi les fondements idéologiques et philosophiques de la
Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne reposent-ils sur une réflexion qui
dépasse la seule question de l’émancipation féminine ? [Annonce du plan] Nous verrons
d’abord ses combats pour les droits des femmes. Puis nous montrerons qu’en militant
pour d’autres causes, par une parole libre et humaniste, elle a œuvré de manière plus
générale pour une société plus juste.
● Sujet 5
80
[Entrée en matière] Selon la critique Sophie Mousset, dans Olympe de Gouges et les
droits de la femme, « la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de
Gouges, reprend, article après article, et dès le préambule, la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen. Elle en est, en quelque sorte, le complément sans être une
critique. » [Formulation du sujet] Mais la Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne n’est-elle qu’un pastiche de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ?
[Problématique] Dans quelle mesure cette œuvre repose-t-elle sur un jeu de réécriture ?
[Annonce du plan] Après avoir montré que la Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne reprend très largement la Déclaration de 1789, nous verrons en quoi les
modifications établies ont une portée argumentative et subversive qui s’inscrit dans un
combat pour une société plus égalitaire.
Pour les autres introductions, on veillera au respect des étapes mentionnées dans le livre
page 140 et dans le manuel de Première p. 370 (voir : LLS.fr/FR1P370).
81
Dissertation guidée (p. 139-140)
Objectifs pédagogiques
82
d’entrainement par des points de cours et des exercices supplémentaires présentés dans
le manuel de Première, p. 366 et suivantes (voir : LLS.fr/FR1P366 et suivantes).
Éléments de corrigés
Étape 1
Analysez au brouillon le sujet en vous aidant des termes mis en évidence en gras.
La question posée par le sujet contient une négation restrictive formée par les adverbes
« ne … que ». Elle met en doute le fait que les seules destinataires de la Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne soient les femmes, sous-entendant que cela
réduirait considérablement sa portée. Le sujet nous invite donc à réfléchir sur le lectorat
d’Olympe de Gouges et sur les bénéficiaires des idées novatrices qu’elle développe dans
son œuvre.
On pourra formuler l’implicite de ce sujet pour en faire émerger les sous-entendus : cette
œuvre d’engagement pour des droits égalitaires ne concerne-t-elle pas aussi le lectorat
masculin ? En luttant pour la reconnaissance des plus démunis et de tous les opprimés, la
démarche d’Olympe de Gouges n’est-elle pas une démarche plus générale, humaniste ?
Ne peut-on pas conférer à la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne une
visée plus universelle ?
Étape 2
Ce sujet, formulé par une question fermée, implique une démarche dialectique. La
première partie devra étayer une thèse, le deuxième axe la nuancera. Enfin, une dernière
partie pourra proposer un dépassement.
Étape 3
Allez sur LLS.fr/DDFCDissertation, téléchargez le schéma dont vous avez un aperçu ci-
dessous puis complétez-le.
83
Selon vous, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de
Problématique : Cette œuvre engagée n’a-t-elle pas une portée plus universelle ?
Partie I Partie II
Certes, la Déclaration des droits de la femme Toutefois, ce texte témoigne d’un engagement
et de la citoyenne est l’œuvre d’une pionnière plus général et s’adresse à l’ensemble de la
Étape 4
84
émancipation, nous verrons d’une part que son texte condamne de manière plus large
toute forme d’oppression et d’autre part qu’il s’adresse aussi au lectorat masculin, sans
qui la société égalitaire et fraternelle qu’il défend ne pourrait advenir.
Étape 5
85