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Enjeux et débat en ethnomusicologie

(Identité musicale)

Farrokh Vahabzadeh
farrokh.vahabzadeh@univ-tours
Central Asia and Khorâssân

(source : The Garland Encyclopedia of World Music. Vol. 6, p. 896)


Fig. 1-2) Le trajet de la route de la soie
Schéma) La situation schématique une un famille de langue : iranienne et turc (Breton 2003)
Central Asia and Khorâssân

(source : The Garland Encyclopedia of World Music. Vol. 6, p. 896)


2.Les hautes cultures
On désigne par ce terme — sans intention laudative par rapport aux
précédentes — les cultures dont l’origine remonte aux premières
grandes civilisations urbaines, celles qui inventèrent l’écriture, c’est-à-
dire Sumer, l’Égypte, puis la Chine. Ces cultures, de l’Extrême-Orient
aux pays arabes et à l’Occident, reposent sur un système de valeurs qui
nous est familier. Comme le dit Lévi- Strauss, ces sociétés sont
acquisitives, c’est-à-dire qu’elles cherchent à se développer
techniquement, démographiquement et parfois territorialement (d’où
des conflits parfois sanglants).
Elles ont le sens de l’histoire, grâce à l’écriture qui permet de fixer le
passé, de l’archiver afin de le rendre immédiatement disponible,
contrairement à la tradition orale. Mais en dehors des régimes
démocratiques, ces sociétés sont inégalitaires dans leur fondement :
systèmes de castes, féodalisme,voire esclavagisme.
Gilles Léothaud, Ethnomusicologie générale (document pdf), Cours de Licence LMU1, année universitaire 2004-2005, p.9
https://youtu.be/19qsye67wkA?si=8SkRYk-Ya6ZcYYYo&t=620
Dans ces conditions, la musique n’est plus à la disposition de tous
les individus, mais réservée à quelques-uns, généralement l’élite
cultivée ou proche du pouvoir. Elle repose sur une spéculation
rationnelle où le son et les rapports acoustiques font l’objet d’une
investigation de nature scientifique, constituant à ce titre une théorie
musicale explicite et verbalisée. La musique des hautes cultures
revêt par conséquent un caractère savant, fondé sur des critères
esthétiques : jouée pour le plaisir lors de concerts, elle est un art
à part entière. Cela n’exclut évidemment pas, au sein de telles
cultures, l’existence d’autres formes de musiques, religieuse, à
caractère fonctionnel, et de type populaire ou archaïque, notamment
chez les minorités ethniques.
Gilles Léothaud, Ethnomusicologie générale (document pdf), Cours de Licence LMU1, année universitaire 2004-2005, p.9
https://youtu.be/LZ8BJfU-7t8?t=568
Asie occidentale et Moyen-Orient

.1. Cadre géographique

L’Asie occidentale englobe un vaste ensemble dominé par trois grands foyers culturels.

D’abord l’Inde, avec les pays qui lui étaient autrefois rattachés, au temps de la colonisation

britannique : avant la partition de 1947, le Pakistan et le Bangladesh (d’abord Pakistan oriental,

puis séparé et indépendant depuis 1971), et Sri Lanka, autrefois Ceylan, indépendant depuis

1948. À ces pays s’ajoute l’Afghanistan, qui n’a jamais fait partie de l’Union indienne.

Si la tradition musicale est vivace en Inde et au Pakistan, une situation économique

désastreuse au Bangladesh explique probablement que les préoccupations artistiques n’y soient

pas prioritaires. Quant à l’Afghanistan, géographiquement encastré entre le sous-continent

indien et l’Iran, il possède une culture qui doit beaucoup à ces deux géants, mais sur le plan

musical plus au premier qu’au second.

Gilles Léothaud, Ethnomusicologie générale (document pdf), Cours de Licence LMU1, année universitaire 2004-2005, p.9
Deuxième grand foyer, l’Iran (la Perse jusqu’en 1934) dont le
rayonnement culturel s’étend sur plusieurs pays autrefois rattachés à
l’URSS, comme l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Tadjikistan et le
Turkménistan. La vie musicale est à l’heure actuelle difficile dans cette
région du monde : en Iran, les autorités islamiques ne sont pas favorables
au développement de la musique classique, jugée trop laïque et éloignée
des aspirations religieuses. Dans les anciennes républiques socialistes
soviétiques, la musique savante fut combattue à l’époque du stalinisme
parce que soupçonnée d’être le véhicule d’un ferment nationaliste. La
situation a changé aujourd’hui, les écoles sont rouvertes, mais beaucoup
de musiciens dépositaires d’une authentique tradition ont disparu sans
avoir pu former de descendance.

Gilles Léothaud, Ethnomusicologie générale (document pdf), Cours de Licence LMU1, année universitaire 2004-2005, p.9
Le troisième foyer est constitué par la Turquie, ainsi que par les pays arabes où s’est conservée
vivante la tradition musicale savante : ce sont surtout l’Égypte, où s’est tenu dès 1932 le 1er
Congrès international de musique arabe, l’Irak avec Bagdad qui reste un centre important pour les
écoles de luth, la Syrie qui possède — à Damas surtout — de grands facteurs d’instruments, et le
Yémen, pays encore assez fermé où la tradition est bien conservée. Cette liste n’est pas limitative,
et c’est probablement tous les pays arabes qu’il faudrait citer. Leur influence s’est étendue
d’ailleurs fort loin vers l’ouest, jusqu’à l’extrémité du Maghreb en Mauritanie, et au sud de
l’Espagne ; de l’Antiquité au Moyen Age, des contacts incessants entre les cultures persane
d’abord, turco-arabe ensuite, et l’Occident, ont contribué à forger la théorie musicale sur laquelle
repose l’art européen.
La vaste aire culturelle ainsi définie, de l’Océan indien à l’Afrique du Nord, présente une unité
certaine par son attachement à la modalité, ainsi que nous le verrons ; mais ses conceptions
musicales divergent suffisamment pour justifier cette tripartition de l’Asie occidentale et la
reconnaissance de ses trois grands foyers artistiques.

Gilles Léothaud, Ethnomusicologie générale (document pdf), Cours de Licence LMU1, année universitaire 2004-2005, p.9
Dans son argumentation sur la notion d’une entité culturelle des pays
musulmans, J. During considère qu’au niveau de la musique savante ou de ce
qu’il appelle la « musique d’art », celle-ci peut être définie par les
caractéristiques suivantes :

▪elles sont monodiques, modales, à dominante heptatonique ;


▪elles se distinguent des catégories modales ou compositionnelles
(maqâm, tubu’, dastgâh) désignées par des noms propres spécifiques ;
▪elles utilisent des cycles rythmiques diversifiés, ainsi que des rythmes
non-mesurés ;
▪elles empruntent au moins une partie de leur terminologie et de leur
taxinomie à la langue arabe et/ou persane et se réclament de quelques
grands théoriciens comme Fârâbî, Ibn Sînâ, Safîuddîn (DURING, 1990,
pp.185, 186).
During, Jean, 1990"Tableau comparatif des musiques d’art du monde musulman" dans l’Asie centrale et ses voisins ; Influences réciproques, Colloques Langues’O, Ed. Rémy Rod, Paris-INALCO.
Des cartes de synthèses sur les caractéristiques musicales des musiques d’art des pays musulmans (During 1990)
Des cartes de synthèses sur les caractéristiques musicales des musiques d’art des pays musulmans (During 1990)
Des cartes de synthèses sur les caractéristiques musicales des musiques d’art des pays musulmans (During 1990)
Des cartes de synthèses sur les caractéristiques musicales des musiques d’art des pays musulmans (During 1990)

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