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Cours n° 4
On voit bien ce que les méthodes d'enquête du XIX° siècle, fondées sur la
seule collecte de répertoires écrits, devaient au point de vue "étique", telle
qu’il est défini par les sciences sociales :
ETIQUE = point de vue de l'observateur
EMIQUE = point de vue de l'observé
Cette notion émique-étique a été développée par un linguiste, Pike, en
1954. Kenneth Pike, en 1954, a créé les termes "émique" et "étique" sur le
modèle des systèmes "phonémique" et "phonétique" de la théorie du
langage, pour l'analyse des langages et cultures étrangers, dans leurs
comportements non linguistiques. En simplifiant, l'émique est la vue
intérieure de ces cultures, l'étique est la vue extérieure. Il existe aussi des
interprétations transculturelles.
C'est l'habileté à entendre, identifier, conscientiser et manipuler les sons
isolés de la langue parlée (phonèmes). Pour pouvoir lire des écrits, l'enfant
doit auparavant avoir pris conscience de l'existence des phonèmes et être
capable de les individualiser. Il doit comprendre que les mots de la langue
parlée sont constitués de « phonèmes ».
La phonétique (Du grec phônêtikos, où phônê signifie la voix, le son.) est
une branche de la linguistique qui étudie les sons des langues et de la
communication.
Elles ne prenaient jamais en compte ni le contexte culturel, ni la réalité
linguistique, sociale, ni la culture locale dans sa différence. C'est que la
notion de culture locale large, d'aire culturelle, qui est au centre de la
notion de point de vue "émique", n'avait pas cours au XIX° siècle. On
considérait les chansons traditionnelles, les instruments, la langue, le
"patois", comme des curiosités isolées, des "monuments" comme on disait
à l'époque, des survivances sans aucun lien avec une culture vivante digne
de ce nom.
Il faut attendre les premiers écrivains romantiques comme nous l'avons vu,
et surtout les débuts de la pensée folkloriste vers 1880, pour que l'on
commence à concevoir que ces faits isolés constituent ce que l’on nomme
aujourd’hui une « culture » à part entière, et qui n’est pas la culture
dominante française et bourgeoise, citadine: l’habitat, les costumes, la
nourriture, la langue, la musique, etc…
Les enquêtes des années 1970-80.
Le revivalisme des pratiques musicales traditionnelles en France, que nous
avons suivi depuis les années 1970 jusqu'à aujourd'hui, les revivalismes
breton, corse, occitan, basque, puis étendu à toutes les régions de France, y
compris aux régions francophones (Centre France, Rhône-Alpes, etc…), ces
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revivalismes se sont doté peu à peu d'un appareillage scientifique utilisant
les méthodes de l'ethnomusicologie classique : collectage, conservation,
diffusion, exposition, etc… mais ce mouvement musical et culturel a
considéré au contraire que la musique, la langue, les accents, etc… font
partie d'un tout indissociable, d'une "culture" attachée à un lieu, à un
peuple et à son histoire. Et toute l'aventure des musiques traditionnelles en
France à partir de 1970 va être marquée par ses notions fondamentales :
* La redécouverte de l'idée régionaliste : « travailler, vivre au pays ».
Bretagne, Corse, Occitanie notamment, pensée identitaire localiste
* La pensée écologiste : le retour à la terre, contre-culture, les Verts, les
Syndicats paysans.
• La pensée globale et altermondialiste : avec la découverte des
musiques extra-européennes et européennes , des "musiques du
monde".
•
FAIRE de la MUSIQUE
Les manières sociales de « faire de la musique » en seront elles aussi
transformées : les théories de Barthes sur la « musique pratique » se
trouvent appliquées. (« Il y a deux musiques : celle que l’on écoute et celle
que l’on joue »).
3) pratiques collectives, musiques de rues, de fêtes, ce que
Roland Barthes appelle alors la "musique-pratique" dans "Le corps de la
musique" : une musique extraite, délocalisée de la seule expression de la
scène, et qui a pour ambition de devenir une expression individuelle ou
collective de reproduction par tous : les musiques populaires répondent
alors à ce critère. On voit là aussi le poids de l’idéologie sur la pratique
musicale.
A LIRE :
Lire : Musique en Jeu n°28, "Ethnomusicologie", sept.1977. (Lortat,
Nattiez, Blacking, Rouget…) collectif de chercheurs fondamental pour
l'époque.
Analyse Musicale n°11, avril 1988. Divers articles sur les apports de
l'ethnomusicologie à la musicologie.
Rappel :
Julien TIERSOT. La chanson populaire et les écrivains romantiques. Paris,
Plon, 1931.