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L’éthique théologique
de langue italienne
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Dimension rétrospective :
trois schémas de base
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Dimension introspective :
la conscience de soi
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Dimension prospective :
orientations de développement
de la recherche
théologico-m orale en italie
VII Seminario Nazionale ATISM, Mazara del Vallo, 6‑10 juillet 2009. Les actes de
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très riche trésor de la Parole. À ceux qui rêvent une doctrine monolithique défendue
par tous sans nuances, cela peut sembler une dispersion imparfaite. Mais la réalité
est que cette variété aide à manifester et à mieux développer les divers aspects de la
richesse inépuisable de l’Évangile » (Pape François, Evangelii gaudium, 40).
14. Chiodi, Morale fondamentale, 351. Anticipant, dirait-on, les indications du pape
François, l’ATISM a consacré son congrès de 2014 à la question magistère- sensus
fidei fidelium. Le congrès s’est tenu à Agrigente du 2 au 5 juillet 2014 sous le titre :
« La dimensione ecclesiale della morale tra magistero e sensus fidelium ». Les actes
en paraîtront prochainement.
15. Pape François, Evangelii gaudium, 43 : « Dans son constant discernement, l’Église
peut aussi arriver à reconnaître des usages propres qui ne sont pas directement liés
au cœur de l’Évangile. Aujourd’hui, certains usages, très enracinés dans le cours
de l’histoire, ne sont plus désormais interprétés de la même façon et leur message
n’est pas habituellement perçu convenablement. Ils peuvent être beaux, cependant
maintenant ils ne rendent pas le même service pour la transmission de l’Évangile.
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N’ayons pas peur de les revoir. De la même façon, il y a des normes ou des
préceptes ecclésiaux qui peuvent avoir été très efficaces à d’autres époques, mais
qui n’ont plus la même force éducative comme canaux de vie ». Cette indication
présuppose aussi, du moins pour le cadre italien, de nourrir des études et des
monographies portant sur l’histoire de la morale catholique. C’est un domaine peu
fréquenté des spécialistes de la discipline. Il est plutôt exploré à l’intérieur des dis-
ciplines formellement historiques par des spécialistes non théologiens. La recherche
historique a tendance à être négligée dans le milieu théologique italien par rapport
à la nécessité de fournir des synthèses et des manuels soutenant directement l’ensei-
gnement, ou des approfondissements thématiques plus en rapport avec l’actualité
immédiate des problématiques. Parmi les travaux de langue italienne, on voit se
manifester un intérêt particulier pour la dimension historique de l’éthique dans les
essais d’Alberto Bondolfi, directeur depuis 2012 du Centro per le scienze religiose
de la Fondazione Bruno Kessler à Trente. Le public italien dispose depuis peu de
temps d’un instrument de base dans R. Gerardi, Storia della Morale. Interpretazioni
teologiche dell’esperienza cristiana. Periodi e correnti, autori e opere, Bologne, EDB,
2003. Angelini, Teologia morale fondamentale, 55‑237, et Chiodi, Teologia morale
fondamentale, 72‑208, accordent une grande attention au moment historique. Parmi
quelques monographies récentes de théologie morale de tonalité historique, signa-
lons L. Testa, La questione della coscienza erronea. Indagine storica e ripresa critica
del problema della sua autorità, Milan, Glossa, 2006, et — qu’il me soit permis d’y
faire référence — P. D. Guenzi, Inter ipsos graviores Antiprobabilistas. L’opera di
Paolo Rufi (1731ca.- 1811) nello specchio delle dispute teologico- morali del secolo
XVIII, Cantalupa (Torino), Effatà, 2013. Le texte étudie un milieu, le Piémont et la
Faculté de théologie de Turin, fortement attiré par le climat culturel du rigorisme
éthique et du jansénisme français des xviie et xviiie siècles.
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mais ce qui saute aussi aux yeux, c’est un manque de lien entre
la pensée du fondement et l’articulation des différents horizons
problématiques assignés à la morale « spéciale ».
Je suis convaincu que le terrain le plus prometteur pour apporter
de l’unité à l’intérieur du savoir théologique se trouve aujourd’hui
dans une réflexion plus mûre sur la relation entre théologie morale
et théologie fondamentale, avec la reprise à nouveaux frais de
la vexata questio du rapport entre foi et morale. L’élan semble
venir avec le plus d’évidence de certaines réflexions élaborées
à l’intérieur de la théologie fondamentale (Theobald, Verweyen,
Sequeri et d’autres), même si l’on peut trouver des intuitions de
valeur chez certains représentants de premier plan de la morale
catholique internationale et italienne16. À cet égard, le risque pos-
sible de reformulation d’une théologie (et, en particulier, d’une
éthique chrétienne) du duplex ordo, l’ordre « naturel » et l’ordre
« surnaturel », défaut déjà identifié dans les manuels post-tridentins
et plus généralement dans la (néo- ) scolastique du xixe siècle,
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s’est de fait, plus que dissipé, reproduit dans la dispute qui a fait
suite à Vatican II entre éthique autonome et éthique de la foi.
À ce sujet, les réflexions de Maurizio Chiodi sont éclairantes :
Les auteurs qui soutiennent une théologie morale « autonome »,
dans laquelle les normes coïncident avec celles de la raison, tout
comme ceux qui proposent une éthique de la foi, sans laquelle la
morale chrétienne perdrait sa spécificité, supposent le dualisme
entre vérités de raison et vérités de foi, les premiers finissant par
absorber les unes (foi) dans les autres (raison), et les seconds
par séparer les deux ordres de vérités, tombant dans un fidéisme
inacceptable. La solution de l’interminable controverse exige de
dépasser le présupposé qui en est à l’origine.
Tâche rendue plus ardue par le passage de la réflexion théo-
logique fondamentale à la réflexion morale, d’une part à cause
de la confrontation nécessaire que celle-ci est appelée à subir
dans un contexte pluriel de perspectives éthiques, et d’autre
part en ceci que s’impose à la théologie morale — fidèle à sa
propre tradition — de penser aussi l’universalité de la morale.
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18. Pour un examen critique, dans le domaine « laïque », assez respectueux de l’ap-
port des éthiciens catholiques et de la forme argumentative du magistère, voir G.
Fornero, Bioetica cattolica e bioetica laica, Milan, Bruno Mondadori, 2005 ; Id., Lai-
cità debole e laicità forte. Il contributo della bioetica al dibattito sulla laicità, Milan,
Bruno Mondadori, 2008. Une reconstruction dans une perspective de confrontation
(mais attentive à certaines voix de l’éthique « catholique ») dans G. Fornero, M. Mori,
Laici e cattolici in bioetica : storia e teoria di un confronto, Florence, Le Lettere,
2012. Il faut reconnaître qu’à la différence d’autres contextes (je pense à la France
et à l’Allemagne), la polarisation des fronts (exprimée dans le contexte italien, au
prix d’une simplification aussi évidente que grossière entre la « sacralité de la vie »
du côté catholique et la « qualité de la vie » du côté laïque) n’a pas permis l’émer-
gence d’une conflictualité idéologique indépassable, avec des résultats incohérents
dans le domaine culturel et, ce qui est plus préoccupant, dans la mise à jour de
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Milan, Glossa, 2006 ; S. Leone, Nuovo manuale di bioetica, Rome, Città Nuova,
2007. Beaucoup de moralistes et de bioéthiciens italiens ont contribué à l’important
Nuovo Dizionario di Bioetica, a cura di S. Leone, S. Privitera, Rome-Arcireale (CT),
Città Nuova-Istituto Siciliano di Bioetica, 2004. La réflexion éthique sur les systèmes
des technosciences, et dans un sens plus global, sur les délicates problématiques
anthropologiques et morales soulevées par le développement des neurosciences ou
de la modification technologique de la vie, semble en pleine expansion. Sur cette
question, dans le cadre italien, on signale la réflexion de Paolo Benanti, professeur
de théologie morale à la Pontificia Università Gregoriana à Rome : P. BENANTI, The
cyborg. Corpo e corporeità nell’epoca del post-umano, Assise (PG), Cittadella, 2012.
Sur les neurosciences et leurs implications éthiques, dans une perspective interdis-
ciplinaire, voir Neuroscienze e comportamento umano, a cura di L. Renna, Rome,
Vivere in, 2006 ; Neuroscienze e persona : interrogativi e percorsi etici, a cura di L.
Renna, Bologne, EDB, 2010.
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21. Pour cette perspective, voir P. D. Guenzi, Sesso / genere. Oltre l’alternativa, Assise
(PG), Cittadella, 2011. Il faut signaler une certaine réticence de l’ATISM, déjà sensible
dans les années ayant immédiatement suivi Humanae vitae, à l’idée d’aborder les
questions de l’éthique affective et sexuelle, même en lien avec l’alignement problé-
matique de la réflexion théologico-morale sur les positions normatives du magistère
catholique. À l’exception de quelques communications sporadiques, il n’y a pas eu
pendant les cinquante ans de vie de l’Association de congrès expressément consacré
à ce sujet. La recherche italienne, en tout cas, a produit des textes significatifs ; on
peut signaler parmi les plus récents : G. Dianin, Matrimonio, sessualità, fecondità.
Corso di morale familiare, Padoue, EMP, 2008 ; M. P. Faggioni, Sessualità matrimonio
famiglia, Bologne, EDB, 2010 : L’enigma corporeità : sessualità e religione, a cura di
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Città del Vaticano, LEV, 2015. Le volume accorde une attention particulière à Huma-
nae vitae et à ses problématiques théologico-morales, sans en dissimuler les éléments
critiques. À cet égard, l’embarras et l’esquive de nombreux pasteurs (et théologiens)
devant une pratique généralisée de beaucoup d’époux chrétiens très éloignée des
prescriptions de l’encyclique traduit un écart très net entre théorie et pratique et
une sorte de « double vérité morale », l’une objective et l’autre subjective, qui exige
un approfondissement résolu de la réflexion.
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24. P. A. Sequeri, L’umano alla prova. Soggetto, identità, limite, Milan, Vita e Pen-
siero, 2002, p. 27. Pour une réflexion à nouveaux frais sur l’idée de bien commun
(attentive à la question écologique et à la protection partagée des « biens communs »),
voir Carità e giustizia per il bene comune, a cura di P. D. Guenzi, Rome, Edizioni
CVS, 2011 (le volume réunit les actes du XIIe Congrès National de l’ATISM, Pescara,
8‑11 septembre 2008) ; Id., « Ricercare il bene comune. Prospettive teologico-morali
per definire il contributo della comunità cristiana », Archivio teologico torinese, 14
(2008), p. 423‑452 ; Id., « Custodire la terra per il bene comune », dans Ufficio nazio-
nale per i problemi sociali e il lavoro della CEI – Servizio nazionale per il progetto
culturale della CEI, Custodire il creato. Teologia, etica e pastorale, Bologne, EDB,
2013, p.123‑159 ; Id., « Bene comune e/o beni comuni ? », dans Bene comune beni
comuni. Un dialogo tra teologia e filosofia, a cura di S. Morandini, Padoue, Messag-
gero, 2015, p. 45‑99.
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25. On peut situer sur cet horizon la recherche des théologiens italiens sur l’éthique
de l’environnement, avec un parcours de réflexion important partagé à la fois par
l’ATISM et l’Ufficio per i problemi sociali de la Conférence Épiscopale Italienne, à
travers des séminaires spécialisés et des moments de rencontre. Certaines contribu-
tions ont été recueillies dans le volume déjà mentionné, Custodire il creato. Teologia,
etica e pastorale (2013). La recherche se poursuivra, à partir de l’encyclique Laudato
si’ du pape François, dès 2016. Un autre centre d’intérêt ayant récemment impliqué
l’ATISM a été la culture de la légalité, face aux phénomènes flagrants de corruption
publique ; le XIVe Congrès National (Lecce, 4‑7 juillet 2012), sur « Egalité et éthique
publique », lui a été consacré. Les actes du colloque seront publiés chez Cittadella
à l’automne 2015.
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