COMMENT TROUVER UN FONDS D'ARCHIVES ?

Aldo Battaglia

La contemporaine | « Matériaux pour l’histoire de notre temps »

2006/2 N° 82 | pages 105 à 108

ISSN 0769-3206
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
https://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-
temps-2006-2-page-105.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.78.76.172 - 29/10/2018 13h07. © La contemporaine

Pour citer cet article :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Aldo Battaglia, « Comment trouver un fonds d'archives ? », Matériaux pour l’histoire
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.78.76.172 - 29/10/2018 13h07. © La contemporaine

de notre temps 2006/2 (N° 82), p. 105-108.

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour La contemporaine.

© La contemporaine. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)

 Comment trouver
Aldo BATTAGLIA
un fonds d’archives ?
F orce est de constater que le principal défaut de
la recherche en archives est que l’on ne trouve que ce
dont on connaît l’existence. Ainsi, à la BDIC, on
demandera communication du fonds Mantoux, des
registres de la censure, du fonds des fusillés de Souain
en 1917, etc., dès lors qu’on fera des recherches dans
le domaine de l’histoire politique et diplomatique de la
Première Guerre mondiale. Ce qui suppose que l’on
connaisse l’existence de ces fonds, leur localisation et
le domaine particulier auquel ils se rattachent. La
même remarque peut être faite concernant les
recherches bibliographiques en bibliothèque : il est très
aisé de trouver dans un catalogue un ouvrage dont on
connaît l’auteur et le titre. Or, en un sens, tout classe-
ment devrait contribuer à la recherche : par ce que l’on
y trouve, par ce que l’on n’y trouve pas et par ce que
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.78.76.172 - 29/10/2018 13h07. © La contemporaine
l’on ne pensait pas y trouver. C’est même la mission du
classement qui est notre métier.
Classer
Tout plan de classement préexiste et préside à la
construction d’une archive. Le classement résulte de la
perception de la réalité de celui qui le met en place, en
un lieu et un temps donné : soit en tant que producteur
— collecteur — d’une archive, soit en tant qu’archivis-
te. Il restituera ensuite la réalité perçue. Peu importe en
fin de compte que cette perception soit « bonne » ou
« mauvaise » dans la mesure ou l’historien n’a pas
l’ambition de travailler sur la « Vérité » (comme le ferait
un philosophe ou un procureur), mais sur les faits ; il
suffit qu’elle soit intelligible. Un classement empirique
suffirait donc : ainsi « Politique extérieure », « Parti
radical socialiste », « Approvisionnement – Pommes de
terre » pourraient constituer des mots-clés utilisables
dans la mesure où ils sont compréhensibles par tous.
Un classement normalisé est encore plus efficace
dans la mesure où l’on institue des règles selon les-
quelles il conviendra d’indexer en « Politique extérieu-
re », et non pas « Politique étrangère », « Alimentation –
Pommes de terre » et non pas « Approvisionnement –
Patates ». La normalisation est une étape supplémentai-
re d’autant plus nécessaire dès lors que plusieurs per-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.78.76.172 - 29/10/2018 13h07. © La contemporaine
Aldo BATTAGLIA : historien. Département des
archives de la BDIC.
sonnes dans des lieux différents sont appelées à classer
les matériaux de même nature. Ce classement devrait
être extensible et pouvoir accroître le nombre de ses
termes en fonction non seulement d’une nomenclature
stable, mais aussi d’une syntaxe. Pour couronner le tout,
il sera indispensable que ce classement fasse autorité, le
principal défaut du bon sens étant qu’il n’est ni perma-
nent, ni partagé, ni connu par le plus grand nombre, ce
qui le rend peu satisfaisant. C’est la raison pour laquel-
le on a fini par inventer le catalogue : une nomenclatu-
re connue de tous, permettant à ceux qui décrivent l’ob-
jet et à ceux qui le cherchent d’être sûrs que l’on parle
1. http://www.sudoc.
de la même chose. C’est le cas du langage documentai- abes.fr/ [Le catalogue
re Rameau : normalisé, évolutif et universel. contient plus de
5 millions de références
de monographies, thèses,
périodiques et autres
Chercher / Trouver types de documents avec
leurs localisations. […]
Le catalogue du Sudoc
Essayons de tester cette affirmation prometteuse en vous permet d’effectuer
interrogeant la base de données du Sudoc (Système des recherches
bibliographiques sur les
universitaire de documentation) 1 sur un sujet que je ne collections des
connais que médiocrement, tel que le débarquement à bibliothèques
Salonique en 1915, en utilisant le catalogue Rameau, universitaires françaises
et autres établissements
que je maîtrise moyennement. Il faut dire en préalable d’enseignement
que la question posée n’est pas totalement saugrenue, supérieur, pour tous les
puisque nous la trouvons documentée de façon spéci- types de documents et
sur les collections de
fique par 48 fiches au fichier méthodique papier de la périodiques de 2 900
BDIC (Fichier A Guerre mondiale 1914-1918 / Front centres documentaires.]
 106 • MATÉRIAUX POUR L’HISTOIRE DE NOTRE TEMPS • n° 82 / avril-juin 2006
oriental / Opérations / Salonique). Grâce au moteur de
recherche, au bout de quelques tentatives, voici les
réponses satisfaisant le critère ainsi indexées :
Parmi les « lieux sujet » Rameau « Salonique » et
« Thessalonique » les résultats sont évidemment peu
précis, car notre recherche se limite au débarquement
de 1915 :
• Salonique (104 résultats, dont le premier résultat
pertinent est le 17 sur 104 : Russkij èkspedicionnyj
korpus vo Francii i v Salonikah, 1916-1918 [Texte
imprimé] / Gorokhoff, Gérard (1943-...) / Ymca-
press / 2003 ;
• Thessalonique (Grèce) (128 résultats, dont l’ouvra-
ge précédent en position 43 sur 128) ;
• Si on élargit le champ de recherche, on obtient de
meilleurs résultats, par exemple en essayant
« Dardanelles » (34 résultats, dont le premier perti-
nent est en position 14 : Combats d’Orient :
Dardanelles-Salonique : 1915-1916 [Texte
Imprimé] / Canudo, Ricciotto (1877-1923) /
Hachette et cie / 1917).
Peut-être aurais-je de meilleurs résultats en cher-
chant parmi les « Sujets Rameau » triés par pertinence
sur la recherche simple suivante à partir de :
(Mots sujet) - Guerre mondiale (1914-1918) **
Campagnes et batailles ** … allant du plus général au
plus précis : Front oriental, Balkans, Turquie, Salonique.
• Guerre mondiale (1914-1918) ** Campagnes et
batailles ** Front oriental (63 résultats, dont le premier
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.78.76.172 - 29/10/2018 13h07. © La contemporaine
pertinent est en position 9 : Combats d’Orient :
Dardanelles-Salonique : 1915-1916… déjà trouvé
dans la requête sur le nom de lieu « Dardanelles ») ;
• Guerre mondiale (1914-1918) ** Campagnes et
batailles ** Balkans (10 résultats, mais rien de spé-
cifique sur Salonique) ;
2. Nous avons par
• Guerre mondiale (1914-1918) ** Campagnes et
ailleurs l’ouvrage du
capitaine Canudo à la batailles ** Turquie (40 résultats, , dont le premier
BDIC (cote L 3819/12). pertinent est en position 5 : Combats d’Orient :
Après vérification, il se
Dardanelles-Salonique : 1915-1916… déjà trouvé
révèle davantage
profitable pour une étude dans les requêtes sur le nom de lieu « Dardanelles »
sur le mysticisme guerrier et sur le terme « Front oriental ») ;
et nationaliste de
l’époque que pour une • Guerre mondiale (1914-1918) ** Campagnes et
étude sur le batailles ** Turquie** Salonique (0 résultats).
débarquement à
Salonique « Carrefour Il semblerait donc qu’il soit urgent de lire l’ouvrage
des races », comme le dit de Ricciotto Canudo, Combats d’orient, puisque il res-
le capitaine à la page 69.
sort dans trois recherches sur sept… c’est déjà une piste
3. Il possible de trouver
en soi, mais plutôt insuffisante 2. On apprend surtout au
des documents que l’on
ne cherche pas, ce qui vu des résultats que nous allons être obligés de nous
peut mener sur une voie plonger dans les documents plus généraux portant sur
nouvelle : Carlo
la guerre dans les Balkans et sur le Front oriental :
Ginzburg en fait une
démonstration certes, n’est pas une mauvaise idée en soi, mais nous
talentueuse dans son nous en doutions déjà un peu. Les résultats ne sem-
article « Conversare con
blant donc pas satisfaisants eu égard à la question
Orion », Quaderni
Storici, n° 108, 2001, posée, il peut y avoir plusieurs raisons :
pp. 905-913. La • il ne s’est rien passé à Salonique en 1915 ;
traduction de cet article
figure dans ces Actes. • le sujet n’a jamais été traité ;
• la question était mal posée ;
• le sujet se trouve à l’intérieur d’ouvrages et docu-
ments traitant d’autres sujets, dont celui que nous
cherchions ;
• le sujet du débarquement à Salonique en 1915,
bien qu’existant dans les « autorités » Rameau était
probablement trop circonscrit ou trop éloigné pour
ce catalogue.
J’ai mal cherché, j’ai mal trouvé : il semblerait que
le classement ne fonctionne à coup sûr que dans le cas
précis où un document est spécifiquement consacré à
la question qui nous sert d’exemple, conséquence de la
relation entre taille de l’unité décrite et finesse de l’in-
dexation, ce qui est rarement le cas.
Une vision pessimiste des choses pourrait faire croi-
re que :
1. le chercheur ne se sert que très rarement des
outils de recherche ;
2. les outils de recherche sont très souvent élaborés
et mis en place par les bibliothécaires et les archivistes
pour les bibliothécaires ou les archivistes.
Avec les deux corollaires inévitables :
1. le chercheur fait peu de cas de ce qui se passe
dans les bibliothèques ;
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.78.76.172 - 29/10/2018 13h07. © La contemporaine
2. les bibliothécaires et archivistes font peu de cas
des besoins des chercheurs.
Cette conclusion mérite d’être tempérée car, avec
un peu de patience, on arrive à retrouver ce que l’on
cherche et de surcroît ce que l’on ne cherche pas.
Grâce à l’apport des outils informatiques nous bénéfi-
cions d’un plus grand nombre de résultats, ce qui est en
soi un facteur appréciable, et est sans conteste le résul-
tat le plus tangible du « tournant électronique ». Un
classement doit permettre de faire émerger des
réponses, mais aussi des questions — ce qui devrait
être indissociable dans un travail de recherche : il est
ensuite du ressort du chercheur d’exploiter les résultats
afin de trouver le meilleur chemin dans l’accomplisse-
ment de ses travaux.
Notre conclusion pourrait être : le plan de classe-
ment n’influence pas la recherche de façon notable, ou
alors il l’influence de façon inattendue 3. Il agit en pre-
mier lieu sur la recherche de façon quantitative et
ensuite, seulement en facilitant la recherche de résul-
tats pertinents. Il rend la recherche possible, plus qu’il
ne l’influence, ce qui est déjà pas mal !
Comment travaillons-nous ?
Dès sa fondation, en 1917, la Bibliothèque-Musée de
la Guerre a eu pour vocation de conserver et de collecter
tout document, portant sur les deux guerres mondiales et
les mouvements politiques et sociaux se composant de
matériaux divers, livres, périodiques, documents icono-
graphiques, audiovisuels et archives proprement dites,
 DEUXIÈME
chaque type de documents étant traité dans le secteur
correspondant de la bibliothèque et du musée. La ques-
tion du catalogue ou des catalogues se posait dès le
début, voire même avant, ainsi que l’écrivait en 1921
Camille Bloch, premier directeur de la bibliothèque :
« Le 23 juillet 1917, peu de jours avant l’acte de
donation Leblanc, la Chambre adoptait une proposi-
tion de résolution émanée de M. André Honnorat et
complétée par un amendement de M. Jean Locquin,
proposition dont les termes définitifs se trouvèrent fixés
dans les conclusions du rapport de M. Louis Deshayes 4
au nom de la Commission de l’Enseignement et des
Beaux-Arts.
« La Chambre invite le Gouvernement à faire ras-
sembler d’urgence dans une bibliothèque spéciale tous
ouvrages et publications de toute nature relatifs à la
guerre, périodiques et non périodiques, d’origine offi-
cielle ou privée, déjà parus ou à paraître en France et à
l’étranger ;
« À faire procéder au classement, ainsi qu’à la
rédaction de catalogues, de répertoires et de recueils
des documents ainsi réunis, le tout en conformité des
méthodes de l’érudition historique ; […]
Le catalogue a naturellement deux formes : alpha-
bétique et méthodique, et sous ces deux formes, il est
sur fiches. […] Le catalogue méthodique a été établi
suivant un plan ou cadre de classement, élaboré avec
soin en commun par les services de la documentation
et du catalogue. Mais ce cadre est une résultante, non
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.78.76.172 - 29/10/2018 13h07. © La contemporaine
un prélude. Dès l’origine, j’ai fait un de ces rares actes
d’autorité auxquels je répugne, en interdisant à mes
collaborateurs d’établir par avance un plan métho-
dique ; il m’a semblé plus expédient et moins aventu-
reux de faire attribuer d’abord à chaque ouvrage une
rubrique de matière, déterminée d’après son contenu
essentiel, puis de grouper peu à peu les fiches ainsi
fabriquées en des divisions secondaires, puis générales,
de plus en plus larges. Délibérément donc, le plan a été
construit suivant un procédé empirique ; la pratique
quotidienne en a prouvé la souplesse et la commodité.
On ne s’est pas borné à répertorier les ouvrages et les
publications officielles. On a constitué en dossiers les
prospectus, statuts, comptes rendus financiers, rapports
moraux, etc., des associations et des œuvres. On a rele-
vé sur fiches les articles des revues étrangères et fran-
çaises. Le catalogue général se trouve donc ainsi être un
riche arsenal de matériaux ordonnés et classés.
Il est dans nos intentions de rendre plus aisée la
consultation de nos richesses en permettant aux tra-
vailleurs d’en posséder eux-mêmes l’inventaire. Dès
maintenant va s’ouvrir une série de publications relatives
aux plus importantes parties de la bibliothèque. […]
Un des services que rendra le catalogue, c’est de
faciliter l’établissement de bibliographies spéciales sur
les multiples questions d’histoire de la guerre (prise
dans sa large acception). […] 5
PARTIE : Le tournant électronique de l’histoire • 107
Le catalogue méthodique de la bibliothèque,
construit suivant un procédé empirique, qu’évoquait
Camille Bloch en 1921, a continué de fonctionner jus-
qu’à l’introduction du catalogage informatisé suivant
l’indexation Rameau en 1992. Plusieurs centaines de
milliers de fiches papier en témoignent et prouveront
encore leur utilité pendant des dizaines d’années.
En ce qui concerne le traitement des archives, la
question s’avérait plus délicate. À partir de 1990, il a été
décidé de traiter les fonds d’archives à l’aide de l’outil
informatique. Le premier fonds d’archives à être traité
de la sorte a été celui des « Cartons verts » du Bureau
d’études de la presse étrangère (1915-1922), composé à
l’origine de près de 900 cartons de rapports d’informa-
tion et de revues de presse thématiques consacrées à la
Première Guerre mondiale. Une masse considérable de
documents, atteignant les 150 000 pièces 6, sur près de
100 mètres linéaires. L’utilisation d’une base de don-
nées, réalisée à partir d’un outil bureautique courant,
s’est révélée décisive pour faciliter le traitement. La pro-
cédure que nous avons mise en œuvre, et que nous
continuons à appliquer, a été la suivante :
1.- inventaire général des titres des cartons et des
cotes d’origine.
Quel que soit son état de conservation et sa plus ou
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.78.76.172 - 29/10/2018 13h07. © La contemporaine
moins grande structuration, un fonds d’archives est un
artefact qui nous parvient d’une institution ou d’une
personne privée ; il constitue donc une entité distincte
et il convient qu’il soit traité et conservé comme tel.
Dans le cas d’un fonds structuré (doté d’un cotation 4. Le rapport Deshayes
(Chambre des députés,
originale ou divisé en ensembles thématiques), cette pre-
IIe législature, session de
mière étape d’indexation permet d’en reconstituer l’ar- 1917, n° 3273, annexe
chitecture, peut en révéler les lacunes et permet en tout au procès-verbal de la
séance du 5 avril 1917)
cas d’en avoir une vue globale, indispensable pour
comprend 12 pages in-4.
déterminer la politique de traitement. Ceci sera détermi- L’auteur définit « la
nant par la suite, dans la mesure où cette étape permet matière à recueillir »,
trace les lignes générales
de définir l’unité archivistique à traiter : le carton, le dos-
de la méthode de
sier, le sous-dossier. Normalement chaque unité devrait classement, détermine
donner lieu à une fiche informatique (enregistrement). « les voies et moyens
d’exécution ».
2.- Le traitement : catalogage et indexation
5. Camille Bloch,
« Bibliothèque et Musée
français de la guerre »,
Par catalogage (terme emprunté à la bibliothécono-
Revue de Synthèse
mie) ou description, on entend l’opération qui consiste historique : introduction
à décrire les caractéristiques physiques de l’unité archi- à l’histoire de la guerre
mondiale, Extraits du
vistique : titre, nombre de pièces, dates extrêmes des
tome XXXIII, numéros
documents qu’elle contient, etc. 97-99, 1921, collection
C’est sur cette fiche informatique que l’on procède de l’institut Pierre-
Renouvin.
ensuite à l’indexation : c’est-à-dire que l’on relie l’en-
6. On appelle « pièce »
semble des documents à une construction intellectuel- un document, quel qui
le préexistante. Il est inévitable que l’on ne traite pas de soit le nombre de pages
qui le composent : une
la même façon un fonds de plusieurs dizaines de mil-
liers de pièces transmises par un organisme ou un fonds
lettre sur un recto simple,
plus un compte-rendu
composé de trois cahiers de notes d’une provenance dactylographié de
incertaine. Le problème, c’est qu’il existe un rapport 12 pages, plus une
brochure de 60 pages
entre la taille de l’unité décrite et la finesse de l’indexa- seront comptées comme
tion : sur un dossier d’une centaine de pièces, certaines trois pièces.
 108 • MATÉRIAUX POUR L’HISTOIRE DE NOTRE TEMPS • n° 82 / avril-juin 2006
pourront échapper à l’indexation, parce l’on sera
amené à utiliser des descripteurs plus généraux ; à l’in-
verse, moins il y a de pièces à décrire, plus l’indexation
sera précise. Sans compter qu’au moment de l’indexa-
tion on pourra être aidé — ou desservi — par les spé-
cificités ergonomiques de l’application utilisée, selon
que celle-ci facilite ou complique la saisie de mots-clé.
Dans un cas, on sera tenté « d’arroser large », dans
l’autre, on s’en tiendra au minimum.
3.- Faire savoir
Une fois un fonds traité, on procède à l’édition d’un
catalogue-papier comprenant le dépouillement du
fonds suivi des index, disponible pour consultation sur
place. Ce même catalogue est publié sur le site Internet
de la bibliothèque, grâce au système de gestion élec-
tronique des documents (GED), où il atteint un public
plus large parvenu à la BDIC à travers le site Web.
Toutes les conditions seraient donc réunies pour que
celui qui cherche parvienne à trouver ce que l’archivis-
te lui a destiné. Mais cela ne fonctionne à coup sûr que
dans le cas précis où un document est spécifiquement
consacré à la question qui nous sert d’exemple, consé-
quence de la relation entre taille de l’unité décrite et
finesse de l’indexation. Et à condition que celui qui
interroge sache quelle question poser.
La recherche sur tous les champs :
une façon de parvenir à l’ordre
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.78.76.172 - 29/10/2018 13h07. © La contemporaine
sans l’autorité d’un catalogue ?
L’outil informatique n’a jamais rendu le travail plus
intelligent, il permet simplement d’accomplir davantage
d’opérations à l’intérieur d’un processus. Il n’en résulte
pas nécessairement un « gain de productivité », mais
cela permet d’affiner certaines tâches, par exemple par-
faire l’indexation d’une archive en augmentant le
nombre d’éléments propres à décrire un ensemble de
documents. Ce qui nous a permis de mettre en place dif-
férents index, en sus des autorités Rameau :
• un index des mots-clés libres ;
• un index reprenant les mots-matière du catalogue
méthodique de la BDIC (convertibles dans Rameau,
en projet) ;
• un index des noms propres (convertis dans
Rameau) ;
• un index des noms géographiques (convertis dans
Rameau) ;
• à cela, il faut ajouter une note sur le contenu, rédi-
gée lors de l’indexation.
Cette multiplication de variables de recherche per-
met d’obtenir de meilleurs résultats dans le cas d’une
recherche sur tous les champs qui, souvent proposés
par défaut en recherche simple, est le mode de
recherche le plus utilisé. Dans ce cas, la combinaison
d’un classement propre, fut-il empirique, et d’un clas-
sement normé, comme Rameau, peut se révéler inté-
ressante, de même que la saisie, dans un champ
« Commentaires », d’éléments qui permettent de décri-
re les diverses pièces ou parties composant l’unité
documentaire. Le seul désavantage pourrait être une
certaine génération de « bruit », mais je ne suis pas cer-
tain que cela constitue un handicap, en tout cas ce ne
semble pas être supérieur au bruit généré par une
recherche en Rameau strict.
Le passage du catalogue à l’hypertexte
déconstruit le catalogue
Dans un futur relativement proche, peut-être une
vingtaine d’années, peut-être moins, il sera possible de
disposer d’applications en mesure de traiter un docu-
ment d’archives numérisé afin d’en reconnaître le texte
(OCR), quelle que soit la forme de l’original : mécano-
graphié, voire même manuscrit, et quelle que soit sa
qualité graphique. À ce moment-là, il sera possible
d’effectuer une recherche dans le texte intégral, comme
nous le ferions actuellement avec un moteur de
recherche sur Internet. On a pu assister à cette évolu-
tion sur la toile : rappelons-nous de la situation qui pré-
valait pour le Web avant 1995 : je me souviens d’avoir
eu entre les mains un annuaire-papier de taille respec-
table qui se voulait complet, sinon exhaustif, réperto-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 90.78.76.172 - 29/10/2018 13h07. © La contemporaine
riant les sites Web existants, essentiellement aux États-
Unis ; ensuite il y a eu le site Yahoo, qui était au début
un annuaire électronique répertoriant les sites par
grandes catégories. Puis, entre 1996 et 2000, époque de
la généralisation d’Internet, l’alimentation et la mainte-
nance de tels annuaires se sont révélées impossibles, ils
ont disparu, cédant la place aux moteurs de recherche,
comme par exemple AltaVista, puis Google.
Pour le moment, nous pourrions tenter une
recherche Google sur Salonique, sachant cependant
que la « qualité » ne serait pas au rendez-vous et que
ses résultats nous renseigneraient davantage sur l’es-
sence du Web que sur le débarquement à Salonique.
Dans un futur proche, c’est donc sur des sources
primaires que le lecteur pourra lancer des requêtes,
pour parvenir directement aux documents qu’il
recherche ; après avoir entré des mots ou une chaîne de
mots dans son navigateur, il pourra les visualiser en
mode « texte seul » ou « image », les télécharger et les
imprimer. Peu importe la bibliothèque, peu importe le
pays, la langue ou le catalogue. Le document pourrait
être livré au lecteur sans médiation aucune.
Ce qui créerait des Archives sans lecteurs (visibles),
voire même des Archives sans archivistes (visibles).
Mais alors, que fait-on des originaux ? Dans un
monde où le « zéro papier » et la vision comptable ten-
dent à prendre le dessus et face au manque de place
dans les rayonnages, cela pourrait avoir des dévelop-
pements inattendus… à suivre. A. B.