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Paul Claval
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ISSN 0003-4010
ISBN 9782200924423
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Paul Claval
Université de Paris-Sorbonne
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Résumé L’économie classique appréhendait l’espace comme ressource, comme obstacle
au transport et comme ressort de la spécialisation internationale. La théorie mar-
ginaliste ne lui fait qu’une place réduite. L’économie spatiale reste fidèle aux
hypothèses du début du XIXe siècle. Les années 1930 découvrent l’échelle natio-
nale et la croissance grâce à la macroéconomie, et le rôle de l’information à tra-
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vers les imperfections du marché. Dans les années 1950 et 1960, l’économie spa-
tiale et la géographie économique développent sur ces bases, la théorie des lieux
centraux et celle de la croissance polarisée, et expliquent l’opposition des aires
centrales aux espaces périphériques. Depuis une génération, on est plus sensible
aux coûts d’information et de commutation, aux économies d’échelle et aux
externalités. Le progrès est pris en compte. L’espace différencie les connaissances
et favorise ou non l’innovation ; pour apprécier ces éléments, il convient de prêter
attention à l’économie de proximité.
Abstract Classical economic theory conceives space as a resource, an obstacle and the basis
of international specialisation, but marginalist theory has reduced its role. Spatial
economic theory developed according to hypotheses formulated at the beginning
of the nineteenth century. The 1930s discovered national scale and growth through
macroeconomics as well as the role of information through market imperfections.
During the 1950s and 60s, spatial economics and economic geography developed
upon these foundations theories such as central place and polarised growth, and
explained the opposition between central areas and peripheries. A new sensitivity
to scale and external economies as well as to the costs of information and commu-
tation characterised the last generation. Progress is now taken into account. Space
differentiates knowledge and may either promote or prevent innovation ; more
attention should be devoted to issues surrounding the economics of proximity.
Key words Space, economics, classical economics, spatial economics, marginal theory, micro-
economics, macroeconomics, central place, polarisation, centre/periphery rela-
tions, transport, information, communication, progress, economics of proximity.
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La mutation que connaît l’économie dans les années 1930 fait naître un
nouveau champ, la macroéconomie, pour lequel la nation est la réalité per-
tinente (Keynes, 1936) ; à quelles conditions celle-ci peut elle croître régu-
lièrement ? Cela ne va pas sans difficulté, puisque l’équilibre entre le pou-
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la vie économique est analysé. Une attention accrue est accordée aux trans-
ports, à la communication, au sport, à la culture, aux loisirs.
La recherche fondamentale passe par un retour aux sources. Elle met
l’accent sur le jeu des institutions et du changement. Elle fait une place aux
démarches hétérodoxes.
Quelle importance cette économie recomposée accorde-t-elle à la
dimension spatiale des réalités auxquelles elle s’attache ? Pour répondre à
cette question, il est bon de partir de la place qui était faite à l’espace il y
a un demi-siècle.
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2 Les espaces de l’économie du début du XIXe siècle
aux années 1930
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d’échapper à la baisse des taux de profit qui sans cela le menacerait !
C’est la théorie du commerce international qui permet à l’économie
classique d’échapper au pessimisme absolu. Elle ne fait cependant aucune
place aux économies d’échelle et aux économies externes, c’est-à-dire au
progrès.
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elle ne dit pas que le phénomène dont il s’agit est fondamentalement lié à
l’organisation géographique des noyaux spécialisés.
Alfred Weber aborde le problème des économies externes, mais sans
réussir à exprimer sa signification géographique profonde.
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1930 : le retour aux quantités globales auquel procède la macroéconomie
n’est qu’une des facettes d’une remise en cause plus systématique. Ce qui
est désormais examiné d’un œil critique, c’est le fonctionnement des mar-
chés.
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ture autour de certains points. Telle qu’elle est formulée dans les années
1930 la réflexion sur les lieux centraux n’est pas encore tout à fair une
théorie.
3.3 Coase et les coûts de transaction
H.R. Coase formule le concept de coût de transaction en 1937. Le
domaine qu’il explore est celui de l’entreprise. Une des questions que pose
l’évolution de l’économie depuis les années 1880, c’est celui de la grande
firme. La mise au point de machines qui repoussent toujours plus loin la
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limite au-delà de laquelle cessent les économies d’échelle en est, bien
entendu, une des causes essentielles. Mais l’aspect technique du gigantisme
ne doit pas faire oublier les coûts qu’il entraîne : une entreprise plus grande
doit prêter plus d’attention à la circulation des pièces détachées inclues
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Higgins, 1959) ?
À l’intérieur des pays industrialisés, certaines régions restent en dehors du
mouvement. Leurs activités ont de la peine à se diversifier. Là comme dans
le Tiers Monde, le secteur primaire est sur-représenté. Comment comprendre
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ces retards ? Pourquoi ne pas appliquer aux régions qui composent une
nation les méthodes d’analyse qui éclairent les dynamismes nationaux (Isard,
1956 ; Boudeville, 1968 ; Claval, 1968) ?
Les résultats obtenus sont appréciables : ils font comprendre comment
un investissement effectué dans une région y crée à la fois des emplois
directs et des emplois induits, ceux qui sont indispensables pour satisfaire
la nouvelle demande : d’où la notion de multiplicateur de l’emploi C’est
sur son évaluation que s’appuient les aménageurs pour mettre en place les
équipements indispensables aux nouveaux arrivés.
La région (ou la ville) est conçue comme une boîte, où l’on mesure des
effets globaux, mais dont on ne détaille pas les structures spatiales. Celles-ci
ne sont prises en compte que par les modèles gravitaires.
Les travaux macroéconomiques sur la région font apparaître un fait
essentiel : c’est autour des villes que se structure l’espace, car c’est là que
prennent place une bonne partie des effets multiplicateurs.
La mise en œuvre des méthodes d’analyse macroéconomique est cepen-
dant assez décevante : les effets multiplicateurs sont prévisibles lorsque les
espaces sont clos et que les dépenses des ménages et des entreprises y ont
toujours lieu aux mêmes endroits. Ils cessent d’être modélisables lorsqu’une
entreprise achète l’acier qu’elle emploie une année à un producteur national,
et l’année suivante à un de ses compétiteurs étrangers.
4.2 La critique des modèles de l’économie internationale classique
et les théories de la croissance inégale
Malgré les travaux de E. Heckscher (1919-1949), Bertil Ohlin (1933) et
de Paul Samuelson (1948, 1949), la théorie des relations internationales
avait peu évolué depuis l’époque de Ricardo. Les démonstrations qu’elle
mettait en œuvre étaient devenues plus rigoureuses, leur portée était plus
générale. Elle concluait toujours à l’utilité du commerce entre les nations.
Ce que l’on observait était différent : l’opposition entre les régions
riches et les zones médiocres ou pauvres se creusait au sein des pays indus-
trialisés. L’écart devenait tous les jours plus dramatique entre les revenus
10 • Paul Claval ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 664 • 2008
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La position de Perroux est simple : la polarisation naît, dans le domaine
industriel, de la présence de firmes motrices. Les responsables des politiques
industrielles doivent se garder d’éparpiller les crédits dont ils disposent, car
ils ne serviraient à rien. Il leur faut choisir un secteur stratégique, un lieu
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qui lui convienne et attirer là (ou créer) une firme puissante qui « tirera »
alors l’économie de tout le secteur. Cela générera des revenus qui permet-
tront d’étoffer le secteur domestique.
Perroux justifie ses propositions à partir d’exemples historiques, mais
Goetz-Girey en montre les limites en analysant le cas du pays de Mont-
béliard (Goetz-Girey, 1960).
On comprend donc le succès mitigé des pôles de croissance à la Perroux :
la sidérurgie de Tarente n’a pas plus suscité l’apparition d’un tissu industriel
dense que celle de Fos-sur-Mer. La construction des hauts fourneaux et acié-
ries d’Annaba n’a pas hâté l’accès de l’Algérie à la civilisation industrielle.
(ii) C’est en Amérique latine, autour de Raul Prebisch, qu’est formulée
la seconde théorie du développement inégal : cet économiste prend cons-
cience de la détérioration des termes de l’échange entre les nations en voie
de développement de cette partie du monde et les pays avancés (Prebisch,
1964). Les denrées primaires qu’elles offrent voient leurs cours se dépré-
cier, alors que le prix des produits industriels dont elles ont besoin ne cesse
d’augmenter : il leur faut travailler de plus en plus pour acquérir les équi-
pements dont elles ont besoin. Les pays riches exploitent les pays émer-
gents en ne payant pas à un juste prix les produits qu’ils leur achètent.
La thèse de Raul Prebisch repose sur des données exactes durant la
période 1953-1968. Mais il y a eu avant 1953 et après 1968 des périodes
plus fastes pour l’Amérique latine, qui n’en a pas tiré un grand bénéfice.
À la fin des années 1960, les théories de l’inégal développement cessent
de s’appuyer sur l’analyse des fluctuations des termes de l’échange. Elles
deviennent des théories de la domination : les phénomènes économiques
sont liés à des effets de pouvoir. Les passages que Marx a consacrés à
l’accumulation primitive et l’idée que l’impérialisme est le stade suprême
du capitalisme sont mis à contribution. Ces travaux ignorent curieusement
le démarrage économique foudroyant des futures « dragons » de l’Asie du
Sud-Est, Corée du Sud, Taiwan, Hong Kong ou Singapour (par exemple,
Frank, 1970).
Articles Les espaces de l’économie • 11
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mesurent l’accessibilité de chaque point à l’ensemble du marché américain
(Warntz, 1964). La zone où les potentiels sont maxima coïncide avec
l’Industrial Belt : ce qui y attire les industries, c’est la possibilité de fabri-
quer à plus grande échelle, puisque la clientèle qu’elles peuvent toucher est
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plus large.
L’Industrial Belt est aussi une zone de très grandes villes. Les activités
s’agglomèrent dans Megalopolis par suite des avantages qu’elles se créent
mutuellement (Gottmann, 1961).
L’inégal développement est le résultat normal de l’existence d’écono-
mies d’échelle et d’économies externes (Claval, 1968). La faiblesse essen-
tielle de la théorie classique des relations internationales vient de ce qu’elle
ne prend pas en compte le progrès technique (Claval, 1970) : à partir du
moment où celui-ci entre en jeu, des économies d’échelle (Young, 1928)
et des économies externes apparaissent et les inégalités tendent à
s’accroître.
L’intérêt pour les économies externes, longtemps oubliées après Alfred
Marshall, se développe dans les années 1950 (Scitovsky, 1954). Leur ori-
gine est diverse :
–– Des externalités existent dans le domaine des utilités et de la consom-
mation (Davies, Whinston, 1962, 1964) : les résidents d’un quartier tirent
avantage de la qualité de l’environnement ; les prix fonciers reflètent ses
transformations : ils chutent dès que des nuisances se précisent.
–– Du côté des producteurs, les économies externes résultent souvent de
la décision, pour les fabricants, d’acheter les pièces dont ils ont besoin à un
sous-traitant : celui-ci exploite un créneau étroit, mais il vend à plusieurs
clients, ce qui lui permet de s’équiper de machines efficaces et de bénéficier
d’économies d’échelles qu’aucun de ceux auxquels il livre ne pourrait réaliser.
–– La troisième interprétation met l’accent sur les coûts d’accès à
l’information et sur les coûts de transaction, si l’on préfère la formulation
de Coase : la firme qui s’installe dans une ville importante bénéficie d’exter-
nalités positives parce qu’elle trouve plus facile d’y recruter des personnels
qualifiés, d’y traiter avec des conseils juridiques, des consultants, des cabi-
nets comptables ou d’y obtenir des conditions intéressantes de crédit auprès
de banques bien informées des conditions de marché.
Toutes les externalités ne sont pas positives. Des nuisances résultent de
l’accumulation des hommes et des activités. Il arrive un moment où les
12 • Paul Claval ANNALES DE GÉOGRAPHIE, N° 664 • 2008
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les structures concentriques que l’on y observe répond à une logique sem-
blable à celle analysée par von Thünen. La difficulté vient de ce qu’en ville,
l’espace est occupé à la fois par des entreprises, qui sont guidées par la
recherche du profit, et par des ménages, qui essaient de maximiser l’utilité
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qu’ils retirent de leur présence en ville. Une élégante solution au problème est
proposée par William Alonso : ménages et entrepreneurs formulent, en fonc-
tion des objectifs de profit ou d’utilité qu’ils se fixent, des courbes
d’enchères, exprimées en termes monétaires, et donc comparables (Alonso,
1964). Cela génère un cône régulier des prix fonciers, sur lequel chaque
acteur se situe en fonction de ses objectifs et de ses disponibilités moné-
taires. De petits cônes adventices de localisations avantageuses se greffent
sur le cône principal là où se fixent des centres commerciaux secondaires
(Berry, 1964).
Les villes subissent dans les années 1960 la double mutation de l’auto-
mobile et des hypermarchés (James, 1964 ; Leven, 1977). Les aggloméra-
tions urbaines cessent d’être monocentrées : les fonctions qui étaient jusque-
là regroupées dans le noyau majeur de l’agglomération, se répartissent entre
une pluralité de foyers qui profitent de la mise en place d’autoroutes
urbaines pour échapper aux embouteillages et bénéficier d’une centralité
avantageuse.
4.4 Le rôle de l’information
L’attention qu’économistes et géographes accordent à l’information ne
cesse de croître. Les circuits dont l’analyse est au cœur de la macroéco-
nomie impliquent à la fois des biens, des moyens de paiement, des dépla-
cements de personnes et des flux d’information (que ceux-ci soient véhi-
culés par ceux qui se déplacent, ou qu’ils soient acheminés par la presse,
par la poste, par le téléphone, etc).
Qu’acquérir les informations indispensables à la prise des décisions éco-
nomiques ait un coût, personne n’en doute plus à une époque où les
sommes que les entreprises consacrent à la publicité croissent à une vitesse
exponentielle. Que ces activités aient surtout lieu dans les villes, on en est
de plus en plus conscient. Les chercheurs présentent alors volontiers la ville
comme un carrefour où les routes de chacun se croisent parce que c’est là
que se trouvent les informations dont ils ont besoin (Lopez, 1963 Tsuru,
1963 ; Remy, 1966 ; Meier, 1966). Le lieu central, dont on essaie de bâtir
Articles Les espaces de l’économie • 13
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des coûts de commutation qu’implique les échanges d’information dès que
ceux-ci impliquent une pluralité de partenaires (Claval, 1977a). La logique
des villes est enfin analysable en termes d’économie (Claval, 1981).
Le progrès technique est responsable de la diversification des circuits
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Les économistes se demandent, depuis les années 1950, s’ils disposent
de cadres théoriques qui leur permettent vraiment de comprendre les pro-
blèmes spatiaux. François Perroux ouvre la voie en ce domaine (Perroux,
1950). Pour lui, la réalité est feuilletée : il y a, à la base, l’étendue concrète,
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celle du monde matériel de tous les jours, l’espace géographique selon ses
termes ; voilà pour le sous-sol. Le rez-de-chaussée est constitué par l’espace
économique, celui des usines, des voies de transport, des structures com-
merciales et des consommateurs ; il s’agit encore d’un espace matériel, mais
qui est de création humaine et résulte de l’activité des agents économiques.
Le premier étage est d’une autre nature ; c’est celui de la région-plan : on
entre dans le monde des idées. L’économie est rêvée et projetée dans
l’esprit des hommes avant de devenir une réalité matérielle.
5 Intermède marxien
(i) Pour certains, la théorie marxiste est une métathéorie qui éclaire les
tendances à long terme de l’évolution du monde économique et social. À
l’échelle moyenne de temps où se situent la plupart des analyses, les théo-
ries économiques classiques rendent compte de manière satisfaisante des
activités et de leurs implantations. Il y a donc des phases où l’analyse éco-
nomique suffit à expliquer la réalité. À d’autres moments, des difficultés
apparaissent. Pour y faire face, il faut modifier le régime de régulation qui
s’imposait jusqu’alors. C’est pour expliquer ces phases de réajustement que
la métathéorie marxiste se révèle féconde.
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La phase fordiste du développement économique se caractérisait par le
rôle central des grandes entreprises (Aglietta, 1976 ; Boyer, 1986). Les
transactions internes qui y prenaient place ne conduisaient pas toujours à
la compression maximale des coûts. La compétition qui caractérise le
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Depuis trente ans, la rapidité des déplacements et les moyens nouveaux de
télécommunication sont responsables de la globalisation, avec ce qu’elle
entraîne : l’érosion du rôle des États, la signification de plus en plus limitée
du cadre national dans la vie économique, une compétition accrue, la puis-
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leur rôle traditionnel. Pour les relations rapides ou les échanges d’informa-
tion à longue distance, on saute directement jusqu’aux grands commuta-
teurs centraux régionaux et aux hubs aériens qui y sont aussi installés. De
là, les relations s’établissent directement vers d’autres centres équivalents
sans nécessiter le transit par l’échelon national.
L’écart entre les conditions de vie des zones rurales et des zones urbaines
se réduit et facilite une suburbanisation ou une rurbanisation assez lâches.
C’est la contre-urbanisation.
Le terme de métropolisation a été introduit en 1987 (Claval, 1987 ;
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Lacour, Puissant, 1999). Au sens le plus fort, il caractérise les villes qui dis-
posent, grâce aux nouveaux moyens de transport rapide et de télécommuni-
cations, de conditions qui étaient jusque-là l’apanage des régions centrales
des espaces économiques, celles où s’accumulaient économies externes et
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6.3 Espace et connaissances
Ce qu’ont en commun les réseaux qui s’articulent autour des métropoles
modernes, et ceux qui sont focalisés sur les districts industriels, c’est le rôle
que tient, comme facteur de localisation, la géographie de la connaissance.
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Conclusion
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Jusqu’aux années 1930, l’espace qu’invoquait la pensée économique était
essentiellement matériel — géographique, au sens de François Perroux :
c’était celui de la répartition des ressources naturelles et des hommes, et
celui des difficultés de transport.
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Bibliographie
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