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LA SPÉLÉOLOGIE URBAINE
Une communauté secrète de cataphiles
Florian Lebreton, Stéphane Héas
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La spéléologie urbaine
Une communauté secrète de cataphiles
Florian Lebreton, Stéphane Héas
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RÉSUMÉ
La spéléologie urbaine est une pratique marginale, et illégale. Pour autant, elle a ses règles de conduite et des exigences
importantes. En marge de toute reconnaissance institutionnelle, cette déambulation nocturne permet aux cataphiles le partage
d’une expérience où les facettes de la personnalité et le statut social se troublent, multipliant les échanges secrets avec autrui.
De la sorte se révèle une solidarité inédite, invisible dans le monde du « dessus », et se forme une communauté dont le
fonctionnement s’apparente à celui d’une société secrète.
Mots-clés : Ethnologie. Expérience. Spéléologie urbaine. Statut.
Florian Lebreton Stéphane Héas
Université Rennes-II Université Rennes-II
Laboratoire d’anthropologie et de sociologie UFR STAPS de Rennes 2
(doctorant, équipe d’accueil 2241) Campus La Harpe CS 244
ZAC Atalante-Champeaux 14, avenue Charles-Tillon
3, allée Adolphe-Bobierre 35044 Rennes Cedex 1
35000 Rennes stephane.heas@uhb.fr
kalabrett@hotmail.com
florian.lebreton@etudiant.uhb.fr
Les Pratiques corporelles et sportives (PCS) interrogent de randonneurs et d’explorateurs des souterrains pari-
la fabrication des goûts et, plus largement, des loisirs en siens a mis en évidence les usages du corps, l’organisa-
France. De nouvelles modalités de PCS soulignent des tion du temps et de l’espace privé/public, etc. Cette
trajectoires culturelles et sociales déterminées mais déambulation urbaine, plutôt nocturne et lente, est une
aussi, parfois, fortement individualisées [Bodin, Héas, pratique illégale. Étant donné les risques encourus, les
Robène, 2004]. Véritables conquêtes d’espaces par et précautions exigées sont fortes et les rassemblements
pour soi-même [Héas, Bodin, Rannou, 2004], elles fonctionnent sur le modèle des sociétés secrètes
deviennent une expérience subjective centrée autour [Simmel, 1996 ; Petitat, 1998]. Précisons qu’à partir des
d’expressions et d’impressions corporelles. Ces nouvelles expériences concrètes relatées par les pratiquants eux-
PCS se différencient surtout des « conditions générales du mêmes et par l’enquêteur principal, nous avons pratiqué
sport institutionnel, pour se placer sous des régimes marqués une anthropologie où les exigences scientifiques enten-
par les particularismes identitaire et culturel » [Jacoud, Mala- dent faire preuve d’une réciprocité entre les acteurs et
testa, 2004 : 260]. L’adhésion à un groupe humain et « l’étranger ». Ainsi nous avons pu construire ensemble
sportif situé à la marge du sport fédéral/institutionnel la réalité sociale d’un groupe minoritaire où les « ini-
devient une expérience ludique directement « vécue » tiatives microlocales » ont pris forme [Balandier,
par les pratiquants sans existence de calendriers précon- 1985 : 17]. Cette Anthropologique est étayée par des
çus, d’organigrammes, de programmes prédéfinis. observations directes et des participations observantes
La spéléologie urbaine, abordée ici, constitue une cumulées aux entretiens in situ in vivo. Elle permet de
expérimentation d’émotions, une expression indi- rendre compte des caractéristiques qui lient l’acteur à
viduelle de mouvements physiques toujours codifiée son milieu et donc de considérer le corps comme un
collectivement. Elle permet aux pratiquants de se outil d’analyse dans le processus de construction iden-
construire à travers la conquête d’un espace et d’un titaire. La distinction entre le rythme temporel organisé
temps extraordinaires, en marge de toute reconnais- autour du jour, de la lumière, et celui davantage orienté
sance institutionnelle. L’immersion au sein d’un groupe vers un régime nocturne – où règne de fait une plus
grande obscurité – révèle ainsi une variation des rythmes Déjà, au début des années 1980, Glowczewski effec-
biologiques, écologiques, mais aussi sociaux, des pra- tua une « mission anthropologique dans les souterrains de
tiquants, ce qui entraîne certaines « expériences modifiées Paris » pour y extraire cet « imaginaire souterrain »
d’être humain » [Héas, 2005 : 60] valorisées au sein composé, pour l’époque, de la « mémoire enfouie de la cité,
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d’espaces a priori inexploitables. Nous voulons préciser de socialité ludique, de descentes initiatiques, d’archéfiction
la manière dont les activités ludiques pratiquées dans un onirique » [1983] 1. Comparons brièvement les des-
espace-temps apparemment opposé aux rythmes de la centes répertoriées aux débuts des années 1980 à notre
vie quotidienne (temps de travail et temps de loisirs) immersion.
procurent un état affectif sensible, proche du domaine
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l’exploration. Cette adhésion est renforcée par certains Un simple recueil des critiques adressées au monde
signes communs : les vêtements notamment. L’organisa- du travail et à ses travers ne permettrait pas de saisir les
tion en société secrète s’est également renforcée devant modalités d’engagement vers une pratique en marge
« l’invasion » des nouveaux descendeurs du samedi soir et des sports dominants [Bourdieu, 1978 ; Pociello, 1981,
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le risque majeur de dégradation des espaces souterrains. 1995], ni, surtout, de saisir l’ambivalence en question.
Cette augmentation de visiteurs est essentielle pour Car le travail n’est pas synonyme de mal être même s’il
comprendre l’organisation actuelle des cataphiles. La constitue un temps social fortement contraignant. D’où
valorisation de l’errance est également une composante la volonté et la nécessité revendiquée par les cataphiles
de notre socialité contemporaine. Ces changements sont d’alterner avec un autre temps social, celui d’un loisir
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observables dans les interactions entre les acteurs et dans mis en forme par un espace-temps pour soi, davantage
l’analyse des discours entre groupes de cataphiles. individualisé. En raison de la diversité des professions et
L’adhésion à un groupe d’explorateurs est aujourd’hui catégories sociales, le monde du travail est vécu diffé-
une technique pour manipuler différentes facettes de remment selon la nature du travail exercé. Cette indi-
soi, pour se déclarer différent du sujet de la surface. Le cation n’est, bien sûr, pas une nouveauté. La question
mythe du souterrain est, par conséquent, toujours pré- du statut social du « dessus » (monde ordinaire) est
sent au sein d’une recherche de l’abri pour soi et de la taboue en « dessous » (monde des souterrains). Ils nous
valorisation de l’errance vagabonde. Selon B. Glow- parlent de « visages » et de « masques », à tel point que
czewski, la « tribu cataphile se distribue des masques pour le « visage » d’en dessous, alors recouvert par le « mas-
essayer des rôles » [1983 : 240]. Si nous observons toujours que » du dessus, devient étranger dans la sphère publi-
la distribution de rôles et de statuts par l’intermédiaire que : « Une fois que tu as franchi les entrées, tout est mis à
de rites intégratifs, au contraire, le contexte du dessus plat. Que ton pote soit directeur de machin… que toi tu sois
semble favoriser une tombée des masques au sein du étudiant, on s’en fout. Tout est mis à plat, les statuts n’ont
labyrinthe. Il ne s’agit plus d’un simple « essai de rôles » pas leur place ici. Je ne me lie pas d’amitié avec un autre parce
mais plutôt de vivre pleinement ce nouveau statut iden- qu’il fait le même boulot que moi… » (enquêté, id.).
titaire. La complémentarité des rôles du dessus et du
dessous nous montre que le souterrain est bien plus qu’un
simple terrain de jeu aujourd’hui : il est un lieu anthro-
pologique qui participe à la construction identitaire
des cataphiles. Ils évoquent avec insistance la tombée
des masques dès l’immersion souterraine : tomber les
masques du quotidien pour se déshabiller de toutes
empreintes du dessus.
Ces expériences socioculturelles secrètes révèlent, nous
en faisons l’hypothèse, des fréquentations et circulations
entre sphères de travail et de loisir différentes. Le social
devient pluriel, multipliant les univers culturels diffé-
rents aux fonctions et finalités spécifiques.
2. Une entrée qui en dit long sur les symboliques du terrain (par
■ La relation pratiquant-espace L’Hermine, 2005).
L’espace public est également présent lorsque les ran- ■ Des « personnes » qui préservent
donneurs font référence aux sports, domaine reconnu la « face » ?
et légitime. Tous en ont pratiqué un – football, basket-
ball, tennis, rugby, ski, athlétisme, escalade ou judo.
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Le randonneur souterrain illégitime comme « per-
L’évocation de leur carrière sportive est récurrente et sonne » renvoie au concept de persona maussien lors de
semble essentielle à la justification de leur pratique en ses analyses sur le « moi » au sein de sociétés archaïques
dehors de toute institution. Le terme de « fédération » ou traditionnelles. « Le masque par lequel résonne la voix
est donc dénigré très fortement, mais aussi le « sport de l’acteur » [Mauss, 1999 : 350] est comparable à la tom-
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business » où le « capitalisme extravagant ronge petit à petit bée des masques dans l’espace souterrain. Alors que les
l’institution sportive » et tend à « uniformiser le sportif ». La relations sociales du dessus sont basées sur l’imposition
pratique sportive ne devrait pas, pour les interviewés, de rôles, de statuts – donc un découpage –, celles du
être « une affaire de rendement et encore moins de productivité » dessous sont fondées sur l’échange d’émotions entre les
des corps. Jusqu’à un désintérêt profond pour les insti- membres du groupe de pratiquants, particulières à
tutions, sportives ou non : « Je ne me retrouve pas dans une l’espace-temps extraordinaire 5.
structure sociale prédéterminée. Je revendique une certaine
liberté qui ne me semble accessible que dans quelque chose de
non régulé » (Cyril, 34 ans, quatorze ans d’ancienneté).
Les cataphiles revendiquent une pratique davantage
individualisée avec une plus grande autonomie décision-
nelle. Comme le modèle sportif dominant façonne les
« goûts » des personnes sportives à travers le prisme de
l’agon, leur critique est très virulente envers le modèle
d’intégration proposé par les autres institutions sportives.
Les relations extérieures paraissent tronquées par déambuler dans les recoins et ainsi accéder à certaines places
l’imposition d’un statut, i.e. d’un masque correspondant à secrètes… C’est ainsi que le réseau se construit et donc main-
l’ancrage de l’individu dans la sphère publique. Sous terre, tenant tu peux te dire que tu appartiens au groupe et tu te
la tombée des masques laisse apparaître un « vrai visage », sens reconnu. Ce n’est donc que quatre ans plus tard que ma
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celui qui marque sa « véritable personnalité (dixit) ». Illusion vie de cataphile a pris forme, et surtout, sens. La réception
temporaire qui invite à des échanges inédits où chaque d’un plan est en quelque sorte le passeport qui te permettra de
spéléologue reçoit un véritable nom de scène qui caracté- t’épanouir par la suite » (enquêté, 41 ans, ingénieur
rise son style corporel : Tank, La grenouille, Bougeoir, La informatique).
mouette… Cet extrait d’entretien avec une femme spéléo- La pratique de la spéléologie urbaine n’est pas et ne
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logue précise ce point : « Pourquoi un surnom comme La peut pas être une pratique individuelle. Cette quête
Grenouille alors [rire] ? » « C’est un nom qu’on m’a donné… labyrinthique se comprend à travers le prisme de l’inté-
ça m’a bien plu… c’était drôle [rires] en plus on ne me l’a pas gration à une communauté, à travers l’acquisition d’un
donné de manière très sympathique, donc j’ai trouvé très drôle langage, de codes, de rites, de signes de reconnaissances
de… justement… de l’accepter… et [rire]… de la porter. La et/ou distinctifs, de valeurs, etc. Il y a dans cette
personne qui me l’a filée, c’était plutôt pour me lancer une construction et quête identitaire un processus qui met
vanne… [rire] parce que je passais mon temps à tomber dans en œuvre le « sacré » qui caractérise ce double méca-
certaines crevasses d’eau… » nisme d’intégration 7 [Girard, 1972 : 2004]. Ne nous y
Ce pseudonyme confère aux cataphiles une autre trompons cependant pas. Cette identité collective n’est
facette identitaire même si elle demeure fragile. Elle pas une, pas plus d’ailleurs qu’il n’existe « une » culture
révèle l’adéquation de la personne à un espace qu’elle des souterrains.
tente de s’approprier, partie intégrante de l’organisation L’entrée dans la communauté permet de se « recon-
interne du groupe (infra). Ce processus identificatoire naître dans le monde du dessous » par l’existence d’un
est régulé par le groupe de pairs soulignant la « vraie « esprit de corps ». Cependant, une fois introduit dans
nature de l’individu » [Mauss, 1999 : 354] au sein d’un cette « micro-société », le pratiquant n’a pas « abandonné sa
espace intime. liberté d’aller et venir » [Simmel : 1996, 88]. C’est cette
circulation entre deux sphères sociales qui semble carac-
tériser encore davantage la communauté du « dessous ».
Le secret consiste tout d’abord en la protection de son
■ Une organisation spécifique liée espace intime en interaction avec l’espace public. La
aux caractéristiques de l’espace conquis protection d’un savoir-faire, d’un ensemble de schèmes
propres au groupe cataphile renforce cette adhésion dis-
• Une organisation sociale hiérarchisée crète au « dessous ». Il est ensuite nécessité par le carac-
tère déviant, au sens strict du terme, de cette activité
Au sein de cette « microsociété » marginale [Park, 1921], qui contrevient aux règles et aux normes sociales en
certaines caractéristiques du monde du « dessus » sub- vigueur. Il est aussi, et surtout, destiné à se protéger, ou
sistent néanmoins. Ce paradoxe est révélateur de l’ambi- à protéger la communauté, des jugements rendus par les
valence des discours recueillis. « entrepreneurs de morale » [Becker, 2005 : 171].
Des principes, des règles et des obligations divers sont
érigés par les spéléologues eux-mêmes. La « coutume »
module les règles explicites et implicites de l’intérieur.
Ce fonctionnement impose aux personnes extérieures,
étrangères, un certain nombre de rites d’intégration très
significatifs du « secret » de la pratique. Un enquêté
retrace sa propre histoire personnelle, son entrée et son
évolution dans la « carrière » de spéléologue urbain. La
réception du premier plan des carrières souterraines par
ses pairs est considérée comme l’acquisition d’un « pas-
seport des souterrains » : « Cela ne s’est pas fait du jour au
lendemain… de fil en aiguille, tu rencontres d’autres personnes
en dessous… tu te lies d’amitié avec certains et tu en évites
d’autres… tu sais, c’est comme au-dessus quand les gens se
croisent et s’évitent… Si bien qu’en 1988, soit quatre ans
plus tard, un des bons moment de fierté personnelle car je tenais
là mon premier plan d’accès et surtout, des souterrains. J’étais
fier, je te le redis, car tu dois comprendre que ce moment-là est
arrivé quatre ans après ma première descente… et ton premier 4. Pratiquant en pleine progression. Marqueurs sur un parcours
plan est comme une délivrance, je veux dire, tu peux enfin difficile, risqué (par L’Hermine, 2005).
La question du secret montre comment un individu pratiquant ne souhaite pas mettre un terme à sa partie,
ordinaire, inséré dans la société du dessus, est obligé de elle défile. Au même titre que les jeux anciens ne s’arrê-
vivre dans une dualité sociale pour montrer une image taient que lorsqu’un adversaire y laissait sa vie ou bien
conforme au modèle social dominant. lorsqu’un pratiquant abandonnait. Certains tournois
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pouvaient durer de nombreuses semaines parfois. Seul
le calendrier religieux scandant largement l’ordonnan-
■ Les symboles du « dessous » cement temporel pouvait y mettre un terme.
Ces randonnées souterraines peuvent durer égale-
ment de nombreuses heures. Certains partent en « expé-
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contexte d’expérience, vecteur de sensations et d’émo- conquis, parfois avec difficulté.
tions inédites. Comment comprendre la fabrication d’un Beaucoup de points restent non traités à ce jour.
corps « invisible », défait, presque dépouillé des marques Notre objectif était/est/sera de rendre compte d’une
et symboles corporels davantage « visibles » au-dessus ? possible dissonance corporelle, par conséquent cultu-
relle, entre le monde du dessus et celui du dessous. Ainsi
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ABSTRACT
Urban speleology : a secret community of cataphils
Urban speleology is a marginal practice which has nevertheless its rules of conduct and great requirements. It enables to share an
experience in which facets of the self and of the social status change and secret exchanges with other people are multiplied. But it
also reveals a new solidarity that is invisible in the world of « above » and a new community that functions like a secret society.
Keywords : Ethnology. Experience. Urban speleology. Status.
ZUSAMMENFASSUNG
Stadtspeläologie : eine geheime Gemeinschaft von Kataphilen
Stadtspeläologie ist eine marginale und illegale Aktivität, die doch ihre Benehmenregeln hat und sehr anspruchsvoll ist. Am Rande
jeder institutionellen Anerkennung ermöglicht dieses nächtliche Umhergehen den Kataphilen eine Erfahrung zu teilen, in der sich
die Facetten der Persönlichkeit und des sozialen Status ändern und zur Vervielfachung geheimer Austäusche mit dem anderen führen.
Daraus ergibt sich eine neue Solidarität, die in der « oberen » Welt unsichtbar ist, und es bildet sich eine Gemeinschaft, die wie eine
geheime Gesellschaft funktionniert.
Stichwörter : Ethnologie. Erfahrung. Stadtspeläologie. Status.