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THÈME 5 L’ENVIRONNEMENT ENTRE EXPLOITER ET PROTÉGER : UN ENJEU PLANÉTAIRE

AXE 2 LE CHANGEMENT CLIMATIQUE : APPROCHES HISTORIQUES ET GÉOPOLITIQUES

Question du changement climatique ne date pas 1980s et 1ers sommets internat.


De tout temps, hommes ont prêté attention aux fluctuations météorologiques dans mesure où elles avaient
conséquences sur leur quotidien.
Objet scientifique, climat est domaine d’étude des historiens,
climatologues et géologues.
Enfin par effets perturbateurs qu’il entraîne dans rapports entre
hommes, c’est aussi enjeu géopolit. majeur.

« Humanité a un choix : coopérer ou périr. C’est soit pacte de solidarité


climatique, soit pacte de suicide collectif », António Guterres devant près de
100 chefs d’État et de gouvernement réunis à Charm el-Cheikh, 7 nov. 2022.

Comment changement climatique a-t-il impact sur évolution de


nos sociétés ?

I/ De fortes variations climatiques en Europe, du Moyen-Âge au XIXe s.


A/ Des fluctuations à plusieurs échelles de temps
1. Échelle de temps longs
À échelle géologiques ou historiques, climat terrestre a connu
alternance de périodes froides et de périodes chaudes, qui ont multiples
conséquences sur environnement et sociétés.
- Ve-IXe s. : période froide.

L’évolution des températures


dans l’hémisphère Nord

- IXe-XIVe s. : réchauffement [optimum climatique


médiéval ou « embelli d’An Mil »], associé en Occid. à
période d’essor :
o Vigne cultivée en Angleterre et Écosse.
o Route maritime entre Norvège, Islande et
Groenland ouverte à navigation.

Route maritime des Vikings au IXe s. ➔

- XVe-XIXe s. : refroidissement [Petit Âge glaciaire


(PAG)]. :
o Étés deviennent frais et pluvieux.
o En montagne, glaciers gagnent vallées.
o Ce PAG connaît 2 maxima :
▪ XVIIe s. sous règne de Louis XIV.
▪ Début du XIXe s.

Hendrik Avercamp, Paysage d’hiver, 1608 ➔

- À partir de 1850 : réchauffement, étés plus chauds et hivers moins neigeux en Europe.

2. Échelle de temps courts


En plus de tendances générales, fluctuations plus rapides apparaissent :
- Réchauffement IXe-XIVe s. pas uniforme : refroidissement se fait ressentir vers 1100.
- XVe-XIXe s. :
o Années tièdes alternent avec années plus fraîches.
o Fin XVIIIe s., Europe marquée par fortes vagues de chaleur doublées de sécheresses « canicules ».
o Ces variations climatiques ne touchent pas toute Europe en même temps. Alors que PAG commence
au XIIIe s. au N d’Europe, il ne touche S qu’au siècle suivant.

3. La perception de ces échelles


Contemporains perçoivent surtout événements climatiques extrêmes [neige, inondations, tempêtes,
sécheresse] et changements saisonniers. Cette perception du climat s’opère surtt à travers dév. des plantes et
cultures, et signes visibles des variations climatiques [hauteurs de fleuve ou couche de neige]. Mais il n’existe pas
réellement de mémoire collective de ces risques climatiques.
Au total, fluctuations sur temps long n’ont pas été perçues par contemporains du Moyen-Âge au XIXe s., car
écarts de températures sont relativement faibles [inférieur à un demi-degré].

B/ Des phénomènes qui diffèrent du changement climatique contemporain


1. Les causes de ces variations climatiques
Milieu XIXe s., historiens commencent à s’y intéresser, scientifiques
commencent à se doter d’instruments de mesure et d’analyse plus précis.
1960s, 1ers grands travaux historiques, Emmanuel Le Roy Ladurie [1929-],
Histoire du climat depuis l’An Mil, 1967.
Malgré incertitudes, historiens expliquent variations de températures par :
- Modifications d’activité solaire.
- Volcanisme : grandes éruptions. Ex : Laki [Islande, 1783] ou Tambora
[Indonésie, 1815]. Cendres volcaniques ont pu perturber rayonnement
solaire. Année 1816 surnommée « année sans été » en Europe car ciel
durablement obstrué. Tableau de W. Turner ou C-D Friedrich représentent
paysages embrumés, interprétés comme témoignage de pollution industrielle,
mais aussi lien à poussière volcanique dans atmosphère.

Conséquences de 2 éruptions Tambora [1815] Caspar David Friedrich, Two Men by the Sea, 1817
et Krakatoa [1883]

2. Les effets sur les sociétés rurales et urbaines


Dans contexte de forte christianisation, inondations ou
tempêtes apparaissent comme punition divine. Chrétiens multiplient
prières, messes ou processions.
Sociétés rurales, qui vivent d’agriculture, sont vulnérables
aux aléas climatiques et à famine [Hiver 1709 : 600 000 morts en
Fr.].
Sociétés urbaines, nourries par campagnes, le sont tout
autant car difficultés d’approvisionnement [infrastructures, circula-
tion]. Forte dépendance du prix du blé aux variations climatiques qui
ont pu jouer accélérateur dans événements polit. Ex : Rév. fr., 1789].

Cpt, refroidissement n’a pas empêché ni poursuite de Henri François d’Aguesseau sauve la
croissance démographique [1500 : 80 M. d’hab.|1850 : 270 M France pendant la famine de 1709
d’hab.] ni importantes mutations techniques et éco. [ex : Rév.
industrielle].

3. L’adaptation à ces phénomènes climatiques


Avant XVIIIe s., pop. sinistrées pas prises en charge [sauf par charité
chrétienne] et aucun gouvt ne met en place mesures spécifiques [sauf baisse
momentanée des impôts].
XVIIIe s., État et Philanthropes s’intéressent aux phénomènes clima-
tiques et conséquences :
- Construction de digues,
- Marquages posés dans ville pour évaluer crues. Florin Périer faisant des mesures
- Prise régulière de températures. Ex : Florin Périer [1605-1672]. sur le haut du Puy-de-Dôme.

II/ Les effets contemporains du changement climatique


A/ Des écosystèmes fortement déstabilisés
1. Des effets directs
Période contemporaine caractérisée par changement
climatique marqué :
- Réchauffement de température moyenne du globe de 0,6
°C au XXe s.
- 20 1ères années du XXIe s. constituent période la plus
chaude d’hémisphère N depuis au moins 2 000 ans.
- 2023 : année la plus chaude jamais enregistrée

Production de CO₂ dans le monde, 2018

Cause : Forte augmentation de concentration atmosphérique des


GES. Ces gaz sont émis par industrialisation mondiale qui utilise combustion
des énergies fossiles. Grandes puissances éco. en sont principales
émettrices :
- Chine : 27%.
- É-U : 14%.
- Qatar, pays qui en émet le plus par hab.

Principaux pays émetteurs de CO₂ en 2017. ➔


Réchauffement actuel constitue rupture à plusieurs
niveaux :
- Phénomène global.
- Phénomène fort et rapide, qui tend à s’accélérer.
- Phénomène essentiellement d’origine humaine [Anthro-
pocène].

Augmentation des températures :


- Transforme écosystèmes.
- Modifie répartition des espèces naturelles végétales et
animales [migration vers hautes latitudes].
- Fait fondre pergélisol qui libère CO₂.
- Fait fondre glaciers, entraînant progressivement éléva-
tion du niveau de mer.
2015, GIEC estime que niveau marin augmenterait de 26
à 98 cm d’ici 2100. Nouvelles publications scientifiques
prévoient plusieurs mètres ! Jay Simons, The British Isles in 2100, 2014

2. Des effets indirects plus importants encore


Changement climatique pourrait se traduire par :
- 1/2 des espèces animales et végétales devraient disparaître d’ici 2100 [6e extinction massive].
- Refroidissement de certaines régions. Ex : N-O d’Europe si Gulf Stream se déréglait.
- Réchauffement 2 fois plus rapide aux latitudes polaires.

 Régions arctiques et îles tropicales basses [Kiribati, Tuvalu] sont espaces-sentinelles.

B/ D’importantes menaces sur les sociétés


Prévision du rapport du GIEC sur risques d’ici 2100, 2014

2014, travaux du GIEC [1988] pour mesurer mutations en cours, ont établi lien entre activités humaines et
réchauffement climatique :
- Fréquence renforcée de canicules, cyclones, sécheresses, touchant de nombreuses pop.
- Mise en danger certaines pratiques agric.
- Menace sur ressources halieutiques.
 Ces changements mettent en péril sécurité alimentaire.

- Élévation du niveau de mer [ENM] menace pop. et activités fortement concentrées sur littoraux en raison de
mondialisation :
o +20% de pop. mondiale vit à moins de 30 km des côtes.
o Grands deltas asiatiques ont fortes densités. Ex : Bangladesh et mégapoles [Shanghai Jakarta].
- Flux massifs de réfugiés [climatique]. Ex : Afrique et Océanie. Selon Banque mondiale 143 M de réfugiés en
2050. Problème encore non résolu par droit internat.

Changements climatiques et migrations, 2019

III/ La lutte contre le changement climatique


A/ Une prise de conscience tardive
1. Les Conférences des parties [COP]
ONU et ses agences jouent rôle crucial :
- 1992, Sommet de la Terre de Rio : question du changement climatique devenue officiellement enjeu des
relations internat. GIEC insiste sur nécessité de limiter à +1,5 °C réchauffement global par rppt à ère
industrielle pour limiter au maximum effets du changement. Mise en place d’Agenda 21 [dév. durable,
pollution, santé, pauvreté, gestion des déchets…].
- 1994, Convention-cadre sur changements climatiques [CCNUCC] adoptée. CCNUCC fonctionne via
Conférence des parties [COP, organe de décision]. COP se déroulent chaque année.

COP1, Berlin, 1995 COP3, Kyoto, 1997 COP21, Paris, 2015 COP 28, Dubaï, 2023

2. Les accords internationaux


Pays signataires du Protocole de Kyoto [1997] et des Accords de Paris [2015]

Accords internat. sur changement climatique n’existent


que depuis 20aine d’années, récent à échelle d’Histoire.
Objectif prioritaire est de limiter augmentation de
température mondiale au cours du XXIe s. Ainsi, États doivent
s’engager sur réduction d’émissions de GES.
1997, 1er accord internat. protocole de Kyoto : réduction
de 5% des émissions de GES d’ici 2012.
2015, COP21 débouche sur accord historique, plus
important que Kyoto : hausse des températures mondiales d’ici fin
du siècle ne devra pas excéder 2 ou 1,5 °C.
2018, COP24 à Katowice [Pologne] détaille règles
techniques d’application d’accord de Paris.
2019, COP25, à Madrid, plutôt échec. Hausse des
températures d’ici à fin du XXIe s. repoussée jusqu’à 3,2 °C.
2023, COP28, à Dubaï, neutralité carbone d’ici 2050.

Bilan du Protocole de Kyoto, 2012 ➔


B/ L’apparition d’une fracture pousse
d’autres acteurs à se mobiliser
Si accord de Paris a valeur historique car il
engage de nbreux pays émergents, il manque cpdt
d’envergure :
- Retrait des É-U, par Donald Trump [1946-
], [2017] traduit difficulté de gouvernance
mondiale sur questions climatiques. 20
janv. 2021. Joe Biden [1942- ], par décret,
réadmet É-U dans accord de Paris.
- Âpres négociations et rapports de force
entre États.
- Fracture persistante entre 2 groupes :
+ Soutenus par ONG, plupart des pays d’Afrique,
Amérique latine, petits pays insulaires, UE : mena-
ce de montée du niveau de mer.
+ Qlq États parmi les plus gros pollueurs [É-U,
Chine, Brésil, Inde, Japon, Australie, Arabie saou-
l’accord de Paris,
dite…] qui campent sur leur position.

 Seuls 80 États se sont engagés mais ne


représentent que 10% des émissions de
GES.
 UE, groupe d’États le plus avancée, s’est
fixée en 2019, un green deal, objectif :
neutralité carbone d’ici 2050.
Enfin de nouveaux acteurs renforcent implication :
- ONG.

- Société civile et en particulier jeunes et scientifiques cherchent à faire pression sur gouvts pour intensifier
lutte contre changement climatique.

Greta Thunberg, personnalité de l’année 2019, par Time


Sommet des NU pour le climat « How Dare You? », « You have stolen my dream and my childhood »
Histoire du climat permet de mettre en relief,
sur temps long, des périodes de réchauffement et de
refroidissement à surface de Terre.
Impact des variations de températures sur
sociétés humaines est éco., social et polit. Question
climatique relève donc des travaux des climatologues,
d’analyses historiques et géopolit.
Rapidité du changement climatique qui s’opère
depuis fin du XXe s. soulève de nbreux enjeux globaux
et nécessite gouvernance mondiale qui peine à
s’imposer.

Kal, “Sommet sur le changement climatique en 2040 »,


The Economist, 2009 ➔

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