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Année 2018/2019
Dr MEGUENNI N. Cours de Bactériologie Médicale. Université Mouloud Mammeri
Sommaire
Titre Page
Chapitre 1 : La pathogénicité chez les bactéries 1
1-Définitions 1
2-La maladie infectieuse 1
2.1-La conservation d’un réservoir de la bactérie pathogène 2
2.2-Le transport de la bactérie pathogène vers l’hôte 2
2.3-L’adhérence et la colonisation par la bactérie par la bactérie pathogène 2
2.4-L’invasion des tissus de l’hôte 2
2.5-La croissance et la multiplication de la bactérie pathogène 2
2.6-La sortie de l’hôte 3
3-La régulation des facteurs de virulence bactériens 3
3.1-Les ilots de pathogénicité 3
4-Le pouvoir toxinogène 4
4.1- Les exotoxines 4
4.1.1- Rôles des exotoxines dans la maladie 7
4.2- Les endotoxines 8
5-Les défenses de l’hôte contre l’invasion microbienne 8
5.1-Les mécanismes microbiens pour échapper aux défenses de l’hôte 8
5.1.1-Echappement au système du complément 8
5.1.2-Echappement à la phagocytose 9
5.1.3-La survie dans le phagocyte 9
5.1.4-Echappement à la réponse immunitaire spécifique 10
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2.1.1.3-Les céphèmes 18
2.1.1.4- Les monobactames 18
2.1.1.5-Les inhibiteurs de β-lactamases 18
2.1.2- Les aminoglycosides (aminosides) 19
2.1.3- Les tétracyclines 19
2.1.4-Les phénicolés 19
2.1.5-Les macrolides 20
2.1.6-Les quinolones 20
2.1.7-Les polypeptides 21
2.1.8-Les sulfamides 21
2.1.9-Les rifamycines 21
2.2-Classification selon l’origine 22
2.2.1-Les antibiotiques naturels 22
2.2.2- Les antibiotiques synthétiques 22
2.2.3-Les antibiotiques semi-synthétiques 22
2.3- Classification selon l’effet antibactérien 22
2.3.1- Bactériostase 22
2.3.2- Bactéricidie 22
2.4- Classification selon le spectre d’activité 23
2.5- Classification selon le site d’action 23
2.5.1- Les antibiotiques agissant sur la paroi bactérienne 23
2.5.1.1- Les bêtalactamines 23
2.5.1.1.1- Les dérivés de l’acide 6-amino-pénicillanique 24
2.5.1.1.2- Les dérivés de l’acide 7-amino-céphalosporanique 24
2.5.1.1.3-Les monobactames 25
2.5.1.1.4-Mécanisme d’action des bêtalactamines 25
2.5.1.2- Les glycopeptides 26
2.5.2- Antibiotiques agissant sur la membrane cytoplasmique 26
2.5.3- Antibiotiques agissant sur la réplication d’ADN (appareil nucléaire) 26
2.5.4- Antibiotiques agissant sur les ribosomes 27
2.5.4.1- Les aminosides 27
2.5.4.2- Les tétracyclines 27
2.5.4.3-Les macrolides 27
2.5.4.4-Le chloramphénicol 27
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4.1-Défaut d’affinité 34
4.2- Modification enzymatique 35
4.3- Résistance par efflux 35
4.4-Phénomène d’imperméabilité 35
5-Emergence et propagation de la résistance 36
Index bibliographique 37
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Abréviations
Ala : Alanine
AMG : Aminoglycoside
CMB : Concentration minimale bactéricide
CMI : concentration minimale inhibitrice
DHF : Dihydrofolate
LPS : Lipopolysaccharide
MAC : complexe d’attaque membranaire
PABA : Acide Para-Amino-Benzoïque
PLP : Protéines Liant la Pénicilline
SEB : entérotoxine staphylococcique B
THF : Tétrahydrofolate
TTSS : Système sécréteur de type III
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1-Définition
Tout organisme produisant une maladie est dit pathogène (du grec pathos, maladie et genos
naissance. Sa capacité à provoquer une maladie est son pouvoir pathogène ou pathogénicité.
C’est un terme général qui fait référence au potentiel infectieux.
Le potentiel pathogène fait référence à l’intensité de la production des symptômes morbides.
Le terme virulence fait référence à l’intensité de la pathogénicité.
Les caractéristiques qui interviennent dans la virulence (les capsules, les pili, les toxines) sont
appelés facteur de virulence.
La virulence est déterminée par trois caractéristiques du pathogène :
- les pouvoirs invasif et infectieux ;
- le potentiel pathogène.
1- La maladie infectieuse
Pour induire une maladie, une bactérie pathogène doit :
Conserver un réservoir. Un réservoir est un endroit où vivre avant et après avoir
provoqué l’infection ;
Etre à l’origine, transportée vers l’hôte et y entrer ;
Adhérer, coloniser et/ou envahir les cellules et les tissus de l’hôte ;
Echapper aux mécanismes de défense de l’hôte ;
Se multiplier ou compléter son cycle reproductif sur ou dans l’hôte ou dans
les cellules de l’hôte ;
Nuire à l’hôte ;
Quitter l’hôte et retourner au réservoir ou atteindre un nouvel hôte.
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Les bactéries peuvent également pénétrer dans les petits capillaires lymphatiques
terminaux entourant les cellules épithéliales. Ces capillaires s’associent pour former
des vaisseaux lymphatiques plus larges qui t aboutissent dans le système sanguin.
La bactérie accède finalement à tous les organes et tous les systèmes de l’hôte.
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Le TTSS le mieux connu est celui de Yersina enterocolitica et Y. pestis. Ces bactéries
emploient le même TTSS d’origine plasmidique comprenant l’appareil de sécrétion
ou injectisome Yop (yersinia outer protein). L’injectisome est composé d’un corps
basal et d’une aiguille.
Le corps basal est constitué d’un certain nombre de protéines homologues par leurs
séquences en acides aminés aux protéines du corps basal flagellaire, suggérant que
l’injectisome est maintenu dans l’enveloppe de la même manière que le flagelle.
Contrairement à d’autres systèmes sécréteurs, le système de type III se déclenche
spécifiquement au contact des cellules hôtes. Ceci permet d’éviter une activation
inappropriée des défenses de l’hôte. L’injection des protéines de virulence dans
la cellule hôte permet à la bactérie pathogène d’interférer avec les voies
de signalisation eucaryotes. La réorientation du signal cellulaire peut désamorcer
les réactions immunitaires de l’hôte ou résorganiser le cytosquette.
Les ilôts de pathogénicité augmentent généralement la virulence des bactéries ;
ils sont absents chez les membres non pathogènes de la même espèce comme dans
le cas d’E.coli entéropathogène et d’E.coli commensale
4- Le pouvoir toxinogène
On distingue deux catégories de maladie sur la base du rôle de la bactérie pathogène
provoquant la maladie :
- Les infections où la maladie infectieuse résulte partiellement
de la multiplication bactérienne qui provoque souvent des altérations tissulaires ;
- Les intoxications résultent de l’entrée d’une toxine spécifique produite
par les bactéries.
Une toxine (du latin toxicum, poison) est une substance spécifique, souvent
un métabolite de l’organisme qui altère le métabolisme normal des cellules hôtes avec
des effets nuisibles pour l’hôte.
Le terme toxémie se rapporte à l’état induit par les toxines présentent dans
le sang de l’hôte. En effet, certaines toxines sont tellement puissantes que même si
les bactéries productrices ont été éliminées la maladie persiste.
Les toxines produites par les bactéries sont de deux sortes : les exotoxines et
les endotoxines.
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Les exotoxines sont divisées en quatre groupes, selon leur structure et leur
activité physiologique :
- Le second type qui peut être aussi une toxine AB comprend les toxines qui affectent
des endroits spécifiques de l’hôte (exotoxines site spécifique) :
Le système nerveux : ce sont les neurotoxines telles que la toxine botulique
et tétanique ;
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1.1-Echappement à la phagocytose
Des bactéries comme Streptococcus pyogens forment des capsules qui ne sont pas
antigéniques car elles ressemblent à des molécules de l’hôte.
- elle produit des protéases d’IgA qui détruisent les IgA sécrétoires
et permettent l’adhérence. Certaines bactéries synthétisent des protéines, comme la
protéine staphylococcique A et de la protéine G de Streptococcus pyognes qui
interfèrent dans le processus d’opsonisation en se fixant à la partie Fc des
immunoglobulines.
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L’épidémiologie (du grec epi, sur ; demos, peuple ou population ; logos, étude)
est la science qui évalue l’apparition, les déterminants, la distribution et le contrôle de la santé
et de la maladie dans une population humaine définie.
Une maladie est une altération de l’état normal d’un organisme ou
de l’un de ses composants, qui empêche l’accomplissement de fonctions vitales. Cet état
survient en réponse à des facteurs de l’environnement (malnutrition, pollutions industrielles,
climat) à des agents infectieux spécifiques (virus, bactéries, champignons…), des
malformations inhérentes à l’organisme (différentes anomalies génétiques ou
immunologiques) ou à des combinaisons de ces différents facteurs.
Un épidémiologiste s’intéresse à la découverte des facteurs impliqués dans l’apparition
de la maladie et par le développement des méthodes de prévention de la maladie.
1- La terminologie épidémiologique
- Une maladie sporadique est une maladie qui se déclare occasionnellement
à des intervalles irréguliers dans une population humaine.
Lorsque la fréquence en est maintenue à un taux bas et régulier à intervalles moyennement
réguliers, il s’agit d’une maladie endémique (exp le rhume).
Les maladies hyperendémiques ont une fréquence d’apparition graduellement croissante,
au delà du niveau endémique mais pas au niveau d’une épidémie (exp le rhume en période
hivernale).
Une flambée est l’apparition inattendue soudaine d’une maladie habituellement locale
ou dans une portion limitée d’une population (tel que la maladie du Légionnaire).
Une épidémie est une flambée affectant de nombreuses personnes en même temps, un
accroissement soudain de l’apparition de la maladie au-delà d’un taux prévisible.
Une pandémie (grec pan, tous et demos peuple) est une épidémie affectant une large
population sur une région très étendue (habituellement le monde). Exp : la grippe H1N1en
1918.
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Le taux de prévalence fait référence au total d’individus infectés dans une population
à un moment donné sans tenir compte du début de la maladie ; il dépend du taux
d’incidence et de la durée de la maladie.
Le taux de mortalité est le rapport entre le nombre de décès dus à une maladie
donnée et le nombre total de cas de cette maladie. Il reflète les proportions d’issues
fatales attribuées à un agent causal unique.
Nombre de décès dus à une maladie donnée au cours d’une période donnée
Le taux =
de mortalité Nombre de cas de la même maladie dans la population totale
Les maladies infectieuses ont souvent leurs signes et leurs symptômes propres
- Les signes sont des modifications corporelles objectives comme la fièvre ou
une éruption cutanée, on peut les observer directement.
- Les symptômes sont des modifications subjectives comme la douleur ou la perte
d’appétit qui sont ressentis par le patient lui-même. On utilise cependant souvent le terme
symptôme dans un sens plus large qui inclut les signes cliniques.
- Le syndrome est l’ensemble des signes et des symptômes caractérisant une maladie.
Des tests additionnels en laboratoire sont souvent nécessaires pour établir un diagnostic précis
car les symptômes et les signes observables ne suffisent pas.
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- Le stade prodromique est la période pendant laquelle les signes et les symptômes
commencent à apparaitre mais ne sont pas encore suffisamment flagrants pour permettre
le diagnostic. Le patient est souvent contagieux
- La période de maladie est la phase sévère de l’affection, celle qui présente les signes
et les symptômes caractéristiques. La réponse immunitaire est enclenchée les cellules B et T
sont devenues actives.
- Au cours de la période de déclin, les signes et les symptômes s’estampent ; l’étape de
récupération est appelée convalescence.
La proportion d’individus immunisés par rapport aux individus sensibles doit être
constamment évaluée parce que de nouveaux individus sensibles entrent continuellement dans
la population par le biais de migration ou de naissances. De plus les agents pathogènes
peuvent se modifier par des changements antigéniques (recombinaison tel que les virus
influenza) de sorte que des individus immunisés redeviennent sensibles. Les organismes
pathogènes causent des maladies endémiques parce que des humains infectés les transmettent
continuellement à d’autres ou qu’ils pénètrent continuellement dans la population humaine
à partir de réservoir animaux.
Dès qu’apparait un changement ou une dérive antigénique (petits changements antigéniques)
la population sensible augmente parce que le système immunitaire n’a jamais été exposé
à la nouvelle souche mutante.
Si le pourcentage d’individus sensible est au dessus de la densité seuil, le taux
de protection due à l’immunité de groupe diminuera et le taux de morbidité augmentera.
Par exemple, le taux de morbidité de la grippe parmi les enfants en âge scolaire peut atteindre
des niveaux épidémiques si le nombre de personnes sensibles dépasse 30% de la population
totale.
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pour de longues périodes (mois, années, pour la vie) on les appelle porteurs
chroniques.
Les zoonoses sont des maladies infectieuses des animaux, souvent domestiques, qui sont
occasionnellement transmises aux humains. Ceux-ci peuvent acquérir l’agent par différents
modes : contact direct avec de la chair d’un animal malade ; consommation de lait contaminé,
inhalation de particules de poussières contaminées par des excréments ou des produits
animaux, ingestion de viande insuffisamment cuite. Elle peut être transmise par le biais
d’un vecteur (un organisme qui propage la maladie d’un hôte à un autre tels que
les moustiques, les tiques, les puces, les mouches, les acariens).
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multiples. L’eau et les aliments sont des vecteurs communs importants pour de
nombreuses maladies humaines.
4.4-L’hôte
La sensibilité de l’hôte dépend du pouvoir pathogène de l’agent ainsi que des mécanismes
de défenses non spécifiques et spécifiques de l’hôte. Ils dépendent également des questions
de nutrition, de prédisposition génétique et de stress.
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de l’hôte marquera la fin de tout résident pathogène mais l’ensemble de l’espèce peut
se répandre et prospérer aussi longtemps que la vitesse accrue de transmission
contrebalancera les pertes dues à la mort de l’hôte. Cette situation peut se produire de
différentes manières :
- Lorsqu’il est transmis par un vecteur, un agent pathogène bénéficiera
d’une multiplication intense et de l’envahissement de l’hôte, il aura plus de chance
d’être emporté par un insecte piqueur et transmis à un nouvel hôte s’il est présent chez
le patient infecté à des niveaux très élevés. Les agents pathogènes transmis par
des arthropodes piqueurs comme les moustiques sont généralement très
virulents. Ces agents doivent éviter de porter atteinte à leurs vecteurs ; ceux-ci restent
généralement sains du moins jusqu’à la transmission.
- La virulence est aussi en relation directe avec la capacité du germe à résister dans
le milieu extérieur. Si l’agent pathogène n’a pas de vecteur et survit mal dans
l’environnement, il dépendra de la survie de son hôte et sera moins virulent.
Lorsqu’il résiste longtemps en dehors de son hôte, l’agent pathogène peut quitter
et simplement attendre un contact avec un hôte nouveau. Cette situation semble
favoriser une virulence accrue. La santé de l’hôte n’est pas critique, mais
une multiplication considérable de l’agent dans son hôte favorisera la transmission.
La tuberculose et la diphtérie sont de bons exemples car Mycobacterium tuberculosis
et Corynebacterium diphteriae survivent des semaines et des mois en dehors de leur
hôte humain.
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2.1.1.4- Les monobactames : ce sont des antibiotiques présentant dans leur formule le
cycle β-lactame substitué. Ils sont dit monocycliques, exemple de l’aztréoname
(COHEN et JACQUOT, 2008).
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2.1.5-Les macrolides
La molécule est faite d’un grand anneau lactone (plus de douze atomes) substitué par
un ou plusieurs sucres ou sucres amines.
L’érythromycine, un macrolide important, a un anneau de quatorze atomes liés à de
cladinose et la desosamine (SINGLETON, 2005).
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2.1.7-Les polypeptides
On distingue sept groupes :
Peptideslinéaires.
Peptides cycliques représentés par la capréomycine, la viomycine, la D-cycloserine.
Glycopeptides représentés par la vancomycine et la ristocetine.
Glycolipopeptides représentés par la telcoplanine et la ramoplanine.
Les lipopeptides représentés par la daptomycine et la polymyxine.
Polypeptides thiazolidiques : bacitracine.
Divers.
Ces divers groupes se subdivisent en sous groupes en fonction de leur structure
chimique, le l’activité antibactérienne, du mécanisme d’action, de la nature de la cible
cellulaire (YALA et MERAD, 2001).
2.1.8-Les sulfamides
Ils se constituent par un noyau paramonobenzène sulfamide avec deux radicaux R1 et
R2 déterminant leur pharmacocinétique et leur classification (YALA et MERAD, 2001).
2.1.9-Les rifamycines
Ils sont constitués d’un noyau macrocycle et d’un cycle aromatique (YALA et
MERAD, 2001).Exemple : Rifamixine
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Ces antibiotiques sont obtenus à partir d’une fraction moléculaire naturelle sur laquelle
a été greffée un radical chimique, comme la méticilline qui est synthétisée à partir de la
pénicilline (FOURNIER, 2006).
2.3.1- Bactériostase
C’est le ralentissement ou inhibition de la multiplication des germes dans un milieu
donné. Au bout d’un temps donné, en présence d’antibiotiques, le nombre de germes
bactériens vivants est inferieur au nombre de germes qui seraient vivants dans un milieu de
culture identique mais en absence d’antibiotique. On définit alors une concentration minimale
inhibitrice (CMI) (COHEN et JACQUOT, 2008).
2.3.2- Bactéricidie
La bactéricidie consiste en la destruction d’une partie de la population d’une souche
bactérienne (SOILLEUX, 2007). Certains antibiotiques manifestent une action bactéricide. Ils
tuent les germes dans le milieu de culture. Au bout d’un certain temps, le nombre de germes
visibles a diminué par rapport à leur nombre avant incubation. On définit alors une
concentration minimale bactéricide (CMB) (COHEN et JACQUOT, 2008).
Concentration minimale bactéricide
Elle est défini comme étant la plus faible concentration d’antibiotique permettant une
réduction de nombre de survivants de la population d’une souche bactérienne au moins égale
à 100 survivants /ml sur 1.000.000 de bactéries ensemencées /ml, c'est-à-dire 1 survivant sur
10.000 bactéries de l’inoculum après 18 heurs de culture à 37 ˚C de cette souche en présence
d’antibiotique.
L’activité bactéricide d’un antibiotique peut être dépendante du temps (antibiotique
bactéricide temps dépendant) ou être dépendante de la concentration (antibiotique bactéricide
concentration dépendant) (SOILLEUX, 2007).
Lorsqu’un antibiotique a une CMB proche de la CMI on dit qu’il est bactéricide.
Lorsque la CMB est beaucoup plus élevée que la CMI on dit qu’il est bactériostatique
(COHEN et JACQUOT, 2008).
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avec une autre bêtalactamine comme l’amoxicilline ou la ticarcilline dont l’activité est
rétablie en présence de souches bactérienne productrices de bêtalactamases. Actuellement
sont disponibles en association :
• Amoxicilline –acide clavulanique (Augmentin.
• Pipéracilline-tazobactam (tazocillin)
• Sublactam : En plus de son effet inhibiteur irréversible sur les ß-lactamases, le subalactam a
une activité antibiotique intrinsèque sur quelques germes mais il est toujours, utilisé en
association avec les antibiotiques détruits par les ß- lactamases.
• Sulbactam + ampicilline estérifiés : Unacim (ALLAIN, 2008).
- Les céphalosporines de première génération ont un spectre limité aux cocci à Gram
positif, essentiellement les streptocoques et les staphylocoques sensibles à la méthicilline et à
quelques entérobactéries ne produisant pas de céphalosporinase inductible comme E. coli, les
salmonelles, P. mirabilis ou Klebsiella spp. Elles sont hydrolysées facilement par les bêta-
lactamases acquises.
Les principaux produits sont la céfalotine, la céfazoline et la céfapirine pour les formes
parentérales, le céfaclor, le céfadroxil et la céfalexine pour les formes orales.
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- Les céphamycines
Les principales molécules sont la céfoxitine et le céfotétan qui sont rattachées, du fait
de leurs propriétés, aux céphalosporines de deuxième génération. Elles sont caractérisées par
un radical alpha-méthoxy en position 7. Ce radical protège le noyau b-lactame de l’hydrolyse
par les bêta-lactamases, mais est responsable d’un effet inducteur intense sur
les céphalosporinases chromosomiques.
- 2.5.1.1.3-Les monobactames
Leur noyau se caractérise par la présence du noyau monocyclique, azétidine, limité au
cycle b-lactame. Seul l’aztréonam est à l’heure actuelle prescrit.
Une série de substitutions latérales sur le noyau monobactame lui confère ses caractéristiques
originales. Une chaîne latérale aminothiazolyl lui confère une très bonne activité contre les
bactéries à Gram négatif aérobies et plus particulièrement contre les entérobactéries pour
lesquelles il possède une activité comparable à celle des céphalosporines de troisième
génération en raison de sa bonne stabilité vis-à-vis des bêta-lactamases. Son activité s’étend à
P. aeruginosa. Il n’a en revanche aucune activité sur les bacilles à Gram positif et les
anaérobies (CAVALLO et al., 2004).
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Ils sont des inhibiteurs efficaces de la synthèse de la paroi cellulaire dans les cellules
en croissance (SINGLETON, 2005).
Un dispositif important de la synthèse de la paroi cellulaire est l’action de
la transpeptidase, qui a comme conséquence la formation de la liaison entre deux chaînes
de peptidoglyganes. Ces enzymes, transpeptidases, sont capables de se fixer à la pénicilline ;
elles sont d’ailleurs appelées PLP (Protéines Liant la Pénicilline). Quand ces transpeptidases
se fixent à la pénicilline, elles perdent leur activité catalytique, mais la paroi cellulaire
continue à être formée. Cependant, la paroi nouvellement synthétisée n’est plus réticulée et
perd ainsi son rôle de structure. En outre, le complexe antibiotique-PLP stimule la production
d’autolysines qui digèrent la paroi cellulaire. Le résultat de ces mécanismes est une paroi
cellulaire affaiblie et s’autodégradant. Cela amène, dans des conditions normales à la lyse
de la cellule due à la différence de pression osmotique entre l’intérieur et l’extérieur de
la bactérie (MADIGAN et MATINKO, 2007).
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Les rifamycines
Ces antibiotiques se lient à la sous unité β de l’ARN polymérase ADN dépendante et
inhibent l’initiation de la transcription (YALA et MERAD, 2001).
2.5.4.3-Les macrolides
Les macrolides provoquent une terminaison prématurée de la synthèse polypeptidique.
Ils se lient à la peptidyltransférase et ils peuvent, dans certaines conditions, inhiber la
transpeptidation, et/ou déclencher une translocation abortive, conduisant à la libération d’un
polypeptide incomplet (SINGLETON, 2005).
2.5.4.4-Le chloramphénicol
Il inhibe la peptidyltransférase. Il est possible qu’il empêche la liaison normale de
l’aminoacyl-ARNt au site ribosomique A. Ceci a pour conséquence une inhibition de la
synthèse des protéines (SINGLETON, 2005).
27
28
ARNm : ARN messager ; ARNt : ARN de transfert. DHF : Dihydrofolate ; THF : Tétrahydrofolate ; PABA : Acide Para-Amino-Benzoïque
Figure 15 : Les différents modes d’action des antibiotiques sur les bactéries (MADIGAN et MATINKO, 2007).
28
Tableau II : Récapitulation des caractéristiques des bêtalactamines, des quinolones et d’autres d’antibiotiques (BRYSKIER, 1999 ; YALA et al., 2001 ;
TORTORA et al., 2003 ; SKÖLD, 2003 ; YVON, 2009 ; CHEN et al., 2012 ; KEMPF et al., 2013).
Groupe Membres Mécanismes d’action Effet Principal Mode
d’antibiotiques primaire et de résistance
spectre
Inhibition de la synthèse de la paroi
Béta- lactamines Pénicillines et dérivés : Inhibent les enzymes de transpéptidation (PLP) impliquées dans le Bactéricide Inactivation
Pénicilline G, pénicilline V, pontage des chaines polysaccharidiques du peptidoglycane de enzymatique
carbénicilline... la paroi bactérienne. ; Activent les enzymes lytiques de la paroi.
(Bêta-
ère Large
Céphalosporines : 1 , 2ème lactamases)
,3ème et 4ème génération (chromosomique
Carbapénèmes et éléments
mobiles
Monobactames
Inhibition de la synthèse protéique
Aminosides Streptomycines, Se fixe à la sous-unité 30S du ribosome pour inhiber Bactéricide Inactivation
29
Détérioration de la membrane
Polypeptides Polymyxines B, colistine Désorganisation membranaire par fixation sur les Bactéricide Modification de
phospholipides et le lypopolysaccharide de la la cible (LPS)
membrane externe (Mutations)
APH : aminoside-O-phosphotransférases ; ANT : aminoside-O-nucléotidyltransférases ; AAC : aminoside-N-acétyltransférases ; RMT : 16S rRNA methylases ;
PLP : Protéines liant Pénicillines
29
Tableau III : (Suite).Récapitulation des caractéristiques des bêtalactamines, des quinolones et d’autres d’antibiotiques (BRYSKIER, 1999 ; YALA et al.,
2001 ; TORTORA et al., 2003 ; SKÖLD, 2003 ; YVON, 2009 ; CHEN et al., 2012 ; KEMPF et al., 2013
Famille Membres Mécanismes d’action Effet Principal Mode de
d’antibiotiques primaire et résistance
spectre
Inhibition des acides nucléiques
Inhibent l’ADN gyrase et la topoisomérase IV; Bactéricide - Modification de
interférent avec la réplication de l’ADN et la cible
Etroit (Gram-
Acide nalidixique, Acide pipémidique la transcription. (mutations)
excepté
Quinolones - Diminution de la
Pseudomonas sp.)
et concentration en
- ATB
fluoroquinolones Plasmidiques
Ofloxacine, norfloxacine, Large - Protection de la
ciprofloxacine, péfloxacine cible des FQ (Qnr)
intracellulaire
- Pompes à effluxdes
FQ et OqxAB)
(Qep
30
Sulfamides Sulfadiazine, sulfanilamide... Inhibent la synthèse du THF (l’acide Bactériostatique Présence d’intégron de
tétrahydrofolique) par compétition avec classe 1
Large
l’acide p-aminobenzoique (PABA)
Modifications
des cibles
30
Chapitre 4 : La résistance bactérienne aux antibiotiques
1-Définition de la résistance
Un micro-organisme est considéré résistant lorsque sa concentration minimale
inhibitrice CMI est plus élevée que celle qui inhibe le développement de la majorité des autres
souches de la même espèce (JONES, 2001).
Cette définition bactériologique de la résistance doit être complétée par deux autres :
une clinique et une génétique. La définition clinique associe la notion de succès et d’échec
clinique. En première approximation, une bactérie résistante est une bactérie qui échappe au
traitement, ce qui peut se manifester par un échec clinique. La définition génétique correspond
à la présence de gènes de résistance au sein de la bactérie, détectés par des techniques
biophysiques et ou génétiques (GUILLOT, 1988).
Parfois, la résistance à un antibiotique confère de la résistance à un autre antibiotique,
et c’est ce que l’on appelle la résistance croisée. Les bactéries sont dites multi-résistantes
lorsqu’à la suite d’une accumulation de résistances naturelles et acquises, elles ne sont
sensibles qu’à un petit nombre d’antibiotiques. Elles sont alors résistantes à plusieurs
antibiotiques ou classes pharmacologiques d’antibiotiques (AHMAD, 1999).
31
2.2-La résistance acquise
Les bactéries peuvent développer de la résistance à un antibiotique préalablement
actif, ce qui implique des changements génétiques. Cette résistance est souvent instable.
Ces changements peuvent être de deux types : soit une mutation spontanée, soit l’acquisition
de gènes par un autre micro-organisme (PATRICK, 2003).
32
L’une des caractéristique des transposons est de pouvoir transporter des gènes
étrangers. Ces gènes peuvent avoir un intérêt clinique, c’est le cas de ceux responsables de la
résistance aux antibiotiques. Certains plasmides transportent un ou plusieurs transposons
responsables de résistance vis-à-vis d’antibiotiques. Ces éléments ont la capacité de sauter
d’un plasmide à un autre, ce qui confère aux bactéries une facilité étonnante pour développer
des résistances (SCHAECHTER et al., 1999).
Intégrons
Les intégrons sont des systèmes de recombinaison spécifique de site permettant de
réorganiser des gènes sous forme de cassettes mobilisables par l'action d'une intégrase
BINGEN, 2010).
De façon générale, les intégrons sont composés de 3 éléments distincts : un gène qui
code pour une intégrase chargée d’exciser et d’intégrer les cassettes, un site spécifique
nommé attC où l’intégrase va intégrer préférentiellement les cassettes, puis un promoteur
facilitant l'expression des cassettes (TREMBLAY, 2007).
Les cassettes de gènes sont des éléments mobiles non-réplicatifs qui existent sous une
forme libre circulaire et sous forme linéaire intégrée au sein d’un intégrons. Elles sont
constituées d’une séquence (ou plus rarement, de plusieurs) codante et d'un site de
recombinaison attC.
Ces structures sont retrouvées dans les plasmides et les chromosomes des bactéries à
Gram négatif, tout particulièrement chez les Enterobacteriaceae et les Pseudomonadaceae.
Mais ont aussi été mises en évidence chez des bactéries à Gram positif. Les intégrons jouent
probablement un rôle important dans la dissémination des gènes de résistance
aux antibiotiques au sein du monde bactérien (PLOY et al., 2005).
33
3-Origine des gènes de résistance
Après avoir élucidé les mécanismes de transmission des résistances, les biologistes
se sont demandé d’où provenaient les gènes de résistance. La survenue de mutations
ponctuelles est un phénomène constant, spontané et aléatoire. En revanche, la formation
d’un gène de résistance complet et fonctionnel est le fruit d’une longue évolution. De tels
gènes n’ont pu apparaitre en 50 ans, c’est-à-dire depuis le début de l’utilisation thérapeutique
des antibiotiques.
En 1970, des biologistes émirent l’hypothèse que les gènes de résistance préexistent
dans les micro-organismes qui produisent spontanément des antibiotiques dans les systèmes
naturels. En effet, sans cette protection conférée par les gènes de résistance, les micro-
organismes producteurs s’autodétruiraient. Cette hypothèse à d’abord été vérifiée chez
Streptomyces qui produit les antibiotiques de la famille des aminosides. Cette bactérie produit
des enzymes analogues à celle qui confèrent aux bactéries pathogènes pour l’Homme
la résistance aux antibiotiques (ANDREMONT et al., 1997).
Une souche d’E.coli lyophilisée en 1946 contient un plasmide portant des gènes
de résistance à la tétracycline et à la streptomycine. Bien que ces deux antibiotiques aient été
employés médicalement plusieurs années après sa mise en conservation. De plus, il a été
montré que des souches portant sur le plasmide R des gènes pour la résistance à la pénicilline
semi synthétique existent avant que celle-ci n’était synthétisée (MADIGAN et MATINKO,
2007).
Les antibiotiques n’ont pas crée de nouveaux gènes ni de nouvelles bactéries, ils ont
seulement favorisé la sélection et la dissémination des bactéries qui portent les gènes
de résistance (ANDREMONT et al., 1997).
4-Mécanismes de résistance
4.1-Défaut d’affinité
Après la pénétration cellulaire de l’antibiotique, il existe une étape de reconnaissance
de la cible. C’est à ce niveau qu’intervient ce type de résistance. Il s`agit de :
Soit d`une résistance naturelle avec la mauvaise affinité de certain antibiotiques pour
les cibles ;
soit d`une résistance acquise avec modification des cibles et perte d`affinité des
antibiotiques pour ces cibles (GAUDY et BUXERAUD, 2005).
Exemple de la modification des PLP ou protéines liant les pénicillines qui sont des
enzymes qui catalysent l’étape finale de la biosynthèse du peptidoglycane (paroi bactérienne)
et qui sont les cibles des β-lactamines (en se fixant aux PLP les β-lactamines les empêchent
de jouer leur rôle ; la synthèse du peptidoglycane est entravée). Trois mécanismes peuvent
intervenir :
Diminution de l`affinité des PLP pour les β-lactamines (exemple : Streptococcus
pneumoniae) : les β-lactamines ont du mal à se fixer aux PLP qui restent disponibles
pour la synthèse du peptidoglycane.
Augmentation de la synthèse des PLP existantes avec hyper-expression de PLP
possédant naturellement une faible affinité pour les β-lactamines (ex : Enterococcus
spp. Cas précédent avec en plus une augmentation du nombre de PLP disponibles
pour la synthèse du peptidoglycane ce qui conduit à une impossibilité pour une même
dose de β-lactamines de toutes les bloquer).
Synthèse d’une ou de plusieurs nouvelles PLP insensibles aux β-lactamines (ex :
Staphylococcus aureus : l’acquisition et l’intégration dans le chromosome d’un gène
mecA, d’origine mal connue, induit la synthèse d’une nouvelle PLP, la PLP 2a qui est
capable d’assurer à elle seule l’assemblage du peptidoglycane et elle confère une
résistance à toutes les β-lactamines) (LOZNIEWSKI et RABAUD, 2010).
34
Le deuxième exemple est la résistance aux quinolones qui est due à des mutations dans
le gène gyrA pouvant modifier la sous unité A de l’ADN gyrase (une des cibles des
quinolones) et diminuer l’affinité de ces antibiotiques pour leur cible ce qui provoque une
résistance croisée, à des degrés divers, pour l’ensemble des quinolones (EUZEBY, 2001).
Il en est ainsi de la résistance aux macrolides où l’ARN ribosomal, cible de ces
molécules, est modifié par une enzyme et perd son affinité pour l’antibiotique (TRIEU-
CUOT et COURVALIN, 2011).
35
Ce mode de résistance peut être naturel, c’est le cas des staphylocoques vis-à-vis
des quinolones. Comme il peut être acquis suite à l’introduction d’un plasmide ou, plus
souvent, d’une mutation entrainant la surexpression de gènes chromosomiques déjà existants
mais peu ou pas exprimés, c’est le cas d’E.coli vis-à-vis des tétracyclines (GAUDY et
BRUXERAUD, 2005).
4.4-Phénomène d’imperméabilité
Pour qu’un antibiotique soit actif, il faut qu’il pénètre dans la bactérie jusqu’à sa
cible. Cela suppose qu’il soit capable de traverser les divers obstacles mis sur sa route par
la bactérie, comme la membrane externe, quand elle existe et la membrane cytoplasmique.
Membrane externe
Les antibiotiques qui agissent sur les bactéries à Gram négatif doivent au moins
franchir cette barrière. Cette bicouche lipidique est peu perméable aux molécules hydrophiles
que sont la majorité des antibiotiques. Les canaux que forment les porines traversent
la membrane externe ; c’est la voie de passage utilisée par la plupart des antibiotiques.
Ces derniers doivent être suffisamment hydrophiles et de faible poids moléculaire pour
traverser ces canaux. Les molécules hydrophobes tel que la pénicilline G, les macrolides et
les glycopeptides ne peuvent pas traverser la membrane externe, ce qui explique la résistance
naturelle des bacilles Gram négatif vis-à-vis de ces molécules (GAUDY et BRUXERAUD,
2005).
Le même mécanisme est aussi mis en cause dans les résistances acquises. L’exemple
le plus classique est la résistance du Pseudomonas aeroginosa à l’imipenème. Ce type de
résistance est lié à la diminution de la production de la porine OprD qui forme les canaux
laissant passer l’imipenème (BINGEN, 2010).
La membrane cytoplasmique
Les aminosides passent la membrane cytoplasmique par un mécanisme actif
nécessitant de l’énergie. L’énergie provient de la chaîne respiratoire. Or, les bactéries
anaérobies strictes et les bactéries anaérobies aérotolérantes comme les streptocoques en sont
dépourvus, ce qui explique leur résistance naturelle aux aminosides.
Il existe aussi des résistances acquises par modification de système de transport de
la membrane cytoplasmique. C’est le cas des mutants résistants à la fosfomycine par mutation
chromosomique portant sur les deux systèmes de transport : le système des glycérophosphates
et/ou des hexoses phosphate (GAUDY et BRUXERAUD, 2005).
5- Emergence et propagation de la résistance
L’émergence et la propagation de la résistance aux antibiotiques sont le résultat d’une
pression sélective exercée par les agents antimicrobiens et de la transmission de micro-
organismes résistants.
Les principaux facteurs contribuant à l’émergence et à la propagation de la résistance
bactérienne sont :
L’usage inapproprié d’antibiotiques
L’usage abusif des antibiotiques ou leur utilisation inadéquate est principalement
responsable de la résistance bactérienne. Le nombre croissant de patients plus âgés ou
présentant des déficits immunitaires plus marquées, les interventions chirurgicales plus
complexes, les systèmes de soutien des fonctions vitales plus avancés favorisent une
utilisation fréquente et parfois inappropriée d’antibiotiques à large spectre d’activité.
Les traitements des patients simplement contaminés constituent un des principaux exemples
d’usage abusif des antibiotiques. Paradoxalement, la sous utilisation par manque d’accès, une
posologie insuffisante, mauvaise observance ou antibiotique non approprié semble jouer un
36
rôle aussi important dans l’accroissement de la résistance que la sur utilisation (CARLE,
2009).
Plus un médicament antibactérien s’avère efficace, plus il est prescrit, de sorte que
les chances de voir émerger des souches bactériennes qui résistent à ce médicament
augmentent (PATRICK, 2003).
37
Amplification / Augmentation
substitution de la cible de l’efflux
Diminution de l’influx
Altération de
la cible
Inactivation de
l’antibiotique
Amplification /
substitution de la cible
38
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