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Culture générale et expression Entrainement n°1 bis

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Dans ma maison
Corpus
Document 1 : Sophie Chevalier, le décor domestique, une mise en scène, 2015.
https://politiquedulogement.com/dictionnaire-du-logement/themes-transversaux/le-decor-
domestique-une-mise-en-scene-de-soi/

Document 2 : Emilie Veillon, « La maison, miroir de l’âme ? La réponse d’Alberto Eiguer, psychiatre et
psychanalyste français » publié le 15/08/2015. - letemps.ch/lifestyle/

Document 3 : Affiches de la fondation Abbé Pierre sur le Mal-Logement

PREMIÈRE PARTIE : QUESTIONS


Une réponse développée et argumentée, qui s’appuiera sur des éléments précis des textes et
documents, est attendue pour chacune des trois questions.

Question 1 : A la lumière des documents 1 et 2, expliquer la notion de "décor domestique" et ses


implications sur la perception de l'habitat.

Question 2 : En quoi les affiches de la fondation Abbé Pierre sur le mal-logement reflètent-elles les
aspects sociaux et psychologiques abordés dans les documents précédents ?
Documents : Document 2 et Document 3

DEUXIÈME PARTIE : ESSAI

Vous répondrez à une des questions suivantes de façon personnelle et argumentée en vous
appuyant notamment sur vos lectures, le travail de l’année, sur le corpus et sur votre culture
personnelle.

Proposition 1 :
Selon vous, peut-on habiter dans n’importe quel logement ?
Proposition 2 :
Selon vous, est-il important de pouvoir se créer des espaces d’intimité pour se sentir chez soi ?
Proposition 3 :
Selon vous, notre habitat est-il toujours l’exact reflet de nous-même ?

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Document 1 : https://politiquedulogement.com/dictionnaire-du-logement/themes-
transversaux/le-decor-domestique-une-mise-en-scene-de-soi/ Sophie Chevalier 2015

Le décor domestique, une mise en scène de soi


Le décor domestique est le lieu d’expression des identités individuelles et collectives dont les
différents éléments, qui forment système entre eux, révèlent les modes de vie d’une société.
Celui-ci donne à voir les fonctions des espaces, le statut social et les origines culturelles, les
étapes du cycle de vie, l’état des relations familiales et des rôles sexuels. Il se transforme
tout au long de la vie des individus, et il participe de la consommation de masse et de la
mode. Mais la circulation du mobilier et des objets décoratifs reste lente, le décor est
toujours un espace de remémoration, relativement stable, dont les éléments nous relient
aux autres, vivants ou morts, à des lieux et à des événements liés à notre vie.

Le décor domestique est une mise en scène, d’abord construite pour soi-même, et pour un
certain nombre de personnes qui sont autorisées à la contempler. Ensemble composé de
différents éléments mobiles, ameublement, objets divers, textiles et plantes, le décor
domestique est « l’enveloppe intérieure » de notre habitat. Ces artefacts sont organisés et
disposés dans l’espace et les liens qui sont tissés entre eux nous permettent de
personnaliser un espace bien souvent standardisé, et de créer un chez soi, son foyer.

L’intérêt des sciences sociales pour le décor domestique s’inscrit dans celui des relations
entre les sujets et les objets, la façon dont nous médiatisons nos rapports aux autres et au
monde grâce et à travers eux. Les dimensions des liens qui existent entre les individus ou les
groupes et les artefacts de leur environnement direct sont tout à la fois fonctionnelles,
sociales et symboliques, et ceci dans toutes les sociétés. Longtemps négligés dans leur
version contemporaine par les ethnologues, ou approchés sous l’angle de la distinction
sociale par les sociologues, les décors domestiques sont redécouverts aujourd’hui par les
chercheurs. Leurs analyses s’inscrivent dans des problématiques classiques de ces
disciplines, celles de la parenté et de la famille, de la transmission, de la circulation et des
échanges, de l’articulation des sphères privée et publique, de l’individuel et du collectif, et
enfin de la construction identitaire.

Le décor domestique dans l’espace


Les éléments qui meublent et décorent l’habitat donnent à voir les fonctions attribuées aux
diverses pièces du logement. Dans nos sociétés urbaines occidentales, les espaces sont
spécialisés et requièrent donc un ameublement et des objets spécifiques. Dans d’autres
cultures, ils peuvent remplir plusieurs fonctions : un lit se transforme durant la journée en

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siège devant lequel une table est placée pour les repas, par exemple. Le décor, du moins le
mobilier, est alors mobile et multifonctionnel. L’architecture peut créer plus ou moins de
contraintes sur l’habitat, en particulier en imposant certains découpages et surfaces : ainsi
de vastes séjours, des cuisines ouvertes ou minuscules. Les résidents tentent alors de
conserver leurs modes de vie en utilisant leur ameublement qui permet de créer des espaces
distincts, salle à manger et séjour. Les degrés d’intimité des espaces varient, de semi-public
pour le séjour jusqu’à intime pour la chambre à coucher du couple. Car si « décor » évoque
le théâtre et suppose un public, « domestique » renvoie à « privé ».

Comme révélateur des modes de vie


Le choix et l’organisation des éléments du décor répondent à des critères fonctionnels, mais
aussi sociaux et culturels. Les ethnologues ont montré qu’il existe des décors-types qui
varient dans l’espace et dans le temps. C’est-à-dire un ensemble d’éléments qui sont
organisés dans l’espace, et dont le nombre, la forme, la couleur, la fonction et la disposition
spatiale diffèrent d’une société à l’autre, d’une culture à l’autre, et se transforment d’une
époque à l’autre. En muséographie, les décors domestiques ont été considérés comme des
témoins du mode de vie de tel ou tel groupe ; ainsi, les artefacts eux-mêmes, leur
organisation spatiale, sont considérés comme des révélateurs du statut et de la culture de
leurs habitants. Ces présentations privilégient des décors construits avec des éléments
uniques ou produits en petite série, objets artistiques ou d’artisanat, ou encore de design.

Si cette approche a été développée avec succès dans l’étude des sociétés traditionnelles et
historiques, par les ethnologues et les historiens, l’analyse des décors contemporains
composés d’objets produits en grande série a posé problème. En effet, l’ethnologie a
toujours lié la consommation à la production : le décor traditionnel est composé d’éléments
qui portent la trace de la main de l’homme, dans des systèmes où consommateur et
producteur sont très proches, voire la même personne. Ils possèdent alors une certaine
valeur liée à leur unicité, que l’on retrouve dans une certaine mesure dans l’artisanat et
surtout dans l’objet d’art. De plus, le développement de la circulation des marchandises rend
caduque l’idée du « décor-type » culturel, puisque n’importe où dans le monde, les acteurs
mélangent des éléments de provenance géographique diverse dans la construction de leur
décor. […]

Une inscription dans le temps


Les décors intérieurs ne sont donc pas figés, ils sont le fruit d’une élaboration sans fin qui ne
se termine souvent qu’au décès de son constructeur ; ils se transforment tout au long du
cycle de vie du groupe domestique. Si, auparavant, ce sont les étapes de celui-ci qui
provoquaient les changements de décor, aujourd’hui, sous l’effet de la diffusion de masse et

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du prix réduit de nombreux objets, aux formes et fonctions nouvelles, et de la mode, les
transformations n’ont plus besoin de ce prétexte, même si la circulation du mobilier reste
moins rapide que celle d’autres objets. Les possibilités de combinaisons des formes et
couleurs deviennent innombrables et ne contraignent plus les individus à un style particulier.
Le décor domestique n’échappe pas au système de la consommation de masse, du
marketing et de la mode. Il existe aujourd’hui un véritable marché international qui touche
tous les groupes sociaux et toutes les classes d’âge. L’exemple le plus notable est celui de la
chaîne suédoise « Ikéa » qui propose du mobilier en « kit », à construire soi-même, qui se
situe donc à mis chemin entre le magasin d’ameublement et celui de bricolage. Cet
ameublement concurrence les meubles « traditionnels », car il est souvent plus adaptable à
la petite taille des logements modernes et facile à déménager. Des magazines spécialisés et
des émissions de télévision – bien que peu nombreuses en France par rapport à d’autres
pays comme la Grande-Bretagne – incitent les consommateurs à suivre une mode dans le
domaine de l’ameublement. Des salons saisonniers de l’habitat, de l’ameublement et du
design proposent des modèles destinés aux professionnels, mais aussi à un plus large public.

Pourtant des études, ainsi que des enquêtes statistiques de l’INSEE montrent que le mobilier
reste peu sensible aux phénomènes de mode en France, et qu’après leur installation, les
ménages conservent leur ameublement de nombreuses années (l’ancienneté moyenne
d’acquisition des meubles est supérieure à dix ans). Souvent les transformations concernent
des éléments mineurs, comme le papier peint ou certains objets décoratifs. Les éléments du
décor domestique, bien que marchandises, ne sont donc pas devenus des objets de
consommation comme les autres.

Les modes d’acquisition sont diversifiés : grandes surfaces d’ameublement, petites


boutiques, mais aussi dépôts-ventes. Des études ethnologiques ont montré les aspects
valorisés des objets et recherchés par les acheteurs : l’ancien, l’authentique, l’exotique, etc.
On échange et emprunte dans son réseau de parenté, et enfin on construit soi-même. Le
bricolage lié à la construction et à la transformation du décor domestique est une activité en
plein développement. Des grandes surfaces spécialisées proposent aux consommateurs tous
les éléments nécessaires à cette pratique. Enfin, on reçoit des meubles et des objets en
cadeau et en héritage. Ce sont des éléments contraignants du décor, car ils nous relient
directement aux donateurs : d’une certaine manière, ils incarnent cette relation, s’en
débarrasser signifie y renoncer ; mais au contraire, les disposer en bonne place dans notre
décor valorise ce lien social. Le décor domestique est un espace de remémoration : ses
éléments nous relient aux autres, vivants et morts, à des lieux et à des événements liés à
notre vie. Leur contemplation stimule le souvenir et l’imagination. Cette mémoire est aussi
celle du corps, de nos sens : vue, ouïe, odorat et toucher. […]
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Document 2 : Emilie Veillon, « La maison, miroir de l’âme ? La réponse d’Alberto Eiguer,


psychiatre et psychanalyste français » publié le 15/08/2015. - letemps.ch/lifestyle/

La maison en tant que miroir de l’âme est une très belle métaphore qui dit beaucoup sur le
rapport entre notre intériorité, notre inconscient, et la façon dont nous installons notre
habitat. Cette représentation intervient à plusieurs niveaux. D’abord dans l’aménagement
des meubles, puis la décoration, et finalement dans la façon dont nous établissons des liens
avec les objets de notre habitat.

La maison est comme une grande fresque de vie intérieure. Elle révèle les goûts exprimés
dans la façon de choisir la distribution des pièces, les couleurs des murs, les meubles. Elle est
évocatrice des facettes de chaque habitant, du groupe familial, mais aussi des anciens, par le
biais des objets hérités

Une fonction essentielle


Cela fonctionne pour la vie solitaire mais aussi lorsque différentes intériorités cohabitent.
Dans la mesure où ces dernières sont déjà en amont dans une interrelation voire une fusion
psychique qui se traduit entre autres choses par des fantasmes et des styles communs, des
mentalités communes, voire des mythes familiaux communs. Les architectes l’ont compris et
ont tendance à réunir tous les membres d’un lieu en amont d’un projet pour traduire cette
communauté de pensée.

La maison a une fonction essentielle. Elle est un lieu d’intimité, de ressource, de retrouvailles
entre proches. Elle touche au bien-être, à l’authenticité, puisque nous y vivons en huis clos,
sans avoir l’inquiétude du regard extérieur. Dans ce sens, elle est notre enveloppe et sécrète
un lien invisible qui unit ceux qui l’habitent. Ce lien prend des formes subtiles: acquisition,
réparation, héritage, déménagement, perte. Tous ces événements ont un retentissement
psychique puissant, mais sont aussi la résultante de nos conflits intérieurs.

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