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Paul : quelques traits de son âme d'apôtre

Écrit par Père Bernard Michon - Châteauneuf de Galaure

Avant tout, Paul se veut « serviteur » et « apôtre ».

« Paul, serviteur du Christ Jésus, apôtre par vocation, mis à part pour annoncer l'Evangile de
Dieu » (Rom 1,1). La Tradition chrétienne l'appellera « l'Apôtre des nations », « l'Apôtre » tout
court.

Le mot « apôtre » veut dire « envoyé de la part de, chargé de mission ». Comme tout
ambassadeur, c'est moins sa personne qui compte que Celui qui l'a « empoigné » sur le chemin
de Damas (Phil 3, 12).

Paul a donc conscience d'avoir reçu une mission et voudra la réaliser jusqu'au bout. Désormais,
sa vie, son sang et sa personne sont donnés à cette responsabilité, à ce « munus », dira-t-on
en latin. Ce don deviendra un véritable « sacrifice » liturgique : Phil 2, 17.

Cette mission, Paul veut l'accomplir comme serviteur, c'est-à-dire : être la personne de
confiance à qui le Seigneur peut tout demander. Le « serviteur » (doulos) n'est pas un
domestique mais le bras droit qui est présent et disponible en permanence, qui devient
compétent, toujours discrètement mais indéfectiblement, totalement attaché à son Maître.

C'est pourquoi Paul vise à être un modèle pour tous (2 Thess 3,9 et 1 Cor 11,1). Sa consigne «
imitez-moi
» n'est pas sur-estime de soi mais paternité ; être père, c'est devenir une référence qui
visualise, qui « fait » autorité.

« Père, il me suffit de te voir », disait un de ses disciples à Abba Antoine, n° 27

Tout son ministère, Paul le vit au titre de la reconnaissance envers le Christ Jésus.

Les fondations d'Eglises, les aléas de tous les voyages, les dangers extérieurs et les coups
durs de ses détracteurs, son enseignement et sa prière : tout est reçu et porté comme

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conséquence de son union au Christ ressuscité. Ainsi tout est vécu par reconnaissance, ce qui
permet de faire beaucoup plus que par devoir et surtout avec plus de coeur.

En voici un indice : la plupart de ses lettres commencent par une prière d'action de grâce (Rom
1,8 ; 1 Cor 1,4 ; Eph 1,6)...

Et cette reconnaissance envers le Christ Jésus s'achève, dans la prière, en « louange de


gloire ».

Sa prière n'est pas seulement reconnaissance :


elle est aussi demande, supplication, bénédiction ; elle est surtout devenue constante : Paul
prie « sans cesse » 1 Thess 1,2, « en tous temps » Phi 1,4. « nuit et jour » 1 Thess 3,10.

La prière est donc, dans son âme d'apôtre, une disposition constante, un état plus qu'un
exercice. Ou plutôt : il y a
les exercices qui rythment, imprègnent, et se transforment en état, en « habitus ».Si bien que,
en lui l'Apôtre et le Serviteur, sont ainsi toujours unis au Maître
: « Pour moi, vivre c'est le Christ »
Phil 1,21 : l'homme et le ministère sont unifiés.

Extases et humiliations : 2 Cor 12, 2-10.

C'est quand il est affaibli par toutes sortes d'épreuves et de contrariétés que Paul expérimente,
touche du doigt la force qui lui vient du Christ ressuscité. Paul peut avoir des visions ineffables
et «être ravi jusqu'au troisième ciel », v. 2, il conserve toujours ce qu'il appelle « une écharde en
la chair »,v. 7. On a tout dit sur cette écharde. Le mot grec est très suggestif, c'est « l'éclat de
bois », « l'épine » dans un objet que vous pensiez lisse ; comme un petit caillou dans la
chaussure.

Difficultés de toutes sortes et humiliations interdisent à l'orgueil de reprendre le dessus et


obligent l'apôtre ainsi diminué à puiser davantage dans le Christ. Et tout cela, pour le service de
l'Evangile : voilà la grande et constante mystique de saint Paul.

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Il ne faut pas oublier ceux et celles qui accompagnent Paul dans son ministère.

Même s'il n'est pas facile de tempérament, Paul n'est jamais seul. D'ailleurs, dès le départ
Jésus a voulu qu'il ait recours à Ananie.

Ainsi il y a Luc « le cher médecin » (Col 40,14) ; Barnabé qui introduit Paul. Parmi les frères qui
ont encore peur de lui (Act 9,26) ; Tim
othée
« un vrai fils dans la foi » (1 Tim, 1,2) ;
Sylvain
(ou Silas) ;
Sosthène
« le frère » (1 Cor 1,1) ;
Epaphras
« notre cher compagnon de service » qui évangélisa Laodicée, Hiérapolis (Col 1,7), et d'autres
encore.

On a souvent ironisé sur saint Paul misogyne, en particulier quand il demande que, dans
l'assemblée de Corinthe, les femmes prient avec un voile sur la tête « en signe de sujétion » (1
Cor 11, 2-16). Il est utile de savoir que, dans le port de Corinthe, les prostituées étaient
nombreuses et facilement repérables : elles allaient toujours la tête découverte.

Par contre, il suffit de lire attentivement le chapitre 16 de la lettre aux Romains pour voir que
Paul salue et vénère de nombreuses femmes : « Phébée, notre soeur », « Prisca » (nommée
en premier) et Aquilas son mari, une
« Marie
qui s'est bien fatiguée », «
Junie
» « ma chère
Persis
qui s'est bien fatiguée dans le Seigneur » et d'autres encore.

Si, pour Paul, dans le Christ, il n'y a plus « ni homme ni femme » (Gal 3,28), ce n'est pas par
mépris ni utopie, mais parce que la foi en la Seigneurie de Jésus purifie le regard mutuel,
renouvelle les moeurs et toutes les relations humaines.

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Hommes et femmes ensemble, mais sans être interchangeables. Ainsi Christ reprend et
ennoblit la complémentarité voulue par Dieu « au commencement », c'est-à-dire pour tous et
toujours.

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