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ALASSANE OUATTARA
PRATIQUE DE PRESSE
LICENCE 3
SCIENCES DE LA COMMUNICATION
Pr Gilbert TOPPE
toppe_gilbert@yahoo.fr
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Objectif du cours
Etudier comment la presse se pratique en prenant notamment en compte l’ensemble des règles
opposables aux journalistes et aux professionnels de la communication, au public, à l’Etat…
Introduction
La presse est un secteur d’activité encadré par de nombreuses règles, notamment des lois et des
chartes. La pratique de presse concerne la presse et les productions d’informations numériques.
I Notions générales
1 Définitions
Agence de presse : toute entreprise de presse spécialisée qui a pour métier la collecte, le
traitement, le stockage et la distribution de l’information sous toutes formes à ses abonnés.
Entreprise de presse : toute personne morale ayant activité, l’édition d’un journal, d’un écrit
périodique ou la production d’informations numériques, en vue de sa publication ou de sa
diffusion.
Envoyé spécial : tout journaliste professionnel, dûment mandaté par un organe de presse ou
une production d’informations numériques dans un pays ou à l’étranger pour la couverture d’un
événement précis.
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Ces techniques forment ce que l'on appelle communément la chaîne graphique. Elles vont de la
composition des textes au façonnage (reliure, pliure, brochure…) en passant par le traitement
des illustrations (photogravure), la relecture puis l’impression. L'expression « industries
graphiques » est apparue après la Seconde Guerre mondiale pour remplacer le terme «
imprimerie », trop général.
Ours : encadré d’une publication dans lequel doivent figurer la liste des collaborateurs et des
mentions légales. L’ours de tout journal comporte dans chaque numéro de publication ou en
permanence sur le site de publications d’informations numériques, les renseignements ci-après :
-la dénomination, la raison sociale, la forme de la société et les nom et prénoms de son
représentant légal ;
-le tirage ;
Pigiste : tout contributeur indépendant qui fournit à un ou plusieurs organes de presse, des
articles de presse contre rémunération.
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II L’entreprise de presse
Dans un pays, le choix d’un titre d’un journal, d’un écrit périodique ou d’une production
d’informations numériques est libre. Toutefois, ce titre ne doit créer aucune confusion avec
celui d’un journal ou d’un écrit périodique ou d’une production d’informations numériques déjà
existant. Le titre qui n’est pas utilisé depuis au moins vingt-quatre mois, tombe dans le domaine
public, s’il n’est pas protégé. Le récépissé de déclaration dudit titre, obtenu conformément aux
dispositions en vigueur, devient caduc. (Confère article 16 de la loi n°2017-867 du 27 décembre
2017).
Toute personne désirant reprendre la publication d’un titre tombé dans le domaine public, doit
se soumettre aux formalités en vigueur. (Confère article 15 de la loi n°2017-867 du 27 décembre
2017).
Tout journal est placé sous la responsabilité du directeur de publication, pour le contenu
éditorial et du représentant légal, pour la gestion administrative et financière.
2 Le journaliste professionnel
Définition du métier
Ce métier recouvre une très grande diversité de fonctions : chef de rubrique, rédacteur en chef,
grand reporter…
Quel que soit le support ou l’employeur, les journalistes doivent respecter quelques règles de
base (toujours vérifier leurs sources et infos, choisir un angle pour hiérarchiser les informations,
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capter l’attention du lecteur par un style simple, vif et direct) et sont soumis aux mêmes règles
de déontologie.
Le statut de journaliste professionnel est attribué à celui qui a pour occupation principale,
régulière et rétribuée, l'exercice de sa profession dans une ou plusieurs publications
quotidiennes ou périodiques, dans une ou plusieurs agences de presse, à la radio, à la télévision
ou sur le web et qui en tire le principal de ses ressources. Ce statut donne droit à la carte de
presse qui est délivrée et renouvelée annuellement par la commission de la carte d'identité des
journalistes professionnels.
Esprit de synthèse, extrême rapidité d’écriture sont évidemment de rigueur. Pour l'ensemble des
postes, un bon niveau de culture générale et en langue française ainsi qu'un diplôme d'études
supérieures sont nécessaires.
Mais, attention, si le métier de journaliste reste séduisant, il est aussi précaire. Si les 3/4 des
journalistes ont un contrat à durée indéterminée (CDI), 20% d'entre eux exercent en tant que
pigiste.
Même les écoles les plus cotées ne peuvent garantir à leurs étudiants un contrat à durée
déterminée (CDD) de fin d'études dans un média. Par ailleurs, les stages non rémunérés
deviennent une pratique courante surtout dans les médias numériques. Le statut de pigiste est
souvent le lot du débutant.
Radio
Presse multimédia
C'est dans la presse écrite que les journalistes sont les plus nombreux notamment dans la presse
spécialisée et la presse régionale (57,3%). Viennent ensuite la télévision (17%), la radio et les
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agences de presse (environ 9%) Mais la multiplication des canaux d'information (web, réseaux
sociaux, TNT) offrent des perspectives intéressantes de recrutement.
-justifiant d’un diplôme supérieur, délivrée par une école professionnelle de journalisme, assorti
d’un stage professionnel d’un an, à défaut, d’une maitrise ou d’une licence de l’enseignement
supérieur ou d’un diplôme équivalent, assorti d’un stage pratique de deux ans ;
-exerçant cette activité auprès ou dans une ou plusieurs entreprises de presse, de communication
audiovisuelle, d’agences de presse, de services d’informations numériques, soumis à la
convention collective des journalistes professionnels et des professionnels de la communication
ou au statut général de la fonction publique.
Sauf autorisation de l’organisme employeur principal, il est interdit au journaliste qui exerce sa
profession à titre permanent au sein d’une entreprise de presse, d’exécuter tout travail de nature
journalistique auprès d’autres entreprises de presse ou de tout autre employeur. De même, le
directeur de publication, le rédacteur en chef et le secrétaire général de la rédaction d’une
entreprise de presse ne peuvent exercer tout travail de nature journalistique auprès d’autres
entreprises de presse ou de tout autre employeur.
Toute publication doit être animée principalement par des journalistes professionnels. Ont cette
qualité, le directeur de publication, le rédacteur en chef et toute l’équipe rédactionnelle.
3 Le pseudonyme
Tout journaliste peut utiliser un pseudonyme dans le cadre de ses activités de journaliste. Tout
journaliste qui utilise un pseudonyme est tenu d’indiquer par écrit, avant l’insertion de son
article, sa véritable identité au directeur de publication. L’usage de plus d’un pseudonyme est
interdit par la loi.
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En cas de poursuite judiciaire contre l’auteur d’un article signé d’un pseudonyme, le directeur
de publication, à la demande du procureur de la République compétent, doit fournir la véritable
identité de l’auteur.
Une source, ou source d'information, est l'origine d'une information. La source permet de porter
un jugement sur la validité d’une information puisqu’elle tend à déceler et à rapporter les
intentions des médias producteurs d’information.
Se renseigner sur la source, c’est s’intéresser à la nature et au lieu originel de discours d’une
information. Cela permet, entre autres, de mettre en évidence sa véracité, sa pertinence, et
l’utilité de son utilisation.
Le concept de « source » ne doit pas être confondu avec celui de « référence ». Une référence
ne prétend qu'à l'identification objective et raisonnée d'éléments bibliographiques, dont le nom
de l'auteur, relatifs au document.
Le secret des sources d’informations du journaliste professionnel est protégé dans sa mission
d’information du public. A cet effet, le journaliste professionnel n’est pas tenu de révéler ses
sources d’informations, sauf si la loi lui en fait obligation.
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Les sources du journaliste professionnel
Pour bien renseigner les autres, il faut être bien renseigné soi-même. Le journaliste a besoin de
sources fiables pour l’aider à faire le tri entre les vraies nouvelles et les fausses, et pour diffuser
des informations véridiques. Mais le bon usage des sources exige des précautions et des
procédures analogues à celles qui permettent l’identification des faits.
1. Les sources institutionnelles. Ce sont toutes les sources détentrices d’une autorité publique:
gouvernement, ministères, administrations, etc. Elles ont l’avantage d’être répertoriées,
structurées, productrices de nouvelles officielles. Il est indispensable que le journaliste possède,
dans son carnet d’adresses, les coordonnées nominatives de toutes les personnes autorisées à
s’exprimer au nom de ces pouvoirs (porte-parole, attachés de presse, etc.). Dresser leur liste et
les contacter dès leur entrée en fonctions, quand elles se sentent honorées d’être reconnues par
la presse (lignes directes, adresses personnelles…).
2. Les sources intermédiaires. Ce sont toutes les sources détentrices d’une légitimité sociale :
associations, organisations professionnelles, partis politiques, syndicats, etc. Elles ont
l’avantage de fonctionner, souvent, comme des contre-pouvoirs pourvoyeurs de nouvelles
officieuses. S’il prend le temps de nouer des relations franches avec ces alliés naturels le
journaliste bénéficie de compléments d’information et d’éclairages précieux. Dresser la liste
des interlocuteurs potentiels et les approcher pour les « apprivoiser ».
Dans ses relations avec les sources institutionnelles et intermédiaires, le journaliste a intérêt à
clarifier son propre rôle. Vis-à-vis des sources institutionnelles, il peut le faire en sollicitant une
accréditation officielle, pour lui-même ou pour ses collaborateurs. Tous les pouvoirs publics et
tous les corps sociaux préfèrent disposer d’interlocuteurs identifiés parmi les professionnels de
la presse. Entrer dans ce jeu de rôles réciproques favorise les contacts quotidiens.
4. Les sources occasionnelles. Ce sont les sources spontanées, les témoignages proposés ou
sollicités au hasard des circonstances. Précautions à prendre : identifier la source examiner ses
motivations, approfondir ses indications, la faire parler au-delà de ce qu’elle veut dire, recouper
ses déclarations auprès d’autres sources, indépendantes. En cas de doute, soumettre la question
de l’opportunité de publier à réflexion collective et critique. Se méfier des sources qui disent
trop facilement des choses qu’on a envie d’entendre…
L’ensemble de ces sources peuvent être des sources primaires ou des sources secondaires. Une
source primaire est souvent le témoin d'un événement. La source secondaire est quant à lui le
témoin indirecte d’un évènement.
Les professionnels de la communication sont notamment : les producteurs, les animateurs, les
réalisateurs, les documentalistes, les correcteurs, les traducteurs, les maquettistes, les
infographistes, les photographes, les dessinateurs de presse, les preneurs de son, les cadreurs,
les webmasters, les gestionnaires de communauté et les community managers, les gestionnaires
de trafic ou trafic managers, les graphistes, les directeurs artistiques, les chargés de
communication, les attachés de presse.
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III Encadrement de l’activité du journaliste professionnel
La carte de presse est une carte d'identité professionnelle qui permet au journaliste professionnel
de prouver son activité, d'accéder plus facilement à des lieux qui lui servent à obtenir des
informations (salles de presse, bureaux officiels, musées, etc.) et de faire valoir son droit à la
protection sociale prévue par le statut de journaliste professionnel.
L'exercice du journalisme est libre et non réservé aux journalistes détenteurs d'une carte de
presse et ce document n’est en aucun cas obligatoire pour pratiquer le métier de journaliste, qui
peut être exercé librement par n’importe quelle personne, sans que celle-ci ait besoin de diplôme
spécifique.
La qualité de journaliste professionnel est attestée par une carte professionnelle. Il en est de
même pour la qualité de professionnel de la communication. En Côte d’Ivoire, l’organisme en
charge de la délivrance de ces documents est la Commission paritaire d’attribution de la carte
de journaliste professionnel et de professionnel de la communication.
Le journaliste professionnel exerçant pour le compte d’un organe de média de droit étranger,
doit en aviser le ministère de la Communication qui lui délivre une accréditation.
2 Régulation de la presse
Etymologiquement, le mot régulation vient du latin « regula » qui veut dire règle, loi, normes.
La régulation de la presse est un contrôle que l’Etat exerce sur la presse. En Côte d’Ivoire,
l’organisme de régulation de la presse s’appelle l’ANP : Autorité nationale de la presse. Elle
est chargée de veiller au respect de la liberté de la presse, de garantir le pluralisme de la presse,
de veiller au respect des règles d’éthique et de déontologie de la profession de journaliste,
d’exercer un pouvoir disciplinaire sur les acteurs du secteur de la presse.
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L’ANP peut être saisi à tout moment par tout intéressé. Elle peut également se saisir d’office.
L’autorégulation est précisément l’inverse. Elle renvoie à l’idée d’un contrôle spontané, d’une
discipline à laquelle on s’astreint de son plein gré sans influence de facteur exogène. Elle est
renonciation à un certain laisser-aller et donc adhésion à un système fondé sur la responsabilité
individuelle.
Dans le domaine médiatique, les deux approches ont leurs partisans et leurs adversaires,
quoique les avis des uns et autres convergent de plus en plus vers une voie médiane qui les
verrait coexister.
Il ne faut pas s’y méprendre dans les deux cas, il s’agit bien de régulation à ceci près que l’une
est externe quand l’autre est interne. Les finalités sont les mêmes à savoir : promouvoir une
presse où liberté et pluralisme rime avec responsabilité.
3 L’autorégulation
Afin de défendre l’idée d’une presse libre et responsable, les médias sont de plus en plus
nombreux à s’engager dans la voie d’une régulation interne et volontaire : l’autorégulation.
Dans nombre de pays africains, la liberté de la presse est encore toute relative, et surtout
vulnérable, qu’elle soit menacée par le pouvoir ou fragilisée par les excès dont les médias eux-
mêmes se rendent coupables. C’est dans ce contexte que sont apparues les premières instances
africaines d’autorégulation des médias, visant à faire respecter la déontologie, à forger dans
l’esprit des journalistes une éthique de l’information et à engager la presse dans une dynamique
de professionnalisation.
L’autorégulation est une forme de contrôle que les journalistes exercent sur eux-mêmes. En
Côte d’Ivoire, l’organisme d’autorégulation de la presse s’appelle l’Observatoire de la liberté
de la presse, de l’éthique et de la déontologie (OLPED).
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4 Le droit de réponse
Toute personne citée dans un journal ou un écrit périodique ou une publication d’informations
numériques, peut exiger l’insertion d’une réponse, si elle estime que l’écrit ou l’image qui la
concerne est erroné, diffamatoire ou qu’il porte atteinte à son honneur, a sa réputation ou à sa
dignité. Le droit de réponse est ouvert à toute personne physique ou morale identifiable sans
ambiguïté dans un article de presse qui la met en cause.
Ce droit est également ouvert, non seulement au représentant légal de la personne physique ou
morale, mais également à toute autre personne ayant reçu mandat pour l’exercer.
Le directeur de publication est tenu d’insérer, dans les trois jours de sa réception, la réponse de
toute personne mise en cause dans un quotidien, et dans le prochain numéro pour les autres
périodiques. En ce qui concerne les productions d’informations numériques, l’insertion est
faire dans les 24 heures.
L’insertion est faite aux mêmes emplacements et pages et dans les mêmes caractères que
l’article incriminé sans aucune intercalation.
L’insertion de la réponse est gratuite. Elle n’est exigible que dans le journal dans lequel est
publié l’article incriminé. Le droit de réponse est interdit de parution ou de diffusion dans les
publications autres que celles ayant mis en cause l’auteur de la réponse. Tout commentaire à un
droit de réponse est interdit, sous peines de sanctions disciplinaires, sans préjudice du droit de
réplique de la personne mise en cause. Le droit de réplique obéit aux mêmes règles que le droit
de réponse.
En cas de refus de publier le droit de réponse, le demandeur peut saisir l’ANP. Il peut en outre
saisir la juridiction compétente qui, statuant en matière de référé, peut ordonner sous astreinte,
la publication de la réponse ou de la réplique.
Le contenu du droit de réponse doit être conforme à la loi, à l’ordre public et aux bonnes mœurs.
Il ne doit ni être contraire à l’intérêt des tiers, ni porter atteinte à leur honneur. Il est interdit
d’utiliser le droit de réponse pour aborder un sujet autre que celui pour lequel, l’on demande à
exercer ce droit.
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Le droit de réponse concerne aussi les textes rédactionnels, les images que la publicité.
NB : le droit de réponse eut être exercé, en cas de décès par les héritiers.
5 Le droit de rectification
Tout dépositaire de l’autorité publique, mis en cause dans une publication au sujet des actes de
sa fonction, peut exiger l’insertion gratuite d’une rectification dans le prochain numéro.
Toutes, ces rectifications ne doivent pas dépasser, en longueur, le double de l’article auquel
elles se rapportent. Les modalités d’exercice du droit de rectification sont les mêmes que celles
définies dans le cadre du droit de réponse.
Le système des aides publiques est mis en place pour tenter de favoriser un certain pluralisme
du paysage médiatique, donnant ses chances aux nouveaux titres et un choix réel aux lecteurs.
Les entreprises du secteur de la presse, en vue de faciliter leur mission d’intérêt général,
bénéficient d’une aide publique, destinée :
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1 Les aides directes
L’argent liquide
V Régime de sanctions
-l’avertissement ;
-le blâme ;
-l’avertissement ;
-le blâme ;
-la suspension ;
-la radiation.
Les sanctions prononcées par l’ANP sont susceptibles de recours devant les tribunaux.
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1 Les sanctions pénales
La garde à vue, la détention préventive et la peine d’emprisonnement sont exclues pour les
infractions commises par voie de presse ou par tout autre moyen de publication.
2 Les amendes
Le délit d’offense au président de la République est constitué par toute allégation diffamatoire,
tant dans sa vie publique que privée, de nature à l’atteindre dans son honneur ou dans sa dignité.
Le délit d’offense au président de la République commis par voie de presse ou par tout autre
moyen de communication au public, est puni d’une amende.
Sont punies par des amendes, la diffamation, les injures, outrages commis par voie de presse,
envers le président de la République, les membres du gouvernement, toute personne physique
et morale.
Il est également interdit de rendre compte des délibérations intérieures, soit des jurys, soit des
cours et tribunaux.
Toute infraction à ces dispositions sera punie d'une amende de 18 000 euros.
Est puni de 1 à 5 millions de FCFA d'amende le fait de diffuser, de quelque manière que ce soit,
des informations relatives à l'identité ou permettant l'identification :
- d'un mineur
- d’une femme…
VI La déontologie
En Côte d’Ivoire, le Code de déontologie des journalistes est adopté depuis 2012.
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On regroupe sous le nom de déontologie du journalisme, les textes approuvés par l'ensemble
des syndicats de journalistes (la charte de Munich, le code d’éthique et de déontologie des
journalistes de Côte d’Ivoire…)
Selon les pays, les règles déontologiques peuvent aussi bien concorder avec le droit de la presse
que s'y opposer. Le principe de la liberté d'information et d'expression impose par exemple de
s'opposer à toute censure, fût-elle appuyée par le droit en vigueur, ou de s'opposer à la révélation
des sources, fût-elle commandée par le pouvoir.
Par ailleurs, le respect de la personne peut conduire à s'abstenir à prendre une photographie ou
à écrire un article, quand bien même le droit le tolèrerait. Ces règles déontologiques sont sujettes
à débats, même si la charte de Munich n'est que très rarement critiquée.
Certaines sociétés de presse ont rédigé leur propre charte « maison », qui ne s'applique que dans
leurs murs. Les règles de déontologie sont, dans le journalisme, essentiellement déclaratives, et
elles ne sont donc sanctionnées par aucune juridiction.
Informer, c’est aussi montrer. L’image ne remplace pas toujours l’écriture mais peut la rendre
plus expressive. Elle rend même, parfois, l’écrit inutile. Une photo peut avoir plus de force
qu’un récit, un dessin plus d’impact qu’un éditorial, un graphique plus de précision qu’une
analyse, un schéma plus de clarté qu’une enquête, une carte plus de netteté qu’un témoignage.
Le journalisme est devenu un artisanat global.
Il y a des photos qui décrivent. Ce sont les plans généraux ou les plans d’ensemble, par exemple
les photos de paysage ou les scènes d’activités humaines vues de loin. Leur valeur purement
descriptive en fait des photos à faible valeur ajoutée. Leur intérêt informatif est généralement
médiocre. Sauf lorsque les circonstances dans lesquelles elles sont prises – et l’angle choisi
pour la prise – leur donnent une valeur de document.
Il y a des photos qui racontent. Ce sont les plans moyens, les plans américains, les plans
rapprochés, par exemple les scènes d’activités humaines vues de près, les personnages cadrés
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en pied, cadrés au-dessus du genou et jusqu’à la taille ou cadrés de la taille à la poitrine. Leur
valeur narrative en fait des photos à forte valeur ajoutée.
Il y a des photos qui provoquent des chocs. Ce sont les gros plans et les très gros plans, par
exemple les visages observés de très près ou les détails de scènes cadrées de très près. Leur
impact émotionnel en fait des photos à très forte valeur ajoutée.
La photo, c’est une tranche de vie instantanée, et l’essentiel, dans une photo, c’est son cadrage.
Les « natures mortes » n’ont pas leur place dans un quotidien d’information. Toutes les photos
doivent montrer de la vie. S’il n’est pas lui-même photo-reporteur, le journaliste veille à ce que
les photos destinées à illustrer ses textes montrent des scènes de vie et soient cadrées de telle
sorte, quel que soit le sujet principal à illustrer, que la vie y soit toujours présente, au premier
ou au second plan.
Le dessin de presse consiste à illustrer l'actualité au travers de dessins satiriques. Avant l'arrivée
de la photo dans la presse, le dessin était, avec la gravure, le moyen de représentation le plus
couramment utilisé. Avec l'avènement de la photographie, il est devenu secondaire. Se
distinguant progressivement d'un simple rôle figuratif, le dessin de presse est devenu un moyen
de contester la politique d'un gouvernement et, plus généralement, de donner une opinion
critique (à l'instar d'un éditorial), notamment autour de scandales judiciaires ou financiers
(l'affaire Dreyfus, par exemple).
Le dessin, la caricature de presse, c’est un espace sanctuarisé ! Personne n’y touche ! Quand on
a dans son équipe rédactionnelle un dessinateur ou un caricaturiste capable de résumer
l’actualité en quelques traits, et d’en traiter avec un regard détaché, tantôt souriant tantôt féroce,
on fait confiance à son inspiration. Quitte à discuter de ses esquisses. Le bon modus vivendi
consiste à lui demander de soumettre chaque jour à la rédaction en chef trois projets liés à
l’actualité, au minimum deux. Le choix est concerté mais le dernier mot appartient à la rédaction
en chef.
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VIII L’organisation du travail du journaliste
C’est l’actualité qui rythme le journalisme. L’actualité est non-stop. Le journalisme ne connaît
aucun répit. Pour exercer ce métier, il faut jouir d’une bonne santé, avoir une hygiène de vie
équilibrée, apprendre à travailler vite, sans perdre son calme, Qu’il soit seul en poste ou membre
d’une Rédaction nombreuse, le journaliste organise son travail d’une façon compatible avec les
contraintes de la pendule.
1. Respect des longueurs. Un article plus long que prévu, c’est du temps perdu en cascade: pour
celui ou celle qui doit le raccourcir ; pour celui ou celle qui doit le mettre en page; pour celui
ou celle qui doit l’imprimer ; pour celui ou celle qui doit le diffuser.
• Considérer son premier jet comme son brouillon, puis se relire en s’imposant de
supprimer le superflu pour respecter le calibrage demandé, à la ligne et au mot près.
• Supprimer le superflu c’est, dans un texte, effacer tout ce qui n’est pas nécessaire à sa
compréhension : adjectifs, adverbes, articles définis et indéfinis trop répétés, conjonctions de
coordination, etc.
• Pour économiser 10 mots et 74 caractères on n’écrira pas: «Le méchant Jules César a
débarqué nuitamment avec ses armes rutilantes, ses lourdes malles et sa vaisselle
personnelle…». On écrira : «Jules César a débarqué avec armes et bagages…». Le respect des
contraintes améliore toujours la qualité du travail fourni.
2. Respect des horaires. Un article remis en retard, c’est de la tension en chaîne: relecture bâclée,
correction précipitée, risque d’erreur dans le contenu, fabrication compliquée, diffusion
pénalisée.
• Se dire que le respect de l’horaire imposé pour la remise de son texte et plus important
encore que le contenu du texte. Je suis pressé par la pendule, je m’en tiens donc à l’essentiel
dans la rédaction de mon texte, au besoin je le compléterai plus tard, dans un autre numéro. Une
version courte et incomplète remise à l’heure vaut mieux qu’une version longue et complète
remise trop tard…
3. Respect des coéquipiers. Travailler en équipe n’est pas facile quand l’équipe est composée
de personnalités portées à l’individualisme par la pratique de l’écriture en solo. Cela réclame
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des qualités particulières: savoir écouter ses coéquipiers, savoir partager des informations,
savoir comprendre les réflexions des autres, savoir accepter les arbitrages. La production
quotidienne de nouvelles est incompatible avec les états d’âme. Elle exige une répartition
ordonnée des tâches quotidiennes.
• Garder à l’esprit que les meilleurs solistes ne font pas naturellement les meilleurs chefs
d’orchestre. Qu’il soit directeur, rédacteur en chef, chef ou sous-chef de service, le journaliste
en poste hiérarchique doit savoir diriger une équipe, la motiver, l’animer, déléguer parfois une
part de ses responsabilités. Cela s’apprend aussi.
Recette éprouvée: poser en principe que, dans une équipe de journaliste, nul n’est propriétaire
de sa fonction hiérarchique.
L’autodiscipline est la condition sine qua non d’une production collective de bonne qualité.
Mais toutes les formes d’organisation du travail journalistique ne donnent pas les mêmes
résultats. Les meilleures sont celles qui donnent au journaliste la possibilité de maîtriser
complètement la qualité de sa production quotidienne.
• Organisation artisanale
Deux étages : un étage de commandement, un étage d’exécution. Tous les pouvoirs sont détenus
par un seul journaliste, en général propriétaire du titre. Il cumule les fonctions de directeur et
rédacteur en chef, embauche quelques journalistes polyvalents, distribue le travail à sa guise.
• Organisation pyramidale
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Inconvénients : risque de caporalisme, pensée unique, contenu uniforme, absence de débats
contradictoires expression éditoriale univoque.
• Organisation en losange
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Association des journalistes d'information religieuse (AJIR)
Conclusion
La pratique de presse permet d’étudier les contours de l’activité de presse : contour technique,
administrative, juridique de l’activité de presse.
Bibliographie
Philippe Morel, Pratique des relations presse - 4ème édition, 2008, DUNOD
Marie-Laure Laville, Les Relations Presse à l'heure du digital - des influenceurs aux
ambassadeurs, 2017, Editions Kawa.
Gilbert Toppe, Médias en Côte d'Ivoire ; applicabilité et réglementation, Publibook, 2016, 208
pages
Philippe Morel, Pratique des relations presse. 2ème édition, DUNOD, 2001
« Les médias en Afrique subsaharienne : l'espoir et l'illusion » [archive] (article inédit de André-
Jean Tudesq, Professeur émérite à l'Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3 , 1995 ?)
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