Vous êtes sur la page 1sur 8

Au cœur des chiffres :

Démographie de la Meurthe-et-Moselle
Axelle OLIERO – Nicolas RUIZ - Jade SOUDIER – Baptiste TALAMON

La Meurthe-et-Moselle, département encadré de la Moselle, la Meuse et les Vosges, est le


quatrième plus peuplé et le septième plus grand en termes de superficie de sa région, le Grand
Est. Il se distingue par sa position frontalière avec la Belgique et le Luxembourg, matérialisée
par des échanges transfrontaliers fréquents entre ces territoires. Peuplé de 729 477 habitants
au 1er janvier 2023, le département connaît une stagnation de sa population depuis une dizaine
d’années. En ce sens, il représente parfaitement la dynamique de la région Grand Est
caractérisée par un accroissement de la population nulle.

Le département de la Meurthe-et-Moselle se Au regard de la structure de la population, les


distingue par la présence d’une grande ville qui est effectifs de jeunes âgés de 17 à 24 ans sont
Nancy, préfecture du département (104 403 relativement importants (Figure 1). Ceci est à
habitants), ainsi que d’autres villes comme mettre en lien avec la métropole du Grand-
Vandœuvre-lès-Nancy (29 723 habitants), Nancy, pôle universitaire de poids (26 % de la
Lunéville (17 858 habitants) et Toul (15 857 population de la commune de Nancy a entre 18 et
habitants). 25 ans contre 11 % au sein du département). Cette
La France connaît une augmentation de sa spécificité reste un effet d’âge puisque ce
population grâce au solde naturel, ce qui n’est pas phénomène s’observe en 2020 comme en 2010.
le cas pour la Meurthe-et-Moselle dont le taux Un vieillissement de population est perceptible sur
d’accroissement naturel n’est que de 0,1 % contre le territoire de Meurthe-et-Moselle entre 2010 et
0,2 % pour la France. À cela, s’ajoute le solde 2020, à la fois par le haut de la pyramide
migratoire, négatif mais qui augmente depuis 1968 (vieillissement des générations du baby-boom) et
et se rapproche de 0. Ces deux phénomènes par le bas de la pyramide, du fait de la baisse de la
expliquent la stagnation de la population du natalité. Les effectifs des personnes de plus de 65
département depuis 1968 de 705 554 habitants à ans ont augmenté sensiblement (0,64 %),
729 447 habitants en 2023. représentant un cinquième de la population du
territoire en 2020. Pour 100 personnes de moins de
15 ans, on en compte 133 qui ont plus de 65 ans.

Figure 1 - Évolution de la pyramide des âges de Meurthe-et-


Moselle entre 2010 et 2020 (effectifs absolus)
De même, les personnes âgées de moins
de 15 ans et celles âgées de 65 ans et plus
représentent 57,5 % de la population du
département en 2020, contre 62,5 %
dans le Grand Est : la population de la
Meurthe-et-Moselle est plus active que
celle du Grand Est.
Les habitants de Meurthe-et-Moselle, du
fait de la proximité du Luxembourg et de
la Belgique, bénéficient d’un bassin
d’emplois internationaux. Environ 26,5 %
des habitants de la Meurthe-et-Moselle
exercent un emploi au Luxembourg[1].
Malgré cela, les taux d’activités des 15-64
Source : Recensements de la population 2010 et 2020, Insee
ans en Meurthe-et-Moselle sont inférieurs
Champ : population totale de Meurthe-et-Moselle à ceux du Grand Est et de la France
Note de lecture : 4 129 hommes sont âgés de 65 ans en Meurthe-et-Moselle en 2020.
(respectivement 71,6 %, 74 % et 74,5 %).
Fécondité
En 2021, 6 785 naissances ont été Figure 2 - Fécondité des départements métropolitains français en 2021
enregistrées en Meurthe-et-
Moselle. C’est le plus petit total
observé des 20 dernières années et
la tendance est à la baisse : 8 487
naissances en 2009 et 8 135 en
2014. Cette tendance est similaire à
celle observée nationalement. Cette
baisse est en partie liée à celle de la
baisse de l’indicateur de fécondité
du département, qui est le
quatrième plus faible au sein de
l’hexagone avec 1,51 enfant par
femme en 2021 contre 1,67 enfant
par femme dans la région Grand Source : Situation démographique 2021, Insee
Champ : France Métropolitaine
Est et 1,8 enfant par femme en Note de lecture : E n 2 0 2 1 , le département des Vosges a un ICF de 1,79 enfant par femme et un âge
moyen à la maternité de 29,6 ans.
France.

Figure 3 - Taux de fécondité de la Meurthe-et-Moselle L’âge moyen des femmes à l’accouchement en


en 2020 selon deux méthodes de calculs Meurthe-et-Moselle a augmenté depuis 2010 passant
de 29,9 ans à 30,9 ans (Figure 2). Ce dernier chiffre
est légèrement supérieur à celui de la région (30,6
ans). Sur l’ensemble du Grand Est, la Meurthe-et-
Moselle possède la fécondité du moment la plus
faible et le second calendrier le plus tardif (le
premier étant le Bas-Rhin), ce qui peut s’expliquer
en partie par la proportion des étudiants et jeunes
actifs diplômés relativement importantes dans la
structure de ces deux populations. Ici, la méthode
DEF surestime les naissances avant 26 ans : à 18
ans, les taux de fécondité sont 2,3 fois plus élevés
que la méthode classique. À 19 ans, les taux sont 4,9
fois plus élevés. Entre 20 et 26 ans ils oscillent entre
1,2 et 1,7. Entre 27 et 36 ans, ces derniers sont
Source : Fichier détail du recensement de la population 2020, Insee
Champ : Femmes âgées de 16 à 50 ans recensées en Meurthe-et- Moselle compris entre 0,8 et 1,1 : la méthode DEF donne une
Note de lecture : Pour 10 000 femmes âgées de 31 ans, 1 200 d’entre elles
donneront naissance à un enfant, d’après la méthode du approximation plutôt précise de la fécondité
« décompte des enfants au foyer ». observée via la méthode classique (Figure 3).

Encadré méthodologique n°1 Méthode « DEF »


Méthode « classique » Cette méthode consiste à reconstituer les
L’analyse classique de la fécondité utilise les données de l’état civil. liens de parentalité entre des enfants et les
L’Indicateur Conjoncturel de Fécondité qui renvoie au nombre femmes recensées en utilisant uniquement le
d’enfants qu’aurait eu une femme tout au long de sa vie féconde si fichier du recensement de la population.
elle était soumise au régime de fécondité de l’année considérée et Cette méthode s’appuie sur un principe : «
l’âge moyen des mères au recensement permettent d’obtenir le Les enfants d’aujourd’hui sont les
calcul suivant : Taux de fécondité = Nombre d’enfants de naissances d’hier ». Au numérateur, ce sera
femmes d’âge x / Nombre de femmes d’âge x. Toutefois, les le nombre d’enfants vivants et nés durant
données de l’état civil ne donnent aucune information sur le l’année t-a (a représentant l’espacement
niveau d’éducation de la mère ou la situation de couple par entre les années) classés par l’âge de leur
exemple. Du fait de ces limites, on a recours à une méthode mère sur l’année de leur naissance.
indirecte qui s’appuie sur le seul recensement : la méthode DEF.
Figure 4 - Taux de fécondité selon le niveau de diplôme – Pour atteindre cet objectif, il faut se
Méthode DEF rapprocher le plus possible du moment de
la maternité pour limiter les effets de
changements de situation entre la naissance
et le recensement. Pour arriver à
reconstituer ces liens, il s'agit d'utiliser
deux variables : LPRF (lien à la personne
de référence de la famille) et LPRM (lien à
la personne de référence du ménage).
En revanche, cette méthode peut entraîner
la sous-estimation du nombre de naissances
(6,51 % en 2021 pour la Meurthe-et-
Moselle). Plusieurs facteurs peuvent en être
à l’origine : dès le recensement du nombre
de naissances où il peut y avoir une sous-
déclaration des naissances (1,33 %), ou
alors une impossibilité pour certains enfants
d’être liés à une mère (1,34 %), ou bien car
certains enfants sont recensés hors familles
(3,84 %).
Source : Fichier détail du recensement de la population 2020, Insee
Champ : Femmes de 16 à 50 ans recensées en Meurthe-et-Moselle
Note de lecture : Pour 10 000 femmes diplômées du primaire ou moins âgées de 26 ans,
1 390 d’entre elles donneront naissance à un enfant.

Le niveau de fécondité varie selon le diplôme obtenu des L’âge moyen de la mère à la maternité se
femmes[2] (Figure 4). Plus la personne est diplômée, distingue aussi selon la nationalité et le diplôme
moins elle a d’enfants et plus la maternité est tardive. De (Figure 5). Pour les Françaises par acquisition et
plus, le lieu de naissance des femmes amène un effet sur les étrangères, l’âge moyen de la mère le plus
la fécondité puisque les femmes nées à l’étranger ont élevé est celui des femmes ayant un diplôme du
systématiquement un indicateur conjoncturel de fécondité secondaire. Les Françaises de naissances ont
plus élevé que la moyenne départementale des femmes l’âge moyen à la maternité le plus élevé quand
nées en Meurthe-et-Moselle. Toutefois, cette observation elles sont diplômées du supérieur. La durée des
n’est pas valable pour les Françaises ayant obtenu la études détermine le calendrier de la maternité
nationalité par acquisition ni les étrangers. De plus, les des femmes. Le calendrier de la maternité est
femmes étrangères diplômées du supérieur ont 2,48 d’autant plus tardif que la durée des études est
enfants tandis que les diplômées du secondaire ont un ICF longue.
inférieur avec 2,15 enfants par femmes (Tableau 1).

Tableau 1 - ICF et âge moyen à la maternité en 2020 selon le niveau de diplôme et la nationalité

Source : Fichier détail du recensement de la population en 2020, Insee


Champ : Femmes âgées de 16 à 50 ans recensées en Meurthe-et-Moselle
Note de lecture : l’indicateur conjoncturel de fécondité des femmes étrangères diplômées du primaire est de 2,98 enfants par femme et l’âge moyen à la maternité est
de 28,7 ans.
Au regard de la structure de la
Figure 5 - Nuage de points de la fécondité des femmes selon le diplôme
population, les femmes de 31 à et la nationalité
41 ans représentent 43 % de
l’ensemble des femmes
recensées en Meurthe-et-
Moselle, suivie des femmes de
42 ans ou plus, désignant 36 %
de la population féminine du
département (Tableau 2).
Nonobstant, les femmes de 31
ans ou moins ne désignent que
21 % de la population féminine
au sein du département.

À propos du diplôme, les


femmes diplômées du primaire Source : Fichier détail du recensement de la population en 2020, Insee
Champ : Femmes âgées de 16 à 50 ans recensées en Meurthe-et-Moselle
ou moins sont assez Note de lecture : l’indicateur conjoncturel de fécondité des femmes étrangères diplômées du
secondaire est de 2,15 enfants par femme et leur âge moyen à la maternité est de 31,4 ans.
minoritaires : 12,7 % de la part
totale des femmes de Meurthe-
Tableau 2 - Structure de la population des femmes en âge de procréer
et-Moselle. En parallèle, 41,9 % selon le diplôme et la nationalité
des femmes sont diplômées du
secondaire ou équivalent et
45,5 % sont diplômées du
supérieur.

Quant à la nationalité de ces


femmes, les Françaises de
naissance sont représentées à
hauteur de 85,7 %. La part des
femmes Françaises par
acquisition est de 5,6 % et celle
Source : Fichier détail du recensement de la population en 2020, Insee
des femmes étrangères est de Champ : Femmes âgées de 16 à 50 ans recensées en Meurthe-et Moselle
Note de lecture : On dénombre 18 458 femmes âgées de moins de 31 ans en Meurthe-et-Moselle
8,7 %. étant Françaises de naissance.

Mortalité
Figure 6 - Taux d’institutionnalisation des hommes et femmes âgés d’au moins 60 ans résidant
en Meurthe-et-Moselle en 2014, comparaison avec la France Hexagonale

Source : Données départementales pour l’institutionnalisation en 2014 (INSEE)


Champ : Population placée en service de moyen ou long séjour, en maison de retraite, en foyer ou en résidence sociale.
Note de lecture : En 2014 en Meurthe-et-Moselle, le taux d'institutionnalisation des femmes est de 49 %.
Après l'âge de 50 ans, certains individus peuvent commencer à
développer des complications physiques, entraînant des difficultés,
voire une impossibilité de subvenir à leurs propres besoins et activités
Écart d’espérance
quotidiennes : il s’agit d’une situation d’incapacité. De même, un
réseau familial réduit ou bien une isolation sociale conséquente peut de vie à la
amener à un placement en institution[3]. Le vieillissement présent en
Meurthe-et-Moselle vient gonfler les taux d'institutionnalisation, naissance :
principalement aux âges les plus élevés chez les femmes. De plus, les
+ 3,5 ans pour
hommes ont moins tendance à entrer en institution que les femmes. Par
exemple, de 95 à 99 ans, le taux d’institutionnalisation des femmes les femmes
(49 %) est le double de celui des hommes (25 %). Par ailleurs, en 2014,
les taux d’institutionnalisation des femmes sont légèrement plus élevés
que ceux de la France hexagonale à partir de 90 ans (Figure 6).

En 2020, de manière légèrement


Tableau 3 - Taux brut de mortalité des 4 premières causes de décès en supérieure à la France, les tumeurs
2020 pour le département, la région et la France Métropolitaine (pour
100 000 habitants) représentent la première cause de
mortalité au sein de la Meurthe-et-
Moselle avec un taux de 264 pour
100 000 habitants, suivie par les
maladies de l’appareil circulatoire
(193 pour 100 000) et le Covid-19
(119 pour 100 000) (Tableau 3). Quel
que soit la cause du décès, plus
d’hommes sont décédés que de
Source : CépiDc & Inserm, 2020 femmes. Les taux restent similaires
Champ : Ensemble de la population
Note de lecture : Dans le Grand Est en 2020, le taux de mortalité des hommes par tumeurs malignes entre le Grand Est et la France, avec
(cancer) est de 290,3 pour 100 000 habitants.
quelques différences. Par exemple,
une mortalité masculine par tumeurs
Figure 7 – Quotient de mortalité par âge des habitants de la plus élevée qu’en France avec un
Meurthe-et-Moselle selon le département d’origine en 2019 écart de 7 points environ, il est de 16
Moyennes mobiles des quotients de mortalité d’ordre 3
points pour les femmes.

Il existe un écart de mortalité


significatif entre les natifs et ceux
non-originaires du département de
Meurthe-et-Moselle (Figure 7).
Les non-natifs possèdent une mortalité
plus importante que les résidents natifs
jusqu’à l’âge de la majorité environ.
Le cas inverse se produit ensuite. Les
personnes nées en Meurthe-et-Moselle
voient leur mortalité plus élevée que
celles arrivant dans le département.
Par exemple, à l’âge de 60 ans, l’écart
de l’espérance de vie se fait le plus
grand avec 23,4 ans pour les natifs et
Sources : Fichier détail des décès 2019, Fichier détail du recensement de la population 2019 et
2020 (Insee) 26,4 ans pour les non-natifs.
Champ : Ensemble de la population résidante ou non en Meurthe-et-Moselle l’année précédente.
Note de lecture : En 2019 en Meurthe-et-Moselle, le niveau de mortalité des individus âgées de 60
ans natifs du département est de 6,5 ‰ contre 5,9 ‰ pour ceux non-natifs du département.
Tableau 4 - Espérances de vie des hommes et femmes en Meurthe-et- Encart méthodologique n°2
Moselle en 2014
L’espérance de vie peut ê t r e décomposée
en deux sous-indicateurs en vue d’aborder
les conditions de vie des individus à
partir de la seconde moitié de vie de
l’individu.

Espérance de vie en bonne santé / sans


incapacité
Il s’agit de l’espérance de vie à chaque âge
Sources : Fichier détail du recensement de la population 2014 (Insee), enquête Vie Quotidienne et Santé
pour laquelle un homme ou une femme peut
(2014) espérer vivre sans rencontrer de difficultés
Champ : Ensemble de la population de Meurthe-et-Moselle
Note de lecture : L’espérance de vie en bonne santé des femmes âgées de 80 ans en Meurthe-et-Moselle physiques. Pour la calculer, le choix s’est
est de 3,26 ans. porté sur la question relatant les restrictions
de capacité dans les activités quotidiennes
dans l’enquête « Vie Quotidienne et Santé »
Cet effet peut s’expliquer par les Cependant en Meurthe-et-Moselle,
de 2014, les personnes en bonne santé étant
causes de décès qui sont plus l’espérance de vie en bonne santé celles n’ayant pas déclaré avoir
élevées dans le département des hommes et des femmes est d’incapacités dans leurs activités à cause de
comparé au territoire national. quasiment semblable (Tableau 4). leur état de santé.
Cette supériorité d’espérance de La différence se situe uniquement
vie des non-natifs peut se traduire à partir de 80 ans pour l’espérance Espérance de vie en incapacité
par un risque de mortalité de vie en bonne santé en faveur Il s’agit de l’espérance de vie à chaque âge
pour laquelle un homme ou une femme peut
appartenant à leur département des hommes. En effet, les hommes
espérer vivre alors qu’il ou elle souffre de
d’origine. De ce fait, ils vivent moins longtemps mais en
difficultés. Cela correspond aux personnes
n’auraient pas acquis le risque de meilleure santé physique que les ayant donc déclaré souffrir dans leurs
mortalité de leur nouveau femmes, ces dernières vivant plus activités quotidiennes en raison de leur état
département de résidence. Les longtemps mais avec davantage de de santé, quel que soit la gravité de la
conditions et qualités de vie du complications. souffrance, depuis au moins 6 mois.
département d’origine peuvent
également exercer une influence
sur leur meilleure espérance de
vie.

Migration
Figure 8 – Migrations interdépartementales en France en 2020
À l’échelle d’un département, les migrations restent un
facteur important pour l’évolution de la population,
permettant de contrebalancer un déficit naturel par
exemple. À l’échelle nationale, les migrations
interdépartementales sont les plus fortes, principalement
sur la côte Ouest et Sud de la France en raison soit de la
frontière avec un autre pays soit de la géographie des
lieux provoquant une arrivée importante de populations
spécifiques. Dans le Grand Est, les migrations
interdépartementales sont peu importantes exceptées
pour le Bas-Rhin et la Meurthe-et-Moselle ayant les
taux de migration les plus importants de la région avec
respectivement 6,44 ‰ et 5,03 ‰ (Figure 8). Cela
s’explique surtout par l’arrivée de personnes très
qualifiées et attirées par l’emploi proposé au sein du
pays limitrophe à ces départements.
Figure 9 – Migrations intradépartementales en France en 2020 En changeant la focale sur la migration au
sein du département uniquement, la
migration est assez importante. La Meurthe-
et-Moselle détient, au sein de la région, le
second taux de migration intradépartementale
le plus élevé (4,91 %) précédé par la Moselle.
Le Bas-Rhin possède alors le cinquième taux
de migration intradépartementale avec
4,38 % (Figure 9). Au sein du département,
la mobilité est d’autant plus importante
quand les trajectoires de mobilités sont
représentées.
Les principaux déplacements sont soit au
sein d’une même commune ou soit au sein de
mêmes intercommunalités comptant pour
plus de la moitié de l’ensemble des mobilités
(Figure 10).

Figure 10 – Flux migratoires internes depuis/vers les EPCI de la Meurthe-et-Moselle, 2020

Plus d’1 migration sur 5 est


une arrivée dans le
département

Plusieurs trajectoires migratoires se


dessinent au sein du département
(Figure 10). Les plus importantes
concernent les migrations internes à la
Meurthe-et-Moselle, que ce soit au sein
de la même commune ou au sein des
intercommunalités du département, ces
derniers représentent 59 % de l'ensemble
de ces mobilités. La seconde trajectoire
Source : Fichier détail de migration antérieure au lieu de résidence 2020, Insee
de migration la plus importante désigne Champ : Personnes ayant changé de logement entre le 1er janvier 2019 et le 1er janvier 2020 et dont la résidence actuelle et/ou
antérieure se situe en Meurthe-et-Moselle
les arrivées vers la Meurthe-et-Moselle Note de lecture : En 2020, en Meurthe-et-Moselle, environ 10 000 nancéens quittent la métropole de Nancy pour vivre hors du
département.
comptant 22 % dans le poids des
migrations totales : plus de la moitié de
ces arrivées sont en direction de Nancy, Cas particulier des territoires frontaliers : la migration de
le reste se répartissant au sein des autres travail
Établissements Publics de Coopération La Meurthe-et-Moselle est marquée par une migration de travail.
Intercommunale. Néanmoins, les départs En effet, en 2020, près de 28 000 habitants de Meurthe-et-Moselle
du territoire sont apparents et sont des travailleurs frontaliers. Ce qui fait du département le
proviennent de l’ensemble du territoire deuxième, après la Moselle, à concentrer le plus de frontaliers dans
sans distinction, la part de cette la région (70 % pour la Moselle et 26,5 % pour la Meurthe-et-
émigration est de 18,8 % à destination Moselle)[4]. Par exemple, Thionville et Saint-Louis sont peu
d’autres départements de France dont pourvus en emplois de proximité, 16,4 et 16,8 emplois pour 100
24,9 % en Moselle. habitants contre 24,3 à l’échelle du Grand Est. Les emplois
d’administration, d’enseignement et de santé sont moins présents[5].
Profil des migrations de travail Encart méthodologique n°3
Définitions selon l’OREF
Territoire frontalier avec la Belgique et le Luxembourg, la Meurthe-
et-Moselle présente ainsi deux profils de migrations de travail.
Travailleur frontalier :
Tout d’abord, le Luxembourg est aujourd’hui le premier pays de Personne résidant sur un territoire et
destination des résidents frontaliers de la région et du département et déclarant travailler dans un autre
où 45 % des actifs en emploi du pays n’y résident pas. Effectivement, territoire hors de celui d’origine.
la situation économique de ce pays voisin est favorable, avec
principalement des activités du domaine tertiaire. Le Luxembourg Zone d’emploi :
attire des travailleurs plutôt jeunes de la région Grand Est (18,5 % Espace géographique où vivent et
ont moins de 30 ans) et diplômés (45 % sont diplômés de travaillent la majorité des actifs et où
les entreprises trouvent les actifs
l’enseignement supérieur). De plus, 51,5 % des résidents de Longwy
nécessaires pour combler les postes
travaillent au Luxembourg. Le pays devrait continuer à attirer les
disponibles. Une zone d’emploi
frontaliers pour les futures années selon la tendance entre 2019 et
transfrontalière existe si la part des
2020. 20 % des frontaliers de Meurthe-et-Moselle sont nouveaux frontaliers dans la population active est
arrivants[6]. d’au moins 2 %.
Enfin, la Belgique attire les ouvriers et les professionnels de santé dont
8 245 habitants du Grand Est. De surcroît, le bassin d'emploi de Définitions selon le BIT
Longwy voit 8,6 % de ses résidents partir travailler en Belgique, dont
95,7 % qui se rendent en Wallonie. Par ailleurs, ce sont les habitants Migration interdépartementale :
des bassins d’emplois en vieillissement démographique qui se rendent Migration d’un département à un autre.
dans le pays pour travailler. Malgré cela, la Belgique devrait être
Migration intradépartementale :
touchée par des tendances de migration de travail à la baisse[7].
Migration à l’intérieur d’un même
département.

Conclusion
La Meurthe-et-Moselle, département de la région Grand Est, connaît
Résumé
une stagnation démographique malgré une économie dynamique
Le département de la Meurthe-et-
grâce aux échanges avec le Luxembourg et la Belgique voisins. Le Moselle, situé dans le Grand Est, se
taux de natalité en baisse, le vieillissement de sa population et le profile par une stagnation
nombre élevé de personnes institutionnalisées présentent des défis démographique malgré son
sociodémographiques considérables. Les migrations, à la fois dynamisme économique lié aux
interdépartementales et intradépartementales, jouent un rôle échanges frontaliers avec la Belgique
important dans l'évolution démographique, avec d'importants flux et le Luxembourg. La population
vieillit progressivement malgré le
frontaliers de travailleurs transfrontaliers. La situation particulière
pôle étudiant de Nancy.
du département se distingue par la diversité des profils migratoires,
notamment en direction du Luxembourg et de la Belgique.

Bibliographie

OREF Grand Est « Situation de l’emploi des frontaliers du Grand Est au Luxembourg », https://oref.grandest.fr/wp-
[1]

content/uploads/2023/03/rapport-1-mars2023.pdf
[2]Davie, Emma, et Magali Mazuy. « Fécondité et niveau d’études des femmes en France à partir des enquêtes annuelles de

recensement ». Population 65, no 3 (2010): 475‑511. https://doi.org/10.3917/popu.1003.0475.


[3]Mallon, Isabelle. « Chapitre I. Vieillir en institution : une analyse “par le bas” des maisons de retraite ». In Vivre en maison de retraite :

Le dernier chez-soi, 15‑50. Le sens social. Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2005. https://doi.org/10.4000/books.pur.24281.
[4]OREF Grand Est « Situation de l’emploi des frontaliers du Grand Est au Luxembourg », https://oref.grandest.fr/wp-
content/uploads/2023/03/rapport-1-mars2023.pdf
[5]INSEE « Moins d’emplois de proximité et forte spécialisation du tissu économique dans les zones d’emploi frontalières »,

https://www.insee.fr/fr/statistiques/7644491
[6]INSEE « Chaque année, un frontalier sur cinq vers le Luxembourg est un nouveau frontalier, l’intérêt salarial est très net - Insee Flash

Grand Est - 61 ». https://www.insee.fr/fr/statistiques/6533190.


[7]OREF Grand Est « L’emploi transfrontalier en Région Grand-Est » https://oref.grandest.fr/wp-
content/uploads/2022/09/monographie_transfrontaliers_2020.pdf

Vous aimerez peut-être aussi