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Applications de la statistique de
Première
Partie Fermi-Dirac : Gaz parfait de
fermions
Prérequis des cours précédents
𝑔!
𝑛! =
𝑧 !! 𝑒 !!! + 1
où 𝑧 = 𝑒 !" est la fugacité et 𝑔! le degré de dégénérescence de chaque état
d’énergie 𝐸! , ou, dans le langage statistique : le nombre de cellules du domaine
défini par 𝐸! , donc indexé par 𝑘. On rappelle que 𝑔! représentera le nombre de
sous-états de spin 𝑠 donné par 2𝑠 + 1. Il sera indépendant de l’état d’énergie
donc plus indexé par l’indice "𝑘", il sera noté 𝑔! ≡ 𝑔.
Remarquons au passage, que tant que les variables (𝑆, 𝑉, 𝑁) sont considérées
dans la définition de l’énergie interne 𝑈(𝑆, 𝑉, 𝑁) alors, au vu de la définition du
grand potentiel (revoir les transformées de Legendre consécutives pour
l’obtenir), la fonction de partition grand-canonique devra obligatoirement être
une fonction des variables (𝑇, 𝑉, 𝜇) soit 𝒵(𝑇, 𝑉, 𝜇). Ceci justifie donc la
dépendance en 𝑇, 𝑉, 𝑧 de la fonction 𝑞(𝑇, 𝑉, 𝑧) définie plus haut.
8
8.1 Introduction : Passage à la limite continue
Tout d’abord, remarquons que contrairement à la distribution de Bose-
Einstein, celle de Fermi-Dirac n’induit aucune condition sur le potentiel
chimique. En effet, dans le cas des fermions, 𝑛! est définit positif, par
conséquent 𝜇 n’est à priori aucunement contraint. Il s’ensuit alors que la
fugacité 𝑧 ∈ 0, +∞ .
Il faudra alors passer à la limite continue de la série définissant ln𝒵. Pour cela
nous procèderons, formellement, comme dans le cas des bosons. Le terme dans
cette série dépend principalement de l’énergie (remarquez l’index de la série),
alors sa limite continue sera donnée par l’intégrale du même terme mais cette
fois-ci dépendant de l’Hamiltonien (fonction « énergie) qui lui même est une
fonction des coordonnées généralisées (positions) et de leurs variables
conjuguées (impulsions). Cette intégrale se calculera donc sur l’espace des
phases. Restera à définir précisément l’élément de volume unitaire de l’espace
des phases (le plut petit et identique quelque soit la position sur cet espace). Ce
dernier sera normalisé à ℎ! (une fois ℎ pour chaque 𝑑𝑞𝑑𝑝 de l’élément
𝑑 ! 𝑞𝑑 ! 𝑝) de sorte à ce que 𝑑 ! 𝑞𝑑 ! 𝑝/ℎ! soit normalisé. Le passage à la limite
continue s’effectuera alors comme suit
1
→ 𝑑 ! 𝑞𝑑 ! 𝑝 (8.1)
ℎ!
4𝜋𝑉
→ 𝑝 ! 𝑑𝑝 (8.2)
ℎ!
où 𝑝 est le module de l’impulsion 𝑝. Enfin par le changement de variable
introduisant la variable énergie (pour une particule libre) : 𝐸 = 𝑝 ! /2𝑚, on
aboutit à
2𝜋𝑉
→ (2𝑚)!/! 𝐸!/! 𝑑𝐸 (8.3)
ℎ!
C’est à cette dernière forme que l’on se réfèrera lorsque l’on parlera de passage à
la limite continue pour un gaz parfait. Il conviendra de démontrer
explicitement les expressions (8.2) et (8.3) comme exercices de TD.
!!
2𝜋𝑉 2 𝐸 !/!
𝑞 𝑇, 𝑉, 𝑧 = 𝑔 !
(2𝑚)!/! 𝛽 𝑑𝐸 (8.5)
ℎ 3 ! 𝑧 !! 𝑒 !" + 1
A faire comme exercice de TD.
De la même façon (mais sans l’intégrale par partie), le calcul du nombre total de
particules 𝑁 on aboutit à
!!
2𝜋𝑉 !/!
𝐸!/!
𝑁 𝑇, 𝑉, 𝑧 = 𝑔 (2𝑚) 𝑑𝐸 (8.6)
ℎ! ! 𝑧 !! 𝑒 !" + 1
A faire aussi comme exercice de TD.
On aboutit alors à
!
𝑔𝑉 1 !!
𝑥 !!!
𝑞 𝑇, 𝑉, 𝑧 = ! 𝑑𝑥 (8.7)
𝜆 Γ ! ! 𝑧 !! 𝑒 ! + 1
!
et à
!
𝑔𝑉 1 !!
𝑥 !!!
𝑁 𝑇, 𝑉, 𝑧 = ! 𝑑𝑥 (8.8)
𝜆 Γ ! ! 𝑧 !! 𝑒 ! + 1
!
où la longueur d’onde thermique 𝜆 = ℎ! /2𝜋𝑚𝑘𝑇 !/!
. La fonction d’Euler
!! !!! !!
Γ 𝑛 définie par Γ 𝑛 = !
𝑡 𝑒 𝑑𝑡 possède la propriété Γ 𝑛 + 1 =
𝑛Γ 𝑛 ainsi que les valeurs particulières utiles suivantes : Γ 1/2 = 𝜋,
Γ 3/2 = 𝜋/2 et Γ 5/2 = 3 𝜋/4.
Les expressions (8.7) et (8.8) font ressortir les fonctions intégrales spéciales1
𝑙! (𝑧) données par
!!
1 𝑥 !!!
𝑙! 𝑧 = 𝑑𝑥 , (8.9)
Γ 𝑛 ! 𝑧 !! 𝑒 ! + 1
de sorte que
𝑔𝑉
𝑞 𝑇, 𝑉, 𝑧 = 𝑙 𝑧 (8.10)
𝜆! !/!
et
𝑔𝑉
𝑁 𝑇, 𝑉, 𝑧 = 𝑙 𝑧 (8.11)
𝜆! !/!
Bien qu’aucune solution analytique de ces intégrales ne soit donnée, il est
néanmoins possible de démontrer une première propriété (exacte) sous la forme
d’une série récursive d’équations différentielles. Pour cela nous procéderons
comme suit :
!!
𝜕𝑙! 𝑧 1 𝑥 !!! 𝑧 !! 𝑒 !
𝑧 = 𝑑𝑥 ,
𝜕𝑧 Γ 𝑛 ! (𝑧 !! 𝑒 ! + 1)!
!! !!
1 𝑥 !!! 𝑥 !!!
= − !! ! + (𝑛 − 1) 𝑑𝑥
Γ 𝑛 𝑧 𝑒 +1 ! ! 𝑧 !! 𝑒 ! + 1
!! !! ! !
obtenue après intégration par partie en posant 𝑣 = 𝑥 !!! et 𝑑𝑢 = .
(! !! ! ! !!)!
𝜕𝑙! 𝑧 1
= 𝑙!!! 𝑧 (8.12)
𝜕𝑧 𝑧
1
Attention : ne pas confondre avec le logarithme népérien : ln𝑧.
Il est aussi possible d’écrire les fonctions 𝑙! 𝑧 sous la forme d’une série pour
𝑧 < 1 en effectuant le développement suivant
1 1
= 𝑧𝑒 !!
𝑧 !! 𝑒 ! +1 1 + 𝑧𝑒 !!
! ! ! !!! !
= 𝑧𝑒 !! !!! −𝑧𝑒 !! = !!!(−) 𝑧 𝑒 !!! (à faire)
On aura alors
! !!
1
𝑙! 𝑧 = (−)!!! 𝑧 ! 𝑥 !!! 𝑒 !!! 𝑑𝑥
Γ 𝑛 !
!!!
! !!
1 𝑧! (Après le changement de
= (−)!!! 𝑦 !!! 𝑒 !! 𝑑𝑦 variable 𝑦 = 𝑙𝑥)
Γ 𝑛 𝑙! !
!!!
1
𝑙! 1 = 1 − 𝜁(𝑛) (8.14)
2!!!
2
En effet, l’intégrale d’une fonction positive sur un intervalle positif et obligatoirement positive.
Physique Statistique N. Djeghloul
6 Gaz parfait de fermions N. Djeghloul
Insistons bien sur le fait que la formulation des fonctions 𝑙! 𝑧 en séries (8.13)
n’est valable que pour 0 < 𝑧 < 1. Afin de couvrir l’intervalle complet de
variation de 𝑧, il faudra aussi investiguer la situation où 𝑧 > 1.
Dans cette situation, le calcul est plus complexe3 et pourra être fait en cours
présentiel. Cependant, pour les étudiants souhaitant anticiper, ils pourront
prendre connaissance de ce calcul intégralement dans le livre de W. Greiner
« Thermodynamics and statistical mechanics » au chapitre 14, p 343.
!
(ln𝑧)! !!! 1
𝑙! 𝑧 = 1+2 2𝑛𝐶!!!! Γ 2𝑗 ζ 2𝑗 1− (ln𝑧)!!! (8.15)
Γ 𝑛+1 2!!!!
!!!
Nous pouvons maintenant passer à l’application, à proprement parler, du gaz
parfait de fermion. Nous verrons, en particulier, comment le cas 0 < 𝑧 < 1
correspond à l’approximation classique alors que lorsque 𝑧 > 1, nous nous
situerons dans une situation nouvelle où de nouveaux résultats seront obtenus,
en totale rupture avec les prédictions de la thermodynamique classique.
3
Ce calcul fut présenté pour la première fois en 1928 par le physicien théoricien Arnold Sommerfeld.