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Refroidissement et piégeage des atomes

Partie 1.
Refroidissement et Piégeage
des atomes

1.1. Introduction

Le refroidissement et le piégeage des atomes par la lumière laser a connu un


développement considérable au cours des trente dernières années. D’abord conçues dans le
but d’augmenter la précision des mesures spectroscopiques en diminuant, voire supprimant
l’effet Doppler, les méthodes de manipulation des atomes par la lumière ont conduit à bien
d’autres applications, incluant en particulier l’étude des nouvelles phases quantiques de gaz
ultra-froids : condensats de Bose Einstein et gaz de Fermions dégénérés.

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Refroidissement et piégeage des atomes

1.2. Forces radiatives

Ce chapitre est consacré à l’étude de la force moyenne agissant sur un atome placé
dans un faisceau lumineux monochromatique et quasi-résonnant. L’atome est modélisé par un
système à deux niveaux g et e, le mouvement du centre de masse de l’atome est traité
classiquement. Le niveau g est le niveau fondamental de l’atome, ou un niveau métastable de
durée de vie bien plus grande que la durée de l’expérience considérée. Le niveau excité e est
instable, et il peut se désexciter par émission spontanée vers le niveau g. La durée de vie du
niveau e est notée 𝛤 , et l’écart en énergie entre g et e est noté ℏ𝜔 (Figure 1.1).

Figure 1.1. Modélisation de la transition atomique par deux niveaux g et e.

L’atome est éclairé par un faisceau lumineux supposé monochromatique (Laser) de


fréquence 𝜔 /2𝜋. Pour que la modélisation de la transition atomique par un système à deux
niveaux soit correcte, il faut que cette fréquence soit proche de la fréquence de résonance
𝜔 /2𝜋. Nous supposerons donc dans tout ce chapitre que le désaccord 𝛿 = 𝜔 − 𝜔 vérifie
|𝛿| ≪ 𝜔 , 𝜔 .

Lorsque l’atome absorbe un photon issu de ce faisceau, son impulsion change de


ℏΓ ≃ ℏΓ . Le changement de vitesse correspondant :

ℏΓ ℎ
𝑣 = = , (1.1)
𝑚 𝑚𝜆

est appelé vitesse de recul. Cette vitesse de recul est beaucoup plus faible (par au moins quatre
ordres de grandeur) que la vitesse d’agitation thermique des atomes à température ambiante.

L’interaction entre l’atome et le champ électromagnétique est traitée à l’approximation


dipolaire ´électrique. On introduit le dipôle réduit de la transition 𝑒 – 𝑔 :

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𝑑⃗ = 𝑒 𝐷⃗ 𝑔 𝑑⃗∗ = 𝑔 𝐷⃗ 𝑒 , (1.2)

où 𝐷⃗ est l’opérateur de dipôle électrique.

On suppose que l’onde lumineuse laser est préparée dans un état quasi-classique (ou
cohérent), ce qui permet, via une transformation unitaire, de la traiter comme un champ
classique extérieur dépendant du temps :

1
𝐸⃗ (𝑟⃗, 𝑡) = ℰ (𝑟⃗) 𝜖⃗ (𝑟⃗)𝑒 ( ⃗)
, (1.3)
2

où : ℰ (𝑟⃗) et 𝜖⃗ sont l’amplitude du champ laser et le vecteur de polarisation, respectivement.

Après cette transformation unitaire, le champ électromagnétique quantifié est dans son état
fondamental, c’est-à-dire le vide de photons (Figure 1.2). Son interaction avec l’atome est à
l’origine du phénomène d’émission spontanée.

Figure 1.2. Les trois systèmes en présence, l’onde lumineuse étant traitée comme un champ
classique extérieur.

A l’approximation dipolaire électrique, l’hamiltonien du système est la somme de


quatre termes :

𝐻 =𝐻 +𝐻 +𝑉 +𝑉 , (1.4)

où :

 L’hamiltonien atomique 𝐻 inclut l’énergie cinétique du centre de masse de l’atome,


ainsi que l’énergie interne dans le cadre du modèle à deux niveaux :
𝑃
𝐻 = + ℏ𝜔  |𝑒 〉〈 𝑒| , (1.5)
2𝑚
avec 𝑃⃗ est l’operateur de l’impulsion du centre de masse de l’atome.
 L’hamiltonien du rayonnement s’écrit comme une somme sur les modes 𝑙 = 𝑘⃗ , 𝜖⃗ du
rayonnement quantifié :

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𝐻 = ℏ𝜔 𝑎 𝑎 , (1.6)

avec 𝑎 et 𝑎 sont les opérateur de création et d’annihilation, respectivement.

 Le couplage atome-laser se met sous la forme :

ℏΩ 𝑅⃗ ⃗
𝑉 (𝑡) = −𝐷⃗ ∙ 𝐸⃗ 𝑅⃗ , 𝑡 ≃  |𝑒 〉 〈 𝑔|𝑒   . (1.7)
2

Où 𝑅⃗ est l’opérateur de la position du centre de masse de l’atome. On défini la


pulsation de Rabi Ω par :

ℏΩ (𝑟⃗) = − 𝑑⃗ ∙ 𝜖⃗ (𝑟⃗) ℰ (𝑟⃗), (1.8)

et on a supposé cette pulsation de Rabi réelle (on peut toujours réintégrer une phase
complexe dans la définition de  |𝑒 〉). Notons que l’on a gardé seulement les termes
quasi-résonnants dans le passage deux côtés de l’Eq. (1.7).
 Le couplage atome-rayonnement quantifié s’écrit :

⃗ ⃗ 
𝑉 =− ℰ 𝑑⃗ ∙ 𝜖⃗ 𝑎 𝑒 |𝑒 〉〈 𝑔| , (1.9)

Plaçons-nous maintenant en point de vue de Heisenberg. Les équations du mouvement


des opérateurs position et impulsion du centre de masse atomique sont données par :

𝑑𝑅⃗ 1 𝑃⃗
= 𝑅⃗ , 𝐻 = , (1.10)
𝑑𝑡 𝑖ℏ 𝑚

𝑑𝑃⃗ 1
= 𝑃⃗, 𝐻 = −∇⃗𝑉 (𝑡) − ∇⃗𝑉 = 𝐹⃗ . (1.11)
𝑑𝑡 𝑖ℏ

L’Eq. (1.11) donne la définition de l’opérateur force 𝐹⃗ . C’est elle qu’il s’agit maintenant de
moyenner sur l’état atomique, aussi bien interne qu’externe, ainsi que sur l’état du
  〉).
rayonnement (le vide de photons |0 

Si l’on moyenne les deux équations de Heisenberg pour la position et l’impulsion sur l’état
atomique, on obtient :

𝑑𝑅⃗ 𝑃⃗ 𝑃⃗
= , 𝐹⃗ = = −〈∇⃗𝑉 (𝑡)〉 − 〈∇⃗𝑉 〉. (1.12)
𝑑𝑡 𝑚 𝑚

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On peut montrer que le second terme apparaissant dans l’expression de 𝐹⃗ est nul
〈∇⃗𝑉 〉 = 0 . Indiquons ici brièvement la démarche à suivre pour prouver ce résultat : on
intègre formellement l’expression du champ électrique quantifié sous forme d’un champ
quantique libre, qu’on aurait en l’absence d’atome, et du champ quantique rayonné par
l’atome. Le champ rayonné a un gradient nul à l’emplacement même de l’atome : il ne
contribue donc pas `a l’opérateur force. L’opérateur force issu du champ quantique libre n’est
quant à lui pas nul –il contribuera d’ailleurs au coefficient de diffusion– mais sa valeur
moyenne dans le vide du rayonnement donne 0, car 𝑎  |0 〉 = 0 et 〈 0| 𝑎 = 0.

Pour calculer le premier terme apparaissant dans l’expression de 𝐹⃗ , on remarque que


les variables atomiques externes contribuent par l’intermédiaire de la dépendance spatiale de
𝑉 , c’est-`a-dire la dépendance spatiale du champ lumineux 𝐸⃗ (𝑟⃗, 𝑡). Comme on suppose que
l’extension spatiale du paquet d’ondes atomique est beaucoup plus petit que 𝜆 , échelle de

variation de 𝐸⃗ , on peut faire l’approximation 〈𝐸⃗ 𝑅⃗ 〉 = 𝐸⃗ 〈𝑅⃗ 〉 , soit :

𝐹⃗ = −〈∇⃗𝑉 (𝑡)〉 = 〈  𝐷 𝛻⃗ 𝐸 𝑅⃗ , 𝑡 〉  ≃ 〈𝐷 〉(𝑡)𝛻⃗ 𝐸 𝑅⃗ (𝑡), 𝑡 . (1.13)


, , , ,

Dans notre cas, la dynamique des variables internes est souvent plus rapide que celle des
variables externes. On peut dans ce cas remplacer la moyenne 〈𝐷 〉(𝑡) par la valeur déduite du
régime stationnaire (ou forcé) du dipôle atomique, pour un atome de position 𝑅⃗ (𝑡) et de
vitesse 𝑉⃗ (𝑡) imposées :

𝐹⃗ = 〈𝐷 〉 𝛻⃗ 𝐸 𝑅⃗ (𝑡), 𝑡 . (1.14)
, ,

C’est seulement sur une échelle de temps plus longue que la force ainsi calculée modifie la
trajectoire atomique.

Au repos, l’atome est immobile au point 𝑅⃗ . La détermination du dipôle stationnaire


s’obtient alors simplement, en utilisant les équations de Bloch optiques. La valeur moyenne
stationnaire du dipôle atomique, projetée sur la polarisation 𝜖⃗ du laser est donnée par :

𝜖⃗ ∙ 〈𝐷⃗ 〉 = 2𝜖⃗ ∙ 𝑑⃗ 𝑢 cos 𝜔 𝑡 + 𝜙 𝑅⃗ − 𝑣 sin 𝜔 𝑡 + 𝜙 𝑅⃗ . (1.15)

Les variables 𝑢 et 𝑣 donnent donc les parties du dipole qui oscillent respectivement en phase
et en quadrature avec le champ laser. A l’état stationnaire :

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𝛿 𝑠 𝑅⃗ Γ 𝑠 𝑅⃗
𝑢 = , 𝑣 = , (1.16)
Ω 𝑅⃗ 1 + 𝑠 𝑅⃗ 2Ω 𝑅⃗ 1 + 𝑠 𝑅⃗

où :

Ω 𝑅⃗ ⁄2
𝑠 𝑅⃗ = , (1.17)
𝛿 + Γ ⁄4

et le paramètre de saturation.

On reporte maintenant l’expression du dipôle stationnaire (Eq. (1.15)) dans


l’expression de la force moyenne (Eq. (1.14)). En utilisant l’expression définissant la
pulsation de Rabi (l’Eq (1.8)), on peut mettre cette force sous la forme :

𝐹⃗ 𝑅⃗ = −2ℏ 𝑢 cos 𝜔 𝑡 + 𝜙 𝑅⃗ − 𝑣 sin 𝜔 𝑡 + 𝜙 𝑅⃗

× 𝛻⃗ Ω 𝑅⃗ cos 𝜔 𝑡 + 𝜙 𝑅⃗ . (1.18)

ou encore

𝐹⃗ 𝑅⃗ = −ℏΩ 𝑅⃗ 𝛼⃗ 𝑅⃗ 𝑢 + 𝛽⃗ 𝑅⃗ 𝑣

Γ 𝑠 𝑅⃗
= −ℏ 𝛼⃗ 𝑅⃗ 𝛿 + 𝛽⃗ 𝑅⃗ . (1.19)
2 1 + 𝑠 𝑅⃗

Dans cette l’Eq. (1.19), on a introduit les vecteurs :

𝛻⃗ Ω 𝑅⃗
𝛼⃗ 𝑅⃗ = , 𝛽⃗ 𝑅⃗ = 𝛻⃗ 𝜙 𝑅⃗ . (1.20)
Ω 𝑅⃗

La force proportionnelle à 𝛼⃗ (i.e. au gradient d’intensité) et à la composante en phase


du dipole est appelée force réactive ou dipolaire. La force proportionnelle à 𝛽⃗ , donc au
gradient de phase de l’onde lumineuse, est appelée force dissipative ou force de pression de
radiation.

1.2.1. Force de pression de radiation (dissipative)

Cette force dépend du gradient de phase de l’onde lumineuse. Pour évaluer ses
caractéristiques, nous considérons le cas le plus simple possible : une onde plane progressive,
correspondant à 𝜙 𝑅⃗ = 𝑘⃗ ∙ 𝑟⃗, soit 𝛽⃗ = 𝑘⃗ . La force de pression de radiation s’´ecrit dans ce
cas :

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𝐹⃗ = ℏ𝑘⃗ Ω 𝑣 . (1.21)

La quantité Ω 𝑣 , représente le taux moyen de cycles “absorption-émission spontanée”.


Chaque cycle transfère en moyenne l’impulsion ℏ𝑘⃗ à l’atome : l’atome encaisse cette
impulsion lors de chaque absorption, alors que l’impulsion atomique ne change pas en
moyenne lors d’une émission spontanée. En effet l’émission spontanée se fait avec une
probabilité égale dans deux directions opposées.

L’expression de la force de pression de radiation en fonction du paramètre de


saturation est la suivante :

ℏ𝑘⃗ Γ 𝑠 𝑅⃗
𝐹⃗ = . (1.22)
2 1 + 𝑠 𝑅⃗

L’Eq. (1.22) montre que la force 𝐹⃗ , est linéaire en intensité tant que la transition atomique
n’est pas saturée, puis tend vers ℏ𝑘⃗ Γ⁄2 à haute intensité. La dépendance en désaccord est
/
une courbe lorentzienne, centrée en 𝛿 = 0, et de largeur totale à mi-hauteur (Γ + 2Ω ) .
Notons qu’il est relativement aisé de saturer une transition atomique avec les sources laser
actuelles. Par exemple l’intensité de saturation 𝐼 , pour laquelle on a 𝑠 = 1 pour 𝛿 = 0, est
égale à 1.6 𝑚𝑊𝑐𝑚 pour l’atome de rubidium.

La force maximale ℏ𝑘⃗ Γ⁄2 correspond à une accélération 𝑎 = ℏ𝑘⃗ Γ⁄2𝑚, c’est-`a-
dire un changement de vitesse vrec tous les 2Γ . Pour le rubidium, cette accélération vaut
1.1 × 10 𝑚𝑠 , soit 11000 fois l’accélération de la pesanteur. La première mise en évidence
de cette force de pression de radiation fut la déflexion de jets atomiques par Frisch en 1933
(expériences reprises en France dans les années 1970 par Picqué et Vialle). C’est dans les
années 1980 que cette force fut utilisée pour ralentir un jet atomique, en particulier dans le
groupe de Phillips au NBS Washington. La vitesse initiale 𝑉 des atomes du jet est de
plusieurs centaines de mètres par seconde, ce qui correspond à une distance d’arrêt 𝑉 ⁄2𝑎
de l’ordre du mètre.

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Figure 1.3. Ralentissement d’un jet atomique de sodium par pression de radiation. La
variation d’effet Doppler est compensée par un effet Zeeman inhomogène, créé par un
solénoïde de même axe que le jet atomique. La figure expérimentale a été obtenue par W.
Phillips et son équipe.

1.2.2. force réactive (dipolaire)

Si l’onde lumineuse est constituée par la superposition de plusieurs ondes planes


progressives, l’atome peut absorber un photon 𝑘⃗ dans une onde, et faire une émission
stimulée d’un photon 𝑘⃗ dans une autre onde. Aucune énergie n’est prise à l’onde lumineuse
dans un tel processus, qui constitue une redistribution de photons entre les différentes
composantes de cette onde. En revanche, l’impulsion de l’atome est changée par ℏ 𝑘⃗ − 𝑘⃗ .

Ce processus de redistribution est à l’origine de la force réactive proportionnelle à


𝛼⃗ 𝑅⃗ qui apparaît dans l’Eq. (1.19). Cette force, également appelée force dipolaire, s’écrit
d’une manière plus explicite :

ℏ𝛿 𝛻⃗ 𝑠 𝑅⃗
𝐹⃗ 𝑅⃗ = − , (1.23)
2 1 + 𝑠 𝑅⃗

et elle dérive donc du potentiel dipolaire :

ℏ𝛿
𝑈 𝑅⃗ = ln 1 + 𝑠 𝑅⃗ . (1.24)
2

Selon le signe du désaccord 𝛿, ce potentiel attire ou repousse les atomes des régions de haute
intensité lumineuse (Figure 1.4). Avec un faisceau désaccordé sur le rouge de la transition
atomique (𝛿 < 0), on peut réaliser un piège au foyer d’un faisceau lumineux. Avec un
faisceau désaccordé sur le bleu au contraire formant une nappe de lumière, on peut réaliser un
miroir `a atomes. Nous reviendrons sur ces dispositifs lors de l’´etude du piégeage atomique.

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Figure 1.4. Utilisation du potentiel dipolaire pour réaliser un piège atomique au foyer d’un
faisceau laser (𝜔 < 𝜔 ), et un miroir `a atomes (𝜔 > 𝜔 ) grâce à une onde évanescente.

Pour un désaccord 𝛿 grand devant la largeur naturelle Γ, et pour une lumière non
saturante (𝑠 ≪ 0), l’expression du potentiel dipolaire se simplifie pour donner :

ℏΩ
𝑈 𝑅⃗ = . (1.25)
2𝛿

Cette forme particulièrement simple montre bien l’intérêt de ce potentiel. Si on augmente


simultanément la puissance lumineuse 𝑃 (proportionnelle à Ω ) et le désaccord 𝛿, on peut
atteindre une situation où le taux d’émission spontanée, proportionnel à 𝑃/𝛿 , est très faible,
alors que le puits ou la barrière de potentiel dipolaire, proportionnel `a 𝐼/𝛿, garde une valeur
constante. On réalise alors véritablement un potentiel non dissipatif et non chauffant. En
pratique, les puits et les barrières de potentiel qu’on peut obtenir dans ces conditions ont une
profondeur ou une hauteur qui peut atteindre quelques millikelvins.

1.3. Refroidissement des atomes

Ralentir des atomes, c’est diminuer leur vitesse moyenne. L’utilisation de la lumière,
via sa force de pression de radiation 𝐹⃗ , permet également de les refroidir, c’est-à-dire de
diminuer leur agitation thermique, ce qui revient à diminuer les fluctuations de la vitesse
autour de la vitesse moyenne. De tels refroidissements d’atomes ont commencé à être réalisés
vers 1985. L’obtention d’atomes ultra-froids met en jeu plusieurs mécanismes de
refroidissement, et les recherches se poursuivent pour en découvrir d’autres.

1.3.1. Refroidissement laser des atomes (Doppler)

Disposant de l’expression de la force de pression de radiation vue au chapitre


précédent, nous pouvons aborder la description du mécanisme de refroidissement le plus

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simple : le refroidissement laser ou Doppler. Ce processus a été suggéré en 1975 par Hänsch
et Schawlow.

Figure 1.5. Refroidissement Doppler à une dimension : un atome en mouvement le long de


l’axe (𝑥𝑥′) est éclairé par deux ondes identiques, de faible intensité, et de fréquence (𝜔 <
𝜔 ). La force radiative agissant sur l’atome est opposée à la vitesse atomique et joue le rôle
d’un frottement visqueux (mélasse optique).

a) Principe de refroidissement Laser

Le principe de refroidissement laser est fondé sur l’effet Doppler. On éclaire un atome
par deux ondes planes progressives de faible intensité, se propageant en sens contraire
(vecteurs d’onde ±𝑘⃗ ) le long d’un axe (𝑥𝑥′) (Figure 1.5). Pour simplifier, on suppose que
l’atome se déplace également le long de cet axe. Si l’intensité des ondes est suffisamment
faible, on peut obtenir la force totale agissant sur l’atome en additionnant indépendamment les
forces de pression de radiation 𝐹± créées par chacune des ondes (Figure 1.6), si elle agissait
seule. Le critère intuitif pour cette approximation, est que chaque onde ne sature que très
faiblement la transition atomique, quelle que soit la vitesse de l’atome : Ω ≪ Γ, o`u Ω est la
fréquence de Rabi associée à chaque onde progressive.

Figure 1.6. Courbe continue est la somme des deux forces de pression de radiation agissant
sur un atome en mouvement dans une mélasse optique, en fonction de la vitesse atomique.
Les courbes pointillées sont les forces créées par chacune des deux onde planes progressives.
Le désaccord est 𝛿 = −𝛤/2.

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Les forces 𝐹± s’´écrivent dans cette approximation (courbes pointillées sur la Figure
1.6) :

ℏ𝑘 Γ
𝐹± (𝑉) = ± 𝑠 (𝑉), (1.26)
2 ±

avec :

Ω ⁄2
𝑠± (𝑉) = . (1.27)
(𝛿 ± 𝑘 𝑉) + Γ ⁄4

Et la force totale agissant sur l’atome vaut (la courbe continue sur la Figure 1.6) :

ℏ𝑘 Γ
𝐹(𝑉) = 𝑠 (𝑉) − 𝑠 (𝑉) . (1.28)
2

Supposons maintenant que la vitesse atomique soit suffisamment faible pour que le
déplacement Doppler 𝑘 𝑉 soit petit devant la largeur Γ de la résonance atomique. On peut
alors linéariser l’expression précédente pour obtenir :

𝐹(𝑉) = −𝑚𝛾𝑉, (1.30)

avec :

ℏ𝑘 −2𝛿Γ Ω ⁄2
𝛾= 𝑠 , 𝑠 = , (1.31)
𝑚 𝛿 + Γ ⁄4 𝛿 + Γ ⁄4

où 𝛾 est le coefficient de friction. On obtient donc une force de friction si on choisit un


désaccord négatif, c’est-à-dire (𝜔 < 𝜔 ). L’interprétation de cette force de frottement
visqueux est simple. Pour un atome au repos, les deux pressions de radiation ℏ𝑘 Γ 𝑠 ⁄2
s’équilibrent et l’atome ne ressent aucune force moyenne. Pour un atome en mouvement lent,
l’onde venant à sa rencontre est “vue” avec une fréquence 𝜔 + 𝑘 𝑉, rapprochée de
résonance. Au contraire, l’onde allant dans le mˆeme sens que l’atome a une fr´equence
apparente 𝜔 − 𝑘 𝑉 éloignée de résonance par rapport à 𝜔 . L’équilibre entre les deux forces
de pression de radiation est donc rompu, au profit de l’onde se propageant en sens contraire à
l’atome.

Le temps typique d’amortissement de la vitesse atomique se déduit de l’´equation


fondamentale de la dynamique 𝑚𝑉̇ = −𝑚𝛾𝑉, soit 𝑉(𝑡) = 𝑉(0)exp(−𝑡/𝜏 ) avec :

𝑚 1 𝛿 + Γ ⁄4
𝜏= . (1.32)
ℏ𝑘 𝑠 2|𝛿|Γ

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Ce temps est d’autant plus court que les intensités des ondes est grande. Notons néanmoins
qu’il faut maintenir 𝑠 ≪ 1 pour que l’addition des deux pressions de radiation soit valable.
Ce temps est court, ce qui signifie que l’atome est véritablement englué dans ce bain visqueux
de photons, qu’on appelle une « mélasse optique ». La force de friction Doppler est à la base
de très nombreuses expériences, même si on sait depuis 1988 que ce n’est pas le seul
mécanisme de refroidissement qui prend place dans les mélasses optiques :

 A une ou deux dimensions (1D ou 2D), une des applications majeures du refroidissement
Doppler est la collimation de jets atomiques (Figure 1.7). Elle s’obtient en disposant une
ou deux paires d’ondes perpendiculaires à la direction du jet d’atomes. Ceci refroidit les
vitesses transversales et augmente considérablement le flux d’atomes sur l’axe du jet.

Figure 1.7. Collimation d’un jet atomique par refroidissement des vitesses transversales. Le
gain en brillance sur l’axe peut atteindre en pratique deux ordres de grandeur.

 A 3D, les mélasses optiques sont un outil incontournable pour refroidir une assemblée
atomique avant de la piéger ou de l’envoyer dans une fontaine atomique. Le
refroidissement Doppler joue un rôle essentiel dans ces mélasses pour capturer et
refroidir les atomes de vitesse relativement importante 𝑘𝑉 ∼ 𝛤.

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b) Limite du refroidissement Doppler

Pour déterminer la limite du refroidissement Doppler et préciser les paramètres


expérimentaux conduisant à la température minimale, il suffit d’appliquer le traitement
habituel du mouvement brownien, qui prouve que la moyenne du carré de l’impulsion d’un
atome obéit `a l’équation :

𝑑𝑃
= −2𝛾𝑃 + 2𝐷 , (1.33)
𝑑𝑡

où 𝐷 est le coefficient de diffusion. L’expression générale du coefficient de diffusion est


donnée par

 Mélasse 1D : 𝐷 = ℏ 𝑘 Γ𝑠 . (1.34)
 Mélasse 3D : 𝐷 = 3ℏ 𝑘 Γ𝑠 . (1.35)

La compétition entre le terme de refroidissement Doppler et le chauffage lié aux fluctuations


des forces radiatives conduit à l’énergie cinétique moyenne à l’équilibre :

 𝑃 𝐷
= . (1.36)
2𝑚 .
2𝑚𝛾

On peut associer une température à cette énergie d’´equilibre en définissant par analogie avec
la distribution de Maxwell-Boltzmann, 𝑃 ⁄2𝑚 = 3𝑘 𝑇⁄2. On trouve alors :

𝐷 ℏΓ 2|𝛿| Γ
𝑘 𝑇= = + , (1.37)
3𝑚𝛾 4 Γ 2|𝛿|

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où on a utilisé les Eqs. (1.30), (1.31) et (1.35) des coefficients de friction et de diffusion. Cette
température est indépendante de la puissance des ondes lumineuses. En effet, le coefficient de
diffusion et le coefficient de friction sont tous deux proportionnels à l’intensité lumineuse.

La température minimale que l’on peut obtenir par refroidissement Doppler est
obtenue pour 𝛿 = −Γ⁄2 et elle vaut :

ℏΓ
𝑘 𝑇 = . (1.38)
2

A partir de cette température minimale, on peut vérifier la cohérence de l’approche théorique


que nous avons suivie. Nous sommes partis d’un développement de faible vitesse (𝑘 𝑉 ≪ Γ)
et nous arrivons à une vitesse quadratique moyenne 𝑉 = ℏΓ⁄𝑚. Une condition nécessaire
de cohérence est donc :

𝑘 𝑉 ℏ𝑘
= ≪ 1. (1.39)
Γ 𝑚Γ

1.3.2. Refroidissement Sisyphe

En fait, les expériences menées en 1987-1988 par Bill Phillips et son groupe ont
montré que les températures atteintes pouvaient être encore plus basses que la limite théorique
du refroidissement Doppler. De plus, la variation de 𝑇 avec le désaccord de l’onde lumineuse
ne correspondait pas du tout à ce qu’on attendait pour le refroidissement Doppler. La
température diminuait quand |𝛿| augmentait au delà de plusieurs Γ, alors que la température la
plus basse pour le refroidissement Doppler est attendue pour 𝛿 = −Γ⁄2. Le mécanisme de
refroidissement en jeu, qui fonctionne comme le refroidissement Doppler pour un désaccord
négatif (𝜔 < 𝜔 ), est clairement beaucoup plus efficace. Ce mécanisme de refroidissement
est appellée « refroidissement Sisyphe ».

a) Principe de refroidissement Sisyphe

Nous étudions ici le refroidissement Sisyphe d’un atome possédant deux sous-niveaux
Zeeman dans l’état fondamental par exemple 𝐽 = 1/2 . L’atome est plongé dans une onde
lumineuse présentant un fort gradient de polarisation. Cette onde excite de manière quasi-
résonnante la transition 𝐽 = 1/2 ⟷ 𝐽 = 3/2, les coefficients de Clebsh-Gordan associés à

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cette transition étant indiqués sur la Figure 1.8. Nous nous pla¸cons dans le r´egime de faible
saturation.

Figure 1.8. Transition 𝐽 = 1/2 ⟷ 𝐽 = 3/2 (à droite). Déplacements lumineux des deux
sous-niveaux Zeeman issus du niveaux fondamental g (à gauche).

La figure 1.8 nous indique trois idées :

 Première idée, celle des « déplacements lumineux » : l’expérience comme la théorie


montrent que le niveau d’énergie d’un atome soumis à une onde lumineuse dépend de
l’intensité, de la polarisation et de la fréquence de l’onde (ces déplacements d’énergie
résultent de l’interaction entre le dipôle électrique de l’atome et le champ
électromagnétique de l’onde). Dans un champ électromagnétique, l’énergie potentielle
(dite dipolaire) de l’atome varie donc selon sa position, en général.
 Deuxième idée : le niveau d’énergie fondamental, occupé au départ par un atome, n’est
d’ordinaire pas unique, mais est constitué de plusieurs sous-niveaux. En présence d’un
champ, ces sous-niveaux ont des énergies légèrement différentes. Par conséquent, le
paysage d’énergie potentielle dipolaire dépend du sous-niveau dans lequel se trouve
l’atome.
 Troisième idée : lorsque la lumière a une fréquence proche de la résonance (fréquence
correspondant à une transition vers un niveau supérieur), l’atome peut passer de l’un de

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ces sous-niveaux à un autre par un cycle absorption-émission d’un photon. C’est ce qu’on
appelle le pompage optique, prédit par Alfred Kastler dès 1949. Ce qui précède peut être
mis à profit pour ralentir l’atome dans un piège optique. Dans une mélasse optique,
l’énergie potentielle dipolaire a une allure de « tôle ondulée », car les faisceaux laser
opposés interfèrent et créent une onde stationnaire. Autrement dit, l’atome voit une
succession périodique de creux et de collines d’énergie potentielle dipolaire. Selon où il
se trouve et sa vitesse, l’atome va donc accélérer en se dirigeant vers un creux, ou ralentir
en gravissant une colline.

Or ce relief de creux et de collines dépend du sous-niveau dans lequel il se trouve.


Supposons que l’atome soit dans un sous-niveau donné et qu’il escalade une colline de
potentiel. Son énergie cinétique diminue jusqu’à ce qu’il parvienne au sommet de la colline.
Supposons qu’à ce moment, un cycle absorption-émission le fasse passer sur un autre sous-
niveau, pour lequel le relief d’énergie potentielle est décalé dans l’espace, de telle façon que
l’atome se retrouve dans un creux de ce nouveau potentiel. Après avoir atteint le sommet
d’une colline du premier potentiel, l’atome se voit obligé d’escalader une autre colline, liée au
deuxième potentiel. Si le processus se répète, l’atome est ralenti considérablement car il a
devant lui à chaque fois une colline à gravir qui lui fait perdre de l’énergie cinétique.

b) Limite du refroidissement Sisyphe

Le refroidissement Sisyphe s’arrête au moment où l’atome n’a plus assez d’énergie


pour escalader la colline suivante. L’atome se retrouve ainsi piégé au bas d’une vallée. L’effet
Sisyphe permet d’atteindre des températures environ cent fois plus basses que le

refroidissement Doppler : de l’ordre du microkelvin 10– 𝐾 .

ℏΩ ℏΓ
𝑘 𝑇 ≃ ≃ ≪ ℏΓ ⟹ 𝑇 ≪𝑇 . (1.40)
|𝛿| |𝛿|

Le refroidissement Sisyphe est plus efficace que le refroidissement Doppler, la


corrélation entre pompage optique (dissipatif) et forces dipôlaires conduisant à des
températures qui peuvent être deux ordres de grandeur plus basses que la limite Doppler
(Γ⁄𝛿 ≃ Ω⁄𝛿 ≃ 10 ). La température limite ne tend cependant pas vers 0 lorsque l’intensité
diminue. L’énergie minimale des atomes est l’énergie de recul encaissée par l’atome lors de
l’émission du dernier photon. La température correspondant à cette énergie minimale est :

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Refroidissement et piégeage des atomes

ℏ 𝑘
𝑘 𝑇 ≃ ≃ 1𝜇𝐾. (1.41)
2𝑚

Remarque :

Il est possible de refroidir encore plus les atomes (processus sub-recul) soit en utilisant
un processus de pompage cohérent qui les fait tomber dans un état noir incapable d’absorber
la lumière, soit en utilisant la méthode de refroidissement par évaporation.

1.4. Piégeage des atomes neutres

La lumière laser permet, on l’a vu, de ralentir et refroidir des atomes. En fait, il faut
aussi réussir à garder les atomes froids suffisamment longtemps au même endroit. Or le
ralentissement et le refroidissement, à eux seuls, ne remplissent pas cette fonction. En effet, la
force de friction subie par un atome dans une mélasse optique n’est qu’une force moyenne ; à
cause de ses fluctuations (dues aux absorptions et émissions successives de photons), chaque
atome effectue un mouvement erratique et finit par s’échapper de la mélasse optique au bout
de quelques secondes, durée souvent trop courte pour beaucoup d’expériences.

Pour allonger le temps de confinement des atomes, il a donc fallu inventer des
méthodes de piégeage.

1.4.1. Pièges magnétiques

Une idée, proposée en 1986 au Laboratoire Kastler Brossel, est d’ajouter à la mélasse
optique un champ magnétique inhomogène L’interaction des atomes alcalins avec un champ
magnétique inhomogène 𝐵⃗ s’écrit :

𝑉(𝑟⃗) = −𝜇⃗ ∙ 𝐵⃗ (𝑟⃗), (1.42)

où 𝜇⃗ est le dipôle magnétique de l’atome dans son état fondamental. Le piégeage magnétique
consiste à aligner au départ 𝜇⃗ et 𝐵⃗ (𝑟⃗), et à supposer que le moment magnétique garde ensuite
son orientation vis-à-vis du champ magnétique local lorsque l’atome bouge. On a donc
𝑉(𝑟⃗) = ±𝜇𝐵(𝑟⃗), où le signe (±) dépend de l’orientation choisie au départ. Si le signe (+) est
réalisé, les atomes vont s’accumuler au voisinage d’un minimum local du champ magnétique.
Si le signe (−) est réalisé, les atomes sont attirés vers les zones de grand champ magnétique
(Figure 1.9).

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Refroidissement et piégeage des atomes

Figure 1.9. Niveaux d’´energie d’une particule de spin 𝐽 = 1/2 au voisinage d’un minimum
de champ manétique. Le niveau |+  〉,
  « chercheur de champ faible », est confiné. Le niveau
 |− 〉, « chercheur de champ fort » est expulsé.

Un tel champ a pour effet de déplacer les niveaux d’énergie atomiques et, s’il est bien
choisi, permet de modifier l’absorption de photons laser par les atomes en fonction de leur
position. Plus précisément, on place de part et d’autre du centre de la mélasse deux bobines,
parcourues par des courants électriques de sens opposés. Ces bobines créent un gradient de
champ magnétique : le champ est nul au centre de la mélasse, son intensité croît lorsqu’on
s’écarte du centre, et les champs en deux points symétriques ont des sens opposés. Pour un
atome écarté du centre, un tel champ magnétique fait apparaître un déséquilibre entre les
pressions de radiation exercées par les faisceaux laser (ceux-ci étant convenablement
polarisés). Il en résulte une force de rappel qui ramène les atomes vers le centre de la mélasse
optique.

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Refroidissement et piégeage des atomes

Dans un piège magnétique, les atomes ne sont pas piégés dans le niveau d’´energie le
plus bas. Le sous-niveau Zeeman correspondant à 𝜇⃗ et 𝐵⃗ de sens opposé est toujours au
dessus du (ou des) sous-niveaux correspondant à 𝜇⃗ et 𝐵⃗ parallèles (Figure 1.9). Ceci signifie
qu’un piège magnétique n’est pas vraiment stable. Lors d’une collision entre deux atomes
piégés par exemple, un des moments magnétiques peut basculer, ce qui confère à la paire
d’atome entrant en collision une énergie cinétique de l’ordre de 𝜇𝐵.

1.4.2. Piège magnétique : magnéto-optique (MOT)

Le piège magnéto-optique fournit, en complément du refroidissement Doppler, un


moyen de confiner les atomes autour d’un point donné. Le seul ingrédient supplémentaire est
un gradient de champ magnétique, qui agit de manière différente sur le niveau fondamental et
sur le niveau excité de l’atome, et qui introduit une dépendance spatiale de la force de
pression de radiation. Ce principe a été mis en œuvre pour la première fois par Raab et al.
(1987)

Le principe de base du piège magnéto-optique est illustré sur la Figure 1.10, dans une
géométrie à une dimension (la généralisation à 3D ne pose pas de problème de principe). On
considère une transition entre un niveau fondamental de moment cinétique nul et un niveau
excité de moment cinétique 𝐽 = 1. Un gradient de champ magnétique lève la dégénérescence
entre les trois états Zeeman du niveau excité. Si on prend une polarisation circulaire pour
chacun des faisceaux composant la mélasse, on réalise la situation recherchée : pour un
désaccord négatif (celui nécessaire pour le refroidissement Doppler), un atome immobile en
𝑧 > 0 ressentira une force de pression de radiation plus grande de la part de l’onde venant de
la droite que de celle venant de la gauche : il sera donc rappelé vers le point central. De même
un atome en 𝑧 < 0 subira une force plus grande de la part de l’onde se propageant vers la
droite, et sera lui aussi rappelé vers le centre.

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Refroidissement et piégeage des atomes

Figure 2.9. Principe de base du piège magnéto-optique (version unidimensionnelle). Le force


de pression de radiation créée par chaque onde lumineuse dépend de la position en raison de
la présence d’un gradient de champ magnétique. La résultante des deux forces de pression de
radiation est une force de rappel vers l’origine.

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