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I

IN MEMORIAM

Je dédie ce travail à mes frères, amis, oncle et mon père que la nature m'a si ravi et en particulier à :

Mon regretté père NAMUNESHA CHISHUNGULUKA Olivier

Mon regretté oncle maternel SIMBEKO FIDEL Amisi

NAMUNESHA MWAYUMA Cynthia


II

DÉDICACE

A notre Dieu Tout Puissant, pour le plan merveilleux que tu as pour nous.

A notre défunt père NAMUNESHA CHISHUNGULUKA Oliver et notre mère SIMBEKO SIKUZANI
Suzanne qui ont conduit nos premiers pas à l'école.

A toute personnes éprises de paix pour notre cher pays la R. D. Congo

NAMUNESHA MWAYUMA Cynthia


III

REMERCIEMENTS

Au seuil de notre travail, qu'il nous soit permis d'exprimer nos sentiments de profonde gratitude à
toute personne qui, d'une manière ou d'une autre a contribué à sa réalisation.

Nous remercions tout d'abord notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ pour avoir comblé en nous les
grâce et courage nécessaires pour mener à bon escient nos études en droit.

De manière particulière, nos remerciements vont tout droit à ma Madame l'assistante NABINTU
CIGANGU Noëlla pour sa disponibilité, sa patience, sa compréhension et ses conseils à la fois riches et
constitutifs, qui nous ont été un grand secours.

De manière générale, nos sentiments de reconnaissance s’adressent au personnel de


l'Université de la Nouvelle Pâque et en particulier aux professeurs, chefs de travaux et
assistants de la faculté de droit à l'UNP.

Nos sentiments de gratitude sont exprimés à l'endroit de la famille NAMUNESHA et plus


particulièrement notre défunt père NAMUNESHA CHISHUNGULUKA Oliver et ma chère mère
SIMBEKO SIKUZANI Suzanne, aux frères et sœurs NAMUNESHA CHILABARHA Fabrice,
NAMUNESHA MULUMEODERWA Patient et NAMUNESHA CHISHUNGULUKA Kevin,
NAMUNESHA MUNGUAKONKWA Joyeux, NAMUNESHA MWINJA Merveille, MUGOLI
NAMUNESHA Marguerite, NAMUNESHA ZIHIRUKA Blessing et NAMUNESHA SIMBEKO
Exaucé.

A tous mes camarades compagnons de lutte, affables étudiants pour avoir enduré et lutté
ensemble durant notre mi- cursus académique.

Que tout ceux dont les noms ne sont pas repris ici se sentent remercies et trouvent nos
remerciements à travers ce travail.

NAMUNESHA MWAYUMA Cynthia


IV

SIGLES ET ABREVIATIONS

Al. : Alinéa

Art. : Article.

CPC : Code Pénal Congolais

DI : Dommages et Intérêts

MP : Ministère Public

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

OPJ : Officier de Police Judiciaire

RDC : République Démocratique du Congo

SP : Servitude Pénale

SPP : Servitude Pénale Principale

U.N.P : Université de la Nouvelle Pâque


1

INTRODUCTION GENERALE

I. Problématique

Au cours de la seconde moitié du 20ème siècle à travers le monde, il s’est développé une nouvelle
forme de criminalité à grande échelle, laquelle criminalité justifiée le plus souvent par des
intérêts d’ordre économique, social et politique. Il s’agit particulièrement des violences
sexuelles. Cette criminalité a embrassé plusieurs pays du monde et a poussé à ces derniers de
modifier leurs législations en matière pénale.1

Les violences sexuelles sont un terme qui englobe toutes formes de violence, physique ou
psychologique, qui se manifestent de façon sexuelle : l’agression, l’exploitation sexuelle, leurre
d’enfants, la prostitution juvénile, etc. peu importe la forme qu’elles prennent, les violences
sexuelles entrainent de lourdes conséquences, tant pour les victimes et leurs proches que pour la
société. Elles peuvent toucher les familles, les enfants et les adolescents de toutes les couches
sociales, ainsi que culturelles.2

En Afrique, cette situation occasionnée souvent par des conflits armés a frappé la population,
tout en faisant de nombreuses victimes parmi les civils, en violation totale de la convention de
Genève du 12 août 1949 : « …. Les femmes doivent faire l’objet d’un respect particulier et
seront protégées, notamment contre le viol, la prostitution et toute autre forme d’attentat à la
pudeur ».

En République Démocratique du Congo, le décret du 27 juin 1960 et l’ordonnance-loi n° 78-015


du 04 juillet 1978 du code pénal congolais à son article 170 tel que modifié, à ce jour réprime
l’infraction de viol exercé à l’endroits des femmes et punit d’une servitude de cinq à vingt ans,
quiconque aura commis un viol, soit à l’aide des violences ou menaces graves, soit par ruse.

La législation congolaise définit le viol comme étant :

« La conjonction sexuelle que l’homme peut imposer à la femme par la violence. Autrement dit,
l’acte par lequel une personne du sexe masculin a des relations sexuelles avec une personne de
sexe féminin contre le gré de celle-ci, soit que le défaut de consentement qui résulte de la

1
L’exposé de motif de la loi n° 06/018 du 20 Juillet 2006, modifiant et complétant le Décret du 30 Janvier 1940
portant Code Pénal congolais, 47ème année, Journal Officiel de la RDC, Première partie, N° 15
2
https:/ marie –vincent.Org/cause/.
2

violence physique ou morale, soit qu’il résulte de tout autre moyen de contrainte ou de
surprise. »3

Cette définition limite le viol à l’introduction de l’organe génital de l’homme dans les parties
génitales de la femme et l’on ne peut parler de viol en l’absence de coït, évacuant de la sorte du
champ juridique les cas de viols avec usage d’objets matériels.

En effet, la législation congolaise, établit une hiérarchie du viol et distingue le viol de l’attentat à
la pudeur. Ainsi, le fait d’introduire dans le vagin d’une femme, malgré sa résistance, le doigt,
un bâton, ou tout autre objet ; mais aussi de déchirer l’hymen ou de déflorer une vierge par
d’autres moyens que l’introduction du membre viril, peuvent être poursuivis soit comme
outrage public, soit comme attentat à la pudeur. Il en est de même pour les actes
d’homosexualité.4

Les guerres de 1996 et 1998 dans notre pays n’ont fait qu’empirer la situation économique déjà
déplorable et provoquer des milliers de victimes dont les plus exposées et visées sont
cruellement frappées par les crimes de toutes catégories. Ces victimes ont été atteintes dans leur
dignité, dans leur intégrité physique et morale, mais aussi, dans leur vie.5

Les rebelles burundais des forces pour la défense de la démocratie (FDD), les rebelles de FDLR
(Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) et du Front National pour la Libération
(FNL), ainsi que d’autres forces négatives ont commis et continuent à commettre des exactions
qui portent atteintes aux droits fondamentaux des femmes dans le cadre des conflits armés ; actes
qui sont contraires aux principes fondamentaux du droit international relatif aux droits humains
et du droit international humanitaire.

Ces différents combattants ont utilisé et utilisent encore les violences sexuelles comme une arme
de guerre, destinée à terroriser, humilier, fragiliser et assassiner les femmes et les jeunes filles du
camp adverse. C’est ainsi que, pour atteindre leur dessein funeste, ils n'ont pas hésité à violer
collectivement des femmes et des jeunes filles et les enlever, dans le but de faire d'elles les
esclaves sexuelles pendant de longues périodes. Certaines ont été mutilées ou grièvement
blessées par des objets tranchants introduits dans leurs vagins, d'autres encore ont été tuées pour
la simple raison qu'elles se sont défendues lors de l'agression.
3
Likulia, Bolongo, Droit pénal spécial zaïrois, T1, 2ème éd. Paris, Librairie générale de droit et de jurisprudence,
1985, p. 328 et SV. 65.
4
Idem p 66.
5
Ibidem
3

Ces actes ignobles posés sur les femmes et les jeunes filles de l'Est de la République
Démocratique du Congo ne se sont pas passés sans conséquence. En effet, de nombreuses
femmes ont été traumatisées, d'autres se sont retrouvées enceintes suite aux viols répétées sur
leurs personnes, d’autres encore ont attrapé des maladies sexuellement transmissibles.
Nombreuses victimes ont subi d’énormes blessures au niveau de leurs appareils génitaux, qui y
ont provoqué des destructions pure et simple. Plusieurs d’entre elles ont été rejetées par les
membres de leurs familles et par leur communauté, suite à cette humiliation et de lourdes
conséquences qui en résultent. Ces traitements inhumains et dégradants constitutif de crime de
guerre à l'encontre des femmes et des jeunes filles, sont malheureusement restés par fois impunis
dans la majorité des cas, et ce, malgré l'existence d'un arsenal juridique national voire
international.

A Bukavu, 20 cas des viols et violences sexuelles ont été enregistrés dans les trois communes
entre mars et mai 2019, plus précisément au quartier NKAFU à Kadutu, CIKONYI à Bagira et
Panzi à Ibanda. Les victimes sont souvent des jeunes filles et femmes qui sont agressées par des
bandits, pourtant à la recherche de la survie de leurs ménages et d’autres à la quête de l’eau
potable. 6

Se basant sur le principe selon lequel nul ne peut être poursuivi pour un fait qui ne constitue pas
l’infraction au moment de la commission, et ayant réalisé que le Code Pénal Congolais présente
des limites par rapport à ce dynamisme de crimes liés aux viols et violences sexuelles et pour
prévenir et réprimer sévèrement ces crimes (infractions) ainsi que d’assurer une prise en charge
systématique des victimes, il s’est avéré impérieux de revisiter certaines dispositions du Code
Pénal Congolais.7

Ces différentes modifications du Code Pénal contribuent au redressement de la moralité


publique, de l’ordre public et de la sécurité du pays. Par rapport au Code Pénal, les
modifications portent principalement sur les articles relatifs aux infractions de viol et
d’attentant à la pudeur. Ces dispositions érigent en infractions, différentes formes de violences
sexuelles, jadis non incriminées dans le Code pénal et consacre la définition du viol
conformément aux normes internationales applicables en la matière.

6
Cikuru, K., Justice et Droits humains, Projet « communes sans viols », Médecin du Monde et mouvements
associatifs, 2019.
7
Exposé de motif de la loi portant modifications du Code Pénal Congolais, OPt-Cit.
4

Face à cette situation de recrudescence des actes de viol et violences sexuelles commis à l’Est
de la RDC et particulièrement dans la ville de Bukavu, il y a lieu de s’interroger sur l’effectivité et
l’efficacité de l’applicabilité de cette loi sur le terrain. Pour y arriver et tout au long de cette
recherche scientifique, des questions ci-après nous serviront de guide :

1. Les dispositions de la loi N° 06/018 du 20 Juillet 2006 modifiant et complétant le Code


pénal congolais sont-elles suffisantes pour résoudre le problème de la criminalité des
viols et violences sexuelles dans la Ville de Bukavu ?
2. Quel serait le taux d’applicabilité de cette loi dans les juridictions de la ville de Bukavu ?
3. Qu’est ce qui expliquerait l’inefficacité et ineffectivité de ladite loi dans l’arsenal
juridique congolais au niveau de la ville de Bukavu ?
II. Hypothèses

Selon Madeleine GRAWITZ, l’hypothèse est une proposition de réponses aux questions posées
dans la problématique.8

C’est à partir de cette définition que nous proposons provisoirement les hypothèses suivantes aux
questions posées dans la problématique :

- Les dispositions de cette loi ci-haut ne seraient pas suffisantes pour résoudre ce
problème, car malgré son existence, il continue à s’observer ;
- Le taux d’applicabilité ou la sanction prévue serait encore faible et non effective pour
produire des effets escomptés ;
- L’inaccessibilité à des instances judiciaires par certaines victimes de violences et la
légèreté observée dans le chef du personnel judiciaire, ainsi que la stigmatisation des
victimes expliqueraient l’inefficacité et l’ineffectivité dans la répression des crimes de
viols et violences sexuelles.

III. Objectifs de la recherche


- Objectif global
L’objectif global de ce travail est de démontrer l’impact de la loi relative aux viols et violences
sexuelles dans la répression de ces crimes en RDC.

8
GRAWITZ, M (1991-2001) méthodes des sciences sociales, Paris 6ème éd., Dalloz, 1984, p.408
5

- Objectifs spécifiques
Nos objectifs spécifiques sont les suivant :

 Analyser les faiblesses que présentent cette loi en rapport avec la répression des crimes
de viols et violences sexuelles dans son applicabilité par les cours et tribunaux de la ville
de Bukavu ;
 Déterminer le taux et les conditions d’applicabilité de ladite loi par les Cours et tribunaux
par rapport à la gravité de criminalité observées dans la ville ;
 Relever l’intervention à mettre en œuvre pour l’amélioration des stratégies utilisées par
les cours et tribunaux dans la répression des viols et violences sexuelles.

IV. ETAT DE LA QUESTION


Beaucoup de travaux similaires à notre thématique de recherche ont déjà été faits. Nous avons eu
l’occasion de consulter certains d’entre eux qui nous ont le plus séduit, notamment :

1. Monsieur AGANZE MUSHALIRWA Destin dans son travail intitulé : « de l’application


de l’article 170 de la loi N°06/018 du 20 Juillet 2006 relative aux violences sexuelles en
RDC : Analyse jurisprudentielle », l’auteur s’est limité à analyser profondément deux
aspects : le cas où les femmes peuvent violer les hommes et le cas de viols perpétrés par
l’introduction de tout objet quelconque dans tout orifice du corps. Ce travail nous a
intéressés, car il aborde beaucoup d’aspect contenu dans la loi du 20 Juillet 2006, relative
aux viols et violences sexuelles.

2. Madame Solange NABINTU dans son travail désigné sous l’appellation : « la preuve dans la
répression des violences sexuelles : analyse des jugements rendus au Tribunal de Grande
Instance de Bukavu de 2009-2011 ». Celle-ci a voulu orienter ses analyses sur les
éléments auxquels se fonde le juge pour acquitter ou condamner l’auteur en matière de
viol et violences sexuelle. Cette étude nous a été très intéressante dans la mesure où elle
cherche à avoir une idée sur le comportement du juge dans la qualification des infractions
réprimées par la loi que nous examinons.

3. Madame BAHIZIRE Francine Esther a effectué des recherches sur « l’impact des
instruments juridiques de lutte contre les violences sexuelles : cas spécifique de la loi
n°06/018 du 20 Juillet 2006 ». L’auteur a analysé les instruments juridiques de lutte
contre les viols et violences sexuelles. Il a effectué une analyse comparative entre le Code
6

Pénal congolais, avant sa révision et la loi sous examen. Cette recherche nous semble
utile dans la mesure où, elle a abordé profondément des innovations apportées par la loi
relative aux viols et violences sexuelles.

Loin de s’écarter ou se rapprocher complétement de nos prédécesseurs, notre travail trouve son
originalité sur le fait que, au-delà d’examiner les dispositions de la loi, il étudie son impact dans
l’applicabilité. L’on doit d’abord se rassurer réellement si la plut part de cas de viols commis
dans la ville de Bukavu arrive aux instances judiciaires et que ces différentes innovations
retenues dans ladite loi sont appliquées convenablement par les juges. A cela, l’on doit descendre
d’abord dans des maisons et/ou institutions qui documentent des viols et violences sexuelles
commis dans la ville, pour voir si ces cas ont été documentés et transférés devant les instances
judiciaires. Il sera aussi pour nous question de savoir quelles sont les stratégies mises en place
par les juridictions de Bukavu pour accéder à des cas de viols et violences sexuelles commis dans
cette entité.

Il sera aussi question pour nous d’analyser les faiblesses que présentent cette loi en rapport avec
la répression des crimes de viols et violences sexuelles dans son applicabilité par les cours et
tribunaux de la ville de Bukavu et déterminer le taux et les conditions d’applicabilité de ladite
loi par les Cours et tribunaux par rapport à la gravité de criminalité observée dans la ville.

V. CHOIX ET INTERET DU SUJET


a. Choix du sujet
Le choix que nous avons porté à ce sujet se justifie par notre attachement à la dynamique de la
lutte contre les viols et violences sexuelles faites aux femmes et aux filles, en vue de
l’amélioration de leur bien-être social et économique. Les viols et violences sexuelles sont
parmi les maux qui rongent la population mondiale en général et congolaise en particulier. En
notre qualité juriste en formation, ce phénomène social a attiré notre particulière attention. C’est
pour cela que nous avons jugé utile d’orienter notre recherche sous cet angle, afin d’apporter de
la lumière à cette pathologie sociale qui ronge la société. Le présent travail présente un triple
intérêt notamment du point de vue personnel, social et scientifique :

- Du point de vue personnel


Il est lié à notre formation à la faculté de Droit. Ce travail nous permet de palper du doigt le rôle
grandiose joué par la justice congolaise dans la lutte contre les viols et violences sexuelles en
RDC et relever les différentes stratégies qu’elle met en place en vue de se rapprocher davantage
de la population touchée par ce fléau. En plus, nous essayerons de proposer quelques pistes de
7

solutions qui contribueront à améliorer et renforcer les dites stratégies d’interventions afin de
mettre fin à ces pratiques barbares qui gangrènent notre pays.
- Du point de vue social

Sur le plan social, cette recherche vise à amener l’Etat congolais à accorder une attention
particulière à la population victime des viols et violences sexuelles, car cette dernière a tellement
besoin d’être assistée et à améliorer la prise en charge juridique des viols et violences sexuelles.

- Du point de vue scientifique

Cette recherche se veut être une étude scientifique dans la mesure où elle nous permet d’enrichir
une fois de plus nos connaissances et se propose aussi de fournir des données à d’autres
chercheurs ou personnes désirant traiter et approfondir ce sujet si préoccupant.

IV. METHODE ET TECHNIQUES


1. Méthodes

La méthode est l’ensemble des règles et principes qui organisent les mouvements de
connaissance, c’est-à-dire les endroits entre objet de la recherche et le chercheur, entre
informations concrètes rassemblées à l’aide des techniques et le niveau de la théorie et des
concepts.9

Pour nous permettre d’atteindre les objectifs fixés dans ce travail, tout au long de notre recherche
nous aurons à utiliser la méthode analytique. Celle-ci nous permettra d’analyser les situations
des cas des viols et les textes et/ou instruments juridiques à notre possession, en vue de
déterminer l’efficacité et l’effectivité des dispositions de la loi sous examen.

2. Techniques

Au cours notre travail de recherche, nous nous servirons des plusieurs techniques, notamment :

- Technique de documentation : celle-ci nous aidera à parcourir la littérature en vue de


voir ce que nos prédécesseurs ont écrit dans les différents ouvrages à propos de ce sujet
qui est le nôtre ;
- Elle permettra également l’exploitation des jugements issus des cas de viol et violences
sexuelles à Bukavu ;

9
Prof. BAKENGA SHAFALI, syllabus d’initiation à la recherche scientifique, G1, FSEG, UOB,2011-2012, p 25-26
8

- La technique d’interview, qui nous permettra d’avoir des informations provenant des
personnes que nous aurons à interviewer.

V. DELIMITATION DU SUJET

Cette étude se limite dans le temps et dans l’espace

- Limitation dans le temps

La période allant de 2015 en Septembre 2021 a été jugée utile pour apprécier l’effectivité et/ou
l’impact de la répression des viols et violences sexuelles par les Cours et Tribunaux de l’est de la
République Démocratique du Congo en générale et de la ville de Bukavu en particulier. Ceci se
justifie par le fait que, depuis son élaboration en 2006 jusqu’en 2021, cette période suffise pour
remarquer l’impact de ladite loi sur le terrain ; et les données récentes peuvent être trouvées
facilement.

- La délimitation dans l’espace

Notre étude couvre l’étendue de la ville de Bukavu, précisément le Tribunal de Grande Instance
de Bukavu et d’autres lieux de prise en charge des cas de viols et violences sexuelles

VI. Subdivision du travail

Hormis l’introduction et la conclusion, deux chapitres seront exploités au cours de la présente


étude pour atteindre objectifs assignés.

Le chapitre premier porte sur généralités sur les viols et violences sexuelles et le second chapitre
traite de l’efficacité et effectivité de la répression des infractions des viols et violences sexuelles.
9

CHAP : I GENERALITES SUR LES VIOLS ET VIOLENCES SEXUELLES

Dans ce chapitre, il sera question d’abord d’avoir une compréhension sur les différentes formes
des violences et leurs conséquences (1.1), ensuite, nous allons définir certains concepts qui
cadrent avec notre sujet de recherche (1.2) et enfin, nous présenterons d’une manière synthétique
le sort de victimes de viols et violences sexuelles, c’est-à-dire la prise en charge de celles-ci(1.3).

I.1. Différentes formes de violences et leurs conséquences

Dans ce premier point de notre travail, nous présentons quelques formes de violences et leurs
conséquences sur la vie humaine.

A. FORME DES VIOLENCES

Dans la mesure où les formes de violences sont une question d’actualité, il nous sera difficile de
les présenter de manière exhaustive. C’est ainsi que nous analysons quelles-unes, à savoir les
violences basées sur le genre, les violences sexuelles, les violences psychologiques, les violences
économiques, viol, etc. qui nous permettrons d’avoir une idée d’ensemble sur cette notion.

a. Violences basées sur le genre

Pour Eliane Vogel : « le mot genre renvoi à la construction et à la répartition des rôles sociaux
attribués à chaque sexe dans une société et à une époque donnée. Ces rôles varient d’un pays à
l’autre selon l’âge, la culture la classe sociale, etc. ». 10Ceci dit, la notion du genre est variable
suivant les circonstances de temps et de lieu. C’est en cela qu’il est une construction sociale. Ces
rôles attribués aux hommes et aux femmes dans les communautés selon les époques font partie
intégrante des mentalités et cultures. Ils sont véhiculés par différentes institutions dont
notamment la famille, l’église etc. va-t-il ajouté.

10
POLSKY, E. V. Centre et droit, les enjeux de la parité. Cahier du groupe d’étude sur la division sociale et sexuelle
du travail, N° 17, 11-31, 1996.
10

Il ressort de ce qui précède que, les femmes subissent les violences basées sur le genre, chaque
fois en raison des inégalités de pouvoir entre les hommes et les femmes, dans un contexte de
domination masculine, elles se voient refuser l’accès à certains avantages et/ou opportunités.

b. Violence sexuelles ;
Les violences sexuelles constituent une autre forme de violences et sont généralement commises
contre les femmes et les filles. Elles peuvent être perçues comme un frein à la participation des
femmes au développement équilibré dans la société et dans le processus de la construction de
paix.11 La violence sexuelle est un terme qui englobe toutes les formes des violences, physiques
ou psychologiques, qui se manifestent de façon sexuelle, prostitution juvénile ou proxénétisme,
agression sexuelle, et fait perdre à la femme l’intérêt de participer à la prospérité des sociétés
étant donné les traumatismes qu’elle engendre. C’est ainsi qu’il est admis que, l’Etat pour
promouvoir la protection de la femme, doit prendre des mesures nécessaires pour éradiquer
toute forme des violences sexuelles que la femme subit et qui impactent négativement son
intégrité physique, ainsi que la sécurité de sa personne.12

Il est à noter que, peu importe la forme qu’elle prend, la violence sexuelle entraine de lourdes
conséquences, tant pour les victimes et leurs proches que pour la société. La violence sexuelle
peut toucher toutes les familles, les enfants et les adolescent(e)s toutes les classes sociales et de
toutes les cultures. C’est ainsi que dans le cadre de notre recherche, nous pouvons considérer
comme violence sexuelle, tout acte lié à la sexualité et réalisé sans le consentement de la
personne concernée/victime.

c. Violences psychologiques
Les violences psychologiques consistent dans le fait d’imposer une domination pour avoir l’autre
à sa disposition et pour l’instrumentaliser, lui faire jouer tous les rôles. La domination passe par
le rapport de force, par la manipulation, par l’intimidation, la menace, la terreur qui peut être
obtenue par un simple regard de « tueur » ou de « fou », mais aussi par la sidération obtenue par
des comportements hors normes, incompréhensibles, incohérents, etc. 13 les violences
psychologiques sont une variable entreprise de démolition identitaire utilisée pour conditionner

11
EGILI, I. Evolution de la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes au sein de l’administration
publique : cas de l’administration fédérale suisse. Politiques et management, vol 28, n 2, 2011
12
REBECCA, M. Impact du genre sur le développement de la RDC, Mémoire, Université Catholique de Bukavu :
inédit, 2020-2021, p 14
13
MEDIA, M. Violences et terrorisme : approche psycho-sociale. Journal des psychologues, vol 9, n 381, 2020
11

les victimes de façon qu’elles se ressentent comme inférieures, incapables, incompétentes,


coupables, n’ayant aucune valeur, réduites à une chose, pensant n’avoir aucun droit.14
D’après le Lexique des termes juridiques, les violences psychologiques sont, tout acte qui, en
dehors de tout contact physique avec le corps de la victime, est de nature à provoquer un choc
émotif. Elles sont expressément prévues, aujourd’hui par le législateur, ce qui pourrait conduire à
incriminer tout acte provoquant une altération de la santé d’autrui. Ces formes particulières de
violences, lorsqu’elles sont exercées dans le cadre des couples (conjoints, concubins actuels ou
anciens) et qu’elles ont conduit à une altération de la santé physique ou mentale de celui qui en
est la victime, sont punissables sous la qualification d’harcèlement moral. Cela renvoie à une
répétition de propos ou comportements de nature diverse pouvant agir sur le psychique de
l’individu et qui ont pour effet, une dégradation des conditions de vie de celui qui les subit.15

d. Les violences physiques

Elles sont les plus identifiables, car souvent visibles. Elles consistent en des coups et blessures,
qui peuvent d’ailleurs aller jusqu’à la mort de la victime. Certaines violences physiques laissent
cependant peu de traces, comme les tentatives d’étouffement, de noyade, d’étranglement, etc.
Les violences physiques mettent en scène un rapport de force pour terroriser, détruire et faire
mal. Elles font régner un climat de grande insécurité, et peuvent être à l’origine d’un décès ou de
graves blessures susceptibles d’entrainer des séquelles.16

Les violences physiques s’affichent notamment sous forme :

- Des atteintes à l’intégrité corporelle : cracher au visage de quelqu’un, tirer ses cheveux, le
pousser, le bousculer, le secouer, taper sur quelqu’un, le donner des touches froides,
tenter de le noyer, de l’empoisonner, de l’étrangler, etc. ;
- Des blessures corporelles telles que des morsures, des coupures, des entrailles, des
fractures, des lacérations, des brûlures, des plaies par armes blanches ou à feu ;
- Des séquestrations et des contentions ;
- Des violences physiques contre des objets, avec des destructions d’objets corporels, de
papiers personnels importants, des confiscations d’objets ou de papiers ;
- Des violences alimentaires avec forçages, des violences autour de soins corporels. 17
14
BIOURGE, C. Violences conjugales : la difficulté pour les victimes de pervers narcissiques de se faire reconnaitre.
Revue de psychologie sociale, vol. 2, n 13, 2016
15
GUICHARD, S. et al. Lexique des termes juridiques, Dalloz, 25ème édition 2017-2018
16
PETIT, B. L’intégrité physique de la personne. Paris : ellipses, 2015, P 32
17
KNAUER, D. Violences psychothérapeutes, vol.38, n 1-2, 2018
12

e. Les violences économiques

La violence économique se manifeste par des comportements et des actions qui empêchent une
personne d’accéder à sa liberté économique. Cette forme de violences peut être utilisée de façon
implicite ou explicite. Les violences économiques se manifestent à travers l’interdiction faite par
l’homme à sa femme de travailler à l’extérieur du foyer, le contrôle de son budget ou la saisie en
tout ou en partie de ses revenus ou papiers importants comme le passeport, la carte d’identité,
etc.18

De l’analyse de différentes formes de violences que nous venons d’étudier, il ressort que les
violences sexuelles englobent plusieurs formes de violences et ont des conséquences lourdes sur
la vie humaine. Raison pour laquelle, dans le cadre de notre travail, seule l’analyse des
conséquences de violences sexuelles nous intéressent le plus.

B. CONSEQUENCES DE VIOL ET VIOLES SEXUELLES

On considère souvent à tort que les violences sexuelles égales viols ? Le viol est une sorte des
violences sexuelles. Ces dernières peuvent prendre de nombreuses formes, allant du harcèlement
verbal à la pénétration forcée, pouvant mêler pression sociale, intimidations et force physique.
Leurs conséquences sont multiples, tant au niveau physique que psychologique, immédiates ou
sur le long terme, allant des crises d’angoisse aux tentatives de suicide, des maladies
sexuellement transmissibles aux grosses non désirées et bien d’autres effets négatifs. En dehors
de la victime, les violences sexuelles atteignent également des familles et les communautés
auxquelles ces victimes appartiennent.

Dans le cadre de notre recherche, nous allons exploiter les conséquences les conséquences liées à
la santé physique et de reproduction, les conséquences au niveau familial/société, les
conséquences psychologiques et les conséquences socio-économiques.

a. Les conséquences des violences sexuelles liées à la santé physique et reproductive

Quelles qu’en soient, les violences sexuelles entrainent des conséquences néfastes pour la
victime, notamment les stress, les douleurs, la fatigue chronique, la dépression, les tentatives de
suicide, les troubles anxieux, l’insomnie, les phobies, etc. En outre, le basculement vers un
comportement obsessionnel compulsif, la faible estime de soi, et autres comportements
18
REBECCA, Op Cit, p 17
13

entrainent des risques de tous genres constituent le lot quotidien des souffrances ressenties par
les femmes victimes des violences sexuelles. C’est ainsi que l’OMS fait des violences sexuelles
envers les femmes, un problème mondial de santé publique, d’ampleur épidémique ; qui appelle
une action urgente.19

Notons qu’il y a un lien de causalité entre la violence fondée sur le sexe et la grossesse chez les
adolescentes. Les médecins reconnaissent que les conséquences des mariages précoces sont
nombreuses. La jeune femme est assujettie à des grossesses précoces et rapprochées, car elle ne
peut pas contrôler sa fécondité. Les accouchements des adolescentes souvent difficiles vont
jusqu’à la césarienne et/ou à la mort. En outre, les infections sexuellement transmissibles (IST),
les fausses couches, l’insuffisance pondérale des nouveaux nés, la mortalité néonatale et la
mortalité maternelle sont également les conséquences visibles des violences faites aux femmes. 20

Chez la victime des conséquences comme suit : les leucorrhées, dyspareunie, asthénie,
aménorrhée sans grossesse, écoulement vaginal (sang), écoulement vaginal (urines ou selles),
douleur au bas ventre, lombalgie, descente de l’utérus (prolapsus utérin), avortement après viol,
céphalées, insomnies et cauchemar, irrégularité des règles, diverses blessures par coups de
machette ou bâtons, inflammation vulve, déchirure du vagin, peur et honte, la phobie des soldats,
dégoût sexuel etc.

En outre, l’on sait que le risque de transmission du VIH/SIDA lors de relations sexuelles forcées
et violentes, est beaucoup plus élevé que lors de relations sexuelles consentantes. Les blessures
génitales, y compris les déchirures et les écorchures des parois vaginales ou d’autres organes,
augmentent la probabilité de transmission si l’agresseur est séropositif. De plus, les sécrétions
vaginales de protection, normalement présentes dans des relations sexuelles consentantes, sont
absentes en cas de viol. Les filles qui n’ont pas encore atteint la puberté courent un risque élevé
de contamination par le VIH, dans la mesure où elles sont plus sujettes que les jeunes filles plus
âgées et les femmes adultes, à souffrir de blessures vaginales lors du viol.

Il ressort de ce qui précède que les viols ont plus de conséquences chez la femme/jeune fille que
chez l’homme. Chez l’homme, il semble être fréquent affecté au niveau mental que physique.

b. Les conséquences des violences sexuelles au niveau familial

19
CHAN, M. Rapport sur la violence à l’encontre des femmes. Genève : Publications de l’organisation Mondiale de
la Santé, 2013, P19
20
Idem p 20
14

Au plan familial, disons que les comportements violents tendent à se répéter d’une génération à
une autre et les enfants témoins de violence au foyer sont plus susceptibles d’être malades,
d’éprouver des difficultés sur le plan social et d’avoir un faible rendement scolaire. Ces adultes
de demain voient leur avenir remis en cause et se jettent dans la délinquance (drogue,
prostitution, vol, etc.).21

D’après le même auteur, sur la social, mentionnons qu’en ne mettant pas en profit le potentiel
des femmes et en ne leur permettant pas de participer aux projets de développement, la société se
prive de la contribution d’un grand nombre de ses membres, car l’efficience et l’efficacité de ces
projets et programmes de développement s’en trouvent réduites. En réduisant la participation de
la femme, la société perpétue l’inégalité, le manque d’équité, l’injustice et l’insécurité au sein
d’elle-même. Pourtant, tous les rapports de grandes institutions et la quatrième conférence
mondiale sur les femmes relève que le développement durable passe nécessairement une
meilleure qualité et condition de vie pour toutes les personnes sans égard à leur sexe, a-t-il
poursuivi.

c. Les conséquences psycho-sociales des viols et violences sexuelles

L’état de stress post-traumatique, ou syndrome psycho-traumatique, est décrit comme un trouble


psychique complexe associant notamment des symptômes anxieux et des perturbations de la
mémoire, organisé autour des symptômes de reviviscence du souvenir ou de la mémoire
traumatique. Il survient chez les individus confrontés à un ou plusieurs événements stressants
vécus comme particulièrement agressifs ou dangereux et impliquant le plus souvent une menace
vitale.22

Au même moment, Ann Burgess et Lynda Holmstrom de l’hôpital Boston City View, mettent en
évidence dans leur publication de 1974, « Rape trauma syndrome » , le 55 syndrome du
traumatisme du viol, décrivant les séquelles psychologiques et somatiques des victimes de
violences sexuelles, qui ressemblent en tous points à celles que présentent les anciens
combattants du Vietnam. À la suite des travaux de Burgess et Holmstrom, le fait que nombreux

21
REBECCA, Op Cit ? p 21
22
CROCQ, Louis, LOUVILLE, Patrice, DOUTHEAU, Carle, et al., « Psychiatrie de catastrophe. Réactions 57
immédiates et différées, troubles séculaires. Paniques et psychopathologie collective » in Encyclopédie Médico-
Chirurgicale Psychiatrie, Elsevier, Paris, 1998, 37-113-D-10. Cité par Dr MURIEL SALMON, Op-Cit, p 47
15

chercheurs publient sur le sujet et que l’influence des féministes aux États-Unis, contribuent à
faire progresser la reconnaissance des traumatismes causés par les violences sexuelles. 23

Il ressort de cette analyse, qu’à la suite d’un événement traumatique, l’apparition de symptômes
psycho-traumatiques transitoires est fréquemment constatée, mais l’évolution chronique vers un
syndrome psycho-traumatique est plus rare. Cependant, le risque de survenue d’un psycho-
traumatisme est plus élevé après certains types d’événements : le fait d’avoir subi une forme de
violence interpersonnelle augmente considérablement ce risque. Les études montrent ainsi que
deux tiers des victimes de viol, de tentatives de viol ou d’agression sexuelle, développent un état
de stress post-traumatique. Les violences sexuelles représentent la cause la plus fréquente d’état
de stress post-traumatique chez les femmes.

Il est aujourd’hui reconnu que les viols sont, avec la torture, les violences qui ont les
conséquences psycho-traumatiques les plus graves. Plus de 80% des victimes de viol
développent un état de stress post-traumatique chronique associé à des troubles dissociatifs. 24

d. Les conséquences économiques des viols et violences sexuelles


L’inégalité entre les sexes et la violence entravent les efforts de réduction de la pauvreté des
pays. Les femmes et les filles constituent la moitié du capital humain disponible pour réduire la
pauvreté et pour parvenir au développement. Pourtant les violences existent, sapent les droits
humains, la stabilité sociale et la sécurité, la santé publique, les opportunités d’éducation et
l’emploi des femmes, ainsi que le bien-être et les perspectives de développement des enfants et
des communautés, tout cela étant fondamental à la réalisation des objectifs de développement
durable.25

I.2. Définition des concepts clés


Pour bien aborder notre sujet de recherche, il est très important de définir certains concepts clés
qui cadrent avec celui-ci. Il s’agit de violence, violence sexuelle, effectivité, viol, infraction,
victime, auteur, efficacité.

a. Violence

23
BURGESS, Ann Wolbert, HOLMSTROM, Lynda Lytle, « Rape Trauma Syndrome »,
American Journal of 55 Psychiatry, September 1974, Vol. 131, p. 981-986. Cité dans le même
rapport de l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie Mars 2015
24
LOUVILLE, Patrice, SALMONA, Muriel, et al., « Clinique du psycho-traumatisme » in Santé Mentale, Mars 2013, n° 176, p. 30-33, p. 30.
25
REBECCA, Op Cit, 22
16

Pris dans son sens général, la violence est considérée comme une action directe destinée à
limiter, à blesser ou à détruire une personne ou ses biens. Il s’agit également d’un comportement
visant à causer des blessures aux personnes ou des dommages aux biens collectifs ou individuels.
En outre, il y a violence, quand dans une situation d’intervention, une ou plusieurs personnes
agissent de manière directe ou indirecte en portant atteinte à une personne ou plusieurs autres à
des degrés variables, soit dans leur intégrité morale, soit dans leur participation symbolique et
culturelle.26

En droit civil des obligations, le terme violence est tout fait de nature à inspirer la crainte
d’exposer sa personne, sa fortune ou celle de ses proches à un mal considérable, cause de nullité
du contrat quelle que soit la personne exerçant la menace, partie ou tiers. 27

En droit pénal, le mot « violence » est pris au pluriel et fait allusion à un terme générique qui,
désigne l’ensemble des infractions constituant une atteinte à l’intégrité des personnes. 28

De ce qui précède, nous pensons que la définition retenue par le droit pénal nous intéresse
beaucoup plus, car elle met en évidence plusieurs actes dirigés contre l’intégrité de la personne.
Ici l’intégrité de la personne est touchée dans son intégralité (physique, psychologique et
morale).

b. Violence sexuelle
Les violences sexuelles sont considérées comme les actes de violence de tout type subis par une
femme ou un homme contre son gré du fait de son sexe. La violence sexuelle est un terme qui
englobe toutes les formes des violences, physiques ou psychologiques, qui se manifestent de
façon sexuelle, viol, agression sexuelle, harcèlement sexuel, etc. Peu importe la forme qu’elle
prend, la violence sexuelle entraine de lourdes conséquences, tant pour les victimes et leurs
proches que pour la société. La violence sexuelle peut toucher toutes les familles, les enfants et
les adolescent(e)s toutes les classes sociales et de toutes les cultures.29
 Viol ;
Le Législateur congolais n’a pas donné une définition précise du viol. Il s’est borné à qualifier de
viol à l’aide de violences le seul fait du rapprochement charnel des sexes commis sur les
personnes désignées à l’article 167 du code pénal Congolais, bien attendu pour le cas d’attentant à
26
BONNET, F. Violences cojugales, genre et criminalisation : synthèse des débats américains. Revue française de
sociologie, vol. 15, n°1, 211-214
27
BANKAMWABO, S. Notes du cours de Droit civil des obligations, UOB, 2007-2008
28
PIERRET, A. Notes du cours de Droit Pénal Spécial, UOB, 2006-2007
29
HAAS, C.D. En finir avec les violences sexistes et sexuelles, Paris : Lafont, GALLIMARD de Montréal, 2018
17

la pudeur. C’est ainsi qu’à défaut d’une définition précise, le jurisprudence appuyée par la doctrine
a défini le viol comme étant l’acte par lequel une personne de sexe masculin a des relations
sexuelles avec une personne du sexe opposé c’est-à-dire du sexe féminin contre le gré de celle-ci,
soit que le défaut de consentement résulte de la violence physique ou morale, soit qu’il résulte de
tout autre moyen de contrainte ou de surprise.30
 Agression sexuelle
L’agression sexuelle est un acte ou une activité sexuelle sans le consentement. Il peut s’agir d’un
31
contact ou un baiser non désiré ainsi que des attouchements pour forcer une relation sexuelle.
Elle implique l’utilisation de la force physique, de l’intimidation, d’une forme de coercition ou de
l’abus d’une situation d’autorité ou confiance.
 Harcèlement sexuel
Au terme de l’article 174 d du CPC, le harcèlement sexuel est défini comme le fait par lequel une
personne adopte un comportement persistant envers autrui, se traduisant par des paroles, des
gestes soit en lui donnant des ordres ou en proférant des menaces ou en imposant des contraintes,
soit en exerçant des pressions graves, soit en abusant de l’autorité que lui confère ces fonctions en
vue d’obtenir de lui des faveurs de nature sexuelle.
Le harcèlement sexuel peut aussi être compris comme un comportement non désiré lier au sexe,
qui survient dans le but ou avec pour effet de heurter la dignité d’une personne et/ou de créer un
environnement intimidant, hostile, offensant ou gênant notamment lorsqu’une décision affectant la
personne concernée se fonde sur le rejet per celui-ci. 32 Il ressort de cette définition que, la
personne qui harcèle donne des ordres, profère des menaces ou exerce des pressions graves, dans
le but d’obtenir des faveurs de nature sexuelle, en abusant de l’autorité qui lui confère ses
fonctions.

c. Efficacité

L’efficacité est comprise comme le caractère de ce qui est efficace. Cela veut dire ce qui produit
un effet, quelque chose qui est forte, infaillible, puissante, efficiente, capable, compétente, sûre,
certaine, etc.33

30
Trib. 1ère Inst. Stan. 17 mars 1953 et cons. Cité par Likulia Bolongo, Op-cit, page 305
31
https:/www. Ottawa.ca/violence –sexuelle-soutien –et-prévention
32
Commission européenne. Le harcèlement sexuel sur le lieu de travail dans l’Union Européenne. Bruxelles,
commission européenne, Directeur Général de l’emploi, RaSA, 1998.
33
GUICHARD, S. Op-Cit, 815
18

Dans le cadre de notre travail, nous allons examiner l’efficacité de l’applicabilité des dispositions
de la loi de 2006 relative aux viols et violences sexuelles, par rapport aux infractions commises
dans ce secteur à travers l’étendue de la ville de Bukavu.

d. L’effectivité

L’efficacité est considérée un caractère réel et concret d’un droit, au –delà de sa reconnaissance
abstraite dans les textes de lois. Les effectivités sont évoquées pour justifier la reconnaissance ou
l’opposabilité d’une situation ou d’un fait réellement établi. Il en est de même de la
reconnaissance d’un Etat ou d’un gouvernent, quelles que soient les circonstances, exercent le
pouvoir effectif opposable à tous ses ressortissants. 34 Exemple le droit d’accès à un juge n’est
effectif que si le justiciable démuni bénéficie d’une aide juridictionnelle.

L’effectivité dont il est question ici est d’examiner si la loi faisant l’objet de la présente étude
exerce ses prérogatives sur l’ensemble des infractions qu’elle est censée réprimer. Ou encore la
question est de savoir si cette loi attrape tous les auteurs, si pas la majorité des auteurs qui
commettent les infractions qu’elle réprime.

e. Infraction

L’infraction est considérée comme action ou omission violant une norme de conduite strictement
définie par un texte d’incrimination, entrainant la responsabilité pénale de son auteur. 35
L’infraction peut être constituée d’un crime, d’un délit ou d’une contravention en fonction des
peines prévues par le texte.

Dans le cas sous examen, l’infraction est comprise comme un crime qui se commet en violation
des droits fondamentaux de la population de la ville de Bukavu, victime des viols et violences
sexuelles. Notons que, pour qu’une infraction soit établie, il y a toujours le concours de trois
éléments, à savoir : élément matériel (constatation matérielle de fait ou acte infractionnel),
élément morale ou intentionnel (la volonté et/ou la connaissance qu’a l’auteur lors de la
commission de l’infraction), l’élément légal (la prévue et/ou l’érection de l’acte commis en
infraction, confère article premier du code pénal).

34
GUICHARD, S. Op-Cit, 816
35
GUICHARD, S. Op-Cit, p 1125
19

f. La victime

Le Lexique des termes juridiques entend par victime, toute personne qui souffre d’une atteinte
qu’elle qu’en soit l’origine, portée à ses droits, ses intérêts ou son bien-être. Dans un sens plus
restreint, c’est une personne qui a été tuée ou blessée. Curieusement, le droit criminel ne donne
aucune définition de la victime/ c’est une décision-cadre du conseil de l’union européenne qui la
définit au sens pénal comme « la personne qui a subi un préjudice, y compris une atteinte à son
intégrité physique ou mentale, une souffrance morale ou une perte matérielle, directement causée
par des actes ou omissions qui enfreignent la législation d’un Etat » 36

Cela revient de dire que la victime pénale, le sens qui nous intéresse, est donc celle qui dispose
d’une action pénale en réparation de son préjudice, parce qu’elle a personnellement souffert du
dommage directement causé par l’infraction. Toute l’évolution récente du droit a conduit à
améliorer les droits des victimes en en faisant de véritables parties au procès pénal et en
s’efforçant de garantir leur indemnisation y compris pendant la période de l’exécution de la
peine de l’auteur du dommage. Dans ce sens, l’article 2 du CPC stipule que : « l’infraction
commise sur le territoire de la République Démocratique du Congo est punie conformément à la
loi ».

Il ressort de cette analyse que, c’est la victime d’une infraction qui, en principe en réclame la
réparation, en se présentant devant les instances judiciaires (OPJ, APJ, MP, etc.). Or, il est avéré
que plusieurs victimes, surtout celles de viols et violences sexuelles s’abstiennent souvent de
saisir des instances judiciaires en vue d’obtenir réparation pour des motifs d’ordre moral,
notamment. Raison pour laquelle cette recherche vise pour but de vérifier ces allégations, en
faisant une analyse comparative entre les cas viols et violences sexuelles enregistrés dans
certaines de prises en charge victimes de telles infractions d’avec les normalement reçus et
traités devant les surrections de la ville de Bukavu, afin d’examiner l’effectivité de la loi en la
matière. Les infractions dont il est question ici sont celles que se rapportent aux viols et
violences sexuelles.

g. Auteur

L’auteur est compris en droit pénale comme personne à qui peut être imputée la commission
d’une infraction ou sa tentative pour en avoir réalisé les éléments constitutifs. Cette réalisation

36
Idem, p 1202
20

peut être d’ordre matériel, ou moral seulement ou intellectuel : dans le premier cas, l’auteur
commet personnellement l’infraction ; dans le second cas, il n’agit pas personnellement, mais
incite ou provoque à la commettre. Alors que l’auteur matériel est toujours sanctionné ; l’auteur
intellectuel ou moral ne l’est qu’en référence à des hypothèses ciblées (assassinats,
empoisonnement, certains crimes ou délits à l’encontre d’un mineur, recrutement à des fins
terroristes, etc.).37

Les auteurs à qui nous faisons allusion dans notre travail sont ceux qui commettent les
infractions de viols et violences sexuelles à l’Est de la RDC en général et sur l’étendue de la ville
de Bukavu en particulier.

I.3. De la prise en charge des victimes de viols et violences sexuelles

Etant donné que les conséquences qu’engendrent les viols et violences sexuelles sont de diverses
natures, la prise en charge devrait répondre nécessairement répondre à ces multiples
conséquences.

La déliquescence et l’absence quasi-totale de l’Etat dans la gestion de la cité au quotidien ont


favorisé, au Sud-Kivu comme dans le reste de la RDC, l’émergence d’une société civile très
dynamique, incarnée par les ONG et associations de défense des droits humains et de lutte pour
la paix, ainsi que des associations féminines. Devant la recrudescence et l’ampleur des violences
sexuelles pendant la guerre au Sud-Kivu, diverses actrices et acteurs de cette société civile se
sont impliqués, diversement outillées, intervenant courageusement dans la prise en charge des
victimes.

Elles interviennent dans divers domaines : l’assistance sanitaire aux victimes, l’aide juridique
sous toutes ses formes, l’aide alimentaire, le soutien psychologique et l’encadrement politique
par la formation à la culture de la paix et à l’appropriation des droits humains, plus
spécifiquement des droits des femmes, sans lesquels toute action ne pourrait se projeter sur
l’avenir.

Leur participation multiforme emprunte souvent une démarche unitaire, à travers la création de
réseaux, pour une meilleure efficacité et une maximisation des résultats. De même qu’à l’action
des ONG et associations locales, se conjugue celle des ONG internationales et des organisations
onusiennes.
37
GUICHARD, S. Op-Cit, p 230
21

Dans la mesure où les conséquences des violences sexuelles frappent très souvent la santé
physique de reproduction, la prise en charge médicale doit être très efficace et doit intervenir en
premier lié afin de permettre à la victime de continuer à espérer de la suite de sa vie.

CHAP : II. DE L’EFFICACITE ET DE L’EFFECTIVITE DE LA REPRESSION DES


INFRACTIONS DE VIOLS VIOLENCES SEXUELLES

Au cours du présent chapitre, il sera question d’analyser l’efficacité de la loi de 2006, en faisant
une étude comparative entre les dispositions du Code Pénal congolais et par rapport à celles
prévues par la loi sous examen (II.1) et en rapport avec son effectivité, nous allons confronter le
taux de la commission des infractions telles que documentées dans des maisons et/ou institutions
que nous avions contacté, par rapport au taux des cas reçus au niveau des juridictions de la ville
de Bukavu, voir son applicabilité (II.2.).

II.1. de l’analyse comparative des dispositions du Code Pénal congolais et celles contenues
dans la loi de 2006

L’économie de ’article 2 du Code Pénal congolais dispose que nul ne peut être poursuivi pour un
fait qui ne constitue pas l’infraction au moment de la commission. Partant de cette allégation, il a
été réalisé que le même Code Pénal Congolais présente des limites par rapport au dynamisme
de crimes liés aux viols et violences sexuelles. Pour prévenir et réprimer sévèrement ces crimes
(infractions) et assurer une prise en charge systématique des victimes, il s’est avéré impérieux de
revisiter certaines dispositions du Code Pénal Congolais. Car selon l’esprit de cette loi, ces
différentes modifications du Code Pénal contribueraient au redressement de la moralité
publique, de l’ordre public et de la sécurité du pays. Par rapport au Code Pénal, les modifications
portent principalement sur les articles relatifs aux infractions de viol et d’attentant à la pudeur.
De cette modification, d’autres formes de violences sexuelles, jadis non incriminées dans le
Code pénal, car relevant du droit international humanitaire ont été érigées en infraction. Il en est
22

de même que la définition du viol conformément aux normes internationales applicables en la


matière qui s’est vu maintenu.

Dans ce point, il est question d’analyser les faiblesses, en termes de limites qui ont été constatées
dans le code pénal, en les confrontant aux éléments de renfort, tels que prévus dans la loi relative
aux viols et violences sexuelles pour lutter contre cette nouvelle criminalité. Les articles 67 à 74
du Code Pénal congolais feront l’objet de l’analyse, car ayant subi des modifications par la loi de
2006.

A. Des infractions qui ont subi des modifications par la loi de 2006

Dans ce point nous allons exploiter les infractions le viol, l’attentat à la pudeur et l’excitation de
mineurs à la débauche. Les articles 167 à 174 seront analysés.

a. Du viol

Dans le souci de contribuer au redressement de la moralité publique, de l’ordre public et de la


sécurité publique dans le pays, le législateur congolais s’est fait l’agréable devoir de s’inscrire
dans la logique du droit international en consacrant plusieurs innovations en matière de
répression du viol.

Avant l’avènement de la loi de 2006, le viol était dépourvu d’une définition légale. L’article 170
du CPC disposait : « est puni d’une servitude pénale de 5 à 20 ans, celui qui aura commis un
viol, soit à l’aide de violences ou menaces graves, soit par ruse, soit en abusant d’une personne
qui, par l’effet d’une maladie, par l’altération de ses facultés ou soit par toute autre cause
accidentelle, aurait perdu l’usage normal de ses sens, ou en aurait été privé par quelque artifice.
Est réputé viol à l’aide de violences, le seul fait du rapprochement charnel des sexes commis sur
les personnes désignées à l’article 167 al. 2».

La lecture de cette disposition légale nous révèle de l’entrée de jeu que le législateur dans sa
démarche s’est tout simplement contenté à qualifier le viol à l’aide de violences, le seul fait de
rapprochement charnel des sexes commis sur les personnes désignées à l’article 167 al. 2. C’est
ainsi qu’à défaut d’une définition légale précise, la jurisprudence appuyée par la doctrine a défini
23

le viol comme étant la conjonction sexuelle que l’homme peut imposer à la femme par la
violence.

Autrement dit, l’acte par lequel une personne du sexe masculin a des relations sexuelles avec une
personne du sexe opposé, c’est-à-dire du sexe féminin contre le gré de celle-ci, soit que le défaut
de consentement résulte de la violence physique ou morale, soit qu’il résulte de tout autre moyen
de contrainte ou de surprise.38

Il ressort de cette définition que le viol ne pourrait être commis que par un homme à l’encontre
d’une femme. La même doctrine soutenait qu’il apparaissait impossible qu’une femme pourrait
contraindre un homme à avoir des relations sexuelles avec elle en usant des violences. Dans la
même optique, seule la femme serait victime d’acte de viole

Par rapport à l’élément matériel, le code pénal, l’article 170 prévoyait que, pour sa réalisation, la
pénétration sexuelle doit être de mise ; alors que dans la nouvelle loi sur les viols et violences
sexuelles, le viol n’exige plus seulement la pénétration pour sa réalisation. Désormais cette
infraction est retenue y compris le cas de la pénétration superficielle de tout orifice du corps
d’une personne, ou encore de rapprochement charnel.

Comme prévoyait le code, l’usage du sexe n’est plus le seul moyen exigé, le viol pouvant
maintenant se commettre par l’utilisation de toute autre partie du corps ou de n’importe quel
objet. Il convient également de signaler que la femme n’est plus la seule victime de viol.

La nouvelle loi reconnait que l’homme peut aussi être victime de cette infraction dès lors que les
actes précédemment cités sont établis. Le seul fait qu’une femme oblige l’homme à pénétrer son
vagin et qu’elle y arrive suffit pour que l’infraction de viol soit retenue à sa charge. La doctrine
estime que l’usage du verbe « obliger » dans ce cas de figure peut risquer de porter d’aucuns à
croire que la femme doit user forcément de la violence ou contrainte pour réaliser son forfait.
S’appuyant sur Larousse, elle admet qu’ »obliger » c’est contraindre, forcer, mettre dans la
nécessité. Voilà pourquoi elle admet qu’il n’en est rien.39

Sera donc poursuivi du chef du viol, une femme qui enivre ou drogue un homme, le caresse et
l’entraine à introduire son pénis dans son vagin. Une femme peut également se substituer à une
autre pendant la nuit et parvenir ainsi à avoir des relations sexuelles avec un homme sans le
consentement de ce dernier et même contre son gré.

38
LIKULIA BOLONGO, Op-Cit, p328
39
MUTATA, L. Protection du droit à la sexualité responsable, Kinshasa, ESDEMJD,2009, P.325
24

La femme peut aussi obliger un enfant d’introduire son organe dans le sien. Elle le peut par
force, menaces, par ruse, en contrepartie d’une somme d’argent ou en misant sur la naïveté ou la
curiosité du mineur.40 L’enfant mineur est toute personne âgée de moins de 18 ans au sens de la
loi.

Désormais le viol sera réputé avec violence dès lors que la victime sera âgée de moins de 18 ans
accomplis ; alors que, l’âge était fixé à moins de quatorze ans dans le code pénal congolais.

Au regard de ce qui précède, toute relation sexuelle avec une fille de moins de 18 ans accomplis
est un viol réputé avec violence, peu importe le consentement de celle-ci. D’où, la nécessité
ayant conduit à la modification du code de la famille qui fixait l’âge du mariage pour les filles,
en le faisant passer de quatorze à 18 ans accompli.41

Par rapport au consentement dans l’hypothèse où la victime du viol est âgée de plus de 18 ans, à
la différence du code pénal qui est muet là-dessus, la nouvelle loi précise qu’il ne peut :

 Etre dégagé des paroles ou de la conduite de la victime du viol lorsque sa capacité


à donner un consentement valable est mise en doute du fait de l’emploi de force,
de la ruse, des stupéfiants, de la menace, de la contrainte ou de l’existence d’un
environnement coercitif ;
 Etre dégagé du silence ou du manque de résistance de la victime ;
 Etre dégagé du passé sexuel de la victime.

Par rapport à l’introduction dans tout autre orifice du corps humain, d’un organe sexuel, d’une
autre partie du corps ou d’un objet quelconque, la conception selon laquelle « tout acte autre que
le coïte, quelle que soit sa nature ou son immoralité ne peut constituer le viol »42 est largement
dépassée. C’est une thèse largement battue en brèche par la volonté souveraine même du
législateur visant à protéger toutes les personnes.

Les autres orifices du corps humains dont il est question dans cette innovation, peuvent être
trouvés à travers les marines, les oreilles ou nombril. L. MUTATA LUABA soutient que hormis
l’hypothèse d’une intromission virile lui-même dans l’orifice du nombril ou éventuellement dans
les oreilles, les orifices des narines ne sont pas à même d’accueillir un nombre viril, sauf si
l’assaillant tient à y éjaculer.

40
CIZUNGU MUGARUKA, B. Les infractions d’A à Z, Kinshasa et ngakwa-ludaha, éd. Laurent Nyangezi, 2011, P 762.
41
Xavier NTALGAMYAMPI, « répression des violences sexuelles », in global right, maison CERELAC, janvier 2007, p 9
42
Mineur, G. Commentaire du code pénal congolais, 2è éd., Bruxelles, Larcier, 1953, P 363
25

Pour lui, on s’éloigne du domaine de la sexualité lorsqu’il s’agit d’introduire dans ces orifices
une autre partie du corps, tel un doigt, un ongle, un orteil.

Par rapport au viol commis à travers l’anus ou la bouche, la loi congolaise à l’heure actuelle,
sanctionne la sodomie non consentie non pas comme attentat à la pudeur, mais plutôt comme
viol. La sodomie consiste en une pénétration par l’anus puis du rectum de la partenaire,
généralement avec la verge. On peut aussi utiliser un gode miché éventuellement monté sur un
harnais (gode-ceinture) qui permet à une femme de sodomiser son partenaire.43

L’anus est particulièrement innervé. Ne sécrétant pas la lubrification naturelle facilitant le


rapport sexuel, la sodomie est de ce fait douloureuse. Dans leur immigration déshumanisante,
certains agresseurs sexuels soumettent leurs victimes à ces actes natatoires à l’intégrité physique
et à la personnalité humaine par l’intromission de leurs membres virils dans l’anus.

Le viol par la bouche c’est le coït buccal non consenti. Puni par la loi, cette pratique consiste
dans une pénétration orale. A travers celle-ci (Pratique), les assaillants infligent leurs bourreaux
des souffrances terribles pouvant provoquer des vomissements, des étouffements passagers ou
des douleurs dans les fonds de la gorge.

La jurisprudence française admet que « tout acte de fellation constitue un viol(…) dès lors qu’il
est imposé par violence, contrainte, menace ou surprise à celui qui le subit ou à celui qui le
pratique. L’acte matériel peut être perpétré par un homme à l’encontre d’un autre homme ou en
l’encontre d’une femme ou à l’encontre des mineurs de deux sexes (filles et garçons).

S’agissant de moyens utilisés pour amener la victime à passer à cet acte ignoble, la loi ne se
contente plus de dire que le viol se réalise par les violences, la ruse ou les menaces. Elle parle
aussi de la contrainte exercée à l’encontre d’une personne directement ou par l’intermédiaire
d’un tiers, du vil par surprise, par pression psychologique due à un environnement coercitif.

b. Attentat à la pudeur

Ce terme n’était pas bien défini par le code pénal comme on peut s’en rendre compte. La
nouvelle loi la définit comme « tout acte contraire aux mœurs exercé intentionnellement et
directement sur une personne sans le consentement valable de celle-ci constitue un attentat à la
pudeur ». C’est-à-dire un acte de nature à offenser la pudeur ou un acte immoral. Pour cette
infraction, la loi réserve un traitement particulier par rapport à l’âge de la victime.

43
NKUSU, G. La sexualité dans le mariage, Kinshasa, MEDIAS PAUL, 2008, P 34.
26

Il convient de savoir ici que si l’attentat à la pudeur a été commis sur la personne d’un enfant âgé
de moins de dix ans, l’agent sera condamné à une SP (Servitude Pénale) de cinq à 20 ans.
Comme nous l’avons dit précédemment la nouvelle législature a modifié les pénalités pour
chaque infraction ; c’est ainsi que pour l’attentat à la pudeur commis sans violence sur un enfant
de moins de dix-huit ans, étant donné que dans l’ancien code l’âge était de quatorze ans et puni
de six mois à cinq ans de prison contre cinq à quinze ans dans la nouvelle loi. L’attentat à la
pudeur avec violence commis sur un adulte est quant à lui puni de six mois à cinq ans comme
dans l’ancien code.

Pour ce qui concerne l’attentat à la pudeur commis sur un enfant ayant un âge variant entre dix et
dix-huit ans, l’auteur est puni de cinq à 15 ans de prison au lieu de cinq à 20 ans de prison
comme le prévoyait l’ancien code.

Il ressort dans cette dernière hypothèse que le législateur de la nouvelle loi a connu un recul par
rapport à ce qui était prévu dans le code pénal.

c. L’excitation des mineurs à la débauche

En ce qui concerne cette infraction, il n’y a pas eu beaucoup de modifications. Toutefois, l’âge
de vingt et un an prévu par l’ancien code est rabaissé à dix-huit ans cette nouvelle loi. Se faisant,
si la victime est âgée de moins de dix ans, la nouvelle loi prévoit des peines plus sévères.

Le législateur n’a pas manqué de reformuler les peines sanctionnant ces infraction. C’est ainsi
que, en plus de la peine de prison de 3 mois à cinq ans prévue dans l’ancien code, la nouvelle loi
a actualiser la peine d’amende en la fixant de cinquante mille à cent mille francs congolais
constants.

A ceci s’ajoute la déchéance, selon le cas de l’autorité parentale ou de l’autorité tutélaire. Par
ailleurs, si l’infraction a été commise sur un enfant de moins de dix ans, la peine est de dix à
vingt ans de prison et d’une amende de cent mille franc congolais constants.

Partant de ce qui précède, il convient de rappeler que trois infractions prévues dans le code pénal
ont été modifiées par la loi quant à leurs éléments constitutifs, leurs circonstances aggravantes et
leurs peines qui y sont appliquées ou attachées. Il s’agit des infractions suivantes ; le viol
(infraction la plus affectée par les modifications), l’attentat à la pudeur et l’excitation de mineurs
à la débauche.
27

Nous pensons que ça voiler la peine pour le législateur congolais de procéder à de telles
modifications, car ces infractions ont engendré d’autres formes de crimes et/ou autres éléments
constitutifs qui échappaient déjà à la rigueur du code pénal congolais. Le législateur ne pouvait
qu’élargir le champ d’action de la loi afin de rattraper ces nouveaux comportements qui se
manifestaient à côté des infractions ci-haut citées et qui ne pouvaient plus être punies par le CPC
au regard des dispositions de son article 2, qui limite ses compétentes par rapport à ce qui est
définie au préalable.

B. Les autres formes d’infractions introduites en droit pénal congolais en matière de


violences sexuelles.

De prime à bord, nous rappelons que la loi N°06/018 du 20 Juillet 2006 modifiant et
complétant le code pénal congolais a supprimé à l’article 1 er les causes d’exonération et de
justification en matière de violences sexuelles. La qualité officielle de l’auteur d’une
infraction renforce la participation criminelle en ce qu’en matière de violences sexuelles,
l’ordre hiérarchique ou le commandement d’une autorité civile ou militaire n’exonère pas
l’auteur d’une infraction.44

Parlant de nouvelles infractions, nous allons montrer en quoi elles consistent, en plus nous
allons présenter les éléments constitutifs de chaque criminalité et enfin les sanctions qui sont
infligés aux auteurs de ces infractions. Ici, la question de l’analyse ne sera pas comparative,
étant donné que c’est la nouvelle créature, sauf le cas de proxénétisme.

a. Le souteneur ou proxénétisme (article 174b)


L’article 174b de la loi de 2006 considère le proxénétisme comme toute activité tendant à
favoriser la débauche, la prostitution d’autrui ou à en tirer profit. Le souteneur est celui qui vit,
en tout ou en partie, aux dépens d’une personne dont il exploite la prostitution. La particularité
de cette infraction tient au fait que son existence dépend impérativement du rôle joué par
l’auteur. C’est pourquoi la loi définit l’auteur et non l’infraction qui semble absorbée plutôt par
l’activité immorale menée par celui-ci. La vaillance qui caractérise l’agent ne relève pas de la
charité, mais plutôt il tient à sauvegarder ses intérêts par la récolte d’une rétribution. Il ressort de
cette analyse que, tombe sous le coup de la loi, la personne qui aura embauché, entrainé ou

44
OLYA KALINDA, La répression des violences sexuelles, WWW grand lacs. Net, consulté le 5/11/2021.
28

détourné, en vue de la débauche ou de la prostitution, même de son consentement, une personne


âgée de plus de 18 ans.

b. La prostitution forcée (art. 174c)

Par prostitution forcée, on attend le fait d’amener une ou plusieurs personnes à accomplir un ou
plusieurs actes de nature sexuelle par la force, par la menace de la force ou de la coercition ou de
encore en profitant de l’incapacité de cette personne ou des personnes à donner librement leur
consentement en vue d’obtenir un avantage précaire ou autre.45

Cette infraction se distingue du viol en ce que, contrairement à celui-ci, en plus de la menace ou


de force, est prévue d’exploitation de l’incapacité de la victime à refuser en raison de gains
financiers ou autres.46

La présente criminalité a comme éléments matériels, l’existence d’un métier consistant à livrer
son corps au plaisir sexuel d’autrui. On amène les filles et femmes à s’exposer sur les artères
fréquentées par des hommes ou dans des débuts de boissons. Le défaut de consentement est un
autre élément important pour la qualification de cette infraction, car il s’agit d’un métier exercé
contre son gré. La rétribution est également prise en compte pour la répression de ce crime, car
l’auteur doit avoir en vue de se procurer un avantage pécuniaire.

La prostitution forcée se démarque aussi du proxénétisme dans la mesure où celui qui


l’encourage ne vise pas son profit personnel.

Comment élément moral ce crime, l’auteur doit avoir connaissance du caractère illégal de l’acte
immoral que l’on pose, ainsi que la recherche délibéré d’un gain matériel.

Cette infraction est pénalement punie de trois mois à 5 ans de SPP et civilement par paiement des
dommages et intérêts à la victime.

c. Du harcèlement sexuel, Art. 174 d

Au sens de la loi 06/018 du 20 juillet 2006, on entend par harcèlement sexuel, le fait d’adopter
un comportement persistent envers autrui, se traduisant par des paroles, des gestes soit en lui
donnant des ordres ou en proférant des menaces ou en imposant des contraintes soit en exerçant
45
Global Rights, Connaitre les nouvelles lois sur les violences sexuelles : mettons fin à l’immoralité, Maison CERLAC,
2007, P 12.
46
Global Rights: Opt. Cit, p 13
29

des pressions graves soit en abusant de l’autorité que lui confère ses fonctions sur elle en vue
d’obtenir de lui des faveurs de nature sexuelle.

Comme éléments matériels, l’auteur doit adopter un comportement répréhensible, qui varie selon
qu’il est exercé sur les adultes ou sur les mineurs d’âge. Il y a aussi les procédés de
matérialisation dudit comportement, qui sont les gestes, les parles et les recours aux pressions
graves.

S’agissant de son élément moral, l’auteur tenant à obtenir des faveurs sexuelles doit avoir une
intention coupable. Cette intention consiste dans la connaissance par l’agent du caractère
répréhensible de son comportement et dans la recherche avérée du but ignoble, à savoir les
faveurs de nature sexuelles.

Par cette infraction, les poursuites seront subordonnées à la plainte de la victime, c’est-à-dire
pour que l’autorité judiciaire, la police ou le parquet, soit saisie pour instruire du harcèlement
sexuel, la victime doit préalablement lui donner une plainte. Les autres modes de saisine, la
dénonciation par des tiers ou la saisine d’office par l’autorité judiciaire ne sont pas autorisés.

Néanmoins, une fois l’autorité judiciaire saisie le retrait de la plainte de la victime ne peut pas
mettre fin aux poursuites engagées.

L’auteur de cette infraction est puni d’une peine d’emprisonnement de 1 à 12 ans à laquelle
s’ajouter une peine d’amende de 50.000 à 100 000 francs constants civilement. Il doit payer les
dommages et intérêts à la victime.47

d. L’esclavage sexuel, art. 174ème

L’existe de cette infraction suppose la réunion des éléments matériels et ceux intellectuels.

Pour ce qui est de l’élément matériel, celui-ci présente un double aspect :

D’une part, il doit y avoir l’existence des pouvoirs associés au droit de propriété sur une
personne, par le biais de la détention ou de toute autre privation similaire de liberté ou encore
l’achat, la vente, le prêt, le troc de ladite personne. Les pouvoirs dont il est question sont entre
autres le pouvoir d’usage, de jouissance et de disposition. D’autre part, il y a la soumission de la

47
MUSEME NGARUKA, C. Les violences sexuelles : in analyses sociales. Volume X, numéro unique, Kinshasa,
Octobre 2007, P 83.
30

victime à l’accomplissement d’un acte de nature sexuelle. L’individu est donc soumis à des actes
de nature sexuelle même contre son gré, car les victimes n’en conviennent pas toujours.

S’agissant des éléments intellectuels, la finalité de l’agent doit être de mise, car il exerce les
pouvoirs liés au droit de propriété sur la victime pour des fins sexuelles. L’intention constitue un
autre élément intellectuel. Ici l’agent exerce en toute liberté l’un ou l’autre acte de nature
sexuelle en connaissance de cause, et en connaissance du caractère infractionnel de ces actes.

Par ailleurs, si ces fiats ne sont pas suivis d’une contrainte à accomplir un ou plusieurs actes de
nature sexuelle, tous les éléments de l’acte d’esclavage sexuel ne sont pas réunis et donc, on ne
parlera plus d’infraction d’esclavage sexuel. L’on retiendra, à la place, l’infraction d’attentat à la
liberté individuelle, conformément aux articles 68 et 69 du CPC LII.

Cette infraction est punie de 5 à 20 ans de SPP et une amende de 200.000 FC constants. Il est
aussi prévu que l’auteur paye des dommages intérêts à la victime ou ses ayants droits en cas de
décès.

e. Du mariage forcé, art. 174 f

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme reconnait à son article 16 al. 2 que le mariage
ne peut être conclu qu’avec le libre et plein consentement des futurs époux. L’article 334 du
Code de la famille stipule que : « Tout congolais a le droit de se marier avec la personne de son
choix et de fonder une famille ».

Ainsi, l’usage de l’autorité parentale ou tutélaire pour contraindre une personne à se marier
constitue le mariage forcé.

S’agissant des éléments matériels, la qualité de l’auteur, l’acte répréhensible, le défaut du


consentement et l’intention coupable sont prise en compte pour qualifier cette infraction.

Il revient de dire que l’auteur de cette infraction ne peut être qu’une personne exerçant l’autorité
parentale ou tutélaire. Si ce fait est posé par une autre personne que celle exerçant l’autorité
parentale ou tutélaire, elle est punie conformément à l’article 336 du Code de la famille qui
dispose : « sera punie d’une peine de servitude pénale de 1 à 3 mois et d’une amende de 100 à
500 Zaïres ou l’une de ces peines seulement, tout individu autre que le père, mère, tuteur ou
toute personne qui exerce en droit l’autorité sur l’individu, qui aura contraint une personne à se
31

marier contre son gré ou qui, de mauvaise foi aura empêché la conclusion d’un mariage
remplissant toutes les conditions légales.48

L’auteur de cette infraction est puni de 1 à 12 ans de SPP et d’une amende ne pouvant pas être
inférieure à 100.000 FC constants. Outre la sanction pénale, il sera condamné à payer des
dommages et intérêts à la victime.

f. De la mutilation sexuelle, Art.174 g

Cette infraction telle que prévue par la loi consiste en des actes qui portent atteinte à l’intégrité
physique ou fonctionnelle des organes génitaux d’une personne. Il s’agit particulièrement des
actes qui défigurent, de manière définitive ou rendent invalide de façon permanente ou des actes
d’ablation définitive des organes génitaux.

Comme éléments matériels, il s’agit pour les hommes sectionnement des membres virils à l’aide
des objets tranchants et pour les femmes l’excision du clitoris, son allongement ou atrophie. A
cela s’ajoutent le défaut de consentement par la victime et l’intention couple de la part de
l’auteur pour que cette infraction soit qualifiée.

L’agent sera sanctionné à une peine de 2 à 5 ans de SPP et à une amende de 200.000 FC
constants et au paiement des dommages et intérêts à la victime ou à ses ayants droits en cas de
décès. L’auteur de cette infraction sera puni de servitude pénale à perpétuité ou de la prison n cas
de décès de la victime.49

g. Zoophilie, Art 174 h

La zoophilie forcée consiste à forcer une personne au moyen de ruse, ses menaces, violences ou
de toute autre nature de coercition à avoir des relations sexuelles avec un animal.

Les éléments constitutifs de cette incrimination se distingue selon qu’il s’agit de la zoophilie du
fait d’autrui et du fait personnel. Pour ce qui concerne le premier cas, l’acte réprimé, la personne
protégée, les procédés de réalisation et l’intention coupable sont des actes à réunir pour qualifier
ce crime. Dans la seconde hypothèse, l’infraction se matérialise par la consommation des
commerces charnelles d’un individu avec une bête. Il s’agit d’une pénétration de l’organe sexuel
mâle de la personne humaine dans l’organe génital de la bête femelle et vice-versa.
48
Art. 336 du Code de la famille.
49
MUSEME, C. Op Cit. P 86.
32

Elle est volontaire lorsque l’on parvient à avoir des rapports sexuels avec un animal à son gré.
Elle est punie de 5 à 10 ans de SPP et d’une amende de 200. 000 FC constants. Si la zoophilie a
été forcée, l’auteur doit payer des dommages à la victime à qui les relations sexuelles ont été
imposées.50

h. La transmission délibérée des infections sexuellement transmissibles, art. 174 i

Il s’agit du fait de contaminer délibérément une personne d’une infection sexuellement


transmissible incurable. C’est le fait pour une personne d’avoir des relations sexuelles avec une
autre, tout en sachant que l’on est porteur d’une telle maladie (soit le VIH/SIDA) et dans le but
de la contaminer.

Comme éléments constitutifs, il y a la transmission sexuelle de l’infection, le caractère incurable


de l’infection et l’intention coupable de l’auteur.

L’auteur est puni d’une SPP et au payement des dommages et intérêts à la victime ou à ses
ayants droits si la victime est décédée.

i. Du trafic et exploitation d’enfants à des fins sexuelles, Art. 174 j

Il s’agit de tout acte ou transaction ayant trait au trafic ou à l’exploitation d’un ou plusieurs
enfants ou toute autre personne à des fins sexuelles moyennant rémunération ou quelconque
avantage. L’intention coupable est exigée. L’agent doit percevoir l’argent venu d’une origine
dont il connait le caractère délicieux.

Cette infraction est condamnée de 10 à 20 ans de SPP et au payement des dommages à la victime
et particulièrement à celle non consentante, tel l’enfant.

j. De la grossesse forcée, Art. 174 k

C’est le fait de détenir une ou plusieurs femmes rendues enceintes par force ou au moyen de la
ruse.

Comme éléments constitutifs, il y a la détention, consistant à garder, détenir à sa possession, de


retenir, d’incarcérer ; peu importe le lieu de détention, l’incitateur de l’acte générateur de la

50
Idem, P 88.
33

grossesse, c’est-à-dire l’auteur d’un tel acte, le fait de rendre une ou plusieurs femmes grosses,
ainsi que l’intention coupable.

Le législateur congolais réprime le fait de détenir une femme grosse par ruse ou force alors que,
même en la laissant en liberté, elle n’a pas le droit d’avorter pour la raison suivante : le traité de
Rome du 17 Juillet 1998 portant statut de la cour Pénale Internationale ratifié par le décret
N°003/2000 du 30 mars 2002( du Président de la République démocratique du Congo) définit la
grossesse forcée comme « la détention illégale d’une femme mise enceinte par force dans
l’intention de modifier la composition ethnique d’une population ou de commettre d’autres
violations graves du droit international ».

Eu égard à cette définition qui a du reste inspiré le législateur congolais, on pense que l’auteur de
l’infraction de grossesse forcée doit poursuivre un but, celui de modifier la composition
ethnique.51 C’est ainsi que l’article 174 k dispose que : « sera puni d’une peine de SPP de 10 à 20
ans, quiconque aura détenu une ou plusieurs femmes rendues enceintes de force ou par ruse ».

k. De la stérilisation forcée, Art. 174 l

Par stérilisation forcée, le législateur congolais entend le fait de commettre sur une personne un
acte de nature à la priver de la capacité biologique et organique de reproduction sans qu’un tel
acte ait préalablement fait l’objet d’une décision médicale justifiée et d’un libre consentement de
la victime. C’est ainsi que le fait d’obliger les femmes à subir une hystérectomie constitue de la
stérilisation forcée par des moyens directs.

Il est par contre à approcher avec un des actes matériels de génocide ; qui consiste en des
mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe.52

Comme éléments constitutifs, il s’agit de la privation de la capacité biologique ou organique de


la procréation ou encore de la reproduction, le défaut de consentement de la victime et labsence
d’une justification médicale, ainsi que l’intention coupable qu’a l’auteur matériel de l’acte.

Cela dit, la stérilisation forcée n’est pas un acte de génocide, car celui-ci exige un contexte
particulier, et surtout un dol spécial qui consiste dans « l’intention de détruire, en tout ou en

51
MUSEME, C. Op –Cit, P89
52
CIFENDE KACIKO, M. Cours du droit international humanitaire, L1 Droit UOB, inédit, 2008-2009.
34

partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux. Comme pénalité, l’auteur est puni de 5 à
15 ans de SPP et au payement des DI à la victime.

l. De la pornographie mettant en scène des enfants, Art. 174 m

C’est le fait de réaliser une représentation par quelques moyens que ce soit, d’un enfant
s’adonnant à des activités sexuelles, réelles ou simulées ou alors une représentation des organes
sexuels d’un enfant et ce pour des fins principalement sexuelles.

Il s’agit des images obscènes à caractère sexuel mettant en scène des enfants, la production, la
distribution, la diffusion, l’importation, l’exportation, l’offre, la disponibilisaton, la vente et le
fait de se procurer ou de procurer à autrui, des possédés tous matériels pornographiques mettant
en scène des enfants.

Cette infraction est punie de 5 à 10 ans de SPP et ‘une amende de 150.000 FC constants.

m. De la prostitution d’enfants, Art. 174n

Le fait d’utiliser un enfant de moins de 18 ans aux fins d’activités sexuelles moyennant
rémunération, constitue la prostitution d’enfants.

L’agent est puni de 5 à 20 ans de SPP et d’une amende de 200.000 FC constants. Toutes les fois
que cette infraction sera commise par une personne exerçant l’autorité parentale ou tutélaire
conformément à l’art. 319 du code de la famille.

De tout ce qui précède, il y a lieu de souligner que l’efficacité de la loi sur les viols et violences
sexuelles s’est dégagée par rapport à ce qui était prévu dans le code pénal. Ici le législateur a
essayé de combler certaines faiblesses et/ou limités qui ont été présentées par le CPC dans la
répression des incriminations des violences sexuelles. Il a non seulement adapté les éléments
constitutifs des infractions modifiées, aux réalités actuelles de dynamisme de la commission de
ces crimes, mais aussi a revues les peines y relatives à la hausse. Il a également initié d’autres
35

nouvelles incriminations dans le but de faire face à cette nouvelle forme de crime lié aux viols et
violences sexuelles.

C’est ainsi en second lieu, nous allons parler de l’effectivité de ladite loi.

II.2. de l’analyse de l’effectivité de l’applicabilité de la loi de 2006

Au cours de ce point, nous allons confronter les données récoltées sur le terrain, c’est-à-dire
auprès des institutions et/ou maisons de documentation et prise en charge des viols et violences
sexuelles par rapport à la réalité trouvée au niveau des juridictions de la ville de Bukavu. Ici
l’intention est de chercher à savoir le taux de la commission de ces crimes dans la ville de
Bukavu et le degré d’applicabilité de la loi par les juridictions compétentes. On doit essayer de
détecter si tous les cas documentés dans des institutions de prise en charge arrivent réellement
aux tribunaux ou bien certains se limitent à un certains niveaux.

Nous avons considéré la période allant de 2015 en Septembre 2021 pour établir cette effectivité,
par rapport aux cas commis dans la ville de Bukavu, enregistrés dans des institutions de prise en
charge et ceux gérés par les juridictions de la ville.

1. Tableau 1. Les cas enregistrés par Héritier de la Justice pour la période concernée
par notre enquête.

Année de la commission
N° Crime et/ou infraction 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 Total
01 Viol 18 43 29 36 32 26 39 223
02 Attentat à la pudeur 03 04 06 03 04 00 02 21
03 Excitation des mineurs 00 00 00 01 04 03 07 15
à la débauche
04 Souteneur et du 22 15 07 08 11 10 06 79
proxénétisme
05 La prostitution forcée 25 27 30 25 27 31 26 191
06 Harcèlement sexuel 16 13 15 22 17 15 14 112
07 Esclavage sexuel 11 02 00 01 00 00 00 14
08 Mariage forcé 11 10 15 12 12 09 16 85
09 Mutilation sexuelle 00 00 00 00 00 00 00 00
36

10 Zoophilie 00 00 00 00 00 00 00 00
11 Transmission délibérée 00 00 00 00 00 00 00 00
des infections
sexuellement
transmissibles
incurables
12 Trafic et exploitation 00 00 00 00 00 00 00 00
d’enfants à des fins
sexuelles
13 Grossesse forcée 00 00 00 00 00 00 00 00
14 La stérilisation forcée 00 00 00 00 00 00 00 00
15 Pornographie mettant 00 00 00 00 00 00 00 00
en scène des enfants
16 Prostitutions d’enfants 00 00 00 00 00 00 00 00

Source : Enquête effectuée à l’Héritier de Justice, Octobre 2021, rapport statistiques des cas
enregistrés au cours de l’année.

Commentaire : Il ressort de ce tableau que, les cas de viol commis par l’utilisation d’autres
moyens tel que prévu dans la loi de 2006 et analyser ci-haut ne sont pas signalés. Le cas de viol
de l’homme par la femme n’a pas été signalé aussi. Il est dit tout simplement que, après les
explications des victimes souvent sont des viols commis par la conjonction sexuelle qui sont
apportés à la justice.
L’infraction de viol semble être la plus commise dans la ville de Bukavu, avec 223 cas rapportés
dans une période de 7 ans, suivi respectivement par la prostitution forcée, 191 cas, harcèlement
sexuel, 112 cas, mariage forcé, 85 cas, Proxénétisme, 79 cas, Attentat à la pudeur, 21 cas,
Excitation de mineurs à la débauche, 15 cas et enfin esclavage sexuel, 14 cas. Est c’est pour dire
que ces genres de viols ne se commettent pas ? Pas du tout. Certaines infractions prévues par la
loi de 2006 ne sont pas documentées au sein de l’Héritier de Justice. La question reste de savoir
s’elles ne sont pas commises dans la ville de Bukavu ou encore si c’est cette institution qui
n’arrive pas à les identifier ? Nous pensons que la loi a prévue certaines infractions que ne sont
pas commises fréquemment dans la ville. Le cas de Zoophilie, Stérilité forcé, esclavage sexuel
etc. L’absence de leur dénonciation auprès des instances judicaires peut résulter de plusieurs
facteurs : notamment l’arrangement à l’amiable au niveau de la famille, l’ignorance de la
37

population, c’est-à-dire que certaines infractions sont étranges par rapport à la population qui
n’est pas habituée à des tels cas, soit elle tolère passivement. Il y aussi les facteurs
psychologiques, etc.

2. Tableau 2. Les cas reçus par le Tribunal de Grande Instance de Bukavu

Année de la commission
N° Crime et/ou infraction 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 TOTAL
01 Viol 27 18 36 22 35 33 16 187
02 Attentat à la pudeur 03 00 02 02 00 00 01 08
03 Excitation des mineurs 03 01 04
à la débauche
04 Souteneur et du 06 00 01 07
proxénétisme
05 La prostitution forcée 00 00 00 00 00 00 00
06 Harcèlement sexuel 01 07 04 03 01 02 01 19
07 Esclavage sexuel 00 00 00 00 00 00 00 00
08 Mariage forcé 05 01 00 00 02 00 00 08
09 Mutilation sexuelle 01 00 01 00 00 01 00 03
10 Zoophilie 00 00 00 00 00 00 00 00
11 Transmission délibérée 02 01 00 00 03 00 01 07
des infections
sexuellement
transmissibles
incurables
12 Trafic et exploitation 03 02 02 00 01 02 01 11
d’enfants à des fins
sexuelles
13 Grossesse forcée 00 00 00 00 00 00 00 00
38

14 La stérilisation forcée 00 00 00 00 00 00 00 00
15 Pornographie mettant 00 00 00 00 00 00 00 00
en scène des enfants
16 Prostitutions d’enfants 01 01 03 00 00 00 00 05

Source : Enquête menée au TGI/Bukavu, Octobre 2021, Registre de rôle au greffe pénal

Commentaire : Par rapport aux cas enregistrés par Héritier de Justice, il s’observe une
diminution en termes de nombre sur la réalité que nous avons trouvé au Tribunal de Grande
Instance de Bukavu. Cela veut dire que plusieurs cas enregistrés par les institutions de prise en
charge de cas de violences sexuelles n’arrivent au tribunal. Ici l’infraction de viol est en tête avec
187, suivi de Harcèlement sexuel avec 19 cas, Trafic et exploitation d’enfants à des fins
sexuelles avec 11 cas etc. Par rapport à héritier de la justice, au TGI/Bukavu, il s’observe une
variété de cas qui y sont traités. Toutefois, le nombre de cas est faible, compte tenu de la
constatation de la multiplicité des cas de cette criminalité à travers la ville de Bukavu. En
analysant bien ce tableau, nous avons l’impression de croire que plusieurs cas restent traités et/ou
se limitent en dehors des instances judiciaires.

3. Tableau 3. Les cas enregistrés à la prison centrale de Bukavu

Année de la commission
N° Crime et/ou infraction 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 TOTAL
01 Viol 22 13 30 28 29 29 12 163
02 Attentat à la pudeur 00 00 00 00 00 00 00 00
03 Excitation des mineurs 00 00 00 01 00 00 00 01
à la débauche
04 Souteneur et du 00 00 00 00 01 00 00 01
proxénétisme
05 La prostitution forcée 00 00 00 00 00 00 00 00
06 Harcèlement sexuel 01 04 03 01 02 01 12
07 Esclavage sexuel 00 00 00 00 00 00 00 00
08 Mariage forcé 02 00 00 00 00 00 00 02
09 Mutilation sexuelle 00 00 00 00 00 00 00 00
39

10 Zoophilie 00 00 00 00 00 00 00 00
11 Transmission délibérée 00 00 00 00 00 00 00 00
des infections
sexuellement
transmissibles
incurables
12 Trafic et exploitation 00 00 00 00 00 00 00 00
d’enfants à des fins
sexuelles
13 Grossesse forcée 00 00 00 00 00 00 00 00
14 La stérilisation forcée 00 00 00 00 00 00 00 00
15 Pornographie mettant 00 00 00 00 00 00 00 00
en scène des enfants
16 Prostitutions d’enfants 00 00 00 00 00 00 00 00

Source : Enquête menée à la prison centrale de Bukavu, registre des prisonniers par nature
d’infraction.

Commentaire : d’après l’analyse de ce tableau, les cas de viol, sans pour autant spécificité la
nature de viol sont nombreux que les autres infractions exploitées dans le présent travail. Le viol
compte 163 cas, suivi de le Harcèlement sexuel qui compte 12 cas ; excitation de mineur à la
débauche et proxénétisme qui comptabilisent pour chacune 1 cas. Il s’observe que de cette
analyse que plusieurs cas qui ont été traités au TGI/Bukavu pendant cette période concernée par
notre étude, ne sont pas arrivés à la prison centrale de Bukavu. Cela veut dire d’autres cas sont
arrivés au tribunal, mais les auteurs sont acquittés. Ici, il y a lieu de croire que certains cas traités
des institutions de prise en charge peuvent être ne pas refléter toute la réalité. Le taux de cas
reçus à la prison centrale est faible.

II3. Appréciation critique des résultats obtenus sur le terrain

D’une façon générale, les données statistiques de criminalités par rapport aux innovations telles
que contenues dans la loi de 2006 jusque-là n’ont pas encore attiré l’attention de grand nombre
de personnes. La majorité de ces infractions n’est pas dénoncée, car il s’observe qu’il y a soit
l’ignorance de certaines dispositions par la population, la confusion que certaines d’autres
dispositions entretiennent (cas de différentes innovations opérées dans l’infraction de viol), dans
la mesure où elles s’éloignent du domaine de la sexualité. Il y a lieu de relever que la loi de 2006
40

relatives aux violences sexuelles connait un mimétisme (une imitation) aveugle sur certains
aspects qu’il sied de l’adapter à la culture congolaise. Certaines criminalités prévues par cette loi
semblent ne pas être connues par la population.

Le tableau numéro 1 nous donne l’impression de réaliser que, plusieurs cas enregistrés dans des
institutions de prise charge n’arrivent pas à des juridictions dans la ville de Bukavu. Car, sur un
nombre de 740 cas des viols et violences sexuelles, toutes catégories confondues, 212 cas
seulement sont arrivés au TGI de Bukavu, juridiction compétence sur le plan matériel et
territorial.
Selon l’agent de l’Héritier de la Justice, Maître CHALAZIRE BAKAMARE Jean Paul, il
s’observe qu’un certain nombre de criminalités réprimées par la loi de 2006 se limite au niveau
des familles et dans d’autres structures de la place à travers des traitements à l’amiable. L’agent
pour suit en disant que, d’autres victimes préfèrent garder silence pour des raisons de la moralité,
car selon elles, la société a une autre lecture vis-à-vis de victime. Elles sont souvent stigmatisées
par les membres de la société.

D’autres victimes encore se dirigent vers des institutions de prise en charge et se réservent de
saisir la justice pour toujours des raisons ci-haut évoquées. Après avoir été signées, elles
préfèrent rentrer dans des familles de provenance et souhaitent que les structures de prise en
gardent une discrétion totale par rapport à ce préjudice dont elles font l’objet.

Le taux d’applicabilité de cette loi est encore faible, car l’on observe que l’infraction la plus
documentée reste le viol. Cela veut dire que c’est le viol qui est jusque maitrisé par la population.
Mais en partie, car certaines formes de viol ne sont pas mentionnées, cas de viol commis sur un
homme par une femme, le viol commis par l’introduction d’un objet dans n’importe quel orifice,
etc. Certaines dispositions prévues par la loi de 2006 ne sont pas jusque-là connues par la
population dans la ville de Bukavu, car certaines d’entre elles relèvent du droit international
humanitaire.

En analysant bien les dispositions telles que prévues par la loi de 2006, l’on affirme que ces
dispositions sont efficaces, mais certaines d’entre elles ne sont pas familiarisées par la population
de Bukavu. Aussi l’on peut encore dire que la vulgarisation de cette loi est faible. La population
n’a pas encore pris suffisamment connaissance de certaines dispositions de cette loi, ce qui
explique la suprématie de l’infraction de viol, au sens de la pénétration sexuelle par rapport aux
autres sur le plan fréquence. Cela engendre même le faible taux de dénonciation, car l’on ne peut
pas dénoncer ce que l’on n’a pas suffisamment connaissance.
41

Difficultés rencontrées
Dans le processus de récolte des données sur le terrain, nous nous sommes butés à plusieurs
difficultés quant à ce, notamment :
- Le refus indirect observé dans certaines institutions de prise en charge des victimes de
violences sexuelles. Tel est le cas de la Fondation Panzi où nous avons été soumises à
une multitude de conditions qui ont fait tarder inutilement ;
- Au niveau du ministère de genre où nous avons trouvé des données mélangées pour toute
la province, sans pour autant établi une spécificité pour ce qui concerne la ville de
Bukavu ;
- Dans certaines institutions nous n’avons même été reçu.
.
42

COCLUSION GENERALE

Le travail au terme duquel nous nous trouvons a parlé de l’effectivité et efficacité de la loi
N°06/018 du 20 Juillet 2006 portant sur les violences sexuelles dans la ville de Bukavu : cas de
viol. Il était question de montrer les différentes innovations que cette loi a apporté à certaines
dispositions du code pénal congolais en matière d’infractions liées à la moralité sexuelle,
analyser l’effectivité et l’efficacité de la loi en question par rapport à son applicabilité sur le
terrain, montrer en quoi le régime juridique de cette nouvelle loi se diffère-t-il du régime
juridique précédent.

Dans le premier chapitre consacré à la généralité sur les violences sexuelles, nous a permis
d’analyser certaines formes de violences sexuelles, leurs conséquences. Les violences basées sur
le genre, les violences sexuelles, les violences psychologiques et les violences économiques ont
fait l’objet de cette analyse. Quant à leurs conséquences, elles ont été relevées sur le plan santé
de reproductivité, sur le plan familial, économique et psychologique.

En deuxième lieu, nous avons défini certains concepts que nous jugeons utile pour la meilleure
compréhension de notre thématique. Nous à ce sujet montré en quoi ces définitions sont liées à
l’objet de notre étude. D’une manière synthétique, nous avons dégagé la prise en charge des
victimes de violences sexuelles.

Le deuxième chapitre a parlé de l’efficacité et effectivité de la répression des infractions liées


aux violences sexuelles. A cet effet, trois points ont été analysés.

S’agissant de l’efficacité, pour essayer de voir si les dispositions de la loi de 2006 sont efficaces
par rapport à la répression des crimes des viols et violences sexuelles commis dans la ville de
Bukavu, nous avons consacré une analyse comparative entre les dispositions modifiées du Code
Pénal Livre II et celles prévues par la loi de 2006 sur les mêmes crimes. Ici l’analyse consistait à
dégager non seulement les différentes faiblesses observées dans le code, par rapport à la
43

dynamique de la criminalité, mais aussi dégager les points forts que la loi a apportés sur le plan
matériel et légal. Surtout le cas d’infraction de viol qui q beaucoup subi des modifications.

De cette analyse, nous avons constaté que la loi, par rapport à des innovations qu’elle a apporté
au code pénal, elle est efficace pour résoudre le problème de cette nouvelle forme de criminalité
qui s’observe ce dernier temps. Toutefois, en éloignant le viol du domaine de la sexualité,
lorsqu’il s’agit de l’introduction de tout objet quelconque dans tout orifice du corps, il prête à
confusion entre le viol et les autres infractions incriminées par le code, notamment les coups et
blessures volontaires, etc. par ailleurs, il y a lieu de relever que la loi de 2006 relative aux
violences sexuelles connait un mimétisme aveugle sur certains aspects qu’il sied de l’adapter à la
culture congolaise. C’est-à-dire que la loi consacre certaines incriminations qui ne cadrent pas
avec la réalité locale et qui ne se commettent que dans des moments spécifiques. Le cas de
stérilisation forcée, par exemple.

Quant en ce qui concerne l’effectivité de l’applicabilité des dispositions de la loi en question,


nous avons effectué une descente sur le terrain, recueillir les données dans des institutions de
prise en charge. A cela nous avons été à Héritier de la Justice où nous avons trouvé des données
que nous avons comparé avec la réalité de l’applicabilité de cette loi au niveau des juridictions de
la ville de Bukavu. L’intention était de savoir si réellement tous les cas de la commission des
infractions telles que contenues dans la nouvelle loi arrivent devant les juridictions compétentes.

A cela, nous avons trouvé que, bon nombre d’infractions commises dans ce sens n’arrive pas
devant le juge. Plusieurs facteurs ont expliqué cet état de chose, notamment, les séances
médiations effectuées en familles et dans certaines institutions de la place, d’autres cas ne sont
dénoncés par les victimes de peur d’être stigmatisées dans leurs communautés, les autres
victimes se disent satisfaites par la prise en charge médicale et ne trouvent plus l’intérêt d’aller
en justice, d’autres encore n’ont pas des moyens pour poursuivre l’action en justice. Il y a aussi
l’ignorance par certaines victimes par rapport aux actes qu’elles subissent. Plusieurs d’entre elles
n’arrivent pas à réaliser que tel acte peut constituer une telle incrimination, car elles ne sont pas
informées. D’où la nécessité de pouvoir vulgariser encore cette loi de nouveau afin de permettre
à un grand nombre de la population Bukavienne d’être informée sur la pertinence de cette loi,
plus d’une décennie depuis son élaboration.

Nous sommes arrivés à des résultats selon lesquels la loi relative aux violences sexuelles
présente encore son ineffectivité d’application dans la ville de Bukavu.
44

En termes de recommandations, nous pouvons suggérer ce qui suit :

- Continuer avec la vulgarisation de la loi de 2006 pour permettre à un grande nombre de


la population de Bukavu d’être informée sur la pertinence de toutes les dispositions
contenues dans ladite loi ;
- Que la justice congolaise joue pleinement son rôle actif dans la recherche d’infractions,
surtout celles incriminées dans cette nouvelle loi, en instruisant strictement les OPJ et les
MP quant à ce.

BIBLIOGRAPHIE

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45

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3. CHAN, M. Rapport sur la violence à l’encontre des femmes. Genève : Publications de
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4. PIERRET, A. Notes du cours de Droit Pénal Spécial, UOB, 2006-2007 ;
5. POLSKY, E. V. Centre et droit, les enjeux de la parité. Cahier du groupe d’étude sur la division sociale et
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IV. LOIS

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2006, modifiant et complétant le Décret du 30 Janvier 1940 portant Code Pénal congolais ;
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3. OLYA KALINDA, La répression des violences sexuelles, WWW grand lacs. Net, consulté le
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