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LES VILLES EUROPÉENNES

ANALYSE COMPARATIVE
LES VILLES EUROPÉENNES
ANALYSE COMPARATIVE

Céline Rozenblat
Patricia Cicille
La coordination scientifique de cette étude a été réalisée par Céline Rozenblat, maître
de conférences à l’université Paul Valéry de Montpellier, et Patricia Cicille, ingénieure
de recherche CNRS, UMR ESPACE 6012, Montpellier.

Ont collaboré à cette étude


• pour le recueil et la saisie des données :
Magali Amiel, Sandra Bozzani, Julie Granier, Lotfi Kazi-Tani, Isabelle Lirola,
Benjamin Ribière, Mélanie Tafani, contractuels CNRS
• pour les traitements statistiques et la cartographie :
Guérino Sillère, ingénieur d’études CNRS, UMR ESPACE ; Aurélie Tostain,
contractuelle CNRS
• pour la révision des textes, la maquette, la mise en page :
Cécile Gaudin, Régine Vanduick, ingénieures CNRS, UMR ESPACE.

Toutes les cartes résultent d’informations produites par le système SAS ®

Cet ouvrage est le résultat d’une recherche réalisée à la demande de la DATAR


(Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale).

Réalisation technique de la Maison de la Géographie


17 rue Abbé de l’Épée, 34090 Montpellier
Tél. 04 67 14 58 31 ; fax 04 67 72 64 04
SOMMAIRE

PRÉFACE .................................................................... ?

COMPARER LES VILLES EUROPÉNNES .................................. 9

LES 180 AGGLOMÉRATIONS : ANALYSE COMPARATIVE ............... 17

RAYONNEMENT ET SPÉCIALISATIONS .................................. 49

VERS UNE « VILLE GLOBALE » EUROPÉENNE ? .......................... 73

REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................... 75

ANNEXES .................................................................... 77

TABLE DES CARTES ........................................................ 91

LISTE DES TABLEAUX ..................................................... 93


PREFACE

par Nicolas Jacquet,


Délégué à l’aménagement du territoire et à l’action régionale

Il y a plus de dix ans, la Datar publiait l’étude Elle s’inspire des principales options
dirigée par Roger Brunet sur les villes « européennes » méthodologiques du travail réalisé en 1989 mais en
qui constituait alors la première tentative pour décrire renouvelle la portée par un choix différent d’indi-
et hiérarchiser de façon quantifiée le système des cateurs de rayonnement.
grandes villes européennes. Cette commande permet-
tait de situer les villes françaises en Europe, dans un Les indicateurs retenus mettent notamment
contexte d’intégration économique et politique en l’accent sur les fonctions métropolitaines qui aujour-
pleine accélération. d’hui caractérisent et différencient les grandes villes.
Ils traduisent pour une partie d’entre eux le potentiel
Illustrant la concentration et la puissance des des villes à développer un environnement propice au
fonctions métropolitaines sur la dorsale européenne, développement (en matière universitaire, culturelle
ce travail avait d’emblée marqué les esprits, donnant ou par leurs fonctions d’accueil) et insistent sur les
naissance à l’image de la « banane bleue ». phénomènes d’intégration aux différents types de
réseaux (de transport, de recherche, de connaissance,
La place occupée au sein du système des etc.) à partir desquels se construit de plus en plus la
villes européennes demeurant un objet de questionne- production des richesses et donc la puissance des
ment, une nouvelle recherche sur ce sujet a été villes.
entreprise dans un contexte où les concurrences entre Quelles images et quelles leçons en tirer, en
villes ont tendance à s’exacerber et où l’attractivité particulier évidemment pour les villes françaises ?
des territoires, en particulier urbains, est un élément
déterminant de la compétitivité économique du pays. Si l’on s’en tient aux principaux résultats
d’ensemble, c’est un constat plutôt positif de la place
Cet exercice, mené selon une méthodologie de nos villes françaises qui tirent sans conteste « leur
rigoureuse - loin des « palmarès » que produisent avec épingle du jeu » de cette comparaison européenne.
plus ou moins de bonheur, les principaux titres de la
presse hebdomadaire -, peut être un outil partagé de Il faut s’en féliciter : on a trop longtemps
diagnostic et d’appui pour les acteurs publics qui voulu croire au fameux désert français pour ne pas
agissent en faveur des métropoles françaises. aujourd’hui constater le dynamisme des grandes
métropoles de province et leur reconnaître un rôle
J’engage chacun à s’en saisir et à lire ce singulier, avec Paris qui continue de se placer parmi
travail comme une contribution pour un débat les toutes premières capitales mondiales, dans le
renouvelé sur la place européenne de nos grandes rayonnement et le poids de la France en Europe.
villes.
Alors qu’il y a une dizaine d’années, seule
Lyon paraissait en mesure d’accrocher le peloton de
Portant sur 180 villes de plus de 200 000
tête des premières villes européennes, les grandes
habitants, cette étude représente un travail
métropoles que sont Marseille, Toulouse ou encore
systématique et extrêmement complet réalisé par la
Lille, Strasbourg, Bordeaux ou Nantes sont
Maison de la géographie de Montpellier, sous la
désormais en bonne place au regard de nombreux
coordination scientifique de Mmes Céline Rozenblat
critères d’attractivité.
et Patricia Cicille.
Pour autant, ce travail de comparaison montre La présente étude ayant pour point d’entrée
également que nos grandes villes sont plus fortes de les agglomérations européennes, une approche des
leurs fonctions de rayonnement culturel et universi- « régions-métropoles » pourra d’ailleurs utilement
taire qu’elles ne le sont des grandes fonctions compléter ce travail, les relations entre villes,
économiques directement créatrices de valeur (la régions urbaines et collectivités régionales consti-
finance, la recherche, les grands groupes, les foires et tuant sans aucun doute un aspect majeur du dévelop-
salons, etc.). pement des villes et de leur capacité à rayonner.

De ce point de vue, le centralisme à la Mais la Datar n’entend pas seulement


française – que l’on constate d’ailleurs également très explorer ce que sont aujourd’hui les métropoles
fortement chez nos voisins anglais – limite toujours le européennes.
nombre de villes françaises pouvant se hisser aux
premiers rangs de la hiérarchie urbaine européenne. Il Dans le rôle de proposition et de coordi-
y a là une inertie qui nuit à la France, notamment dans nation interministérielle qui est le sien en matière de
le contexte d’une Europe élargie demain aux grandes politique d’aménagement du territoire, elle souhaite
capitales de l’Europe centrale et orientale. que l’Etat et les collectivités se retrouvent autour
d’une démarche structurante et partenariale dans ce
De même, si l’armature urbaine française domaine.
paraît pourvue de solides points d’appui - le
rayonnement constaté des principales capitales Le développement et l’amélioration de
régionales françaises les place en meilleure position l’offre métropolitaine des principales grandes villes
que celle à laquelle elles pourraient prétendre de par françaises doit être un nouvel axe fort d’aména-
leur poids démographique - les concentrations urbai- gement du territoire au service d’un meilleur
nes sont rares hors de l’Ile-de-France et font apparaître équilibre du territoire et d’une attractivité écono-
des capitales régionales assez isolées, au sein de mique, sociale et culturelle renforcée de la France en
territoires régionaux parfois faiblement peuplés. Europe.
COMPARER LES VILLES EUROPÉENNES

La plus forte transformation de l’es- ces mouvements généraux, se développent


pace européen depuis deux siècles est des spécificités propres à chaque métro-
certainement son passage d’une société à pole. Certaines villes comptent plus que
dominante rurale à une société urbaine. d’autres dans certains domaines économi-
Aujourd’hui, plus des deux tiers de la ques, scientifiques, culturels, ou de trans-
population vivent en ville, dont plus de port. Certaines aussi se singularisent par
la moitié dans les plus grandes. Dans des fonctions spécifiques.
l’Europe (ici délimitée à l’est par Moscou
et Istanbul), plus de deux cents agglomé-
rations urbaines ont plus de 200 000 QUINZE ANS APRÈS LES PREMIÈRES
habitants et regroupent environ 40 % de ÉTUDES
la population. La répartition des villes
sur le continent européen est assez Ces mutations de plus en plus rapides
homogène, avec toutefois une concentra- qui, en premier lieu, affectent les villes,
tion plus forte de plusieurs conurbations justifient amplement de faire le point
dans la dorsale rhénane : Cologne-Bonn, aujourd’hui sur ces transformations et
Duisbourg-Essen-Bochum-Dortmund, sur les positions relatives des villes dans
Düsseldorf-Wuppertal, pour ne citer que le système urbain européen en pleine
les plus grandes. construction.
L’élargissement de l’Union euro-
péenne aux pays de l’Europe de l’Est fera Cette recherche arrive près de quinze
glisser le centre de gravité de l’Europe ans après les premières études compa-
urbaine de plusieurs centaines de kilo- rant les villes européennes selon des cri-
mètres depuis la Ruhr, où il se trouve tères multiples (Brunet, 1989 ; Cheshire
actuellement, vers le centre de l’Alle- et Hay, 1989 ; Conti et Spriano, 1990).
magne. Ce nouveau positionnement Depuis, seuls quelques chercheurs ont
relatif des villes va jouer de plus en plus entrepris de renouveler l’analyse sur un
fortement en accélérant ou freinant leur échantillon large de villes et avec une
intégration européenne. approche rigoureuse de la comparabilité
À l’Ouest, la construction européenne de plusieurs indicateurs (Cattan et al.,
est déjà bien entamée, et le système des 1999). Sans doute n’était-ce pas un
villes en phase de consolidation. Des besoin urgent puisque la forte inertie des
mutations sociales, techniques et cultu- systèmes urbains ne rend visibles des
relles se diffusent rapidement de ville en changements significatifs que tous les
ville, orientant leur devenir vers un destin cinq ans, voire tous les dix ans. Sans
commun auquel elles participent et en doute aussi, les préoccupations étaient
subissent simultanément les effets. Les plus tournées vers l’échelle mondiale et
États régulent moins fortement qu’aupa- l’échelle locale (Sassen, 1996, Castells,
ravant ces processus internationaux aux- 1998) que vers le niveau européen inter-
quels les régions et les villes sont médiaire où les mutations politiques
affrontées directement. Parallèlement à dominaient le débat.
9
Les villes européennes

Il faut également évoquer les diffi- puissance économique effective. Le poids


cultés des études empiriques compara- économique des villes est en effet un fac-
tives, l’Europe ayant beaucoup de mal à teur difficilement mesurable car la pro-
se doter d’appareils statistiques compa- duction urbaine n’est pas toujours
rables à l’échelon urbain (Audit urbain, comptabilisée sur place puisqu’elle est en
2000). Dans cette période toutefois, grâce grande partie en réseau : d’où le problème
à Internet et à l’importance prise par l’in- des PIB urbains mais aussi des calculs de
formation à tous les niveaux de gestion et valeurs ajoutées régionales. Pour toute-
d’anticipation entrepreneuriale ou terri- fois conserver cet autre éclairage de la
toriale, les statistiques sont devenues réalité des villes, nous avons complété le
dans de nombreux domaines plus fiables classement obtenu par des informations
et plus diversifiées. Il n’en demeure pas concernant les types d’activités économi-
moins une grande difficulté à extraire ques et la diversité industrielle des villes.
des indicateurs pertinents et homogènes La seconde raison est le type des
pour toutes les villes, notamment sur les mesures utilisées. L’étude de Roger
aspects économiques et sociaux. Brunet se basait sur un certain nombre
de critères qualitatifs par défaut de
L’élaboration de l’étude a été envi- quantification fiable. Une excellente
sagée de manière explicite comme une connaissance du terrain et la consulta-
« réactualisation » de la publication de tion d’experts ont, pour de nombreux
Roger Brunet sur les villes « européennes » aspects, permis d’évaluer la position rela-
de 1989. Nous en avons conservé l’ap- tive des villes. Dans cette étude, nous
proche exhaustive et la méthode de clas- avons toujours utilisé des critères quanti-
sement. Toutefois, les comparaisons fiés ou des fréquences de fonctions
directes entre les deux études sont comme les banques ou les musées dont le
hasardeuses, voire impossibles pour rayonnement a été évalué par des orga-
deux raisons principales. nismes spécialisés. Ceci a l’avantage de
La première raison est la différence hiérarchiser les villes de manière plus
des critères utilisés. À près de quinze « objective », même si chaque mesure
ans d’intervalle, il était normal de recon- trouve toujours des limites que nous pré-
sidérer les critères de comparaison. cisons à chaque fois (voir annexes).
Certains sont devenus obsolètes pour L’étude offre un panel de quinze varia-
différencier notablement les villes, et bles qui sont réunies de manière exhaus-
nous avons dû les abandonner. Par tive sur l’ensemble des villes de plus de
exemple, les technopoles ou les centres 200 000 habitants.
de communication sont aujourd’hui pré-
sents dans toutes les villes et ne permet-
tent donc plus de distinguer une CLASSEMENT SYNTHÉTIQUE
quelconque innovation en la matière. En ET ANALYSE DES POSITIONS RELATIVES
revanche d’autres aspects ont émergé DES VILLES
dans le rayonnement des villes. Il s’agit
pour la plupart, de critères culturels et Un classement synthétique résume
d’intégration dans des réseaux de trans- les positions des villes pour l’ensemble
port ou de recherche. Ainsi, l’étude s’at- des indicateurs. Ce classement est à la
tache plus à mettre en évidence la fois l’aboutissement d’une série d’indica-
réunion d’un ensemble de conditions teurs et le point de départ d’une analyse
offrant aux villes des potentiels de rayon- plus approfondie sur les structures et
nement européens, que de mesurer leur dynamiques des grandes agglomérations
10
Comparer les villes européennes

A. La population des villes européennes en 1990

Population en milliers d'habitants en 1990 (agglomérations


de 200 000 habitants et plus, sauf Luxembourg et Metz)
11 500

3 500
Villes de la
80 zone d'étude

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: GEOPOLIS, 1993

11
Les villes européennes

d’Europe occidentale. La recherche a été STRUCTURES NATIONALES


menée en quatre étapes : ET INTÉGRATION EUROPÉENNE
1. une explication du choix des « villes DU RÉSEAU DE VILLES
européennes » étudiées et des indica-
teurs utilisés; Les structures nationales influencent
2. une revue analytique des quinze les villes de deux manières distinctes.
indicateurs permet de révéler les dyna- D’une part, la puissance économique des
miques urbaines et les fonctions interna- pays détermine encore en partie la puis-
tionales majeures ; sance et la position européenne de leurs
3. un classement général des villes villes. D’autre part, à chaque pays cor-
qui permet une analyse synthétique de respondant une forme particulière d’ar-
ces indicateurs et qui révèle le rayonne- mature urbaine, les concentrations des
ment global des villes; activités dans les grandes villes peuvent
4. une confrontation entre ce classe- être très variables, en fonction notam-
ment et le poids démographique des ment des spécificités des structures ins-
villes, suivie d’une typologie des spéciali- titutionnelles nationales. C’est le cas
sations relatives sur les quinze indica- notamment pour les universités alle-
teurs et complétée par des informations mandes, belges et suisses qui sont, plus
plus générales sur la diversité écono- qu’ailleurs en Europe, nombreuses et dif-
mique et industrielle des aggloméra- fuses hors des grandes villes. La mesure
tions, permettant de qualifier davantage des grandes villes ne prend en compte
l’assise de leur rayonnement. dans ce cas qu’une partie plus faible
La place de certaines villes dans le qu’ailleurs de l’activité nationale, sem-
classement ne manquera pas d’étonner blant « affaiblir » certains réseaux
le lecteur. Ces villes sont souvent répu- urbains nationaux. Ainsi, les études sur
tées pour une fonction particulière dans les villes se distinguent nettement des
laquelle elles ont une spécialisation très approches nationales ou régionales,
poussée, mais n’ont pas toujours un développées par ailleurs, qui prennent
développement équilibré de l’ensemble en compte de manière plus exhaustive
des fonctions prises en compte dans l’activité des territoires. Elles les com-
l’étude. C’est le cas, par exemple, de plètent toutefois en soulignant l’activité
Francfort, relativement mal classée par agglomérée qui bénéficie d’une mise en
rapport à une certaine image véhiculée réseau plus directe avec les autres villes
par la presse économique. Francfort est d’Europe, par le biais des canaux inter-
certes une place financière et un nœud urbains qui favorisent les diffusions et
aérien de première importance, mais les échanges.
pour un grand nombre d’autres fonctions
(recherche, culture), son rayonnement Par les réseaux urbains qui tissent de
demeure relativement modeste. A l’in- plus en plus d’interdépendances entre
verse, Amsterdam pourra apparaître les villes, des processus mondiaux ou
comme « surclassée ». Elle réunit, face à continentaux touchent l’ensemble des
Francfort, un plus grand nombre de villes. Celles-ci en sont affectées avec des
domaines à fort rayonnement. rythmes et des intensités variables selon
la forme et l’ampleur et leur intégration.
Ainsi, l’analyse comparative des villes
européennes met bien en évidence un
double processus : d’une part, un pro-
cessus commun de transformation des
12
Comparer les villes européennes

villes ; d’autre part leur spécialisation urbains. C’est donc un cadre assez
relative issue de développements locaux, pertinent pour les mesures et les
régionaux, nationaux ou de réseaux, pla- comparaisons nationales et inter-
çant certaines villes en position originale nationales du poids économique des
par rapport à l’ensemble. villes. C’est, sans doute, la raison pour
L’étude caractérise ce qui fait l’origi- laquelle l’Organisation des Nations
nalité de chacune des plus grandes unies et différentes organisations
agglomérations européennes. Elle internationales préconisent, depuis plus
permet d’identifier les niveaux de rayon- de 30 ans, d’utiliser cette définition dans
nement des agglomérations et la spécia- chaque pays.
lisation de leur insertion dans les
réseaux européens. C’est là l’ambition Les régions urbaines regroupent
principale de cette étude face à laquelle toutes les zones (même rurales) qui sont
il faut rester modeste et développer des dépendantes d’un centre urbain, en
interprétations qui demeurent limitées à particulier pour l’emploi. Elles sont, le
ce cadre. plus souvent, définies à partir d’un
certain seuil de population active se
rendant à la ville centre (ou dans
LE CONCEPT DE LA VILLE EN EUROPE l’agglomération) pour exercer une
activité. La plupart du temps, cette
Comparer les villes européennes définition est moins utilisée pour isoler
nécessite de s’attarder sur le concept de une entité urbaine que pour effectuer
ville à retenir, afin de délimiter les villes une régionalisation autour des pôles
de la même manière et de choisir les principaux. Ces régions urbaines sont,
villes à prendre en compte dans l’étude. en effet, particulièrement pertinentes
La mesure de l’objet urbain a été pour suivre l’étalement urbain. Toute-
longuement traitée dans la littérature fois, cette délimitation n’existe pas dans
spécialisée (Pumain et al. 1991). On peut tous les pays, car elle est bien plus
en extraire trois grands groupes de difficile à mettre en œuvre que les deux
méthodes de délimitation comparables précédentes. En Europe, elle n’est
des villes qui correspondent à des enjeux appliquée par les Instituts nationaux de
différents. statistiques qu’en France, en Italie, en
Suisse, en Belgique, au Luxembourg et
Les collectivités urbaines sont définies aux Pays-Bas. En France, l’INSEE a
par des limites administratives ou par réalisé, en 1997, à partir des navettes
leur statut juridique (ville, communauté entre lieux de travail et de résidence
urbaine, district urbain…). La ville, (1990), un zonage en 361 aires urbaines.
ainsi délimitée, est le plus souvent Refait en 2001, à partir des résultats du
étudiée sous l’aspect de sa gestion recensement de 1999, le zonage obtenu
(finances urbaines, équipements et ne comporte plus que 354 aires urbaines.
organisation des pouvoirs dans la ville), Une aire urbaine est constituée d’un pôle
ce qui renvoie à la gouvernance urbaine. urbain et des communes de la couronne
périurbaine, dans lesquelles au moins
Les agglomérations urbaines sont 40 % des actifs résidents vont travailler
définies d’après la continuité du bâti. dans l’aire urbaine.
Cette partie agglomérée des villes Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui
regroupe en Europe une grande part des ont tendance à vouloir privilégier les
activités, des fonctions et des emplois régions urbaines pour définir les villes.
13
Les villes européennes

Toutefois, leur large extension en SÉLECTION DES VILLES ET DES


surface, ainsi que la grande difficulté à INDICATEURS
déterminer leurs contours, à partir de
critères simples, rendent leur utilisation À partir de la délimitation des agglo-
très délicate dans les comparaisons mérations, nous avons retenu un certain
internationales en termes de poids nombre de villes1 à partir de leur poids
démographique et économique. démographique. Le seuil de 200 000
habitants a été choisi non seulement
Nous avons ainsi choisi, dans cette parce qu’il permet d’observer d’éven-
étude, de considérer les villes dans leur tuelles évolutions par rapport aux
délimitation en tant qu’agglomérations études précédemment menées, mais
urbaines, ce qui permet d’harmoniser au aussi, et surtout, parce qu’il semble que
mieux les comparaisons. Ainsi, les ce niveau de population définisse
agglomérations sont toutes délimitées aujourd’hui encore un seuil pertinent
selon le même critère de continuité du pour inclure les villes qui peuvent pré-
bâti, et toutes les données sont collectées tendre jouer un rôle réel au niveau conti-
dans ce cadre. nental. C’est, en effet, à partir de cette
Dans la plupart des cas, cette taille que les villes européennes peuvent
délimitation correspond bien à la logique bénéficier simultanément de plusieurs
concentrique de l’organisation des villes fonctions leur donnant un rayonnement
européennes. Toutefois, dans de rares à l’échelle de l’Europe, comme un aéro-
cas, des politiques historiques spécifiques port avec des liaisons internationales
ou des sites d’extension particuliers ont directes, un accès autoroutier, des liai-
pu rendre cette délimitation insuffisante. sons ferroviaires multiples, une chambre
C’est le cas, par exemple, de Londres, de commerce et des institutions locales
dont la ceinture verte historique permettant une animation économique,
provoque une discontinuité de fait entre sociale et culturelle tout au long de
le centre et les extensions périphériques. l’année.
Cependant, la démarche de délimitation Notre espace d’étude se limite aux
par l’agglomération urbaine entraîne, quinze pays de l’Union européenne, plus
finalement, peu de risques, eu égard à la Suisse et la Norvège. Dans cet espace,
l’objectif de l’étude. En effet, les fonctions nous avons recensé 178 villes dont l’ag-
urbaines considérées sont celles qui glomération urbaine totalisait plus de
privilégient les localisations les plus 200 000 habitants en 1990. Cette étude
centrales, parce qu’elles profitent le plus ayant été commencée en 2000, tous les
des avantages des économies d’échelle et recensements n’étaient pas encore
d’urbanisation liées à l’agglomération. La rendus publics et, a fortiori, les nouvelles
plupart d’entre elles ont donc peu de délimitations des agglomérations. Nous
chance de se situer dans les périphéries avons pu mettre à jour les populations
lointaines des aires urbaines. (2000) dans les découpages 1990 puisque
les nouveaux ne sont pas encore disponi-
bles. Nous avons estimé logique
d’ajouter à cet échantillon la ville de
Luxembourg2, du fait de son rôle de capi-
tale de pays et d’accueil d’institutions

1. Dans la suite du texte, les termes « agglomération » et « ville » sont employés indifféremment.
14 2. Luxembourg faisait partie de l’étude Les Villes européennes de 1989.
Comparer les villes européennes

B. Les agglomérations d’Europe occidentale de plus de 200 000 habitants1 en 1990

Tampere

Turku Helsinki

Oslo Stockholm

Göteborg

Copenhague
Malmö
Glasgow
Édimbourg

Newcastle
Belfast Middlesbrough Rostock
Kiel
Preston
Blackpool Leeds Kingston Lubeck
Liverpool Amsterdam Hambourg
Dublin Sheffield Brême
Derby Haarlem Utrecht Hanovre
Manchester Berlin
Nottingham Leiden Nimègue Osnabrück Brunswick
Stoke-on-T. Leicester La Haye Arnhem Magdebourg
Birmingham Coventry Enschede Halle
Rotterdam Munster Leipzig Dresde
Cardiff Bristol Luton Southend- Breda Dusseldorf
Essen Kassel
Londres on-Sea Cologne
Swansea Chatham Anvers Eindhoven Erfurt Chemnitz
Aldershot Bielefeld
Bournemouth Gand Bruxelles Heerlen
Brighton Lille Aix-la-Ch. Coblence
Liège
Béthune Charleroi Francfort
Portsmouth Lens Mons Darmstadt
Plymouth Southampton Valenciennes Wiesbaden Nuremberg
Le Havre
Luxembourg Sarrebruck Mannheim Vienne
Rouen Karlsruhe
Metz Augsburg Linz
Reims
Paris Nancy Stuttgart
Brest Strasbourg Munich Salzbourg
Rennes Fribourg Graz
Orléans Mulhouse
Angers
Dijon Bâle Zurich
Tours Berne
Nantes
Lausanne Venise Trieste
Genève Bergame Padoue
Clermont-Ferrand Lyon Milan
Brescia Vérone
Saint-Étienne Turin
Grenoble Bologne
Bordeaux Gênes
Nice Carrare Florence
Gijon Saint- Montpellier
Santander Sébastien
Toulouse
La Corogne Cannes
Bilbao Marseille Salonique
Toulon
Vigo Vitoria Rome Bari
Pampelune Caserte

Valladolid Tarente
Saragosse Salerne
Porto Barcelone Naples
Tarragone
Athènes
Madrid Palma de
Majorque Cagliari
Valence Messine
Lisbonne Palerme
Catane
Alicante
Cordoue Murcie
Séville
Grenade
0 350 km
Cadix Malaga
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: UMR ESPACE, 2001

1. Luxembourg et Metz ont moins de 200 000 habitants, mais figurent dans la sélection.
Seul le nom de la ville principale est mentionné pour les conurbations suivantes: Cologne-Bonn, Essen-Dortmund-Duisbourg,
Düsseldorf-Wuppertal, Wiesbaden-Mainz, Sarrebruck-Forbach ; Genève-Annemasse ; Grasse-Cannes-Antibes, Lille-Roubaix-Tourcoing,
Marseille-Aix-en-Provence ; Gijon-Oviedo ; Massa-Carrare-Viareggio ; Enschede-Gronau ; Leeds-Bradford.

15
Les villes européennes

européennes, même si l’agglomération l’ensemble des agglomérations retenues.


urbaine totalise un peu moins de 100 000 Ce classement est confronté avec la taille
habitants. L’agglomération de Metz a démographique des agglomérations afin
également été ajoutée à la sélection pour d’éviter la redondance liée aux effets de
de tout autres raisons: population très masse et de repérer les villes qui s’éloi-
proche du seuil retenu (193 000 habi- gnent positivement ou négativement de
tants en 1990), aéroport commun avec la place que leur conférerait leur seul
Nancy, capitale régionale aux nom- poids démographique.
breuses autres fonctions administratives Enfin, nous nous sommes intéressées
(cour d’appel, évêché, rectorat, siège de aux profils de spécialisation des villes.
la région militaire Nord-Est, etc.). L’importance relative de l’ensemble des
fonctions par rapport à la population des
Sur l’ensemble des 180 agglomérations villes a été analysée de manière multiva-
retenues, nous avons construit une base riée et a donné lieu à une typologie syn-
de données comparables qui rendent thétique rendant compte des domaines
compte des principales fonctions interna- de spécialisation des villes dans leur
tionales. Cette base comporte 15 indica- rayonnement international. Dans un
teurs : la population des agglomérations second temps, nous avons répertorié et
en 2000, l’évolution de leur population de analysé les principales activités indus-
1950 à 1990, le trafic de marchandises trielles, ainsi que les autres activités
des ports, les passagers des aéroports, majeures des villes.
l’accessibilité des villes à l’échelle euro- Ces dernières approches apportent les
péenne, les sièges sociaux des plus grands nuances nécessaires à un classement
groupes européens, les places financières, qui, comme tout exercice de ce type,
les foires internationales, les congrès donne une vision univoque et hiérar-
internationaux, les musées, les touristes, chique. La réalité des villes européennes
les sites culturels, les étudiants, l’édition est multidimensionnelle et nous avons
des revues scientifiques et les réseaux de tenté de restituer, en partie au moins,
la recherche européenne. les spécialisations et diversités qui com-
L’analyse de ces indicateurs nous a posent la richesse du système urbain
permis d’élaborer un classement de européen.

16
Les 180
agglomérations :
analyse
comparative
Les villes européennes

1. LE SEMIS DES VILLES EUROPÉENNES nationaux (par exemple, quel que soit le
mode de transport, les échanges intrana-
La hiérarchie des agglomérations tionaux entre villes dominent les
européennes forme une pyramide à large échanges internationaux). L’histoire
base, c’est-à-dire qu’il y a peu de très politique de chaque pays explique des
grandes villes et un grand nombre de hiérarchies urbaines plus ou moins pro-
villes moyennes. Paris et Londres, avec noncées selon la forme du pouvoir terri-
respectivement 9,5 et 7,3 millions d’habi- torial. La primauté absolue de certaines
tants en 2000, se détachent nettement capitales (Paris, Londres, Vienne ou
au niveau supérieur d’une hiérarchie Athènes) n’a pas permis la croissance
urbaine répartie en 6 classes. d’autres très grandes villes nationales.
Paris et Londres, proches l’une de Au niveau infranational, on constate
l’autre (400 km), contrebalancent les de fortes concentrations de population
fortes concentrations urbaines de dans certaines métropoles régionales.
l’Europe médiane où Essen est la plus C’est le cas de Lyon et Marseille, mais
grande conurbation (4,7 millions). Dans aussi de Munich et Hambourg. Dans des
la même classe que Essen, cinq autres régions moins denses, on trouve encore
villes sont capitales politiques ou écono- de plus fortes concentrations relatives
miques de leurs pays : Madrid et comme Toulouse, Bordeaux, Nantes,
Barcelone en Espagne, Milan en Italie, Clermont-Ferrand, Dijon, Porto, Va-
Berlin en Allemagne et Athènes en lence, Séville, Naples, Copenhague,
Grèce. Berlin et Stuttgart. À l’inverse, les
Dans la troisième classe (1,5 à 3 mil- régions traditionnellement les plus
lions), la France n’a aucune aggloméra- denses ont un semis de grandes villes
tion, alors que l’Allemagne en a quatre fortement concurrentes. Ces régions
(Cologne, Düsseldorf, Hambourg et s’étendent de la Grande-Bretagne à la
Munich), le Royaume-Uni en a trois Lombardie, en passant par le Benelux, la
(Manchester, Birmingham et Leeds), Ruhr et les Alpes.
l’Italie, deux de même taille (Rome et Un dernier trait, banal mais pourtant
Naples). C’est dans cette même classe majeur, de l’urbanisation est son déve-
qu’apparaissent quatre capitales : Bru- loppement le long des axes (notamment
xelles, Lisbonne, Vienne, et Stockholm. fluviaux et côtiers). Si ce caractère est
Dans la quatrième classe, les plus historique, il se voit aujourd’hui renforcé
grandes agglomérations des autres pays par les voies rapides qui les doublent,
n’ont que de 1 à 1,4 million : Rotterdam permettant aux villes des échanges plus
et Amsterdam aux Pays-Bas, Copen- fréquents et plus nombreux qui renfor-
hague au Danemark, Dublin en Irlande, cent leur position relative.
Helsinki en Finlande.
Zurich en Suisse, et Oslo, capitale de
la Norvège, n’apparaissent que dans la
cinquième classe (500 000 à 1 million),
qui compte 36 villes. La centaine de
villes de moins de 500 000 habitants,
forme la sixième classe.

Les structures des États ont façonné


des systèmes urbains aujourd’hui encore
largement intégrés dans leurs réseaux
18
Les 180 agglomérations : analyse comparative

1. La population en 2000

Population en 2000
(en milliers d'habitants)
9 500

3 000

81

Population en 2000
(en milliers d'habitants)
Classes
Plus de 7 000 1
3 190 à 4 700 2
1 640 à 2 860 3
1 040 à 1 420 4
490 à 960 5
80 à 460 6

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: Offices nationaux et régionaux de statistiques, 2002

19
Les villes européennes

2. LA DYNAMIQUE DES VILLES France (Montpellier, Cannes), ou en Grèce


EUROPÉENNES (Salonique). À quelques exceptions près —
Athènes, Dublin, Helsinki et Milan — les
La croissance des villes sur une longue villes du type 2 sont dans la péninsule
période révèle des cycles généraux Ibérique ou en France. Quelques villes de
d’adaptation aux phases économiques et Grande-Bretagne (Aldershot et Luton), de
aux nouveaux modes de vie des sociétés. France (Orléans, Reims) ont bénéficié de la
Ces cycles se diffusent de ville en ville, déconcentration de l’activité depuis leur
plus ou moins rapidement et fortement capitale. D’autres ont particulièrement
selon l’intensité de l’intégration des villes profité des décentralisations, comme Bre-
dans les processus économiques et da, Leiden et Eindhoven aux Pays-Bas, ou
sociaux qui les provoquent. Rostock en Allemagne orientale. Les villes
Afin de mettre en évidence la place de du type 3, qui ont enregistré une crois-
chaque ville dans ces cycles, nous avons sance moins prononcée, sont disséminées
effectué une typologie de leurs trajectoires en France, Italie, Suisse, Allemagne et
démographiques de 1950 à 1990 en reti- Pays-Bas. Les villes des types 4 et 5 ont
rant l’effet de taille. Toutes les popula- connu une croissance continue jusque vers
tions des villes ont été fixées à 100 en 1950 les années 1970, puis une relative stagna-
dans leur délimitation de 1990 : ceci évite tion de leur population. La plupart des
de provoquer des bonds de croissance en villes allemandes et néerlandaises sont
cas d’annexion d’une ville voisine. dans ces types. À l’inverse, les villes du
Le dynamisme démographique des type 6 ont vu leur population stagner jus-
villes est presque toujours considéré qu’à la fin des années 1960, puis décroître
comme positif par les pouvoirs locaux et entre 1970 et 1990. En moyenne, la dimi-
par les habitants, parce qu’il est syno- nution ne dépasse pas 20 % de la popula-
nyme d’attractivité. Ainsi, le classement tion sur l’ensemble de la période. Ces villes
effectué a primé les plus fortes croissances sont très concentrées géographiquement
comme des atouts pour les villes. Il faut en Grande-Bretagne, et n’apparaissent ail-
toutefois nuancer : une faible croissance a leurs que de façon sporadique comme
pu être un atout pour alléger les centres Leipzig en Allemagne, ou Trieste en Italie.
villes et leur permettre de manière plus La dernière période (1990-2000) n’a
flexible de régénérer leur activité. Toutes pas été prise en compte à cause de nom-
les villes européennes n’ont pas subi ces breuses incompatibilités entre les chif-
mouvements en même temps, ni avec la fres publiés aux deux dates, qu’il reste à
même intensité. La typologie fait ressortir réajuster lors d’un travail qui dépasse le
en premier lieu les décalages des pays cadre de cette étude. D’après les études
dans les processus de transition urbaine nationales et régionales, l’opposition
et démographique, qui se sont diffusés des Nord-Sud des dernières décennies s’es-
pays du Nord (hormis la Finlande et tompe, les mouvements se diversifiant à
l’Irlande, plus tardives) vers les pays du l’intérieur de chaque pays. En
Sud (hormis l’Italie, plus précoce). Allemagne, par exemple, la baisse s’est
Toutes les villes des types 1, 2 et 3 ont globalement ralentie, masquant des
connu, sur la période, une croissance situations très diverses : baisses dans
démographique continue. Les villes qui ont beaucoup de villes est-allemandes comme
le plus crû (type 1) ont en moyenne plus Dresde ou Leipzig, en partie au bénéfice
que doublé leur population en 40 ans. Elles de Berlin qui a rapidement attiré de nou-
sont principalement localisées en Espagne velles populations après les changements
(dont Madrid), mais aussi dans le Sud de la politiques majeurs du début de la
20
Les 180 agglomérations : analyse comparative

2. Évolution de la population des villes de 1950 à 1990

Population en 1990 (milliers d'habitants)

9 300

3 000

110

Types d'évolution démographique


de 1950 à 1990 d'après une
classification ascendante hiérarchique
Population en indice (base 100 pour 1950)
300
Types
1
260 2
3
4
220 5
6
180 Moyenne

140

100

60
1950 1960 1970 1980 1990

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: GEOPOLIS, 1993

décennie. En France, la croissance s’est population croître de façon significative


ralentie dans un certain nombre de comme, par exemple, Londres, Édim-
villes, à l’exception de Toulouse, bourg et Cardiff. En Espagne, la forte
Bordeaux, Nantes et Montpellier. En croissance s’est considérablement
Grande-Bretagne, des villes qui étaient ralentie (à l’exception de Valence). Aux
en décroissance continue depuis 1950 ont Pays-Bas, presque toutes les villes ont
vu au cours de la dernière décennie leur connu une croissance soutenue.
21
Les villes européennes

3. LES VILLES, italien qui assure pour une grande part les
PORTS DE COMMERCE MARITIME relations européennes de marchandises
avec les îles (Corse, Sardaigne, Sicile) et le
Nous avons traité le transport mari- Maghreb. Gênes, Trieste, Tarente et
time sans tenir compte du transport flu- Venise se situent toutefois plus loin dans
vial dont le poids est bien moindre dans le classement, dans des ordres de gran-
les échanges. De plus, les ports fluviaux, deur comparables. Le Havre, 5e port euro-
dans leur très grande majorité, sont péen, doit ses forts trafics au port fluvial
situés hors des grandes villes ou bien de Paris et, malgré son trafic d’un tiers
comme à Duisbourg (conurbation d’Essen) plus faible que celui de Marseille, il le
ou à Paris, ce sont en fait des agrégats de devance de loin pour le trafic par conte-
très nombreux ports linéaires répartis sur neurs en se plaçant au 8e rang européen
des kilomètres de fleuve. Par ailleurs, les (16e pour Marseille). Parmi nos villes, le
grands ports maritimes, tels Rotterdam, premier port méditerranéen pour le trafic
Anvers et Le Havre ont de très forts tra- de conteneurs est Barcelone. Amsterdam
fics fluviaux. et Londres (respectivement 6e et 7e) doi-
Les grandes villes européennes, ports vent aussi leurs trafics à leur développe-
de commerce maritime (trafic annuel ment urbain. Londres, considéré
supérieur à 2 millions de tonnes) ne sont aujourd’hui comme port maritime, main-
qu’une cinquantaine. L’importance de leur tient une forte activité portuaire malgré la
trafic est étroitement dépendante du déve- baisse générale des trafics britanniques
loppement de leur arrière-pays. C’est, en (notamment à Southampton et Liverpool).
effet, des fortes densités rhénanes et de la Les autres trafics portuaires sont plus dis-
Randstad que découle historiquement la persés et variés, montrant des ports en
taille du port de Rotterdam, aujourd’hui relation avec des économies moins puis-
encore premier port mondial. Sa puis- santes : ports espagnols et scandinaves.
sance multiséculaire lui a permis de En Scandinavie, les ports sont nombreux
capter des trafics européens sur des por- et dédiés plus qu’ailleurs au transport de
tées géographiques de plus en plus passagers.
grandes, à mesure que sa taille grandis- La contribution de l’activité portuaire à
sait et que les économies d’échelle se fai- l’économie urbaine est très variable d’un
saient de plus en plus évidentes. Cette port à un autre. Cette relation dépend
croissance cumulative a empêché tout beaucoup du type de marchandises et de
autre port européen de se développer de l’intégration spatiale des sites portuaires
façon similaire. Le trafic du port de dans la ville. C’est pourquoi de nombreux
Rotterdam est presque trois fois plus élevé grands ports européens sont abrités par
que celui d’Anvers qui se place au des villes de moins de 200 000 habitants,
deuxième rang des ports européens, donc hors de cette étude. On peut, par
relayant Rotterdam au sud, et dont l’ar- exemple, citer Dunkerque et Caen en
rière-pays s’étend jusqu’à Lyon. Marseille France, Bruges en Belgique, Grimsby en
obtient sa troisième place grâce aux Grande-Bretagne, Algésiras en Espagne,
hydrocarbures qui irriguent par oléoducs ou encore Bergen en Norvège. Chacun a
l’Europe rhénane, à partir du site de Fos. un trafic équivalent à celui de Marseille.
Hambourg (4e place) organise la circula- On peut citer également Felixstowe
tion entre les rives de la mer Baltique — (Grande-Bretagne) et Gioia Tauro (Italie),
second axe de circulation maritime en ports sans développement urbain notable,
Europe, au-delà de la mer du Nord. Le qui totalisent un trafic de conteneurs
troisième axe est constitué par le littoral supérieur à celui de Gênes.
22
Les 180 agglomérations : analyse comparative

3. Le trafic des ports maritimes en 1999

Trafic portuaire total en 1999


(millions de tonnes)
300

85

<2

Millions de tonnes
Classes
Plus de 300 1
60 à 116 2
44 à 56 3
18 à 36 4
2 à 14 5
Moins de 2 ou
ville non portuaire 6

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: Journal de la Marine marchande, décembre 2000; ESPO 2001

Les plus grands ports pour le trafic Les plus grands ports pour le trafic Les plus grands ports pour le trafic
total de marchandises en millions de conteneurs en milliers d’EVP fluvial intérieur en millions
de tonnes en 2000 (équivalent 20 pieds) en 1999 de tonnes en 2000
Rotterdam (NL) 322 Rotterdam (NL) 6 343 Duisbourg (DE) 46
Anvers (BE) 116 Hambourg (DE) 3 738 Paris (FR) 20
Marseille (FR) 94 Anvers (BE) 3 614 Liège (BE) 18
Hambourg (DE) 85 Felixstowe (GB) 2 697 Cologne (DE) 12
Le Havre (FR) 67 Gioia Tauro (IT) 2 259 Strasbourg (FR) 11 23
Source des tableaux : European Sea Ports Organisation, 2003
Les villes européennes

4. VILLES ET AÉROPORTS tuaires d’Europe ont renforcé leur posi-


tion dominante grâce à ces trois pro-
Le réseau des villes aéroportuaires cessus à la fois. Londres, avec ses quatre
engendre une forte hiérarchisation du aéroports, occupe le premier rang non
territoire européen : d’un côté les villes seulement européen, mais également
qui participent à ce réseau, de l’autre mondial (plus de 107 millions de passa-
celles qui en sont exclues. La dérégle- gers en 2001). Paris arrive au deuxième
mentation de 1993 n’a fait qu’accentuer rang européen avec plus de 73 millions
cette tendance, les stratégies des compa- de passagers, mais ses deux aéroports
gnies aériennes s’appuyant sur le renfor- (Orly et Roissy) sont largement saturés
cement des capacités générales de prise aux heures de pointe. Toutefois, Paris a
en charge des passagers par quelques accentué sa polarisation grâce à la
aéroports pivots. Ceux-ci ont, en effet, constitution du groupe Air France.
pratiqué la méthode du hub qui consiste Francfort et Amsterdam (respective-
pour chaque compagnie en un rabatte- ment 3e et 4e) ont, en revanche, large-
ment systématique du trafic sur quel- ment développé la fonction de hub,
ques aéroports, de façon à accroître la notamment pour les charters. Francfort
fréquence et la taille des avions et à a bénéficié d’avoir été choisi par
rationaliser l’utilisation de la flotte et du Lufthansa comme principal pôle alle-
personnel. mand, secondé par Munich et Düs-
Le développement des aéroports seldorf. Il n’en reste pas moins qu’en
interagit avec celui de la ville. Ainsi dehors de ces fortes polarisations, les
l’élargissement de la zone d’influence capacités d’un aéroport sont, en général,
des aéroports a renforcé les autres conformes à la position démographique
moyens de transport, mais aussi l’ac- de la ville. Quelques surclassements
cueil hôtelier, le développement de parcs apparaissent grâce à des fonctions tou-
d’activités logistiques permettant la pro- ristiques pour Nice et Venise, parfois
duction à flux tendus (comme Garonor renforcés par la position insulaire,
près de Roissy-Paris), et de parcs d’en- comme pour Palma de Majorque.
treprises favorisant l’implantation de Ceci crée une image de l’Europe glo-
sièges sociaux d’entreprises (comme balement très simple, avec dans chaque
Stockley Park à Londres). pays un ou deux pôles dominants (sauf
Une conception récente de l’aménage- en Allemagne et en Espagne où ils sont
ment a favorisé l’implantation d’aéroports au nombre de trois), et des aéroports
communs à plusieurs agglomérations. régionaux secondaires.
C’est le cas des quatre aéroports nommés
sur la carte.

Le trafic national et international de


passagers des aéroports est le reflet de
plusieurs processus : le rayonnement
international ou national de la ville ; la
fonction de hub, concentrant les arrivées
et départs nationaux ou internationaux ;
la fonction régionale par des aménage-
ments multimodaux (ou gateway) alliant
en général le rail et l’avion. Londres et
Paris, les deux premières villes aéropor-
24
Les 180 agglomérations : analyse comparative

4. Le trafic de passagers des aéroports en 2001

Nombre de passagers
en 2001 (millions)
110

30

< 0,2

Nombre de passagers
en 2001 (millions)
Classes
Plus de 70 1
18 à 50 2
5 à 16 3
2à5 4
Munster-
Osnabrück
0,2 à 2 5
Halle-
Leipzig < 0,2 6

Metz-
Nancy
Bâle-
Mulhouse-
Fribourg

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: ACI 2002 et aéroports

25
Les villes européennes

5. L’ACCESSIBILITÉ prépondérance de l’avion comme mode


DES AGGLOMÉRATIONS de transport privilégié.
Dans la deuxième classe, Bruxelles
L’accessibilité est une expression de arrive en tête avec 96 villes accessibles
la centralité des villes dans le système dont 91 étrangères. De ce point de vue,
qu’elles forment. Cette centralité les villes des petits pays à faible nombre
confère aux villes un potentiel d’échanges de grandes villes sont relativement pri-
plus ou moins élevé pour le développe- vilégiées par notre mesure. C’est le
ment du rayonnement de leurs activités même phénomène qui place Amsterdam
et de leurs fonctions. À l’heure des et Genève dans cette classe. Düsseldorf
déplacements rapides de courte durée, qui s’intercale avant Genève doit sa forte
nous avons choisi de mesurer cette accessibilité à une position centrale dans
accessibilité par les possibilités d’allers- les villes très denses de la Ruhr. 105
retours dans la journée enre villes villes y sont accessibles dans la journée
européennes en avion ou en train que (dont 30 en train), mais seulement 73
pratiquent beaucoup les cadres, chefs étrangères.
d’entreprises et hommes d’affaires. Une Les villes de la troisième classe pré-
enquête faite en 2001 par l’aéroport de sentent également des situations
Toulouse montre que sur l’ensemble variées. Luxembourg ou Bâle ont accès à
des passagers qui ont fréquenté l’aéro- un grand nombre de villes étrangères ;
port, 28 % faisaient l’aller-retour dans Cologne et Francfort sont implantées
la journée. dans une forte densité régionale de
Dans le classement, nous avons privi- villes. Francfort et Londres ont une
légié l’accessibilité vers les villes étran- accessibilité à un grand nombre de villes
gères européennes en la comptant (respectivement 94 et 97), mais pour
doublement, mais nous avons conservé plus du tiers, ce sont des villes de leur
l’accessibilité nationale qui demeure un pays. Lyon et Bologne devancent d’ail-
facteur déterminant de la mise en réseau leurs légèrement Londres, malgré un
de l’activité des villes. Ce type de mesure accès à un nombre moindre de villes (res-
crée moins de disparités que les autres pectivement 93 et 88), mais dont une
indicateurs, du fait que beaucoup de plus grande part est étrangère.
villes ont des accessibilités moyennes. Les villes de la quatrième classe ont
Théoriquement, cette mesure peut une accessibilité moins forte que précé-
varier de 0 à 358 (2 fois 179 villes sur un demment (entre 50 et 90 villes). On peut
total de 180 villes de notre échantillon, toutefois noter des villes comme Toulouse,
ce qui correspondrait à une ville, seule Barcelone, Rome et Venise, dont plus des
dans son pays, accessible à toutes les trois quarts des villes accessibles dans la
autres villes européennes). En réalité, la journée sont étrangères. C’est également
valeur varie de 2 pour Messine en Italie, le cas d’autres villes, mais qui sont dans
à 207 pour Paris. des pays où les grandes villes sont peu
Paris est la ville la plus accessible du nombreuses : Vienne, Berne, Copenhague,
système de transport européen avec 117 Graz, Anvers, Göteborg, Stockholm ou
villes accessibles en aller et retour dans Salzbourg.
la journée, dont 90 villes étrangères. Dans les classes suivantes, quelques
Parmi ces villes connectées, 22 le sont villes donnent accès à plus de 50 villes,
par le train alors que 95 le sont par mais une faible proportion sont étran-
avion. La relativement faible densité de gères. Il s’agit, en ordre décroissant du
villes autour de Paris explique cette forte nombre total de villes accessibles, de
26
Les 180 agglomérations : analyse comparative

5. L’accessibilité des agglomérations

Nombre de villes accessibles


dans la journée
120

60

<5
Nombre de points* Classes
207 1
127 à 187 2
150 à 164 3
101 à 148 4
50 à 98 5
2 à 49 6
* Fonction du nombre d'allers
et retours vers des villes nationales
et des villes étrangères

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: Amadeus; Sociétés de chemin de fer, 2002

Florence, Halle, Dresde, Leipzig, Rennes, La mise en place des réseaux transeuro-
Leeds, Nottingham, Eindhoven, Bilbao, péens par la commission européenne
Valence, Bordeaux, Linz, Nantes et devrait atténuer ces disparités d’accessibi-
Newcastle. Les villes les moins accessibles lité, en proposant notamment des lignes
sont pour beaucoup des petites villes qui ferroviaires à grande vitesse couplées au
ne possèdent pas d’aéroport international. réseau aéroportuaire transeuropéen.
27
Les villes européennes

6. LES SIÈGES DES GRANDS GROUPES Les multiples mouvements de concentra-


EUROPÉENS tion n’ont pas affaibli la prédominance de
Londres et de Paris. Elle se vérifie dans tous
Les sièges des grandes multinationales les classements publiés et dans de nom-
nécessitent des services financiers et de ges- breuses études (Rozenblat, 1993, 1997). Les
tion de très hauts niveaux, sans compter deux capitales regroupent 40 % de l’en-
toutes les infrastructures d’accessibilité ter- semble des sièges des grands groupes euro-
ritoriale, afin de contrôler leurs activités péens et de leurs chiffres d’affaires (Londres
souvent dispersées géographiquement et de devançant légèrement Paris). Pour les villes
surveiller la concurrence en temps réel. La suivantes, quelles que soient les sources uti-
localisation de tels sièges implique, plus que lisées, les niveaux demeurent relativement
toute autre, une sélection territoriale très stables également. Amsterdam et Munich
sévère. Ceci est d’autant plus vrai que les sont les deux villes suivantes par la puis-
mouvements de concentration du capital sance selon les chiffres d’affaires qu’elles
créent des groupes de plus en plus puis- regroupent (respectivement 270 et 290 mil-
sants, même si ce modèle d’entreprise liards). Toutefois, ces montants sont pro-
semble être remis en cause pour son manque duits par 12 groupes à Amsterdam, mais
de flexibilité. Néanmoins, aujourd’hui seulement 6 à Munich (dont les plus impor-
encore en Europe, ces mouvements de tants sont Allianz Worldwide (assurance),
concentration du capital continuent pour un Siemens, Bayerische Hypovereins Bank et
bon nombre de grandes entreprises. On peut BMW). À l’inverse, Stockholm, qui regroupe
citer, parmi les exemples récents, la consti- 14 groupes (dont Ericsson, Electrolux,
tution de EADS (European Aeronautic Skandia Insurance, et Sanskia, construc-
Defence and Space Company) devenue la tion), ne cumule que moins de la moitié du
plus grande entreprise aérospatiale chiffre d’affaires d’Amsterdam. Zurich et
d’Europe, par la fusion d’Aérospatiale Matra Bruxelles cumulent le même chiffre d’af-
S.A. (France), de Construcciones Aero- faires, Zurich avec 7 groupes, Bruxelles
náuticas S.A. (Espagne) et de Daimler avec 4 seulement.
Chrysler Aerospace AG (Allemagne). Son Il est certain que les villes accueillant peu
siège a été localisé à Amsterdam, même si de sièges d’entreprises sont plus vulnérables
les fonctions centrales sont assumées par aux mouvements des groupes. C’est le cas,
Munich et Paris. Autre exemple de fusion en par exemple, de Lausanne (avec Nestlé loca-
Italie, celui de Montedison, Edison, Sondel lisé pas très loin à Vevey), de Brunswick
et Fiat Energia, qui place la nouvelle struc- (avec Volkswagen à Volfsburg), mais aussi
ture Edison, conservant son siège à Milan, d’Eindhoven avec Philips, ou de Luxembourg
parmi les groupes les plus puissants en avec Arcelor (premier groupe mondial sidé-
Europe dans le domaine de l’énergie. rurgique né de la fusion de ARbed, ACEraLia
Les sièges des entreprises européennes et UsinOR). Les retombées du groupe sur la
ayant fait plus de 5 milliards d’euros de vitalité de la ville sont dans tous les cas très
chiffre d’affaires ont été localisés dans fortes, mais de manière plus ou moins
chaque ville. On a tenu compte dans le clas- visible: que serait Clermont-Ferrand sans
sement, non seulement des chiffres d’affaires Michelin ou le niveau du club de football
cumulés des groupes présents, mais aussi de d’Eindhoven sans Philips?
leur nombre afin d’apprécier la dépendance Aujourd’hui les grands groupes investis-
des villes à l’égard d’un faible nombre de très sent souvent jusque dans la culture
grands groupes. C’est à partir de la moyenne urbaine : par exemple, la fondation Agnelli
de ce double classement qu’a été établi le (Fiat) à Turin a confié à l’architecte Renzo
classement présenté ici. Piano la transformation de son ancienne
28
Les 180 agglomérations : analyse comparative

6. Les sièges sociaux des grands groupes européens

Nombre de sièges sociaux


de grands groupes
60

20

Aucun
Classes*
1
2
3
4
5
6
* Fonction du nombre de groupes
et des chiffres d'affaires

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: Forbes, The International 500, 2002

usine (Lingotto) en centre culturel. Le rôle pleine mutation économique qui s’appuie sur
joué par les qualités urbaines et sociales des d’anciennes bases industrielles et surtout
villes explique sans doute que la mobilité urbaines. Les sièges sociaux sont toujours
des sièges est moins forte qu’on pourrait présents dans les anciennes villes indus-
l’imaginer. trielles de la Ruhr. Ces villes accueillent éga-
La carte met en évidence le cœur déci- lement des entreprises nouvelles : banques
sionnel de la production européenne en et assurances, nouvelles technologies.
29
Les villes européennes

7. LES PLACES FINANCIÈRES un établissement. Ces grandes banques


sont classées chaque année par le
Un fort processus d’internationalisa- Bankers’ Almanac selon le montant de
tion de l’activité bancaire en Europe a leurs actifs. En 2002, l’Almanac dénom-
accompagné, dès les années 1960, l’essor brait ainsi les 4 000 premières banques
des investissements étrangers et la nais- mondiales dont on a cherché les implan-
sance de l’euromarché. Les groupes ban- tations dans les villes européennes.
caires ont effectué de nombreuses Notons que l’Europe hébergeait en 2002
fusions et acquisitions dès la première les sièges de 7 banques parmi les 10 pre-
moitié des années 1990. Ces mouve- mières mondiales.
ments ont été dans l’activité bancaire La présence d’une bourse de niveau
plus précoces, rapides et intenses que international (ainsi dénommée par les
dans les autres secteurs de l’économie. grands journaux économiques) ou la pré-
Cela a contribué à augmenter le poids sence d’une bourse de niveau européen
des banques en termes de dépôts et de recensée par la FESE (Federation of
flux financiers, mais aussi à diminuer European Securities Exchanges), a été
leur nombre. On peut citer le cas exem- l’objet d’une pondération supplémentaire
plaire du groupe Dexia, né en 1996 de la ainsi que le statut de capitale financière.
première fusion transfrontalière entre Londres, Paris, Francfort, Luxembourg,
deux banques en Europe, avec une base les plus fortes places financières d’Europe
domestique sur quatre pays (Belgique, concentrent, d’après la littérature spécia-
France, Luxembourg et Pays-Bas) et coté lisée, les 4/5 des flux bancaires européens
sur les marchés Euronext de Bruxelles (Pagetti, 1998 ; Canals, 1993). Le nombre
et de Paris, ainsi qu’à Luxembourg. Ce de banques internationales présentes
processus de concentration financière montre une concentration beaucoup
s’est accompagné, la plupart du temps, moins prononcée. Néanmoins, le classe-
d’une diffusion spatiale de filiales, ment général reste quasi identique aux
créant des réseaux bancaires internatio- hiérarchies trouvées avec d’autres
naux qui s’appuient principalement sur mesures. Londres arrive largement en
la partie supérieure des systèmes tête avec près de 500 présences bancaires
urbains nationaux à partir desquels elles internationales devant Paris (plus de 300)
diffusent leurs agences. L’intégration et Francfort (plus de 250). Cette dernière
des villes dans ces réseaux bancaires ou est une puissante place financière euro-
même boursiers permet, par le biais des péenne, avec plus de 200 banques étran-
institutions de crédits qui leurs sont liés, gères, plus de 300 institutions de crédit,
d’attirer de manière privilégiée la locali- une bourse puissante et la Banque cen-
sation de filiales des grandes entreprises trale européenne.
multinationales, mais aussi de fournir L’ensemble des villes des classes 2 et
des services aux entreprises locales pour 3 sont les capitales économiques de leur
les activités d’exportation ou d’importa- pays et ont une bourse internationale
tion. Le réseau des places financières est (Zurich) ou une bourse de niveau euro-
donc une armature assez centrale autour péen, à l’exception de Munich, Düs-
de laquelle se forme l’espace économique seldorf, Berlin et Cologne-Bonn. Les
européen. villes allemandes, organisées en réseau
Nous avons mesuré l’importance des à travers huit places boursières, soutien-
places financières par le nombre de nent un système financier polycentrique.
grandes banques internationales repré- C’est par exemple à Munich que se
sentées dans chaque ville par au moins concentrent le plus grand nombre de
30
Les 180 agglomérations : analyse comparative

7. Les places financières

Nombre de banques
internationales
500

150

Nombre de points* Classes


358 à 579 1
224 à 267 2
90 à 191 3
41 à 72 4
25 à 39 5
5 à 24 6
* Fonction du nombre de banques
et des bourses européennes

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: The Bankers' almanac ; FESE, 2002

compagnies d’assurances, à Düsseldorf toutes abritent au minimum cinq ban-


les institutions financières, quant à ques internationales différentes. La pré-
Cologne-Bonn, ancienne capitale fédé- sence de bourses de niveau européen à
rale, elle abrite le siège de plus de 60 Porto (dont la bourse est reliée à
banques nationales. Euronext avec Lisbonne), Valence et
L’ensemble des autres villes est moins Bilbao, valorise ces villes ibériques.
inséré dans ces réseaux bancaires, mais
31
Les villes européennes

8. LE TOURISME URBAIN Ceux-ci comprennent principalement les


hôtels, mais également les autres types
Le tourisme dit « urbain » est en pleine d’hébergement marchand (campings,
croissance, grâce à la diffusion de la cul- chambres d’hôte…) qui, dans certaines
ture urbaine dans le monde, au progrès villes, peuvent représenter une part non
de l’idée patrimoniale, et à l’augmenta- négligeable des nuitées.
tion des échanges. En Europe, le tou- Londres avec 44 millions de nuitées et
risme urbain représente 30 % des Paris avec 36 millions dominent large-
séjours et 20 % des nuitées. Il s’agit du ment l’ensemble.
second espace fréquenté en termes de Ensuite viennent Rome, Venise,
séjours et du 3e pour les nuitées, après la Berlin, Madrid et Florence hébergeant
mer et la campagne, mais le premier entre 10 et 15 millions de nuitées
espace fréquenté par les touristes étran- annuelles. Ensemble, les trois premières
gers. La France est la première destina- villes italiennes totalisent les nuitées de
tion des Européens en tourisme urbain Paris, confirmant l’attraction touristique
(22 % des séjours). exceptionnelle de l’Italie, troisième des-
Depuis quelques années, acteurs tination en Europe après la France et
publics et privés, conscients des opportu- l’Espagne.
nités offertes par le tourisme se mobili- La classe suivante réunit des grandes
sent pour adapter les villes aux besoins villes : Naples, Munich, Barcelone,
et aux aspirations des visiteurs : équipe- Vienne, Milan, Stockholm, Manchester
ments d’accueil, transports, animations, ou Athènes. Ceci vérifie le rôle de la
événements, etc. Pour les villes, le tou- taille des villes comme facteur d’attrac-
risme est un agent actif de réanimation tion touristique. Cette classe intègre
du cœur des villes qui peut donner lieu également des villes de taille plus
au remodelage entier de quartiers modeste, mais en bord de mer, comme
urbains centraux, ou au développement Palma de Majorque, Toulon ou Malaga.
périphérique par la construction de cen- La spécialisation touristique mise en
tres de congrès ou de parcs de loisirs. relation avec le poids démographique des
Contrairement au tourisme en villes fait ressortir en premier lieu
général, ayant des irrégularités saison- Venise et Blackpool avec près de 30 nui-
nières, le tourisme urbain se caractérise tées par habitant, Palma de Majorque et
par la relative stabilité de sa répartition Toulon avec un peu plus de 20, et
sur l’année, grâce à la complémentarité Bournemouth, Grasse-Cannes-Antibes,
entre tourisme d’affaires et tourisme Édimbourg, et Florence avec un peu plus
d’agrément. Les voyages d’affaires indi- de 10. Mise à part Florence, ce sont
viduels ou collectifs (congrès, sémi- toutes des villes côtières, alliant qualité
naires, colloques, foires, etc.) sont des infrastructures urbaines et plaisirs
stimulés par l’attrait touristique. maritimes ou balnéaires. À Édimbourg
Le tourisme peut aussi avoir des effets de surcroît, le classement « patrimoine
pervers à travers la logique de « muséifi- de l’humanité » par l’Unesco de l’en-
cation » qui consiste à mettre systémati- semble du centre-ville a dû contribuer à
quement en valeur les éléments renforcer l’attraction touristique. Selon
historiques pour rendre la ville plus l’Unesco, cette distinction ferait croître
attrayante au détriment du tissu urbain. l’activité touristique d’environ un tiers.
L’activité touristique est évaluée par
le nombre total annuel de nuitées de tou-
ristes dans des établissements agréés.
32
Les 180 agglomérations : analyse comparative

8. Nombre de nuitées touristiques

Nombre de nuitées
touristiques en 1999
(en millions)
44,0

13,5

<0,5

Nombre de nuitées
touristiques en 1999
(en millions)
Classes
36 à 44 1
10 à 15 2
4à9 3
2à4 4
0,5 à 2 5
Moins de 0,5 6

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: Offices nationaux et régionaux de statistiques, 2002

33
Les villes européennes

9. LES FOIRES ET SALONS l’électronique industrielle à Angers, et à


INTERNATIONAUX Cannes, les salons du film, de l’édition
musicale, des programmes de télévision
Certains salons ont une renommée ou des programmes interactifs. En
internationale qui dépasse le cadre Espagne, quatre villes accueillent la
confiné des professionnels comme à quasi-totalité des salons espagnols :
Paris, la Foire internationale d’art Madrid, Barcelone, Valence et Bilbao.
contemporain (FIAC) ou le Salon inter- Cette dernière organise notamment des
national de l’aéronautique et de l’espace salons spécialisés dans le transport et la
(salon du Bourget) et à Francfort, le logistique, l’industrie navale et l’indus-
Salon du livre. trie de la pêche. En Italie, Milan,
Toutefois, nombreux sont les salons Bologne et Florence regroupent près des
réservés uniquement aux professionnels deux tiers des salons, et seulement neuf
(plus de 70 % en Europe) ; ils jouent un villes au total en accueillent au moins
rôle central dans l’accès aux marchés un. On retrouve à travers leurs foires les
spécialisés. Dans beaucoup de filières, ils villes italiennes à forte spécialité, comme
tiennent alors une place cruciale dans le la chaussure à Bologne ou le marbre à
développement des entreprises. L’or- Carrare.
ganisation de ces salons et foires place Les villes de la mégalopole euro-
les villes au cœur des processus péenne sont également très bien placées.
d’échanges, apportant au milieu local En Allemagne, Cologne, Düsseldorf,
une facilité de contact avec les milieux Nuremberg, Francfort, Munich, Stutt-
professionnels. gart et Essen totalisent autant de foires
En Europe, l’Allemagne est le premier que Paris et Londres réunies. On sait
pays organisateur de foires et salons que cette région est historiquement celle
devant la France et l’Italie qui sont de des marchands du Moyen Âge et de la
même niveau, l’Espagne et la Grande- Renaissance, où les foires s’étalaient de
Bretagne. La plupart des salons se tien- la Vénétie jusqu’aux Pays-Bas en sui-
nent dans de très grandes villes, vant le Rhin. Cet héritage marque
renforçant la hiérarchie urbaine et favori- encore l’espace auquel se sont rajoutées
sant le rayonnement des villes concernées. d’autres villes allemandes comme
Selon les pays, ce sont une ou deux Leipzig, Berlin, Hambourg et Hanovre.
villes qui rassemblent une grande part Les traces de cette histoire apparais-
des foires et salons. En France, Paris, sent de manière tranchée en France, où
première ville de foires d’Europe, en la ligne Paris-Marseille sépare une
concentre les deux tiers. En Grande- France marchande d’une autre France
Bretagne, Birmingham et Londres bien plus excentrée par rapport à ce type
cumulent le même nombre que Paris. d’activité, hormis Angers et Bordeaux.
Dix-huit villes françaises accueillent Certaines villes accueillent bien plus
au moins un salon, alors qu’elles ne sont de foires et salons que leur poids démo-
que sept en Grande-Bretagne. Parmi les graphique ne le laisserait attendre.
dix-huit villes françaises, plus de la C’est le cas notamment de Salzbourg
moitié n’organisent qu’une foire interna- qui organise plus de foires et salons que
tionale grand public. Les autres villes Vienne, avec des salons spécialisés
organisent des salons plus spécialisés dans le bois, l’artisanat national et les
comme, par exemple, dans le textile à vêtements autrichiens. À l’inverse, on
Lille, les vins ou les techniques de la trouve des villes qui, au regard de leur
vigne à Bordeaux, les vins de la Loire ou poids et de leur renommée, accueillent
34
Les 180 agglomérations : analyse comparative

9. Nombre de foires et salons

Nombre de foires
et salons en 2002
85

25

<5

Classes*
1
2
3
4
5
6
* Fonction du nombre de foires
et des salons réservés
aux professionnels

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: CCIP, 2002

peu de ces manifestations, notamment organisent au moins un salon par an.


Rome, Liverpool, Manchester, Turin et Rimini (Italie), Maastricht (Pays-Bas),
Marseille. Herning (Danemark) et Friedrichshafen
Malgré le caractère très urbain de (Allemagne) en accueillent autant que
cette fonction, une trentaine de villes de très grandes villes comme Athènes
européennes de taille plus modeste ou Copenhague.
35
Les villes européennes

10. LES CONGRÈS INTERNATIONAUX les congrès de sociétés ainsi que les réu-
nions de comités d’experts, qui, pour la
Les associations nationales et inter- plupart, sont d’un niveau intergouverne-
nationales organisent des congrès inter- mental et se tiennent souvent dans les
nationaux touchant tous les domaines de villes sièges d’organisations non gouver-
la vie scientifique et sociale : sciences, nementales comme Genève, Rome
médecine, sciences sociales, corpora- Bruxelles et Vienne pour l’Europe.
tions, syndicats, cultes, arts ou jeux. Les Paris, première ville du monde en
lieux de rencontre peuvent changer matière d’accueil de congrès, se place
d’une année à l’autre, mais leur choix sans conteste largement devant toutes
correspond toujours à la culture de l’as- les autres avec en moyenne 300 congrès
sociation, à ses préoccupations, et internationaux par an. Dans la deu-
dépend des thèmes des rencontres et des xième classe, Londres, Vienne, Bruxelles
personnes concernées. Les congrès totalisent chacune environ 200 congrès
jouent ainsi un rôle particulier dans le par an. Ces quatre premières villes de
processus d’internationalisation. Avec congrès d’Europe occupent également
souvent une périodicité régulière, ils ras- les quatre premières place au niveau
semblent et mettent en relation, par dis- mondial, devançant toutes les villes
cipline ou secteur d’activité, des américaines et asiatiques. Les villes
spécialistes venant de tous pays. Ces européennes jouent dans leur ensemble
rencontres sont à la fois l’expression du un rôle majeur pour l’accueil de congrès,
processus d’internationalisation et le fer- puisque 25 d’entre elles sont parmi les
ment de ce processus. Ces réunions exi- 50 premières mondiales.
gent des infrastructures d’accueil que Dans la troisième classe, on trouve
toutes les villes ne peuvent pas proposer. Genève et Amsterdam (environ 120 par
Toutes les grandes villes cherchent à an) puis Berlin et Madrid avec une cen-
attirer les congrès internationaux afin de taine de congrès.
profiter des revenus induits. Une très Dans les éléments déterminant le
bonne accessibilité, notamment aérienne, nombre de congrès, l’attrait touristique
est une condition sine qua non pour l’or- vient renforcer l’effet des infrastruc-
ganisation de congrès internationaux. tures, comme c’est le cas de Paris,
Des infrastructures performantes, notam- Londres, Vienne, Amsterdam ou Berlin.
ment un centre de congrès bien équipé et Des fonctions politiques et institution-
une capacité hôtelière pouvant accueillir nelles européennes ou internationales
plusieurs centaines (voire milliers) de (Union européenne, Conseil de l’Europe,
personnes en même temps sont une autre Nations unies) confortent les infrastruc-
condition impérative, mais leur maintien tures économiques favorisant l’accueil
nécessite en contrepartie une excellente de congrès à Genève, Bruxelles et
régularité des congrès. La fonction d’ac- Strasbourg qui reçoivent un nombre
cueil des congrès est ainsi très sélective et particulièrement élevé de congrès au
très concentrée, principalement dans les regard de leur poids démographique.
pôles économiques majeurs qui intègrent En dehors de notre zone d’étude, on
au moins ces deux conditions. Seulement trouve en 2000 en Europe centrale et de
36 villes européennes accueillent an- l’Est, Budapest au 9e rang européen,
nuellement plus de 15 congrès interna- entre Copenhague et Madrid, Prague au
tionaux répertoriés par l’Union des 14e rang, entre Strasbourg et Munich, et
associations internationales. Ces données à l’extrême Est, Istanbul au 27e rang
excluent les congrès purement nationaux, derrière Lyon.
36
Les 180 agglomérations : analyse comparative

10. Nombre annuel de congrès

Nombre moyen annuel de


congrès internationaux*
(1993-2000)
300

130

< 50

Classes**
1
2
3
4
5
6
* Congrès d'au moins 3 jours avec
au moins 300 participants dont 40%
d'étrangers de 5 nationalités différentes

** Fonction du nombre de congrès


et du nombre de congrés
d'organisations internationales

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source : UAI, 2002

37
Les villes européennes

11. LES MUSÉES moins de musées mais tous de qualité,


complètent cette classe.
Le nombre et la richesse des musées Malgré sa centaine de musées,
dépendent certes de la taille des villes, Stockholm n’apparaît que dans la qua-
mais largement aussi de la richesse de trième classe, compte tenu de leur moins
leur patrimoine historique et culturel, grande réputation, à l’exception du
et de leur volonté et de leur capacité à le musée Vasa et du Museum d’histoire
valoriser. Les données actuellement naturelle. À l’inverse, Aix-la-Chapelle
disponibles ne permettent pas, pour avec seulement quatre musées dont le
toutes les villes, de classer les musées Trésor de la cathédrale et le Forum d’art
selon leur fréquentation, ce qui serait le international, fait également partie de
meilleur indicateur de leur renommée cette classe. Une vingtaine d’autres
internationale. À titre d’exemple, les villes complètent cette classe : Anvers et
musées les plus fréquentés de Paris Bruxelles, en Belgique ; Bâle et Genève,
sont Le Louvre (plus de 5 millions d’en- en Suisse ; Dresde, Cologne, Munich et
trées par an), Versailles et Orsay (entre Nuremberg, en Allemagne ; Barcelone,
2 et 3 millions). Le British Museum et en Espagne ; Grenoble, Lyon, Marseille
la National Gallery sont les deux et Mulhouse, en France ; Édimbourg et
musées les plus fréquentés de Londres Glasgow, au Royaume-Uni ; Milan et
(environ 5 millions d’entrées chacun). Venise, en Italie ; Oslo, capitale de la
L’ensemble des musées de Londres Norvège et Dublin, capitale de l’Irlande.
accueille chaque année environ 26 mil- C’est en Italie que la densité de
lions de visiteurs, soit la moitié de la musées est la plus forte, avec près de
fréquentation totale des musées du 600 musées répartis dans les 22 villes
Royaume-Uni. italiennes de l’étude. Les Pays-Bas
Le classement tient compte en partie font presque aussi bien avec plus de
de la renommée internationale de cer- 300 musées répartis dans les 12 villes
tains musées qui justifient parfois à eux néerlandaises prises en compte. Cette
seuls, le voyage dans la ville. De ce fait, situation renvoie à un héritage histo-
avec au moins 200 musées dont respecti- rique, celui de la richesse des grandes
vement 6 et 7 sont internationalement familles de marchands qui contrôlaient
connus, Londres et Paris sont en tête du le commerce en Europe au XVIe et au
classement. XVII e siècle. Une multitude de musées
Vienne et Rome comptent chacune rappellent leur gloire passée et leur
plus d’une centaine de musées. Berlin, passion pour les arts et la culture.
avec moins de musées répertoriés, mais On peut aussi noter la grande fai-
dont la quasi-totalité ont des étoiles dans blesse de villes économiquement puis-
le guide Europe de Michelin, n’a pas santes d’Allemagne rhénane.
moins de quatre musées qui « valent le
déplacement » : la galerie de peintures, le
musée d’ethnographie, le musée de
Pergame et le musée égyptien.
Malgré leur grand nombre de musées,
Florence, Amsterdam et Madrid n’arri-
vent que dans la troisième classe,
n’ayant chacune que deux musées de
renommée internationale. Athènes, Lis-
bonne et Copenhague, avec nettement
38
Les 180 agglomérations : analyse comparative

11. Nombre de musées

Nombre de musées
en 2002
200

60

Nombre de points Classes*


Plus de 100 1
70 à 92 2
39 à 55 3
22 à 37 4
11 à 20 5
Moins de 11 6
* Fonction du nombre de musées
et de leur renommée

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: sites nationaux spécialisés, 2002

39
Les villes européennes

12. LE PATRIMOINE CULTUREL manifestations traditionnelles d’enver-


DES VILLES gure internationale. Il s’agit donc uni-
quement de la mesure d’une forme
Dans le cadre des décentralisations d’expression culturelle « touristique ».
qui s’opèrent partout en Europe, les col- C’est Paris, « ville lumière », qui réunit
lectivités locales et en particulier les le plus de sites culturels. Elle est
villes tiennent un rôle de plus en plus principalement appréciée pour ses quar-
significatif dans l’animation de l’art et de tiers historiques ou pittoresques, ses
la culture. Les lieux d’Europe appuient ensembles monumentaux, la variété de
leurs politiques culturelles à la fois sur ses musées, une certaine qualité
leurs richesses patrimoniales maté- urbaine. Il y a même tant de sites histo-
rielles et immatérielles (comme des tra- riques et contemporains que beaucoup
ditions culturelles), et sur une activité comme, par exemple, les Arènes de
artistique très diverse. La population Lutèce, sont peu valorisés. Rome,
européenne qui bénéficie d’un temps de Londres et Berlin sont également des
loisirs accru, « consomme » de plus en villes prestigieuses qui comptent des
plus de culture, et l’offre se développe sites dont la renommée égale ceux de
tant pour les habitants des villes que Paris même si leur nombre est moindre.
pour les touristes venant chercher les En fait, toutes les villes européennes
spécificités locales. (ou presque) disposent d’un riche patri-
Il est délicat de comparer les lieux moine culturel, souvent historique. Ainsi,
selon l’importance de la fonction cultu- les classes suivantes ordonnent les villes
relle à cause de la multiplicité de ses selon l’ampleur de ce patrimoine. Il est
composantes : importance de l’histoire et très concentré en Grande-Bretagne, prin-
du patrimoine, richesses paysagères, cipalement à Londres, et secondairement
production et diffusion de l’art vivant à Édimbourg et Glasgow. Une concentra-
(arts plastiques, musique, théâtre, tion de moindre ampleur s’observe aussi
danse, cinéma, etc.), production et diffu- en Allemagne à Berlin.
sion des lettres (maisons d’édition, Quelques villes se distinguent par un
bibliothèques, médiathèques, etc.). Il est événement régulier de grande re-
également très difficile d’évaluer la qua- nommée. Parmi les quatre villes les
lité de ces richesses ou manifestations mieux classées, seule Berlin dispose d’un
culturelles. festival de cinéma d’une réputation mon-
Notre mesure est donc forcément à diale. Dans les villes suivantes, on
prendre avec précaution, d’autant que trouve par exemple le concert du nouvel
la collecte d’informations est pour l’ins- an de Vienne, le festival de musique clas-
tant impossible dans un grand nombre sique de Salzbourg qui dure un mois et
de domaines culturels tels que le livre, existe depuis 1920, la feria de Séville, ou
le cinéma, les concerts… Nous avons le festival d’art lyrique d’Aix-en-
donc choisi de relever dans les guides Provence. Venise est la seule ville qui
Michelin nationaux (de loin les guides allie trois manifestations d’envergure
les plus utilisés en Europe) le nombre internationale : le Carnaval du Mardi
d’étoiles attribuées aux sites (qui peu- gras, la Biennale des arts ainsi que le
vent être des sites historiques, des festival de films.
monuments, des châteaux, des édifices
religieux, des parcs scientifiques ou
techniques, des parcs d’attraction),
mais aussi aux festivals, carnavals et
40
Les 180 agglomérations : analyse comparative

12. Nombre de sites et grandes manifestations culturels

Nombre de sites culturels


et touristiques
300

100

< 10

Classes*
1
2
3
4
5
6
* Fonction du nombre de sites,
de leur renommée
et des grandes manifestations

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: Michelin, 2002

41
Les villes européennes

13. LES ÉTUDIANTS DES VILLES déjà fort des plus grandes métropoles.
Pour toutes ces raisons, les plus grandes
Les organisations des structures uni- villes européennes sont en haut du clas-
versitaires nationales sont très diffé- sement : Paris en tête avec 350 000 étu-
rentes d’un pays à l’autre. En Suisse, en diants, devant Londres (300 000), Milan
Allemagne et en Belgique, les agglomé- (280 000), Madrid (260 000) et Rome
rations de plus de 200 000 habitants ne (230 000).
concentrent qu’entre 50 et 60% de l’en- La mégalopole européenne apparaît
semble des étudiants de chaque pays. Il peu, sauf dans le Nord de l’Italie, qui
y a plusieurs exemples dans ces pays de semble prolonger le Sud de la France
villes universitaires renommées telles dont les villes comme Toulouse,
que Neuchâtel en Suisse, Louvain en Montpellier, Lyon et Marseille/Aix-en-
Belgique et Heidelberg en Allemagne. Provence sont particulièrement bien
En Grande-Bretagne, les deux univer- dotées de structures universitaires
sités les plus prestigieuses que sont fortes. L’Italie compte cinq grandes villes
Oxford et Cambridge s’appuient sur de universitaires : Rome, Milan, Bologne,
très petites villes, malgré tout assez pro- Naples et Turin.
ches de Londres. La représentation des Une spécialisation universitaire des
étudiants dans les grandes villes euro- villes peut être mesurée par le nombre
péennes ne reflète qu’une partie de l’en- d’étudiants rapporté à la population
seignement supérieur. totale des agglomérations. Dans ce cas,
Le nombre d’étudiants dans les uni- les villes avec la plus forte proportion
versités ou dans des grandes écoles d’étudiants sont Bologne et Montpellier
montre la capacité des villes à offrir aux (30 %), les deux plus anciennes univer-
jeunes un niveau de formation élevé leur sités d’Europe. On peut également noter
permettant de s’adapter plus aisément Grenade, Munster et Toulouse avec un
au marché du travail. Il représente aussi peu plus de 20 % des étudiants par rap-
un potentiel important d’innovation et port à la population totale. Paris et
de recherche pour la ville. Selon une Londres n’arrivent alors qu’en milieu de
enquête faite à Toulouse, deux tiers des classement avec environ 4 % d’étudiants.
scientifiques de la ville seraient origi- Les villes du Nord-Ouest de la mégalo-
naires de la région ou y auraient fait pole européenne se positionnent assez
leurs études (Grossetti, 1998). Cette pro- bas selon ce critère.
portion est sans doute très variable selon
les villes, mais montre bien la ressource
que créent les universités en termes de
potentiel de main-d’œuvre qualifiée.
La masse démographique des grandes
métropoles favorise le développement
des universités, non seulement grâce à
leur forte attraction générale, mais aussi
en grande partie grâce à leur niveau de
qualification, généralement plus élevé
qu’ailleurs, qui aurait tendance à se
reproduire au fil des générations.
L’attraction d’un centre universitaire
plus grand, offrant des formations plus
diversifiées et pointues, renforce le poids
42
Les 180 agglomérations : analyse comparative

13. Nombre d’étudiants

Nombre d'étudiants
en 2001 (en milliers)
350

95

10

Classes*
1
2
3
4
5
6
* Fonction du nombre d'étudiants
et de leur proportion dans la
population

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: Offices nationaux et régionaux de statistiques, 2002

43
Les villes européennes

14. L’ÉDITION DE REVUES de ces revues sont éditées dans huit


SCIENTIFIQUES villes de notre étude : Londres (13 %),
Amsterdam (10 %), Dordrecht dans l’ag-
L’édition de revues scientifiques est le glomération de Rotterdam (7 %), Paris
reflet d’une activité très spécialisée qui (5 %), Berlin (4 %), Bâle (2 %),
peut apporter une renommée à la ville. Copenhague (2 %) et Stuttgart (2 %).
Les savoirs scientifiques produits ou dif- Parmi les 77 autres villes de l’étude
fusés ne sont pas toujours révélés par éditant au moins une revue scientifique,
l’importance des structures universi- certaines assurent également des fonc-
taires ou même par la recherche appli- tions d’édition d’ouvrages (Lausanne,
quée (Grossetti, 1998). La diffusion du Munich, Madrid, Milan, etc.)
savoir est un autre volet de l’innovation Mais trois villes ne faisant pas partie
des villes, nécessaire à leur développe- de l’étude éditent plus du quart des
ment sur le moyen et long terme. revues. Oxford édite à elle seule près de
Nous avons considéré les revues 800 revues scientifiques, soit 20 % du
répertoriées par l’Institute for Scientific total européen (cf. tableau 1).
Information, organisme américain qui Les éditions scientifiques anglaises,
assure le recensement le plus large au favorisées par l’extension de la langue
monde de ce type de revues. Elles sont anglaise, sont particulièrement produc-
les plus «cotées» dans chaque discipline tives. L’ensemble des villes britanniques
et les centres d’édition ont un pouvoir de édite 43 % des revues européennes.
contrôle des publications internationales On peut souligner également le poids de
et de valoraisation des recherches. l’édition néerlandaise, dont Amsterdam et
Sur les 9 000 revues que contient la Dordrecht (agglomération de Rotterdam)
base mondiale, 43 % (soit près de 4 000) sont les principaux centres, ainsi que
sont éditées en Europe. Parmi ces 4 000 celui de l’édition suisse dont Bâle est le
revues européennes, près de 2 100 (soit principal producteur, avec Lausanne
54 %) sont éditées dans des villes de plus relativement bien représentée compte
de 200 000 habitants. En fait, la plupart tenu de sa taille.

Tableau 1. Les revues scientifiques en Europe de l’Ouest


Disciplines 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Total
Total Europe de l’Ouest 496 72 463 505 655 70 530 481 595 3 867
Oxford (GBR) 56 20 78 101 139 14 130 90 161 789
Londres (GBR) 49 11 80 50 99 9 59 33 100 490
Amsterdam (NLD) 12 9 13 46 79 9 84 91 42 385
Dordrecht (NLD) 19 10 12 48 34 8 51 32 39 253
Paris (FRA) 50 0 31 27 25 1 17 24 14 189
Berlin (DEU) 34 1 4 34 15 2 15 31 5 141
Basingstoke (GBR) 15 5 15 8 22 0 2 0 59 126
Chichester (GBR) 2 4 8 13 21 3 23 23 24 121
Bâle (CHE) 1 0 29 6 41 0 1 10 6 94
Copenhague (DNK) 5 1 29 7 26 0 3 7 2 80
Stuttgart (DEU) 13 0 22 11 10 0 1 9 6 72
Total villes de l’étude 322 33 301 246 354 33 255 283 261 2 088
44
1. Sciences humaines; 2. Économie et gestion; 3. Médecine; 4. Agriculture, biologie et environnement; 5. Sciences de la vie; 6. Électronique et télécommunications;
7. Informatique et technologie; 8. Physique, chimie et sciences de la terre; 9. Sciences sociales.
Les 180 agglomérations : analyse comparative

14. Nombre de revues scientifiques éditées

Nombre de revues
scientifiques éditées
500

130

<2
Nombre de revues
scientifiques éditées
Classes
Plus de 380 1
Amsterdam 141 à 253 2
72 à 94 3
Berlin
Rotterdam 19 à 48 4
1 à 13 5
Aucune 6

Londres

Paris Stuttgart

Bâle

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: ISI, 2002

45
Les villes européennes

15. LES RÉSEAUX DE LA RECHERCHE recherche (Grossetti, 1998). Toutefois,


EUROPÉENNE les réseaux financés par le PCRDT intè-
grent la plupart du temps en leur sein
L’innovation européenne est réelle : même des entreprises ou laboratoires
les brevets scientifiques européens privés.
représentent 34 % du total mondial des Afin de mesurer les degrés d’insertion
brevets en cours de validité en 2000, les des villes dans ces réseaux, nous avons
États-Unis 27 % et le Japon 22 % répertorié tous les organismes partici-
(Statistiques trilatérales de l’Office euro- pant aux près de 6 000 projets de
péen des Brevets). Toutefois, ceci ne recherche du 5e PCRDT dont les appels
reflète pas tout à fait le niveau de d’offre ont été publiés de 1998 à 2002.
recherche scientifique, moins élevé en Ces organismes ont été localisés de
Europe qu’aux États-Unis et au Japon, manière précise, en tenant compte non
tant pour l’investissement privé que pas du siège social de l’organisme, mais
public. De même, le nombre de cher- de son unité de recherche participant
cheurs par habitant était en 2001 de 5,1 réellement aux programmes (ceci est
en Europe contre 7,4 aux États-Unis et important pour tous les organismes
8,9 au Japon, et la part du PIB consacrée nationaux de recherche comme le CNRS
à la recherche était de 1,9 % en Europe en France). Ont été comptabilisés le
en 2001 contre 2,7 % aux États-Unis et nombre de projets auxquels les orga-
3 % au Japon (Rapport ministère de la nismes de chaque ville participent (un
Recherche, 2002). En Europe, les organisme participant à plusieurs pro-
niveaux d’investissement des pays sont jets a été compté plusieurs fois).
très disparates, mais les programmes de Paris avec 2 340 participations à des
recherche européens tentent de sti- réseaux de recherche et Londres avec
muler la recherche d’« excellence », en 1 450, arrivent largement en tête. À un
proposant des financements à des second niveau, apparaissent Athènes
réseaux de recherche à travers le (960) et Madrid (911). Ces quatre villes
PCRDT (Programme cadre de Recherche ont comme point commun d’être les
et Développement technologique). Ce capitales de pays fortement centralisés
programme, dont les thèmes d’appels en général, et pour la recherche en par-
d’offre sont renouvelés tous les 4 ans, ticulier.
encourage la formation de réseaux de Ce n’est qu’à un niveau plus bas
recherche transnationaux en Europe. qu’apparaissent les villes suivantes qui
Ces réseaux scientifiques favorisent comptent de 500 à 700 participations à
la diffusion des innovations entre labora- des réseaux scientifiques : Munich,
toires, et donc leur passage de ville à Copenhague, Rome, Helsinki, Milan,
ville. Les agglomérations urbaines qui Barcelone, Stockholm et Bruxelles.
abritent des organismes participant à Entre 200 et 500 organismes, on trouve
ces réseaux ont un fort rayonnement des capitales comme Berlin, Vienne,
scientifique favorisant à la fois la diffu- Lisbonne, La Haye, Oslo, ou Dublin. On
sion mais aussi l’intégration des innova- trouve aussi des villes assez grandes
tions. Il est pourtant certain que les comme Turin, Cologne, Stuttgart, Zürich,
réseaux participent de manière inégale Amsterdam, Lyon, Hambourg, ou Man-
au développement de l’économie urbaine chester, mais également des villes de taille
dans son ensemble, par les liens plus ou plus modeste comme Toulouse, Grenoble,
moins intenses tissés entre les entre- Utrecht, Karlsruhe, Salonique, Florence
prises et les universités ou instituts de ou Brême.
46
Les 180 agglomérations : analyse comparative

15. Les réseaux de recherche

Nombre d'unités de recherche


publiques et privées
participant au 5e PCRDT
2 350

610

1
Nombre d'unités de recherche
publiques et privées
participant au 5e PCRDT
Classes
1 450 et 2 346 1
518 à 960 2
207 à 475 3
99 à 194 4
20 à 97 5
Moins de 20 6

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: Cordis, 2002

De manière générale, la taille des Oxford, Cambridge, Uppsala, Heidelberg,


villes joue un rôle important pour déter- Louvain et Gembloux, malgré leur forte
miner leur potentiel de participation aux implication dans les réseaux de
réseaux de recherche. Les pôles universi- recherche, n’atteignent pas le poids des
taires hors des grandes villes comme métropoles.
47
Rayonnement
et spécialisations
Les villes européennes

LE CLASSEMENT fonctions financières majeures, l’accueil


DES 180 AGGLOMÉRATIONS de foires et salons, ou une bonne inser-
SELON LES FONCTIONS
tion dans les réseaux de recherche. Elles
sont toutefois moins bien placées pour
INTERNATIONALES
l’organisation des congrès et l’édition des
Le classement faisant la synthèse des revues scientifiques. Milan se singula-
15 indicateurs précédents donne une rise par relativement moins de sièges de
vision générale du niveau de rayonne- multinationales, et Madrid pour sa
ment des villes. D’autres indicateurs, moindre accessibilité. Amsterdam se dif-
mesurés avec d’autres choix, montre- férencie nettement de ces deux villes.
raient des nuances différentes, mais Majeure en Europe pour l’édition scienti-
n’introduiraient probablement pas de fique, elle allie une forte présence de
bouleversement majeur dans la configu- sièges de multinationales à une fonction
ration générale de la hiérarchie établie. centrale de transport (accessibilité
Les deux agglomérations de Paris et élevée et très forts trafics aériens de pas-
Londres sont largement en tête avec un sagers). En revanche, Amsterdam est
nombre de points du même ordre (81 et moins bien placée pour le nombre d’étu-
76). La prépondérance du poids démo- diants et celui des foires et salons, mais
graphique et économique des deux rappelons qu’Amsterdam n’est que 34e
grandes capitales est indéniable en en Europe par sa population.
Europe. Les deux villes sont du même
niveau pour la moitié des indicateurs : la Dans la classe 3 (51 à 55 points),
population, le trafic aéroportuaire, les Berlin, Rome, Bruxelles, Vienne, Stock-
sièges sociaux de grands groupes, les holm et Lisbonne appuient sur leurs
places financières, les musées, les nui- fonctions de capitale nationale des rayon-
tées touristiques et l’insertion dans les nements européens diversifiés qui sont
réseaux de recherche. Paris arrive en égalés par Barcelone et Munich. Une
tête pour les autres indicateurs, à l’ex- partie de ces villes ont un rôle de point
ception de l’édition des revues scientifi- d’ancrage majeur des fonctions interna-
ques et du trafic portuaire, Londres tionales de leur pays (Bruxelles, Vienne,
étant un port maritime, alors que Paris Stockholm ou Lisbonne). Les autres par-
n’est qu’un port fluvial (non pris en tagent ce rôle avec une autre grande
compte dans ce classement). Paris est métropole nationale. Ainsi, Rome et
notamment plus accessible que Londres Milan sont de même niveau pour la fonc-
en Europe, elle accueille plus de foires et tion universitaire, l’insertion dans les
de salons, plus de congrès, elle concentre réseaux de recherche, ou le trafic de pas-
plus de sites culturels, d’universités, sagers aériens. Toutefois, Rome a des
donc d’étudiants. fonctions plutôt orientées vers l’attraction
culturelle et touristique, tandis que Milan
Dans la deuxième classe (57 à 62 est une place financière plus puissante et
points), on trouve trois villes aux poids un centre d’organisation de foires et
démographiques et aux profils très diffé- salons majeur en Europe. La situation est
rents : Madrid, Amsterdam et Milan. à certains égards un peu similaire en
Madrid, troisième agglomération euro- Espagne où Madrid et Barcelone parta-
péenne pour sa taille, et Milan, sixième, gent également les mêmes fonctions uni-
réunissent beaucoup de fonctions d’ou- versitaires, de recherche et de trafic
verture internationale comme des trafics aérien avec une prépondérance de
de passagers aériens importants, des Madrid pour les fonctions financières,
50
Rayonnement et spécialisations

d’organisation de foires, mais aussi d’ac- Lyon, Marseille et Toulouse. Lyon se dis-
cueil de tourisme. En Allemagne, Berlin tingue notamment par l’accueil de nom-
concentre de nombreuses fonctions cultu- breuses foires, Marseille par son port, et
relles et un tourisme développé, tandis Toulouse par sa dynamique démogra-
que Munich se distingue plutôt par l’ac- phique et sa spécialisation universitaire.
cueil de sièges sociaux de grandes multi- Les trois villes sont mal classées pour
nationales, par une forte insertion dans l’accueil de sièges sociaux de grandes
les réseaux de recherche, ainsi que par un multinationales, très concentrées à
fort trafic de passagers. Paris, mais aussi pour l’organisation des
La classe 4 (15 villes bénéficiant de congrès internationaux et l’édition de
42 à 50 points) comprend, à l’exception revues scientifiques.
de Luxembourg et de Berne, toutes les Les quatre villes allemandes pré-
autres capitales (Athènes, Copenhague, sentes dans cette classe ont des profils
Dublin, Helsinki et Oslo). D’un rang très différents. Francfort allie à sa
européen inférieur aux capitales des place financière puissante un fort trafic
classes précédentes, elles fondent pour de passagers aériens. Düsseldorf
beaucoup leur rayonnement sur leur couple l’organisation de foires et salons
fonction de capitale, alors qu’elles sont et une bonne accessibilité. Hambourg a
parfois, comme Copenhague, Dublin et un rayonnement européen légèrement
Oslo les seules grandes métropoles de inférieur aux deux précédentes et
plus de 200 000 habitants de leur pays. comme principal atout d’être une ville
Les trois plus grandes villes fran- portuaire.
çaises après Paris sont présentes dans Zurich, tout comme Milan en Italie,
cette classe dans l’ordre de leur taille : est non seulement la ville de Suisse la
plus peuplée, mais également sa capitale
économique et financière. Elle réunit, en
Tableau 2. Répartition des villes par pays et par classe effet, des fonctions financières de haut
Classes
niveau, des sièges d’entreprises multina-
Total par
tionales et un fort trafic aérien de passa-
Pays 1 2 3 4 5 6 7 gers. Par ailleurs, la seule ville italienne
pays
Allemagne 2 4 4 7 17 34 de cette classe, Florence, bénéficie de son
Autriche 1 2 1 4 attrait touristique tant pour ses musées
Belgique 1 1 1 3 6 que pour ses foires.
Danemark 1 1
Espagne 1 1 6 6 8 22 La classe 5 (31 à 40 points) compte 34
Finlande 1 2 3 villes qui, toutes, sans atteindre le
France 1 3 7 9 10 30 niveau de rayonnement européen des
Grèce 1 1 2 villes des classes précédentes, sont sou-
Irlande 1 1 vent réputées grâce à la présence d’au
Italie 1 1 1 4 7 8 22 moins une fonction de niveau européen.
Luxembourg 1 1 La France compte sept villes dans cette
Norvège 1 1 classe, montrant une solide armature
Pays-Bas 1 2 2 7 12 urbaine aux réelles potentialités, même
Portugal 1 1 2 si leur hiérarchie ne suit pas leur rang
Royaume-Uni 1 5 3 22 31 selon la taille démographique. La plus
Suède 1 1 1 3 grande agglomération, Lille, conurbation
Suisse 2 1 2 5 transfrontalière, n’arrive qu’après Stras-
Total par classe 2 3 8 15 34 39 79 180 bourg et Bordeaux. Montpellier se classe
51
Les villes européennes

Tableau 3. Points obtenus par les 180 agglomérations sur les 15 indicateurs
Points Rang
Classe 1
Paris 81 1
Londres 76 2
Classe 2
Madrid 62 3
Amsterdam 59 4
Milan 57 5
Classe 3
Barcelone, Berlin, Rome 55 6
Bruxelles, Vienne 53 9
Munich, Stockholm 52 11
Lisbonne 51 13
Classe 4
Athènes, Cologne 50 14
Copenhague 49 16
Dublin, Lyon 47 17
Francfort 46 19
Düsseldorf, Helsinki, Zurich 45 20
Florence, Hambourg, Marseille 44 23
Genève, Oslo 43 26
Toulouse 42 28
Classe 5
Naples, Rotterdam, Stuttgart 40 29
Bologne 39 32
Edimbourg, Turin 38 33
Birmingham, Manchester, Strasbourg, Valence 37 35
Anvers, Bilbao, Bordeaux, Essen, Lille, Nice, Séville 36 39
Bâle, Glasgow, Göteborg, Montpellier, Nuremberg 35 46
Hanovre, Luxembourg, Venise 34 51
Leeds, Nantes, Porto, Salonique 33 54
Grenade, Palma de Majorque, Utrecht 32 58
Grenoble, Malaga 31 61
Classe 6
Cannes, Rennes, Salzbourg, Vérone 30 63
Alicante, Bari, Gènes, Trieste 29 67
Dresde, La Haye, Munster, Nancy, Saragosse 28 71
Brême, Bristol, Dijon, Gand, Gijon, Leipzig, Padoue, Pampelune, Rouen 27 76
Aix-la-Chapelle, Angers, Cadix, Clermont-Ferrand, Eindhoven, Lausanne, Mulhouse, Palerme,
26 85
Southampton, Tarragone, Wiesbaden
Berne, Brest, Cagliari, Fribourg, Graz, Liverpool 25 96
Classe 7
Belfast, Cardiff, Catane, Cordoue, Karlsruhe, Leiden, Luton, Malmö, Mannheim, Rostock, Saint-Sébastien,
24 102
Santander, Tampere, Tours, Valladolid, Vigo
Brunswick, Coventry, Darmstadt, Liège, Metz, Newcastle-upon-tyne, Nottingham, Reims, Toulon, Turku,
23 118
Vitoria-Gasteiz
Brescia, La Corogne, Murcie 22 129
Augsburg, Bergame, Bielefeld, Bournemouth, Brighton, Halle, Le Havre, Leicester, Lübeck, Messine,
21 132
Orléans, Portsmouth, Salerne, Tarente
Aldershot, Arnhem, Carrare, Charleroi, Enschede, Kassel, Kiel, Linz, Nimègue, Osnabrück 20 146
Blackpool, Breda, Coblence, Haarlem, Heerlen, Saint-Étienne, Sarrebruck, Sheffield, Swansea 19 156
Caserte, Kingston, Middlesbrough, Preston, Southend-on-Sea 18 165
Chatham, Chemnitz, Derby, Erfurt, Magdebourg, Plymouth, Stocke-on-trent, Valenciennes 17 170
52
Béthune, Lens, Mons 16 178
Rayonnement et spécialisations

16. Le classement des villes

Nombre de points obtenus*


selon les 15 indicateurs
Helsinki
précédents
Classes
Oslo

Stockholm Plus de 76 1

57 à 62 2
Copenhague

51 à 55 3

Hambourg 42 à 50 4
Dublin Amsterdam
Berlin
31 à 40 5
Londres
Dusseldorf

Cologne 25 à 30 6

Bruxelles Francfort
16 à 24 7
Vienne
Paris
Munich * Le nombre de points dépend des rangs
obtenus pour chacun des 15 indicateurs
précédents. Les villes classées dans la
Zurich 1re classe obtiennent 6 points, celles de
Genève la seconde classe 5 points, et ainsi de suite.
Le maximum théorique est de 90.
Lyon
Milan

Toulouse Florence

Marseille Rome

Barcelone
Madrid
Athènes

Lisbonne

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: UMR ESPACE, 2002

53
Les villes européennes

au même niveau que Nice, Nantes et démographique. Quelques exceptions


Grenoble (toutes deux fois plus grandes sont cependant à noter comme la fonc-
par leur taille démographique), grâce au tion portuaire des villes de Gênes et
nombre de ses étudiants et à la qualité Trieste ou la fonction universitaire de
de sa recherche. Rennes, Padoue et Munster. Lausanne
Cinq des sept villes espagnoles de et Eindhoven ne doivent leur position
cette classe (Valence, Séville, Grenade, qu’à l’implantation de sièges sociaux de
Palma de Majorque et Malaga) sont grandes entreprises européennes (Nestlé
connues pour leur fonction touristique, et Philips). Leipzig et Salzbourg sont
tandis que Bilbao, ville comparable en connues pour organiser de nombreuses
taille à Bordeaux, semble montrer les foires.
résultats d’une politique de revitalisa-
tion. Les autres villes de cette classe, Dans la classe 7 (16 à 24 points), le
quatre allemandes (Stuttgart, Essen, niveau européen est presque complète-
Nuremberg et Hanovre), cinq britanni- ment absent. La plupart des 79 villes de
ques (Édimbourg, Birmingham, Man- la classe sont, pour tous les indicateurs,
chester, Glasgow et Leeds), quatre dans les classes inférieures. Quelques
italiennes (Naples, Bologne, Turin et exceptions, qui sous-tendent parfois des
Venise) deux néerlandaises (Anvers et potentialités, sont cependant à noter :
Utrecht) une grecque (Salonique) et une Le Havre pour sa fonction portuaire,
portugaise (Porto) ont quelques fonctions Messine pour sa fonction universitaire,
urbaines de niveau européen, mais qui Karlsruhe pour son potentiel de
sont très peu diversifiées. recherche, Luton pour sa fonction aéro-
portuaire mais dont l’aéroport dépend de
La plupart des 39 villes de la classe 6 fait des aéroports londoniens, Blackpool
(25 à 30 points) ne jouent pas de fonction et Toulon pour leurs nuitées touristiques
majeure au niveau européen, et n’ont liées au littoral.
souvent pour elles que leur dynamisme

Tableau 4. Classes des 34 agglomérations Tableau 5. Classes des 32 agglomérations


allemandes britanniques
1 (aucune) 1 Londres

2 (aucune) 2 (aucune)

3 Berlin, Munich 3 (aucune)


4 Dublin
4 Cologne, Francfort, Düsseldorf, Hambourg
5 Édimbourg, Birmingham, Manchester, Glasgow, Leeds
5 Stuttgart, Essen, Nuremberg, Hanovre
6 Bristol, Southampton, Liverpool
Dresde, Munster, Brême, Leipzig, Aix-la-Chapelle,
6 Belfast, Cardiff, Luton, Coventry, Newcastle-upon-Tyne,
Wiesbaden, Fribourg
Nottingham, Bournemouth, Brighton, Leicester,
Karlsruhe, Mannheim, Rostock, Brunswick, Darmstadt, Portsmouth, Aldershot, Blackpool, Sheffield, Swansea,
Augsbourg, Bielefeld, Halle, Lubeck, Kassel, Kiel, 7
7 Kingston-upon-Hull, Middlesbrough, Preston,
Osnabrück, Coblence, Sarrebruck, Chemnitz, Erfurt, Southend-on-sea, Chatham, Derby, Plymouth, Stocke-
Magdebourg on-Trent
54
Rayonnement et spécialisations

Tableau 6. Classes des 30 agglomérations françaises Tableau 9. Classe des 17 agglomérations


1 Paris
du Bénélux
1 (aucune)
2 (aucune)
2 Amsterdam
3 (aucune)
3 Bruxelles
4 Lyon, Marseille, Toulouse
4 (aucune)
Strasbourg, Bordeaux, Lille, Nice, Montpellier, Nantes,
5
Grenoble 5 Rotterdam, Anvers, Luxembourg, Utrecht
Cannes, Rennes, Nancy, Dijon, Rouen, Angers, 6 La Haye, Gand, Eindhoven
6
Clermont-Ferrand, Mulhouse, Brest Leiden, Liège, Arnhem, Charleroi, Enschede, Nimègue,
7
Tours, Metz, Reims, Toulon, Le Havre, Orléans, Saint- Haarlem, Heerlen, Breda, Mons
7
Étienne, Valenciennes, Béthune, Lens

Tableau 10. Classes des 9 agglomérations


Tableau 7. Classes des 24 agglomérations autrichiennes et suisses
de la péninsule Ibérique 1 (aucune)
1 (aucune) 2 (aucune)
2 Madrid 3 Vienne
3 Lisbone, Barcelone 4 Zurich, Genève
4 (aucune) 5 Bâle
Valence, Bilbao, Séville, Porto, Grenade, Palma de 6 Salzbourg, Lausanne, Berne, Graz
5
Majorque, Malaga
7 Linz
Alicante, Saragosse, Gijon, Pampelune,
6
Cadix,Tarragone
Cordoue, Saint-Sébastien, Santander, Valladolid, Vigo,
7
Vitoria-Gasteiz, La Corogne, Murcie Tableau 11. Classes des 8 agglomérations
scandinaves
1 (aucune)
2 (aucune)
Tableau 8. Classes des 22 agglomérations italiennes
3 Stockholm
1 (aucune)
4 Copenhague, Helsinki, Oslo
2 Milan
5 Göteborg
3 Rome
6 (aucune)
4 Florence
7 Tampere, Malmö, Turku
5 Naples, Bologne, Turin, Venise
6 Vérone, Bari, Gênes, Trieste, Padoue, Palerme, Cagliari
Catane, Brescia, Bergame, Messina, Salerne, Tarente, Tableau 12. Classes des 2 agglomérations grecques
7
Carrare, Caserte
1 (aucune)
2 (aucune)
3 (aucune)
4 Athènes
5 Salonique
6 (aucune)
7 (aucune)
55
Les villes européennes

NIVEAU DE RAYONNEMENT ET TAILLE pole européenne aux nombreuses fonc-


DES VILLES tions économiques et financières, aux
solides infrastructures tant portuaires
Le poids démographique des villes qu’aéroportuaires, facilement accessible
intègre de forts effets de masse dans de toute l’Europe, que les touristes fré-
chacun des indicateurs mesurés. Il quentent aussi bien pour ses congrès que
existe une forte corrélation entre le pour son patrimoine culturel.
classement des villes effectué selon les Dans une bien moindre mesure
15 indicateurs et la taille des villes. qu’Amsterdam, quatre agglomérations
Pour près de la moitié des aggloméra- de moins de 500 000 habitants ont un
tions, l’ampleur du rayonnement rayonnement bien supérieur aux autres
mesuré par le classement est conforme villes de taille équivalente. Luxem-
à leur poids démographique. Pour les bourg, siège d’organes de l’Union euro-
autres, on observe des décalages plus ou péenne et Genève, siège d’organisations
moins prononcés. internationales ont, de ce fait, déve-
loppé de nombreuses fonctions interna-
La ville la plus fortement surclassée, tionales (aéroport, accessibilité, banque,
c’est-à-dire dotée d’un rang bien supé- congrès, tourisme) qui dépassent large-
rieur à ce que l’on attendrait d’après sa ment ce que leur seule taille laisserait
population, est Amsterdam. Capitale des supposer. Montpellier et Grenade deux
Pays-Bas, cette agglomération d’à peine villes universitaires, à réputation cultu-
plus d’un million d’habitants en 2000, relle et à fort dynamisme démogra-
est insérée dans un réseau urbain phique renforcent leur rayonnement :
régional dense, et est largement inter- Montpellier par ses réseaux de
connectée aux autres grandes capitales recherche, et Grenade par son riche
européennes. C’est une véritable métro- patrimoine historique.

Tableau 13. Écart entre le classement selon les indicateurs et le classement selon la population en 2000
Écart Villes
3 Amsterdam
2 Genève, Grenade, Luxembourg, Montpellier
Aix-la-Chapelle, Fribourg, Munich, Munster, Graz, Salzbourg, Vienne, Bruxelles, Gand, Palma de Majorque, Pampelune,
Tarragone, Helsinki, Angers, Brest, Cannes, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Lyon, Marseille, Mulhouse, Nancy,
1
Nantes, Nice, Rennes, Strasbourg, Toulouse, Dublin, Bologne, Cagliari, Florence, Milan, Trieste, Venise, Vérone, Oslo,
Eindhoven, Utrecht, Lisbonne, Edimbourg, Stockholm, Bâle, Berne, Lausanne, Zurich
Linz, Anvers, Mons, Copenhague, Alicante, Bilbao, Cadix, Cordoue, La Corogne, Gijon, Madrid, Malaga, Santander,
Séville, Saint-Sébastien, Valladolid, Vitoria, Tampere, Turku, Béthune, Bordeaux, Le Havre, Lens, Metz, Orléans, Paris,
Reims, Rouen, Saint-Étienne, Tours, Salonique, Brescia, Caserte, Carrare, Messine, Padoue, Rome, Tarente, Porto,
0 Aldershot, Blackpool, Bournemouth, Bristol, Cardiff, Derby, Glasgow, Kingston, Leicester, Londres, Luton, Chatham,
Plymouth, Preston, Stoke-on-trent, Southampton, Swansea, Göteborg, Berlin, Brunswick, Chemnitz, Coblence,
Darmstadt, Erfurt, Francfort, Halle, Hambourg, Hanovre, Kassel, Kiel, Leipzig, Lübeck, Magdebourg, Nuremberg,
Osnabrück, Rostock, Stuttgart, Wiesbaden, Arnhem, Breda, Enschede, Heerlen, Leiden, Nimègue
Augsburg, Brême, Dresde, Karlsruhe, Cologne, Mannheim, Sarrebruck, Düsseldorf, Charleroi, Liège, Barcelone, Murcie,
-1 Saragosse, Valence, Vigo, Lille, Toulon, Valenciennes, Athènes, Bari, Bergame, Gênes, Palerme, Salerne, Turin, Haarlem,
La Haye, Rotterdam, Birmingham, Brighton, Coventry, Leeds, Middelsbrough, Portsmouth, Southend-on-Sea, Malmö
-2 Belfast, Bielefeld, Catane, Liverpool, Manchester, Naples, Newcastle, Nottingham, Sheffield
-3 Essen

56
Rayonnement et spécialisations

17. Niveau de rayonnement et taille des villes

Population en 2000
(en milliers d'habitants)
9 500

3 000

81
Écart entre le classement sur
les 15 indicateurs, et celui
selon la population

Écart de points
+3
Villes
surclassées +2
+1
0
–1
Villes
sous-classées –2
–3

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: UMR ESPACE, 2002

57
Les villes européennes

Tableau 14. Répartition des villes par classe selon La plupart des villes françaises sont
les indicateurs et selon la population également surclassées. Pour compenser
Classe selon les indicateurs le réseau urbain national fortement hié-
Classe selon rarchisé, elles semblent avoir davantage
1 2 3 4 5 6 7 Total
la population développé de fonctions en comparaison
1 2 2 de villes de même taille dans les autres
2 1 1 1 3 pays.
Toutes les villes suisses voient leur
3 1 2 3 2 8
position surclassées par rapport à leur
4 5 3 6 1 15
taille.
5 1 8 12 7 6 34
6 1 10 9 19 39 À l’inverse, une cinquantaine de villes
7 3 22 54 79 obtiennent des classements inférieurs à
Total 2 3 8 15 34 39 79 180
ce que l’on pourrait attendre compte
tenu de leur taille.
Les plus forts écarts sont observés
Parmi la cinquantaine de villes qui se dans neuf villes : Bielefeld, Belfast,
trouvent plus modestement surclassées, Liverpool, Manchester, Nottingham,
Milan est la seule très grande aggloméra- Sheffield, Newcastle, Catane et Naples.
tion (près de 4 millions d’habitants en La présence de six villes britanniques
2000). Capitale financière de l’Italie, ville dans ce groupe est certainement un des
de foires, c’est également une ville uni- reflets de la forte métropolisation londo-
versitaire au fort potentiel de recherche. nienne. Manchester, la plus grande
Dans la classe de taille inférieure, d’entre elles et seconde ville du
Munich est la seule, parmi les cinq villes Royaume-Uni, n’atteint un réel niveau
de cette classe (Bruxelles, Lisbonne, de rayonnement européen pour aucun
Vienne, Stockholm et Munich), à ne pas des indicateurs.
avoir le statut de capitale politique.
Son rayonnement dépasse le cadre
Tableau 15. Nombre de villes selon l’écart entre
national dans les domaines économique
le classement sur les 15 indicateurs
et financier, mais également dans celui et le classement de la population en 2000
de la recherche et du tourisme d’affaires.
Classes population 2000*
Parmi les villes surclassées dont la
Écart** 1 2 3 4 5 6 7 Total
population approche ou dépasse légère-
ment le million d’habitants, se trouvent 3 1 1
encore trois capitales de pays (Helsinki, 2 1 3 4
Dublin et Oslo). 1 1 5 8 10 22 46
La trentaine d’autres villes de cette 0 2 1 2 3 12 9 54 83
classe, de taille plus modeste (entre
-1 1 3 6 7 19 36
500 000 et 200 000 habitants), ont toutes
une spécificité qui justifie ce léger sur- -2 2 1 6 9
classement. Pour ne citer que quelques -3 1 1
exemples : Clermont-Ferrand, Lausanne Total 2 3 8 15 34 39 79 180
et Eindhoven abritent les sièges sociaux * Le classement de la population en 2000 comporte le même nombre
de très grands groupes européens ; de classes et le même nombre de villes par classe que le classement
Salzbourg est une ville de foires ; général.
** Classe obtenue au classement général sur les 15 indicateurs moins
Bologne, une ville universitaire ; Palma
la classe obtenue au classement de la population en 2000.
de Majorque, une ville touristique…
58
Rayonnement et spécialisations

Tableau 16. Écart des 34 agglomérations allemandes Tableau 20. écart des 22 agglomérations italiennes
-3 Essen -2 Catane, Naples
-2 Bielefeld -1 Bari, Bergame, Gênes, Palerme, Salerne, Turin
Augsburg, Brême, Dresden, Karlsruhe, Cologne, Brescia, Caserte, Carrare, Messina, Padoue, Rome,
-1 0
Mannheim, Sarrebruck, Düsseldorf Tarente
Bologne, Cagliari, Florence, Milan, Trieste, Venise,
Berlin, Brunswick, Chemnitz, Coblence, Darmstadt, 1
Vérone
Erfurt, Francfort, Halle, Hambourg, Hanovre, Kassel,
0
Kiel, Leipzig, Lubeck, Magdebourg, Nuremberg,
Osnabrück, Rostock, Stuttgart, Wiesbaden
1 Aix-la-Chapelle, Fribourg, Munich, Munster Tableau 21. écart des 17 agglomérations du Bénélux
-1 Charleroi, Liège, Haarlem, La Haye, Rotterdam
Anvers, Mons, Arnhem, Breda, Enschede, Heerlen,
0
Tableau 17. écart des 32 agglomérations Leiden, Nimègue
britanniques 1 Bruxelles, Gand, Eindhoven, Utrecht
Belfast, Liverpool, Manchester, Nottingham, Sheffield,
-2 2 Luxembourg
Newcastle
3 Amsterdam
Birmingham, Brighton, Coventry, Leeds,
-1
Middelsbrough, Portsmouth, Southend-on-Sea
Aldershot, Blackpool, Bournemouth, Bristol, Cardiff,
Derby, Glasgow, Kingston, Leicester, Londres, Luton,
0 Tableau 22. écart des 9 agglomérations
Chatham, Plymouth, Preston, Stoke-on-trent,
Southampton, Swansea autrichiennes et suisses
0 Linz
1 Édimbourg, Dublin
1 Graz, Salzbourg, Vienne, Bâle, Berne, Lausanne, Zurich
2 Genève

Tableau 18. écart des 30 agglomérations françaises


-1 Lille, Toulon, Valenciennes
Béthune, Bordeaux, Le Havre, Lens, Metz, Orléans, Tableau 23. écart des 8 agglomérations scandinaves
0
Paris, Reims, Rouen, Saint-Étienne, Tours
-1 Malmö
Angers, Brest, Cannes, Clermont-Ferrand, Dijon, 0 Copenhague, Tampere, Turku, Göteborg
1 Grenoble, Lyon, Marseille, Mulhouse, Nancy, Nantes,
Nice, Rennes, Strasbourg, Toulouse 1 Helsinki, Oslo, Stockholm

2 Montpellier

Tableau 24. écart des 2 agglomérations grecques


Tableau 19. écart des 24 agglomérations de la -1 Athènes
péninsule Ibérique
0 Salonique
-1 Barcelone, Murcie, Saragosse, Valence, Vigo

Porto, Alicante, Bilbao, Cadix, Cordoue, La Corogne,


0 Gijon, Madrid, Malaga, Santander, Séville, Saint-
Sébastien, Valladolid, Vitoria

1 Lisbonne, Palma de Majorque, Pampelune, Tarragone


2 Grenade
59
Les villes européennes

Les villes du Sud de l’Italie ont ici largement amplifié du fait que l’ag-
presque toutes un rayonnement bien en glomération se compose non seulement
deçà de ce que l’on attendrait de leur de trois villes de plus de 500 000 ha-
taille démographique. L’opposition nord- bitants chacune, mais également de
sud de l’Italie est encore bien visible. Bochum qui compte près de 400 000
habitants, ainsi que de trois villes de
Dix villes qui ont une population plus de 200 000 habitants.
supérieure au million d’habitants se
trouvent légèrement sous-classées :
Barcelone, Athènes, Cologne, Düssel- ÉLÉMENTS DE SPÉCIALISATION
dorf, Birmingham, Leeds, Rotterdam, DANS LA MISE EN RÉSEAU DES VILLES
Turin, Valence et Lille.
La plus peuplée, Barcelone, est sans Les indicateurs de l’étude montrent
conteste une grande ville européenne de des aspects de l’ouverture et de la mise
par sa taille et son rayonnement, mais en réseau des villes dont les objectifs
reste, avant tout, la seconde ville sont très divers. C’est plus dans l’inter-
d’Espagne. Athènes, malgré sa taille, son action des fonctions que dans leur
rôle de capitale de pays, son patrimoine somme que les villes se développent. La
historique et culturel et son fort poten- typologie présentée révèle des profils de
tiel de recherche, apparaît comme une villes selon ces fonctions. Il en résulte
ville au rayonnement européen relative- une grande diversité des modèles
ment faible. urbains qui apparaissent à travers
Quatre villes de ce groupe n’ont que l’éventail de leurs fonctions stratégiques
peu d’atouts leur permettant de d’ouverture internationale.
dépasser un rayonnement national. Beaucoup de ces fonctions participent
Valence est une ville au fort dynamisme à des phénomènes cumulatifs liés à la
démographique, mais n’a pas, hormis les taille des villes. Leur poids relativisé
foires, de fonctions de niveau européen. par la taille de chaque ville constitue
C’est également le cas de Turin, même si alors un bon indicateur de spécialisation
son potentiel de recherche s’est déve- relative. C’est pourquoi nous avons rap-
loppé ces dernières années. Birmingham porté l’ensemble des fonctions mesurées
a pour seul atout d’accueillir de nom- dans notre étude au poids démogra-
breuses foires et Rotterdam d’être le pre- phique des agglomérations, afin de pro-
mier port mondial. poser une analyse synthétique des
Les autres villes de ce groupe sont en profils spécifiques des villes dans leur
fait des conurbations : Lille-Roubaix- mise en réseau.
Tourcoing, Cologne-Bonn, Düsseldorf- De manière générale, les villes locali-
Wüppertal, Leeds-Bradford. Les villes sées à la périphérie de l’Europe dévelop-
de ces agglomérations multipolaires ont pent moins de spécialisations que les
chacune leur histoire, leur centre-ville villes plus centrales. Les villes des deux
et n’ont pas toujours la même vision de premières classes sont très proches du
leur développement, entraînant parfois profil moyen du développement de ces
des rivalités qui peuvent desservir l’in- fonctions dans les villes européennes.
térêt général. Très certainement pour Cela veut dire que dans les mouvements
les mêmes raisons, la conurbation de transformation globale des villes,
d’Essen-Duisbourg-Dortmund est l’ag- leurs niveaux de fonctions se sont déve-
glomération la plus sous-classée au loppés comme partout ailleurs, mais
regard de sa taille. Le phénomène est sans dominante particulière.
60
Rayonnement et spécialisations

La première classe est la plus caracté- villes se caractérisent de surcroît par de


ristique de cette faible spécialisation de fortes présences de banques internatio-
fonctions de mise en réseau au niveau nales et de sièges de grandes multinatio-
européen. Elle regroupe 53 villes, toutes nales, bien supérieures à ce que l’on
de moins de 1,3 million d’habitants, mais attendrait selon leur taille.
dont plus de la moitié ont moins de La cinquième classe (Venise, Black-
350 000 habitants. Ces villes appa- pool et Toulon) se singularise par un
raissent avec de faibles pénétrations des accueil touristique fort par rapport à
réseaux européens, notamment dans le leur taille assez faible. Chacune de ces
domaine des réseaux de recherche. villes développe en accompagnement du
La seconde classe réunit des villes de tourisme des fonctions spécifiques :
toutes tailles qui, dans une moindre Venise, très accessible et très attrayante
mesure que précédemment, sont peu pour son site exceptionnel et sa forte
spécialisées. La plupart ont un déficit concentration de musées, reçoit un
relatif des sièges de grands groupes grand nombre de congrès, relativement à
internationaux. Les très grandes villes sa taille, mais ne compte que peu de ban-
de cette classe accueillent peu de sièges ques internationales ; Blackpool a une
sociaux au regard de leur poids démogra- bonne accessibilité ; Toulon possède un
phique. nombre de sites touritiques relativement
Les autres classes mettent en évi- élevé par rapport à sa taille, mais est en
dence des spécialisations plus pronon- fort déficit relatif sur l’ensemble des
cées communes aux villes qu’elles autres fonctions.
regroupent, accompagnées parfois de La sixième classe caractérise des
spécialisations ou déficits particuliers à villes de faible taille qui sont à la fois
certaines d’entre elles seulement. bien dotées en structures universitaires,
La troisième classe regroupe les villes articulées avec d’autres fonctions assez
dont l’activité portuaire est la seule fonc- diverses. Parfois, elles sont assez bien
tion qui puisse vraiment les caractériser fournies en réseaux de recherche comme
dans nos mesures. Cette classe ne Bologne, Padoue, Gand et Utrecht, qui
regroupe pas tous les ports européens, possèdent, par ailleurs pour les trois
mais uniquement ceux qui n’ont pas premières, des sites culturels nom-
développé d’autre spécialisation signifi- breux. Parfois elles allient seulement à
cative dans le champ des indicateurs leur fonction universitaire des sites
mesurés. Douze villes appartiennent à ce culturels relativement nombreux
groupe : Anvers, Cagliari, Gênes, comme Clermont-Ferrand, Grenade,
Le Havre, Lübeck, Marseille, Nantes, Dijon, Grasse-Cannes-Antibes, Cordoue
Rostock, Rotterdam, Rouen, Tarente et et Reims. Les villes de cette classe ont
Tarragone. Ces villes, outre leur forte en général une assez faible accessibilité
spécialisation portuaire, ont en moyenne (sauf Bologne, Vérone, Clermont-
un déficit relatif en matière d’accessibi- Ferrand et Nancy).
lité et d’insertion dans les réseaux de La septième classe regroupe 38 villes
recherche européens. particulièrement bien insérées dans les
La quatrième classe caractérise de réseaux de recherche européens. Notons
manière très marquée des villes dont les en particulier Aix-la-Chapelle, Karls-
aéroports connaissent de très forts tra- ruhe, Grenoble, Graz, Helsinki,
fics (relativement à leur taille). Cette Enschede et Brunswick, très fortement
classe réunit Palma de Majorque, ancrées dans ces réseaux, compte tenu
Francfort et Zurich. Ces deux dernières de leur taille. Cette classe comprend sept
61
Les villes européennes

villes néerlandaises, sept villes alle- mesurées, en particulier pour d’autres


mandes, cinq villes françaises, trois fonctions économiques (finances, foires
villes britanniques, mais aussi presque et salons), mais aussi pour la fonction de
toutes les villes scandinaves, trois villes recherche et en particulier d’édition
autrichiennes (sur les cinq présentes), scientifique.
deux villes suisses (sur cinq), deux villes La ville de Luxembourg se distingue
belges (sur six), mais seulement une ville fortement des autres villes en concentrant
italienne et aucune ville espagnole. des fonctions économiques et d’échanges,
La huitième classe intègre Genève et largement supérieures à beaucoup d’au-
Salzbourg, essentiellement pour leur fort tres villes européennes plus grandes,
accueil de congrès et la présence de ban- grâce à la localisation des organismes
ques internationales (particulièrement européens et à sa position centrale dans
très concentrées à Genève). La présence les fortes densités d’Europe du Nord-
de Trieste dans cette classe s’explique Ouest. Cela justifie le fait de l’avoir
par l’organisation plus ou moins régu- incluse dans l’étude malgré sa population
lière de congrès dans cette ville, qui la bien inférieure aux autres villes.
place au cours de la dernière décennie Les rôles internationaux de Paris et
vers le 30e rang européen et le 50e rang de Londres sont incomparables avec
mondial. ceux des autres villes européennes. Elles
La neuvième classe montre les carac- dominent largement dans presque tous
tères particuliers en Europe d’Am- les domaines et tirent leur puissance de
sterdam et de Bâle. Pourvues de leur poids démographique.
nombreux sièges sociaux de grandes
entreprises, ces deux villes sont fort bien
dotées pour l’ensemble des fonctions LA DIVERSIFICATION
DE L’ÉCONOMIE
Tableau 25. Nombre de villes selon le classement de
la population en 2000 et les types de la carte 20 L’analyse qualitative de l’orientation
économique des villes complète le classe-
Classes population 2000*
ment en insistant sur la diversité des
Types CAH 1 2 3 4 5 6 7 Total situations observées pour chaque niveau
11 2 2 de rayonnement.
2 3 8 8 20 7 2 48 Parallèlement à l’émergence des fonc-
tions de rayonnement prises en compte
7 5 5 8 20 38
en partie dans le classement, les écono-
3 1 3 2 6 12
mies urbaines se sont transformées.
4 1 1 1 3 Les villes européennes sont, à des
1 4 14 35 53 degrés divers, intégrées dans l’économie
9 1 1 2
européenne où elles rayonnent dans des
domaines plus ou moins pointus.
5 2 1 3
Toutefois, si des spécialisations persis-
8 1 2 3 tent, héritées notamment des anciennes
6 3 12 15 traditions industrielles, la tendance
10 1 1
générale est à une diversification crois-
sante d’activités concurrentielles qui
Total 2 3 8 15 34 39 79 180
participent à leur rayonnement national
* Le classement de la population en 2000 comporte le même
nombre de classes et le même nombre de villes par classe que le
et international. La quasi-majorité des
classement général. villes européennes ont renforcé, depuis
62
Rayonnement et spécialisations

18. Éléments de spécialisation dans la mise en réseau des villes

Population en 2000
(en milliers d'habitants)
9 500

3 000

81

Spécialisation dominante :
Types d'après une classification
ascendante hiérarchique (CAH)
sur 13 indicateurs
1 Peu spécialisée
2 Peu spécialisée avec
peu de sièges sociaux
3 Portuaire
4 Aéroportuaire
5 Touristique
6 Universitaire
7 Fort potentiel de recherche
8 Congrès internationaux
9 Spécialisée dans l’édition scientifique
10 Fonctions économiques et d’échanges
11 Toutes les fonctions

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: UMR ESPACE, 2002

63
Les villes européennes

une trentaine d’années, la complexité de diversification et l’étendue de leurs


leur économie, notamment en accumu- fonctions internationalmondiale.
lant des fonctions leur permettant de
mettre en place des réseaux d’échanges Les agglomérations à rayonnement
et de partenariats sur des portées géo- européen ont toutes, à l’exception
graphiques grandissantes. d’Amsterdam et de Francfort, une éco-
nomie très diversifiée avec des activités
Les plus grandes villes ont été favori- administratives, financières, commer-
sées dans le processus de complexifica- ciales et touristiques, tout en conservant
tion grâce à leur attraction plus grande une activité industrielle, souvent de
et à leur capacité à fournir les infrastruc- haute technologie.
tures, les services et les marchés néces- Les petites villes à économie diversi-
saires au développement et à la diffusion fiée n’ont évidemment pas l’éventail d’ac-
de nouvelles fonctions. Le phénomène de tivités des plus grandes, mais elles ont
diversification des économies des villes a réussi à développer différentes compé-
eu tendance à toucher les grandes villes tences. Souvent, elles allient une tradi-
plus précocement que les plus petites. tion industrielle, un bon réseau de
Londres et Paris sont sans commune communication, des activités tertiaires
mesure avec les autres villes d’Europe. ou touristiques. C’est par exemple le cas
Leur poids économique absolu, la d’Aix-la-Chapelle, qui en plus de ses

Tableau 26. Pôles d’activité économique


Principales fonctions urbaines

Pôle économique Tertiaire Industrielle Commerciale Touristique

diversifié ++++ ++ +++ +++

à dominante industrielle ++ ++++++ +++ +

à dominante d’échanges +++ ++ ++++++ +

à dominante touristique ++ + +++ ++++++

à dominante tertiaire ++++++ + +++ ++

Les villes ont été classées en cinq grands types de pôle économique, selon les fonctions urbaines qu’elles exercent.

Un pôle économique diversifié est une ville à l’économie urbaine diversifiée, cumulant plusieurs fonctions : tertiaire (fonction
administrative, financière, recherche…), commerciale, industrielle, touristique et culturelle.

Un pôle économique à dominante industrielle est une ville dont l’activité économique reste fortement liée à sa tradition
industrielle ; même si, dans la plupart des cas, les activités industrielles se sont renouvelées et diversifiées.
Un pôle économique à dominante d’échanges est, généralement, une ville portuaire — port maritime ou fluvial — dont
l’activité économique dépend étroitement du port ; dans quelques cas, ce sont les échanges des produits de l’agriculture de
proximité (viticulture, horticulture…) qui domine l’économie.
Un pôle économique à dominante touristique est une ville dont l’activité économique est fortement dépendante du tourisme
(en général, ville disposant d’un patrimoine historique ou offrant de nombreuses activités culturelles et de loisirs).

Un pôle économique à dominante tertiaire est une ville dont l’activité économique est dominée par des fonctions
administratives, les services aux entreprises et parfois les centres de recherche. C’est souvent une place financière.
64
Rayonnement et spécialisations

19. Niveau de rayonnement et pôles économiques

Niveau de rayonnement
Helsinki

Oslo Stockholm

Copenhague
4

Hambourg Berlin
Amsterdam 5
Dublin
6

Cologne 7
Francfort
Bruxelles
Londres Pôle économique
Vienne
Paris diversifié
Munich
à dominante industrielle
Zurich à dominante d'échanges
Genève
à dominante touristique
Lyon
Milan à dominante tertiaire

Toulouse
Florence

Marseille Rome

Barcelone Athènes
Madrid

Lisbonne

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: UMR ESPACE, 2002

65
Les villes européennes

Tableau 27. Répartition des villes par pôle d’activité et niveau de rayonnement
Niveau de rayonnement selon le classement sur les 15 indicateurs
Pôle économique 1 2 3 4 5 6 7 Total
diversifié 2 2 8 12 18 17 26 85
à dominante industrielle 10 10 37 57
à dominante d’échanges 2 7 9 18
à dominante touristique 1 3 3 5 12
à dominante tertiaire 1 2 1 2 2 8
Total 2 3 8 15 34 39 79 180

compétences traditionnelles en matière mants), Essen, Bilbao, Gijon, Nantes,


d’industrie textile, relance le therma- Leeds, Padoue et Utrecht.
lisme.
Les villes à dominante d’échanges
Les villes à économie diversifiée ont principalement des niveaux de
ne sont pas réparties de manière homo- rayonnement limité. Ce sont principale-
gène entre les pays. En Allemagne et en ment des villes portuaires qui se sont
Espagne, elles sont légèrement plus souvent servies de cet atout pour déve-
nombreuses. En Allemagne, on peut par lopper un commerce général, (Göteborg,
exemple citer Brême qui, en plus d’acti- Tarragone, Salonique et Bari), ou spécia-
vités industrielles, a développé des acti- lisé dans les produits agricoles,
vités bancaires et financières. En (Haarlem, Valence, Cordoue, Murcie,
Espagne, Cadix et Santander ont à la Palerme et Graz) ou dans la pêche
fois des industries, un port et des équipe- (Rostock et Kingston). Sheffield est spé-
ments balnéaires. C’est aux Pays-Bas cialisée dans le commerce de l’acier.
que ces villes sont les moins nombreuses Les villes à dominante touris-
(une sur trois). tique sont en Grande-Bretagne, en
Espagne, en France, en Italie et en
Les villes à dominante indus- Autriche. Elles ont plutôt de faibles
trielle représentent un tiers des villes rayonnements, à part Florence dont la
européennes et la moitié des villes à fai- production artisanale et le commerce
bles niveaux de rayonnement. Elles sont sont de fait très dépendants du tourisme.
plus nombreuses aux Pays-Bas, en Ce sont des stations balnéaires
Belgique et en Grande-Bretagne qu’en (Alicante, Malaga, Nice, Cannes, Saint-
Espagne où elles sont toutes concentrées Sébastien et les villes britanniques de
sur la côte Atlantique. Brighton, Blackpool, Bournemouth et
Les plus grandes villes de ce type, Southend-on-Sea), hormis Florence et
Birmingham et Turin ont développé Salzbourg où le tourisme est culturel.
moins d’activités tertiaires à côté de
leurs puissantes industries et de leurs Les villes à dominante tertiaire
réseaux de communications perfor- sont peu nombreuses. Géographique-
mants. C’est aussi le cas des villes au ment, elles se concentrent au cœur de
rayonnement plus faible comme Anvers l’espace européen. Ce sont soit des places
(malgré ses quatre bourses de dia- financières et bancaires comme
66
Rayonnement et spécialisations

Amsterdam, Francfort, Bâle et Berne, qui donnerait une idée de la spécialisa-


soit des centres à fonctions politiques et tion relative de la production (cf.
diplomatiques comme Genève et tableau 29).
La Haye (Tribunal pénal international C’est donc la diversité industrielle que
des Nations unies). nous avons essayé de mesurer à partir
de la présence ou non des différents sec-
Au total, on constate que les spéciali- teurs des industries manufacturières
sations des villes ont tendance à être dans les agglomérations de l’étude. Il
d’autant plus fortes que leur rayonne- faut ici entendre « présence » dans le
ment est limité, même si quelques exem- sens de suffisamment notable pour être
ples contredisent cette règle. Par ailleurs repérée, mais ce qui ne veut pas forcé-
les prédominances nationales sont assez ment dire dominante dans l’activité éco-
peu marquées et la division des spécia- nomique de la ville.
lités se fait plutôt à l’intérieur des pays Des informations qualitatives ont été
qu’entre les pays. Ceci marque l’em- collectées au niveau sectoriel le plus fin
preinte persistante des cadres nationaux possible, puis regroupées par grand
qui devraient peu à peu s’estomper dans secteur d’activités manufacturières.
l’avenir pour laisser place à une organi- Ensuite, un codage dichotomique a été
sation continentale. Il est probable que effectué : 1 si l’activité est présente dans
la tendance à la diversification va se la ville, 0 si elle est absente. À partir de
poursuivre, même si de nouvelles spécia- ce tableau de données, une typologie a
lisations risquent d’apparaître. été réalisée d’après une classification
ascendante hiérarchique.
Le profil moyen renseigne sur la
LA DIVERSITÉ INDUSTRIELLE répartition des secteurs manufacturiers :
près de deux villes sur trois ont des
Si le premier secteur d’emplois dans industries alimentaires (A), une sur
toutes les villes est désormais le secteur deux des industries textile (B), et ainsi
tertiaire, les activités industrielles de suite (cf. dernière colonne du
jouent encore souvent un rôle notable tableau 30).
dans l’activité économique. Le secteur
manufacturier représente aujourd’hui
environ 20 % du PIB européen, mais
connaît un déclin rapide de l’emploi. Tableau 28. Les principales activités manufacturières
Malgré tout, c’est encore parfois sur ce de l’Union européenne en termes d’emplois
secteur que s’appuie le développement (plus d’un million en 1995)
de certaines fonctions prises en compte 1. Machines et équipements
dans le classement. 2. Industrie alimentaire
Une mesure de la taille de l’activité 3. Travail des métaux
par le nombre d’emplois aurait été un 4. Véhicules automobiles
indicateur acceptable pour mesurer la 5. Industrie chimique
spécialisation (cf. tableau 28), mais cette 6. Machines et appareils électriques
donnée n’a pu être rassemblée pour
7. Édition, imprimerie et reproduction
toutes les villes de l’étude. Il n’est pas
8. Caoutchouc et plastiques
non plus possible d’obtenir, pour chaque
ville, le taux de la valeur ajoutée d’une 9. Produits minéraux non métalliques
industrie spécifique dans la production 10. Industrie textile
manufacturière totale, seul indicateur Source : Eurostat (Statistiques structurelles sur l’entreprise)
67
Les villes européennes

La diversité industrielle est crois-


Tableau 29. Part de la valeur ajoutée sectorielle
dans l’industrie manufacturière des 15 pays de sante du type 1 au type 10. Les villes des
l’Union européenne en 1997 (en % du total) types 1 (1 à 3 secteurs) et 2 (3 secteurs
Industries agricoles et alimentaires 11,4
en moyenne) ont une activité industrielle
très spécialisée. Dans les types 3, 4 et 5,
dont tabac 0,7
l’activité industrielle est peu diversifiée
Industries textile et habillement 4,3 (4 secteurs en moyenne). La diversité
dont habillement et fourrures 1,5 industrielle commence avec le type 6 (5
Industrie du cuir et de la chaussure 0,8
secteurs en moyenne) et s’accentue dans
les types 7, 8 et 9 (6 secteurs en
Industrie du bois 1,6
moyenne). La diversité est maximum
Industrie du papier, du carton ; édition, imprimerie 8,4 dans le type 10 avec 10 et 11 secteurs
dont édition, imprimerie et reproduction 5,3 présents sur les 14 possibles.
Cokéfaction, raffinage, industrie nucléaire 1,7
Le type 1 correspond à 21 villes dont
Industrie chimique 11,9
la moitié fabrique des équipements
Industrie du caoutchouc et des plastiques 4,4 électriques ou électroniques. Ce sont
Fabrication d’autres produits minéraux non
4,4
pour moitié des villes britanniques.
métalliques Certaines ont des spécialisations très
Métallurgie et travail des métaux 11,9 connues comme la construction aéro-
dont travail des métaux 7,1 nautique et spatiale à Toulouse ou la
Fabrication de machines et équipements 11
fabrication d’équipements électriques
et électroniques avec Philips à
Fabrication d’équipements électriques et
électroniques
13 Eindhoven.
Trois villes sur quatre du type 2 ont
dont machines de bureau et matériel
1,6 des industries textiles (comme Aix-la-
informatique
dont équipements de radio, TV et
Chapelle où s’effectue 20 % du travail
3,5 allemand de la laine) ou fabriquent
communication
dont instruments médicaux, de des machines (comme Saragosse, une
2,6
précision, d’optique et d’horlogerie des rares villes européennes à fabri-
Fabrication de matériels de transport 12,4 quer des machines agricoles) ou encore
des matériels de transport (comme
dont industrie automobile 9,4
Stuttgart, royaume de Daimler-Benz).
Autres industries manufacturières (fabrication de
meubles ; industries diverses)
2,8 Si le textile et la mécanique sont pré-
Source : Eurostat (Statistiques structurelles sur l’entreprise), calculs
sents à Reims, la ville est surtout
WIFO (Institut autrichien de recherche en économie), 2000 connue comme étant la capitale mon-
diale du champagne.
Les dix types obtenus permettent de Le type 3 comprend 25 aggloméra-
repérer des groupes de villes selon leur tions où l’industrie chimique, secteur à
plus ou moins grande diversité indus- forte intensité de recherche, est systéma-
trielle et selon les secteurs industriels tiquement présente. Cologne et sa
présents, relativement au profil moyen célèbre « eau », Cannes-Grasse et ses par-
des activités industrielles de l’ensemble fumeries ou encore Glasgow et sa pétro-
des villes de l’étude (170, car pour 10 chimie font partie de ce groupe.
villes de taille modeste, il n’a pas été pos- Les 16 villes du type 4 ont tout à la
sible de déterminer des activités indus- fois des industries textiles et des indus-
trielles suffisamment notables dans leur tries chimiques. Arnhem et Caserte qui,
activité économique). en plus du textile, fabriquent du savon et
68
Rayonnement et spécialisations

des bandes magnétiques, sont les deux soit de céramique comme à Derby,
seules à ne pas avoir d’autres secteurs Utrecht et Stoke-on-Trent. L’industrie
présents. L’industrie agroalimentaire ou chimique, la métallurgie et la fabrication
la métallurgie sont les autres secteurs d’équipements électriques et électroni-
les plus fréquents : conjointement ques sont les trois autres secteurs que
comme, par exemple, à Nancy, Haarlem l’on trouve dans plus d’une ville sur
ou Santander ; alors qu’à Malaga et deux. La Haye et Sarrebruck cumulent
Pampelune seule l’industrie alimentaire les quatre secteurs.
(sucre et vins) est présente. Les 17 agglomérations du type 6 ont
Les 13 villes du type 5 fabriquent toutes des raffineries de pétrole. Ce
toutes des produits minéraux non métal- groupe ne comprend que des villes por-
liques. Il s’agit soit de verrerie, comme à tuaires où l’industrie alimentaire, l’in-
Charleroi, Darmstadt, Essen et La Haye, dustrie chimique, la métallurgie et la

Tableau 30. Nomenclature utilisée pour le codage des activités industrielles


Nombre de
Industries manufacturières Spécialités spécifiées dans certaines villes %
villes
industrie du poisson ; meunerie ; fabrication de sucre ;
A. Industries agricoles et alimentaires chocolaterie, confiserie ; industrie des boissons ; 104 61
industrie du tabac
B. Industrie textile et habillement filature (soie, laine) ; tissage 91 54
l’industrie du luxe (Paris et Stockholm) a été codée dans
C. Industrie du cuir et de la chaussure 13 8
cette catégorie
D. Travail du bois et fabrication d’articles
4 2
en bois
E. Industrie du papier, du carton ; édition,
35 21
imprimerie
F. Cokéfaction, raffinage, industrie nucléaire uniquement du raffinage de pétrole 20 12
industrie chimique de base (colorants, engrais, matières
plastiques, fabrication de caoutchouc, peintures) ;
G. Industrie chimique 102 60
industrie pharmaceutique (produits pharmaceutiques,
savons, parfums, explosifs, supports de données
H Industrie du caoutchouc et des plastiques pneumatiques ; articles en matières plastiques 13 8
I. Fabrication d’autres produits minéraux fabrication de verre et d’articles en verre ; fabrication de
32 19
non métalliques produits céramiques ; fabrication de ciment
sidérurgie ; acier ; aluminium ; fonderie ; travail des
J. Métallurgie et travail des métaux 65 38
métaux
matériel agricole ; machines-outils ; armement ;
K. Fabrication de machines et équipements 79 46
appareils électroménagers
matériels informatiques ; équipements de
L. Fabrication d’équipements électriques
télécommunications ; instruments médicaux, de 63 36
et électroniques
précision, d’optique et d’horlogerie
industrie automobile ; construction navale ; construction
M. Fabrication de matériels de transport aéronautique et spatiale ; fabrication de motocycles ; 85 49
de matériel ferroviaire
fabrication de meubles ; bijouterie ; fabrication
N. Autres industries manufacturières 14 8
d’instruments de musique ; fabrication de jeux et jouets
Source : INSEE, Nomenclature des activités françaises (NAF). Sont utilisés dans le tableau les intitulés abrégés normalisés (NAF et NACE -
Nomenclature d’activités de la Communauté européenne) des industries manufacturières.
69
Les villes européennes

Types de la classification de la carte 20

Type 1: 21 agglomérations Type 2: 23 agglomérations Type 3: 25 agglomérations Type 4: 16 agglomérations


1,00 Profil moyen 1,00 1,00 1,00

0,75 0,75 0,75 0,75

0,50 0,50 0,50 0,50

0,25 0,25 0,25 0,25

0,00 0,00 0,00 0,00


A B C D E F G H I J K L MN A B C D E F G H I J K L MN A B C D E F G H I J K L MN A B C D E F G H I J K L MN

Type 5: 13 agglomérations Type 6: 17 agglomérations Type 7: 12 agglomérations Type 8: 27 agglomérations


1,00 1,00 1,00 1,00

0,75 0,75 0,75 0,75

0,50 0,50 0,50 0,50

0,25 0,25 0,25 0,25

0,00 0,00 0,00 0,00


A B C D E F G H I J K L MN A B C D E F G H I J K L MN A B C D E F G H I J K L MN A B C D E F G H I J K L MN

Type 9: 14 agglomérations Type 10: 2 agglomérations Profil moyen


A. Industries alimentaires
1,00 1,00 1,00 B. Industrie textile
C. Industrie du cuir
D. Industrie du bois
0,75 0,75 0,75 E. Industrie du papier, édition, imprimerie
F. Raffinage du pétrole
G. Industrie chimique
0,50 0,50 0,50
H. Industrie du caoutchouc et des plastiques
I. Autres produits minéraux non métalliques
0,25 0,25 0,25 J. Métallurgie et travail des métaux
K. Machines et équipements
L. Équipements électriques et électroniques
0,00 0,00 0,00 M.Matériels de transport
A BC D E F G H I J K L M N A B C D E F G H I J K L MN A B C D E F G H I J K L MN N. Industries diverses

construction navale sont également sou- cinq secteurs sont, par exemple, présents
vent présentes, parfois conjointement à Birmingham au côté de la métallurgie
comme à Hambourg, Marseille, Gênes ou et à Turin, ville de Fiat, mais où l’on
Rotterdam. trouve également de l’industrie agroali-
Le type 7 regroupe 12 agglomérations mentaire (fabrication de pâtes) et l’in-
qui ont toutes des industries du caout- dustrie textile.
chouc et des matières plastiques. La plus Le type 8 comprend 27 aggloméra-
connue dans ce domaine est sans tions dans lesquelles l’industrie alimen-
conteste Clermont-Ferrand, ville de taire (distillerie à Murcie, brasserie à
Michelin. La fabrication de machines, de Cordoue) et l’industrie textile (soie,
matériels de transports, d’équipements feutre et dentelle à Tarragone) sont
électriques et électroniques ou encore la presque toujours présentes. Mais la plu-
chimie sont les autres secteurs les plus part (deux sur trois) fabriquent du
souvent présents dans ce groupe. Les papier (Onasbrück) ou font de l’édition
70
Rayonnement et spécialisations

20. La diversité industrielle

Niveau de rayonnement
Helsinki
1
2

Oslo Stockholm
3 4

5 6

7
Copenhague
Types d'après une classification
ascendante hiérarchique
Hambourg Berlin sur la présence ou l'absence
Amsterdam
Dublin d'activités industrielles
1
2
Cologne
Francfort 3
Bruxelles
Londres 4
Vienne 5
Paris
Munich 6

Zurich 7
Genève 8
Lyon 9
Milan
10
Toulouse
Florence

Marseille Rome

Barcelone Athènes
Madrid

Lisbonne

0 350 km
©MGM-UMR ESPACE 2002 Source: UMR ESPACE, 2002

71
Les villes européennes

Tableau 31. Répartition des villes par type d’activité industrielle du plus spécialisé au plus diversifié (selon la carte 20)
Type d’industrie Villes
Alicante, Angers, Belfast, Bergame, Brighton, Cadix, Cardiff, Coventry, Dublin,
1. très spécialisée Eindhoven, Halle, Luton, Manchester, Metz, Montpellier, Nice, Nottingham,
Portsmouth, Southampton, Southend-on-Sea, Toulouse, Turku
Aix-la-Chapelle, Augsbourg, Bielefeld, Breda, Brescia, Brunswick, Kassel, La Corogne,
2. spécialisée Lübeck, Malmö, Mulhouse, Munster, Preston, Reims, Rennes, Saint-Étienne, Salerne,
Salonique, Saragosse, Sheffield, Stuttgart, Vitoria
Berne, Bordeaux, Brest, Bristol, Cannes, Catane, Chemnitz, Cologne, Dijon,
3. peu diversifiée avec industrie
Düsseldorf, Erfurt, Glasgow, Heerlen, Kiel, Kingston, Leeds, Leicester, Londres,
chimique
Newcastle, Orléans, Plymouth, Rostock, Tarente, Toulon, Valenciennes
4. peu diversifiée avec industrie Arnhem, Athènes, Bâle, Caserte, Gand, Haarlem, Lens, Linz, Luxembourg,
chimique et textile Magdebourg, Malaga, Nancy, Pampelune, Salzbourg, Santander, Valence
5. peu diversifiée avec produits Charleroi, Darmstadt, Derby, Essen, La Haye, Mannheim, Rome, Saint-Sébastien,
minéraux non métalliques Sarrebruck, Stoke-on-trent, Swansea, Utrecht, Wiesbaden
6. diversifiée avec raffineries de Bari, Brême, Cagliari, Gênes, Gijon, Hambourg, Le Havre, Lisbonne, Liverpool,
pétrole Marseille, Messine, Naples, Rotterdam, Rouen, Trieste, Venise, Vigo
7. diversifiée avec industries du Barcelone, Birmingham, Clermont-Ferrand, Enschede, Florence, Hanovre, Karlsruhe,
caoutchouc et des matières plastiques Liège, Nantes, Padoue, Porto, Turin
Amsterdam, Anvers, Berlin, Bilbao, Bologne, Bruxelles, Coblence, Copenhague,
Cordoue, Dresde, Édimbourg, Genève, Grenoble, Helsinki, Lausanne, Leipzig, Lille,
8. diversifiée
Milan, Munich, Murcie, Nuremberg, Osnabrück, Séville, Tarragone, Tours, Vienne,
Zurich
Francfort, Fribourg, Göteborg, Graz, Grenade, Lyon, Madrid, Oslo, Palerme, Palma de
9. très diversifiée
Majorque, Paris, Tampere, Valladolid, Vérone
10. complètement diversifiée Stockholm, Strasbourg

et de l’imprimerie, comme par exemple à Vérone. Les trois villes scandinaves de


Berlin ou Munich, pourtant plus connue Tampere, Oslo et Göteborg sont les
pour fabriquer du matériel ferroviaire seules villes à avoir des industries du
ou automobile (BMW). Plus d’une sur bois. Métallurgie et fabrication de
deux a une industrie plus spécifique, matériels de transport se rencontrent
comme l’industrie du diamant à Anvers, également fréquemment, notamment
la bijouterie à Genève, les meubles à dans les villes à l’industrie très diversi-
Leipzig, les instruments de musique à fiée, comme Lyon (9 secteurs diffé-
Coblence, Dresde et Copenhague ou rents).
encore les jouets à Nuremberg. Le type 10 ne comprend que
Le type 9 comprend 14 villes qui ont Strasbourg et Stockholm, dont l’activité
la particularité d’avoir des industries industrielle est la plus diversifiée, mais
du cuir (Graz, Francfort, Madrid…) ou qui sont plus connues pour leurs fonc-
de fabriquer du papier (Fribourg, tions européennes et internationales que
Valladolid) ou d’avoir les deux comme pour leur industrie.

72
VERS UNE « VILLE GLOBALE » EUROPÉENNE ?

L’analyse comparative des villes euro- gouvernances urbaines des années 1990,
péennes a établi leurs positions relatives par lesquelles chaque ville, visant à
selon certains des aspects majeurs de accroître son rayonnement international,
leur développement et de leur ouverture se dote des infrastructures et services
européenne. Ces positions relatives nécessaires à ses ambitions. Toutefois,
déterminent leurs chances de développe- même pour ces fonctions devenues
ment respectif dans le système qu’elles presque banales, les économies d’agglo-
forment et qui constitue l’armature du mération et de réseaux créent des pro-
territoire européen. Les indicateurs ont cessus de renforcement mutuel
été sélectionnés de manière à couvrir la entraînant leur développement polarisé
plupart des différents aspects du déve- dans les plus grandes villes. La taille et
loppement urbain, et à permettre des l’héritage historique des structures
comparaisons directes. On pourrait com- urbaines et de leurs réseaux apparais-
pléter et enrichir le corpus d’indicateurs, sent toujours comme primordiales pour
mais il est probable que cela n’entraîne- la présence significative de ces fonctions.
rait pas de bouleversement majeur dans Une hiérarchie articulant le niveau
les résultats trouvés, tout au plus des national et les niveaux urbains à l’inté-
nuances. Le but de l’analyse n’était pas rieur de chaque pays, discrimine les
de donner une description exhaustive, villes et leur insertion dans le système
mais bien d’identifier les composantes urbain majeur européen.
d’une organisation de l’ensemble du sys- Des fonctions de commandement ou
tème de villes. d’organisation plus sélectives, comme les
Une hiérarchie fonctionnelle se dégage sièges sociaux des grandes entreprises,
à partir de la fréquence et du niveau de les places financières, la recherche et
dispersion des fonctions qui favorisent le l’édition scientifique, renforcent ce phé-
rayonnement européen. Certaines sont nomène de polarisation et de hiérarchi-
représentées à tous les niveaux de la hié- sation tout en spécialisant les plus
rarchie urbaine. Presque toutes les villes grandes métropoles dans des domaines
de plus de 200 000 habitants accueillent complémentaires. Mises à part Londres
au moins quelques fonctions peu sélec- et Paris, toutes les grandes villes bénéfi-
tives et donc très diffuses à ce niveau du ciant d’un fort rayonnement se spéciali-
système urbain comme des foires et des sent dans des secteurs particuliers
salons spécialisés, des congrès, du tou- (finances et grands groupes, foires et
risme urbain, des sites culturels de salons ou congrès et tourisme urbain…).
renommée, des centres universitaires, Quelques villes moins grandes, par-
des aéroports… Cette diversification fois même de moins de 200 000 habi-
générale des fonctions des grandes villes tants, sont très spécialisées dans des
est en grande partie due au développe- fonctions portuaires ou universitaires et
ment des transports et des échanges. Elle de recherche, ou touristiques ou encore
a également été amplifiée par des politi- d’accueil de grandes institutions. Si la
ques volontaristes issues des nouvelles spécialisation trop poussée freine le
73
Les villes européennes

renouvellement des structures urbaines, Si l’on n’y prend pas garde en effet, la
car les secteurs stratégiques d’au- dynamique spontanée du système
jourd’hui deviendront matures ou obso- urbain européen peut s’orienter vers une
lètes dans l’avenir, elle est peu « ville globale » européenne n’intégrant
prononcée pour les villes de notre étude. qu’un nombre limité de villes et où
Le maintien d’une certaine diversité seules des classes de population privilé-
dans les fonctions de chaque ville facilite giées participeraient aux activités du
le renouvellement plus régulier de struc- réseau dominant. Ce serait comme si la
tures urbaines ainsi plus flexibles. ville globale autour de New York, Tokyo
Aucun des modèles de développement et Londres décrite par S. Sassen (1996)
urbain n’est meilleur qu’un autre, et le se reproduisait à l’échelle de l’Europe.
réseau urbain européen tire sa dyna- Les villes petites et moyennes sont
mique de la réunion de cette diversité de menacées par cette concentration crois-
villes. Chaque type de ville possède un sante des fonctions internationales.
rôle variable dans l’émergence des Même si l’approche développée dans
inventions, la diffusion des innovations notre étude se limite à l’étude du réseau
ou dans le maillage de la desserte du ter- urbain majeur, les autres échelles des ter-
ritoire, ceci dans les différents domaines ritoires, qui participent à créer et soutenir
et à plusieurs échelles. Même si les villes ces réseaux, observent des processus
tirent leur singularité des contextes his- similaires de cloisonnement. À l’intérieur
toriques propres à chacune, il est certain même des agglomérations, malgré la mise
qu’aucune d’entre elles ne fonctionne iso- en place d’organisations politiques visant
lément. Plus que jamais aujourd’hui, à leur cohésion, les systèmes locaux sont
elles puisent les sources de leurs souvent très fragmentés, voire concur-
richesses dans leur insertion dans les rents. Le développement des réseaux doit
réseaux et de la dynamique du système pouvoir se penser et s’articuler à toutes
urbain européen dans son ensemble. Le les échelles depuis l’intraurbain jusqu’à
développement de ces réseaux ne se l’interurbain entre villes proches et loin-
décrète toutefois pas, mais il peut être taines, en passant par les réseaux régio-
soutenu à travers les politiques secto- naux des villes moyennes et petites. Les
rielles réticulaires et l’aménagement des contiguïtés par les réseaux ne doivent
voies de communication et d’échanges. pas s’opposer aux continuités spatiales
L’accessibilité est un facteur majeur de proximité qui évitent les fragmenta-
du développement de l’intégration dans tions et les discontinuités, mais au
le système des villes. Les périphéries ne contraire les renforcer. De nombreuses
se situent pas forcément aux marges du réflexions depuis dix ans (Datar, 1991),
territoire européen, et en son cœur semblent commencer à transformer les
même existent des villes encore mal outils politiques qui tentent de les
reliées avec l’ensemble. L’accessibilité réguler, car le polycentrisme ne doit pas
oppose les très grandes métropoles euro- rester qu’un concept vide, mais traiter à
péennes, très bien reliées entre elles, et la fois des développements locaux, de
un réseau d’autres villes moins bien leurs échanges et de leurs interfaces.
connectées à cette armature centrale. Penser les réseaux de villes et de terri-
Des lignes transversales plus perfor- toires articulés à toutes les échelles, ou
mantes, à travers notamment le projet même penser de nouveaux « territoires
de réseau de transport transeuropéen, réticulaires » est un des enjeux du déve-
devraient en partie rééquilibrer et com- loppement équilibré des villes euro-
pléter cette mise en réseau. péennes.
74
REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES

AUDIT URBAIN (2000). Vers un référentiel pour amongst European Cities : a new approach
mesurer la qualité de la vie dans 58 villes though Fair and Exhibition Activities».
européennes. Luxembourg: Office des Regional Studies, vol. 35, n° 2.
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DATAR (1991). En Europe, des villes en réseaux.
européennes, 3 volumes.
Paris: La Documentation française, 109 p.
BENKO G., LIPIETZ A., dir., (2000). La Richesse des
GROSSETTI M. (1996). «Science et territoire», in
régions. Paris: Presses universitaires de
PERALDI et PERRIN, Réseaux productifs et
France, 664 p.
territoires urbains. Toulouse: Presses
BONAVERO P., DANSERO E., dir., (1998). L’Europa universitaires du Mirail, p. 193-217.
delle regioni e delle reti, I nuovi modelli di
MORICONI-EBRARD F. (1994). Geopolis. Pour
organizzazione territoriale nello spazio
comparer les villes du monde. Paris :
unificato europeo. Turin: UTET libreria, 413 p.
Anthropos, coll. «Villes», 246 p.
BRUNET R., dir., (1989). Les Villes « européennes ».
PAGETTI F. (1998). «La Rete bancaria nel sistema
Paris: DATAR/La Documentation française,
urbano europeo», in BONAVERO P., DANSERO E.,
179 p.
dir., p. 361-373.
CANALS J. (1993). Competitive Strategies in
PARROQUIA D., dir., (2001). Penser les réseaux.
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Seyssel: Champ Vallon éd., 267 p.
CATTAN N., PUMAIN D., ROZENBLAT C., SAINT-
PUMAIN D., SAINT-JULIEN Th., ed., (1996). Urban
JULIEN Th. (1999). Le Système des villes
networks in Europe. Montrouge/Paris: John
européennes. Paris: Anthopos, 197 p., 2e
Libbey/INED.
édition revue et corrigée, (1re édition 1994).
PUMAIN D., SAINT-JULIEN Th., CATTAN N.,
CASTELLS M. (1998). La Société en réseaux : l’ère de
ROZENBLAT C. (1991). Le Concept de la ville en
l’information. Paris: Fayard, 613 p.
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Londres: Unwin Hyman.
ROZENBLAT C. (1993). «L’internationalisation des
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deuxième rapport sur la cohésion économique et et urbaine, n° 4.
sociale. Luxembourg: Communautés
ROZENBLAT C. (1997). «L’efficacité des réseaux de
européennes, vol. 1, 160 p.
villes pour le développement et la diffusion des
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Fondazione Giovanni Agnelli, 191 p. 1996)», Flux, n° 27-28.
CUADRADO-ROURA J.-R., RUBALCABA-BERNEJO L. SASSEN S. (1996). La Ville globale : New York,
(1998). «Specialisation and competition Londres, Tokyo. Paris: Descartes & Cie, 530 p.

75
Annexes
Les villes européennes

LE RECUEIL DES DONNÉES Allemagne) sont de plus en plus nom-


breux à mettre en ligne des données à la
L’élaboration d’une base de données commune, voire même parfois agrégées
sur les villes européennes nécessite des aux agglomérations. Il faut alors s’as-
indicateurs comparables. Les données surer que les indicateurs sont compara-
disponibles sur les villes d’Europe sont bles en vérifiant les définitions
rares et souvent très éparpillées. proposées, ce qui est de plus en plus sou-
À l’heure actuelle, seuls Eurostat vent le cas, tout au moins pour les indi-
(Office statistique des Communautés cateurs démographiques. C’est pour
européennes) et les instituts de statisti- cette raison (indépendamment de leur
ques nationaux proposent des données coût) qu’ils n’ont pu être utilisés dans le
fiables avec des définitions d’indicateurs cadre de cette étude que pour la popula-
de plus en plus harmonisées. tion récente et à des fins d’analyse com-
Si l’un des objectifs de l’Audit urbain plémentaire sur les évolutions récentes
est de parvenir à constituer un système dans certaines villes.
d’informations harmonisées pour les Quelques organismes internationaux
agglomérations, c’est que pour l’instant, produisent des bases de données ou des
Eurostat publie essentiellement des études spécialisées qui peuvent sembler
informations nationales et régionales ; exhaustives sur le domaine. Mais les
les quelques informations publiées au données ne recouvrent jamais l’ensemble
niveau communal (NUTS 5) ne concer- des villes de l’étude. Il a donc toujours
nent que la démographie (base SIRE) et fallu compléter les données par d’autres
sont fort onéreuses. sources, plus locales, d’information, en
Tous les pays de l’Union européenne général les sites Internet des villes.
(y compris la Suisse et la Norvège) effec- La quasi-totalité des villes étudiées
tuent des recensements tous les dix ans ont un site Internet. Tous les sites don-
environ, sauf le Danemark qui a suivi nent au moins des informations sur l’his-
jusqu’en 1970 un rythme quinquennal et toire de la ville, sur son patrimoine
l’Irlande qui continue de suivre ce même touristique et culturel. Les plus grandes
rythme depuis 1946. villes proposent généralement des don-
Une majorité de pays de l’Union euro- nées sur la démographie, l’environne-
péenne utilise, comme en France, la ment, l’économie, la culture, etc.
méthode classique de recensement : les Certaines ont même un lien vers un site
informations sont recueillies par l’inter- entièrement dédié aux statistiques de la
médiaire de questionnaires remis à la ville, voire de l’agglomération. D’autres
population. La méthode des registres est encore proposent des sites plus orientés
pratiquée par le Danemark, la Suède, la vers les activités économiques, à destina-
Finlande et les Pays-Bas : les informa- tion des investisseurs. À partir de ces
tions sur la population sont issues de éléments, indépendamment de la consti-
registres permanents tenus par les tution de la base de données sur les 15
municipalités où chaque habitant doit indicateurs retenus, un dossier a été
déclarer tout changement de domicile ou constitué sur chacune des villes. Ces
de situation. données ont été utilisées pour vérifier la
Les résultats des recensements fiabilité des données produites par la
récents (1999, 2000 et 2001 selon les source principale et pour compléter la
pays) ne sont pas encore tous publiés. base principale, dans la mesure où les
Néanmoins, les instituts de statistiques données étaient cohérentes. Elles ont
nationaux ou régionaux (comme en également servi à constituer une base de
78
Annexes

données qualitatives qui a permis de susceptibles d’intéresser les entreprises


réaliser les cartes sur les activités écono- françaises en tant que visiteur ou expo-
miques des villes. sant. Le choix final de ne retenir que la
Dans tous les cas, n’ont été retenus base de la CCIP repose sur le fait qu’elle
que les indicateurs dont les données était plus complète, tout en sachant
nous semblaient fiables et homogènes qu’elle est très orientée par rapport aux
(définitions identiques), d’où le nombre intérêts des entreprises françaises.
restreint d’indicateurs sélectionnés pour Pour les grands groupes européens,
l’ensemble des 180 villes. En effet, une nous avons dans un premier temps
telle étude oblige à adopter la recherche pensé pouvoir utiliser le fichier des 500
du plus grand dénominateur commun, ce premiers groupes européens selon le
qui entraîne souvent l’abandon de nom- chiffre d’affaires, toutes activités confon-
breuses informations locales. De ce fait, dues, de Dun & Bradstreet. Ce fichier
certains indicateurs pressentis, comme, s’est révélé inutilisable, car la définition
par exemple, un indicateur sur la culture d’un groupe n’était pas homogène, ni
regroupant des variables comme les même le chiffre d’affaires (parfois conso-
bibliothèques, les films de cinémas, les lidé, parfois non). Nous avons ensuite
spectacles organisés dans la ville, n’ont exploré des classements publiés dans
pu être retenus. diverses revues ou encyclopédies. En
Pour certains indicateurs, il a parfois définitive, nous avons choisi le classe-
fallu explorer plusieurs sources. En com- ment, publié annuellement par Forbes,
parant les données issues de différentes des 500 premiers groupes étrangers
sources, ces données apparaissaient (siège social hors des États-Unis).
contradictoires pour certaines villes. Reconnu internationalement par les
Nous avons donc été amenés à choisir investisseurs, ce classement, comme tout
celle qui semblait la plus fiable. Deux classement, n’en est pas moins criti-
exemples sont à cet égard édifiants. quable.
Pour les foires et salons, nous avons Certains indicateurs ne peuvent avoir
comparé les informations données par qu’une fiabilité relative, compte tenu du
plusieurs organismes : The European fait que les données proviennent essen-
Major Exhibition Centres Association tiellement d’enquêtes qui ne sont pas
(EMECA), l’Union des foires internatio- réalisées exactement dans les mêmes
nales (UFI) et celles de la Chambre de conditions, ni aux mêmes dates. C’est le
commerce et d’industrie de Paris (CCIP). cas du tourisme, domaine pour lequel
L’UFI et l’EMECA ne présentent que les seule la définition de «nuitée touris-
foires internationales organisées par l’un tique» apparaît comparable, mais où les
de leurs membres adhérents. La CCIP conditions de recueil de données sont
annonce les foires et salons européens souvent hétérogènes.

79
Les villes européennes

LES SOURCES DES DONNÉES Le trafic portuaire


de marchandises en 1999
Sur chaque carte n’a été mentionnée La première source utilisée est l’en-
que la source principale qui a permis de quête annuelle donnant le trafic des
constituer l’essentiel de la base de don- ports réalisée et publiée annuellement
nées pour l’indicateur cartographié. Ci- par le Journal de la marine marchande.
après, la source principale est détaillée Certains ports ne répondant pas à cette
et les sources complémentaires sont indi- enquête, les données ont été complétées
quées. par les statistiques publiées annuelle-
ment sur les 70 premiers ports euro-
L’évolution de la population péens par European Sea Ports
de 1950 à 1990 Organisation (ESPO), organisation
La base de données GEOPOLIS* est
la seule base existante sur les popula-
tions de l’ensemble des agglomérations Les 17 offices régionaux de statis-
tiques ; complété pour certaines
du monde. Elle fournit des statistiques
villes par le site entry.de, mis en
sur la population totale estimée en 1950, Allemagne 2001 place par l’université libre de Berlin
1960, 1970, 1980 et 1990 des aggloméra- qui donne, entre autres, des
tions. Ce sont les données de cette base informations de base sur chaque
qui ont été utilisées pour déterminer la commune allemande
liste des agglomérations de plus de Autriche 2001 Statistik Austria
200 000 habitants (carte 2). Elle a égale- Belgique 2001 Institut National de Statistique
ment été utilisée pour réaliser la carte de
Danemark 2000 Danmarks Statistik
la population de l’ensemble des villes
européennes (carte 1). Instituto Nacional de Estadística
(INE), complété pour le pays Basque
* MORICONI-EBRARD F. (1994). Espagne 2001
par EUSTAT, Autonomous Office of
Geopolis. Pour comparer les villes du the Basque Goverment
monde. Paris : Anthropos, coll. « Villes », Finlande 2001 Statistics Finland
246 p.
Institut national de la statistique et
France 1999
des études économiques (Insee)
La population Hellenic Republic, Ministry of
en 2000 economy and finance, General
Les données des derniers recense- Grèce 2001 secretariat of national statistical
ments nationaux ont été utilisées pour service of Greece, via l’ambassade
construire la base. Les données ne sont de Grèce en France
donc pas toutes de la même année : Ireland 2001 Central Statistics Office
1999, 2000 ou 2001 selon les pays. La Italie 2001 Istituto Nazionale di Statistica (Istat)
plupart des offices nationaux de statisti- Service central de la statistique et
ques ont mis en ligne des banques de Luxembourg 2001
des études économiques (Statec)
données statistiques comportant au Norvège 2001 Statistics Norway
minimum des données démographiques
Pays-Bas 2001 Statistics Netherlands
au niveau NUTS 5 (commune pour la
France). Le nombre d’habitants de National Statistical Institute of
Portugal 2001
Portugal (INE)
chaque agglomération a été obtenu par
agrégation du nombre d’habitants des National Statistics, Neighbourhood
Royaume Uni 2001
Statistics
communes composant l’agglomération
(limites de 1990). Suisse 2001 STATWEB Suisse
Suède 2001 Statistics Sweden
80
Annexes

représentant les autorités, les associa- Allemagne Deutsche Bahn, Travel Service
tions et les administrations portuaires Autriche ÖBB
vis-à-vis de l’Union européenne. Ces The Belgian National Railways
données ont été vérifiées et complétées Belgique
(NMBS/SNCB)
par les trafics publiés sur les sites
Danemark Rejseplanen, The Journey Planner (DSB)
Internet de chaque port, notamment
celui du port de Rotterdam qui publie Espagne RENFE
régulièrement des statistiques sur les Finlande VR Ltd, Finnish Railways
principaux ports de la mer du Nord, plus France SNCF
Le Havre.
Grèce Hellenic Railways Organisation

Le trafic aérien Irlande Iarnród Éireann (Irish Rail)


de passagers Italie Trenitalia
La principale source utilisée provient Société nationale des chemins de fer
de l’Airports council international (ACI), Luxembourg
luxembourgeois
association internationale dont l’objectif Norvège Norwegian State Railways (NSB)
est de renforcer la coopération entre les
Pays-Bas NS-Groep N.V.
aéroports membres. Chaque année, il
publie une classification des aéroports, Portugal Caminhos de Ferro Portugueses
notamment en fonction du nombre total Royaume uni UK Raylways on the Net™ Railtrack PLC
de passagers transportés (embarqués, Suède Tågplus and Samtrafiken i Sverige AB
débarqués et transit). Ces données ont
Suisse SBB-CFF-FFS
été vérifiées et complétées par les infor-
mations disponibles sur le site Airline
data (Data Base Products, Inc.), ainsi
que par les trafic publiés sur les sites des Forbes (© 2002 Forbes.com™). Cette
aéroports. publication annuelle recense les 500 plus
grands groupes dont le siège social est
L’accessibilité situé hors des États-Unis qui ont eu les
La source utilisée est le site Amadeus plus forts revenus durant la dernière
(Amadeus Global Travel Distribution année fiscale, en tenant compte des chif-
S.A.) pour l’avion et quelques liaisons en fres d’affaires, des bénéfices, des actifs et
train données automatiquement par le des valeurs boursières.
site (ce phénomène est très marqué en
Angleterre, par exemple quand on Les places
demande Liverpool-Londres, on obtient financières
comme résultat les horaires de trains). Pour le nombre de banques, la source
Pour le train, la principale source uti- utilisée est The Bankers’ Almanac, divi-
lisée est European Railway Server. Les sion of Reed Business, part of the Reed
données ont été vérifiées et complétées Elsevier group (© Reed Business
avec les données des sites nationaux des Information 2002) qui donne annuelle-
sociétés de chemin de fer : ment le rang mondial des banques inter-
nationales, en fonction de leurs actifs,
Les grands groupes par pays.
européens Les bourses de niveau international
N’ont été pris en compte que les sont celles qui sont dénommées comme
groupes européens mentionnés dans la telles dans la plupart des journaux
liste The International 500, publié par nationaux (comme Le Monde en France)
81
Les villes européennes

ou économiques aussi bien en Europe dans les agglomérations, puisqu’en sont


qu’en Amérique du Nord (comme La exclus les congrès purement nationaux.
Tribune et Les échos, en France ou Les données des études de l’UAI ont été
Cyberpress économie, au Canada). Les vérifiées et complétées par les informa-
bourses de niveau européen sont celles tions données sur les sites des villes,
qui sont recensées par la Federation of toutes celles qui ont un palais des
European Securities Exchanges (FESE), congrès digne de ce nom en vantent les
European Stock Exchange statistics. mérites et les utilisations.
* Statistics on international meetings by
Les foires Ghislaine de Coninck, UAI (annuel, 1993 à 2000)
et salons internationaux
La source est le calendrier des foires et Les musées
salons en Europe, service en ligne produit La première source est le site
par la direction des congrès et salons de la d’International council of museums
Chambre de commerce et d’industrie de (ICOM), organisation professionnelle
Paris (CCIP), établissement public. Ont indépendante dont l’objectif est de déve-
été retenus les foires et salons se tenant lopper de nouveaux musées et de tisser
en Europe de août 2002 à juillet 2003. Les des liens entre ceux qui existent. Ce site
données précisent le type de foire ou nous a permis de trouver pour tous les
salon : réservé aux professionnels, grand pays, à l’exception de l’Autriche, un site
public ou professionnel ouvert au public. national, généralement produit par l’of-
Pour l’agglomération parisienne n’ont été fice national de statistique ou par le
retenus que les foires et salons men- ministère de la Culture, recensant à la
tionnés comme « européen » ou « interna- ville, les musées du pays ou donnant les
tional ». adresses permettant de trouver l’infor-
mation. Par exemple, pour la France,
Les congrès c’est la base nationale Muséophile du
internationaux ministère de la Culture qui a été uti-
La données utilisées proviennent de lisée. Elle recense les musées natio-
l’Union des associations internationales naux, les musées des collectivités
(UAI). Les congrès internationaux territoriales et certains musées d’asso-
recensés par l’UAI sont ceux qui sont ciation ou de fondation. Les sites des
organisés ou soutenus par des organisa- villes ont fourni les informations pour
tions internationales ou nationales. l’Autriche et ont permis de compléter et
Selon les critères de classement stricts vérifier celles qui ont été recueillies sur
de l’UAI, un congrès doit accueillir plus les sites spécialisés.
de 300 participants, dont 40% d’étran-
gers de plus de 5 nationalités et durer au Les nuitées
moins 3 jours. L’annuaire recensant les touristiques
congrès à venir, nous avons choisi d’uti- Les sites des offices statistiques natio-
liser les études statistiques* des congrès naux et régionaux ont d’abord été uti-
internationaux qui s’étaient tenus dans lisés. Les données ont été complétées et
les années précédentes. Il faut cepen- vérifiées sur les sites des villes ou direc-
dant noter que cette source, dont l’in- tement auprès des offices de tourisme ou
térêt principal est le caractère encore à partir d’études spécialisées sur
homogène, est loin de représenter le le tourisme, parfois comparatives comme
volume de congrès, conventions et sémi- celles menées par l’office belge. Dans un
naires d’entreprises qui se déroulent souci de comparabilité, ces données ne
82
Annexes

concernent que les nuitées de touristes Authority (HEA), pour l’Irlande


en hébergement marchand, principale- • The Netherlands organization for
ment l’hôtellerie. international cooperation in higher
education (Nuffic) pour les Pays-Bas
Les sites
culturels L’édition
Le nombre de sites repérés et le de revues scientifiques
nombre d’étoiles qui leur est décerné Les données utilisées sont les revues
sont issus du site Internet Michelin scientifiques, éditées en 2000, référen-
dédié au tourisme. Les sites peuvent être cées par l’Institute for scientific informa-
des sites historiques, des monuments, tion (ISI), entreprise produisant des
des châteaux, des demeures, des édifices bases de données sur les publications
religieux, des parcs scientifiques et tech- relatant des résultats de recherches. Les
niques, des parcs d’attraction, des revues sont référencées par domaine thé-
musées. Ont également été repérées les matique : activités de hautes technolo-
villes mentionnées dans le Guide Vert gies ; agriculture, biologie, sciences
Europe (Michelin Editions du voyage, environnementales ; physique, chimie et
2001) et le nombre d’étoiles attribué à la sciences de la terre ; médecine ; sciences
ville. Dans ce même guide, on a égale- humaines ; sciences sociales ; activités
ment comptabilisé le nombre de festivals commerciales ; télécommunications et
et manifestations (danse, musique, électronique. La base de données com-
théâtre ou cinéma), ainsi que les carna- prend environ 16 000 revues scientifi-
vals et manifestations traditionnelles ques internationales dont environ la
mentionnés dans la rubrique « Les moitié sont éditées dans les 17 pays des
grandes manifestations en Europe ». villes de l’étude. Malgré son caractère
très anglophone, cette base apparaît la
Les étudiants plus exhaustive.
De nombreuses sources ont dû être
utilisées : Les organismes
• les instituts régionaux ou nationaux de de recherche
statistiques pour l’Allemagne, l’Au- La source utilisée est une des bases
triche, l’Espagne et la Norvège de données de COmunity Research &
• les ministères de l’Éducation pour la Development Information Service
Finlande, l’Italie et la Suisse (CORDIS), © European Communities,
• le site du gouvernement pour le 2002. Le 5e PCRDT comprend 7 pro-
Luxembourg. grammes (Quality of Life programme
• les sites des villes et des universités ; Information society technologies ;
pour la Belgique, le Danemark, la Growth Programme ; Energy, Envir-
France, les Pays-Bas, le Portugal, et onment and Sustainable Development
la Suède ; INCO 2 Project Search ; Innovation
• le site de l’université de Wolver- and SME Programme ; Nuclear
hampton qui recense toutes les autres Energy Programme - EURATOM) et
universités et écoles supérieures du près de 6 000 projets de recherche.
Royaume-Uni Les organismes sont aussi bien
• le centre de développement de l’ensei- publics que privés, de recherche qu’in-
gnement supérieur, Higher Education dustriels.

83
Les villes européennes

LES MÉTHODES POUR CLASSER Le classement correspond aux 6 types


LES VILLES d’évolution démographique de 1950 à
1990 obtenus d’après une classification
Pour chaque indicateur retenu, un ascendante hiérarchique effectué avec
classement des 180 villes en 6 classes a une distance de χ2.
été réalisé. Ce classement a souvent été La gamme de couleurs est opposée par
établi à partir de plusieurs critères. rapport à la moyenne de l’évolution de
Tous les classements tiennent compte l’ensemble des villes (les types 1 à 3
des discontinuités dans les distributions croissent plus vite que la moyenne).
statistiques, lorsqu’elles existent. Les nom-
bres de villes de chaque classement sont Le trafic portuaire
peu ou prou en progression géométrique. de marchandises
Les cercles représentent le tonnage de
La population en 2000 marchandises embarquées et débar-
La population est représentée en cer- quées dans chaque port en 1999. Les
cles. valeurs inférieures à 2 millions de
Le classement ne tient compte que du tonnes et les villes non portuaires sont
nombre d’habitants. représentées par des cercles identiques.
Le classement est uniquement fonc-
Nombre
Classes d’habitants Nombre de villes
tion du tonnage.
en milliers
Nombre de tonnes
1 Plus de 7 000 2 Classes Nombre de villes
en millions
2 3 190 à 4 700 6 1 Plus de 300 1
3 1 640 à 2860 13 2 60 à 116 4
4 1 040 à 1 420 17 3 44 à 56 4
5 490 à 960 36 4 18 à 36 18
6 80 à 460 105 5 2 à 14 28
Moins de 2 ou ville
6 125
non portuaire
L’évolution de la population
de 1950 à 1990
La population en 1990 est représentée Le trafic aérien de passagers
en cercles. Les cercles représentent le nombre de
Le graphique donne la légende des passagers embarqués, débarqués et en
types à partir de la moyenne de la popu- transit en 2001. Les valeurs inférieures
lation de chaque type en indice, à partir à 30 000 sont représentées par des cer-
des valeurs du tableau ci-dessous. cles identiques.
Types 1950 1960 1970 1980 1990 Nombre de
1 100 125 192 250 277
Classes passagers en Nombre de villes
millions
2 100 122 157 180 192
1 Plus de 70 2
3 100 119 138 148 151 2 18 à 48 13
4 100 119 132 129 131 3 5 à 15 22
5 100 107 110 108 106 4 1à4 25
6 100 101 98 89 83 5 0,2 à 1 49
Moyenne 100 116 135 144 149 6 Moins de 0,2 69
84
Annexes

Le classement est uniquement fonc- comptabilisés dans l’agglomération la


tion du nombre de passagers. plus proche (moins de 30 km) et la plus
accessible (autoroute). C’est le cas de
L’accessibilité en 2002 Volkswagen dont le siège est à
Les cercles représentent le nombre de Wolfsburg, mais qui a été comptabilisé à
villes accessibles en aller et retour dans Brunswick. De même, le siège social de
la journée en avion ou en train, un jour Nestlé (Vevey) a été compté à Lausanne,
de semaine, à partir de la ville. L’aller et compte tenu de la proximité et de l’im-
retour doit obligatoirement se faire dans plantation de Nestlé à Lausanne-même
la journée par un seul et même moyen de (centre de recherche).
transport un jour de semaine. Les Trois grands groupes n’ont néanmoins
départs se font à partir de 4h du matin et pas été pris en compte : Monte Dei
le retour est impérativement avant 24 h. Paschi, banque italienne à Sienne ;
Le temps passé sur place est d’au moins Statoil, grand groupe norvégien dans le
6 heures. Le jeudi a été retenu comme domaine du pétrole et du gaz, dont le
jour type en faisant attention de ne pas siège social est à Stavanger, loin d’Oslo ;
prendre de jour férié ou de lendemain de STMicroelectronics, dont le siège est en
pont. La possibilité d’un aller et retour France dans l’Ain, malgré sa proximité
en avion a toujours été recherchée en avec Genève.
premier. Si aucun aller-retour n’est pos- Le classement est à la fois fonction du
sible en avion (en général villes sans nombre de groupes dans chaque ville
aéroport), la possibilité en train a alors (premier classement) et des chiffres d’af-
été recherchée. Les connexions intermo- faires cumulés (second classement). Les
dales entre l’avion et le train, ou l’avion rangs obtenus ont été additionnés et
et le bus ne sont pas prises en compte. divisé par 2 pour obtenir le classement
Le classement est fonction du nombre final.
d’allers et retours vers des villes natio- La classe 6 comporte toutes les villes
nales (poids = 1) et du nombre d’allers et pour lesquelles aucun siège social n’a été
retours vers des villes étrangères recensé.
(poids = 2).
Classes / Classes / aux
Nombre de
Classes nombre de chiffres
Classes Nombre de points Nombre de villes villes
groupes d’affaires
1 207 1 1 1 1 2
2 127 à 187 4 2 2 ou 3 3 ou 2 4
3 150 à 164 10 3 3 ou 4 3 7
4 101 à 148 31 4 4 ou 5 4 15
5 50 à 98 44 5 5 5 32
6 2 à 49 90 6 6 6 120

Les grands groupes européens Les places financières


Les cercles représentent le nombre de Les cercles représentent le nombre de
sièges sociaux cumulé par ville en 2000. banques internationales en 2002.
Les limites des agglomérations n’ont Le classement est fonction d’un
pas été strictement respectées. Certains nombre de points : ville réputée comme
grands groupes dont les sièges sociaux étant la capitale financière du pays (50
sont en dehors de ces limites ont été points), bourse de niveau international
85
Les villes européennes

(50 points), bourse de niveau européen à 5 sont représentées par des cercles
(20 points) et enfin d’un nombre de identiques.
points égal au nombre de banques. Le classement est fonction du nombre
de foires et salons (premier classement)
Classes Nombre de points Nombre de villes et du pourcentage de foires et salons
1 358 à 579 3 réservés aux professionnels (second clas-
2 224 à 267 6 sement). Les rangs obtenus ont été addi-
tionnés et divisé par 2 pour obtenir le
3 90 à 191 16
classement final.
4 41 à 72 21
5 25 à 39 33
Classes / au
6 5 à 24 101 Classes /
% de foires Nombre de
Classes nombre de
réservées aux villes
foires
professionnels
Les nuitées touristiques 1 1 2 1
Les cercles représentent le nombre de 2 2à4 1à3 9
nuitées touristiques en hébergement 3 3à5 1à3 16
marchand. Les valeurs inférieures à
4 2à4 4à5 23
500 000 sont représentées par des cer-
5 5 4à5 27
cles identiques.
Le classement est fonction du nombre 6 6 6 103
de nuitées.

Nombre de nuitées Les congrès internationaux


Classes Nombre de villes
en millions
Les cercles représentent le nombre
1 36 à 44 2 moyen annuel de congrès internationaux
2 10 à 15 5 (1993-2000). Les villes de la classe 5
3 4à9 24 n’apparaissant pas tous les ans dans les
4 2à4 27 classements de l’UAI, sont représentées
par des cercles de taille identique. Les
5 0,5 à 2 46
villes de la classe 6 dans lesquels aucun
6 Moins de 0,5 76
congrès international n’a été recensé sur
la période sont également représentées
Les foires et salons par des cercles de même taille.
internationaux Le classement est fonction du nombre
Les cercles représentent le nombre de de congrès, mais tient également compte
foires et salons. Les valeurs inférieures des rangs moyens annuels obtenus par

Rang mondial
Nombre Rang moyen Rang moyen Nombre
Classes organisation
de congrès européen mondial de villes
internationale
1 288 1 1 1 1
2 177 à 191 3 3 entre 2 et 4 3
3 106 à 130 entre 6 et 8 entre 6 et 12 entre 7 et 9 4
4 65 à 85 entre 11 et 19 entre 15 et 33 entre 13 et 34 10
5 (50) entre 23 et 48 entre 36 et 63 entre 30 et 54 33
6 (10) 101
86
Annexes

chaque ville aux trois classements sui- Les sites culturels


vants : le rang européen de l’ensemble Les cercles représentent le nombre de
des congrès internationaux, le rang mon- sites culturels. Les valeurs inférieures à
dial pour ces mêmes congrès et le rang 10 sont représentées par des cercles
mondial des congrès organisés par des identiques.
organisations internationales. Le classement est fonction du nombre
d’étoiles cumulé par les sites recensés
Les musées dans chaque agglomération, auquel a été
Les cercles représentent le nombre de rajouté 100 points par site exceptionnel,
musées. Les valeurs de Paris et Londres 30 par grand festival ou grand carnaval,
ont été mises à 200 (leur nombre réel de 10 par grande manifestation, 30 par
musées est vraisemblablement compris étoile pour la ville-même, 10 pour les
entre 150 et 200). Les valeurs inférieures villes sans étoile (premier classement) et
à 10 sont représentées par des cercles du nombre de sites touristiques dans
identiques. chaque ville (second classement). Les
Dans un premier temps, on a compta- rangs obtenus ont été additionnés et
bilisé le nombre de musées pour chaque divisés par 2 pour obtenir le classement
ville. Puis, on a comptabilisé le nombre final.
de musées et le nombre d’étoiles qui leur
était décerné, mentionnés dans le Guide
Classes / Classes /
Vert Europe (Michelin Éditions du Classes nombre nombre de
Nombre de
voyage, 2001) ou sur le site Michelin villes
d’étoiles sites
dédié au tourisme. Les musées de 1 1 1 1
renommée internationale sont à la fois
2 2 1 3
ceux qui ont 3 étoiles dans le Guide
3 3 ou 4 2 ou 3 14
Michelin et ceux définis comme tels par
une étude de l’ICOM (International 4 3, 4 ou 5 3, 4 ou 5 24
Council of Museums). Les autres musées 5 4, 5 ou 6 4, 5 ou 6 33
de ces deux listes ont été considérés 6 5 ou 6 5 ou 6 104
comme des musées ayant au moins une
renommée nationale.
Le classement est fonction du nombre Les étudiants
d’étoiles (N points), du nombre de musées Les cercles représentent le nombre
mentionnés par Michelin (pour 1 000), du d’étudiants. Les données inférieures à
nombre de musées de renommée interna- 10 000 sont représentées par des cercles
tionale (10 points par musée), du nombre identiques.
de musée de renommée nationale
(5 points par musée).
Classes / Classes / %
Nombre de
Classes nombre d’étudiants dans
Classes Nombre de points Nombre de villes villes
d’étudiants la population
1 Plus de 100 2 1 3 ou 4 1 2
2 70 à 92 3 2 1, 2, 3, ou 4 6, 5, 3 ou 2 8
3 39 à 55 7 3 2, 3, 4 ou 5 6, 5, 4 ou 3 15
4 22 à 37 20 4 3, 4 ou 5 6, 5 ou 4 34
5 11 à 20 59 5 4 ou 5 6 ou 5 44
6 Moins de 11 89 6 5 ou 6 6 ou 5 77
87
Les villes européennes

Le classement est fonction du nombre Le classement est fonction du nombre


d’étudiants (premier classement) et du de revues éditées.
nombre d’étudiants rapporté à la population
en 2000 (second classement). Les rangs Les organismes de recherche
obtenus ont été additionnés et divisés par 2 Les cercles représentent le nombre
pour obtenir le classement final. cumulé par ville d’unités de recherche
publiques et privées ayant participé ou
L’édition de revues scientifiques participant à un projet européen dans le
Les cercles représentent le nombre de cadre du 5e PCRDT.
revues scientifiques éditées. Les valeurs Le classement est uniquement fonc-
nulles (aucune revue éditée) sont repré- tion du nombre d’organismes.
sentées par des cercles de taille identique.
Nombre d’unités de recherche Nombre
Classes Nombre de revues Nombre de villes Classes
publiques et privées de villes
1 Plus de 380 2 1 1 450 et 2 346 2
2 141 à 253 3 2 518 à 960 10
3 72 à 94 3 3 207 à 475 23
4 19 à 48 12 4 99 à 194 33
5 1 à 13 65 5 20 à 97 72
6 Aucune 95 6 Moins de 20 40

88
TABLE DES MATIÈRES

SOMMAIRE .................................................................. 5

PRÉFACE .................................................................... ?

COMPARER LES VILLES EUROPÉNNES .................................. 9


Quinze ans après les premières études ................................... 9
Classement synthétique et analyse des positions relatives des villes ..... 10
Structures nationales et intégration européenne du réseau de villes ..... 12
Le concept de la ville en Europe .......................................... 13
Sélection des villes et des indicateurs .................................... 14

LES 180 AGGLOMÉRATIONS : ANALYSE COMPARATIVE ............... 17


1. Le semis des villes européennes ........................................ 18
2. La dynamique des villes européennes .................................. 20
3. Les villes, ports de commerce maritime ................................ 22
4. Villes et aéroports ...................................................... 24
5. L’accessibilité des agglomérations ...................................... 26
6. Les sièges des grands groupes européens .............................. 28
7. Les places financières .................................................. 30
8. Le tourisme urbain ..................................................... 32
9. Les foires et salons internationaux ..................................... 34
10. Les congrès internationaux ........................................... 36
11. Les musées ............................................................ 38
12. Le patrimoine culturel des villes ...................................... 40
13. Les étudiants des villes ............................................... 42
14. L’édition de revues scientifiques ...................................... 44
15. Les réseaux de la recherche européenne .............................. 46
89
Les villes européennes

RAYONNEMENT ET SPÉCIALISATIONS .................................. 49


Le classement des 180 agglomérations selon les fonctions internationales 50
Niveau de rayonnement et taille des villes ............................... 56
Éléments de spécialisation dans la mise en réseau des villes ............. 61
La diversification de l’économie ........................................... 64
La diversité industrielle .................................................. 67

VERS UNE « VILLE GLOBALE » EUROPÉENNE ? .......................... 73

REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES ........................................... 75

ANNEXES .................................................................... 77
Le recueil de données ..................................................... 78
Les sources de données ................................................... 80
Les méthodes pour classer les villes ...................................... 84

TABLE DES CARTES ........................................................ 91

LISTE DES TABLEAUX ..................................................... 93

90
TABLE DES CARTES

Carte A. La population des villes européennes en 1990 .................. 11

Carte B. Les agglomérations d’Europe occidentale


de plus de 200 000 habitants en 1990 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Carte 1. La population en 2000 ...................................... 19

Carte 2. Évolution de la population des villes de 1950 à 1990 ............. 21

Carte 3. Le trafic des ports maritimesen 1999 .......................... 23

Carte 4. Le trafic de passagers des aéroports en 2001 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Carte 5. L’accessibilité des agglomérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

Carte 6. Les sièges des grands groupes européens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Carte 7. Les places financières ...................................... 31

Carte 8. Nombre de nuitées touristiques .............................. 33

Carte 9. Nombre de foires et salons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

Carte 10. Nombre annuel de congrès ................................. 37

Carte 11. Nombre de musées ........................................ 39

Carte 12. Nombre de sites et grandes manifstations culturels ............. 41

91
Les villes européennes

Carte 13. Nombre d’étudiants ....................................... 43

Carte 14. Nombre de revues scientifiques éditées ....................... 45

Carte 15. Les réseaux de recherche ................................... 47

Carte 16. Classement des villes ...................................... 53

Carte 17. Niveau de rayonnement et taille des villes .................... 57

Carte 18. Éléments de spécialisation dans la mise en réseau des villes ..... 63

Carte 19. Niveau de rayonnement et pôles économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

Carte 20. La diversité industrielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

92
LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Les revues scientifiques ................................... 44

Tableau 2. Répartition des villes par pays et par classe .................. 51

Tableau 3. Points obtenus par les 179 agglomérations sur les 15 indicateurs . 52

Tableau 4. Classes des 34 agglomérations allemandes ................... 54

Tableau 5. Classes des 32 agglomérations britanniques .................. 54

Tableau 6. Classes des 30 agglomérations françaises .................... 55

Tableau 7. Classes des 24 agglomérations de la péninsule Ibérique ........ 55

Tableau 8. Classes des 22 agglomérations italiennes .................... 55

Tableau 9. Classes des 17 agglomérations du Bénélux ................... 55

Tableau 10. Classes des 9 agglomérations autrichiennes et suisses . . . . . . . . . 55

Tableau 11. Classes des 8 agglomérations scandinaves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

Tableau 12. Classes des 2 agglomérations grecques ..................... 55

Tableau 13. Répartition des villes par classe selon les indicateurs
et selon la population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

Tableau 14. Écart entre le classement selon les indicateurs


et le classement selon la population . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

Tableau 15. Nombre de villes selon l’écart entre le classement


sur les 15 indicateurs et le classement de la population en 2000 . 58

Tableau 16. Écart des 34 agglomérations allemandes .................... 59

Tableau 17. Écart des 32 agglomérations britanniques ................... 59

Tableau 18. Écart des 30 agglomérations françaises ..................... 60


93
Les villes européennes

Tableau 19. Écart des 24 agglomérations de la péninsule Ibérique ......... 60

Tableau 20. Écart des 22 agglomérations italiennes ..................... 60

Tableau 21. Écart des 17 agglomérations du Bénélux .................... 60

Tableau 22. Écart des 9 agglomérations autrichiennes et suisses .......... 60

Tableau 23. Écart des 8 agglomérations scandinaves .................... 60

Tableau 24. Écart des 2 agglomérations grecques ....................... 60

Tableau 25. Répartion des villes selon le classement de la population


et les types de la carte 18 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

Tableau 26. Pôles d’activité économique ............................... 64

Tableau 27. Répartition des villes par pôle d’activité et niveau de rayonnement 66

Tableau 28. Part de la valeur ajouté sectorielle dans l’industrie manufacturière


des 15 pays de l’Union européenne en 1997 (en % du total) . . . . . 67

Tableau 29. Les principales activités manufacturières de l’Union européenne


en termes d’emplois (plus d’un million en 1995) . . . . . . . . . . . . . . 68

Tableau 30. Nomenclature utilisée pour le codage des activités industrielles . 69

Tableau 31. Répartition des villes par type d’activité industrielle


(selon la carte 20) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

94

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