De toutes les inventions scientifiques, la production et l’utilisation
de la lumière artificielle compte parmi les plus éblouissantes. Peu de découvertes ont eu un impact aussi profond sur le développement de la civilisation. De nos jours, nous appuyons sur l’interrupteur sans même y penser, mais il y a à peine plus d’un siècle, le fait même de transformer les ténèbres en lumière aurait relevé du pur miracle. Dès les origines de l’humanité, la vie quotidienne est rythmée par le soleil- première source de lumière et de vie et symbole de l’univers pour bien des sociétés primitives. La lumière artificielle en revanche a peu à peu affranchi l’homme des rythmes de la nature et lui a permis de redéfinir le monde qui l’entourait. Le progrès de la civilisation est étroitement lié à l’évolution de la lumière artificielle, laquelle, aussi bien par son rôle économique que par sa dimension artistique, a influé sur note santé, notre sécurité, notre efficacité et notre bonheur. Les progrès de la lumière artificielle-depuis la modeste lampe à huile jusqu’au tube fluorescent, en passant par la première ampoule électrique à incandescence- ont progressivement allongé notre temps de veille, de sorte que nous pouvons sans exagération affirmer que notre société « ne dort jamais ». Aujourd’hui encore, l’éclairage électrique est perçu comme un puissant symbole de progrès.
Artistes, architectes, ingénieurs et dessinateurs, ont mis leur talent
au service de cette nouvelle et fascinante technologie, créant une grande variété de luminaires -lampadaires, suspensions, lampes de table, etc. - Alors qu’un grand nombre de créateurs s’attachaient à l’aspect pratique, d’autres choisirent d’explorer une plus grande variété de matières (organiques et artificielles) et de techniques de production afin de mettre en valeur la lumière électrique dans tout ce qu’elle avait de plus expressif. A l’entre deux guerres, avec l’essor de l’industrialisation, on a commencé à rechercher des systèmes plus universels, économiques et compatibles avec une production en série.
Texte extrait de 1000 lights 1879 to 1959
édition TASCHEN Lampe Magnolia Nancy et Daum frères, 1903 Socle en bronze doré, abat-jour en verre sculpté. 79,7 cm de hauteur Affiche de Peter Behrens vantant la Metallfadenlampe d’AEG, 1907 Behrens était directeur artistique de la société AEG. Il était chargé de son image et réussit à lui donner une forte identité visuelle. Les lignes simples et fonctionnelles s’éloignent du yugendstil et annoncent l’esthétique plus dépouillée des arts décoratifs allemands des années 1920. Gerrit Rietveld, Hanging light, Utrecht, 1922. Prototype de lampe Les éléments disposés à angle droit les uns par rapport aux autres flottent librement. Structure en bois et verre, tubes lumineux en verre, 155 cm de hauteur maximale. Marianne Brandt Model No.ME104 hanging light, 1926 Monture en laiton nickelé, abat-jour en verre blanc opalescent. Réalisé dans les atelier de ferronnerie du Bauhaus. Isamu Noguchi, Plusieurs modèles de la série akari floor lights, 1950 Les socles sont des baguette de métal ou des tiges en bambou et les abat- jour en papier d’écorce de mûrier. La première moitié du XXème s. a vu le raffinement de l’artisanat art nouveau laisser place à l’esthétique machiniste industrielle et fonctionnaliste du Bauhaus, à son tour détrônée par un style moderniste épuré et luxuriant à la fois, remplacé après la seconde guerre mondiale par le Good Design et les approches plus sensibles et plus sculpturales de la fin des années 1950. Cependant la création de luminaires n’accéda à la maturité que dans les années 1960, grâce à la disponibilité accrue de matériaux synthétiques nouveaux et stimulants. A partir des années 1960, les designers explorent d’autres pistes d’éclairage que l’ampoule à filament ; citons tout d’abord les ampoules halogènes, les néons et tubes fluorescents.
Après la crise pétrolière qui invite à l’économie de moyen, la
recherche se tourne vers de nouvelles sources d’énergie. Lassés de l’approche traditionnelle du design et de la banalité étouffante des produits de grande consommation, des designers italiens lancent une démarche radicale d’anti- design. Leurs premiers luminaires expérimentaux mettent en œuvre des formes inhabituelles , des couleurs audacieuses et bousculent l’austérité des modernes. Dans les années 1980, les aspects techniques étant résolus, les créateurs peuvent porter leur attention sur les aspects symboliques et sur l’idée d’éclairage comme métaphore. Avec l’apparition des diodes électroluminescentes (LED) le design de luminaire évolue encore et propose de nouveaux usages.
Texte extrait et résumé à partir du volume 2 de 1000 lights. Ed
Taschen Giancarlo Mattiolo Nesso table light, 1962 Lampe de table, pied et abat-jour en ABS, 54 cm de diamètre Lumière d’ambiance discrète qui fait oublier la présence de l’ampoule Le plastique coloré diffuse la lumière Richard Sapper Tizio task light, 1972 Tizio, signifie « type » en italien Noir et chic, résolument High Tech Tête inclinable et bras équilibrés Achille Castiglioni Terraxacum hanging light, 1988 Corps en aluminium poli, 60 ampoules transparentes, 80 cm de diamètre.
Faire des ampoules nues et
transparentes, l’élément clé de la conception. Dimension sculpturale Ingo Maurer, Porce Miseria (« misère de misère!)! Chandelier, 1994, Aucun matériau n’échappe à Ingo Maurer Fait penser à l’explosion d’un service de porcelaine Les morceaux de porcelaine blanche sont montés sur des tiges de métal. Maarten Baas, Smoke chandelier, 2002, lustre en bois, noirci au feu à la main, 65 cm de diamètre réappropriation moderne du lustre traditionnel Fernando and Humberto Campana, Volcanofloor light, 2004, structure en bambou, 100 ou 185 cm de haut
Travail à partir d’objets trouvés ou de matériaux recyclés.
Les lampes Volcano explorent les possibilités esthétiques et fonctionnelles du bambou, l’une des grandes ressources naturelles et renouvelables mondiales, que l’on plante au Brésil dans les zones de déforestation.