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Partage de la raison
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Le partage de la raison. Traduction. Inégalités, exclusions, inclusions


subordonnées

@Rada Iveković

Nous partons de l’évidence du partage de la raison dans toute dynamique et institution


humaines ainsi que dans toute pensée ; il passe par le langage. La séparation d’avec l’origine,
(plus ou moins imaginaire) est ontologique dans ce sens qu’elle est nécessaire à la vie, mais
nous avons intérêt à dépasser la nostalgie fusionnelle par rapport à elle.

Insistons, dans notre syntagme, sur le double sens du terme partage ce qui signifie
essentiellement que la raison elle-même contient son contraire, la déraison, l’inhumain, la
folie, la violence, ou l’altérité qu’elle feint expulser pour la projeter sur l’autre, à exclure.

A partir de là, notre projet de recherche ainsi que nos projets de séminaire, journées de travail
et colloques partagés avec d’autres, consistent en deux aspects complémentaires : d’une
part, le côté théorique comme il se présente analysé dans divers types d’inclusion
subordonnée tels que la situation (post)coloniale, la condition des femmes ou le différend
entre les philosophies occidentales et les philosophies indiennes (par exemple). D’autre part,
le côté de « philosophie appliquée » et de « politique de la philosophie » à dégager à partir de
ces même interrogations, qui doivent nous amener à sonder nos conditions
épistémologiques. Un travail croisé s’impose ici dans un va-et-vient constant entre « théorie »
et « pratique » qui bouscule ce partage classique kantien, et que nous appelons traduction. Il
s’agirait dans le cas idéal d’un travail à la fois conceptuellement rigoureux et engagé, militant,
dans le sens d’une « politique épistémologique » menant à une « révolution épistémologique »
(une « éthique épistémologique » aussi) que nous croyons nécessaire en cette fin d’une
époque et au début d’une autre, depuis 1989. En développant et transformant les modalités
du savoir, de sa configuration, de sa transmission, en faisant éclater ses carcans et apparaître
la diversité de ses nombreux auteurs, en précipitant la crise épistémologique (celle de la
raison déjà fatalement partagée), nous avons des chances de transformer le monde en
traduisant des épistémé apparemment incommunicantes les unes aux autres. Cela implique
de relever le défi du partage de la raison (sa dynamique) mais de ne pas permettre qu’elle se
fige en tant que partagée. C’est travailler sans certitudes.

L’inégalité des sexes n’est pas un exemple à part, mais il est paradigmatique. Ce qui rend la
différence des sexes si particulière, c’est qu’elle intervient dans toutes les autres inégalités,
injustices et différends comme constitutive par un jeu d’analogies qui repose sur un
consensus patriarcal (in)conscient bien établi. Nous pensons qu’une mise en parallèle des
femmes et d’autres groupes de « subalternes » consentira non seulement d’éclairer des
événements et des périodes historiques que nous savions déjà chargés de « sexuation »
tendancielle, mais permettra également d’entrevoir des solidarités conscientes ou non de
l’histoire, tenant compte des histoires alternatives, y compris celles qui n’ont pas eu lieu mais
sont si instructives.

Au carrefour de la philosophie, du féminisme, de la critique de l’orientalisme, de la politique et


de l’anthropologie, des théories de la traduction ; de l’analyse des rapports sociaux des sexes
à celle de la violence du pouvoir, de l’histoire des Balkans à celle de l’Inde ; de la constitution
de l’Europe par ses oublis au basculement du pouvoir sur la planète vers l’Asie, et à l’actualité
la plus brûlante de l’Occident ou du Tiers monde, nous aimerions donner à entendre, d’une
manière radicalement neuve, l’idiome pluriel que le monde parle désormais et qui est à
déchiffrer dans les affres de la mondialisation. Il est entendu que la langue est d’emblée
traduction, et que celle dite maternelle ne l’est qu’en tant qu’elle est la mère des autres
langues que nous devons apprendre pour pouvoir circuler en ce monde désormais pluriel.
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janvier 29, 2009

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