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Stéphane Vibert
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L’institution de la communauté
Une lecture critique de la sociopolitique du commun
Stéphane Vibert
Publisher
Association internationale des sociologues
de langue française (AISLF)
Electronic version
URL: http://sociologies.revues.org/5683
ISSN: 1992-2655 Brought to you by Université d'Ottawa
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Stéphane Vibert, « L’institution de la communauté », SociologieS [Online], Files, Des communs au
commun : un nouvel horizon sociologique ?, Online since 19 October 2016, connection on 04 January
2017. URL : http://sociologies.revues.org/5683
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L’institution de la communauté 1
L’institution de la communauté
Une lecture critique de la sociopolitique du commun
Stéphane Vibert
1 Ainsi que le rappellent Pierre Dardot et Christian Laval dans leur important ouvrage sur
la question, le « commun », qui connaît depuis quelques années une actualité
intellectuelle renouvelée, a d’abord été une revendication « portée à l’existence par les
luttes sociales et culturelles contre l’ordre capitaliste et l’État entrepreneurial » (Dardot &
Laval, 2014, p. 16 1). S’opposant à l’extension de l’appropriation privée à toutes les sphères
de la société, de la culture et du vivant, la remise au goût du jour du terme de « commons »
s’avère ainsi mue par des considérations essentiellement politiques, y compris
lorsqu’elles prennent la forme de travaux empiriques à orientation institutionnaliste
(sous l’influence d’Elinor Ostrom) ou de réflexions théoriques radicales, à l’instar des
travaux de Michael Hardt et Antonio Negri. « Commun » est ainsi « devenu le nom d’un
régime de pratiques, de luttes, d’institutions et de recherches ouvrant sur un avenir non
capitaliste » (C, p. 17), à partir de convictions écologistes ou altermondialistes.
2 Néanmoins, cet usage politique ne serait pas suffisant sans une refondation intellectuelle
rigoureuse, à laquelle se sont attelés Pierre Dardot et Christian Laval. Si l’ouvrage discute
et emprunte à l’économie politique, à la philosophie sociale ou à la théorie du droit, il s’en
dégage incontestablement une « sociologie du commun » – une sociologie politique du
commun, en fait – et celle-ci se présente en rupture explicite avec les travaux classiques
sur la communauté. En effet, la conceptualisation du commun comme praxis instituante –
dans le sillage de Cornelius Castoriadis (1975) – entend contourner les dangers potentiels
recelés par la référence à une idée forte de communauté comme sujet politique,
principalement transposée dans l’ouvrage en « hypothèque du communisme », qu’il soit
religieux, prolétarien ou étatique. La référence aux concepts et conceptions de l’immense
penseur, par trop mésestimé, de « l’institution imaginaire de la société », nourrit une
réflexion de grande ampleur, passionnante dans ses multiples directions, mais qui ne
paraît pas toujours échapper à certaines ambivalences et ambiguïtés, ce qui pose la
question de la cohérence d’ensemble d’une théorie qui souhaite reformuler une « science
justification au spontanéisme de cet agir créatif commun, il faut bien ici souligner la
présence d’un constructivisme radical excluant « catégoriquement toute ontologie du
commun » (C, p. 277), jusqu’à « l’être-en-commun » entièrement désubstantialisé de Jean-
Luc Nancy ou Roberto Esposito, qui serait tellement découplé de l’agir politique qu’il
conduirait à une « quasi-essentialisation de l’existential heideggérien » (C, p. 278). Afin de
contourner la prédication substantielle de tout sujet collectif et de délivrer le commun
d’un « fond naturaliste » (C, p. 139) retrouvé à peu près dans toutes les théories étudiées
par les auteurs, ces derniers vont faire un usage récurrent d’une définition concevant le
commun comme « le principe politique d’une coobligation pour tous ceux qui sont
engagés dans une même activité » (C, p. 23), source de délibération et de décision
collective. Afin de construire cette « politique du commun », il conviendrait de réfléchir à
des institutions « qui favoriseraient la convergence des activités les plus diverses dans la
direction du commun » (C, p. 462). En d’autres mots, « il s’agit d’instituer politiquement la
société » (C, p. 462), en utilisant le commun comme « principe de transformation du
social » (C, p. 463), par la « coobligation fondée sur la codécision et la coactivité » (C,
p. 465).
6 La reprise à satiété dans l’ouvrage de cette formule laisse quelque peu songeur : le lecteur
n’entrevoit jamais préciser de quelle activité il s’agit véritablement, laquelle se trouve
pourtant à l’origine de tout ce qui en découle de « commun » : la qualification des choses,
la coobligation entre les individus, la formation du collectif. S’agit-il d’une activité
proprement productive, ou peut-elle être idéologique (groupe politique ou religieux),
utilitaire (un groupe d’intérêt), voire simplement esthétique ou ludique (des associations
ou organismes communautaires) ? On ne sait. La démocratie sociale fondée sur le
commun reposerait sur une multiplicité de « conseils » à tous les niveaux de la vie
sociale – on y reviendra – mais celle-ci se structure essentiellement à partir d’une
« double fédération » qui lie horizontalement les unités de production (entreprises) et
unités communales (communes territoriales). Autant on peut aisément comprendre la
coactivité des travailleurs au sein d’une même entreprise, autant il est difficile de saisir
en quoi repose la coactivité de personnes résidant sur le même territoire (village, ville ou
région), hormis si cette coactivité est d’emblée ramenée à la codécision politique sur les
affaires communes, qui est loin de pouvoir définir un « agir pratique » quotidien. Si
l’« agir commun » entend « désigner le fait que des hommes s’engagent ensemble dans
une même tâche et produisent, en agissant ainsi, des normes morales et juridiques qui
règlent leur action » (C, p. 23), on ne voit pas quelles « tâches communes » sont
effectivement réalisées dans la simple coexistence sur un territoire villageois ou urbain,
encore moins à grande échelle dans un pays entier.
7 L’analyse repose ici explicitement sur l’interprétation de la nature de l’espace public
antique par Hannah Arendt. En Grèce serait apparue l’« activité de mise en commun des
paroles et des pensées », participation active des citoyens à la vie de la Cité, non au sens
d’une appartenance civique, mais comme « égalité dans le prendre part » (C, p. 235) : « ce
n’est donc pas la communauté politique qui garantit une fois constituée une activité de
mise en commun prenant place à l’intérieur d’un cadre préexistant, c’est au contraire
l’activité de mise en commun qui fait exister le commun de la communauté politique » (C,
p. 235). Non seulement il est permis de rester dubitatif devant l’exégèse arendtienne, qui
passe sous silence les critères d’appartenance à la Cité délimitant en amont la possibilité
même d’une discussion collective, mais plus encore, l’extension du mode d’apparition
publique dans l’espace politique à l’institution même du social s’avère hautement
problématique, sinon injustifiable : ne faut-il pas en effet qu’existe déjà une cité, définie
par une histoire particulière, des mœurs et croyances, une langue et des traditions, pour
qu’elle puisse entreprendre de se réinstituer politiquement et par là-même agir en retour
sur ses propres dispositions et valeurs ?
8 Le recours par Pierre Dardot et Christian Laval à « l’ontologie de l’actualité » (C, p. 281) de
Michel Foucault, conçue – si on comprend bien l’argument – comme une « ontologie anti-
ontologique » (au sens où elle ne permet pas de caractérisation déterminée des étants),
impose une historicisation radicale ramenant toute communauté humaine à de l’agir
pratique contingent. La primauté de l’action comme catégorie déterminante pose
problème au moins sur deux plans, qui apparaîtront comme tels lors de la désignation
d’un sujet politique pour la praxis instituante : le niveau des conditions anthropologiques
et socio-historiques permettant l’émergence de ce sujet et le niveau des critères de
participation au « collectif » défini primordialement par la coactivité, puisque le principe
politique de délibération collective prescrit de « faire de la participation à une même
activité le fondement de l’obligation politique, et donc de la coactivité le fondement de la
coobligation » (C, pp. 579-580) : aucune appartenance (nation, ethnie, humanité) ne peut
ainsi constituer le fondement de l’obligation politique, qui « procède entièrement de
l’agir commun », par les « coparticipants d’une même activité » (C, p. 580). Ce
soubassement pragmatiste et interactionniste (dont on peut supputer, à titre
d’hypothèse, une tonalité matérialiste, réduisant l’activité à une transformation des
conditions matérielles d’existence) contribue à dissoudre dans un « social » abstrait la
réalité ontologique de la « société » (autrement dit du niveau de « totalité sociale »,
comprise comme unité synthétique a priori – pour reprendre l’expression de Michel
Freitag (1998) – conjoignant idées, valeurs, représentations, affects, symboles et
pratiques), caractéristique de la sociologie durkheimienne (Callegaro, 2015) et entérinée
par… Cornelius Castoriadis (1975), ce qui ne laisse pas d’interroger sur l’usage de ce
dernier dans la théorisation sociologique de ce commun politique.
de contrôle » (C, p. 380) : mais qui est cette mystérieuse « Société » ? Par quel organe
représentatif de pouvoir intervient-elle, et au nom de qui, sinon respectivement l’État et
la nation ? Il persiste chez Pierre-Joseph Proudhon une tendance à l’organicisme
sociologique par les références au « groupe naturel » (C, p. 383) qu’est la « commune »,
très proche en cela de la « communauté » tönniesienne (Vibert, 2004). Le fédéralisme
communaliste de Pierre-Joseph Proudhon croit destituer la souveraineté étatique, alors
qu’il ne fait en réalité que la transférer entièrement aux « unités élémentaires
indestructibles » que sont les cités, ainsi que le prouve la liste des attributs et
compétences de ces communes, comparables en chaque point aux pouvoirs régaliens de
tout État normalement constitué au sens moderne : auto-gouvernement, imposition des
taxes, disposition des propriétés et revenus, constitution de la police et de la
gendarmerie, nomination des juges, prise d’ordonnances et fabrication des lois (C, p. 384).
Voire même davantage, puisque Pierre-Joseph Proudhon inclut l’existence d’une Église et
d’un clergé élu, donc une religion civile officielle. Si la commune détient en fait une
souveraineté absolue sur son destin, les fonctions étatiques qui la traduisent se veulent
dispersées dans le social, mais n’en demeurent pas moins existantes, en étant simplement
transposées à un niveau inférieur.
19 Sur le modèle proudhonien qui assimile toute centralité étatique à un « nouveau
Moloch », la récusation de la consubstantialité historique entre État-nation et démocratie
moderne (soutenue par des auteurs comme Marcel Gauchet ou Pierre Manent) pave la
voie à un fédéralisme cosmopolite, à la fois profondément utopiste en sa réalisation
pratique et hautement critiquable en ses postulats théoriques (Vibert, 2012b). La
« fédération mondiale » (C, p. 566) nécessaire pour « construire une citoyenneté
transnationale en l’absence de toute appartenance à une communauté transnationale » (C
, p. 566) traduit le projet d’une « citoyenneté politique non étatique et non nationale » (C,
p. 567), laquelle devrait se penser en termes de « pratiques plutôt qu’en termes de droits
formels octroyés » (C, p. 568). Là encore, les questions sont innombrables et insolubles :
qui définit les droits individuels, y compris « pratiques » ? Comment sait-on s’ils sont
légitimes ou non ? Et qui les institue en l’absence d’une instance tierce appelée à arbitrer,
appliquer, sanctionner ?
Conclusion
20 Nous sommes bien conscients que la lecture critique de la « sociologie politique du
commun » que nous proposons dans le but de débattre des propositions importantes
présentées dans l’ouvrage a dû à certains endroits quelque peu « forcer le trait », en
poussant jusqu’au bout la logique argumentative déployée, tout en admettant les
ambivalences qu’elle recèle, notamment en raison du caractère quelque peu décalé du
chapitre 10 sur la praxis instituante par rapport au reste de l’ouvrage. Il ne faudrait
cependant pas passer sous silence – même s’il est impossible d’en tirer toutes les
conséquences dans le cadre de cet article – les autres dimensions dans Commun qui
permettraient de nuancer, compléter voire contredire, les tendances à l’abstraction
pragmatiste et à la désincarnation sociologique qui nous paraissent souvent
problématiques : la récusation de toute « hypothèse communiste », l’insistance louable
sur la nécessité de l’institution (dans une période où des thèses radicalement anti-
institutionnelles, comme celles de Jacques Rancière ou Michael Hardt et Antonio Negri
connaissent un succès florissant), la revalorisation clairvoyante des apports et des limites
des coutumes paysannes de droit d’usage (le « droit coutumier de la pauvreté »), une
exposition passionnante des aléas du « commun ouvrier » et de ses institutions
historiques (politiques et culturelles), ou encore la réappropriation des catégories
castoriadiennes, dont cette essentielle praxis instituante qui constitue le cœur de la
proposition théorique, même considérant sa mutation conceptuelle.
21 Cependant, la théorisation provisoire du « commun » ainsi proposée néglige des aspects
fondamentaux que la sociologie des « communautés », malgré son indiscutable
propension historique à la naturalisation ou à l’essentialisation, considérait à juste titre
comme essentiels et incontournables : la question du mode de vie, des valeurs et des
mœurs, autrement dit de la « culture » en son sens anthropologique le plus large ; le
rapport entre communauté et société, qui inclut la compréhension socio-politique de
l’appartenance stato-nationale au cœur de la modernité individualiste et capitaliste 3,
ainsi qu’une réflexion sur les frontières de toute collectivité ; l’interrogation sur le conflit
et la guerre, qui prédispose à ne pas évacuer la substantialité historique des identités
collectives, laquelle n’apparaît aucunement contradictoire avec leur capacité à se recréer,
se transformer ou s’hybrider. Surtout, l’argumentation justifiée en faveur du caractère
institutionnel et politique de toute communauté social-historique se révèle grevée par
une insistance démesurée et a-dialectique sur le moment instituant – fût-il révélateur
d’une praxis émancipatoire – au détriment des conditions de possibilité instituées qui en
assurent l’émergence de façon contingente, sans jamais le déterminer nécessairement.
Une question liée au « tiers de référence » qui, par-delà l’horizontalité associative et l’agir
commun, fonde l’existence concrète de telle ou telle communauté sociale (Vibert, 2015).
Une question, d’ailleurs, qu’un Christian Laval, lecteur fin et avisé de « l’ambition
sociologique », avait jadis joliment traduite comme celle qui « concerne l’unité de la
société, la nature du lien humain et plus spécialement encore, la fonction et le type de
médiation symbolique entre les hommes » (Laval, 2012, p. 40).
BIBLIOGRAPHY
CALLEGARO F. (2015), La Science politique des modernes. Durkheim, la sociologie et le projet d’autonomie,
Paris, Éditions Economica.
DARDOT P. & LAVAL C. (2014), Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle, Paris, Éditions La
Découverte.
VIBERT S. (2012a), « Une sociologie sans société est-elle possible ? », dans SÉNÉCHAL Y., ROBERGE J. &
S. VIBERT (dir.), La Fin de la société. Débats contemporains autour d’un concept classique, Montréal,
Éditions Athéna, pp. 251-276.
VIBERT S. (2015), Logique des appartenances collectives. Essais de socioanthropologie politique holiste,
Paris, Éditions Le bord de l’eau.
NOTES
1. Dorénavant, les renvois à l’ouvrage seront notés C, pour « Commun »
2. Ainsi, il n’est pas anodin que la plupart des rares exemples précis et concrets de luttes sociales
et politiques présentées dans l’ouvrage (historiques ou contemporaines) soient toutes peu ou
prou critiquées pour leur « manque » à saisir la nature du véritable « commun » et condamnées
pour leur insuffisance théorique (conduisant à une « réification » des biens communs) : les
différents communismes bien sûr, mais aussi les coutumes paysannes porteuses de jacqueries, les
combats contre les « nouvelles enclosures », les créateurs et promoteurs des « logiciels libres »,
les budgets participatifs, la gestion commune de l’eau à Naples en 2011 ou encore les défenseurs
d’un « patrimoine commun de l’humanité » et de « biens publics mondiaux » (global commons).
3. Ainsi, nous n’apprenons qu’à la toute fin de l’ouvrage (l’avant-dernière page), de manière
totalement surprenante et pour tout dire inattendue en rapport au reste de l’argumentation, que
« la primauté du commun n’implique donc pas la suppression de la propriété privée, a fortiori
n’impose-t-elle pas la suppression du marché » (C, 582)…
ABSTRACTS
The institution of community. A critical reading of sociopolitics of the common
Integrating the social and cultural struggles against the capitalist order and entrepreneurial
state, the political sociology of the common theorized in the work of Dardot and Laval Commun
(2014) aims to found political and activist action on an praxis instituting that generates collective
subjects oriented towards concepts such as coactivity, participation, consultation and co-
decision. This text aims to highlight the contributions and limits of a radically anti-essentialist
conception of social-historical world, while relying on a dialectical conception of institutions,
runs the risk of sometimes pay a pragmatist and disembodied conception of the socio-cultural
universe, illustrated by the use of self-imposed, self-managed and federated "common" as the
only legitimate collective entities.
A l’aune des luttes sociales et culturelles contre l’ordre capitaliste et l’État entrepreneurial, la
sociologie politique du commun théorisée dans l’ouvrage de Pierre Dardot et Christian Laval
Commun (2014) entreprend de fonder l’agir politique et militant sur une praxis instituante qui
génère des sujets collectifs orientés vers les notions coactivité, participation, délibération et
codécision. Ce texte vise à souligner les apports et limites d’une conception radicalement anti-
essentialiste du monde social-historique qui, tout en s’appuyant sur une conception dialectique
des institutions, prend le risque de verser parfois dans une conception pragmatiste et
désincarnée des univers socio-culturels, illustrée par le recours aux « communes » auto-
instituées, autogérées et fédérées comme seules entités collectives légitimes.
INDEX
Mots-clés: commun, communauté, institution, démocratie
Keywords: common, community, democracy
Palabras claves: común, comunidad, institución, democracia
AUTHOR
STÉPHANE VIBERT
Professeur agrégé, École d’études sociologiques et anthropologiques (EESA). Directeur de
recherche au Centre interdisciplinaire de recherche sur la citoyenneté et les minorités (CIRCEM),
Université d'Ottawa, Ottawa (ON), Canada - svibert@uottawa.ca