Vous êtes sur la page 1sur 19

DE LA SOCIABILITE A LA SOLIDARITE : LES TENTATIVES DE DÉFINITION PAR LA

SOCIOLOGIE AU XIXeme SIÈCLE


Author(s): Ana Montoia
Source: Tumultes , 1993, No. 2/3, Emotions, sentiments, passions politiques (1993), pp.
215-232
Published by: Éditions Kimé; L'Harmattan; Sonia Dayan-Herzbrun

Stable URL: https://www.jstor.org/stable/24747969

JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide
range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and
facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org.

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at
https://about.jstor.org/terms

, and L'Harmattan are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to
Tumultes

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
Tumultes, n°2-3, 1993

DE LA SOCIABILITE A LA
SOLIDARITE : LES TENTATIVES
DE DÉFINITION PAR LA
SOCIOLOGIE AU XIXEME SIÈCLE

Ana Montoia

"La sociabilité en soi ne se rencontre nulle part. Ce


qui existe et vit réellement ce sont les formes
particulières de la solidarité"
E. Dürkheim

Arrêtons-nous sur ce passage de la Division du Travail


Social : il annonce le refus de la généralité philosophique, mais
aussi le refus du politique.
Si Dürkheim reconnaît en Montesquieu, au début de sa
carrière1, le précurseur de cette science - tellement française, dira
t-il à maintes reprises - c'est parce que ce dernier a entrepris, bien
avant Comte, de distinguer entre les actes de la volonté humaine -
l'art de la morale et de la politique - et la science des choses,
c'est-à-dire, la connaissance des faits sociaux2. De fait, une
"science improvisée" est toujours en cours de réflexion parmi ces
philosophes du politique. Mais elle procède sans méthode, elle
répond plutôt aux tendances spontanées, aux sentiments intimes,
excités par le besoin ou le désir de réformer le monde. La
science, contrairement à l'art, exige le silence des cabinets, la
paix et le calme du travail solitaire, éloignée des débats publics ou
privés3.
Montesquieu, en classant les sociétés par types et par
espèces, en faisant des institutions l'objet central de ses
recherches, fait avancer, pour la première fois, l'étude de la

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
216 De la sociabilité à la solidarité

nature de la société, c'est-à-dire, l'étude des lois qui organisent la


vie en société. En effet, le philosophe aurait classé, selon
Dürkheim, non les sociétés, mais la façon dont elles sont
gouvernées : république, état despotique, monarchie. Mais,
comme il les distingue à partir du nombre, de la disposition et de
la cohésion de leurs éléments, Dürkheim constituera, à partir de
L'Esprit des Lois, la base de sa "morphologie sociale"4.
Un an après, Dürkheim entreprendra, dans la Division du
Travail Social, la classification des formes de la solidarité. Il
n'est pas difficile de récupérer les traces de la nature du lien
social telle que l'a analysée Montesquieu. D'un côté, un "bloc
dont les éléments sont de même nature et juxtaposés les uns aux
autres", la solidarité mécanique, "...née des ressemblances,
rattache directement l'individu à la société (...) Cette solidarité ne
consiste pas seulement dans un attachement général et
indéterminé de l'individu au groupe, mais rend aussi harmonique
le détail des mouvements. En effet, comme ces mobiles collectifs
se retrouvent partout les mêmes, ils produisent partout les mêmes
effets. Par conséquent, chaque fois qu'ils entrent en jeu, les
volontés se meuvent spontanément et avec ensemble dans le
même sens"5. De l'autre, "l'être vivant dont les éléments, chacun
suivant sa nature remplissent différentes fonctions", la solidarité
organique, où l'individualité du tout s'accroît en même temps que
celle des parties ; la société devient plus capable de se mouvoir
avec ensemble, en même temps que chacun de ses éléments a
plus de mouvements propres"6.
Pourtant, Dürkheim marque ses distances par rapport à
Montesquieu : "ce n'est pas, en effet, d'après la division du
travail, ce n'est pas d'après la nature du lien social qu'il les
distingue et les nomme, mais uniquement d'après la constitution
de l'autorité souveraine".
Retenons la critique du sociologue. Malgré ses intentions
évidentes d'écarter toute "métaphysique" et tout "psychologisme"
de la méthode sociologique, la lecture que fait Dürkheim de
L'Esprit des Lois insistera sur les bases philosophiques

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
Ana Montoïa 217

auxquelles aura recours la nouvelle discipline. Ce qui conduit la


refléxion durkheimienne, semble-t-il, c'est surtout la tentative
d'écarter toute définition ayant trait au politique.
Nous pensons trouver le même souci dans les rapports
entre "sociabilité" et "solidarité" dans l'oeuvre de Dürkheim. La
sociologie à ses débuts, répondant à de nouvelles exigences de
scientificité, abandonne l'intérêt qu'avait le XVIIIème siècle pour
les définitions de la sociabilité. Elle sera dorénavant comprise
comme une notion vague et abstraite. L'étude portant sur les
relations entre personnes, l'étude concernant les liens qui
unissent les hommes dans une vie commune continuera,
évidemment, à intéresser tout auteur du XIXème. siècle. Peut-on
alors établir un parallèle conceptuel entre "sociabilité" et
"solidarité" ?7 Le glissement vers le concept de solidarité aurait
des conséquences : il permettrait d'écarter tout souci politique des
analyses du monde social. La sociabilité est insaisissable, dit
Dürkheim. L'étude portant sur les formes particulières de la
solidarité correspondrait mieux aux exigences d'objectivité des
sciences sociales : la sociologie peut les décrire, les classer, les
généraliser, comme tout fait social, voire les prévoir ; mais elle ne
passe ni par l'éclaircissement autonome des individus, ni par le
dévelopement de la subjectivité dans des espaces publics et
politiques.

Le raffinement de la sociabilité est à l'origine de la civilisation

Malgré leur déclin, au XDCème siècle, les études portant


sur les formes de sociabilité connaîtront, dès le début du XXème
siècle, un intérêt grandissant, en tant qu'objet de réflexion des
sociologues et des historiens. Mais il y aura toujours difficulté à
cerner la notion.
Maurice Agulhon note précisément l'incertitude et la fluidité
de la notion : "La sociabilité, chez certains auteurs, tend presque
à devenir le mot commode pour accueillir, en un grand fourre
tout les formes élémentaires de la vie collective, diverses mais

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
218 De la sociabilité à la solidarité

omni-présentes. Un mot nouveau, en somme, pour désigner les


réalités classiques que l'on étiquetait naguère "vie quotidienne",
"civilisation" ou "histoire des moeurs"8
De fait, au XVIIIème siècle, l'histoire des moeurs et
l'histoire de la civilisation étaient des mots à significations
proches. Ainsi que la sociabilité.
Voltaire avait entrepris de savoir si et comment la
civilisation a adouci les moeurs en rendant plus aimable le
commerce des hommes9. Kant disait que "la sociabilité rend la
vertu aimable"10. Mercier a insisté sur le fait que la civilité et la
politesse ont beaucoup adouci les moeurs, constituant des
entraves salutaires aux relations entre les hommes11.
Les textes s'efforçaient de dessiner ce nouvel espace
civilisateur qui (redéfinissait les liens sociaux, s'inscrivant dans
une trame historique susceptible de faire progresser la condition
humaine. On parlait ainsi de civilisation, de l'art de polir la
rudesse, et par-là même, de rendre convenables les manières et
les conduites des hommes réunis.12
On ne saurait se soustraire au politique. La sociabilité, un
concept au singulier, permettait de saisir les inquiétudes d'une
sensibilité nouvelle, l'ouverture permise aux opinions diverses,
garante de la tolérance, espace fondamental au développement
des volontés libres et individuelles.
Le thème, formulé de manière politiquement originale au
XVIIIème siècle, n'est pas dénué d'ambiguïtés et de paradoxes.
Parler de sociabilité était étroitement lié au désir de distinguer
entre les apparences, les manifestations extérieures de la
politesse, d'un côté, et la civilité, de l'autre, fondée sur
l'éducation et la retenue13. C'était ainsi tenter d'établir des
rapports étroits entre l'intime, le privé et le public, en même
temps que la distinction entre l'homme, le bourgeois et le
citoyen. La définition du mot participait à un long débat, sans
doute controversé, un projet, enfin, d'élargir et de bien ancrer
l'espace du politique.

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
Ana Montoïa 219

La sociabilité était cette vertu, capable de rendre l'homme


sensible à ses semblables, elle signifiait l'ouverture à autrui,
l'expression d'un sentiment de désintéressement. Mais ce qu'on
souligne par le mot suppose aussi, au XVIIIème siècle, un
langage émancipateur. La pensée, l'écriture, le dialogue étaient au
coeur de l'expérience des sociabilités. Diderot n'éprouvait même
plus le goût de la lecture en dehors de cette activité cruciale des
sociétés savantes, des salons et des villes. C'est de la
conversation prise dans le sens le plus large que se nourrit
l'homme sociable.
De concept concernant essentiellement le politique, la
sociabilité est devenue une notion presque insaisissable et trop
mouvante, une "méditation métaphysique", dira Dürkheim.
Notion ambigüe ou trop complexe, la sociabilité semble
avoir perdu son ressort politique, du moins comme l'avaient
compris les écrivains du XVIIIème siècle : proche du sens
accordé à la politesse ou à la civilité, liée aux expériences de la
ville, vantée comme principe régissant les conduites des citoyens
et les préparant, comme le voulaient les encyclopédistes, à
l'exercice de l'obéissance civile. C'est du rapport au pouvoir, un
rapport raisonné, rationnel et libre, c'est du rapport à la
souveraineté, que le concept de sociabilité retire sa force
politique. Sans doute, il eut ses critiques, méfiants de l'apparence
trompeuse qui pourrait affaiblir les liens sociaux, ne voyant, dans
l'esprit sociable, que de simples manifestations frivoles ou
hypocrites, le vice majeur qui conduit à l'instabilité et à la fluidité
des rapports politiques.
Au début du XIXème siècle, on pourra lire, chez Stendhal,
les échos de ces conceptions : "(Julien) allait enfin paraître sur le
théâtre des grandes choses. Le bonheur d'aller à Paris, qu'il se
figurait peuplé de gens d'esprit, fort intrigants, fort hypocrites,
mais aussi polis que l'évêque de Besançon (...) éclipsait tout à
ses yeux''(Le Rouge et le Noir). Le récit littéraire héritait du
XVIIIème siècle, autant que les formulations des sciences
sociales. Mais ces dernières semblent avoir fait prévaloir les

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
220 De la sociabilité à la solidarité

affaires du monde social. La sociabilité ne sera comprise que


dans sa signification psychologique ("l'homme sociable", voire
mondain) ou associativiste (l'histoire des groupements), soulige
M. Agulhon.
On ne pourra plus récupérer les traces de sa définition, par
exemple, dans le Dictionnaire Politique, à sa 7ème édition en
186814. On n'y rencontrera non plus ni civilité, ni politesse.
Même dans l'article "Civilisation", aucune référence à la
sociabilité. On y lira que le mot est originaire de "civilis (qui
appartient à la cité)". "(...) Pour les anciens, la société" - un mot
récent, dit le rédacteur de l'article, qu'avait ignoré le monde du
passé - "c'était la cité ; pour eux, la cité renfermait toutes les idées
dont se compose le mot civilisation". Mais, (...)"la cité s'est
trouvée trop étroite : fondée sur le privilège et l'exclusion, elle a
refusé d'ouvrir ses portes à la foule". L'auteur présente alors une
des idées chères au XIXème siècle : les faits politiques, résultat
d'une lutte incessante, comprennent tant les rapports de
l'individu avec la société et de la société avec l'individu, tant les
rapports des hommes entre eux. La civilisation est donc, en tant
que fait politique, conclut l'auteur, le partage commun des droits
sociaux (définition, d'ailleurs, qu'il donne de la citoyenneté),
l'élargissement de la communauté sociale : "On peut donc
affirmer, en toute confiance, que l'idée civilisatrice qui domine
toutes les autres est celle qui convoque tous les hommes à venir
prendre place dans la grande communauté sociale".
Un fait politique, pourrait-on lire, parce que l'idée de
civilisation, aux antipodes de celle de la sociabilité ou de la
civilité, ne suppose ni accueil bienséant, ni conversation, mais
lutte et dissemblance.

La contrainte sociologique : la solidarité se constitue hors des


consciences individuelles

Dans la préface à la seconde édition de la Division du


Travail Social, thèse doctorale écrite en 1893, Dürkheim annonce

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
Ana Montoïa 221

l'état de dérèglement de la vie collective contemporaine : instable,


en désordre, soumise aux passions, elle ne constitue qu'un
agglomérat sans équilibre et sans normes. La préface est connue :
Dürkheim y tentera d'établir le rôle que les "groupements
professionnels sont destinés à remplir dans l'organisation sociale
des peuples contemporains". L'autorité morale faisant défaut, la
liberté même est compromise car elle ne saurait être que le produit
d'une réglementation normative. La bride est lâchée à tous les
appétits, à toutes les passions humaines.
Toute activité collective introduit une autorité morale dans
le groupe. En outre, elle est source de vie, d'où se "dégage une
chaleur qui échauffe ou ranime les coeurs, qui les ouvre à la
sympathie, qui fait fondre les égoïsmes". Mais les institutions
modernes exigent plus de ces membres que ne l'exigeaient les
anciens groupes sociaux, peu complexes et réduits. En raison de
l'ampleur accrue des activités économiques, de la conséquente
complexité des groupes professionnels, de la perte d'autorité de
la part de la famille ou de la religion, les anciennes valeurs
communautaires ont été, elles aussi, transformées. D'où la
question qui inquiétera le sociologue : "Si, dans les occupations
qui remplissent presque tout notre temps, nous ne suivons
d'autre règle que celle de notre intérêt (...) comment prendrions
nous goût au désintéressement, à l'oubli de soi, au sacrifice ?"15
Dürkheim reprend dans cette deuxième préface, la même
question qui faisait l'objet du livre : "Comment se fait-il que, tout
en devenant plus autonome, l'individu dépende plus étroitement
de la société ? Comment peut-il être à la fois plus personnel et
plus solidaire ?"
Serait-elle, en même temps qu'une nécessité économique,
une "règle morale de la conduite humaine" ? S'agirait-il là d'un
processus d'individuation que suppose toute complexité sociale ?
La division du travail est la source principale de la solidarité
sociale. L'idée est due à Comte, ou à Schaeffle. Qu'est-ce donc
la solidarité ? Avant tout, elle a un caractère moral. Comme tout
fait moral, la solidarité - qui ne peut pas être mesurée - doit être

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
222 De la sociabilité à la solidarité

étudiée à travers les faits extérieurs qui la symbolisent : le droit et


les coutumes16 La solidarité suppose donc (par le fait qu'elle
s'inscrit dans le Droit et dans les Coutumes) une obligation et une
contrainte.
Il existe une tendance générale à la sociabilité, dit
Dürkheim. La solidarité est un fait social, la sociabilité n'est
qu'un résidu, une tendance qui est toujours et partout la même.
L'étude de ses formes particulières, solidarités domestiques,
solidarités professionnelles, solidarités nationales relève de la
sociologie, tandis que la sociabilité, trop abstraite, est
insaisissable, relève de la psychologie, est simplement une
virtualité. En tout cas, il reconnaît dans tout groupe humain ce
sentiment, un peu ambigii, certes, dont l'individu est atteint :
replié sur soi-même, il marque aussi de l'intérêt pour son
semblable, il participe du sentiment social général.
Arrêtons-nous un peu sur ce sentiment. La gestion des
passions et des sentiments politiques a rempli un rôle crucial
parmi les attributions du pouvoir, nous rappelle fort à propos
Pierre Ansart. Maîtriser les sentiments intimes des sujets a
toujours constitué une espèce d'économie psychique du pouvoir
politique17. Dürkheim, lui, qui a notamment insisté sur la
séparation entre science et politique18, ne s'occupe point des
actes du pouvoir. Pourtant, cherchant à reconnaître les sources
stables des liens sociaux, le sociologue introduit la notion de
"type psychique" spécifique à chaque société.
Ce "type" correspond à la conscience collective, un
système qui a sa vie propre, "l'ensemble des croyances et des
sentiments communs à la moyenne des membres d'une même
société". Bref, un système de représentation. Il n'y a pas de
société sinon là où la vie en commun est représentée
collectivement. "Une représentation n'est pas, en effet, une
simple image de la réalité, une ombre inerte projetée en nous par
les choses ; mais c'est une force qui soulève autour d'elle tout un
tourbillon de phénomènes organiques et psychiques"19. Toute
représentation, toute conscience collectives connaissent un

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
Ana Montoïa 223

"substrat organique". Ce sont les passions et les sentiments


qu'animent, soit les états personnels qui nous caractérisent, soit
les états psychiques de la société.
Or, représenter permet donc de constituer socialement
l'individu, de le faire participer au monde social, l'inscrire
comme partenaire concret d'une puissance et d'une force,
construite, pourtant, en dehors et au dessus des individus, "...on
sait quel degré d'énergie peut prendre une croyance ou un
sentiment, par cela seul qu'ils sont ressentis par une même
communauté d'hommes en relation les uns avec les autres..."
(DTS, p.66-67). Pourrait-on y reconnaître une espèce d'inter
communicabilité que suppose tout échange politique ? La place
accordée aux sentiments collectifs chez Dürkheim, en tant que
force exceptionnelle qui permet à l'individu de s'intégrer, de
s'attacher aux croyances communes dont il est le fondement, est
plutôt affaire du monde social. Ils sont à la base de son concept
de solidarité, ces "fins collectives" socialement utiles auxquelles
l'individu ne saurait échapper.
Solidariste connu, auteur, entre autres livres, de La France
au point de vue moral (1900), collaborateur des revues
politiques et littéraires, A. Fouillée reprochait aux sociologues
d'avoir trop soumis l'individu dans les réseaux des contraintes
sociales. Question de large envergure, il nous suffit ici de
rappeler combien Dürkheim a réfuté cette critique. "La société
n'est rien. Ce qui vit réellement ce sont les individus".
En 1900, dans une note paru dans L'Année Sociologique
sur le livre de A. Fouillée publié la même année, Dürkheim fera
allusion à l'état moral de la France. Fouillée affirmait que la
criminalité augmentait sans qu'on puisse sinon reconnaître
parallèlement les progrès de la civilisation et de l'état économique
français. "La vraie cause", disait Fouillée, "doit être recherchée
dans une sorte de désarroi et de désorganisation de la conscience
morale française. La grande secousse révolutionnaire a déterminé
un déclassement général des idées comme des individus, sans
qu'un reclassement nouveau se soit encore établi."

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
224 De la sociabilité à la solidarité

Malgré les concordances d'analyses, il n'est pas aisé


d'inclure Dürkheim parmi les solidaristes du tournant du siècle.
C'est en tant que concept, outil de la science, que la
solidarité intéresse Dürkheim. Certes, une doctrine - le
solidarisme - une théorie des droits et des devoirs sociaux, peut
s'en dégager. Elle ne constituera nullement un objet d'élaboration
méthodique de la part de Dürkheim. Son concept retiendra la
valeur morale capable d'organiser les liens sociaux, insistera sur
le rôle de ce sentiment pour l'équilibre social ou, au contraire, sur
les conséquences funestes de l'insolidarité20, à l'origine du
malaise de la civilisation, d'où sa concordance avec Fouillée : "Le
malaise actuel", dit le solidariste, "tient essentiellement à une
dissolution de nos croyances morales (...) Il en résulte un
véritable vide dans notre conscience morale". Mais au contraire
de celui-ci qui verra dans "la législation contre l'alcoolisme,
contre la licence des rues, des théâtres, contre la débauche, dans
les institutions de bienfaisance, dans le renforcement de la
législation répressive, dans l'éducation" les remèdes qui attaquent
les vraies causes du désarroi, Dürkheim ne verra que dans
l'éducation (démocratique) cette capacité régénératrice. "C'est en
agissant sur les jeunes générations que l'on peut empêcher la
corruption de se propager et de s'aggraver en se propageant" (...)
Il faut "montrer aux maîtres à quel idéal nouveau ils doivent
s'attacher et attacher le coeur des enfants". Professeur de
pédagogie en 1887, chargé de cours de pédagogie à la Sorbonne
en 1902, il reviendra au thème dans des ouvrages spécifiques,
voir L'éducation morale de 1903. On pourrait y lire presque une
éthique fondée sur les études de la vie sociale, une éthique
"scientifique" où l'individu constituerait l'ultime et fondamentale
ressource. Par un procédé d'inter-action, le monde social oblige
l'individu à sortir de ces relations privées pour viser
l'attachement au groupe, soit la famille, soit l'humanité21.
Presque deux ans après la publication de la Division du
Travail Social, on lira dans la Revue Politique et Parlementaire un
commentaire du livre, signé par Th. Ferneuil22. "Voilà enfin plus

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
Ana Montoïa 225

de dix-huit mois que l'auteur de cet ouvrage a passé devant la


Sorbonne une brillante soutenance, et c'est à peine si quelques
revues spéciales ont contribué à le répandre dans le public", se
plaint l'auteur de l'article.
La question de l'insolidarisme y est posée d'après les
résultats de l'oeuvre de Dürkheim : "Comment se fait-il que, si la
division du travail engendre nécessairement la solidarité sociale,
elle produise si souvent des résultats diamétralement opposés ?"
Cet état d'insolidarité est nettement dû, selon lui, surtout à un état
de guerre perpétuel entre le travail et le capital. Le conflit, la
division, les antagonismes, les luttes, engendrés par la division
du travail, conduisent à un déséquilibre et à un profond malaise
dans les institutions sociales. Il faudrait donc, resserrer, "soit par
la loi, soit par les moeurs, les liens de solidarité entre les deux
facteurs de la production".
Mais une deuxième source d'insolidarité se profile
contemporainement : les inégalités sociales aggravent les
inégalités naturelles. Par conséquence, le contrat individuel perd
sa force et prend l'aspect de violence et d'injustice d'après lequel
on caractérise la société de la fin du XIXème siècle.
M. Ferneuil tentera alors de déduire, de l'interprétation
sociologique de Dürkheim, les politiques sociales qui en
découlent, l'individualisme ou le socialisme, "ou plutôt le
solidarisme". Cette dernière serait la "doctrine qui considère
comme une des attributions indispensables de l'Etat d'assurer
une juste répartition des richesses et un certain équilibre des
situations sociales, conformément au mérite et aux aptitudes des
individus".
Il oppose, sans aucun doute, la théorie et la méthode
sociologique de Dürkheim aux systèmes ou doctrines politiques,
même s'il cherche à trouver, dans la première, une filière pour la
seconde : "M. Dürkheim reste fidèle au caractère purement
scientifique de sa thèse en refusant de se prononcer entre deux
systèmes comme l'individualisme et le socialisme ; mais sa

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
226 De la sociabilité à la solidarité

théorie même de la division du travail semble conduire


logiquement aux conclusions socialistes ou plutôt solidaristes".
En effet, la solidarité connait bien, chez Dürkheim, ce
dédoublement : l'état de guerre, la description d'un conflit accru,
des discordes, des inimitiés croissantes. La division du travail est
le résultat de la lutte pour la vie, "mais elle en est un dénouement
adouci. Grâce à elle, en effet, les rivaux ne sont pas obligés de
s'éliminer mutuellement, mais peuvent coexister à côté les uns
des autres"23. La division du travail se rattache directement à la
vie morale des nations, elle n'est pas prescrite par des lois, mais
par l'action diffuse des moeurs.
Ferneuil ébauche une critique à Dürkheim : comment
pourrait-on parler de solidarité (ou d'insolidarité, d'ailleurs) là où
"les unités sociales ne se distinguent pas de l'ensemble, où la
communauté absorbe complètement la personnalité individuelle,
où le joug collectif des croyances, des sentiments et des
coutumes s'appesantit sur tous les membres du groupe ?" Il
classerait ce "type social" plutôt comme des "sociétés
communitaires" et pour ce qui est de l'organicité dérivée de la
division du travail, il garderait le nom de "sociétés solidaires".
Dans la première, comme le décrit Dürkheim, "prédomine une
communauté très intense des idées et des sentiments, une forte
conscience collective avec une division faible et rudimentaire des
tâches sociales". La deuxième, au contraire, "se distingue par un
affaiblissement, ou du moins, une indétermination de la
conscience collective coïncidant avec un développement toujours
croissant de la conscience individuelle et de la division du travail
social"24.
Avant d'élaborer ses analyses sur la division du travail
fondée sur les distinctions des formes de la solidarité, Dürkheim
essayait, à partir des définitions de Schaeffle25 et de Espinas, de
comprendre ce qui maintenait la cohésion des groupes sociaux,
ce qui était le mécanisme de toute société, en particulier des
sociétés modernes : "C'est là qu'on verra, distingués et classés,
cette multitude de liens de toute sorte qui, invisibles, nous

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
Ana Monloïa 227

rattachent les uns aux autres ; comment les unités sociales se


coordonnent entre elles de manière à former des groupes de plus
en plus complexes ; comment enfin des actions et des réactions
qui se produisent au sein de ces groupes se dégagent peu à peu
un certain nombre d'idées communes, qui sont comme la
conscience de la société"26. Ces liens, ces idées et ces actions
communes, qui composent la conscience collective, sont la
pratique des formes de solidarité, les représentations de la
cohésion sociale. Elles sont les contraintes ou les coercitions
auxquelles tout individu est soumis : il ne saurait y avoir des
consciences individuelles (des volontés autonomes ?) qui ne
subissent cet effort d'intégration ou de "socialisation".
Dürkheim définit les faits sociaux comme des "manières
d'agir, de penser et de sentir qui présentent cette remarquable
propriété qu'elles existent en dehors des consciences
individuelles"27. La conscience publique impose donc sur la vie
psychique individuelle, une coercition, une contrainte qui
donnent naissance à l'habitude.
La solidarité - en tant que fait social - pourrait-elle, quand
même, devenir, par le biais de l'habitude, par l'interaction des
manières de sentir, par le psychisme collectif dont chacun est
pénétré, la source de promotion des individualités ?

L'assujettissement de la parole

Rappelons donc les principaux éléments qui définissent la


solidarité : elle est un fait social, extérieur à l'individu, lié à la
division du travail, qui la développe ; elle introduit des règles
morales, des conduites dont la finalité est collective et pratique ;
tout en restant un fait social, elle est un "sentiment" qui suppose
l'inter-action des individus, le fondement des liens sociaux ; elle
se définit par la "conscience collective" d'où le statut ambigü
accordé à l'individu ; et, finalement, elle civilise.
On ne saurait trouver dans le concept sociologique, les
définitions concernant la sociabilité.

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
228 De la sociabilité à la solidarité

Le premier congrès allemand de sociologie, en 1910,


reconnaîtra une forte impopularité de cette science. Dürkheim fait
le bilan, dans l'Année Sociologique, du congrès, attribuant à
Sombart et à Simmel, un peu moins à Weber, une finesse aigiie
d'analyse. La présentation de Simmel à propos de la sociologie
de la sociabilité lui paraît très suggestive : "Divers intérêts,
politiques, économiques, religieux, esthétiques donnent
naissance aux groupements divers. De ces intérêts, il importe de
distinguer un sentiment qui se réjouit du groupement en lui
même, et qui joue en quelque sorte avec cette forme : c'est la
sociabilité".
Plus qu'association, plus que groupement, la sociabilité est
donc sentiment de jouissance, les divers intérêts en sont la forme.
Dürkheim conclut la lecture de Simmel : la sociabilité exige
égalité, atténuation des différences personnelles et
professionnelles, tact, démocratie. La sociabilité continue donc à
supposer une définition politique...
Pourtant, un élément essentiel au politique - la maîtrise de
la parole - est soustraite à l'analyse. Comme l'a fait voir Hannah
Arendt avec force, un immense et nouvel espace - la sphère du
monde social - conduit au rétrécissement de la sphère politique. A
la recherche de la reaffirmation du monde public, H. Arendt
insiste, dans la Condition de l'Homme moderne, sur le concept
d'action. L'action seule est prérogative humaine : elle compose,
par excellence, la visibilité et la grandeur de l'espace public. Cette
grandeur advient de la capacité du discours, de la capacité de la
parole, fondement du politique : "c'est le discours qui fait, de
l'homme, un être politique".
Pourrait-on alors approcher la sociabilité de la "sculpture
conceptuelle" de la solidarité dont parle Dürkheim ?
Parler d'un glissement de signification ce serait affaiblir le
caractère politique de la sociabilité, profondément lié, au
XVIIIème siècle, à l'art du dialogue. Ce serait aussi, semble-t-il,
oublier la procédure méthodique de la définition de la solidarité,

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
Ana Montoïa 229

qui insistait sur la nécéssité d'écarter du concept, toute


abstraction, toute philosophie, toute politique.
De fait, le concept de solidarité a enveloppé celui de
sociabilité. Mais il ne pouvait pas le remplacer. Aurions-nous
oublié le goût politique et agonistique de la discussion, fondé sur
des volontés libres et autonomes, au profit des certitudes
élaborées dans la construction d'un monde pacifié ?

1 "La contribution de Montesquieu à la constitution de la science sociale",


thèse latine de Dürkheim, imprimée à Bordeaux en 1892, publiée dans
Montesquieu et Rousseau précurseurs de la sociologie, Paris, Librairie
Marcel Rivière, 1953.
2 (Les écrivains avant Montesquieu) "...n'ont qu'un but : non pas de
connaître cette réalité, mais de la corriger ou même de la transformer de fond
en comble; le présent et le passé ne les retiennent pour ainsi dire pas: ils
regardent vers l'avenir. Or toute discipline qui regarde vers l'avenir, manque
d'un objet bien déterminé et doit par suite recevoir le nom, non pas de
science, mais d'art" ("La contribution de Montesquieu...", op. cit).
3 Cette distinction, entre l'art et la science constituera toujours le leitmotiv
des introductions de Dürkheim à ses ouvrages. Voir par exemple, "La science
peut prévoir, la politique veut commander" (préface de la Première édition de
la Division du Travail Social) ; " Le sociologue analyse les faits sociaux,
l'homme d'Etat veut les réformer (Deuxième préface à la D.T.S).4, "La science
n'apparaît que quand l'esprit, faisant abstraction de toute préoccupation
pratique, aborde les choses à seule fin de se les représenter" (La Sociologie en
France au XIXème siècle).
4 La "morphologie sociale", descriptive et explicative, étudie la société dans
son aspect extérieur (la population, le territoire,etc...), le substrat social; la
"physiologie sociale" étudie les manifestations vitales des sociétés (les
croyances, les idées morales, les moeurs, les institutions juridiques et
économiques, etc...) Sociologie et Sciences Sociales, 1909.
5 De la Division du Travail Social (DTS), thèse de 1893, Paris, PUF, 1986,
p. 74.
6 DTS, op. cit, p. 101.
7 Jacques Chevalier a noté ce glissement sémantique: "La solidarité apparaît
en effet comme une notion fuyante, insaisissable, rebelle à toute tentative de
clarification conceptuelle. Si l'on entend par là les diverses manifestations

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
230 De la sociabilité à la solidarité

d'interdépendance collective, la solidarité


constitutif du social: il n'y a pas de société,
social, concevable sans conscience d'appart
particularismes individuels; la solidari
sociabilité, à partir du moment où celle-ci de
la résurgence du thème de la solidarité",
républicain ?, CURAPP, PUF, 1992.
8 M. Agulhon, "La sociabilité, la sociologie e
Cercle dans la France bourgeoise (1810-1
sociabilité, Paris, A. Colin, 1977. Voir le
première moitié du XXème siècle : G. Simm
(1918), traduction française, PUF, 1981 e
"Analyse critique de quelques classificatio
Archives de philosophie du droit et de socio
"Essai d'une classification pluraliste des for
sociologiques, série A, Sociologie Généra
Voir aussi les textes de Maurice Agulhon qu
discipline : la préface de 1984 à Pénitents
Provence (essai sur la sociabilité méridionale
société bourgeoise en France, en Allema
Recherches sur la Civilisation, 1986.
9 Voltaire, "Essai sur les moeurs et l'espr
tome X, L. Hachette et Cie., 1866.
10 E. Kant, Métaphysique des moeurs - doct
Vrin, 1985. On lit aussi dans la Critique de
arts et les sciences qui, par un plaisir se com
par la politesse et le raffinement de la socia
meilleur moralement du moins plus civilisé
11 L. S. Mercier, Tableaux de Paris (1782
1989.
12 Voir J. Starobinski, "Le mot civilisation", Le remède dans le mal,
Gallimard, 1989. Ce versant, reliant sociabilités et civilisations, a été
remarquablement repris par N. Elias dans la première moitié du XXème
siècle.
13 Sur la distinction entre "politesse" et "civilité", voir Cl. Haroche, "La
civilité et la politesse: des objets négligés de la sociologie politique", 1992
(sous presse).

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
Ana Montoïa 231

14 Dictionnaire Politi
publié par E. Duclerc
édition.
15 Dürkheim avait de fortes réserves à faire aux économistes, défenseurs de
l'utilité de l'intérêt personnel : "d'abstractions en abstractions il ne leur est
plus resté en main que le triste portrait de l'égoïste en soi" (Cours de Science
Sociale, leçon d'ouverture, 1888).
16 "Le droit est le symbole visible de la solidarité sociale" répétera Dürkheim
dans L'Année Sociologique (1899-1900).
17 Voir P. Ansart, La gestion des passions politiques, L'âge d'homme,
1983.
18 "Je ne viens donc pas vous révéler une doctrine dont une petite école de
sociologistes aurait le secret et le privilège, ni surtout vous proposer des
remèdes tout faits pour guérir nos sociétés modernes des maux dont elles
peuvent souffrir". Cours de Sciences Sociales, leçon d'ouverture de l'année
1887/1888, publiée dans la Revue Internationale de l'enseignement en 1888.
19 D.T.S.,pM. Les idées abstraites ont des difficultés pour pénétrer au plus
profond du psychisme individuel. La représentation, au contraire, "réveille des
images, excite parfois des commencements d'illusions et peut même affecter
jusqu'aux fonctions végétatives; ce retentisssement est d'autant plus
considérable que la représentation est elle-même plus intense, que l'élément
émotionnel est plus développé." (p.64)
20 P.Ansart a souligné l'importance des analyses concernant aussi les
insolidarités. Une "archéologie des insolidarités" à partir du XIXème siècle
pourrait être tracée comme le progrès de l'immoralité, "L'analyse critique des
insolidarités", La solidarité: un sentiment républicain?, Op. cit.
21 Voir D. Cochart, "La solidarité, un sentiment politique ?", La solidarité,
un sentiment républicain ?, op. cit.
22. Th. Ferneuii, "De la division du travail social d'après M. E. Dürkheim",
Revue Politique et Parlementaire, deuxième année, tome IV, avril 1895.
23 E. Dürkheim, D.T.S, op. cit, p.37.
24 Revue Politique et Parlementaire, op. cit
25 "La société n'est pas une simple collection d'individus, mais un être qui a
sa vie, sa conscience, ses intérêts et son histoire", cité par Dürkheim dans le
Cours de Science Sociale, 1888.
26 Cours de Science Sociale, 1888.

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
232 De la sociabilité à la solidarité

27 Les règles de la méthode sociologique


Sociologique), Flammarion, 1988, p.96.

This content downloaded from


143.106.200.117 on Thu, 10 Feb 2022 18:08:00 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms

Vous aimerez peut-être aussi