Vous êtes sur la page 1sur 37

Cours - Soins Infirmiers- La température

08.04.09 Mise à jour le 13.07.09

0Réagir

Imprimer

Envoyer



Cet article fait partie de l'UE :

S2 4.4 Thérapeutiques et contribution au diagnostic


médical
1. Suivant

Définition
Mesure de la température centrale du corps. En France, cette mesure s’exprime en degrés
celsius.

But
Vérifier l’homéothermie, apprécier un éventuel dérèglement, apprécier l’efficacité d’une
thérapeutique. Une hyperthermie est définie par une température centrale supérieure à 38C°.
Une hypothermie par une température inférieure à 35°.

Méthodes non invasives


La mesure de la température centrale doit idéalement refléter celle de l’hypothalamus qui est
le centre régulateur de l’homéothermie. Pour ce faire plusieurs moyens sont à la disposition
des soignants.

Les thermomètres à mercure

S’ils ont gardé la même forme, ils n’utilisent plus ce métal lourd qui est une source de
pollution pour notre environnement et expose les patients à des risques d’intoxications.
Depuis le premier mars 1999, les thermomètres à mercure sont interdits à la vente et ne sont
donc plus présents dans les établissements français.
Thermomètre à mercure

Le principe reste identique avec les thermomètres qui gardent la même forme (le mercure est
remplacé par un mélange étain/gallium/indium). La chaleur provoque une dilatation du
liquide contenu dans un récipient gradué. A l’aide de cette échelle, la valeur de mesure est
obtenue selon l’importance de la dilatation.

Ces thermomètres peuvent être utilisés pour mesurer la température rectale, inguinale,
axillaire et sub-linguale. En plus, pour des raisons d’hygiène, ils peuvent être munis d’étuis à
usage unique.

En rectal : Secouer le thermomètre pour amener la colonne de liquide au plus bas. Demander
au patient de se placer en décubitus latéral, les jambes légèrement repliées. Après avoir vérifié
l’absence de lésion (ulcération, hémorroïdes) introduire la partie évasée du thermomètre dans
le rectum. Après trois minutes, le thermomètre peut être retiré et la mesure lue en plaçant
l’appareil à l’horizontale au niveau des yeux.
Cette méthode nécessite la participation d’un patient coopérant. Chez le patient agité, il est
impératif de rester présent pendant toute la durée de la mesure. Des mouvements intempestifs
pourraient provoquer des lésions et la rupture de l’appareil. Bien que ne contenant pas de
mercure, le thermomètre peut également poser des problèmes toxiques s’ajoutant aux lésions
traumatiques. La méthode de mesure rectale est parfois mal acceptée par les patients, en
particulier en pédiatrie.

En inguinal : L’appareil est simplement placé dans le pli inguinal en écartant les tissus, afin
de lui permettre un maintien atraumatique. Le patient doit être en décubitus dorsal strict et la
mesure peut être relevée après un contact de cinq minutes.

En axillaire : Le thermomètre sera placé dans le creux axillaire et maintenu en position en


ramenant le bras sur l’abdomen. Le temps de contact est estimé à cinq minutes.

Publicité

En sub-lingual : La partie évasée est placée sous la langue et la bouche doit être fermée
pendant cinq minutes avant lecture. Cette technique nécessitant la participation active du
patient, elle ne peut être réalisée chez le sujet inconscient.

Pour ces trois dernières méthodes, il est d’usage d’ajouter 0,5 C° à la valeur obtenue afin
qu’elle soit corrélée à la température centrale.

Les thermomètres électroniques

Pour certains, ils reproduisent la forme classique des thermomètres à mercure. Les sites de
mesure sont les mêmes que pour les modèles classiques. Le principal avantage de ces
nouveaux appareils est constitué par un temps de mesure quasi instantané. En quelques
secondes, le résultat est affiché sur un écran à cristaux liquides. L’utilisation d’un
thermomètre électronique par voie rectale constitue à l’heure actuelle la méthode de référence.

Thermomètre infra-rougeTrès utilisés en ce moment, les thermomètres électroniques


infrarouges permettent de mesurer la température d’une surface. Ils sont donc utilisables aussi
bien sur la peau, qu’au niveau du tympan. L’appareil effectue une série de mesures en moins
d’une seconde et retient le résultat le plus élevé. Lorsque la mesure est effectuée au niveau du
tympan, il faut prendre soin de tirer légèrement l’oreille en arrière en la tenant par le pavillon.
La sonde est alors idéalement pointée vers le tympan. Il faut parfois confirmer une mesure
douteuse ou importante pour l’orientation thérapeutique. En effet, selon l’opérateur et
l’orientation de la sonde des écarts de 0,5C° ne sont pas rares avec cette méthode de mesure.

La température de la membrane tympanique est très proche de celle du liquide dans lequel
baigne l’hypothalamus (centre de thermorégulation de notre corps). Contrairement aux autres
sites de mesures externes, la méthode tympanique est donc celle qui reflète avec le plus de
précision la température centrale du corps (pour peu que la mesure prélevée soit elle-même
fiable).

La thermométrie de l’artère temporale

Toujours à l’aide d’une sonde cutanée infrarouge, il est possible de mesurer la température en
plaçant des capteurs au niveau des artères temporales. Cette méthode récente semble
intéressante en particulier en pédiatrie où elle permet une surveillance continue sans moyens
invasifs.

Par extension, les principes de mesure infrarouge ont été développés pour donner naissance à
de nouveaux produits. Le Termoflash LX-26 est conçu pour effectuer des mesures sans
contact direct avec la peau (5 à 15cm du front). Cette caractéristique est particulièrement
intéressante en matière d’hygiène et de confort pour le patient. Ce dernier ne sera plus
dérangé, même s’il dort, et les risques de transmissions croisées sont prévenus par l’absence
de contact

Les thermomètres à cristaux liquides

Les thermomètres infrarouges possèdent des afficheurs à cristaux liquides. Mais d’autres
modèles utilisent les propriétés des cristaux liquides vis-à-vis de la chaleur pour afficher
directement la température. Ces dispositifs sont souples et se placent sur le front. Différentes
solutions de cristaux liquides réagissent à la chaleur et deviennent apparentes sur une échelle
graduée. Cette méthode est assez peu employée car peu sensible (elle manque de précision).

En pratique
1. La prise de température s’effectue dans un contexte neutre. Le patient ne doit pas avoir
pratiqué une activité intense avant la mesure, l’atmosphère ambiante doit être
tempérée.
2. Attention aux variations physiologiques de la température qui sont à prendre en
compte en fonction des résultats :

 Le nycthémère. La température augmente de 0,5C° entre 6 heures et 15 heures.


 Le sexe. Les femmes ont une température plus élevée de 0,2C° en moyenne.
Température qui varie également en fonction du cycle ovarien. Ainsi elle
augmente de 0,5C° en seconde partie de cycle et en début de grossesse.

 En décubitus et en position assise, la température est inférieure de 0,3 à 0,4C°


par rapport à la position debout.

1. Avec un thermomètre tympanique, effectuer une mesure sur l’oreille opposée permet
souvent de confirmer ou d’infirmer la première mesure.
2. Attention aux sites de mesure en fonction des pathologies. Il paraît évident d’éviter les
mesures tympaniques pour toute intervention céphalique par exemple.
3. Attention aux systèmes électroniques. Ces derniers demandent une maintenance
régulière. Se conformer aux procédures en vigueur dans l’établissement où ils sont
utilisés.
4. Il existe des thermomètres spécifiques pour les basses températures (hypothermies),
dès lors que ces dernières sont inférieures à 35C°.
5. Les mesures sublinguales peuvent être influencées par l’ingestion récente d’aliments
ou de boissons. Il faut donc les réaliser à distance des repas ou de toute ingestion.

Méthodes invasives

Le matériel qui permet les mesures invasives utilise deux principes physiques pour effectuer
des relèvements. La thermistance (la résistance d’un semi conducteur varie selon sa
température) et le thermocouple (un assemblage de métaux crée une différence de potentiel
qui sera proportionnelle à la température). Il importe peu de développer l’aspect technique de
ces principes. Leur avantage majeur étant de permettre une mesure continue in situe. C’est
une caractéristique particulièrement intéressante pour certaines interventions chirurgicales ou
en service de réanimation.

Le matériel se présente soit sous forme de sondes spécialement prévues à cet effet et adaptées
des usages spécifiques (sondes pédiatriques par exemple), soit intégré à des dispositifs
préexistants (sondes urinaires, cathéters...). Un modèle de sonde peut servir à effectuer des
mesures sur différents sites.

Sites de mesure

Nasopharynx

la sonde est posée sur la paroi pharyngée postérieure. Proche de l’hypothalamus, ce site est
diversement apprécié selon les opérateurs. Il expose au risque d’épistaxis et laisse souvent une
grande partie de la sonde apparente et donc sujette à être accrochée accidentellement.

Oesophagien (rétro cardiaque

très fiable pour la température centrale, puisque les gros troncs artériels cardiaques sont en
regard de la sonde. Les variations de température sont donc décelées rapidement. En
revanche, il faut que la sonde soit placée avec précision, ce qui n’est pas toujours aisé. C’est
un des sites les plus utilisés en réanimation.
Rectal : peu adapté, puisque ne reflétant qu’avec une grande inertie la température centrale.
L’intérêt d’une mesure continue étant de déceler rapidement les variations de température, le
site rectal n’est pas adéquat pour ce type de surveillance. Il reste pourtant assez fréquemment
utilisé en réanimation.

Vésical

Certaines sondes vésicales sont équipées de capteurs de température. Comme pour le site
rectal, les valeurs souffrent d’une forte inertie. Elles sont également influencées par la diurèse.
Un débit de 270 ml/h (soit une polyurie) serait nécessaire pour que le délai de réponse soit
optimal. Ses principaux avantages sont de limiter l’utilisation d’autres sondes et d’offrir un
positionnement certain et une mobilité réduite (un plus pour la sécurité).

Intra vasculaire
certains cathéters, par exemple les sondes de Swan-Ganz sont équipées de sondes thermiques.
Ces dernières sont utiles pour déterminer différents débits cardiaques, mais peuvent
logiquement fournir des mesures de température. C’est un site très fiable, dont les
inconvénients majeurs et les complications sont liées à tous les risques afférents aux voies
veineuses centrales.

Références bibliographiques
 Christophe Prudhomme, L’infirmière et les Urgences, Maloine 2003.
 Serge Molliex, Le monitorage de l’opéré, Masson 2003.
 J Mantz, S Lasocki, L Fierobe, Hypothermie accidentelle, Conférences d'actualisation
1997, p. 575-86. Elsevier, Paris et SFAR
 Carine Albaret, Mesure de la température corporelle, la revue Prescrire, dossier
documentaire, 1998.
 Denis Leduc, Sandra Woods, La mesure de la température en pédiatrie, comité de la
pédiatrie communautaire, société canadienne de pédiatrie, février 2006.
 AFSSAPS, Prise en charge de la fièvre chez l’enfant, 17 mars 2005.
http://agmed.sante.gouv.fr/pdf/1/fievre.pdf.
 Sermet-Gaudelus I, Chadelat I, Lenoir G, La mesure de la température en pratique
pédiatrique quotidienne (Température measurement in daily practice), service de
pédiatrie générale, hôpital Necker-Enfants malades, Paris, France.

Fiches n° 1-5 : Mesures de la température


corporelle
30 mai 2012

Quelle est la température corporelle normale ?

La température « centrale » se situe entre 37°C et 37,5°C. Il existe un gradient entre la


température centrale et chaque site « périphérique » de mesure, dont les valeurs normales sont
différentes selon les études. Il existe, en dehors de toute situation pathologique, de multiples
facteurs endogènes et exogènes qui sont susceptibles de faire varier la température corporelle :

 le moment de la journée où elle est prise :+ 0,5°C entre 6 et 18 heures,


 la saison : un peu plus élevée en hiver qu’en été,
 l’âge : l’amplitude de variation au cours de la journée est plus faible, entre 0,2 et
0,3°C,
 le sexe : dans la population féminine, la température est supérieure de 0,2°C en
moyenne à la population masculine, mais elle varie en fonction de l’activité génitale
avec une augmentation d’environ 0,5°C en seconde partie de cycle ainsi qu’en début
de grossesse,
 la position pour la mesure : en position allongée et en position assise, la température
est en générale inférieure de 0,3°C à 0,4°C à celle mesurée en position debout,
 l’alimentation, le stress, l’émotion et la colère seraient capables d’augmenter la
température au maximum de 0,5°C,
 l’ingestion d’alcool peut provoquer des variations dans les deux sens selon le délai
séparant l’ingestion de la prise de température et selon la dose ingérée,
 l’exercice physique qui a tendance à augmenter la température.

Quelle méthode de mesure de la température corporelle utiliser ?

La thermométrie rectale
La thermométrie rectale a toujours été considérée comme la norme pour mesurer la
température mais de nombreuses études récentes en ont révélé certaines limites. La
température rectale change lentement par rapport à la variation de la température interne, et on
a démontré qu’elle demeure élevée bien après que la température interne du patient a
commencé à baisser, et inversement.

Des perforations rectales se sont déjà produites, et sans technique de stérilisation convenable,
la thermométrie rectale peut propager des contaminants souvent contenus dans les selles.

La thermométrie axillaire (au niveau de l’aisselle)


Même s’il est très facile de mesurer la température axillaire (par rapport aux mesures par voie
buccale ou rectale), il est démontré qu’elle procure la plus mauvaise évaluation de la
température interne. Pour prendre ce type de température, il faut placer un thermomètre au
mercure traditionnel bien en place sur l’artère axillaire, et la mesure est très influencée par les
conditions environnementales.

La thermométrie buccale
Le foyer sublingual est aisément accessible et donne la température des artères linguales.
Cependant, la température buccale est facilement influencée par l’ingestion récente d’aliments
ou de boissons et par la respiration par la bouche. Pour mesurer la température buccale, il faut
garder la bouche fermée et la langue abaissée pendant trois à quatre minutes, une tâche
souvent difficile à réaliser.

La thermométrie auriculaire
Le thermomètre auriculaire est d’utilisation facile et présente moins de risques mais il est
moins sensible dans la détection des fièvres.

Plages de température corporelle normale

Méthode utilisée Plage de température normale


Rectale 36,6°C à 38,0°C
Auriculaire 35,8°C à 38,0°C
Buccale 35,5°C à 37,5°C
Méthode utilisée Plage de température normale
Axillaire 34,7°C à 37,3°C

Avantages et inconvénients des différents


sites de prise de la température corporelle
Journal de Pharmacie Clinique. Volume 17, Numéro 4, 201-10, Décembre 1998, Mise au
point

Résumé Summary

Auteur(s) : C. Morena, S. Brandissou, M.


Lauret, .

Résumé : Aujourd’hui, à la faveur de l’obligation de retrait des thermomètres à mercure,


l’ensemble des partenaires de santé s’interroge sur le choix de la solution thermométrique la
plus adéquate. Quel que soit le type de thermométrie envisagé, il est indispensable de
connaître la méthodologie imposée par la voie choisie. La thermométrie rectale, bon reflet des
variations lentes de la température centrale, possède l’avantage de ne pas être influencée par
les facteurs externes. Cependant, les risques infectieux et traumatiques ne peuvent être
négligés, pas plus que le temps consacré à la prise et à la désinfection du matériel. La
température buccale, beaucoup mieux acceptée par les patients, présente un risque infectieux
moindre. Elle reproduit par ailleurs fidèlement la température centrale. Cependant, elle est très
sensible à l’ingestion de boissons et d’aliments, ainsi qu’à la température de l’air ambiant. La
température tympanique peut constituer la méthode de choix, dès lors que le geste est maîtrisé
par le personnel soignant. Cette méthode mesurant la température du tympan, dont le sang
irrigue également l’hypothalamus, centre de la thermorégulation corporelle, donne une valeur
très proche de la température centrale. La thermométrie tympanique est hygiénique, rapide (1
à 2 secondes), atraumatique et convient bien à des malades agités. Enfin, les thermométries
axillaire et frontale doivent être considérées seulement comme des méthodes accessoires en
raison de la fiabilité approximative des valeurs mesurées.

Mots-clés : thermométrie rectale,


thermométrie buccale, thermométrie
tympanique, thermométrie axillaire,
thermométrie frontale.

Illustrations

ARTICLE

En raison de sa fréquence pluriquotidienne et de


sa simplicité apparente, le geste de mesure de la
température corporelle a tendance à être banalisé
par l'ensemble des partenaires de santé. De ce
fait, il ne bénéficie peut-être pas toujours de la
rigueur nécessaire, et rares sont ceux qui
s'interrogent sur la qualité de cette mesure, et par
voie de conséquence sur sa fiabilité. Au-delà, c'est
la technique de prise de la température et le site
de mesure choisis qui ne reçoivent pas l'attention
que requiert la maîtrise d'une discipline telle que
la thermométrie humaine. Les valeurs fournies par
un thermomètre, quel qu'il soit, ne font que
rarement l'objet d'une analyse critique. C'est
essentiellement par méconnaissance des
caractéristiques propres de chacune des voies de
mesure, de leurs avantages et de leurs
inconvénients que des erreurs peuvent être
commises, ou bien que la qualité du thermomètre
peut être, à tort, mise en cause. En France, la
méthode de prédilection repose sur la mesure de
la température par voie rectale à l'aide d'un
thermomètre à mercure. Cette association de la
prise de température rectale et de la
thermométrie à mercure constitue une véritable
tradition, mais également une référence à laquelle
chacun adhère d'autant plus naturellement que la
maîtrise en paraît aisée. Par conséquent, ce mode
de mesure de la température n'étant pas remis en
question, il reste bien souvent le seul envisagé.

Finalement, il aura fallu attendre l'intervention


des Pouvoirs publics et l'obligation de retrait
des thermomètres à mercure dans un but de
Santé publique, pour que de nouveaux sites de
prise de la température et de nouveaux
appareils de mercure soient réellement
évalués.

A la faveur de ces bouleversements, nous nous


proposons de faire une mise au point sur les
sites de mercure de la température les plus
courants, afin de repréciser quelques notions
susceptibles de guider le choix d'une nouvelle
technique thermométrique.

Après quelques rappels généraux concernant la


température du corps humain, nous
présenterons succinctement quelques
techniques invasives de mercure de la
température centrale. Ensuite, les
thermométries rectale, buccale, axillaire,
tympanique et frontale seront successivement
abordées.

Rappels sur la température corporelle

La thermométrie humaine est une science née


du constat de la capacité du corps humain à
maintenir sa température à peu près constante.
Par conséquent, il est nécessaire de mesurer les
variations que peut enregistrer la température
en fonction des situations climatiques ou
pathologiques. Cette propriété de
thermorégulation suppose l'existence de
centres thermorégulateurs permettant
d'équilibrer la production et la perte de
chaleur. Ceux-ci sont à la base de
l'homéothermie, assurée grâce à une régulation
entre les processus de thermogenèse
(notamment au niveau du foie, du cerveau et
des muscles squelettiques) et ceux de la perte
de chaleur ou thermolyse (par évaporation,
radiation et convection).

La température du corps humain est un indice


essentiel qui revèle objectivement l'état de
santé d'un individu. Le plus souvent, elle
permet d'apprécier le degré de gravité d'une
affection, de suivre son évolution et de
surveiller l'efficacité du traitement entrepris.
Pour ce faire, l'idéal serait de mesurer la
température centrale, c'est-à-dire la
température perçue par les récepteurs centraux
hypothalamiques. Or, cela suppose la mise en
œuvre de méthodes de mesure interne via une
sonde thermique dans l'artère pulmonaire, le
bas œsophage ou bien encore dans la vessie.
Ces méthodes sont le plus souvent envisagées
dans le cadre de l'anesthésie réanimation. Dans
la pratique quotidienne des services de
médecine, on recourt aux sites de mesures
externes : rectum, bouche, aisselle et plus
récemment, tympan. Ceux-ci sont en relation
plus ou moins étroite avec la température
centrale en fonction notamment de l'identité
existant entre le sang irriguant ces territoires et
celui qui circule au niveau central.

Par conséquent, les valeurs mesurées devront


être interprétées en fonction du site de prise et
des intervalles de valeurs normales propres à
chacun d'eux (tableau I). En particulier, le
seuil à partir duquel un sujet est considéré
comme fébrile pourra varier considérablement
selon le site de prise.

Les différentes modalités de prise de la


température

Sites de mesure invasifs

Les sites de mesure invasifs utilisent des


méthodes dont la mise en œuvre requiert un
appareillage et des compétences très
spécifiques. Ces mesures invasives sont
indispensables dans les services de
réanimation parce qu'elles sont un reflet
beaucoup plus fidèle de la température
centrale.

La technique la plus précise repose sur la


mesure de la température dans l'artère
pulmonaire à l'aide d'un cathéter à
thermodilution ou cathéter de Swan Ganz®.
Celui-ci est notamment muni d'une sonde
thermique qui fournit la température in situ,
laquelle est lue sur le moniteur de réanimation
parmi les autres paramètres de surveillance du
patient.

La température centrale est également


appréciée par la mesure de la température de la
vessie grâce à une sonde de Foley dite
thermique. Il s'agit d'une sonde vésicale dans
laquelle une thermistance a été insérée.

Le principe est le même pour les sondes


permettant la mesure de la température
œsophagienne. Celles-ci sont cependant
parfois décriées en raison de résultats imprécis
imputables à la ventilation froide du patient.
En outre, il n'est pas rare que la sonde subisse
des changements de position, même mineurs, à
l'origine de variations importantes de la
mesure de la température.

Température rectale

C'est la méthode classiquement utilisée pour la


prise de température en France, en Afrique
francophone et dans les pays scandinaves,
alors qu'elle est seulement une alternative à la
voie orale dans les pays anglo-saxons [1]. Très
simple en apparence, la prise de température
rectale n'en demeure pas moins soumise au
respect d'une méthodologie stricte.

* Rappel anatomique

Le rectum est éloigné des grands axes de la


circulation sanguine qui irriguent les
principaux organes. Son irrigation se fait par
l'intermédiaire des artères hémorroïdales
supérieures, moyennes et inférieures. La
température rectale est ainsi influencée par le
débit moyen du sang qui parcourt le rectum
[2].

* Technique de mesure

La température mesurée dépend, certes, de la


durée de la prise, mais également de la
position ou de la profondeur d'insertion du
thermomètre dans le rectum [1].

Telle qu'elle est généralement pratiquée et


préconisée avec un thermomètre de type
médical (enfoncement de 4 à 5 cm de
profondeur), la température mesurée est plus
souvent une température anale que rectale [3].
D'ailleurs, selon Dubois, la mesure à 3 cm de
profondeur est inférieure de 0,1 à 1 °C à celle
effectuée à 5 cm de la marge anale [4]. Dans
leur étude, Mead et Bonmarito décrivent
également une différence dans la mesure de la
température rectale pouvant aller jusqu'à 1,5
°C selon la position du capteur [5]. En
revanche, Erickson estime que la différence
observée entre une mesure réalisée à 4 cm et
une réalisée à 7,5 cm est tout à fait infime [6].

Toutefois, la plupart des auteurs s'accordent à


penser qu'une mesure correcte de la
température rectale nécessite une insertion du
capteur de température de plusieurs
centimètres dans la cavité rectale, à savoir 7 à
8 cm au moins [1] ! En effet, c'est à ce niveau,
contre la paroi rectale, que la température
atteint sa valeur maximale. Cela implique donc
un bon positionnement du thermomètre pour
une mesure rectale correcte, même s'il paraît
très difficilement envisageable de faire
respecter de telles recommandations.

* Mesure rectale et facteurs de variation

Le rectum est le site de mesure où la


température corporelle est la plus élevée. Bon
reflet de la température centrale, ce site ne
permet pas en revanche de traduire ses
variations rapides [7, 8]. La température
rectale, comme celle de tout le tractus digestif
infragastrique, est supérieure d'environ 0,2 °C
à celle du sang du ventricule droit ou de
l'artère pulmonaire chez des sujets apyrétiques
[9]. Cet écart augmente chez le sujet fébrile
avec d'autant plus d'amplitude que la fièvre est
élevée [10]. Par ailleurs, la chute de
température y est toujours retardée par rapport
aux autres sites de mesure.

Certains auteurs ont avancé l'hypothèse que


cette valeur supérieure de la température était
liée à l'existence d'une fermentation
bactérienne, relativement importante à cet
endroit. Mais la diminution du nombre de
bactéries du rectum, consécutive à une prise
d'antibiotiques ou à une désinfection locale, ne
provoque aucun changement significatif de la
température [11]. Il semble en fait plus
probable que ce surcroît de température soit lié
au rôle du tube digestif dans la thermogenèse,
ainsi qu'à d'importantes variations de flux
sanguin local pouvant entraîner des variations
de plus de 0,5 °C de la température rectale [12,
13].

La température rectale est directement


influencée par un changement du débit sanguin
local, qui est lui-même fonction de la
vasomotricité. Ainsi, la vasoconstriction et la
vasodilatation cutanées ont une influence sur
la température corporelle [13-16]. De même,
tout changement de position provoque une
variation de la température. Une chute de la
température allant de 0,25 °C à 0,63 °C
s'observe en position couchée par rapport à la
position debout [17]. L'émotion, une
stimulation sensorielle forte, sont susceptibles
d'influencer les résultats [14]. La température
rectale s'élève aussi lors d'un effort musculaire
violent, pouvant alors atteindre 40 °C à 41 °C,
alors qu'elle reste relativement inchangée lors
d'un effort modéré [18-20].

Pour une mesure précise de la température


rectale, certaines conditions doivent donc être
respectées :

- distance à la marge anale suffisante, soit au


moins 5 cm,

- durée minimale de la mesure : 3 min avec les


thermomètres à mercure et 30 à 60 s avec les
thermomètres électroniques,

- prise après 15 à 20 min de repos allongé.

* Contre-indications

La prise de la température par voie rectale est


contre-indiquée dans les cas suivants :

- traumatismes, lésions locales (thrombose


hémorroïdaire, rectite, anite, cryptite, abcès,
fistule, fissure anale, ulcération anale, escarres
sévères, rectorragie...),

- diarrhée,

- chirurgie périnéale, anorectale récente,

- patients sous traitement anticoagulant,

- nouveau-nés, jeunes enfants.

* Avantages

L'insertion du thermomètre dans le rectum à


l'abri des déperditions thermiques s'effectue de
façon relativement aisée. Ce site permet de
réaliser une mesure de la température en se
soustrayant à l'influence de facteurs externes,
environnementaux [1, 7]. En effet, une étude
réalisée dans des conditions extrêmes de
température ambiante montre que la
température rectale ne subit aucun changement
significatif, quelle que soit la durée
d'exposition [21].

Une observation identique a été faite après


l'ingestion de boissons et d'aliments, chauds ou
froids [22].

* Inconvénients

Le rectum, qui est éloigné des principales


artères, présente du fait de cette « exclusion
vasculaire », une certaine « inertie thermique »
par rapport aux changements brusques et
rapides de la température sanguine [23]. Ce
phénomène se traduit par un retard
d'équilibration entre les températures rectale et
centrale. Ainsi, le rectum reflète de façon
satisfaisante les variations lentes de la
température corporelle, mais les changements
rapides de la température sanguine ne peuvent
être évalués par une prise rectale [13].
Diverses études ont montré par exemple que
lors de l'installation d'une hypothermie, la
température rectale demeure initialement
supérieure à la température tympanique,
œsophagienne et même buccale [15].

Chez le sujet au repos dans des conditions


thermiques stationnaires, la température
rectale constitue un assez bon reflet de la
température centrale. Par conséquent, pour une
mesure plus précise des fluctuations de la
température, il est préférable d'opter pour un
autre site. En effet, cette grande inertie des
variations thermiques rectales représente un
risque dans certaines situations, notamment
chez les patients fébriles lors de la surveillance
étroite d'une variation thermique.

Les accidents [24-32] sont relativement rares,


mais, lorsqu'ils surviennent, ils sont souvent
graves : ulcérations thermométriques,
hémorragies, perforation rectale, rupture du
thermomètre (enfants, sujets âgés, personnes
agitées...), mauvais placement du thermomètre
et migration dans la vessie ou le recto-
sigmoïde (« avalement rectal » du
thermomètre).
La prise de température rectale est un geste
générateur de contamination par les germes
fécaux. Pauvre dans la première portion du
tractus digestif, la flore digestive devient de
plus en plus importante :

- dans le jéjuno-iléon : germes anaérobies


stricts et aéro-anaérobies ;

- dans l'iléon distal : proportion accrue


d'entérobactéries (Escherishia coli, Proteus,
Klebsiella, Enterobacter, Citrobacter) ;

- dans le cadre colique : une flore commensale


variée et une flore de transit, composée de
staphylocoques, Pseudomonas, salmonelles...
[33].

Par conséquent, même si peu de cas


d'infections nosocomiales ont été
officiellement imputés à la thermométrie
rectale, il est légitime de considérer qu'il existe
un risque potentiel de contamination.
D'ailleurs, l'infection par Enterococcus
faecium vancomycine-résistant décrite par le
Collège médical de Philadelphie aux États-
Unis [34], ainsi que l'épidémie de Salmonella
eimsbuettel survenue dans une maternité de
Glasgow [35] prouvent la possibilité de
transmission par le thermomètre rectal, qu'il
soit électronique ou à mercure. En février
1992, Brooks et al. [36] décrivaient une
contamination similaire de la portion distale de
thermomètres électroniques par Clostridium
difficile, responsable d'une infection
nosocomiale. Ils précisaient également que
l'utilisation de protèges sondes à usage unique
avait permis de réduire de façon significative
le taux de transmission.

Le mécanisme de contamination n'est pas


clairement défini : la colonisation de l'intestin
pourrait se faire par la porte d'entrée anale à
partir d'un thermomètre contaminé. En effet,
les infections croisées dues à des souches de
salmonelles, décrites dans divers services de
pédiatrie, seraient imputables à une mauvaise
décontamination des thermomètres, servant
ainsi de véhicule de transmission à l'agent
pathogène [35, 37, 38].

Le thermomètre, qu'il soit individuel ou


collectif, présente un risque de contamination
tout au long de son circuit : stockage -
distribution avec mise en place éventuelle -
recueil après un certain délai - nettoyage et
désinfection. Ainsi, une étude menée en 1988
à l'hôpital É.-Herriot de Lyon sur
l'environnement immédiat du thermomètre a
révélé la présence de germes variés dans
l'alcool du pot collectif servant au stockage des
thermomètres, mais également au niveau des
étuis et brosses de lavage [39].

La prise rectale entraîne souvent embarras,


gêne tant physique que psychologique, pudeur
(nécessité de se dévêtir « en public »),
inconfort et douleur [40, 41]. Ces points
doivent être appréciés avec la plus grande
attention puisqu'ils peuvent être à l'origine
d'une imprécision, voire d'une erreur de
mesure.

La présence de matières fécales [42] dans


l'ampoule rectale peut intervenir dans le
phénomène d'inertie thermique, et ainsi
diminuer l'exactitude des résultats.

Température buccale

La cavité buccale est le lieu de mesure de la


température le plus utilisé dans le monde, en
particulier dans les pays anglo-saxons, en Inde
et en Afrique anglophone [1]. A priori simple
car facilement accessible, la voie buccale
nécessite cependant quelques précautions et
une méthodologie rigoureuse [7].

* Technique de mesure

On ne devrait pas parler de « la » température


buccale mais bien « des » températures
buccales, car cette température varie
considérablement selon l'endroit de la mesure
[6]. On peut effectivement noter une
différence d'environ 1,7 °C entre la région la
plus froide, la voûte palatine et la zone la plus
chaude, la partie postérieure de la région
sublinguale [43].

Les études effectuées confirment l'existence


d'une heat-pocket (poche de chaleur),
correspondant à l'endroit où la mesure de la
température atteint son maximum. Elle se situe
sous la langue, au niveau de la partie
postérieure du sillon alvéolo-lingual, à la
jonction de la base de la langue et du plancher
buccal, à droite ou à gauche du frein de la
langue. Cette zone, qui est en contact avec
l'artère linguale, correspond donc à l'aire
sublinguale postérieure [44, 45].

C'est la raison pour laquelle l'importance des


variations de la température sur de petites
distances rend indispensable un bon placement
du thermomètre [46]. En revanche, il existe
peu de différence entre une mesure à droite et
à gauche du frein de la langue.

* Mesure buccale et facteurs de variation

Pour s'assurer de l'exactitude de la mesure,


outre le bon positionnement du thermomètre, il
convient également de respecter certaines
précautions. La température sublinguale est en
effet influencée par de nombreux paramètres,
ce qui la rend peu précise. Ces paramètres sont
les suivants :

- ingestion de boissons ou d'aliments chauds


[22, 47-49] ;

- ingestion de boissons ou d'aliments froids


[22, 47, 50] ;

- inhalation de fumée : les avis concernant


l'effet de la cigarette ou du cigare sur la
température sublinguale sont relativement
partagés, même si une majorité d'auteurs
estiment préférable de ne pas fumer avant la
prise buccale de la température [22, 47, 48, 51,
52] ;

- hyperventilation ou polypnée [14, 20] :


l'hyperventilation constitue un mécanisme
physiologique de perte de chaleur par
évaporation au niveau du corps. Au niveau
buccal, elle a pour conséquence un effet
rafraîchissant. Zehner explique qu'une
élévation de la fréquence respiratoire
s'accompagne d'une augmentation du
métabolisme basal, responsable d'une
réduction de la température orale [21]. En
outre, en présence d'une polypnée, la cavité
buccale peut donner une valeur faussée de la
température, donc éventuellement masquer
une fièvre [53] ;

- inflammation locale : en cas d'inflammation


buccale, il est recommandé d'abandonner la
mesure orale de la température. En effet, la
modification de la vasomotricité locale est à
l'origine d'une perturbation des résultats de la
température [54] ;

- température ambiante : pour Sellars et Yoder,


une température extérieure comprise entre 19
°C et 38 °C semble sans influence sur les
températures orale et rectale [55]. En
revanche, pour Zehner [21, 56], lorsque la
température ambiante est inférieure à 18 °C ou
supérieure à 35 °C, l'air inhalé peut modifier la
température buccale avant même toute
modification de la température centrale.

Il est donc recommandé au patient durant les


20 à 30 min qui précèdent la prise buccale :

- de ne pas absorber de boissons ou d'aliments


chauds ou froids,

- de ne pas faire d'exercice physique, d'être au


calme,

- de ne pas appliquer localement de chaud ou


de froid,

- de ne pas prendre de bain ou de douche,

- de ne pas fumer.

En résumé, la température buccale doit être


prise :

- au pied du frein de la langue, indifféremment


du côté gauche ou droit,

- la bouche fermée, pour éviter les échanges


avec l'air extérieur,

- pendant une durée de 3 min avec un


thermomètre à mercure, de 30 s avec un
appareil électronique et de 60 s avec un
thermomètre chimique à usage unique.

* Contre-indications

La prise de température par voie orale


comporte relativement peu de contre-
indications. Cependant, il conviendra d'éviter
les situations suivantes :

- inflammation importante de la cavité


buccale, ulcération du plancher buccal,

- déboîtement de la mâchoire,

- polypnée importante,

- incapacité de coopérer, patients inconscients,

- risque de morsure du thermomètre,

- nouveau-nés, jeunes enfants, personnes âgées


(qui souvent repoussent de la langue le
thermomètre mis dans la bouche).

* Avantages

Le site d'accès est facile, pratique, la mesure


de température est fiable dans la mesure où les
conditions de prise sont respectées. Par
ailleurs, la température buccale est un reflet
satisfaisant des variations de la température
centrale, que celles-ci soient rapides ou lentes
[14, 15, 57, 58]. Enfin, cette technique
engendre peu de problèmes d'hygiène, et elle
est relativement bien acceptée par les patients.

* Inconvénients

Son isolement relatif par rapport à


l'environnement rend la température buccale
très sensible à l'influence de nombreux
facteurs externes et internes. Pour s'en
affranchir, il sera nécessaire d'utiliser une
méthodologie adaptée (position du
thermomètre et durée de la prise), et d'éduquer
le personnel soignant et les patients.

Cependant, cette méthode génère toujours de


l'inconfort avec nausées, hypersalivation chez
certains patients.

Enfin, les risques d'accidents (de l'ulcération


du plancher buccal au bris du thermomètre
dans la bouche) ne doivent pas être négligés.

Température axillaire

Cette technique est largement utilisée,


notamment en Europe continentale, en Russie
et en Amérique du Sud [1], mais également en
France, tout particulièrement dans les services
de néonatalogie.

* Technique de mesure

Le relevé de la température au niveau du creux


axillaire s'effectue en plaçant l'extrémité du
thermomètre au niveau de l'aisselle au passage
de l'artère axillaire. Le bras doit être gardé
fermement pressé contre la poitrine, afin de
maintenir le thermomètre en contact avec la
peau et de réduire l'influence de la température
ambiante.

Tous les auteurs s'accordent à dire que le


temps de mesure est plus long que pour les
autres sites de prise de la température et que
les valeurs obtenues sont inférieures. En effet,
on estime que 10 à 15 min sont généralement
nécessaires pour obtenir un équilibre
thermique [59, 60].

* Facteurs de variation

La prise de température axillaire est très


fortement sujette à variation. Elle dépend de
nombreux paramètres, comme le
positionnement du thermomètre, la qualité du
contact, la morphologie du creux axillaire, la
température ambiante, ou encore la
transpiration du sujet [61, 62]. La forme du
creux axillaire peut influencer la mesure,
notamment chez les sujets maigres où elle peut
être faussée [7].

De nombreuses différences inter- et intra-


individuelles existent selon la durée de la
mesure. Une étude portant sur 46 adultes
volontaires sains a montré effectivement qu'en
réalisant la mesure en 20 min plutôt qu'en 10,
les résultats étaient supérieurs de 0,2 °C [63].
Le résultat dépend donc étroitement de la
durée de la mesure.

La littérature internationale contient autant


d'études comparatives que de conclusions
divergentes. Selon certains auteurs, il existe
une corrélation entre la température axillaire et
la température rectale d'une part, et la
température buccale d'autre part, permettant
son utilisation dans l'estimation de la
température corporelle [64-71]. Shann pense
également que la température axillaire peut
être mesurée à tout âge en toute sécurité et
qu'elle constitue une bonne indication de la
température rectale, après ajout de 1 °C. Il
précise toutefois que cette corrélation est
valable à partir de l'âge d'un mois [72].

Par contre, pour la majorité des auteurs, cette


corrélation n'existe pas, du fait d'une trop
grande variabilité [73-77] (figure 1). Morley
trouve effectivement une grande différence
entre les températures axillaire et rectale,
pouvant aller jusqu'à 3 °C. Selon lui, il est
donc tout à fait impossible de convertir la
température axillaire en température rectale,
ou réciproquement. Il ajoute même que
l'utilisation de la prise axillaire chez des
nouveau-nés fébriles pourrait ne pas détecter
de fièvre dans 25 % des cas, ce qui l'amène à
qualifier cette méthode d'imprécise [78]. Par
son étude, Ogren met également l'accent sur le
fait que la température axillaire présente une
trop forte incidence de faux résultats négatifs,
pour être le reflet objectif de la température
corporelle [79].

Des différences droite-gauche pouvant aller


jusqu'à 1,4 °C ont également été évoquées
chez le sujet sain [80].

* Avantages et inconvénients

La température axillaire présente l'avantage de


ne pas exposer (ou de façon limitée) aux
risques évoqués pour les voies rectale et
buccale, risques infectieux et traumatiques
essentiellement [2]. En revanche, conséquence
d'un mauvais reflet de la température centrale,
son usage est le plus souvent réservé au
nouveau-né, les voies rectale, buccale et
auriculaire étant d'une utilisation délicate à cet
âge. Mais cette prise nécessite des conditions
d'utilisation rigoureuses et très précises
rarement observées dans la pratique, en
particulier le maintien de la position optimale
pendant au minimum 10 min. Elle demande
donc la collaboration du sujet, ou la
participation d'un tiers.

Finalement, les avis de la majorité des auteurs


s'accordent à affirmer qu'il est fortement
déconseillé d'utiliser cette voie pour mesurer la
température corporelle, hormis chez certains
sujets tels que les nourrissons notamment.

Température tympanique

* Principe

La thermométrie tympanique est basée sur le


principe que tout objet dont la température est
supérieure à 0 degré Kelvin émet des
radiations infrarouges. Le tympan émet donc
un flux radiant détectable dans l'infrarouge.
Ces radiations infrarouges émises par la
chaleur de la membrane tympanique sont
captées par un transducteur, puis converties en
température, exprimée en degrés Celsius ou
Fahrenheit. La détection de ce flux et son
analyse quantitative permettent de mesurer la
température de la membrane tympanique, sans
contact direct avec le tympan.

L'utilisation du thermomètre infrarouge permet


donc de mesurer immédiatement la
température centrale et ses variations par
application d'une sonde directionnelle
atraumatique dans le canal auditif des patients
[81]. En effet, on considère que le tympan et
l'hypothalamus, centre de la thermorégulation
corporelle, sont irrigués par le même sang
artériel [82]. Plus précisément, l'hypothalamus
reçoit le sang de l'artère cérébrale antérieure,
qui est une branche de la carotide interne. Le
canal auditif et la membrane tympanique sont
irrigués par le sang d'artères issues de la
carotide externe.

La thermométrie tympanique est donc une


mesure de la température en temps réel,
indiquant une très bonne image de l'état
thermique du moment pour un patient donné.

De plus, dans la mesure où le site tympanique


permet de réduire considérablement l'influence
des facteurs d'imprécision dus à la technique
de prise dans les sites périphériques (axillaire,
rectal, buccal, frontal), les résultats obtenus
avec cette méthode semblent être plus précis.

* Technique de mesure

La prise auriculaire de la température


s'effectue à l'aide d'un appareil constitué d'une
sonde à infrarouge, que l'on introduit dans le
canal auditif externe, préalablement recouverte
d'un couvre-sonde jetable.

La maîtrise de la technique de prise est sans le


moindre doute essentielle à l'obtention d'une
température précise. Non seulement la sonde
du thermomètre doit être rapprochée de la
partie la plus chaude du conduit auditif
externe, à savoir le tympan, mais l'angle de
prise est tout aussi important. Le conduit
auditif a un gradient de température : la plus
haute température est proche de la membrane
tympanique, et la plus basse se situe à l'entrée
du canal (figure 2). Ainsi, dans la mesure où le
thermomètre tympanique n'est pas en contact
direct avec le tympan, mais seulement orienté
vers ce dernier, une mauvaise direction de la
sonde peut causer une fausse estimation de la
température [83].
Dans un souci de précision et de qualité de la
mesure de température, il est donc
indispensable que chaque utilisateur soit
suffisamment informé et formé à la technique
de prise de température avec un tel appareil.

Dans son étude, Grosjean confirme la


nécessité d'une formation correcte des
opérateurs. Selon lui, l'augmentation du
nombre de prises de température avec un
thermomètre tympanique permet une
amélioration des résultats relevés : c'est l'effet
d'apprentissage. Par ailleurs, il souligne le
danger de l'instauration de l'habitude. Il
emploie alors le terme d'effet de
désapprentissage ou effet d'érosion, qui se
traduit par l'automatisation du geste associée à
l'oubli de sa fonction [31].

Pransky recommande lors des premières


utilisations d'effectuer 2 ou 3 mesures par
patient et de ne retenir que la valeur la plus
élevée [83].

On mesure bien à quel point il est essentiel de


rappeler que la simplicité de certains gestes,
comme la prise de température, ne doit pas
entraîner leur banalisation.

En outre, une différence de température d'une


oreille à l'autre est fréquemment observée,
provoquant de nombreuses interrogations
quant à la précision et à la fiabilité du
thermomètre tympanique. La corrélation des
valeurs thermiques entre les deux oreilles se
situe entre 95 et 97 %, en raison d'un système
vasculaire un peu différent entre droite et
gauche. Une différence de 0,2 à 0,3 °C n'est
pas « médicalement significative » et peut être
considérée comme normale et acceptable [84].
Il est alors possible d'effectuer une mesure
dans chaque oreille et de ne retenir que le
chiffre le plus élevé. Toutefois, si un écart
important existe pour un patient donné, une
mauvaise utilisation de l'appareil est alors à
rechercher (angle de prise, positionnement de
la sonde...).
* Mesure tympanique et facteurs de variation

De nombreuses études comparatives ont


montré l'excellente corrélation entre les
valeurs de la température tympanique et les
mesures « internes » prises au niveau de
l'œsophage ou de l'artère pulmonaire (figure
1).

Milewski et al. [85] ont comparé les


températures tympaniques et rectales à la
température de l'artère pulmonaire, considérée
comme référence, prise à l'aide d'un cathéter
de type Swan Ganz® placé in situ. Chez les
sujets adultes, les températures tympaniques et
rectales présentaient une bonne corrélation
avec la température de l'artère pulmonaire.

Les résultats de l'étude de Shinozaki [86]


montrent quant à eux que les mesures réalisées
avec un thermomètre tympanique sont près
proches de la température centrale, avec un
coefficient de corrélation de 0,98.

Enfin, une étude menée en situation


d'hyperthermie par chauffage en circulation
extracorporelle montre que la température
tympanique suit de façon très superposable les
variations de la température de l'artère
pulmonaire alors que la température rectale
fluctue de manière importante [87] (figure 3).

L'effet draw-down est susceptible d'être à


l'origine de la mesure de températures
anormalement basses. Il repose sur le
phénomène physique suivant : lorsque deux
objets ayant une température différente entrent
en contact (comme le conduit auditif et
l'ensemble sonde/couvre-sonde), l'objet le plus
froid (sonde/couvre-sonde) se réchauffe au
contact du plus chaud (conduit auditif), dont la
température ne peut que baisser.
Immédiatement après l'insertion du capteur
dans le canal auditif, la différence de
température entre le capteur froid et la surface
du canal commence à diminuer en établissant
un équilibre par échange d'énergie de l'oreille
au capteur. La chaleur transmise par le canal
auditif à chaque prise de température à moins
de 2 min d'intervalle peut causer des lectures
séquentiellement de plus en plus basses. Pour
éviter ce phénomène, il est recommandé de
changer d'oreille pour effectuer une seconde
prise immédiatement, ou d'attendre 2 min pour
effectuer la prise dans la même oreille.

La température ambiante influence la


température tympanique, de sorte qu'il faut
attendre de 5 à 20 min avant de prendre la
température d'un sujet exposé à de faibles ou
de fortes températures [21]. De même,
l'exposition des nouveau-nés dans un
environnement contrôlé, tel qu'un incubateur
ou une lampe chauffante, est susceptible
d'affecter la température tympanique. Dans ces
situations, il est recommandé de prendre la
température dans l'oreille située contre
l'oreiller ou le lit, afin de minimiser l'effet
artificiel de réchauffement de l'incubateur ou
de la lampe. D'autre part, certains laboratoires
conseillent de respecter un délai de 45 min
après une exposition brutale ou prolongée du
thermomètre à une source ou à un courant d'air
froid ou chaud.

Le cérumen, perméable à l'énergie infrarouge,


n'affecte pas la mesure de la température
tympanique [88]. En revanche, ce sont les
particules et la poussière qu'il retient qui
risquent de diminuer les résultats de quelques
dixièmes de degrés Celsius, en ne laissant pas
passer les radiations infrarouges. Dans ces
conditions, un bouchon de cérumen peut
abaisser la température de 0,3 °C [89].

De nombreuses études ont été réalisées pour


évaluer l'effet d'une otite moyenne sur la
mesure de la température tympanique. Weir et
Weir [90] ont observé que les différences entre
oreille infectée et oreille non infectée (de
l'ordre de 0,1 °C) étaient suffisamment faibles
pour ne pas altérer l'interprétation de la
température.

Dans une étude similaire portant sur des


enfants, Kenney et al. [91] sont parvenus
également à la conclusion que les températures
tympaniques n'étaient pas affectées par une
infection auriculaire.

De même, au cours d'un essai clinique sur 251


enfants âgés de 0 à 43 mois, l'influence d'une
otite moyenne aiguë sur la relation entre les
températures rectale et tympanique a été
examinée. Les températures bilatérales ont été
mesurées par du personnel n'ayant pas
connaissance de l'existence d'une otite
moyenne. Les résultats n'ont pas montré de
différence significative entre les oreilles
infectées (38,1 °C ± 1 °C) et celles non
infectées (38,0 °C ± 1 °C) [92].

Par ailleurs, Kelly et al. [89] précisent que les


oreilles infectées ne présentant aucune
sécrétion ont une température très proche de
celle mesurée dans une oreille saine, dans la
bouche ou le rectum. En revanche, dans les
oreilles infectées présentant une sécrétion, la
température est plus élevée. Cette différence
est toutefois d'une signification clinique
minime et n'affecte pas, selon eux, l'exactitude
d'une telle méthode [89].

De nombreuses études ont été réalisées afin


d'évaluer la fiabilité de la prise de température
tympanique chez des enfants de divers âges.
Chez l'enfant, la mesure tympanique atteint
une précision maximale après 5 ans ; la
corrélation avec une mesure centrale atteint
alors 94 à 98 % [93].

La difficulté d'obtenir des mesures de


température précises chez les jeunes enfants
peut être expliquée par l'étroitesse du canal
auditif. En effet, la sonde du thermomètre
mesure environ 7 à 8 mm de diamètre et vient
se poser sur un conduit auditif de 4 à 5 mm
[94]. Comme cela a déjà été précisé, un
mauvais positionnement de la sonde entraîne
une mauvaise orientation de cette dernière, qui
se traduit par des mesures de température
anormalement basses [95-97]. En fait,
nombreux sont les auteurs à estimer que la
température tympanique n'est pas
suffisamment fiable et précise pour être
utilisée en pédiatrie [98]. Selon Nypaver, avec
une telle méthode, 30 % des enfants fébriles
sont déclarés apyrétiques [99]. Au cours de
fortes fièvres, ces chiffres diminuent encore
plus. Ainsi, Jaffe trouve dans son étude une
sensibilité de détection de fièvres basses de 76
% contre 57 % lors de fièvres élevées [100].
Selfridge confirme également le manque de
fiabilité dans la recherche de fièvre chez les
nouveau-nés de 3 mois et moins [101]. Chez
des nourrissons âgés de 36 mois maximum, 66
% des mesures sont divergentes de 0,3 °C
entre la température tympanique et rectale et
35 % montrent une différence de 0,6 °C [102].

* Contre-indications

La mesure tympanique de la température est


déconseillée lorsqu'il existe une pathologie
majeure de l'oreille (otorrhée ou otorragie),
une obstruction du conduit auditif ou un
écoulement auriculaire (sang, pus, liquide
céphalorachidien...) [31, 83]. Il conviendra
d'être très prudent chez les enfants porteurs
d'aérateurs transtympaniques (yoyo) dans la
première semaine postopératoire (douleur,
gêne postopératoire). Enfin, les contre-
indications concerneront la chirurgie
auriculaire récente et toute blessure à la tête en
cas d'avis médical défavorable.

En ce qui concerne les patients sourds, il ne


semble pas exister de travaux supportés par
une méthodologie suffisamment irréprochable
pour servir de référence. Finalement,
l'utilisateur potentiel en est réduit à une
appréciation critique des résultats sous-tendus
par les données que proposent les laboratoires.
Ces données sont les suivantes :

- les sujets victimes de traumatismes ou


porteurs d'importantes cicatrices ayant causé la
surdité peuvent poser des problèmes,

- la surdité consécutive à des dommages


nerveux ne devrait pas provoquer de mesures
inexactes de la température,

- l'absence de membrane tympanique ainsi que


la présence de cicatrices importantes situées
sur la fin du conduit auditif semblent
responsables de mesures par défaut de la
température.

* Avantages

Ils sont nombreux et concernent des domaines


très divers :

- méthode rapide (prise de température en


quelques secondes) ;

- méthode facile (après maîtrise de la


technique) ;

- méthode non invasive, atraumatique ;

- méthode hygiénique : cette technique permet


de limiter au maximum les risques de
contamination grâce à l'absence de contact
avec les muqueuses. Le faible potentiel de
contamination est un réel avantage de la
thermométrie tympanique. L'utilisation de
couvre-sondes jetables élimine effectivement
le risque de contaminations, qui sont associées
au nettoyage et à la décontamination des
thermomètres à mercure ou électroniques. Le
canal auditif externe semble par ailleurs moins
susceptible de contaminer les thermomètres
que le rectum ;

- reflet précis et temps réel de la température


centrale ;

- absence d'influence de facteurs externes : les


mesures de la température tympanique sont à
l'abri des variations de température dues à
l'ingestion de liquides ou d'aliments, chauds ou
froids, à la fumée, à la respiration [22] ;

- meilleure acceptabilité par le patient :


Alexander et Kelly ont mené une enquête pour
juger du comportement des enfants face à la
thermométrie tympanique. Leur attitude a
clairement montré une préférence pour une
prise auriculaire de la température. De plus, ils
ont cherché à recueillir les impressions des
parents et du personnel soignant concernant
cette nouvelle technologie. Ces derniers ont
apprécié la thermométrie tympanique en
termes de rapidité, facilité, hygiène et sécurité.
Toutefois, ils ont exprimé une certaine
méfiance quant à la précision de cette méthode
comparée à la technique traditionnelle de prise
de la température [103] ;

- utilisation possible chez des patients intubés,


inconscients...

* Inconvénients

D'un point de vue technique, si le nécessaire


changement d'habitude est bien perçu par le
personnel soignant d'une part, et si, d'autre
part, du temps est consacré à la compréhension
de la technique et à l'utilisation des
thermomètres, il ne subsiste plus guère de
problèmes, selon le message véhiculé par les
fournisseurs. Malheureusement, sur le terrain,
il est parfois difficile d'obtenir l'adhésion
d'utilisateurs, habitués à une thermométrie
simple dont ils estiment, à tort ou à raison,
maîtriser le procédé.

En outre, la reproductibilité et la fiabilité


demeurent controversées chez les jeunes
enfants. Enfin, le dernier inconvénient des
thermomètres tympaniques, mais non le
moindre, réside dans leur prix élevé (de 1 500
à 3 500 francs environ par appareil), auquel
doit être ajouté le prix du consommable (de
l'ordre de 0,30 franc par couvre-sonde à usage
unique).

Température cutanée frontale

De tout temps, le front a été utilisé comme


reflet de la température corporelle. Hippocrate,
qui ne disposait à l'époque d'aucun autre
moyen de mesure que la palpation, utilisait sa
propre main pour apprécier la température et
reconnaître si le malade était ou non fiévreux.

Étant donné les résultats de diverses études, on


estime aujourd'hui que la recherche d'une
fièvre en posant la main sur le front est une
méthode relativement peu fiable [104]. Cette
méthode empirique demeure une appréciation
très subjective de la température. En effet,
d'après une étude de Bergeson et Steinfield, 42
% des sujets estimés fébriles se révèlent
apyrétiques tandis que 1,8 % des sujets sains
sont supposés fébriles [105]. En considérant
38,2 °C comme seuil de la fièvre, la mesure de
la température frontale ne permet de
diagnostiquer que 40 % des sujets fébriles [1].
Si les mères, en posant la main sur le front de
leurs enfants, dépistent un peu mieux la
présence d'une fièvre que le personnel
infirmier, le nombre de faux résultats positifs
qu'elles obtiennent est également plus
important [106]. Peu sensible et peu précise,
cette technique de prise de la température est
très certainement la plus controversée. Elle
bénéficie toutefois d'un regain d'intérêt depuis
la commercialisation des thermomètres à
cristaux liquides, notamment chez les enfants.

Pour Master, il existe une corrélation correcte


entre la température frontale et la température
buccale [107]. Cependant, pour la plupart des
auteurs, l'estimation de la température
corporelle par la mesure frontale est jugée
inacceptable du fait de nombreuses variations
[85, 108-111]. En effet, les résultats obtenus
dépendent plus des conditions circulatoires
locales et de la vasomotricité que du
métabolisme général [112, 113].

Les facteurs externes comme les variations


thermiques de l'environnement, un courant
d'air, une source de chaleur externe
rayonnante, ainsi que la transpiration du sujet
sont susceptibles d'en modifier les résultats [9,
108]. La peau est le site d'une
thermorégulation permanente avec des
adaptations au cours de la journée, surtout en
fonction de la température ambiante.
Finalement, il semble légitime de considérer le
thermomètre frontal plutôt comme un
indicateur de température dont les
informations doivent être vérifiées devant le
moindre doute par une technique plus sûre.

CONCLUSION

A l'hôpital, la coopération active des patients


n'est pas toujours possible. En outre, la
multiplication des tâches dans les services de
soins doit conduire à opter pour des solutions
tout à la fois rapides, sûres et sans danger tant
pour les malades que pour le personnel
soignant.

Ces différents arguments pourraient plaider en


faveur de la thermométrie tympanique en tant
que technique de mesure de première intention
chez l'enfant de plus de 5 ans et l'adulte.
Toutefois, nombreux sont les individus et les
situations pour lesquels la voie auriculaire n'est
pas envisageable. C'est pourquoi il paraît
souhaitable de disposer de deux types de
thermomètres permettant d'offrir une
alternative à l'une ou l'autre des techniques
thermométriques au gré de leurs contre-
indications. Ainsi, grâce à leurs possibilités de
prise aussi bien au niveau rectal, buccal
qu'axillaire, les thermomètres électroniques ou
les thermomètres au Galinstan® méritent de
figurer dans l'arsenal thermométrique
hospitalier.

Méthode de prise de température en utilisant le thermomètre médical


électronique
Durée de la Température
Mode Technique Rectification
mesure moyenne
 Lubrifier la sonde
avec de la vaseline
pour faciliter son
Entre 30 et Température
introduction.
Rectale 60 secondes moyenne rectale + 0 °C
 Enfoncer doucement
environ : 37,0 °C
la sonde d'environ 2 à
3 cm dans le rectum

 Placer la sonde sous la


langue à côté de la
base langue en
Température
assurant un bon Entre 45 et
moyenne Ajouter
Buccale contact. 90 secondes
buccale : 36,6 + 0,4 °C
 Bien renfermer la environ
°C
bouche et respirer
doucement par le nez
 Essuyer l'aisselle avec
une serviette sèche.
Entre 60 et Température
 Caler la sonde bien au
120 moyenne Ajouter
Axillaire milieu du creux de
secondes axillaire : 36,1 + 0,9 °C
l'aisselle, et plaquer le
environ °C
bras contre le thorax.

Nom : Prénom : DN :
Mois
Jours du mois
37°7

37°6

37°5

37°4

37°3

37°2

37°1
Températ
ure 37°
matinale 36°9

36°8

36°7

36°6

36°5

36°4

36°3
0 0 0 0 0 0 0 0 0 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 3 3 3 3 3 3 3 3 3
Jours du cycle 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Règles ou
++
saigneme +
nts ++
génitaux
+
Rapports
sexuels
Remarques

Courbe ménothermique
ou la courbe de température au cours du cycle menstruel

 Intérêt de la courbe thermique :


o L'étude de la courbe thermique est basée sur l'effet hyperthermiant de la
progestérone sécrétée par le corps jaune en deuxième moitié du cycle
menstruel. En effet, la progestérone provoque un décalage thermique en
modifiant le métabolisme de la norépinéphrine qui va à son tour agir sur les
centres hypothalamiques thermorégulateurs ce qui aboutit à l'augmentation de
la température basale corporelle.
o Le but de l'établissemnt de la courbe thermique est d'apprécier
 si la femme ovule et comment,
 de connaître la date de l'ovulation et
 de compter le nombre de jours du plateau thermique.
 de déterminer la période de fécondité féminine : elle est comprise dans
les trois jours qui précédent le décalage thermique et le premier jour de
ce décalage.
 de préciser la date exacte où doivent avoir lieu certaines explorations
dans le cadre du bilan stérilité :
 le test post-coïtal (test de Hüner) en période immédiatement
avant l'ovulation ;
 la biopsie de l'endomètre au 6ème - 7ème jour du plateau
thermique.

 Interprétation :
o Dans un cycle ovulatoire normal :
 pendant les jours qui suivent les règles la température basale se
maintient autours de 36,5° C ; mais en effet, il n'existe pas de degré
normal de température basale, chaque femme a sa température de base
 le décalage thermique survient vers le 14 ème jour du cycle, c'est une
augmentation de la température basale de 3 à 5 dixièmes de degré, elle
survient brusquement (ou, dans certains cas, en quelques jours)
 la température va se maintenir élevée pendant une durée supérieure à
11 jours (12 à 14 jours) formant ce que l'on appelle le plateau
thermique.
 la température s'abaisse la veille, le jours des règles ou peu après et
atteindre de nouveau son niveau basale d'avant le plateau thermique.
 théoriquement, le nadir ou le jour le plus bas de la courbe de
température (que l'on observe juste avant le décalage thermique)
correspond à l'ovulation . Mais les études approfondies
(échographie et dosage de LH) montrent que le dernier jour de
température basse ou le premier jour du début du plateau thermique ne
correspond pas toujours à l'ovulation qui peut survenir dans une
fourchette comprise entre 5 jours avant ou 4 jours après ce point.
o En cas de grossesse débutante on constate :
 un retard de règles associé à
 un plateau thermique qui se prolonge au delà de 16 jours.
o Dysovulation (ovulation anormale) si :
 montée thermique tardive ou lente ;
 et / ou si la durée du plateau thermique est courte
 mais il existe des courbe thermique biphasique malgré un corps jaune
défaillant
o Anovulation (absence d'ovulation) :
 pas de décalage thermique.

 Recommandations pour l'établissement d'une courbe de température au cours


des cycles menstruels :
o Prendre la température
 dès le premier jour des règles, car en effet, le cycle menstruel débute le
premier jour des règles
 tous les jours du cycle même pendant les règles et les saignements par
voie génitale
 toujours, de la même manière, c'est-à-dire par la même voie (rectale,
vaginale, buccale ou axillaire) ;
 pendant 3 minutes au moins (si vous utilisez un thermomètre médical
électronique, consultez cette page) ;
 avec un thermomètre médical, toujours le même ;
 le matin, dès le réveil, avant toute activité donc avant même de poser le
pied à terre ;
 si possible à heure fixe ;
o En utilisant des abréviations à votre choix, noter au jour le jour, l'apparition
éventuelle au cours du cycle de
 douleurs abdominales ;
 douleurs ou tensions de seins ;
 d'hémorragies par voie génitale ;
 de pertes blanches ;
 de traitements éventuels.
 ou autres éléments (traitement hormonal, maladie fébrile...)
o Utiliser une nouvelle fiche à chaque nouveau cycle (cliquez ici pour obtenir
une feuille de température imprimable).

o Pages traitant le sujet de cycle menstruel :


 L'endomètre et ses modifications au cours du cycle menstruel.
 Calculette de la période féconde (période de fécondabilité) au cours des
cycles menstruels.

Vous aimerez peut-être aussi