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Concertation Terrasses éphémères

Collectif Riverains Saint-Martin Vinaigriers Magenta

Qui sommes nous :


Un groupement de riverains né au printemps 2020, suite à la mise en place des terrasses éphémères (TE). Si
notre collectif est résolument apolitique, nous sommes néanmoins nombreux (Paris 10 oblige,
sociologiquement) à avoir voté pour la majorité actuelle, en 2014 comme en 2020. Très peu d’entre nous sont
motorisés. Certains d’entre nous mangent bio. Et nous apprécions tous un verre ou un dîner en terrasse aux
beaux jours.
Nous le précisons afin de dissiper un éventuel malentendu : notre engagement concerne notre cadre
de vie, notre santé, celle de nos enfants, et n’est pas mû par une volonté politicienne : ni pour ni contre
tel ou tel parti, juste pour la défense du droit à vivre sans boules quiès. Nous comptons même des militants
actifs de gauche dans nos rangs et sommes disposés à vous rencontrer pour vous en convaincre et vous
apporter tous les gages nécessaires en ce sens sur nos adhérents (tribunes, interviews ou articles de
journaux...).

Constat :
Le déconfinement du printemps dernier s’est accompagné de la mise en place des TE, encadrées par une
charte assez claire et dont les dispositions auraient dû suffire à +/- encadrer le phénomène et assurer une
cohabitation possible avec les riverains.
Malheureusement, comme les autres collectifs et associations consultées, nous avons pu constater qu’aucune
des dispositions, ou presque, de la charte, n’ont été respectées : dimensions hors normes (par ex, au 100
faubourg St Martin / 63-65 rue des Vinaigriers, où elle occupait la totalité de la chaussée soit plus de 100m2
dans une rue étroite). Plus loin, la TE du 50 rue des Vinaigriers occupait des places livraisons sous les fenêtres
d’un logement en RDC. Au 34, circulation piétonne impossible sans marcher sur la chaussée. Au coin Château
d’eau / rue Bouchardon, impossible de circuler sur le trottoir, entièrement occupé par les TE des bars etc. Ce
ne sont là que quelques exemples.
AUCUNE des terrasses du quartier n’a jamais fermé à 22h comme prévu.
Ces manquements (emprise, hauteur non réglementaire, horaires d’ouverture…) ont été signalés par tous les
moyens et nous sommes plusieurs à avoir à la fois :
● Alerté par email nos élus, locaux (Paris 10) comme centraux (ville de Paris)
● Contacté la police
● Signalé des dizaines de fois ces terrasses sur Dans Ma Rue, auprès de @parisjecoute sur Twitter et
au 3975
Rien n’a eu d’effet, et seul le reconfinement a pu avoir un effet “positif” sur nos vies, en nous permettant de
retrouver un peu de calme et surtout de sommeil.

Nous déplorons d’abord que ce constat, partagé par tous les habitants, n’ait pas été reconnu par la
mairie, même au cours de la concertation. Les TE n’ont pas donné lieu à “quelques débordements
circonscrits” mais à des débordements / non-respect de votre charte systématiques, et en apparence sous le
regard bienveillant de la ville.
Il eut été bon, pour permettre des échanges apaisés, de reconnaître l’existence d’un problème plutôt
que de le nier.
Ajoutons que nous connaissons au moins 3 familles (2 au sein de ce collectif, 1 dans un autre collectif de Paris
10) ayant profité des derniers mois confinés pour vendre leurs logements, et s’exiler vers des zones plus
calmes. Malheureusement, il y a fort à parier que le 10è va voir se poursuivre l’exode des familles, avec ses
corollaires bien connus : fermetures de classes, dégradation de l’espace public etc. Les moins aisés resteront
quant à eux “prisonniers” de cet environnement bruyant, et ces classes populaires seront les premières
victimes de la festivisation et de la privatisation de l’espace public. Il faut aussi le savoir et l’assumer.
Nos recommandations

La révision du RET, déjà très complet, devrait à notre sens rester une affaire de spécialistes : il est incongru de
demander à des riverains, non professionnels, de réaliser un travail d’aménageur et de juriste.

Signalons que ce RET ainsi que le cahier de recommandations qui l'accompagne, contiennent déjà les
éléments nécessaires à une régulation théorique de l’espace public : régime d’autorisation, encadrement des
dimensions et mobilier, rappel de l’interdiction du tapage sonore, espace minimal à allouer aux piétons (1,8M
de largeur) etc.
Rappelons aussi que ce RET est malheureusement déjà assez mal appliqué/contrôlé, ce qui avait été
relevé dans le rapport de l’inspection générale de la ville de Paris en 2016. Depuis, les choses ne se sont
guère améliorées.

Quelques propositions de pistes :

1. Règlement des terrasses :


● Pas d’extension des TE au-delà de l’emprise du commerce auquel elles se rattachent : cela ne
fait qu’étendre et démultiplier le phénomène de tapage.
● Limiter l’extension des terrasses en fonction des autorisations existantes ou de la capacité du
lieu (par exemple, pour une terrasse initiale de 10 m2, n’autoriser que 10m2 additionnels. Pour une
salle avec une capacité de 10 tables, limiter la capacité de terrasses à 10 tables etc). L’idée étant
qu’une rue habituée à une terrasse accueillant par exemple 20 personnes ne se retrouve pas d’un
coup avec 100 personnes occupant l’espace public, et des nuisances démultipliées.
● Prendre en compte la configuration des lieux : les rues étroites amplifient le son, par ricochet des
ondes sonores. De même la multiplication de terrasses dans une même rue crée un mur sonore
atteignant facilement les étages supérieurs, et traversant les doubles vitrages même avec une
isolation phonique renforcée (je vous invite à venir vérifier)
● Occupation de l’espace public limité aux trottoirs (sous réserve de laisser libre 1,80M de large
pour la circulation piétonne) ou de places de parking (sauf handicapés, vélos, trottinettes ou
livraisons), toujours dans les limites de l’emprise du commerce existant.
PAS DE TERRASSES SUR LA CHAUSSÉE, notamment dans les rues piétonnes ou semi piétonnes.
● Limitation horaire de l’exploitation des extensions à 22h
● Idéalement, fin des “TE” à l’issue de la crise sanitaire. Nous n’avons rien contre les restaurants et
bars, mais il nous semble que la préservation de la santé des habitants a aussi une valeur et qu’elle
devrait d’ailleurs primer sur l’économique pour une municipalité (qui plus est, une municipalité de
gauche).

2. Contrôles et sanctions
● Une rubrique dédiée aux commerces étoffée sur Dans Ma Rue :
○ Terrasse/étalage ne respectant pas les dimensions autorisées
○ Terrasse/étalage gênant la circulation des piétons (distinct du point ci dessus car une terrasse
peut s'étendre au delà des dimensions autorisées sans gêner les piétons, par exemple sur la
chaussée ou places de parking)
○ Présence de mobiliers ou éléments de décoration (y compris publicitaires) non autorisés
○ Terrasse/étalage présent au delà des horaires autorisés
○ Tapage / nuisances sonores
● Le point des nuisances sonores étant non objectivable, il serait bon de demander aux terrasses de
s’équiper de “méduses” connectées permettant un relevé en temps réel, et accessible publiquement,
du niveau sonore produit.
En attendant, une sensibilisation des agents de la DPSP au problème des nuisances sonores (qui ne
sont pas qu’issues des véhicules motorisés à Paris, pour information) semble nécessaire.
● Plus de moyens alloués aux contrôles y compris et surtout en soirée : inutile de passer à 9h du
matin, quand les terrasses n’a pas encore été étendue au delà de ses limites raisonnables (et
réglementaires) et quand elle n’est occupée que par deux badauds lisant leur journal. C’est à 23h ou
minuit, lorsqu’une table au beau milieu de la rue, entourée de plus 20 personnes alcoolisées assises
qui hurlent ou chantent jusqu’à 2h du matin, qu’il faut passer, constater et surtout sévir.
● Pour cela, une hotline disponible et joignable en soirée semble indispensable à une réaction
rapide des autorités.
● Nous insistons encore : sans contrôle, toute disposition, existante ou nouvelle, est immédiatement
rendue caduque et stérile.
● Une augmentation sensible des sanctions et une réduction très forte des tentatives préalables de
conciliation, éducation, sensibilisation etc qui ont surtout montré leur inefficacité. Il est temps que le
respect de la loi redevienne une évidence, et non une option.
● Les propositions d’autorégulation de la part des bars, de nomination de référents nuits etc,
nous semblent au mieux vouées à l’échec, au pire un leurre.
Il va de soi que nombre d’établissements voyous (tapages, occupation illégale de l’espace public etc)
ne sont pas nécessairement adhérents aux syndicats exemplaires de la profession, et n’auront pas
plus de raisons (voire moins) d’obéir à des injonctions émanant d'individus n’ayant ni lien avec eux ni
autorité sur eux, surtout lorsque la mairie, qui donne et peut retirer les autorisations, ne semble avoir
aucune prise ou autorité réelle sur les établissements délinquants.
De nombreux établissements du 10è ont par ailleurs de très mauvaises relations avec les riverains, et
nous pourrions vous relater plusieurs tentatives d’intimidation voire de violences (signalées à la police)
de la part des équipes d’établissements bien connus. Imaginer que ceux ci vont “s’auto-réguler” est
une vaste plaisanterie.
● Plus largement, cette proposition d’autorégulation ne ressemble qu’à une énième
libéralisation/sous-traitance de la gestion de l’espace public. C’est déjà le cas avec Dans Ma Rue :
malgré son utilité et son succès, il n’en reste pas moins que le service a de fait conduit à la
sous-traitance de la “surveillance” de l’espace public aux citoyens.

Nous envoyons ces quelques idées sans illusions et savons, comme nous avons pu le lire dans des prises de
paroles des élus au moment même où la concertation avait lieu, que la plupart des décisions structurelles sont
déjà prises.

Nous espérons néanmoins que cette concertation, et plus globalement, les tensions nées récemment entre la
municipalité et ses concitoyens, puisse augurer d’un début de prise de conscience de la part de nos élus que le
lien qui unit la Ville et ses administrés se délite et doit être réparé. Ce n’est jamais bon signe dans une
démocratie, et nous oserions dire que l’apparente cécité/surdité de nos élus sur les sujets de mécontentement
actuels des Parisiens nourrit un processus de “Trumpisation” que Mme Hidalgo semblait pourtant dénoncer il y
a peu : négation des problèmes, refus de reconnaître des erreurs ou manquements, antagonisation des
individus et des groupes d’intérêts les uns contre les autres (jeunes vs vieux, familles vs fêtards, commerçants
vs riverains, soutiens indéfectibles de la mairie vs les autres etc).

Ce n’est pas qu’un enjeu de confort petit bourgeois de familles réactionnaires : c’est au contraire un enjeu
social, qui concerne en premier lieu des classes populaires (ou leur équivalent parisien), des familles (et donc
des enfants) et la diversité qui fait qu’une ville vit pleinement. Si Paris devait être voué à ne devenir qu’une
terrasse géante à ciel ouvert, à perdre ses familles au profit d’un renouvellement continu d’une population
d’étudiants et de fêtards, c’est aussi une partie de son âme qu’elle perdrait à coup sûr.

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