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Ecole Nationale Polytechnique

Département de Génie Mécanique

Cours : Complément de Mécanique des


Fluides et Dynamique des gaz

Partie : Dynamique des Gaz

Professeur B. BENKOUSSAS
Programme

1. Généralités
2. Vitesse du son, nombre de Mach et Régimes d’écoulement compressibles;
3. Ecoulements isentropiques: Relations entre les grandeurs totales et
grandeurs statiques, Équations de Barré de Saint-Venant, Seuil de
compressibilité, Notions d’état critique et conditions soniques, Théorème
d’Hugoniot, débit massique dans une canalisation, Ecoulement dans les
tuyères;
4. Onde de choc droite et onde de choc oblique;
5. Ecoulements compressibles accompagnés de transfert de chaleur, effets
des frottements sur les écoulements, écoulement de Rayleigh;
6. Ecoulements compressibles avec frottement dans une conduite de section
constante, Ecoulement de Fanno;
7. Ecoulements le long d’une plaque plane adiabatique.
4. Ondes de choc droite et oblique
4.1 Généralités - définition
Lorsqu’un fluide s’écoule à une vitesse supérieure à la vitesse
du son, l’expérience montre qu’il existe dans le fluide une
discontinuité pour les propriétés ( vitesse, masse volumique,
température, pression etc…) du fluide. Cette discontinuité est
appelée « onde de choc ». L’onde de choc peut être normale (droite)
(a), oblique (b) ou courbée (c) (figure 4.1)

Fig. 4.1: Types d’ondes de choc


4.2 Onde de choc droite
L’onde de choc normale est un phénomène irréversible qui
apparait dans les écoulements supersoniques internes ou externes.
Elle a une épaisseur de quelques microns.

Fig. 4.3: Image d’une onde


de choc normale
Fig. 4.2: Variations des
paramètres de l’écoulement
à travers une onde de choc
normale
Fig. 4.4: Images d’ondes de choc

(a) Photo d’une onde de choc attachée sur un corps supersonique (Ma = 1.2, (NASA, 1995)
(b) Ombrographe d’une onde de choc en amont d’une balle à vitesse supersonique ( Mach, 1887)
(c) Ondes de choc coniques sur un Jet fighter rendues visibles à cause de la condensation
(d) Ondes de choc obliques autour d’une maquette de fusée
(e) Visualisation d’un choc droit à la sortie d’une tuyère de Laval
(f) Simulation en soufflerie de l’entrée dans l’atmosphère martienne du futur orbiteur (ONERA).
4.2.1 Equations de base

L’étude et l’analyse des ondes de choc se base sur le concept d’une


onde fixe de pression (Fig. 4.5). Les états amont et aval de l’onde de
choc sont désignés par les indices (1) et (2). On considère un volume
de contrôle avec les deux sections droites, immédiatement avant et
après le choc de telle sorte qu’on peut supposer A1 = A2 = A.

Fig. 4.5: Volume de contrôle


Les relations fondamentales qui décrivent quantitativement le
phénomène de l’onde de choc normale sont déduites des équations de
bilans de conservation appliquées à l’écoulement traversant l’onde.

 Conservation de la masse:

L’équation de conservation du débit massique traversant


l’onde de choc droite s’écrit:

(4.1)

 Bilan de la quantité de mouvement:

Les forces qui s’appliquent au volume de contrôle sont les


forces de pression, la conservation de la quantité de mouvement
appliquée à ce volume de contrôle donne:

(4.2)
 Bilan d’énergie:

Le bilan énergétique autour du volume de contrôle donne,


(système adiabatique):

(4.3)

 Équation d’état:

L’équation d’état des gaz parfaits s’écrit:

(4.4)

La combinaison et la transformation de ces équations permettent


d’établir les relations entre les grandeurs immédiatement en amont et
en aval de l’onde de choc.
4.2.2 Lois de compression de l’onde de choc droite
Les relations liant les rapports des grandeurs d’état à la
traversée de l’onde de choc droite suivantes peuvent être déduites:

La combinaison des équations (4.1) et (4.2) donne:

(4.5)

La multiplication de la relation (4.5) par (V1 + V2) donne:

(4.6)

La combinaison des équations (4.3) et (4.4) donne:

(4.7)

L’équations (4.6) s’écrit:


(4.8)
L’utilisation des relations (4.7) et (4.6) permet de déduire que:

(4.9)

Une relation entre le rapport des masse volumiques (2/1) et le


rapport des pressions (p2/p1) amont et aval de l’onde de choc peut être
établie. Ceci peut être obtenue en multipliant l’équation (4.9) par le
rapport (2/1). On obtient alors:

(4.10)

L’équation (4.10) est appelée équation adiabatique ou équation


d’Hugoniot pour l’onde de choc. Elle peut aussi être réarrangée
pour donner d’autres formes de l’équation d’Hugoniot:

(4.11)
De l’équation de conservation de la masse on peut déduire:

La loi d’écoulement isentropique peut s’écrire alors:

(4.12)

Le rapport des températures peut être déduit du rapport de pression


et du rapport de la masse volumique obtenus précédemment. Il
s’écrit:

(4.13)
De même on peut trouver:

(4.14)

Le rapport des températures dans le cas d’une compression


isentropique est donnée par la relation:

(4.15)

Comparons graphiquement maintenant l’évolution isentropique dans


un écoulement sans onde de choc avec celle avec onde de choc,
équation (4.10) et (4.11).
isentropique

Fig. (4.6): Rapport des Fig. (4.7): Rapport des


pressions en fonction du températures en fonction du
rapport des vitesses rapport des vitesses
Dans la compression isentropique, l’asymptote est l’axe des ordonnées,
(Fig(4.6)), par contre dans la compression adiabatique d’Hugoniot (avec
onde de choc), l’asymptote corresponde est:
Interprétation:

Les figures (4.6) et (4.7) montrent respectivement


que le rapport P2/P1 croît plus vite pour une compression
avec onde de choc que pour une compression isentropique
pour un même rapport V2/V1 et que le rapport de
température T2/T1 croît aussi plus vite pour une
compression par onde de choc que par une compression
isentropique pour un même rapport V2/V1.
4.2.3 Relation de Prandtl

On considère un choc stationnaire séparant deux états (ρ1,


P1, M1, T1, a1) et (ρ2, P2, M2, T2, a2) comme illustré sur la Figure (4.8)
ci-dessous.

(1) (2) (1) (2)

Figure (4.8): Configurations d’écoulements a priori possibles


de part et d’autres d’une onde de choc 1D

Par intégration, l’équation de la quantité de mouvement sur un volume


de contrôle devient:
(4.16)
L’équation (4.16) peut se transformer aussi pour s’écrire:

(4.17)
La relation de Barré de Saint Venant entre la section en
amont du choc (1), la section an aval du choc (2) et la section au
niveau du choc notée par (*) s’écrit:

(4.18)

En réinjectant (4.18) dans (4.17) on obtient:

(4.19)
Dans cette dernière expression on a:

(4.20)

L’équation (4.20) est appelé relation de Prandtl. Elle n’est vraie que si :

En divisant par V1V2, cette relation donne l'équation régissant


les Mach caractéristiques de part et d'autre du choc.

(4.21)
Interprétation:

La relation (4.21) est pleine d'intérêt puisqu'elle nous dit que si


(M*)1 > 1, alors (M*)2 < 1 et similairement, si (M*)1 < 1, alors (M*)2 > 1.
Comme on sait de plus que le Mach réel varie comme le Mach
caractéristique, ceci est également vrai pour M1 et M2. On a donc 2 cas
de figures possibles a priori, illustrés sur la figure (4.8). Seul le premier
cas est en fait physiquement possible, comme nous le justifierons par
la suite.
4.2.4 Relations de Saut dans un Choc Droit (Grandeurs caractéristiques en
fonction du nombre de Mach amont M1
Considérons un choc stationnaire séparant deux états (ρ1, P1,
M1, T1, a1) et (ρ2, P2, M2, T2, a2), Figure (4.9).

Figure 4.9: Choc stationnaire séparant deux états dans un écoulement


1D. Les vitesses de part et d'autre du choc sont différentes.
● Rapport des masses volumiques
D’après l’équation de continuité, on peut déduire le rapport des masses
volumiques:
(4.22)
D’où:

(4.23)

Ainsi, donc, lorsque M1 > 1 la masse volumique augmente et la vitesse


diminue (équation (4.22)) à travers le choc.

On peut faire de même par rapport à M2:

(4.24)
● Rapport des pressions
On peut exprimer le rapport des pressions:

(4.25)

Où bien:

(4.26)

De cette dernière équation on peut montrer que pour un


rapport des chaleurs spécifiques  donné, P2>P1 seulement si M1>1.
● Rapport des températures
Pour obtenir le rapport des températures, on fait appel à l’équation
d’état (4.4), qui s’écrit entre (1) et (2):

(4.27)

En substituant l'équation (4.23) et (4.25) dans (4.27) on obtient:

(4.28)

● Nombre de Mach en aval de l’onde de choc M 2

Moyennant ρV2=PM2 l’équation de la quantité de mouvement (4.2)


peut s’écrire dans le cas d’un écoulement avec onde de choc normale:

(4.29)
Combinons les équations (4.26) et (4.29) on obtient l’expression du
nombre de Mach aval M2 de l’onde de choc:

(4.30)

Interprétation:
Examinons de près l'équation (4.30); elle indique que le nombre
de Mach en aval de l’onde, M2, est uniquement fonction du nombre de
Mach en amont, M1. De plus, si M1 = 1, alors M2 = 1. c'est le cas
d'une onde de choc normale infiniment faible, appelée onde de Mach.

De plus, si M1> 1, alors M2 <1; le nombre de Mach derrière


l'onde de choc normale est subsonique. Lorsque M1 augmente au-
dessus de 1, l'onde de choc normale devient plus forte et M2 devient
progressivement inférieure à 1. Cependant, quand M1 tend vers
l'infini, M2 se rapproche d'une valeur minimale finie, M2, qui pour l'air
est de 0,378.
● Variation d’entropie à travers l’onde de choc normale
La variation d’entropie à travers l’onde de choc normale s’écrit:

(4.31)

En substituant les rapports de pressions et de température (équations


(4.25) et (4.28)) dans l’équation (4.31) on obtient:

(4.32)

De l’équation (4.32), la variation d’entropie est bien une fonction de


M1 seulement. La deuxième lois de la thermodynamique dicte que:
Dans l’équation (4.32), si M1=1, s2=s1 et si M1>1, donc s2-s1>0,
les deux cas obéissent à la seconde lois de la thermodynamique.
Cependant, si M1<1, l’équation (4.32) donne s2-s1<0, ce qui n’est pas
autorisé par la seconde lois de la thermodynamique (il n y a pas de
signification physique). En conclusion, dans la nature, seuls les cas
impliquant M1≥1 sont valides. En d’autres termes, l’onde de choc
normale peut avoir seulement en écoulement supersonique.

Figure 4.10: Représentation graphique du saut d'entropie


donné par la relation (4.22).
● Variation de la température totale et de la pression totale
à travers une onde de choc normale

Considérons l’équation de bilan (4.3) entre deux états (1) et (2):

Elle peut s’écrire pour une onde de choc (transformation sans


échange de chaleur avec l’extérieur):

(4.33)

La variation de la pression totale à travers un choc normal peut être


établie en se basant sur la variation d’entropie dans les conditions
totales (l’entropie en conditions totales ne change pas en (1) et en
(2) puisque le fluide est ramené à l’arrêt isentropiquement):

(4.34)
On a déjà montré que donc l’équation (4.34) devient:

(4.35)

Ou bien:
(4.36)

De l’équation (4.32), on montre que pour une onde de


choc normale. Par contre l’équation (4.36) montre que . La
pression totale décroît à travers une onde de choc droite. L’équation
(4.36) peut s’exprimer en fonction de M1 seulement.
● Rendement isentropique à travers une onde de choc normale

Le rendement isentropique, qui compare la transformation réelle à


une transformation isentropique est défini, comme pour les machines
irréversibles, par:

(4.37)

En faisant varier le rapports des pressions comme indiqué dans


le tableau, on remarque que le rendement isentropique diminue. Au delà
d’une certaine valeur ce dernier devient très faible. L’onde de choc droite
est donc très dissipative. Il est alors préférable de recourir à un choc oblique.
4.3 Onde de choc oblique
4.3.1 Introduction
Nous allons nous intéresser à une onde de choc, créée
dans l’écoulement qui contrairement à la section précédente n’est plus
perpendiculaire à l’écoulement amont. Elle est, par définition,
également droite, mais elle est inclinée par rapport à l'écoulement
amont et, en général, elle produit un changement de direction
d'écoulement comme indiqué sur la Figure 4.11. Nous présentons aussi
les différentes notations pour son étude. Ces notations nous permettent
de projeter les équations de saut sur la direction normale et la direction
tangentielle de l’onde de choc.
Volume de contrôle

Figure 4.11: Schéma d’une onde de choc oblique


Dans la figure 4.11, l’angle entre la direction de l’onde de choc
et la direction amont de l’écoulement est appelé angle de choc. Il est
noté par « σ ». L’écoulement en aval change de direction avec un angle
« δ », appelé angle de déflection. La vitesse absolue de l’écoulement V1
est décomposée selon les directions normale et tangentielle de l’onde
de choc en Vn1 et Vt1. Les nombres de Mach correspondants sont M1n et
Mt1. De la même manière, la vitesse en aval de l’onde de choc est
décomposée en Vn2 et Vt2. Les nombres de Mach correspondants sont Mn2
et Mt2.
4.3.2 Équations de base des ondes de choc obliques
Il est important d’établir les relations liant les paramètres
amont et aval de l’écoulement avec onde choc oblique. Pour se faire,
nous considérons un volume de contrôle très mince, figure 4.11.

Pour ce volume de contrôle, on peut écrire, sachant que A1 = A2


= A, de part et d’autre de l’onde de choc, les équations de
conservations de la masse (a), de la quantité de mouvement suivant la
direction normale (b) et suivant la direction tangentielle (c) et
d’énergie (d) suivantes:
(4.38)

Les équations choc droit – choc oblique s’écrivent de la même


façon. Toutes les relations établies pour l’onde de choc droite sont
utilisables pour les ondes de choc obliques, seulement on remplace V 1
par Vn1, V2 par Vn2, M1 = V1/a1 par Mn1 = Vn1/an1 = M1.sinσ et M2 = V2/a2
par Mn2 = Vn2/an2 = M2.sin(σ-δ).

(4.39)
Les relations de saut suivantes peuvent être obtenues:

(4.40)

(4.41)

(4.42)

(4.43)

(4.44)

(4.45)
Examinons les équations (4.40) à (4.43). Les propriétés de
l’onde de choc oblique pour un gaz parfait sont établies en fonction
du nombre de Mach, Mn1, de l’écoulement en amont de l’onde. Elles
peuvent aussi être exprimées en fonction de M1 et de l’angle de choc
« σ ».

De l’équations (4.39) on déduire:

(4.46)

L’équations (4.46) introduit l’angle de déflection «δ» dans l’analyse


des chocs obliques. Pour calculer M2, on doit connaitre «δ», alors
que ce paramètre dépend de M1 et « σ ».

De la géométrie de la figure (4.11), on peut écrire:

(4.47) (4.48)
Divisons l’équation (4.48) par (4.47) et impliquons l’équation
de continuité on obtient (rappelons que «Vt2 = Vt1) :

(4.49)

Combinons l’équation (4.49) avec les équations (4.39) et


(4.41), on obtient :

(4.50)

L’équation (4.50) est une expression implicite de l’angle «δ»


en fonction de M1 et «σ». Après quelques substitutions
trigonométriques et des réarrangements, elle peut être écrite
explicitement comme suit:

(4.51)

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