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Cours sur la Pratique professionnelle

LICENCE_PROFESSIONNELLE
INTRODUCTION

Ce Cours de Licence Professionnelle en Éducation/Formation, a pour


ambition de clarifier ce que nous appelons « la pratique ». C’est Mot magique,
chargé de sous-entendus et à connotation tant positive que négative.

Dans sa connotation positive, la pratique est une valeur sûre pour les
professionnels de l’encadrement de la vie scolaire, c’est la fierté du savoir-faire,
du contact avec l’autre, de l’action. Cependant, pour types de travailleurs
souvent trop englués dans le faire quotidien, la Pratique est aussi source de
sentiments contradictoires. La pratique les dévalorise face aux autres, ceux qui
‘’savent’’, ceux qui basent leur action sur des savoirs « théoriques », ceux qui
font montre d’un niveau d’abstraction et de théorisation.

À partir d’une définition du terme « pratique » et de son contraire


« théorie », nous verrons, les composantes de la pratique professionnelle, les
niveaux de pratique et pour finir une tentative de définition.

I- Ébauche Terminologique

Le terme « pratique » suivi de « professionnelle » désigne le savoir-faire


d’une profession donnée. Ici, en l’occurrence, les professions du domaine
Éducation/Formation.

La pratique désigne toute activité mettant en œuvre les principes d’un art ou
d’une science : c’est la mise en application de principes, d’idées ou d’une
technique en vue d’un résultat concret. Mettre en pratique est synonyme
d’exécution, d’application ; il s’agit d’une manière d’agir, de procéder.

La pratique renvoie souvent à l’idée de réalisations concrètes, matérielles et


techniques. La personne qui connaît la pratique d’un art ou d’une technique est
appelée « un praticien ». C’est le cas pour les médecins praticiens de leur art,
mais aussi pour les Personnels d’éducation, praticiens de leur profession. Il
s’agit d’une fonction liée au métier parmi d’autres possibles (cadre, formateur,
chercheur).

Après ce qui précède, on peut dire que la pratique professionnelle est la mise
en œuvre d’un savoir-faire méthodologique et technique. Cette pratique se
définit par :

 Le caractère unique de chaque situation, chacune sera différente et


particulière ;
 Son instabilité, c’est-à-dire le caractère perpétuellement changeant,
mouvant et évolutif ;
 Son degré inévitable d’incertitude, car tout ne peut être saisi, compris et
prévu ;
 Les conflits éthiques et de valeurs inhérents au travail relationnel sur
l’humain.

Par ailleurs, la pratique professionnelle n’est pas la simple application des


connaissances d’une ou plusieurs sciences ; « elle est une action consciente,
intentionnelle, orientée, organisée et potentiellement efficace. Elle vise la
transformation d’une situation dans un contexte particulier caractérisé par sa
complexité et sa mouvance. Cette action exige donc une créativité, car rien ne
peut être prévu complètement à l’avance, ni traité selon une typologie déjà
codifiée.
II- Opposition théorie/pratique

D’un point de vue philosophique, la pratique concerne l’action par opposition


à la théorie qui concerne la contemplation. Ainsi la dualité théorie/pratique est
construite sur une opposition aux connotations fortes. Tout ce qui concerne la
théorie est valorisé, vu comme savant et important, tandis que la pratique est
moins considérée.

En France par exemple, la noblesse d’une discipline se mesure presque


toujours à son niveau d’abstraction et à sa distance par rapport aux réalités
prosaïques. Cette dichotomie abstrait/concret, noble/ignoble se rejoue au sein de
la recherche sociale elle-même. […] Ces oppositions comportent une part de
vérité, il est toutefois dangereux de les prendre au pied de la lettre car elles
entretiennent un clivage entre la théorie et la pratique finalement destructeur
pour tout le monde.

Certains auteurs se sont penchés sur cette opposition théorie/pratique :

La bipolarisation théorie/pratique, est un paradigme qui se nourrit des


oppositions, des complémentarités et des tentatives de médiation qu’elle
engendre. La théorie c’est ce qui appartient à l’ordre de l’universel, de l’abstrait,
des “hautes terres”, du déductif, de l’applicable, du transposable dans la
pratique. À l’inverse, la pratique c’est ce qui appartient à l’ordre du contingent,
du local, de l’éphémère, du complexe, de l’incertain, des “basses terres”, de
l’inductif, de ce qui nourrit la théorie
2.1. – La pratique comme source de la théorie

On pourrait aller plus loin encore pour dire que toute théorie est issue
d’une construction à partir des pratiques et que le lien entre théorie et pratique
est indissociable. La théorie s’invente pour rendre compte de l’action, c’est cette
dernière qui est à l’origine de l’activité humaine.

Selon Saul Alinski : « On ne pense pas d’abord pour agir ensuite. Dès la
naissance, on est immergé dans l’action et c’est celle-ci qui requiert pour être
correctement orientée, d’être constamment réfléchie. De ce point de vue, C’est
la pratique qui est le lieu privilégié de l’invention théorique. C’est l’action qui
commande la réflexion et la connaissance se construit à travers la
systématisation et la conceptualisation des pratiques.

2.2 Composantes de la pratique

Les personnels d’Éducation praticiens interviennent dans le lien entre la


personne et la société. Il est ainsi au croisement de rationalités différentes :

 de l’usager, avec son vécu, son histoire, ses difficultés actuelles, mais
aussi ses compétences, ses forces, ses capacités ;
 de l’institution ou organisme, qui lui confie des missions inscrites dans
des politiques sociales publiques et définit la population à laquelle il
s’adresse. En prolongement de ce service employeur, les autres
institutions d’action sociale, partenaires de l’action entreprise et
ressources mobilisables au bénéfice de la personne aidée ;
 de l’environnement avec les liens d’appartenance, les caractéristiques de
la vie sociale, des réseaux formels et informels, des groupes constitués,
des ressources et dynamismes existants ;
 de son propre savoir et savoir-faire : sa manière de concevoir son rôle,
de l’habiter, ses compétences, sa méthodologie, sa déontologie.

Ainsi, la pratique est fonction de et influencée par le contexte où elle s’exerce


tant au niveau microsocial que macrosocial, et par la compétence acquise, le
savoir-faire et les valeurs du professionnel. Le travailleur social appréhende
cette diversité de composantes, les reconstruit et les transforme en décisions
d’intervention. La décision d’action découle de la démarche diagnostique du
travailleur praticien qui agit toujours à partir d’une compréhension globale et
complexe des situations et des problèmes posés.

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