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I- CONTEXTE ET EVOLUTION HISTORIQUE
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Le patient, au cours de la cure analytique, développe vis-à-vis du
thérapeute un mouvement transférentiel, renaissance de modalités Issue de la psychanalyse
relationnelles antérieures susceptibles à partir de là d’être remaniées, freudienne, cette notion concerne
du moins élaborées, par le biais du travail analytique. bien l’être humain avec tout ce
Le contre-transfert est la réponse émotionnelle de l'analyste à son que cela signifie comme
patient dans la situation analytique. Il est souhaitable que cette émotivité, comme affectivité et
réponse soit toujours consciente. comme attachement ressenti d’un
- L’influence du Case-Work côté comme de l’autre.
Cette méthode créée, au début du 19ème siècle. Le casework est une
application directe des théories de la relation d’aide et d’écoute de
Carl Rogers qui cherche à comprendre les interrelations et à
individualiser chaque cas.
Michael Balint a introduit une modification dans cette méthodologie
en invitant les assistants sociaux à ne pas utiliser leur rapport écrit
lors de l’exposé, mais de rendre compte de la relation et des
difficultés rencontrées de manière plus spontanée.
Il introduit ainsi la possibilité de la libre association, sur le modèle de
la règle analytique inventée par Freud.
En fait, il introduit dans ce dispositif de travail de cas, ce que la
psychanalyse lui a enseigné, avec l’hypothèse de l’inconscient, qui
est à l’œuvre pas seulement pour une personne en demande d’une
analyse, mais aussi pour une personne engagée dans la relation à un
autre en demande d’aide ou de soin.
Une autre approche de l’analyse des pratiques est issue des travaux John Dewey disait " Que
de Schön et Argyris sur la science- action. Le principe est que l’action l'intervention d'un "aidant"
est source de connaissance. devait être le fruit d'un
Basée sur l'idée que les apprentissages académiques sont peu processus de réflexion qui
opérants pour résoudre des problèmes rencontrés dans le cadre d'une puisse lui permettre de justifier
pratique professionnelle, elle propose aux praticiens de « construire et de prévoir les conséquences
des modèles d’action », à partir d'une réflexion sur leurs propres de son action. "
actions, cette réflexion sur l'action étant productive d'un savoir.
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Le praticien doit savoir reconstruire le problème en un problème qu’il
peut résoudre. Il s’agit en quelque sorte d’une problématisation.
Ainsi, l’individu agit comme un chercheur au sens où il construit dans
un premier temps une problématique (un cadre de lecture de la
situation), il pose ensuite des hypothèses en agissant selon un certain
modèle d’action, il vérifie enfin ses hypothèses en analysant les
résultats de son action »
L’Analyse des Pratiques Professionnelles s’inscrit donc dans cette
historicité, s’est formalisée comme une démarche qui renvoie à des
dimensions génériques et spécifiques propres à chaque métier.
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II- DEFINITIONS, OBJECTIFS DE L’ANALYSE DE PRATIQUES
PROFESSIONNELLES
- PRATIQUE
Connue depuis longtemps par les philosophes qui l'ont utilisée pour
différencier la vie active et les conduites, d'une part, de l'exercice de la
contemplation, de la théorie ou de la spéculation, de l'autre.
Elle est toute application de règles, de principes qui permet d'effectuer
concrètement une activité, et qui permet donc d'exécuter des
opérations, de se plier à des prescriptions.
Elle est donc l’objet social abstrait et complexe et n’est pas des données
brutes immédiatement perceptibles. Elle est la manière d’agir
professionnel d’une personne dans un ensemble de normes reconnues
au sein d’un corps professionnel. Elle ne peut se comprendre et
s'interpréter que par l'analyse.
Au sens courant, la pratique devient un « savoir-faire empirique
résultant de l’exercice prolongé et renouvelé de
l’expérience »(Morfaux,1999,p281).
- ANALYSE
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Analyser c’est mettre en relation, donner du sens, comprendre, a
contrario, Evaluer, c’est porter des jugements, mesurer des écarts par
rapport à des normes : confrontation référé / référent.
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Pourquoi recourir à l’analyse des pratiques professionnelles ?
L’enjeu est donc de
Les trois principaux objectifs sont : réhabiliter la raison
-la compréhension de sa pratique, prendre conscience sur le plan pratique, les savoirs
cognitif des intentions poursuivies, des choix réalisés, des modalités et d‘action et d’expérience,
des moyens adoptés et de la portée de ses paroles et de ses gestes. le sens critique, l’expertise
-le changement de/dans sa pratique, la modification durable, fondée sur un dialogue
consciente, fondée, mûrie et acceptée, de ses pratiques sous ses avec le réel et la réflexion
différents aspects dans une perspective de mieux-être professionnel. dans l’action et sur
-le développement des compétences professionnelles, travailler sur l’action.
les compétences qui donnent une meilleure maîtrise de ses fonctions
qui donnent de la confiance en soi-même par les capacités à analyser
son travail.
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III- LA PRATIQUE REFLEXIVE
- Réflexion et réflexivité
« La réflexion est un processus cognitif qui engage une situation qui reste
limitée à l’analyse de cette dernière ».
L'une des plus grandes contributions de Donald Schon à la formation
professionnelle a été de souligner le rôle de la réflexion dans le processus
d'apprentissage (Schon 1983).
Quant à la réflexivité, qui va au-delà de la réflexion, c’est la capacité à
analyser son expérience et la capacité de se prendre soi-même comme
objet d’analyse. Elle renvoie à deux concepts : la réflexion sur l’action et
la réflexion dans l’action. Ainsi, Schon a identifié ces deux types de
réflexion comme suit :
La réflexion dans l'action, est le processus qui permet aux
professionnels de remodeler la situation ou l'activité sur laquelle ils
travaillent pendant sa réalisation.
Les professionnels réfléchissent sur des expériences inattendues et
mènent des « expériences » qui servent à générer à la fois une nouvelle
compréhension de l'expérience et un changement dans la situation.
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La réflexion sur l'action consiste à réfléchir sur une expérience, une
situation ou un phénomène après qu'il se soit produit.
Lorsque les professionnels « réfléchissent à l'action », ils explorent ce qui
s'est passé dans cette situation particulière.
La réflexion sur l'action est souvent associée aux professionnels qui Ce mouvement réflexif de
réfléchissent à leurs expériences et examinent d'autres moyens va-et-vient, Perrenoud
d'améliorer leurs pratiques. (2001) le qualifie de
Elle agit par la réflexion sur les pratiques et sur les savoirs pratiques1 à processus mental, un
l’aide d’outils théoriques de passer - du discours spontané, subjectif, mécanisme interne où
intuitif tenu sur les pratiques - à un discours professionnel réfléchi, l’individu prend sa propre
raisonné, argumenté, travaillant sur les savoirs pratiques pour intégrer, action comme objet de
outre la dimension personnelle, les dimensions interpersonnelles, réflexion pour l’analyser et
professionnelles, et construire un discours communicable à des pair. le comparer afin de
percevoir sa façon d’agir.
Pour le champ du travail social, la complexité des situations ainsi que les
vulnérabilités rencontrées peuvent toucher l’intervenant social y compris
dans sa vie personnelle. Il en est ainsi des questions de la mort, de la
maladie, du handicap, de l’exlusion…
Aussi, la pratique professionnelle des travailleurs sociaux se situe-t-elle
dans un espace social qui génère de l’incertitude malgré la formation
initiale ou continue, au-delà des savoirs théoriques et techniques avec
lesquels l’intervenant social a construit sa professionnalité. Ainsi ce
professionnel est appelé à être capable d'affronter, d'accepter la
complexité du métier (dans toutes ses dimensions) et d'assumer ses
responsabilités pour agir et ce par la médiation de la réflexion
La pratique réflexive se pose alors comme une nécessité afin d’assurer
une fonction de régulation de cette incertitude et des risques encourus
dans la pratique professionnelle.
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On désigne par là des savoirs déclaratifs ou procéduraux qui ne sont pas produits par l'université ni aucune institution 8
de formation, mais font partie des savoirs professionnels ou des " savoirs d'expérience.
III-1- LE PRATICIEN REFLEXIf
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apparaît comme susceptible de participer à l'amélioration de la
professionnalisation.
Cette médiation se réalise entre l'expérience non verbalisée, parfois
non conscientisée, les apports théoriques et les dvnamiques sociales de
la formation. Geay et Salaberry affirment que « cette explicitation par
verbalisation de l'expérience est un outil d'apprentissage essentiel
parce qu'il réduit l'écart théorie-pratique et fait émerger le sens »
(Geay et Sallaberry, 1999, p. 11).
Développer une pratique réflexive, c’est adopter une posture réflexive,
de manière régulière et intentionnelle, dans le but de prendre
conscience de sa manière d’agir, ou de réagir, dans les situations
professionnelles.
La posture réflexive peut être considérée comme étant un levier
essentiel, voire une condition nécessaire à l’adoption d’une démarche
introspective2 permettant de réfléchir sur ses façons de faire, d’agir et
de penser (Martin, Doudin, Pons et Lafortune, 2004).
Elle est une posture mentale qui n’est pas spontanée. Il s’agit de tourner
son attention vers soi- même et vers son activité́ , plutôt que vers le
contexte dans lequel s’est déroulée cette activité́ .
Il s’agit de s’intéresser à soi en tant qu’acteur dans toute situation
vécue.
On peut développer la posture réflexive à travers :
-la distanciation : Il s’agit d’une prise de recul cognitive et affective.
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Regard attentif sur soi-même et Observation méthodique, par le sujet lui-même, de ses états de
conscience et de sa vie intérieure.