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Analyse des pratiques

professionnelles en
service social
I- CONTEXTE ET EVOLUTION HISTORIQUE

L’Analyse des Pratiques Professionnelles (APP) se réfère à deux


sources historiques : l’approche Balint et l’approche réflexive de
Schön et Argyris
1- L’approche Balint
Dans les années 40, Michaël Balint, médecin et psychanalyste, en tant
que précurseur de cette notion d’analyse des pratiques
professionnelles, a proposé des séminaires à destination des médecins
généralistes, connus aujourd’hui sous le nom de « groupes Balint ».
Entre 1949 et 1957 (année de parution de son livre: Le médecin, son
malade et la maladie), Balint propose des groupes de discussion à des L’approche Balint s’inspire
médecins sur les problèmes psychologiques rencontrés dans leurs simultanément du courant
pratiques générales. analytique avec l’analyse
Il s’agit d’un dispositif où des professionnels, souvent médecins et transférentielle de la relation
psychanalystes, échangent et commentent des récits de cas cliniques médecin-patient, et du courant
issus de leurs pratiques. psychosocial à travers les études
Il s’agit de mieux comprendre, analyser et traiter les relations de cas «case work» au sein d’un
transférentielles engagées entre médecins et malades. C’est cette groupe, impliquant une
expérience qui lui donne l’idée des Groupes Balint. transformation interactive de soi
Le dispositif du Balint est simple en apparence : « Il s’agit de réunir et des autres, tandis que
des médecins volontaires (8 à 12) pour les écouter exposer des cas l’approche réflexive de Schön
qui leur posent problème, de manière très régulière, toutes les s’inspire de la dynamique de
semaines, et pendant plusieurs années». groupe de Lewin à travers la
Le médecin est invité à laisser de côté son dossier et à procéder par démarche de recherche-action,
associations libres faisant ainsi apparaître la dimension contre- s’agissant alors de comprendre
transférentielle. Les autres participants du groupe posent des l’expérience professionnelle afin
questions, commentent, livrent leurs propres hypothèses et tentent de permettre l’évolution des
d’aider leur confrère à mieux cerner la relation qu’il entretient « à son compétences.
insu », avec son patient.
Pour Balint, la formation médicale traditionnelle ne prépare pas le
médecin à affronter la relation avec les malades, et la psychanalyse
permet de comprendre ce qui se joue dans cette relation. Ainsi, il est
pertinent de proposer aux médecins de réfléchir à partir de situations
réelles, des cas leurs ayant posés problèmes.
Ce dispositif a été influencé par le Transfert/Contre-transfert et le cas
work.
 Transfert/Contre-transfert
Le transfert est un phénomène humain qui s'éprouve à des degrés
variables dans toutes les relations entre individus.
Il est défini (en psychanalyse) comme une relation entre l’analyste et
l’analysé où ce dernier projette sur le thérapeute des situations
affectives inconscientes soit amicales, soit hostiles, établies dans son
enfance au contact de ses parents et des personnes de son entourage.

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Le patient, au cours de la cure analytique, développe vis-à-vis du
thérapeute un mouvement transférentiel, renaissance de modalités Issue de la psychanalyse
relationnelles antérieures susceptibles à partir de là d’être remaniées, freudienne, cette notion concerne
du moins élaborées, par le biais du travail analytique. bien l’être humain avec tout ce
Le contre-transfert est la réponse émotionnelle de l'analyste à son que cela signifie comme
patient dans la situation analytique. Il est souhaitable que cette émotivité, comme affectivité et
réponse soit toujours consciente. comme attachement ressenti d’un
- L’influence du Case-Work côté comme de l’autre.
Cette méthode créée, au début du 19ème siècle. Le casework est une
application directe des théories de la relation d’aide et d’écoute de
Carl Rogers qui cherche à comprendre les interrelations et à
individualiser chaque cas.
Michael Balint a introduit une modification dans cette méthodologie
en invitant les assistants sociaux à ne pas utiliser leur rapport écrit
lors de l’exposé, mais de rendre compte de la relation et des
difficultés rencontrées de manière plus spontanée.
Il introduit ainsi la possibilité de la libre association, sur le modèle de
la règle analytique inventée par Freud.
En fait, il introduit dans ce dispositif de travail de cas, ce que la
psychanalyse lui a enseigné, avec l’hypothèse de l’inconscient, qui
est à l’œuvre pas seulement pour une personne en demande d’une
analyse, mais aussi pour une personne engagée dans la relation à un
autre en demande d’aide ou de soin.

2- L’approche de Schön et et Argyris

Une autre approche de l’analyse des pratiques est issue des travaux John Dewey disait " Que
de Schön et Argyris sur la science- action. Le principe est que l’action l'intervention d'un "aidant"
est source de connaissance. devait être le fruit d'un
Basée sur l'idée que les apprentissages académiques sont peu processus de réflexion qui
opérants pour résoudre des problèmes rencontrés dans le cadre d'une puisse lui permettre de justifier
pratique professionnelle, elle propose aux praticiens de « construire et de prévoir les conséquences
des modèles d’action », à partir d'une réflexion sur leurs propres de son action. "
actions, cette réflexion sur l'action étant productive d'un savoir.

Donald Schön a étudié la relation existante entre le savoir scientifique


et l'action professionnelle des "aidants", il a cherché à mettre en
évidence le savoir caché dans l'agir professionnel tant que les
situations fréquentées professionnellement sont marquées par la
complexité, l’incertitude, l’instabilité, le particularisme.
Ses travaux ont montré que les "aidants" en savaient beaucoup plus
que ce qu'ils pouvaient en dire et que très souvent leurs actions ne
s'appuyaient pas sur de l'appris (savoir scientifique), mais sur de
l'acquis (actions professionnelles ou savoirs-faire).

Schön a développé le concept de « praticien réflexif » qui a devenu


un important modèle de réflexivité au travail, dans le feu de l’action,
après l’action et avant l’action.

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Le praticien doit savoir reconstruire le problème en un problème qu’il
peut résoudre. Il s’agit en quelque sorte d’une problématisation.
Ainsi, l’individu agit comme un chercheur au sens où il construit dans
un premier temps une problématique (un cadre de lecture de la
situation), il pose ensuite des hypothèses en agissant selon un certain
modèle d’action, il vérifie enfin ses hypothèses en analysant les
résultats de son action »
L’Analyse des Pratiques Professionnelles s’inscrit donc dans cette
historicité, s’est formalisée comme une démarche qui renvoie à des
dimensions génériques et spécifiques propres à chaque métier.

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II- DEFINITIONS, OBJECTIFS DE L’ANALYSE DE PRATIQUES
PROFESSIONNELLES

- PRATIQUE
Connue depuis longtemps par les philosophes qui l'ont utilisée pour
différencier la vie active et les conduites, d'une part, de l'exercice de la
contemplation, de la théorie ou de la spéculation, de l'autre.
Elle est toute application de règles, de principes qui permet d'effectuer
concrètement une activité, et qui permet donc d'exécuter des
opérations, de se plier à des prescriptions.

La pratique est tout à la fois la règle d'action (technique, morale,


religieuse) et son exercice ou sa mise en œuvre. C'est la double
dimension de la notion de pratique qui la rend précieuse : d'un côté, les
gestes, les conduites, les langages ; de l'autre, à travers les règles, ce
sont les objectifs, les stratégies, les idéologies qui sont invoqués.
La pratique est donc pour nous une réalité sociale, elle transforme la
matière ou agit sur des êtres humains, elle renvoie au travail au sens
large.

Elle est donc l’objet social abstrait et complexe et n’est pas des données
brutes immédiatement perceptibles. Elle est la manière d’agir
professionnel d’une personne dans un ensemble de normes reconnues
au sein d’un corps professionnel. Elle ne peut se comprendre et
s'interpréter que par l'analyse.
Au sens courant, la pratique devient un « savoir-faire empirique
résultant de l’exercice prolongé et renouvelé de
l’expérience »(Morfaux,1999,p281).

En sociologie, la pratique concerne une activité volontaire qui modifie


l’environnement ; elle agit dans le concret et s’oppose à ce qui relève
de la théorie (Grawitz, 1999, p.323).

- ANALYSE

Elle est une démarche intellectuelle qui permet de


repérer, identifier des éléments isolables, décomposer, puis mettre en
ordre, mettre en relation, relier, articuler, donner du sens, comprendre,
situer les faits dans un réseau de sens, interpréter les interfaces.
Analyser impose une opération de division, de fragmentation, de
parcellisation. Or, bien évidemment, les procédures de découpe, les
outils de dissection, sont alors essentiels : sans eux il n'y aurait pas
d'analyse.
L'analyse implique la reconnaissance qu'un ensemble est constitué de
parties qui, identifiées, permettront d'atteindre les noyaux, les
insécables de cet ensemble.

Analyser, ce n’est pas évaluer

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Analyser c’est mettre en relation, donner du sens, comprendre, a
contrario, Evaluer, c’est porter des jugements, mesurer des écarts par
rapport à des normes : confrontation référé / référent.

Analyser, ce n’est pas superviser


La supervision est un travail d’élaboration transférentielle et contre-
transférentielle engagé par un professionnel avec un superviseur
extérieur à l’institution, afin de surmonter les difficultés personnelles
rencontrées dans la pratique de terrain.
La supervision et l’analyse de pratiques se situent à l’intersection de
l’accompagnement, de la formation et de la réflexion sur les vécus liés
à des situations professionnelles.
La supervision, selon l’Association romande des superviseurs (ARS,
2010), « elle offre la possibilité de réfléchir sur le fonctionnement
professionnel afin d'en mieux gérer les exigences. […] Elle vise le
développement professionnel et personnel. […] Elle aide à développer
la lucidité et la prise de distance afin de mieux gérer les situations
complexes. ».

- ANALYSE DES PRATIQUES

L’analyse des pratiques professionnelles est une méthode qui consiste


à proposer un travail de réflexion sur la pratique à des professionnels
d’un même secteur professionnel.
Elle est un travail de perfectionnement, de distanciation et de « Elle vise «
conscientisation, engagé par un groupe de professionnels accompagnés l’amélioration de l’action
par un animateur qualifié, sur l’exercice de leur métier sur le terrain professionnelle ». Alföldi
qui mettent en difficulté ou posent question. (2017)
Elle est aussi identifiée comme un moyen de professionnalisation, dans
le sens où elle permet de travailler la dimension identitaire dans la
construction du métier.
Les concepts : travail, processus et méthode caractérisent la nature de
l'analyse des pratiques. Le terme perfectionnement est d'une portée
essentielle, et aussi la compétence et la qualification. L'exploration du Une « démarche collective
vocabulaire nécessite aussi de prendre en compte l'échelle sociale, en d’aide au changement
l'occurrence celle du groupe. personnel [… qui permet
L'analyse des pratiques s'applique à un collectif composé de de mieux maîtriser sa vie
professionnels exerçant sur un même terrain. Elle centre son action sur personnelle ou
les actions de terrain, plus particulièrement celles qui posent difficulté professionnelle, d’être
ou questionnent. plus adéquat, plus à l’aise,
L'analyse des pratiques implique un choix : parler ou ne pas parler de plus au clair ou plus ouvert
ses situations devant un groupe. Il importe ensuite de contextualiser cet ». Perrenoud (2001),
engagement réflexif dans l'organisation sociale et institutionnelle.
La définition fait aussi référence aux processus fondamentaux : la
distanciation et la conscientisation, lesquelles augurent la capacité
d'analyse de soi.

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Pourquoi recourir à l’analyse des pratiques professionnelles ?
L’enjeu est donc de
Les trois principaux objectifs sont : réhabiliter la raison
-la compréhension de sa pratique, prendre conscience sur le plan pratique, les savoirs
cognitif des intentions poursuivies, des choix réalisés, des modalités et d‘action et d’expérience,
des moyens adoptés et de la portée de ses paroles et de ses gestes. le sens critique, l’expertise
-le changement de/dans sa pratique, la modification durable, fondée sur un dialogue
consciente, fondée, mûrie et acceptée, de ses pratiques sous ses avec le réel et la réflexion
différents aspects dans une perspective de mieux-être professionnel. dans l’action et sur
-le développement des compétences professionnelles, travailler sur l’action.
les compétences qui donnent une meilleure maîtrise de ses fonctions
qui donnent de la confiance en soi-même par les capacités à analyser
son travail.

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III- LA PRATIQUE REFLEXIVE

L’analyse de pratique professionnelle implique le développement d'une


pratique professionnelle qui devient réflexive et qui incite le praticien à
devenir réflexif.

La pratique réflexive est un processus mental qui vise à apprendre à partir


des expériences vécues, par un retour de la conscience sur elle-même, de La pratique réflexive
manière régulière et volontaire, avec le but de prendre conscience de sa permet de « résoudre un
manière d’agir et de réagir, dans les situations professionnelles ou problème, comprendre une
formatives. situation complexe,
Elle permet de faire évoluer les pratiques/activités professionnelles s’interroger sur sa pratique
individuelles et collectives en accompagnant chacun vers un travail sur et imaginer de nouvelles
l’identité professionnelle, le rapport à l’institution, au savoir et au façons d’améliorer sa
changement. Cela engage un réel processus de professionnalisation. performance » P.
La pratique réflexive se justifierait donc en premier lieu par sa capacité à Perrenoud
créer ou renforcer l'articulation entre théorie et pratique au service d'une
acceptation et compréhension de la complexité à laquelle le sujet se
confronte. Ces acceptations et compréhensions incarneraient un
dépassement du niveau de l'action et contribueraient à l'objectif général
de la pratique réflexive sans perdre de vue que ce travail réflexif vise les
transformations de l'action. une démarche réflexive en
En science sociale, la réflexivité est une démarche méthodologique science consiste en une
consistant à appliquer les outils de l'analyse à son propre travail ou à sa prise de conscience et en un
propre réflexion et donc d'intégrer sa propre personne dans son sujet examen approfondi de sa
d'étude. propre démarche
Charlier et Donnay (2006) font une distinction entre la réflexion et la scientifique.
réflexivité (cité par Vacher, 2014, p. 3).

- Réflexion et réflexivité
« La réflexion est un processus cognitif qui engage une situation qui reste
limitée à l’analyse de cette dernière ».
L'une des plus grandes contributions de Donald Schon à la formation
professionnelle a été de souligner le rôle de la réflexion dans le processus
d'apprentissage (Schon 1983).
Quant à la réflexivité, qui va au-delà de la réflexion, c’est la capacité à
analyser son expérience et la capacité de se prendre soi-même comme
objet d’analyse. Elle renvoie à deux concepts : la réflexion sur l’action et
la réflexion dans l’action. Ainsi, Schon a identifié ces deux types de
réflexion comme suit :
La réflexion dans l'action, est le processus qui permet aux
professionnels de remodeler la situation ou l'activité sur laquelle ils
travaillent pendant sa réalisation.
Les professionnels réfléchissent sur des expériences inattendues et
mènent des « expériences » qui servent à générer à la fois une nouvelle
compréhension de l'expérience et un changement dans la situation.

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La réflexion sur l'action consiste à réfléchir sur une expérience, une
situation ou un phénomène après qu'il se soit produit.
Lorsque les professionnels « réfléchissent à l'action », ils explorent ce qui
s'est passé dans cette situation particulière.
La réflexion sur l'action est souvent associée aux professionnels qui Ce mouvement réflexif de
réfléchissent à leurs expériences et examinent d'autres moyens va-et-vient, Perrenoud
d'améliorer leurs pratiques. (2001) le qualifie de
Elle agit par la réflexion sur les pratiques et sur les savoirs pratiques1 à processus mental, un
l’aide d’outils théoriques de passer - du discours spontané, subjectif, mécanisme interne où
intuitif tenu sur les pratiques - à un discours professionnel réfléchi, l’individu prend sa propre
raisonné, argumenté, travaillant sur les savoirs pratiques pour intégrer, action comme objet de
outre la dimension personnelle, les dimensions interpersonnelles, réflexion pour l’analyser et
professionnelles, et construire un discours communicable à des pair. le comparer afin de
percevoir sa façon d’agir.
Pour le champ du travail social, la complexité des situations ainsi que les
vulnérabilités rencontrées peuvent toucher l’intervenant social y compris
dans sa vie personnelle. Il en est ainsi des questions de la mort, de la
maladie, du handicap, de l’exlusion…
Aussi, la pratique professionnelle des travailleurs sociaux se situe-t-elle
dans un espace social qui génère de l’incertitude malgré la formation
initiale ou continue, au-delà des savoirs théoriques et techniques avec
lesquels l’intervenant social a construit sa professionnalité. Ainsi ce
professionnel est appelé à être capable d'affronter, d'accepter la
complexité du métier (dans toutes ses dimensions) et d'assumer ses
responsabilités pour agir et ce par la médiation de la réflexion
La pratique réflexive se pose alors comme une nécessité afin d’assurer
une fonction de régulation de cette incertitude et des risques encourus
dans la pratique professionnelle.

1
On désigne par là des savoirs déclaratifs ou procéduraux qui ne sont pas produits par l'université ni aucune institution 8
de formation, mais font partie des savoirs professionnels ou des " savoirs d'expérience.
III-1- LE PRATICIEN REFLEXIf

Le praticien réflexif est celui qui est capable de structurer son


intervention dans une logique d'adaptation, consciente, évolutive, et
responsable.
Il désigne « la personne qui se montre capable, d'une part, de décrire
et d'analyser sa pratique ainsi que d'en examiner l'efficacité et, d'autre
part, de créer ou d'adapter ses propres modèles de pratique en tirant
profit des modèles existants (modèles d'intervention ou
d'accompagnement) afin de rendre sa pratique plus efficace »
(Lafortune et Deaudelin, 2001, p. 43).
Cette définition reflète l’importance de la réflexion dans la
transformation des pratiques. Dans cette interaction, la réflexion joue
un rôle central, car elle est la médiatrice entre ces deux pôles
indissociables et s'inscrit dans la cohérence du principe d'«
interdépendance irréductible entre l'expérience et la raison » énoncé
par Piaget (Piaget, 1963, p. 21).
Schön (1996) Perrenoud (2004) et Donnay & Charlier (2008) montrent le praticien réflexif
que la posture de praticien réflexif et de praticienne réflexive vise à soumet ses pratiques à «
développer la conscience que le professionnel, la professionnelle a de un examen critique dans
ses actes pour répondre avec professionnalisme aux situations le but d'en retirer de
complexes rencontrées dans l’exercice de sa fonction. nouveaux niveaux de
Schön (1996) précise qu’avant de définir ce que le professionnel a compréhension capables
besoin d’acquérir comme savoir, il importe de mettre en évidence ce de guider ses actions
que le professionnel sait faire tout en l’aidant à expliciter son savoir- futures » (Holborn,
faire. 1992,p. 86).
C’est tourner son regard vers soi-même, pour mieux se connaitre et
mieux connaitre sa manière d’agir dans des circonstances données.
Parler de « praticien réflexif » renvoie également à la dimension
individuelle de la responsabilité de l’acte professionnel.
À ce stade, la pratique réflexive peut s’entendre au moins à deux
niveaux possibles : celui du professionnel lié à ses positions
individuelles elles-mêmes marquées par ses valeurs personnelles, et
celui d’un collectif de travail où sont engagés des débats, des points de
vue différenciés, des valeurs divergentes.

Une logique d’intégration accrue de la pratique réflexive dans le


processus de transformation est justifiée par la pertinence et le
perfectionnement professionnels

la professionnalisation se traduit par une augmentation de la prise en


compte de la complexité du métier et une autonomisation du sujet en
formation dans cette prise en compte. Ces deux mécanismes se font au
profit d'une amélioration de sa capacité à agir et transformer ses
pratiques professionnelles.
Face à des systèmes traditionnels qui ont montré leur limite dans la
prise en compte de la complexité et l'implication du sujet dans son
apprentissage, le recours à la pratique réflexive, en tant que médiation,

9
apparaît comme susceptible de participer à l'amélioration de la
professionnalisation.
Cette médiation se réalise entre l'expérience non verbalisée, parfois
non conscientisée, les apports théoriques et les dvnamiques sociales de
la formation. Geay et Salaberry affirment que « cette explicitation par
verbalisation de l'expérience est un outil d'apprentissage essentiel
parce qu'il réduit l'écart théorie-pratique et fait émerger le sens »
(Geay et Sallaberry, 1999, p. 11).
Développer une pratique réflexive, c’est adopter une posture réflexive,
de manière régulière et intentionnelle, dans le but de prendre
conscience de sa manière d’agir, ou de réagir, dans les situations
professionnelles.
La posture réflexive peut être considérée comme étant un levier
essentiel, voire une condition nécessaire à l’adoption d’une démarche
introspective2 permettant de réfléchir sur ses façons de faire, d’agir et
de penser (Martin, Doudin, Pons et Lafortune, 2004).
Elle est une posture mentale qui n’est pas spontanée. Il s’agit de tourner
son attention vers soi- même et vers son activité́ , plutôt que vers le
contexte dans lequel s’est déroulée cette activité́ .
Il s’agit de s’intéresser à soi en tant qu’acteur dans toute situation
vécue.
On peut développer la posture réflexive à travers :
-la distanciation : Il s’agit d’une prise de recul cognitive et affective.

- La conceptualisation : Il faut apprendre à analyser sa propre action et


la conceptualiser en reliant les éléments de sa pratique à des points de
vue conceptuels et théoriques. Ces liens ont pour but d’expliquer sa
pratique, de mieux la comprendre.

- La conscientisation : Comprendre sa pratique permet une prise de


conscience de ses propres ressources, connaissances de ses manques,
de ses difficultés… ce qui permet d’opérer des réajustements pour
améliorer ses futures actions.

-Transférabilité des compétences : Il faut avoir des connaissances


stratégiques et une connaissance explicite de sa propre pratique pour
être en capacité d’agir dans tous les contextes.

2 10
Regard attentif sur soi-même et Observation méthodique, par le sujet lui-même, de ses états de
conscience et de sa vie intérieure.

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