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Université A Mira de Bejaia

Faculté des sciences humaines et sociales

Département de psychologie et d’orthophonie

Psychologie : L2 : Section I : G ; 1 2 3 4 et 5

Module de : Introduction à la psychopathologie (S4)

Assuré par : Mr Lakhdar Amrane

I-Introduction
La psychopathologie se définit classiquement comme l’étude des
dysfonctionnements psychologiques. Il s’agit d’une psychologie du pathologique
aussi bien que de l’étude de la pathologie du psychologique. À ce titre son objet est
double : décrire et interpréter les dysfonctionnements psychologiques chez les
personnes « normales » ou « malades ». Ceci pose bien évidemment la distinction
entre le normal et le pathologique et des fondements éthiques, sociaux, voire
politiques de cette distinction.
La psychopathologie interroge donc deux niveaux différents (décrire et
interpréter) mais articulés autour d’un ensemble de méthodes d’investigation qui
empruntent à la psychologie clinique (méthode clinique), à la psychiatrie
(sémiologie), à la psychologie générale (tests, échelles).
De même, sur le plan historique, la psychopathologie s’est longtemps
confondue avec la psychiatrie et bien que l’objectif principal de la psychiatrie reste
à ce jour soigner, il n’en demeure pas moins que son discours tente de comprendre
(apport d’éléments explicatifs) les dysfonctionnements psychologiques. Les
psychiatres font donc aussi de la psychopathologie.
Elle s’appuie dans sa démarche et étude sur un support théorique constitué
d’un ensemble d’approches.
Classiquement, il existe deux approches descriptives : la sémiologie
analytique (avec les classifications névrose, psychose, perversion, a-structuration)
et la sémiologie « a-théorique », telles que les classifications internationales (CIM
10 ou DSM V).
Le module se compose de 2 parties : - une 1ère théorique et une 2ème clinique.
II-Théorie :

1-Définitions :

Littéralement, la psychopathologie est l’étude de la souffrance de l’âme.


Historiquement, c’est une démarche qui s’est développée de la naissance et des
progrès de la psychiatrie qui s’est constituée comme spécialité médicale à la fin du
18ème siècle et dont la démarche comporte :

- Observation et inventaire des signes (le temps sémiologique)

- Classement (le temps nosographique)

- Hypothèses sur les mécanismes et les causes(le temps de l’étiologie).

Dans l’ensemble, la psychopathologie demeure l’étude de la souffrance et


des dysfonctionnements psychiques à l’appui d’un ensemble de théories.

Pour Minkowski (1966) la psychopathologie désigne à la fois la psychologie


du pathologique et la pathologie du psychologique.
Selon J-L Pedinielli (1994) « La pathologie du psychologique est l’acception la plus
courante et la plus classiquement admise. Elle supporte l’existence d’une pathologie
mentale dont on décrit et interprète les aspects psychologiques : la psychopathologie de
l’enfant est à la fois l’ensemble des difficultés (pathologies) psychiques de l’enfant et
les tentatives d’interprétation psychologique. Ici, « psychologique » désigne le lieu
de la pathologie (c’est dans le psychisme que se situe le problème : il s’agit donc des
troubles à manifestation ou à origine psychologique).

« Psychopathologie » spécifie un domaine qu’on pourrait confondre avec la


pathologie mentale, telle que la découpe la psychiatrie. Mais, dans les faits, cette
conception se double d’une activité de discours (logos) qui utilise une théorie générale
psychologique pour rendre compte des faits décrits par la psychiatrie clinique.

Dans ce contexte, « psychopathologie » désigne aussi le savoir qui permet de


comprendre la pathologie.
Pour D .Lagache : la psychologie pathologique est l’étude des fonctions psychiques par
l’observation des anomalies qu’elles présentent dans des maladies et la
psychopathologie est l’étude des maladies mentales.

La notion de psychologie du pathologique désigne l’analyse psychologique du


fait pathologique (ou de la dimension psychologique du fait pathologique).
Minkowski soulignant que la pathologie était l’objet d’une investigation
psychologique susceptible de l’éclairer. Il s’agissait donc de comprendre, ce qui
suppose deux démarches : démarche clinique, visant à saisir l’expérience du patient
en se rapprochant le plus possible de son expérience vécue, mais aussi de la
relation établie avec lui, démarche théorique, cherchant à repérer le plus petit
nombre d’altérations originaires et irréductibles et dont découlent les autres
perturbations.
Parler de pathologie n’est donc pas se réduire à la maladie mentale, elle peut
désigner toutes les situations de souffrance, quelle que puisse en être l’origine : le
deuil, n’est pas une maladie, mais il comporte une souffrance, faire une
psychopathologie du deuil consiste à analyser cliniquement les mécanismes de cette
souffrance. » Cette conception élargit donc la psychopathologie hors du champ de
la psychiatrie.

2-Psychopathologie et champs voisins


2 1 - Psychopathologie et psychiatrie :
L’objet de la psychiatrie est certes d’isoler les troubles mentaux et de les
comprendre mais surtout, puisqu’il s’agit d’une discipline médicale, de soigner les
personnes qui souffrent de maladies mentales (chimiothérapies, psychothérapies).
À ce titre, l’objet de la psychiatrie se réduit à la psychologie du pathologique.
La psychiatrie ne s’intéressant que peu à la pathologie du psychologique ou à la
psychopathologie de la normalité.

2 2 -Psychopathologie et psychothérapie :
Les psychothérapies sont des ensembles, plus ou moins bien systématisés, de
procédures qui sont orientés vers la disparition des souffrances psychologiques.
Celles-ci appartenant à la fois au registre de la maladie mentale et de la pathologie
de la vie quotidienne (stress, deuil, difficulté de couple, etc), elles fondent leurs
interventions sur les descriptions cliniques et les interprétations théoriques de la
psychopathologie.
L’orientation des psychothérapies, de même que la psychiatrie, étant tournée
plus vers le soin que vers la mise en évidence des mécanismes psychologiques
sous-jacents, ces deux domaines ne se recouvrent donc pas entièrement.

2 3 - Psychopathologie et psychanalyse :
La psychanalyse est définie par Freud comme :

A- une méthode d’investigation consistant essentiellement dans la mise en


évidence de la signification inconsciente des paroles, des actions, des productions
imaginaires (rêves, fantasmes, délires) d’un sujet.

Cette méthode se fonde principalement sur les libres associations du sujet


qui sont le garant de la validité de l’interprétation. L’interprétation psychanalytique
peut s’étendre à des productions humaines pour lesquelles on ne dispose pas de
libres associations.

- B. une méthode psychothérapique donnée sur cette investigation et


spécifiée par l’interprétation contrôlée de la résistance, du transfert et du désir. À ce
sens se rattache l’emploi de la psychanalyse comme synonyme de cure
psychanalytique.

- C. un ensemble de théories psychologiques et psychopathologiques où sont


systématisées les données apportées par la méthode psychanalytique d’investigation
et de traitement » (Laplanche et Pontalis, 1967)
À ce titre la psychanalyse est à la fois psychothérapie et psychopathologie.
Ainsi, nous pouvons voir que psychopathologie et psychanalyse partagent en
commun un certain nombre d’objets d’études ainsi que des méthodes.

Toutefois, il apparaît que le corpus théorique et méthodologique de la


psychopathologie fait appel à des conceptions qui ne sont pas uniquement issues de
la psychanalyse. Le survol historique que nous avons fait précédemment nous a
même montré l’importance de l’héritage dans la constitution du corpus
psychopathologique de conceptions antagonistes avec la psychanalyse.
Contrairement à ce qu’avancent les tenants d’une psychopathologie qui se
serait un sous-ensemble de la psychanalyse, il apparaît que la psychanalyse est un
des courants (certes essentiel sur le plan historique) de la psychopathologie mais
que cette discipline universitaire ne saurait être confondue avec la psychanalyse.
Les modèles théoriques et méthodologiques de la psychopathologie faisant en
effet appel à des conceptions et des outils plus larges que la seule psychanalyse.

2 4- Psychopathologie et psychologie clinique :


La distinction entre psychologie clinique et psychopathologie est délicate
dans la mesure où ces deux disciplines sont enseignées dans les UFR de
Psychologie et que la plupart des Diplomes qui sanctionnent l’obtention du titre de
Psychologue Clinicien mentionnent généralement la psychopathologie.
Comme le rappelle J-L Pedinielli (1994), depuis son introduction en France
après guerre (par Lagache en 1948 pour ce qui est de la formation universitaire), la
psychologie clinique a été définie avant tout par le recours exclusif à la méthode
clinique.
Il existerait donc « une psychopathologie clinique et une psychopathologie
fondamentale », (la psychopathologie étant le domaine et la clinique la méthode), «
une psychologie clinique appliquée à la pathologie et une psychologie clinique
appliquée à d’autres domaines (groupes, communications, développement,
normalité) ».
Cependant, pour Pedinielli, « il paraît insoutenable de considérer que le
psychologue clinicien praticien n’a pas de compétence pour intervenir auprès des
malades mentaux gravement atteints ».
Pour lui, les liens et les rapports entre psychologie clinique et
psychopathologie sont certes complexes mais existe un « recouvrement partiel
entre domaines clinique et psychopathologique ; la clinique est la situation dans
laquelle on rencontre les objets psychopathologiques, mais la psychologie clinique
peut se fixer les mêmes objets que la psychopathologie ».
De même qu’il convient de distinguer la psychopathologie de la
psychanalyse, cette dernière ne saurait être confondue avec la psychologie clinique
comme le montre bien Jean-Louis Pedinielli (1994), bien que certains
professionnels (psychologue ou enseignants chercheurs) continuent à le faire.

3-Notion de normalité
La notion de « normalité » est dangereuse dans certaines circonstances et à
certaines époques. L’histoire internationale est riche en illustrations et en abus
cruels produits au nom d’une pseudo-normalité.
Si la notion de normalité n’est pas neutre, il n’existe toutefois pas de notion
simple de la normalité. La question de la norme et du normal renvoie soit à des
statistiques, soit à des règles, soit à des normes ou encore à un idéal.

3 1 -Normalité statistique
Puisque les individus présentent des conduites diversifiées et hétérogènes,
peuvent être considérées comme normales les conduites de la majorité ou d’une
moyenne obtenue dans une population donnée.
La « normalité » statistique se réfère à un pourcentage majoritaire de
comportements par rapport à une moyenne statistique.
Le normal concerne la majorité des sujets d’une population donnée tandis que
le pathologique renvoie aux extrémités et aux déviants par rapport à une
moyenne. Lorsque la normalité est définie en fonction d’une majorité, donc d’un
nombre,
la situation de la minorité peut devenir problématique.
Ainsi, certaines communautés minoritaires furent dans le passé réprimées
voire supprimées, avant d’être aujourd’hui intégrées dans les variations de la
normale.
L’autre critique qui peut être émise par rapport à la normalité statistique
concerne le choix de la frontière entre le normal et le pathologique : cette limite
est de fait, artificielle et arbitraire. En conséquence, réduire le normal à la
normalité statistique et le pathologique au déviant n’est pas satisfaisant ni sans
danger.
3 2 -Normalité idéale
La normalité idéale désigne une perfection à laquelle l’idéal collectif aspire.
Dans ce cas, la « normalité » est définie par rapport à un idéal, un absolu, une
perfection ou une utopie. La norme peut être parentale, groupale, institutionnelle
ou politique.
Quand la « normalité » est définie en fonction d’un idéal collectif, les risques
sont nombreux dans la mesure où cette définition peut réduire l’équilibre
psycho- logique au conformisme social.
Ainsi, est normal tout ce qui est conforme ; devient pathologique tout ce qui
n’est pas conforme. Or, il est impossible de préconiser un respect aveugle de
toute règle en toutes circonstances puisque la règle sociale évolue.
3 4 - Normalité fonctionnelle

La normalité fonctionnelle ne compare pas l’individu par rapport aux autres


mais par rapport à lui-même. L’individu devient la norme. Le normal est le
fonctionnement optimum pour l’individu par rapport à ses caractéristiques
psycho- logiques propres. La normalité, ici, est discutée en fonction des réalités
profondes et propres à chaque personnalité.
Avant les travaux de S. Freud, les aliénistes considéraient d’une part, les gens
dits « normaux », d’autre part, les « malades mentaux ». Les travaux de S. Freud
et les recherches contemporaines ont démontré qu’une personnalité « normale »
peut connaître à un moment de son existence un épisode psychopathologique
parti- culier et qu’inversement, une pathologie bien traitée et traitée tôt, peut
revenir à la « normalité ».
Actuellement, on n’oppose plus les « normaux » aux « malades mentaux ».
La majorité des psychopathologues considèrent qu’il existe un continuum entre
les différents modes de fonctionnement psychique et il serait erroné de ne
s’arrêter qu’aux manifestations extérieures, à l’état manifeste ou au mode
apparent de fonctionnement psychique.
J. Bergeret considère que l’individu « bien portant », n’est ni l’individu qui se
proclame bien portant ni le malade qui s’ignore. Le « bien portant » est
– un individu qui n’a pas rencontré de difficultés supérieures à ses facultés
affectives, adaptatives et défensives,
– un individu conservant des fixations conflictuelles comme tant d’autres,
– un individu qui se permet un espace de jeu psychique.

« - Normativité »

G. Canguilhem (1966) a mené une réflexion sur le normal et le pathologique


l’amenant à proposer la notion de normativité : un individu sain est celui qui peut
tomber malade et se rétablir ; c’est un individu capable d’instaurer de nouvelles
normes de fonctionnement dans des contextes différents.
Cette ligne de réflexion conduit à définir la santé mentale non par l’absence de
maladie ou par un nombre réduit de symptômes, mais par des capacités de
changement et d’adaptation à des situations nouvelles.

4- Les concepts de base :

4 1-La notion de structure


Chaque individu s’organise selon une structure psychique ; un certain nombre
d’auteurs, en particulier Jean Bergeret, distingue les trois grandes structures ou
organisations suivantes :
– La structure névrotique ; concerne une organisation fantasmatique
centrée autour du complexe d’Œdipe et le respect du principe de réalité.
L’organisation névrotique rend compte de l’intégration de la problématique
œdipienne. Elle est caractérisée par l’existence de conflits intrapsychiques.
Le type d’angoisse dominant est l’angoisse de castration.
– La structure psychotique : prend son départ au niveau des frustrations très
précoces qui ne permettent pas d’atteindre le niveau d’élaboration psychique
de la structure névrotique. Le conflit sous-jacent se joue entre la réalité et
les besoins pulsionnels bruts. Le type d’angoisse prévalent est l’angoisse de
morcellement.
– Les astructurations ou fonctionnements limites : le sujet n’a ni une struc-
ture névrotique ni une structure psychotique. Son fonctionnement psychique
est plus ou moins à la limite du fonctionnement névrotique ou du
fonctionnement psychotique.
La problématique centrale concerne l’angoisse de perte de l’amour de
l’autre. Le type d’angoisse est l’angoisse de « perte d’objet ».
Chaque individu présente un type de fonctionnement psychique privilégié se
situant dans l’une ou l’autre de ces trois grandes entités, sans être « malade »
pour autant.
S. Freud compare la structure mentale à un bloc minéral cristallisé. Si on
laisse tomber à terre un corps cristallisé, il se brise. Toutefois, il ne se brisera
pas au hasard. Le cristal va se casser selon
– des lignes de cassure préétablies, constantes,
– selon des lignes de clivage propres à la structure interne du minéral.
Ces lignes, bien qu’invisibles de l’extérieur, existent à l’intérieur de la matière.
Les lignes de clivage sont visibles lorsque le cristal se casse ou s’il est observé
au microscope. S. Freud pense qu’il en est de même pour la structure mentale.
Le psychisme individuel s’organise selon des lignes de force, selon des lignes de
faiblesse, lignes intérieures, originales, complexes, propres à chaque psychisme.
J. Bergeret montre ainsi qu’il suffit d’un examen minutieux ou d’un événement
susceptible de rompre l’équilibre antérieur pour que soient retrouvées les lignes
de clivage, les lignes de soudure entre les éléments. La cure psychanalytique
permet entre autres, l’examen approfondi de cette structure.

Cette modalité classificatoire a donné lieu à une conception de la structure


largement approuvée dans la communauté analytique
La structure est ici définie comme un ensemble d’éléments sous-jacents au
tableau clinique. Cette conception se retrouve aussi bien dans les travaux d’auteurs
américains (tel Kernberg, à qui l’on doit également la mise en évidence de la
structure borderline) que dans les travaux d’analyste français comme Jean Bergeret
(1974,146), dont nous allons suivre ici les propositions.

Structure Instance Nature Nature Défense Relation


dominante d’objet
dans du de s
l’organisati Conflit l’angois principa
on se les
Névrose Surmoi Surmoi Castration Refoulement Génitale
s de avec le ça
transfert
Psychoses Ça Ça avec la Morcellemen Rejet Fusionnelle
réalité t
Etats-limites Idéal du Moi Idéal du Perte d’objet Clivage, Anaclitique
moi avec
le ça et la idéalisat
réalité ion

Chaque structure est donc organisée autour d’éléments psychopathologiques


(type de conflits, mécanisme de défense, type d’angoisse, relation d’objet). Chaque
structure est composée de sous-structures.
4 2 -La pulsion et les théories des pulsions :

La métapsychologie fait intervenir la notion de pulsion. Cela pose une


question importante : Qu’est-ce que la pulsion ?
La pulsion c’est l’énergie du psychisme. C’est le carburant qui va faire
tourner la machine métapsychologique.
De même qu’il y a plusieurs théories de l’appareil psychique, il y a aussi
plusieurs théories des pulsions.
Ce qui ne change pas, c’est les 4 aspects de la pulsion : la poussée (son
aspect dynamique et moteur), le but (l’apaisement de la tension liée à la poussée),
la source (la zone érogène où prend naissance la tension) et l’objet (c’est-à-dire ce
qui va permettre à la pulsion de tendre vers son but).
Ce qui change ce sont les théories des pulsions :
La première distingue : les pulsions sexuelles et les pulsions
d’autoconservation (formulée en 1910 « La conception psychanalytique des
troubles visuels d’origine psychique). La libido est le nom de l’énergie sexuelle.
Les zones du corps fournissent un étayage, c’est-à-dire un appui, à ces deux
énergies.

Les pulsions sexuelles s’étayent aussi sur les fonctions qui assurent
l’autoconservation. Ainsi, la succion : la faim permet à l’enfant de remplir une
fonction propre à assurer l’autoconservation, mais cette activité lui procure du
plaisir et plus tard l’enfant pourra sucer en l’absence de faim et à la recherche du
seul plaisir.

La fonction alimentaire fournit un étayage à la sexualité. Mais cette


sexualité organisée autour de différentes parties du corps reste partielle. La vision,
le toucher, l’activité musculaire, sont étalements investis de pulsions partielles.
C’est un stade auto-érotique où chaque pulsion trouve satisfaction indépendamment
les unes des autres : c’est un plaisir auto-érotique, un plaisir d’organe. Très vite la
pulsion sexuelle peut se libérer de l’étayage de l’autoconservation et trouver
satisfaction en dehors de la présence de l’objet.

La seule représentation de cet objet suffit à tendre vers le but. C’est la


réalisation hallucinatoire de l’accomplissement de désir sur un mode fantasmatique.
Le rêve en est une modalité, de même que le fantasme ; de même que
l’hallucination proprement dite. Puis les zones érogènes partielles ne suffisent plus
à procurer le plaisir et le sujet va se tourner vers les objets extérieurs, susceptible de
procurer le plaisir.
Freud s’aperçoit alors que le narcissisme est une étape intermédiaire entre
l’auto-érotisme et l’amour d’objet. C’est une phase où les pulsions sont unifiées et
investissent le corps dans son entier. Les diverses zones éparpillées sont unifiées.
Ce ne sont plus les zones érogènes qui sont investies mais le corps tout entier. C’est
le stade du narcissisme, intermédiaire entre une relation d’objet auto-érotique et une
relation d’objet. Freud va appeler libido du moi l’énergie qui va venir alimenter ce
narcissisme et va donc opposer une libido d’objet à une libido du moi. Et le conflit
se nouera entre ces deux pulsions.
Enfin la dernière théorie des pulsions va opposer les pulsions de vie et les
pulsions de mort. Les pulsions de mort ont été découvertes à partir du travail sur la
répétition et sur le traumatisme. Les pulsions qui poussent au changement, les
pulsions de vie, qui noue des liaisons avec les objets et les autres pulsions, vont
s’opposer aux pulsions de mort, qui déliant ces liaisons, vont tendre vers le retour à
l’identique.
4 3-Les fantasmes, l’angoisse et les mécanismes de défense
4 3 1-Le fantasme :
Le fantasme se définit comme un « scénario imaginaire où le sujet est présent et qui
figure, de façon plus ou moins déformée par les processus défensifs,
l’accomplissement d’un désir et, en dernier ressort, d’un désir inconscient. Le
fantasme se présente sous diverses modalités : fantasmes conscients ou rêves
diurnes, fantasmes inconscients tels que l’analyse les découvre comme structures
sous-jacentes à un contenu manifeste, fantasme originaire. »
Le fantasme inconscient est au cœur de la pathologie. C’est la réalisation de
ce scénario, ou le risque de sa mise en acte, qui induit la décompensation.

43 2 - L’angoisse :
L’angoisse est un phénomène clinique présent dans toutes les structures
pathologiques. C’est un signal contre un danger imaginaire. Il est à différencier de
la peur, qui est lié à un objet réel, ou de l’anxiété qui a un caractère anticipatoire.
Les angoisses sont articulées aux fantasmes et aux stades. Classiquement, on
distingue : l’angoisse de morcellement dans la schizophrénie (stade oral),
l’angoisse de persécution dans la paranoïa (premier stade anal), l’angoisse de perte
d’objet dans les états limites (stade anaclitique), l’angoisse de castration dans la
névrose (stade œdipien).
Le sujet se défend contre l’angoisse par les mécanismes de défense.

4 3 3- Les mécanismes de défense :


Les mécanismes de défenses sont définis ainsi ; « Différents types
d’opérations dans lesquelles peut se spécifier la défense. Les mécanismes
prévalants sont différents selon le type d’affection envisagée, selon l’étape
génétique considérée, selon le degré d’élaboration du conflit défensif. On s’accorde
à dire que les mécanismes de défense sont utilisés par le moi. (Laplanche et
Pontalis, 1967)
Il existe donc des mécanismes archaïques : projection, introjection, clivage,
déni, identification projective, forclusion, et des mécanismes élaborés dont les plus
achevés sont le refoulement (dans la névrose) et la sublimation. La sublimation est
le processus qui conduit à élever le but de la pulsion dans une tâche socialement
élevée, comme l’art, les études etc...

II- Clinique :

1- Clinique des névroses ou troubles anxieux

1- Définitions classiques
Selon Pedinielli et Bertagne (2002), il est classique de définir les névroses
comme des troubles mentaux qui ne comportent aucune étiologie organique
démontrable et ne perturbent pas le rapport à la réalité et le sentiment d’identité. «
Ces symptômes sont ressentis par les patients comme des phénomènes indésirables
en rupture ave l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes. »
Le terme névrose, trop marqué par la psychanalyse qui a donné à son étude
psychopathologique ses lettres de noblesse, est actuellement remis en cause par les
classifications internationales (DSM IV et CIM 10) du fait de leur approche a-
théorique et syndromique.
La névrose est en effet une classe de maladie mentale qui comporte dans sa
définition et dans le repérage des critères qui en définissent les différents troubles
un aspect psychopathologique étiologique et explicatif. Contrairement à d’autres
catégories de troubles, les troubles névrotiques ne peuvent être saisis uniquement
sous leur angle descriptif et objectivable.

2- Sémiologie générale des névroses


Selon Pedinielli et Bertagne (2002), nombres des symptômes névrotiques
peuvent se retrouver dans d’autres troubles mais ce qui est quasi pathognomonique
de la névrose, c’est que le névrosé s’inscrit dans un rapport particulier à ses
troubles :

2 1 - L’angoisse :
L’angoisse est au premier plan du tableau clinique et prend des formes qui
peuvent être subjectives (inquiétude, sentiment d’une menace, sentiment de
déréalisation, de dépersonnalisation), comportementales (agitation motrice,
évitement, utilisation contrephobique de certains comportements ou ritualisation
des conduites à des fins anxiolytiques, usage de produits à des fins également
anxiolytiques), somatiques ( douleurs ou gêne dans les sphères cardio-vasculaire,
respiratoire, digestives, génitale, urinaire, neuromusculaire).
Cette angoisse, constante dans les névroses, va constituer et organiser
l’ensemble de la personnalité.

- 2 2 Manifestations d’allure somatique


Certains symptômes affectent le « corps vu, ressenti, éprouvé, vécu » plus
que le corps biologique. Cela se traduit par des manifestations somatiques de
l’angoisse, mais également par d’autres troubles comme les somatisations (plaintes
somatiques fondées sur des sensations corporelles mais peu ou pas explicables par
l’existence d’un trouble somatique) qui peuvent toucher différentes fonctions
somatiques (sexualité, digestion, motricité, etc), les déficits de la motricité ou de la
sensorialité (paralysie, perte de sensibilité) souvent précédés par des situations de
tension, les douleurs (psychogènes ou majorées), les préoccupations
hypochondriaques, les dysmorphophobies (préoccupations concernant
l’apparence et plus particulièrement un défaut imaginaire que le sujet est le seul à
voir).

- 2 3 - Les troubles de la pensée


Les principaux troubles de la pensée sont les croyances irrationnelles, les
obsessions et les compulsions, les ruminations mentales, le doute, les troubles de
la mémoire (amnésie, ecmnésie), le sentiment d’insécurité.

2 3-Les traits de personnalité


La personnalité névrotique est marquée par l’impossibilité de prendre une
décision ou à agir, avec parfois la présence d’actes impulsifs pour sortir de
l’hésitation, la dépendance aux autres, le besoin d’être rassuré, la difficulté de
supporter le jugement des autres, l’angoisse de solitude, le souci constant de
l’image que l’on veut transmettre aux autres (avec des sentiments de honte, de
gêne et de culpabilité), l’impossibilité d’établir des relations spontanées (y
compris des relations sexuelles), l’incapacité à lutter contre ces tendances
reconnues comme dysfonctionnelles, le manque de confiance en soi, la
dramatisation des situations.

Tous ces phénomènes sont ressentis comme étrangers à la vision que la


personne a de lui-même alors qu’ils constituent le quotidien de son être.

3-Les formes cliniques


Il est classique depuis Freud d’opposer deux catégories de névroses.

3 1-Les névroses actuelles :


Composées de la névrose d’angoisse, de la neurasthénie et de
l’hypochondrie, les névroses actuelles ont en commun sur le plan des mécanismes
d’avoir une origine dans la vie actuelle, des symptômes qui ne sont pas la
symbolisation de conflits psychiques et dont l’origine se trouve dans la non-
satisfaction d’une pulsion sexuelle. La dimension somatique du symptôme est au
premier plan et évoque une difficulté d’élaboration psychique qui les rend peu
accessibles au traitement psychanalytique.

311-La névrose d’angoisse


La névrose d’angoisse consiste en une anxiété flottante qui n’est pas liée,
comme dans la phobie à des objets précis, mais plutôt à des attentes diffuses et se
traduit par des sensations de menace grave, d’un sentiment de devoir mourir, sans
que pour autant le sujet ne perçoive de causes à son malaise. L’angoisse est ici vécu
de façon très traumatique et peut entraîner le développement de comportements
(notamment alcooliques) visant à l’endiguer.

31 2- L’hypochondrie
Il s’agit de la croyance pour le malade d’exprimer la crainte et la certitude
d’être atteint d’une maladie organique (parfois psychiatrique) grave. Les
réassurances de l’entourage ou des intervenants médicaux ne sont pas efficaces.
Cette croyance s’accompagne de comportements typiques comme : la recherche de
diagnostics et d’examens médicaux, le recours à des médecins différents, des
plaintes douloureuses mais difficiles à décrire, l’utilisation fréquente du discours
médical.
Sur le plan théorique, le malade interprète de façon erronée ce qu’il ressent et
occupe une position imaginaire double : médecin et malade.

31 3- La neurasthénie
Le tableau clinique comprend une asthénie physique et psychique avec
fatigabilité, des troubles de l’humeur et de l’émotivité, des troubles
psychosomatiques avec insomnies, céphalée. L’épuisement nerveux est au
premier plan de l’étiologie personnelle du malade.

31 4- L’anxiété post-traumatique ( état de stress post traumatique)


Il s’agit d’un ensemble de réactions qui font suite à un traumatisme. Les
principaux traits sont l’hyper vigilance, les troubles de la concentration, des
réactions de sursaut, l’évitement de tout ce qui peut rappeler le traumatisme.

3 2-Les névroses de transfert


Composées de l’hystérie d’angoisse (phobie), de l’hystérie de conversion et
de la névrose obsessionnelles, les névroses de transfert ont en commun sur le plan
des mécanismes d’avoir une origine se situant dans l’histoire infantile du sujet, des
symptômes qui sont des compromis entre le désir et la défense dont l’origine est le
refoulement des désirs sexuels. Leurs symptômes ont un sens qui peut être
interprété dans le cadre analytique.
C’est à leur propos que l’on parle de structure névrotique. Selon Bergeret la
relation d’objet y est génitale, l’angoisse de castration domine, le mécanisme de
refoulement est central et porte sur les désirs génitaux menaçants pour le Moi car
suscitant une angoisse de castration.
La rupture de l’équilibre de la structure entraîne la décompensation névrotique.
Formes cliniques :

321-La névrose hystérique


L’hystérie est l’une des plus anciennes entités morbides qui ait été isolée. Les
descriptions qu’en a données Hippocrate mettaient déjà l’accent sur l’insatisfaction
sexuelle dans l’étiologie de la maladie.

L’hystérie a tout au long de l’histoire de la psychopathologie constitué un


pôle d’attraction et de répulsion, dont son exclusion actuelle du champ des
classifications n’est qu’une étape parmi d’autres.

2- Clinique de l’hystérie
2 1-Sémiologie
La sémiologie de l’hystérie est changeante et varie d’une époque à l’autre. Ce
qui fait dire à certains que l’hystérie est avant tout une personnalité.

21 1- Symptômes d’allure somatique


Les troubles somatiques peuvent toucher des multiples fonctions. La
conversion obéit à des caractéristiques
: il n’y a pas d’atteinte organique (malgré la gêne que ressent le patient), le symptôme
est réversible.
Citons par exemples les troubles de la motricité et du tonus (qui constituent
la crise classique ou « grande attaque d’hystérie) , les tremblements anormaux,
certains hoquets, certaines toux, certains troubles de la vigilance (somnolence
diurne, accès de bâillements), des pseudo-paralysie, des contractures (qui peuvent
toucher un membre, une partie seulement, ou même les cordes vocales ou des
parties du visage), certaines formes d’asthénie, des spasmes des sphincters.

Citons également des troubles sensitifs (asthénies localisées, hyperesthésies,


troubles de la vision, troubles sexuels), ou neurovégétatifs (spasmes, coliques,
palpitations, nausées, grossesse nerveuse) ou enfin les stigmates.

21 2 Symptômes psychiques
Ces symptômes sont repris dans le DSM sous l’appellation trouble
dissociatifs. On note classiquement des amnésies psychogènes, le
somnambulisme, les fugues psychogènes (départ soudain du domicile avec
impossibilité de se souvenir du passé), la dépersonnalisation (altération de
l’expérience vécue), la personnalité multiple, les états crépusculaires, les états
seconds.

La relation aux symptômes :


Le symptôme prend souvent une allure spectaculaire et est présenté de façon
dramatisé par le patient. Le symptôme est très sensible à la suggestion, il est
souvent inscrit dans une relation, peut présenter un caractère symbolique
aisément repérable par l’observateur.

2 2 La personnalité hystérique
Les traits de personnalité hystériques sont les suivantes : l’histrionisme
(recherche constante de l’attention d’autrui) ; l’hyperactivité émotionnelle, facticité
des affects ((dramatisation dans leurs expression), égocentrisme, suggestibilité,
mythomanie (falsification de la réalité), mode de pensée imaginaire, dépendance
affective, troubles sexuels (par évitement ou par érotisation des rapports
interpersonnels).
Le DSM IV décrit en axe II un trouble de la personnalité histrionique qui
rassemble les traits de personnalité hystérique décrit classiquement.

3-Formes cliniques :
Deux grandes formes sont décrites pour l’hystérie de conversion: la forme
mono-symptomatique (altération d’une fonction physique, un seul symptôme par
épisode, persistance du symptôme du fait de bénéfices primaires (valeur
symbolique du symptôme) et secondaires (bénéfices liés aux conditions de la
maladie)) et la forme poly symptomatique (plaintes somatiques multiples et
persistantes, symptômes de conversion multiple avec fond anxieux ou thymique,
troubles du comportement).
Pour l’hystérie d’angoisse (névrose phobique) plusieurs troubles sont décrits
qui ont tous en commun l’intense anxiété lorsque le sujet est confronté à l’objet ou
à la situation phobogène. Les états phobiques principaux sont les suivants :
l’agoraphobie (la plus fréquente, début entre 18 et 35 ans) qui est conjurée par des
conduites d’évitement, des aménagements et des stratagèmes rassurants, les
phobies sociales, les phobies d’animaux.
Il existe d’autres phobies spécifiques, comme la phobies des hauteurs, la
phobie de certains objets (aiguilles, couteaux, tissu), des transports et la
claustrophobie (peur des espaces clos).

2. La névrose obsessionnelle

2 1-Sémiologie de la névrose obsessionnelle :

- L’obsession :
L’obsession désigne une idée ou un sentiment qui s’impose à la pensée du
sujet qui en reconnaît le caractère absurde et lutte contre cette intrusion de façon
anxieuse.
On en distingue deux formes

- Les obsessions idéatives :


Le malade est assiégé par des idées, des mots ou des groupes de mots ou des
représentations de situations et en reconnaît l’absurdité.

- Les obsessions phobiques :


Le malade est assiégé par la pensée d’un objet ou d’une situation qu’il craint.
Contrairement à la phobie, l’angoisse apparaît à la seule évocation de la situation.

- Les phobies d’impulsion :


Dans les phobies d’impulsion, le malade est assiégé par la crainte de réaliser
un acte absurde, criminel, sacrilège.

- Les compulsions et les rituels :


Ils sont constants dans la névrose obsessionnelle. La compulsion est un acte
auquel le sujet se sent contraint et dont il reconnaît le caractère absurde, ridicule ou
gênant. Dès que l’acte doit être accompli de manière répétitive, il y a la formation
d’un rituel. Les rituels les plus fréquents sont les rites de lavage, les rituels de
vérification, les retours en arrière. Les rites concernant l’habillement et la
toilette sont aussi extrêmement fréquents et envahissent le quotidien du malade,
impliquant parfois l’entourage dans leurs réalisations.
-Les thématiques :
Obsessions et compulsions présentent des thématiques dont les contenus les
plus fréquents sont : religieux, moraux, métaphysique, touche à la propreté
corporelle, à l’ordre et à la symétrie, à la protection contre des dangers extérieurs,
le contact avec autrui, ou contre la contamination.
2 2-La personnalité obsessionnelle :
Le trait de personnalité résumant à lui seul la personnalité obsessionnelle
est le doute. La personnalité obsessionnelle, parfois dénommé caractère anal,
présente un souci constant de l’ordre et de la propreté, de la rigueur morale, du
sens des devoirs et des responsabilités, un sens de l’économie (qui peut aller
jusqu’à l’avarice), un entêtement obstiné.

Le sadisme n’est jamais loin et l’ensemble des traits est marqués par la
formation réactionnelle, c’est-à-dire la production des traits est liée à la tendance
pulsionnelle contraire. Ainsi la soif de propreté est sous-tendue par un intense désir
de souiller, la politesse obséquieuse par une agressivité intense, etc.

- Les troubles névrotiques dans le DSM IV ( troubles anxieux) :


Dans le DSM IV, la notion de névrose n’apparaît pas. La plupart des troubles
névrotiques restent cependant décrits, même s’ils sont dénommés autrement. Ils
sont, pour la plupart, rangés dans la catégorie des troubles anxieux. Une exception
de taille est cependant à noter qui concerne l’hystérie. L’organisation hystérique se
retrouve « éclatée » en deux catégories, comportant elles-mêmes une série de
troubles : les troubles somatoformes et les troubles dissociatifs ; l’accent est mis
sur les symptômes Il est également notable que la « névrose obsessionnelle »

Formes Cliniques :
Le DSM IV distingue plusieurs catégories de troubles anxieux. Ils ne sont
pas tous détaillés ici, mais nous pouvons retenir les troubles suivants :

1- L’attaque de panique ;
Il s’agit d’une période bien délimitée dans laquelle va se produire une peur
ou une appréhension intense associée à des sensations de catastrophes
imminentes. Des symptômes somatiques sont associés comme la sensation d’avoir
le souffle coupé, des palpitations, des douleurs, une difficulté à respirer, des
sensations d’étranglement ou une peur de devenir fou ou de perdre le contrôle de
soi.

2- L’agoraphobie :
Cette anxiété est liée aux endroits ou aux situations dont il pourrait être
difficile de s’échapper sans aucun secours extérieur en cas d’attaque de panique
ou de symptômes paniques. Le trouble comporte aussi dans sa symptomatologie
l’ensemble des comportements qui viser à éviter la confrontation directe avec ces
endroits ou ces situations.

3-La phobie spécifique ;


Il s’agit d’une anxiété provoquée par l’exposition à un objet ou une
situation spécifique redoutée, conduisant souvent à un comportement
d’évitement.

4- La phobie sociale ( anxiété sociale) :


Il s’agit de l’anxiété provoquée par l’exposition à un certain type de
situations sociales ou de situations de performance, conduisant souvent à un
comportement d’évitement.

5- Le trouble obsessionnel compulsif ;


Ce trouble est caractérisé par la présence d’obsessions qui entraînent une
forte anxiété et/ou par des compulsions qui visent à neutraliser l’anxiété.
II- Clinique des psychoses :

Plusieurs éléments sémiologiques sont communs aux psychoses. Ainsi, la


méconnaissance de l’état morbide, la gravité des troubles et l’impossibilité de
répondre aux exigences de la vie quotidienne. Mais par-dessus tout, ce qui
prédomine dans tous les tableaux sont des perturbations identitaires et la perte de
contact avec la réalité.
Cette perte de contact avec la réalité est à la fois la disparition du sens
commun mais aussi la construction de cette néo-réalité qui la remplace et à laquelle
le sujet va croire, adhérer : le délire.
Rappelons qu’un délire est une réalité complexe qui comprend un ou
plusieurs mécanismes et un ou plusieurs thèmes. Le délire peut s’étendre de façon
cohérente, systématisée ou être un magma polymorphe, on peut noter ou non une
participation thymique
Les psychoses sont réparties selon :
- Leurs causes :
- - psychoses organiques ( ex : confusion mentale ,ou
fonctionnelles (schizophrénie, paranoia)
Leurs durées : aigues ou chroniques
1. Psychoses délirantes aiguës :
Les bouffées délirantes aiguës représentent un état psychotique d’installation
brutale et de courte durée, présentant au premier plan un délire riche et
polymorphe, avec trouble de l’humeur associé.

- Clinique des BDA :


Le début est brutal. Parfois, il est précédé d’une période de quelques jours où
le sujet se sent inquiet, vaguement menacé, ou à l’inverse éprouve une grande
exaltation. L’état délirant s’installe en quelques heures.

Il est associé à une rupture de l’état émotionnel, de l’expérience vécue et


des comportements du patient. C’est un délire polymorphe dans les thèmes et les
mécanismes, il n’est pas organisé et s’impose à la conscience du sujet avec une
grande intensité.

Tous les mécanismes délirants s’associent et se succèdent : hallucination,


intuition, interprétation. Le mécanisme hallucinatoire domine l’ensemble avec
surtout des hallucinations idéo-verbales (automatisme mental) telles que le vol de la
pensée, commentaire, parasitage des actes et de la pensée, syndrome d’influence.
On observe également des hallucinations psychosensorielles visuelles et
cénesthésiques.
Sur le plan des thématiques, elles sont changeantes mais sont surtout
marquées par la toute puissance, avec une excitation de l’humeur. Ainsi, les
thématiques de filiation divine , de mission exaltante, de dons de divination,

2-Les psychoses chroniques :

Réparties en deux groupes, selon le type de délire ; non systématisé ou


systématisé

2 1-Délire non systématisé :

2 11-La schizophrénie :

-Aspects cliniques :

- Sémiologie :
La schizophrénie présente trois syndromes essentiels : la dissociation, le
délire paranoïde et l’autisme. La dissociation est l’élément pathognomonique de la
schizophrénie.
1-Dissociation :
La dissociation est définie comme la perte de l’unité d’un individu dans le
domaine de la pensée, de l’affectivité, de la communication ou du comportement.
Elle se repère à partir d’éléments tels que les bizarreries (paradoxes, illogismes,
rires immotivés, maniérisme), l’hermétisme du discours ou du comportement, le
détachement de la réalité (retrait, rêverie sans communication avec l’autre),
l’ambivalence (affirmation simultanée contradictoire).
Dans la sphère de la pensée la dissociation (discordance) peut se manifester
par des troubles du cours de la pensée (barrages, stéréotypie, coq-à-l’âne), par des
troubles du langage, des troubles du système logique. Sur le plan affectif, la
discordance se traduit par l’indifférence, l’émoussement affectif, le détachement et
la froideur affective.
Il n’y a pas de congruence entre la situation et les affects. Sur le plan de la
sphère corporelle, la discordance s’exprime par des mouvements automatiques
parasites, un maniérisme important, des expressions mimiques ou gestuelles
déformant l’expression normale (hypermimies, parakinésies), des stéréotypies, des
phénomènes d’écho. Notons aussi l’apragmatisme (absence d’activité motrice) et
les crises clastiques.

2- Le délire paranoïde :
Le délire du schizophrène est qualifié de paranoïde. Il est polymorphe
(plusieurs thèmes et mécanismes), il est non systématisé (flou, contradictoire),
sujets à des changements et non congruent à l’humeur.
Le délire n’est pas présent dans toutes les formes de schizophrénie.

3-L’autisme :
Le terme autisme décrit une perte de contact avec la réalité (apragmatisme,
désintérêt, indifférence, pas de communication) et la prédominance de la vie
intérieure sur la réalité (prédominance de la rêverie, absence d’intérêt pour la réalité
environnante).

2Formes cliniques :
Plusieurs formes de schizophrénies existent.
1- Schizophrénie paranoïde :
Le délire est prédominant. Il s’agit, rappelons-le d’un délire polymorphe, non
systématisé, et dont le mécanisme principal est souvent hallucinatoire. Bien que les
thèmes soient multiples, il est classique de noter la fréquence des thématiques de
transformations corporelles.

2-Hébéphrénie :
Le tableau est ici dominé par le syndrome dissociatif. Les troubles de la
pensée orientent vers un état déficitaire. Cette forme débute à l’adolescence, et
évolue de façon lente, se traduisant par une baisse progressive du rendement
scolaire ou professionnel. Puis viennent des troubles de l’affectivité, un repli
social, une perte d’intérêt qui tend à se généraliser.

3-Catatonie :
La dissociation se repère ici surtout dans la sphère motrice avec une inertie,
des stéréotypies. La stupeur catatonique est un état d’immobilité totale et de
mutisme prolongé. Le sujet est comme statufié.

Autres formes :
D’autres formes existent faisant intervenir des troubles thymiques, des
passages à l’acte ou se masquant derrières des troubles névrotiques.

-Classifications internationales :
Les définitions de ces classifications sont voisines des descriptions
classiques. Malgré les différences, dans les signes et dans les formes, la
schizophrénie y est décrite comme un trouble touchant à l’unité de la personne

Approches psychopathologiques
1-Épidémiologie :
La prévalence est estimée à environ 1% de la population. La majorité des
décompensations surviennent entre 15 et 35 ans. La schizophrénie frappe donc des
sujets jeunes.
2- Aspects biologiques :
L’intervention de facteurs génétiques dans la schizophrénie paraît
actuellement faire consensus. Sur le plan de la biochimie, plusieurs hypothèses co-
existent telles que les dérèglements dopaminergiques et le rôle des endorphines

3- Aspects familiaux :
Les études entre les aspects biologiques et familiaux (études sur les jumeaux
élevés ou non dans un même milieu) ont montré l’importance du milieu dans la
schizophrénie et posent véritablement la question de l’interaction entre les facteurs
biologiques génétiques et les facteurs environnementaux et familiaux.
La famille du schizophrène est particulière. La communication est perturbée
(double lien), et le schizophrène peut apparaître comme le symptôme de la famille,
voire de la société en souffrance.

4-Aspects psychanalytiques :
Même si les théories étiopathogéniques de la schizophrénie sont sujettes à
caution, il n’en demeure pas moins que la psychanalyse peut rendre compte du
fonctionnement du schizophrène.
La schizophrénie s’accompagne d’une régression au stade oral, avec un mode
de relation d’objet fusionnel. Le Moi et le monde extérieur ne font qu’un. Cette
indifférenciation entraîne que le sujet ne peut qu’être adhésif à l’objet dans la
mesure où la moindre différence, à moindre distance, entraîne une déchirure
importante, sous-tendue par une angoisse de morcellement. Cette angoisse est le
résultat du recours au clivage mais aussi d’un retour à un état de non-intégration.
La régression entraîne que le sujet fonctionne de nouveau comme au stade oral.
Le syndrome dissociatif est sous-tendu par les mécanismes de clivage du
Moi, le délire par la projection et l’identification projective.
II-Les psychoses chroniques (délire au 1er plan) :
Ce groupe de psychose est défini par la présence au premier plan du tableau
clinique d’un délire permanent. Ce point permet la distinction avec les psychoses
aiguës (le délire n’y est pas permanent) et des schizophrénies (le délire n’est pas au
premier plan du tableau).
En fonction du mécanisme dominant, il y a 3 grandes entités morbides qui
constituent cette classe de maladie.

1- Les Psychoses hallucinatoires chroniques : ( PHC)

L’âge de début est tardif (entre 30 et 50 ans). L’automatisme mental domine


le tableau. Le patient à l’impression que sa pensée est devancée, devinée, il entend
une voix intérieure étrangère à lui-même. Ses actes sont énoncés, commentés,
critiqués. Il a le sentiment d’être soumis à une influence extérieure. La pensée
devient peu à peu objective et perd de sa subjectivité.
Les hallucinations psychosensorielles sont essentiellement auditives. Le sujet
entend des voix injurieuses souvent localisées dans les murs ou les plafonds. Elles
sont parfois accompagnées d’hallucinations olfactives, gustatives et cénesthésiques.
Les thèmes délirants sont variés et s’organisent parfois autour de thématique
de grandeur et d’invention. Le plus souvent, le délire a une thématique de
persécution, les persécuteurs étant alors désignés de façon vague et indistincte. Le
délire est relativement pauvre et vécu de façon passive et dépressive. Le sujet le
subit et s’en défend en discutant avec les voix, et multiplie les précautions pour
qu’on le laisse tranquille.
Le rapport à la réalité est relativement préservé. Mais peu à peu, en cas
d’évolution spontanée, le délire occupe une place de plus en plus importante et
cette extension coupe le sujet du monde extérieur.
Les traitements neuroleptiques ont une certaine efficacité.

2-Les Paraphrénies :
Le mécanisme est ici imaginatif et les thématiques sont souvent grandioses et
fantastiques. Il n’y a pas dans la paraphrénie de détérioration des fonctions
intellectuelles ou affectives.
Le début se situe vers 30 ou 40 ans, le délire est d’entrée riche, imaginatif et
manque de cohérence.
Il prend l’aspect d’une fiction qui se développe et nie l’évidence de la réalité
et de la temporalité. Le récit prend l’aspect d’un conte, d’une fable où les thèmes
s’entremêlent. La participation thymique est importante. Le délire est en marge de
la vie quotidienne et n’interfère que très peu avec l’exercice quotidien.
On distingue deux formes principales : la forme imaginative et la forme
fantastique.

Dans la forme imaginative, le délire est une fabulation progressive qui


s’enrichit des apports de la réalité extérieure comme les lectures, les conversations,
l’actualité ou l’histoire. Les thèmes sont généralement des idées de puissance, de
richesse ou de filiation.
Le délire de filiation est la forme la plus caractéristique : le sujet s’invente un
arbre généalogique, contourne les invraisemblances, les improbabilités logiques
avec assez d’aisance. Le délire prend ici une dimension romanesque et
grandiloquente qui pourrait évoquer la mythomanie hystérique.
La forme fantastique présente des mécanismes hallucinatoires et imaginatifs
intriqués. Les hallucinations sont riches et sont exprimées sur le fond d’une
richesse imaginaire qui ne fait pas cas de la réalité et de la vraisemblance. Les
thèmes évoquent les contes de fées, la science-fiction, la mythologie.

3-Les délires paranoïaques :


Si dans le langage courant paranoïa est synonyme de persécution, les délires
paranoïaques ne se réduisent pas aux thématiques de persécution. Par ailleurs,
celles-ci sont tellement fréquentes (y compris dans les schizophrénies ou les BDA),
qu’elles ne sauraient constituer un élément central dans les classifications.

Cliniques :
Selon Pedinielli et Gimenez (2002), les délires paranoïaques regroupent des
entités morbides qui ont en commun la présence d’un délire organisé en système et
se traduiraient par une véritable « pathologie de la croyance » et du jugement. Ces
délires sont caractérisés par leurs clartés et leurs cohérences.

Formes cliniques :

Les psychoses passionnelles :

C’est l’exaltation du patient qui caractérise le plus ces délires. Une idée
délirante principale organise l’ensemble du tableau et prend la forme d’un postulat
fondamental. Le délire se développe en secteur et non pas en réseau, ce qui
explique que seul le lien du sujet à une partie de la réalité est affecté par le trouble.
Le patient ne dévoile pas facilement son système délirant et reste adapté. Les
passages à l’acte liés avec la thématique du délire sont souvent à craindre.
Plusieurs formes sont à distinguer :
1-les délires revendicatifs ( « quérulents processifs » qui demandent
réparation à la Justice pour des problèmes imaginaires, « inventeurs méconnus »
qui se sont vu spolié leur découverte, « idéalités passionnés », « hypochondriaques
revendicateurs » qui rendent leurs médecins responsables de leurs maladie), les
délires de jalousie (dans lesquels les sujets ont la certitude d’être trompé),
l’érotomanie (définie par son inventeur G. de Clérambault, comme l’illusion
délirante d’être aimé).
2- Le délire de relation des sensitifs :
Ce délire, isolé par Kretschmer, se développe sur une personnalité sensitive,
caractérisée par la méfiance, la susceptibilité, l’introspection permanente, le retrait

social, une sensibilité particulière aux rapports interpersonnels, la répression des


affects. Cette paranoïa sensitive est le mode de décompensation de ces traits de
personnalité. Elle se déclenche généralement à la suite d’un sentiment
d’humiliation ou suite à des échecs ; il présente fréquemment des thématiques
hypochondriaques, persécutoires.
3- Les délires d’interprétations systématisées ;
Isolés par Sérieux et Capgras en 1909, ces délires sont sous-tendus par une
interprétation délirante, « un raisonnement faux ayant pour point de départ une
sensation réelle ». Tout va prendre une signification personnelle. L’extension se fait
en réseau. On en distingue deux formes : l’une lorsque les interprétations portent
sur la réalité extérieure, l’autre lorsqu’elles portent sur les phénomènes corporels.
Ce délire peut éventuellement être partagé par l’entourage. On parle alors avec
Lasègue de « folie à deux ».

Autres formes ;
Les autres formes de délires paranoïaques isolés sont la paranoïa d’involution
et la paranoïa d’autopunition.

Dans la paranoïa d’involution de Kleist (1913), il s’agit d’un trouble délirant


interprétatif et intuitif, avec hallucinations qui survient chez des sujets âgés (début
tardifs) sans antécédents psychiatriques. Les thématiques portent sur des idées de
préjudices, de persécution, de jalousie et concernent généralement l’entourage
proche (délire de voisinage).
La paranoïa d’autopunition, isolée par Lacan, apparaît sur une personnalité
proche de la personnalité sensitive. Le début est brutal marqué par des
interprétations, des sentiments de dépersonnalisation, des troubles mnésiques, avec
des thématiques de persécution, de jalousie et de grandeur. Ce trouble est surtout
marqué par des conduites agressives qui peuvent apparaître. L’évolution est
généralement favorable du fait d’une fréquente guérison spontanée.

La personnalité paranoïaque :
Classiquement, les auteurs faisaient un lien entre une personnalité
paranoïaque pré-morbide et les délires paranoïaques. Cette position systématique a
été abandonnée. Mais trois formes de personnalités paranoïaques ont été décrites :
les personnalités paranoïaques de combat (opiniâtre, fanatique, agressif,
égocentrique),
les personnalités paranoïaques de souhait (sentiment de supériorité,
défenseur des grandes causes), les personnalités sensitives.
Les classifications actuelles ont conservé la notion de trouble de la
personnalité paranoïaque pour désigner la plupart de ces traits.
- Interprétations psychanalytiques de la paranoïa
C’est dans son commentaire sur l’ouvrage de D-P Schreber Les mémoires
d’un névropathe que Freud (1911) met en avant sa théorie de la paranoïa. Les
interprétations de Freud viennent rendre compte de la paranoïa de persécution, de
l’érotomanie, de la mégalomanie et du délire de jalousie.
Pour lui, le patient est confronté à un fantasme homosexuel, sous la forme «
moi un homme, j’aime un homme » qu’il ne peut tolérer et qu’il va donc nier.
Plusieurs négations sont alors possibles qui rendent compte des différents
troubles.
Ainsi, dans la paranoïa de persécution, le fantasme devient « je ne l’aime pas,
je le hais » et par suite d’une rationalisation « je le hais parce qu’il me hait » qui
devient « il me hait » par projection.

Dans la jalousie, la phrase « j’aime un homme » devient « ce n’est pas moi


qui l’aime, c’est elle qui l’aime ».

Dans l’érotomanie, c’est l’objet qui est nié et « j’aime un homme » devient
« j’aime une femme parce qu’elle m’aime » qui par projection se traduit par le
sentiment d’être aimé par cette femme (illusion délirante d’être aimée).

Enfin, dans la mégalomanie, c’est l’ensemble de la phrase qui est nié et le


sujet n’aime que lui et s’attend à être aimé de tous.

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