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Psychologie : L2 : Section I : G ; 1 2 3 4 et 5
I-Introduction
La psychopathologie se définit classiquement comme l’étude des
dysfonctionnements psychologiques. Il s’agit d’une psychologie du pathologique
aussi bien que de l’étude de la pathologie du psychologique. À ce titre son objet est
double : décrire et interpréter les dysfonctionnements psychologiques chez les
personnes « normales » ou « malades ». Ceci pose bien évidemment la distinction
entre le normal et le pathologique et des fondements éthiques, sociaux, voire
politiques de cette distinction.
La psychopathologie interroge donc deux niveaux différents (décrire et
interpréter) mais articulés autour d’un ensemble de méthodes d’investigation qui
empruntent à la psychologie clinique (méthode clinique), à la psychiatrie
(sémiologie), à la psychologie générale (tests, échelles).
De même, sur le plan historique, la psychopathologie s’est longtemps
confondue avec la psychiatrie et bien que l’objectif principal de la psychiatrie reste
à ce jour soigner, il n’en demeure pas moins que son discours tente de comprendre
(apport d’éléments explicatifs) les dysfonctionnements psychologiques. Les
psychiatres font donc aussi de la psychopathologie.
Elle s’appuie dans sa démarche et étude sur un support théorique constitué
d’un ensemble d’approches.
Classiquement, il existe deux approches descriptives : la sémiologie
analytique (avec les classifications névrose, psychose, perversion, a-structuration)
et la sémiologie « a-théorique », telles que les classifications internationales (CIM
10 ou DSM V).
Le module se compose de 2 parties : - une 1ère théorique et une 2ème clinique.
II-Théorie :
1-Définitions :
2 2 -Psychopathologie et psychothérapie :
Les psychothérapies sont des ensembles, plus ou moins bien systématisés, de
procédures qui sont orientés vers la disparition des souffrances psychologiques.
Celles-ci appartenant à la fois au registre de la maladie mentale et de la pathologie
de la vie quotidienne (stress, deuil, difficulté de couple, etc), elles fondent leurs
interventions sur les descriptions cliniques et les interprétations théoriques de la
psychopathologie.
L’orientation des psychothérapies, de même que la psychiatrie, étant tournée
plus vers le soin que vers la mise en évidence des mécanismes psychologiques
sous-jacents, ces deux domaines ne se recouvrent donc pas entièrement.
2 3 - Psychopathologie et psychanalyse :
La psychanalyse est définie par Freud comme :
3-Notion de normalité
La notion de « normalité » est dangereuse dans certaines circonstances et à
certaines époques. L’histoire internationale est riche en illustrations et en abus
cruels produits au nom d’une pseudo-normalité.
Si la notion de normalité n’est pas neutre, il n’existe toutefois pas de notion
simple de la normalité. La question de la norme et du normal renvoie soit à des
statistiques, soit à des règles, soit à des normes ou encore à un idéal.
3 1 -Normalité statistique
Puisque les individus présentent des conduites diversifiées et hétérogènes,
peuvent être considérées comme normales les conduites de la majorité ou d’une
moyenne obtenue dans une population donnée.
La « normalité » statistique se réfère à un pourcentage majoritaire de
comportements par rapport à une moyenne statistique.
Le normal concerne la majorité des sujets d’une population donnée tandis que
le pathologique renvoie aux extrémités et aux déviants par rapport à une
moyenne. Lorsque la normalité est définie en fonction d’une majorité, donc d’un
nombre,
la situation de la minorité peut devenir problématique.
Ainsi, certaines communautés minoritaires furent dans le passé réprimées
voire supprimées, avant d’être aujourd’hui intégrées dans les variations de la
normale.
L’autre critique qui peut être émise par rapport à la normalité statistique
concerne le choix de la frontière entre le normal et le pathologique : cette limite
est de fait, artificielle et arbitraire. En conséquence, réduire le normal à la
normalité statistique et le pathologique au déviant n’est pas satisfaisant ni sans
danger.
3 2 -Normalité idéale
La normalité idéale désigne une perfection à laquelle l’idéal collectif aspire.
Dans ce cas, la « normalité » est définie par rapport à un idéal, un absolu, une
perfection ou une utopie. La norme peut être parentale, groupale, institutionnelle
ou politique.
Quand la « normalité » est définie en fonction d’un idéal collectif, les risques
sont nombreux dans la mesure où cette définition peut réduire l’équilibre
psycho- logique au conformisme social.
Ainsi, est normal tout ce qui est conforme ; devient pathologique tout ce qui
n’est pas conforme. Or, il est impossible de préconiser un respect aveugle de
toute règle en toutes circonstances puisque la règle sociale évolue.
3 4 - Normalité fonctionnelle
« - Normativité »
Les pulsions sexuelles s’étayent aussi sur les fonctions qui assurent
l’autoconservation. Ainsi, la succion : la faim permet à l’enfant de remplir une
fonction propre à assurer l’autoconservation, mais cette activité lui procure du
plaisir et plus tard l’enfant pourra sucer en l’absence de faim et à la recherche du
seul plaisir.
43 2 - L’angoisse :
L’angoisse est un phénomène clinique présent dans toutes les structures
pathologiques. C’est un signal contre un danger imaginaire. Il est à différencier de
la peur, qui est lié à un objet réel, ou de l’anxiété qui a un caractère anticipatoire.
Les angoisses sont articulées aux fantasmes et aux stades. Classiquement, on
distingue : l’angoisse de morcellement dans la schizophrénie (stade oral),
l’angoisse de persécution dans la paranoïa (premier stade anal), l’angoisse de perte
d’objet dans les états limites (stade anaclitique), l’angoisse de castration dans la
névrose (stade œdipien).
Le sujet se défend contre l’angoisse par les mécanismes de défense.
II- Clinique :
1- Définitions classiques
Selon Pedinielli et Bertagne (2002), il est classique de définir les névroses
comme des troubles mentaux qui ne comportent aucune étiologie organique
démontrable et ne perturbent pas le rapport à la réalité et le sentiment d’identité. «
Ces symptômes sont ressentis par les patients comme des phénomènes indésirables
en rupture ave l’idée qu’ils se font d’eux-mêmes. »
Le terme névrose, trop marqué par la psychanalyse qui a donné à son étude
psychopathologique ses lettres de noblesse, est actuellement remis en cause par les
classifications internationales (DSM IV et CIM 10) du fait de leur approche a-
théorique et syndromique.
La névrose est en effet une classe de maladie mentale qui comporte dans sa
définition et dans le repérage des critères qui en définissent les différents troubles
un aspect psychopathologique étiologique et explicatif. Contrairement à d’autres
catégories de troubles, les troubles névrotiques ne peuvent être saisis uniquement
sous leur angle descriptif et objectivable.
2 1 - L’angoisse :
L’angoisse est au premier plan du tableau clinique et prend des formes qui
peuvent être subjectives (inquiétude, sentiment d’une menace, sentiment de
déréalisation, de dépersonnalisation), comportementales (agitation motrice,
évitement, utilisation contrephobique de certains comportements ou ritualisation
des conduites à des fins anxiolytiques, usage de produits à des fins également
anxiolytiques), somatiques ( douleurs ou gêne dans les sphères cardio-vasculaire,
respiratoire, digestives, génitale, urinaire, neuromusculaire).
Cette angoisse, constante dans les névroses, va constituer et organiser
l’ensemble de la personnalité.
31 2- L’hypochondrie
Il s’agit de la croyance pour le malade d’exprimer la crainte et la certitude
d’être atteint d’une maladie organique (parfois psychiatrique) grave. Les
réassurances de l’entourage ou des intervenants médicaux ne sont pas efficaces.
Cette croyance s’accompagne de comportements typiques comme : la recherche de
diagnostics et d’examens médicaux, le recours à des médecins différents, des
plaintes douloureuses mais difficiles à décrire, l’utilisation fréquente du discours
médical.
Sur le plan théorique, le malade interprète de façon erronée ce qu’il ressent et
occupe une position imaginaire double : médecin et malade.
31 3- La neurasthénie
Le tableau clinique comprend une asthénie physique et psychique avec
fatigabilité, des troubles de l’humeur et de l’émotivité, des troubles
psychosomatiques avec insomnies, céphalée. L’épuisement nerveux est au
premier plan de l’étiologie personnelle du malade.
2- Clinique de l’hystérie
2 1-Sémiologie
La sémiologie de l’hystérie est changeante et varie d’une époque à l’autre. Ce
qui fait dire à certains que l’hystérie est avant tout une personnalité.
21 2 Symptômes psychiques
Ces symptômes sont repris dans le DSM sous l’appellation trouble
dissociatifs. On note classiquement des amnésies psychogènes, le
somnambulisme, les fugues psychogènes (départ soudain du domicile avec
impossibilité de se souvenir du passé), la dépersonnalisation (altération de
l’expérience vécue), la personnalité multiple, les états crépusculaires, les états
seconds.
2 2 La personnalité hystérique
Les traits de personnalité hystériques sont les suivantes : l’histrionisme
(recherche constante de l’attention d’autrui) ; l’hyperactivité émotionnelle, facticité
des affects ((dramatisation dans leurs expression), égocentrisme, suggestibilité,
mythomanie (falsification de la réalité), mode de pensée imaginaire, dépendance
affective, troubles sexuels (par évitement ou par érotisation des rapports
interpersonnels).
Le DSM IV décrit en axe II un trouble de la personnalité histrionique qui
rassemble les traits de personnalité hystérique décrit classiquement.
3-Formes cliniques :
Deux grandes formes sont décrites pour l’hystérie de conversion: la forme
mono-symptomatique (altération d’une fonction physique, un seul symptôme par
épisode, persistance du symptôme du fait de bénéfices primaires (valeur
symbolique du symptôme) et secondaires (bénéfices liés aux conditions de la
maladie)) et la forme poly symptomatique (plaintes somatiques multiples et
persistantes, symptômes de conversion multiple avec fond anxieux ou thymique,
troubles du comportement).
Pour l’hystérie d’angoisse (névrose phobique) plusieurs troubles sont décrits
qui ont tous en commun l’intense anxiété lorsque le sujet est confronté à l’objet ou
à la situation phobogène. Les états phobiques principaux sont les suivants :
l’agoraphobie (la plus fréquente, début entre 18 et 35 ans) qui est conjurée par des
conduites d’évitement, des aménagements et des stratagèmes rassurants, les
phobies sociales, les phobies d’animaux.
Il existe d’autres phobies spécifiques, comme la phobies des hauteurs, la
phobie de certains objets (aiguilles, couteaux, tissu), des transports et la
claustrophobie (peur des espaces clos).
2. La névrose obsessionnelle
- L’obsession :
L’obsession désigne une idée ou un sentiment qui s’impose à la pensée du
sujet qui en reconnaît le caractère absurde et lutte contre cette intrusion de façon
anxieuse.
On en distingue deux formes
Le sadisme n’est jamais loin et l’ensemble des traits est marqués par la
formation réactionnelle, c’est-à-dire la production des traits est liée à la tendance
pulsionnelle contraire. Ainsi la soif de propreté est sous-tendue par un intense désir
de souiller, la politesse obséquieuse par une agressivité intense, etc.
Formes Cliniques :
Le DSM IV distingue plusieurs catégories de troubles anxieux. Ils ne sont
pas tous détaillés ici, mais nous pouvons retenir les troubles suivants :
1- L’attaque de panique ;
Il s’agit d’une période bien délimitée dans laquelle va se produire une peur
ou une appréhension intense associée à des sensations de catastrophes
imminentes. Des symptômes somatiques sont associés comme la sensation d’avoir
le souffle coupé, des palpitations, des douleurs, une difficulté à respirer, des
sensations d’étranglement ou une peur de devenir fou ou de perdre le contrôle de
soi.
2- L’agoraphobie :
Cette anxiété est liée aux endroits ou aux situations dont il pourrait être
difficile de s’échapper sans aucun secours extérieur en cas d’attaque de panique
ou de symptômes paniques. Le trouble comporte aussi dans sa symptomatologie
l’ensemble des comportements qui viser à éviter la confrontation directe avec ces
endroits ou ces situations.
2 11-La schizophrénie :
-Aspects cliniques :
- Sémiologie :
La schizophrénie présente trois syndromes essentiels : la dissociation, le
délire paranoïde et l’autisme. La dissociation est l’élément pathognomonique de la
schizophrénie.
1-Dissociation :
La dissociation est définie comme la perte de l’unité d’un individu dans le
domaine de la pensée, de l’affectivité, de la communication ou du comportement.
Elle se repère à partir d’éléments tels que les bizarreries (paradoxes, illogismes,
rires immotivés, maniérisme), l’hermétisme du discours ou du comportement, le
détachement de la réalité (retrait, rêverie sans communication avec l’autre),
l’ambivalence (affirmation simultanée contradictoire).
Dans la sphère de la pensée la dissociation (discordance) peut se manifester
par des troubles du cours de la pensée (barrages, stéréotypie, coq-à-l’âne), par des
troubles du langage, des troubles du système logique. Sur le plan affectif, la
discordance se traduit par l’indifférence, l’émoussement affectif, le détachement et
la froideur affective.
Il n’y a pas de congruence entre la situation et les affects. Sur le plan de la
sphère corporelle, la discordance s’exprime par des mouvements automatiques
parasites, un maniérisme important, des expressions mimiques ou gestuelles
déformant l’expression normale (hypermimies, parakinésies), des stéréotypies, des
phénomènes d’écho. Notons aussi l’apragmatisme (absence d’activité motrice) et
les crises clastiques.
2- Le délire paranoïde :
Le délire du schizophrène est qualifié de paranoïde. Il est polymorphe
(plusieurs thèmes et mécanismes), il est non systématisé (flou, contradictoire),
sujets à des changements et non congruent à l’humeur.
Le délire n’est pas présent dans toutes les formes de schizophrénie.
3-L’autisme :
Le terme autisme décrit une perte de contact avec la réalité (apragmatisme,
désintérêt, indifférence, pas de communication) et la prédominance de la vie
intérieure sur la réalité (prédominance de la rêverie, absence d’intérêt pour la réalité
environnante).
2Formes cliniques :
Plusieurs formes de schizophrénies existent.
1- Schizophrénie paranoïde :
Le délire est prédominant. Il s’agit, rappelons-le d’un délire polymorphe, non
systématisé, et dont le mécanisme principal est souvent hallucinatoire. Bien que les
thèmes soient multiples, il est classique de noter la fréquence des thématiques de
transformations corporelles.
2-Hébéphrénie :
Le tableau est ici dominé par le syndrome dissociatif. Les troubles de la
pensée orientent vers un état déficitaire. Cette forme débute à l’adolescence, et
évolue de façon lente, se traduisant par une baisse progressive du rendement
scolaire ou professionnel. Puis viennent des troubles de l’affectivité, un repli
social, une perte d’intérêt qui tend à se généraliser.
3-Catatonie :
La dissociation se repère ici surtout dans la sphère motrice avec une inertie,
des stéréotypies. La stupeur catatonique est un état d’immobilité totale et de
mutisme prolongé. Le sujet est comme statufié.
Autres formes :
D’autres formes existent faisant intervenir des troubles thymiques, des
passages à l’acte ou se masquant derrières des troubles névrotiques.
-Classifications internationales :
Les définitions de ces classifications sont voisines des descriptions
classiques. Malgré les différences, dans les signes et dans les formes, la
schizophrénie y est décrite comme un trouble touchant à l’unité de la personne
Approches psychopathologiques
1-Épidémiologie :
La prévalence est estimée à environ 1% de la population. La majorité des
décompensations surviennent entre 15 et 35 ans. La schizophrénie frappe donc des
sujets jeunes.
2- Aspects biologiques :
L’intervention de facteurs génétiques dans la schizophrénie paraît
actuellement faire consensus. Sur le plan de la biochimie, plusieurs hypothèses co-
existent telles que les dérèglements dopaminergiques et le rôle des endorphines
3- Aspects familiaux :
Les études entre les aspects biologiques et familiaux (études sur les jumeaux
élevés ou non dans un même milieu) ont montré l’importance du milieu dans la
schizophrénie et posent véritablement la question de l’interaction entre les facteurs
biologiques génétiques et les facteurs environnementaux et familiaux.
La famille du schizophrène est particulière. La communication est perturbée
(double lien), et le schizophrène peut apparaître comme le symptôme de la famille,
voire de la société en souffrance.
4-Aspects psychanalytiques :
Même si les théories étiopathogéniques de la schizophrénie sont sujettes à
caution, il n’en demeure pas moins que la psychanalyse peut rendre compte du
fonctionnement du schizophrène.
La schizophrénie s’accompagne d’une régression au stade oral, avec un mode
de relation d’objet fusionnel. Le Moi et le monde extérieur ne font qu’un. Cette
indifférenciation entraîne que le sujet ne peut qu’être adhésif à l’objet dans la
mesure où la moindre différence, à moindre distance, entraîne une déchirure
importante, sous-tendue par une angoisse de morcellement. Cette angoisse est le
résultat du recours au clivage mais aussi d’un retour à un état de non-intégration.
La régression entraîne que le sujet fonctionne de nouveau comme au stade oral.
Le syndrome dissociatif est sous-tendu par les mécanismes de clivage du
Moi, le délire par la projection et l’identification projective.
II-Les psychoses chroniques (délire au 1er plan) :
Ce groupe de psychose est défini par la présence au premier plan du tableau
clinique d’un délire permanent. Ce point permet la distinction avec les psychoses
aiguës (le délire n’y est pas permanent) et des schizophrénies (le délire n’est pas au
premier plan du tableau).
En fonction du mécanisme dominant, il y a 3 grandes entités morbides qui
constituent cette classe de maladie.
2-Les Paraphrénies :
Le mécanisme est ici imaginatif et les thématiques sont souvent grandioses et
fantastiques. Il n’y a pas dans la paraphrénie de détérioration des fonctions
intellectuelles ou affectives.
Le début se situe vers 30 ou 40 ans, le délire est d’entrée riche, imaginatif et
manque de cohérence.
Il prend l’aspect d’une fiction qui se développe et nie l’évidence de la réalité
et de la temporalité. Le récit prend l’aspect d’un conte, d’une fable où les thèmes
s’entremêlent. La participation thymique est importante. Le délire est en marge de
la vie quotidienne et n’interfère que très peu avec l’exercice quotidien.
On distingue deux formes principales : la forme imaginative et la forme
fantastique.
Cliniques :
Selon Pedinielli et Gimenez (2002), les délires paranoïaques regroupent des
entités morbides qui ont en commun la présence d’un délire organisé en système et
se traduiraient par une véritable « pathologie de la croyance » et du jugement. Ces
délires sont caractérisés par leurs clartés et leurs cohérences.
Formes cliniques :
C’est l’exaltation du patient qui caractérise le plus ces délires. Une idée
délirante principale organise l’ensemble du tableau et prend la forme d’un postulat
fondamental. Le délire se développe en secteur et non pas en réseau, ce qui
explique que seul le lien du sujet à une partie de la réalité est affecté par le trouble.
Le patient ne dévoile pas facilement son système délirant et reste adapté. Les
passages à l’acte liés avec la thématique du délire sont souvent à craindre.
Plusieurs formes sont à distinguer :
1-les délires revendicatifs ( « quérulents processifs » qui demandent
réparation à la Justice pour des problèmes imaginaires, « inventeurs méconnus »
qui se sont vu spolié leur découverte, « idéalités passionnés », « hypochondriaques
revendicateurs » qui rendent leurs médecins responsables de leurs maladie), les
délires de jalousie (dans lesquels les sujets ont la certitude d’être trompé),
l’érotomanie (définie par son inventeur G. de Clérambault, comme l’illusion
délirante d’être aimé).
2- Le délire de relation des sensitifs :
Ce délire, isolé par Kretschmer, se développe sur une personnalité sensitive,
caractérisée par la méfiance, la susceptibilité, l’introspection permanente, le retrait
Autres formes ;
Les autres formes de délires paranoïaques isolés sont la paranoïa d’involution
et la paranoïa d’autopunition.
La personnalité paranoïaque :
Classiquement, les auteurs faisaient un lien entre une personnalité
paranoïaque pré-morbide et les délires paranoïaques. Cette position systématique a
été abandonnée. Mais trois formes de personnalités paranoïaques ont été décrites :
les personnalités paranoïaques de combat (opiniâtre, fanatique, agressif,
égocentrique),
les personnalités paranoïaques de souhait (sentiment de supériorité,
défenseur des grandes causes), les personnalités sensitives.
Les classifications actuelles ont conservé la notion de trouble de la
personnalité paranoïaque pour désigner la plupart de ces traits.
- Interprétations psychanalytiques de la paranoïa
C’est dans son commentaire sur l’ouvrage de D-P Schreber Les mémoires
d’un névropathe que Freud (1911) met en avant sa théorie de la paranoïa. Les
interprétations de Freud viennent rendre compte de la paranoïa de persécution, de
l’érotomanie, de la mégalomanie et du délire de jalousie.
Pour lui, le patient est confronté à un fantasme homosexuel, sous la forme «
moi un homme, j’aime un homme » qu’il ne peut tolérer et qu’il va donc nier.
Plusieurs négations sont alors possibles qui rendent compte des différents
troubles.
Ainsi, dans la paranoïa de persécution, le fantasme devient « je ne l’aime pas,
je le hais » et par suite d’une rationalisation « je le hais parce qu’il me hait » qui
devient « il me hait » par projection.
Dans l’érotomanie, c’est l’objet qui est nié et « j’aime un homme » devient
« j’aime une femme parce qu’elle m’aime » qui par projection se traduit par le
sentiment d’être aimé par cette femme (illusion délirante d’être aimée).