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Repères en psychopathologie
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 2
Catalogage Electre-Bibliographie
Grebot, Élisabeth
Repères en psychopathologie. – Saint-Martin-d’Hères (Isère) : PUG, 2002. –
(Libres cours)
ISBN 2-7061-1046-5
RAMEAU : psychopathologie : manuels d’enseignement secondaire
DEWEY : 616.61 : Maladies. Étude clinique de l’adulte et de l’adolescent.
Névroses et troubles.
378.22 : Enseignement supérieur. Psychologie.
Public concerné : 1er et 2e cycles. Professionnel, spécialiste.
Élisabeth Grebot
Repères en psychopathologie
« LIBRES-COURS »
Déjà parus dans cette collection
DROIT
D. LEFÈBVRE
Contentieux de l’entreprise et expertise judiciaire, 2e édition, 1995
F. SERVOIN
Droit administratif de l’économie, 2001
D. LEFÈBVRE, E. MOLLARET-LAFORÊT, C. GUITER, C. ROBBEZ MASSON
Droit et entreprise – Aspects juridiques, sociaux, fiscaux, 2001
ÉCONOMIE
R. DI RUZZA
Éléments d’épistémologie pour économiste, 1988
A. SAMUELSON
Les grands courants de la pensée économique, 5e édition, 1997
W. ANDREFF
La crise des économies socialistes, 1993
P. BAILLY
Statistique descriptive, 1999
PSYCHOLOGIE
E. GREBOT et I. ORGIAZZI BILLON-GALLAND
Les bases de la psychopathologie – Éléments historiques, notionnels et théoriques,
2001
SOCIOLOGIE
P. ROLLE
Bilan de la sociologie du travail, tome I – Travail et salariat, 1988
S. ERBÈS-SEGUIN
Bilan de la sociologie du travail, tome II – Le travail dans la société, 1988
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AVANT-PROPOS
6• Repères en psychopathologie
• C h a p i t r e 1 •
I. RAPPEL THÉORIQUE
8• Repères en psychopathologie
1. Le fonctionnement psychique est régi par deux processus : primaire ou processus auto-
matique de décharge de l’énergie qui circule librement ; secondaire qui prend en
considération les contraintes de la réalité dans la satisfaction des besoins pulsionnels.
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10 • Repères en psychopathologie
4. Le plaisir pris par le nourrisson dans la succion du sein est étroitement associé à la satis-
faction du besoin de nourriture.
5. Le sein est, au stade oral, l’objet partiel visé par la pulsion ; l’objet de la pulsion partielle
n’est pas un objet total, une personne totale.
6. Anaclitique = étayage.
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12 • Repères en psychopathologie
7. Relation d’objet désigne le rapport du sujet au monde, qu’il soit interne ou externe.
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14 • Repères en psychopathologie
– Le conflit œdipien
Le complexe d’Œdipe (entre 3 et 5 ans) pour les psychanalystes freudiens joue
un rôle « d’organisateur central dans la structuration de la personnalité ». La façon
dont le sujet traverse le complexe d’Œdipe influence son organisation psychique
ultérieure sur le continuum de la santé mentale ou de l’organisation psychique
névrotique. Dans les organisations psychiques psychotiques, les fixations prégéni-
tales dominent et le conflit œdipien n’a pas été véritablement élaboré. Le conflit
œdipien est sexuellement spécifié et s’inscrit dans une problématique entre trois
personnages : l’enfant, la mère et le père. Au cours du stade phallique, une nouvelle
relation débute pour l’enfant qui, de duelle devient triangulaire. C’est le fameux
triangle œdipien qui inaugure une véritable génitalisation de la libido.
La légende d’Œdipe fait partie de l’histoire mythique de la cité de Thèbes, relatée
par les auteurs tragiques du Ve siècle av. J.-C.
Laïos et Jocaste, souverains de Thèbes ont un enfant : Œdipe. À la suite d’une
prophétie, Laïos fait abandonner son nouveau-né aux bêtes sauvages. Mais, Œdipe
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est recueilli par le roi Polybos et la reine Péribée. Œdipe, adulte les quitte lorsque
l’oracle lui apprend son destin : tuer son père et épouser sa mère. Œdipe se querelle
avec un homme âgé à un carrefour au sujet d’une priorité de passage : Œdipe tue
son interlocuteur. En arrivant à Thèbes, Œdipe rencontre le Sphynx qui lui soumet
une énigme qu’il résout. Œdipe débarrasse ainsi Thèbes de ce monstre. Les
Thébains, en guise de récompense, offrent à Œdipe le trône et la main de la reine
Jocaste car le roi vient de mourir. Quelques années après, Œdipe apprend que
l’homme âgé tué au carrefour était le roi Laïos, son père et que Jocaste était sa mère.
La prophétie s’est donc réalisée. Lorsque la vérité éclate, Jocaste se pend et Œdipe
se crève les yeux et quitte la ville de Thèbes. Freud à l’aide du mythe d’Œdipe illus-
tre le destin infantile selon lequel l’enfant éprouve une attraction amoureuse envers
le parent de sexe opposé et une jalousie haineuse envers le parent de même sexe.
L’enfant manifeste un attachement pour sa mère comme objet sexuel, et une
identification à son père, qu’il considère comme un modèle à imiter. Ces deux senti-
ments coexistent pendant quelque temps. Mais le petit garçon se rend compte que
le père lui barre le chemin vers la mère. L’identification avec le père se teinte d’hos-
tilité et le désir de remplacer le père, auprès de la mère, apparaît. L’identification
avec le père devient ambivalente. Le complexe d’Œdipe du petit garçon se mani-
feste par un désir haineux d’éliminer le père qui est son rival, et un désir amoureux
de s’unir sexuellement avec la mère.
« Cette ambivalence à l’égard du père et le penchant tout de tendresse qu’il
éprouve pour l’objet libidinal que représente la mère forment pour le petit garçon les
éléments du complexe d’Œdipe simple et positif. » (Freud, 1925)
Freud différencie cet Œdipe positif de l’« Œdipe inversé » ou négatif. Ces deux
types peuvent coexister et constituer l’Œdipe complet qui témoigne de la fonda-
mentale bisexualité psychique.
« Une recherche plus approfondie permet le plus souvent de découvrir le
complexe d’Œdipe sous une forme plus complète, sous une forme double, à la fois
positive et négative en rapport avec la bisexualité originelle de l’enfant. »(...) «Le
garçon n’observe pas seulement une attitude ambivalente à l’égard du père et une
attitude de tendresse à l’égard de la mère, mais il se comporte en même temps
comme une petite fille, en observant une attitude de tendresse féminine à l’égard du
père et une attitude correspondante d’hostilité jalouse à l’égard de la mère. » (Freud,
1923)
Le complexe d’Œdipe succombe devant la barrière de l’inceste et sous l’effet
du complexe de castration.
« Les deux configurations du complexe d’Œdipe, la configuration normale,
active, comme l’inversée, échouent bel et bien sur le complexe de castration. »
(Freud, 1926)
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D) …
…
A) …… … B) ………
C) ……… E) …
monde
… extérieur
Question 4 / Indiquez les titres des ouvrages publiés par Freud qui marquent
l’évolution de l’élaboration théorique freudienne exposée dans ce chapitre.
1. 1900 ....................................................................................................
2. 1905 ....................................................................................................
3. 1920 ....................................................................................................
4. 1926 ....................................................................................................
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• C h a p i t r e 2 •
LES NÉVROSES
I. HISTORIQUE
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Les névroses • 25
26 • Repères en psychopathologie
– Le déplacement : les idées et les sentiments qui sont évités sont déplacés sur
d’autres personnes, d’autres objets ou d’autres situations. Le déplacement est le
mécanisme qui permet de délocaliser l’investissement interdit sur un autre objet
moins gênant. Le déplacement est caractéristique de la névrose phobique.
L’angoisse du « petit Hans » est déplacée sur le cheval, objet phobogène. La
haine (pulsion interdite) du père (représentation) déclenche la peur du père
(affect). L’affect désagréable est déplacé de la représentation paternelle sur
la représentation animale (le père et le cheval ont tous deux un gros « fait-
pipi ».
– L’isolation désigne l’opération par laquelle une représentation mentale est
isolée de son contexte affectif ou associatif. Les idées sont ainsi isolées de leur
retentissement émotionnel. L’isolation est un mécanisme de défense fréquent dans
la névrose obsessionnelle.
« L’isolation, motrice, sert à assurer la rupture des connexions dans la pensée. (...)
On peut dire que l’isolation est motrice parce que dans son effort pour empêcher
les associations et connexions de la pensée, le Moi obéit au tabou du toucher. (..)
isoler, c’est écarter la possibilité de toucher, c’est éviter tout contact. isoler une
impression ou une activité par l’interposition d’un intervalle, c’est faire comprendre
symboliquement qu’on ne permettra pas aux pensées relatives à cette impression ou
activité d’entrer en contact avec d’autres pensées. » (Freud, 1926)
– L’annulation désigne le « processus qui consiste à défaire ce que l’on a fait »
(Freud, 1926). Des représentations gênantes exprimées à travers des actes, des atti-
tudes, des comportements sont annulées c’est-à-dire considérées comme n’ayant
pas existé.
« C’est un procédé de magie négative. Il s’efforce d’effacer comme en soufflant
dessus grâce à un symbolisme moteur, non seulement les conséquences d’un événe-
ment, mais l’événement lui-même. Ainsi, dans la névrose obsessionnelle une action
est annulée par une seconde action comme si aucune des deux n’avait eu lieu, alors
qu’en réalité toutes deux ont eu lieu. » (Freud, 1926)
L’annulation est caractéristique du mécanisme obsessionnel : une attitude est
annulée par une seconde attitude qui annule la première attitude qui était liée la
représentation interdite.
Freud dans L’homme aux rats (1909) illustre le mécanisme de défense de l’annula-
tion. Le jeune homme enlève une pierre dangereuse de la route car la voiture de son
amie doit passer à cet endroit. Puis il remet cette pierre sur la route. Or, ce jeune
homme éprouve inconsciemment de l’amour et de la haine pour son amie. Les deux
gestes opposés reflètent les affects contradictoires du jeune homme à l’égard de son
amie.
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névrose obsessionnelle.
L’approche psychanalytique des névroses repose sur :
– la signification inconsciente de la symptomatologie névrotique ;
– l’expression symbolique des symptômes ;
– la réalisation d’un compromis entre les pulsions et les défenses ;
– le conflit intra-psychique ;
– l’aspect partiel des régressions et des fixations ;
– le caractère objectal de la libido ;
– le fantasme déformant la réalité sans jamais la nier.
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Question 2 / Anny Duperey (1992), comédienne, relate dans son livre Le Voile
noir la perte de ses parents, le travail de deuil, la douleur. À l’âge de huit ans et
demi, elle découvre ses parents morts asphyxiés dans leur salle de bain. Après cette
scène terrible, elle oublie tout ce qu’elle a vécu jusqu’à ce jour. Anny Duperey parle
d’une « ombre », de « voile noir », de « grand vide », de « noir total », de « trous
noirs », « d’écran vide », de « brouillard », un « noir de huit ans et demi ».
« Aucun visage, aucune parole, aucun trait de caractère de ceux qui furent mes
proches. Ma mémoire a gommé tout l’humain de mon enfance. Rien d’eux, surtout,
comme s’ils n’avaient jamais existé. C’en est presque choquant. Moi, cela me choque
de pouvoir écrire trois pages sur les chats et pas même trois lignes sur ceux qui m’ont
mise au monde. » (Le Voile noir, Anne Duperey, © Éditions du Seuil, 1992)
Quel est le mécanisme décrit dans cet extrait ? Identifiez-le, définissez-le et indi-
quez sa fonction.
36 • Repères en psychopathologie
Question 5 / Une fillette de quatre ans déjeune avec son père en l’absence de sa
mère et dit à son père :
« C’est bien, que maman ne soit pas à la maison aujourd’hui
– Pourquoi donc ?
– Comme ça, elle ne peut pas nous interrompre quand nous parlons ensemble. »
Quelques semaines plus tard, elle exprime explicitement le désir d’écarter sa mère
et lui dit :
« Maman, quand donc mourras-tu ?
– Mais le jour où je mourrai, tu n’auras plus de maman !
– Oui, mais j’aurai encore un papa. »
Quand la fillette et sa mère passent devant des boutiques, la fillette demande à sa
mère de choisir l’objet qui lui plaît le plus et lui promet qu’elle lui offrira quand elle
sera grande.
Abraham (1916) donne l’interprétation suivante :
« Par sa conduite, elle manifestait cette pensée : lorsque je serai grande, j’aurai
de l’argent car je serai la femme de papa, alors tu seras notre enfant et c’est moi qui
ferai des emplettes pour toi. »
Dans cette observation de Karl Abraham, quel est le mécanisme de défense domi-
nant ?
• C h a p i t r e 3 •
LA NÉVROSE HYSTÉRIQUE
I. HISTORIQUE
Un papyrus égyptien datant du XXe siècle avant J.-C. comporte des descriptions
d’états pathologiques attribués à des mouvements de l’utérus. Les premières
descriptions cliniques d’hystérie se trouvent dans les écrits de Hippocrate (v.460-
v.377).
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40 • Repères en psychopathologie
S. FREUD – J. BREUER
L’hystérie a ouvert la voie de la découverte de la psychanalyse à Freud. Après
son séjour chez Charcot, Freud retourne à Vienne et publie en 1895 les Études sur
l’hystérie avec Joseph Breuer (1842-1925) :
« À peine sorti de l’école de Charcot, je rougissais de la connexion entre l’hysté-
rie et la sexualité, à peu près comme les patientes elles-mêmes le font en général. »
Si la relation entre hystérie et sexualité n’est pas novatrice au regard de l’histoire
de l’hystérie, en revanche, la reconnaissance de scènes sexuelles traumatiques est
innovatrice. Breuer et Freud affirment que l’on retrouve à l’origine des phénomè-
nes hystériques des « traumas-psychologiques » et qu’on peut guérir l’hystérie en
les découvrant. Freud va s’intéresser à la méthode cathartique mise au point par
Breuer avec sa patiente Bertha Pappenheim, mieux connue sous le nom d’Anna O.
J. Breuer nomme catharsis le procédé thérapeutique utilisé en souvenir
d’Aristote qui attribuait une fonction de purgation à la tragédie grecque. La
méthode cathartique permet au sujet d’évoquer le traumatisme qui a un effet de
décharge (catharsis) et de libération des affects « coincés ».
Anna O. nomme le traitement conçu par Breuer chimney sweeping (ramonage de
cheminée) puisque le but visé de la méthode est la suppression des symptômes et
talking cure ou cure fondée sur la parole. Le traitement permet à Anna O. de retr-
ouver la scène à l’origine « d’hallucinations angoissantes où cheveux noirs, lacets,
etc. lui semblaient être des serpents noirs ». Anna se revoit endormie auprès de son
père malade, qu’elle veille avec amour, quand elle « voit » un serpent noir sortir du
mur, s’avançant vers son père malade pour le mordre. Or, Anna O. présente une
paralysie du bras droit. La rigidification du bras droit semble liée à l’hallucination
et l’empêche de toucher l’animal. La thérapie cathartique consiste à supprimer
« l’activité de la représentation non initialement ab-réagie en permettant à l’affect
bloqué à celle-ci une décharge par la parole ».
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La névrose hystérique • 41
Freud critique ensuite le point de vue de Breuer sur le cas d’Anna O. et leur
désaccord portera sur le rôle de la sexualité dans l’étiologie de la névrose hysté-
rique.
Freud met l’accent sur la symbolique sexuelle de l’hallucination des serpents par
Anna O., sur le rôle de la sexualité dans la vie psychique de la jeune fille.
Élizabeth von R., patiente de Freud, est au cœur d’une autre étude sur l’hystérie.
Élizabeth von R. souffre d’abasie c’est-à-dire d’une impossibilité de marcher en l’ab-
sence de cause organique. Ses douleurs concernent les cuisses et sont
particulièrement intenses en un point. Le traitement avec Freud révèle que ce point
douloureux est l’endroit où son père posait son pied enflé afin qu’elle change les
bandages. Or, Freud a observé sur le visage d’Élizabeth une expression de satisfac-
tion et non de douleur lorsqu’une pression était exercée à l’endroit douloureux.
Freud associe le point douloureux d’Élizabeth von R. et le bras paralysé d’Anna O.
à l’amour conflictuel de ces jeunes femmes avec leurs pères. La symbolisation du
conflit psychique au niveau corporel donne un rôle de « transcripteur de signes » au
corps.
L’hystérie, appelée hystérie de conversion par Freud, se caractérise par l’utilisa-
tion du registre corporel pour traduire les conflits inconscients.
II. SÉMIOLOGIE
A. LES SYMPTÔMES
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Les paralysies
– Les paralysies peuvent être généralisées et réaliser des hémiplégies (paralysie
d’un seul coté du corps) ou des paraplégies (paralysie des deux membres infé-
rieurs).
– Les paralysies peuvent être localisées et concerner un membre (monoplégie)
ou une partie d’un membre.
– Les paralysies peuvent être fonctionnelles et toucher une catégorie de mouve-
ments ou une fonction :
Astasie-abasie : un sujet souffrant d’astasie (impossibilité de se tenir debout)
ou d’abasie (impossibilité de marcher) est capable de remuer les jambes dans
son lit ; la paralysie des membres inférieurs touche uniquement la marche.
Aphonie-dysphonie : la paralysie peut toucher les cordes vocales et produire
une aphonie (extinction de voix). Certains patients présentent une impossibi-
lité de parler normalement et chuchotent : la voix est voilée et le discours est
à peine audible.
– Les paralysies peuvent être paradoxales et capricieuses : elles ne s’accompa-
gnent pas de troubles du tonus ni de troubles réflexes.
Les paralysies ne résultent pas d’atteinte lésionnelle organique. Elles ne respec-
tent pas les lois de l’anatomie mais reflètent l’idée que le sujet se fait des maladies
et du fonctionnement de son propre corps d’où ces curieuses paralysies « en manche
de veste », « en manchette » (Janet) qui défient les lois physiologiques.
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La névrose hystérique • 45
forme de douleurs ou algies touchant les organes internes : douleurs du dos (scia-
tiques, rachialgie), douleurs de l’appareil urinaire (cystalgies, brûlures), douleurs
gynécologiques (vaginisme, spasmes douloureux du vagin), douleurs digestives
(vomissements), douleurs de l’arbre respiratoire (malaise respiratoire).
Les douleurs présentent les caractéristiques suivantes :
– elles peuvent être exposées sous une allure dramatique ;
– elles entraînent une gêne fonctionnelle ;
– elles ne s’accompagnent pas de signes organiques à l’examen médical ;
– elles sont à l’origine d’une fréquentation médicale excessive, d’une multipli-
cation des examens complémentaires, de la multiplicité des traitements,
d’erreurs diagnostiques, d’interventions chirurgicales inutiles ou abusives.
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Conclusion
La sémiologie de l’hystérie présente quelques constantes : la visibilité du symp-
tôme, l’anorganicité des symptômes, l’indifférence du sujet vis-à-vis du symptôme
et la labilité de l’évolution.
– Le trouble peut être exhibé par le patient et devenir parfaitement visible.
– Les symptômes décrivent une organisation imaginaire du corps défiant les lois
de l’anatomie.
– Les examens somatiques médicaux donnent des résultats négatifs qui, ne
confirmant pas l’existence d’une maladie organique, déplaisent au patient et
augmentent ses plaintes.
« L’hystérique se comporte dans ses paralysies et autres manifestations comme si
l’anatomie n’existait pas, ou comme si elle n’en avait aucune conscience. » (Freud,
1893)
– Le sujet hystérique peut présenter une certaine indifférence vis-à-vis de ses
symptômes. Le sujet manifeste un désintérêt pour sa maladie, « la belle indiffé-
rence des hystériques ».
« La “belle indifférence” qui avait été décrite au siècle dernier reste, (...) un symp-
tôme majeur. Le malade veut ignorer l’anomalie qu’il présente. » (D. Widlöcher,
1995)
– Les symptômes présentent une grande variabilité. Sydenham décrivait la plas-
ticité symptomatologique de l’hystérie en décrivant l’hystérie comme « un
Protée qui prend une infinité de formes, un caméléon qui varie sans fin ses
couleurs ».
– Les réactions vis-à-vis des traitements sont paradoxales. Les symptômes appa-
raissent et réapparaissent de manière imprévisible. L’évolution de la
symptomatologie est inattendue.
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B. LE CARACTÈRE HYSTÉRIQUE
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« L’érotisation, plus sensuelle que sexuelle, plus proche des jeux érotiques et des
flirts de l’enfance que de la génitalité adulte, envahit l’ensemble du champ relation-
nel, au risque permanent d’un quiproquo dans l’interprétation qu’en fait
l’interlocuteur, n’ayant d’autre issue que de renforcer l’insatisfaction d’avoir “été
prise pour ce qu’elle n’est pas : celle que vous croyez”. » (Venet, E, 2000)
Certains comportements reflètent une régression vers un mode autoérotique de
plaisir tels que les simulacres de séduction, une pseudo-génitalité proche des jeux
sexuels infantiles. Le surinvestissement de la prégénitalité et la censure de la géni-
talité peuvent s’inverser en activisme sexuel génital volontariste qui sera vite
oublié.
Le comportement sexuel ne peut se réaliser que dans une sorte de « halo amné-
sique »… «il faut l’avoir tout de suite oublié ».(Bergeret, 1972)
– Le sujet hystérique se comporte comme un acteur mais il n’est pas aussi
convaincant qu’un comédien. Exprimant ses émotions avec démesure, il paraît
excessif et inauthentique. Le sujet réagit avec excès parce qu’il « ressent avec
excès » et est « débordé par l’émotion ». Jouer un rôle, jouer un personnage évite
au sujet hystérique une rencontre authentique avec autrui. Le sujet se cache
derrière les déguisements, derrière la multiplicité des personnages joués.
L’hystérique falsifie ses rapports avec autrui et une telle artificialité s’avère
parfois un véritable atout pour réussir dans certains milieux professionnels.
– L’hystérie est souvent associée au mensonge et à l’affabulation.
J. Bergeret interprète la désignation peu élogieuse de menteur du caractère hysté-
rique comme un « effet de la riche fantasmatisation dont est coutumier ce genre de
caractère » et rappelle que « la luxuriance des imagos fantasmatiques ou oniriques »
opère comme chez l’enfant une « dénégation de la réalité œdipiennne » gênante.
Freud (1913) dans son texte Deux mensonges d’enfants expose que le mensonge
est l’énoncé d’un fantasme et que ce fantasme est un fantasme d’amour.
Ruth Mac-Brunswick (1943) rappelle que « le motif principal de la dénégation
infantile et de tous les mensonges pathologiques qui en dépendent est constitué par
des événements gravitant autour du complexe de castration qui ont lésé le narcis-
sisme de l’enfant ».
– De ce désir de plaire découlent la plasticité et la soit-disante suggestibilité de
l’hystérique. Le sujet hystérique est capable de changer de rôle en fonction de l’au-
ditoire et de changer d’avis en fonction de l’avis de ses interlocuteurs. L’hystérique
manifeste indéniablement une certaine plasticité. Il peut, en effet, s’attacher à toute
personne lui manifestant un intérêt jusqu’à imiter sa voix, s’habiller comme le
modèle et lui ressembler. La plasticité n’est pas équivalente à la fameuse suggesti-
bilité hystérique qui oppose encore, aujourd’hui, les chercheurs et les cliniciens.
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50 • Repères en psychopathologie
La névrose hystérique • 51
vie imaginaire peut être transposée dans la vie réelle. Cette tendance à s’imaginer
des vies et des personnages contribue au théâtralisme et à la mystification. Elle n’est
pas délirante dans le tableau hystérique car la critique reste possible contrairement
aux personnalités paranoïaques inaccessibles à l’autocritique. La finalité des cons-
tructions fantasmatiques des sujets hystériques n’est pas de mystifier les autres : le
sujet est davantage mythomane que mystificateur. La tendance à la mythomanie
traduit cette puissance de l’imaginaire. Par ses fabulations et ses inventions, le sujet
cherche à falsifier ses rapports avec autrui ; le sujet joue la comédie ; il se donne en
spectacle aux autres et à lui, pour obtenir l’affection d’autrui et non pour dominer
ou soumettre autrui comme le fait le sujet pervers.
– Certains sujets hystériques sont timides, effacés et affichent un certain infanti-
lisme dans les propos, la voix, la tenue ou le comportement. Le sujet aspire ainsi à
susciter, sur un mode infantile, attention, protection et affection d’autrui.
Conclusion
Certains auteurs observent une concordance entre les symptômes de conversion
et les traits de caractère hystérique alors que d’autres constatent une indépendance
entre les symptômes de conversion et les traits de caractère hystérique. Certaines
études cliniques décrivent une personnalité hystérique « asymptomatique » ou une
conversion somatique indépendamment de la personnalité hystérique.
« La question des rapports entre symptômes hystériques et personnalité demeure
à l’ordre du jour. L’association entre symptômes et personnalité hystérique n’est
certes pas aussi fréquente qu’on le disait. C’est la raison pour laquelle on tend à
substituer le terme de “personnalité histrionique” à celui d’“hystérique”. Est-ce bien
nécessaire ? la personnalité hystérique telle qu’elle est décrite classiquement existe,
et elle est souvent accompagnée de manifestations fonctionnelles d’autre nature, en
particulier de plaintes hypocondriaques. » (D. Widlöcher, 1995)
Cette controverse confirme la nécessité d’analyser les symptômes au regard de
l’histoire du patient et d’étudier les mécanismes de défense avant d’énoncer une
hypothèse diagnostique d’hystérie de conversion.
— Selon le sexe
Les manifestations de conversion hystérique concernent environ 1 % de la
population générale. Les manifestations de conversion sont plus fréquentes chez la
femme qui n’en a toutefois pas l’exclusivité. La prédominance féminine ne dépasse
pas 60 à 70 % des cas. Les données statistiques qui prennent en considération la
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— Selon l’âge
Les manifestations de conversion sont fréquentes chez l’enfant et l’adolescent ;
elles surviennent chez l’adulte jeune et ne sont pas exceptionnelles chez les sujets
plus âgés. Chez le sujet hystérique âgé, les algies et la dépression hypocondriaque
dominent tandis que les crises ou les paralysies sont rares.
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La névrose hystérique • 53
« Notre malade, que j’appellerai par son nom de Dora, présentait dès l’âge de 8
ans des troubles nerveux. Elle souffrait alors d’une gêne respiratoire permanente qui
s’accentuait par accès ; cette gêne était apparue pour la première fois après une petite
excursion en montagne et fut par conséquent attribuée au surmenage. Cet état dispa-
rut en six mois. (...) Des migraines et des accès de toux nerveuse apparurent chez elle
vers l’âge de 12 ans… » (Freud, Dora, 1905)
Évolution et pronostic
Les statistiques concernant la durée des symptômes sont variables et dépendent
de nombreux facteurs. L’attitude de l’entourage joue un rôle dans l’évolution de
l’hystérie. Ainsi, certaines familles hyperprotectrices ou certains conjoints très
attentionnés entretiennent les comportements de dépendance régressive des sujets.
Le médecin peut également fixer les troubles ou les chroniciser en reconnaissant
une réalité organique aux symptômes hystériques.
Par contre, les troubles peuvent s’évincer quand les bénéfices secondaires
deviennent négligeables ou quand la situation du patient devient moins confortable.
54 • Repères en psychopathologie
La névrose hystérique • 55
56 • Repères en psychopathologie
La cure psychanalytique
et les psychothérapies d’inspiration psychanalytique
La place centrale de l’hystérie dans la naissance de la psychanalyse incite les
psychanalystes à considérer la cure psychanalytique comme la thérapeutique capa-
ble de guérir le sujet hystérique qui se montre, toutefois, un mauvais candidat à
l’analyse. En effet, la cure analytique est souvent mise en échec par les patients
hystériques très prompts à désinvestir la cure qu’ils ont entreprise, par ailleurs, de
manière passionnelle.
« La pulsion d’autoconservation essaiera de tirer profit de chaque situation, le
Moi voudra aussi tourner la maladie à son avantage. En psychanalyse, on appelle cela
« le bénéfice secondaire de la maladie. » (Freud, 1933)
La cure analytique offre un cadre contenant fiable qui permet l’élaboration
d’une relation différente à l’altérité. J.P. Winter (1998) précise l’objectif de la cure
psychanalytique : « transformer la misère hystérique en malheur banal » qu’il diffé-
rencie de l’objectif consistant à transformer « la misère hystérique en joie ».
« Or, son angoisse, elle le tient, et il y tient ; car finalement c’est bien la dernière
chose qu’il accepte de donner, ce rien de son angoisse. Et nous savons que dans la
cure, le patient nous parle volontiers de tout, ses symptômes, les divers avatars de sa
vie, mais pour ce qui est de son angoisse, il ne la livre pas si facilement. » (J.P.
Winter, 1998)
La psychothérapie d’inspiration analytique instaure une relation de « face à
face » contrairement au cadre « divan-fauteuil » psychanalytique : le patient, en
psychanalyse, s’allonge sur le divan et le psychanalyste s’installe derrière lui. Une
psychothérapie analytique n’a pas les mêmes objectifs que la psychanalyse. La
psychothérapie ne vise pas l’élucidation complète de l’inconscient du sujet mais
une modification du comportement interne et relationnel ; elle cherche à aider le
patient à trouver dans son existence les satisfactions qu’il en attend, à renoncer à
une grande partie de ses bénéfices névrotiques et à supporter les échecs inhérents à
la condition humaine. L’investigation thérapeutique se réfère au modèle psychana-
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 57
La névrose hystérique • 57
lytique (problématique inconsciente, nature des liens aux objets externes significa-
tifs, etc.), (Gilliéron, 1997).
Le Trouble somatisation
Le diagnostique du Trouble somatisation comporte :
1. des plaintes, multiples, anciennes, ayant débuté avant 30 ans, entraînant une
demande de traitement ou un dysfonctionnement social, professionnel,
etc.(critère A) ;
2. au moins 4 symptômes douloureux touchant 4 localisations : 2 symptômes
gastro-intestinaux, un symptôme sexuel et un symptôme pseudo-neurologique :
(aphonie, diplopie, « boule dans la gorge », paralysie, cécité, surdité, symptômes
dissociatifs, etc.) (critère B) ;
3. ces symptômes ne sont pas dûs à une affection médicale ou à une substance
toxique ou s’ils sont dus à une affection, ils sont disproportionnés (critère C) ;
4. les symptômes ne sont pas produits avec intentionnalité ou simulation (critère
D). (D’après DSM IV, Masson)
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58 • Repères en psychopathologie
Le Trouble de conversion
Le trouble de conversion désigne un trouble pseudo-neurologique qui peut être
moteur, sensitif, sensoriel ou convulsif ou mettre en jeu plus d’un de ces registres
symptomatiques. Il s’agit des « symptômes de conversion » classiques.
Les critères diagnostiques du Trouble de conversion sont :
1. un ou des symptôme(s) de la motricité volontaire, des fonctions sensitives ou
sensorielles suggérant une affection neurologique ou médicale ;
2. des facteurs psychologiques associés au symptôme : des conflits ou des
facteurs de stress ont précédé l’apparition ou l’aggravation du symptôme ;
3. une absence d’intention ou de simulation ;
4. une absence d’explication par une affection médicale ou par l’effet d’une
substance toxique ;
5. une souffrance significative ou une altération du fonctionnement social,
professionnel ;
6. l’absence d’un Trouble somatisation et autre trouble mental.
(D’après DSM IV, Masson)
Le diagnostic de Trouble de conversion mentionne la présence de symptômes
somatiques et l’intervention de facteurs psychogènes contrairement au diagnostic
de Trouble somatisation. Les auteurs du manuel diagnostique (DSM IV) font une
entorse à la règle descriptive athéorique en reconnaissant au trouble de « conver-
sion » une origine psychogène en tant que réaction et expression d’une situation
affective conflictuelle, conception plus habituelle dans la tradition psychanalytique.
L’hypocondrie
Le diagnostic d’hypocondrie exige la présence des éléments suivants :
1. le sujet craint d’être atteint d’une maladie grave et interprète ses symptômes
physiques de manière erronée ;
2. la crainte persiste malgré un diagnostic médical négatif ;
3. la croyance n’est pas délirante et ne correspond pas à une dysmorphie corpo-
relle ;
4. la souffrance ou l’altération du fonctionnement social, professionnel est
importante ;
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La névrose hystérique • 59
Le Trouble douloureux
Le Trouble douloureux comprend les cinq critères diagnostiques suivants :
1. la douleur intense justifie un examen clinique ;
2. elle entraîne une souffrance ou un dysfonctionnement social, professionnel ou
autre ;
3. des facteurs psychologiques jouent un rôle important dans l’éclosion, le main-
tien, l’intensité de la douleur ;
4. ni intentionnalité ni simulation ;
5. la douleur ne s’explique pas par un autre trouble (Trouble de l’humeur,
Trouble anxieux, dyspareunie, Trouble psychotique).
(D’après DSM IV, Masson)
Le Trouble douloureux peut être associé soit à des facteurs psychologiques, soit
à une affection médicale, soit aux deux (facteurs psychologiques et affection médi-
cale).
L’influence de facteurs psychologiques est reconnue explicitement comme un
critère diagnostique du Trouble douloureux.
60 • Repères en psychopathologie
La fugue dissociative
La fugue dissociative (auparavant fugue psychogène) consiste en un départ inat-
tendu et soudain du domicile ou du lieu de travail qui s’accompagne d’une amnésie
du passé, d’une confusion quant à l’identité personnelle ou de l’adoption partielle
ou totale d’une nouvelle identité.
L’amnésie dissociative
L’amnésie dissociative (auparavant amnésie psychogène) désigne l’incapacité à
évoquer des souvenirs personnels importants. Le sujet manifeste une certaine indif-
férence à l’égard de ce phénomène. Le plus souvent, l’amnésie est lacunaire : elle
porte sur une période de temps précis dont aucun souvenir ne peut être évoqué. Il
s’agit souvent des heures ou jours qui ont accompagné la survenue d’un événement
à caractère traumatique : accident, deuil, catastrophe naturelle.
Le Trouble de dépersonnalisation
Le Trouble de dépersonnalisation décrit la survenue d’épisodes de dépersonna-
lisation persistants et récurrents suffisamment sévères pour provoquer une détresse
importante. Le sujet expérimente une impression de détachement et devient l’ob-
servateur extérieur de son propre fonctionnement mental ou comportemental. Ce
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La névrose hystérique • 61
La personnalité histrionique
Le DSM III en 1980 opère un changement terminologique en nommant la
personnalité hystérique de personnalité histrionique. La description critériologique
de la personnalité histrionique connut de nombreuses modifications :
Le DSM III insiste sur l’hyperexpressivité des émotions et associe les traits liés à la
demande affective, le besoin impérieux de sensations fortes, l’irritabilité, l’agressi-
vité, la vanité, la dépendance, le besoin de réassurance.
Le DSM III R atténue la sévérité de la description mais conserve l’égocentrisme et
l’intolérance à la frustration.
Le DSM IV en 1994 ne parle plus d’égocentrisme ni d’irritabilité. La personnalité
histrionique est décrite comme « un mode général de réponses émotionnelles exces-
sives et de quête d’attention ».
Le diagnostic de personnalité histrionique est porté si le sujet présente cinq
traits dans la liste ci-dessous :
– un malaise si le sujet n’est pas au centre de l’attention d’autrui ;
– un comportement de séduction sexuelle inadapté ou provoquant ;
– une expressivité émotionnelle superficielle et une labilité émotionnelle ;
– un souci excessif de plaire physiquement ;
– un discours très subjectif et pauvre en détail ;
– une dramatisation, du théâtralisme, et une expression émotionnelle exagérée ;
– une suggestibilité ou influençabilité par autrui ou par les circonstances ;
– une surestimation de l’intimité des relations.
(D’après DSM IV, Masson)
Le DSM IV n’adopte pas le critère de la vie imaginaire mais indique cependant
que les sujets « peuvent souvent se perdre dans des fantasmes romantiques ».
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62 • Repères en psychopathologie
La névrose hystérique • 63
64 • Repères en psychopathologie
La névrose hystérique • 65
Question 24 /
Anne est âgée de 38 ans. Elle travaille comme employée administrative. Elle arrive
à l’hôpital aux urgences en se tordant de douleurs au ventre. Après les repas, elle
se sent gonflée, nauséeuse ; elle a des vertiges et vomit souvent après avoir mangé.
Elle ressent des brûlures d’estomac. Elle a consulté de nombreux gastro-entérolo-
gues. Elle ne comprend pas qu’aucun médecin n’ait réussi à la soigner. Ces
différents spécialistes ont fait un diagnostic d’ulcères, de colites, de colopathies
fonctionnelles. Malgré les nombreux traitements qu’elle a suivi, les symptômes et la
douleur perdurent. Elle a essayé de nombreux médicaments pour les symptômes
gastriques et la douleur. Elles datent ses premières douleurs à l’adolescence. Elle
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 66
66 • Repères en psychopathologie
a été opérée plusieurs fois : appendicite, ovaire, utérus, vésicule biliaire, hémorroï-
des. Elle évoque au cours de l’entretien des séances de kinésithérapie à cause de
douleurs lombaires intenses, des séances d’acupuncture à cause de douleurs
urinaires et respiratoires. Elle a consulté un sexologue à cause de ses difficultés
sexuelles.
Selon l’approche athéorique, cette observation répond aux critères du Trouble
1. De conversion
2. De somatisation
3. D’hypocondrie
4. Somatoforme douloureux ?
Justifiez votre réponse et précisez les critères du trouble diagnostiqué.
Question 25 /
Michel, électricien, âgé de 25 ans exige de son médecin un bilan médical complet
car il pense avoir un cancer de l’intestin. Il souffre depuis trois ans de brûlures, de
douleurs abdominales, de troubles intestinaux douloureux. Il a commencé à consul-
ter des nutritionnistes et a modifié son régime alimentaire. Il est devenu adepte de
la cuisine à la vapeur. Puis, il a multiplié les consultations de spécialistes. Tous les
examens concluent en faveur de troubles fonctionnels. Il ne peut accepter ce
diagnostic car il est extrêmement fatigué. Il est tellement épuisé qu’il est souvent en
arrêt maladie. Il s’absente de plus en plus de son travail car se ses douleurs ne sont
plus uniquement intestinales. Il souffre de douleurs multiples et généralisées qu’il
détaille sur un cahier. Il est persuadé que le cancer est à ce jour généralisé. Étant
donné son état, il s’est séparé récemment de l’amie avec laquelle il vivait car il ne
pouvait plus « assurer sexuellement ni affectivement » ; « je ne pense qu’à mon
cancer ».
Michel, selon l’approche descriptive athéorique présente un Trouble
1. De conversion
2. De somatisation
3. D’hypocondrie
4. Somatoforme indifférencié
Justifiez votre réponse et précisez les critères du trouble diagnostiqué.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 67
• C h a p i t r e 4 •
LA NÉVROSE PHOBIQUE
La phobie, symptôme, est connue depuis Celsius (Ve siècle avant J.-C.). Le terme
de phobie est issu du grec phobos qui signifie, au singulier, l’action de faire fuir,
l’action d’effrayer et, au pluriel, les objets provoquant la crainte d’où l’apparition
ultérieure de l’idée de crainte, de peur, de frayeur.
La phobie est une peur intense déclenchée par la présence d’un objet ou d’une situa-
tion qui ne sont pas objectivement dangereux.
La phobie n’est pas équivalente à la névrose phobique : des phobies existent
dans d’autres tableaux cliniques que celui de névrose phobique.
Le diagnostic de névrose phobique associe l’existence de phobies, de conduites
phobiques et un ensemble de traits de caractère particuliers.
I. SÉMIOLOGIE
68 • Repères en psychopathologie
L’agoraphobie
Étymologiquement, l’agoraphobie désigne la peur de la place publique. Le
terme grec agora signifie la « place du marché, lieu du rassemblement et de
réunion ».
La première utilisation du terme d’agoraphobie revient à Westphal, psychiatre
allemand qui désigne en 1871 par agoraphobie « l’impossibilité de traverser certai-
nes rues ou places, ou la possibilité de le faire avec une crainte liée à l’anxiété ».
Westphal décrit les troubles de trois patients qui ont une peur irraisonnée, des
grands espaces découverts, comme les rues ou les places publiques.
Sept ans plus tard, le français Legrand du Saulle décrit dix-sept observations où
la peur des patients apparaît dans les grands espaces, au milieu de la foule, dans les
transports, les églises, au théâtre, dans les files d’attente et sur les ponts.
L’acception du terme d’agoraphobie va s’étendre à la peur des rassemblements
et de la foule. Marks (1969) définit la phobie comme « la peur de sortir dans les
lieux publics comme les rues, les magasins et les moyens de transports, dans des
combinaisons variables ».
Lorsque la personne agoraphobe est exposée à la situation phobogène (rue,
magasins, foule), elle éprouve un profond malaise, une sensation de vertige, la peur
de perdre le contrôle d’elle-même, la peur de s’évanouir, la peur de mourir, et
parfois un sentiment de déréalisation-dépersonnalisation. La panique anxieuse cède
en quelques minutes, dès que la personne quitte le lieu angoissant. L’agoraphobe
limite son activité à un « périmètre de sécurité », infranchissable sans l’aide d’un
tiers, car il craint de manquer d’aide.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 69
La névrose phobique • 69
Épidémiologie
L’agoraphobie est la plus fréquente et la plus invalidante des phobies de l’adulte.
Elle touche 6 % de la population. Elle est plus fréquente chez les femmes que chez
les hommes (deux tiers-un tiers). Elle débute à l’âge adulte (entre 20 et 30 ans).
L’agoraphobie se rencontre, certes, dans la névrose phobique mais aussi dans
certaines névroses obsessionnelles, dans certains troubles psychotiques et certains
états dépressifs.
La claustrophobie
La claustrophobie désigne la peur des espaces clos (ascenseurs), des pièces
closes (cave, grotte, etc.). Le claustrophobe ne peut supporter d’être dans une pièce
dont les issues sont fermées car il est en proie à la crainte de ne pas pouvoir sortir ;
l’ouverture de la fenêtre ou de la porte supprime cette impression de malaise.
La claustrophobie donne lieu à des rationalisations comme la pollution dans le
métro, à des aménagements (se placer près de la sortie dans une salle de cinéma) et
à des conduites d’évitement.
La claustrophobie peut se présenter seule ou dans le cadre d’une agoraphobie.
70 • Repères en psychopathologie
Jacques Alain, cinquante ans, informaticien est terrorisé à l’idée d’arriver en retard
car il deviendrait le point de mire. En conséquence, il s’arrange toujours pour être
le premier partout, que ce soit aux conférences, au cinéma, au théâtre, aux réunions
de travail, dans l’avion, dans les soirées etc.. Ainsi, il peut choisir son siège à l’abri
du regard des autres participants ou spectateurs. Quand il était étudiant, il ne
pouvait pas s’asseoir dans les premiers rangs de l’amphithéâtre car il ne supportait
pas de sentir, derrière lui, le regard de ses pairs qui l’oppressait. Il se mettait au
dernier rang malgré sa myopie qui l’empêchait de voir les transparents projetés par
l’enseignant. La crainte du regard des autres l’emportait et lui dictait son compor-
tement alors que la myopie aurait dû l’inciter à se placer dans les premiers rangs.
– La peur de parler en public diffère selon les individus et selon les situations
chez un même sujet et peut être très invalidante.
Un sujet peut faire une intervention orale brillante devant une grande assemblée et
être incapable de prendre la parole devant un petit groupe de collègues.
– La peur de manger ou boire en public concerne des sujets qui craignent le
jugement des autres ou craignent de renverser un verre, etc.
– La peur d’écrire devant les autres est décrite sous le vocable trompeur de
crampe de l’écrivain. Ce trouble peut concerner une personne en train de signer un
chèque, rédiger un contrat, prescrire une ordonnance, etc.
– Les phobies sexuelles. Le sujet craint de ne pas pouvoir accomplir l’acte
sexuel avec son ou sa partenaire et craint son jugement.
– La peur d’utiliser les toilettes. Le sujet ne peut uriner si sa présence aux toilet-
tes est connue d’autrui.
Épidémiologie
Les phobies sociales sont très fréquentes sous une forme mineure, rarement
invalidante. La fréquence atteint 10 % pour les formes moyennement sévères et
3 % pour les formes sévères.
Les phobies sociales sont aussi fréquentes chez les femmes que chez les
hommes. Les phobies sociales débutent habituellement après la puberté, rarement
après 30 ans.
La névrose phobique • 71
Les phobies simples les plus fréquentes sont les phobies d’animaux. Les phobies
d’animaux rencontrées en clinique sont les phobies de pigeons, de chiens, de chats,
d’araignées. Ces phobies sont généralement limitées à une seule espèce.
L’exemple le plus célèbre de phobie dans la littérature psychanalytique est
la phobie des chevaux relatée par Freud concernant un petit garçon de 5
ans, Hans, qui éprouve une angoisse insurmontable lorsqu’il doit sortir en
promenade car il craint de rencontrer des chevaux et d’être mordu par un
cheval. Il en vient à ne plus pouvoir sortir. Dans ce cas, le symptôme est l’ex-
pression d’un déplacement de l’angoisse sur un objet ou une situation
phobogène.
Les phobies d’animaux sont fréquentes chez l’enfant qui a d’abord peur des
animaux qui mordent comme le loup, puis des animaux puissants. Si ces peurs s’es-
tompent, il ne s’agit pas de phobie.
Les phobies d’animaux s’observent chez les adultes et concernent 10 à 20 % de
la population et plus souvent, la population féminine.
– L’acrophobie désigne la crainte des hauteurs, la peur des lieux élevés : tours,
ponts, télésièges, échelles etc. L’acrophobie apparaît sous une forme mineure ou
sous des formes sévères. Dans les cas extrêmes, la peur survient pour des dénivel-
lations minimes comme celle d’une marche d’escalier ou d’un échelon de tabouret
etc.
– La phobie des objets est très hétérogène puisque la liste des objets phobogè-
nes est infinie : objets pointus, aiguilles, tissu de velours, plume etc.. Tout objet
susceptible d’être à l’origine d’un accident peut devenir objet phobogène.
Cependant, l’angoisse est déclenchée par un objet particulier pour un sujet donné.
11. Impulsion : besoin impérieux d’accomplir un acte, un geste ; une urgence à agir.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 72
72 • Repères en psychopathologie
L’éreutophobie
La peur de rougir a été nommée par Pitres et Régis (1897) « éreutophobie » et
définie comme « l’obsession caractérisée par la crainte de rougir et par l’angoisse
qu’éprouvent ces sujets à la seule pensée de rougir ».
L’éreutophobie est intégrée, selon les auteurs, dans les phobies sociales, les
obsessions ou les phobies limites.
La dysmorphophobie
La dysmorphophobie désigne la crainte d’une difformité corporelle, la crainte
obsédante d’une modification corporelle. Ce type de peur concerne souvent le
visage : il peut s’agir de la peur d’avoir un nez énorme, des dents horribles, des
cheveux mal implantés, un profil disgracieux. Ces craintes peuvent se focaliser sur
les seins pour une femme et sur le pénis chez un homme.
La dysmorphophobie n’est pas « une phobie au sens strict » mais « une idée fixe,
crainte obsédante ou plutôt certitude douloureuse de difformité » (Lempérière).
La dysmorphophobie, dans les états schizophréniques, s’accompagne souvent
de sentiments de dépersonnalisation, d’idées délirantes persécutrices, de « bizarre-
ries » dans le comportement, de signes dissociatifs et d’angoisse de morcellement.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 73
La névrose phobique • 73
La nosophobie
La nosophobie désigne la crainte des maladies graves (leucémies, cancers, sida,
maladie mentale), la phobie des microbes, la peur de la contamination.
La phobie des maladies se rencontre également dans la névrose d’angoisse où
l’angoisse est diffuse.
À la lecture d’un article ou d’une émission sur les maladies cardiaques ou cancé-
reuses, les sujets anxieux craignent d’être atteint de la maladie en question mais sont
facilement rassurés par un avis médical contredisant leurs craintes.
La phobie des microbes peut devenir tellement obsédante que le sujet développe
des rituels de désinfection systématique. Dans ce cas, ces craintes sont des obses-
sions qui entrent dans un tableau clinique de névrose obsessionnelle.
Lorsque les phobies apparaissent dans un tableau clinique psychotique, l’évite-
ment est impossible ou inefficace et la réassurance reste sans effet car le danger
dans la pathologie psychotique est interne contrairement à la phobie typique où la
situation phobogène est bien définie.
74 • Repères en psychopathologie
La névrose phobique • 75
En 1894, lorsque Freud commence son étude des phobies, il part des concep-
tions existantes exposées dans les travaux de P. Janet. L’autonomie de la névrose
phobique revient à S. Freud car Pierre Janet regroupait sous l’appellation de
psychasthénie, les phobies et les obsessions qu’il différenciait de l’hystérie. Dans la
psychasthénie, il se produit, selon Janet, une diminution progressive et durable de
la tension mentale. Les fonctions supérieures du psychisme qui permettent une
adaptation à la réalité ne sont plus efficaces. Le déficit de ces fonctions supérieures
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76 • Repères en psychopathologie
accentue l’activité des fonctions inférieures ce qui produit les troubles phobiques ou
obsessionnels.
En 1895, Freud sépare les phobies et les obsessions dans son article intitulé
« Obsessions et phobies ». Les phobies sont classées en deux catégories :
– les « phobies communes » où se manifeste une « peur exagérée des choses que
tout le monde abhorre ou craint un peu » ;
– les « phobies d’occasion » qui sont des « peurs attachées à des situations que
l’homme sain ne redoute pas ».
Le terme d’hystérie d’angoisse apparaît dans le livre de W. Stekel, Les états
d’angoisse névrotique et leur traitement (1908) sur une suggestion de Freud.
L’appellation de la névrose phobique comme hystérie d’angoisse par Freud inter-
roge le rapport de l’objet phobique et de l’angoisse.
« L’objet d’élection phobique est une mesure défensive appelée par le Moi à sa
rescousse. »
En 1909, Freud, dans Le petit Hans, spécifie la névrose phobique et reconnaît la
similitude structurale entre l’hystérie d’angoisse et l’hystérie de conversion : dans
ces deux entités, l’action du refoulement tend à séparer l’affect de la représentation.
Freud souligne, par ailleurs, la différence essentielle entre l’hystérie de conversion
et l’hystérie d’angoisse :
« Dans l’hystérie d’angoisse, la libido, détachée du matériel pathogène par le
refoulement n’est en effet pas convertie, c’est-à-dire détournée du psychique vers
une innervation corporelle, mais elle est libérée sous forme d’angoisse. » (Freud,
1909)
En 1926, dans Inhibition, symptôme et angoisse, Freud réexamine sa théorie de
l’angoisse à la lumière de sa seconde topique de l’appareil psychique exposée aupa-
ravant dans Le Moi et le Ça (1923). Désormais, l’angoisse devient un signal du Moi
en danger ; elle précède et amène le refoulement. L’angoisse qui se manifeste à
l’égard de l’objet phobique est, selon Freud, « l’angoisse de castration non trans-
formée ». Freud précise qu’il s’agit d’une angoisse-réelle parce que la castration est
un danger réel.
LE PETIT HANS
Hans, est un petit garçon qui souffre d’une phobie des chevaux. Hans a peur
qu’un cheval ne le morde dans la rue. Cette peur l’oblige à limiter ses jeux.
L’enfant est en pleine situation œdipienne. Hans, « petit Œdipe », éprouve
pour son père des sentiments ambivalents. En effet, Hans éprouve, en même
temps, des sentiments tendres pour son père et une agressivité à l’égard de
son père. Le père est un rival pour le petit Hans vis-à-vis de sa mère et trou-
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 77
La névrose phobique • 77
78 • Repères en psychopathologie
Traitements
La névrose phobique • 79
L’Attaque de panique
L’Attaque de panique désigne une période de malaise ou de crainte où les symp-
tômes surviennent brutalement et atteignent une intensité maximale en moins de dix
minutes. Le diagnostic d’attaque de panique exige la présence de quatre symptômes
minimum parmi les treize suivants : palpitations cardiaques ou accélération du
rythme cardiaque/transpiration/tremblements ou secousses musculaires/impression
d’étouffement/sensations d’étranglement/douleur ou gêne thoracique/nausée ou
gêne abdominale/sensation de vertige, d’instabilité, ou impression d’évanouisse-
ment, etc./ impression d’irréalité (déréalisation) ou impression d’être détaché de soi
(dépersonnalisation)/ peur de perdre le contrôle de soi ou de devenir fou, peur de
mourir/sensations d’engourdissement ou de picotements/frissons ou bouffées de
chaleur. (D’après le DSM IV, Masson)
L’Agoraphobie
Le diagnostic de l’Agoraphobie requiert les critères suivants :
1. Une « anxiété » survenant dans des endroits d’où il serait « difficile de
s’échapper » ou de trouver du secours en cas d’Attaque de panique ou de symp-
tômes de type panique.
2. L’évitement de nombreuses situations, la crainte d’Attaque de panique,
une confrontation vécue avec souffrance ou une exposition possible grâce à l’ac-
compagnement d’un tiers.
3. L’absence d’un autre trouble (phobique ou autre).
(D’après le DSM IV, Masson)
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80 • Repères en psychopathologie
La Phobie spécifique
Le diagnostic de Phobie spécifique (auparavant Phobie simple) exige la
présence des critères suivants :
1. Une peur intense et persistante déclenchée par un objet ou une situation
spécifique ou par l’anticipation d’une confrontation à l’objet ou à la situation.
2. Une réponse anxieuse sous la forme d’Attaque de panique en cas d’expo-
sition au stimulus phobogène.
3. La reconnaissance par le sujet du caractère excessif ou irrationnel de la
peur
4. L’évitement, la détresse ou une anxiété intense en cas d’exposition.
5. Une perturbation des activités habituelles du sujet, de ses relations avec
autrui ou une grande souffrance.
6. Une durée d’au moins 6 moins chez les mineurs.
7. L’absence d’autres troubles susceptibles d’expliquer les symptômes.
(D’après le DSM IV, Masson)
Le DSM IV différencie plusieurs types de phobies spécifiques : Type animal –
Type environnement naturel (hauteurs, tonnerre, eau) – Type sang-injection-acci-
dent – Type situationnel (avions, ascenseurs, endroits clos) – Autre type (évitement
de l’espace, de bruits forts, etc.).
La névrose phobique • 81
82 • Repères en psychopathologie
La névrose phobique • 83
84 • Repères en psychopathologie
Question 3 / Certaines phobies sont aussi fréquentes chez les hommes que les
femmes ; il s’agit de
1. L’agoraphobie
2. L’acrophobie
3. Phobies d’impulsion
4. Phobies sociales
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 85
La névrose phobique • 85
Question 4 / Parmi les symptômes suivants, certains apparaissent aussi dans des
tableaux cliniques non névrotiques
1. Dysmorphophobie
2. Nosophobie
3. Éreutophobie
Définissez ces trois termes et indiquez les tableaux cliniques dans lesquels s’obser-
vent ces symptômes.
Question 5 / Parmi les peurs suivantes, quelles sont les phobies sociales et quel-
les sont les phobies simples ?
1. Peur des araignées
2. Peur de parler en public
3. Peur d’utiliser les toilettes
4. Peur des hauteurs
5. Peur d’écrire devant autrui
86 • Repères en psychopathologie
S’agit-il
1. d’une phobie simple
2. d’une phobie sociale
3. d’une agoraphobie
4. d’une claustrophobie ?
Question 8 / Lucie, âgée d’une trentaine d’années doit, chaque fois qu’elle sort
de chez elle, être accompagnée par une personne (mari, ami(e), parent, enfant,
voisin, etc.) à cause d’une peur de la foule. Cette peur existe et s’accroît depuis
qu’elle a eu un malaise au supermarché, il y a un an. Lucie présente une
……………………………………………… ?
Question 9 / Luc a peur de rougir lorsqu’il est invité aux soirées, aux vernissa-
ges, aux conférences, au restaurant, ou lorsqu’il est en cours. Il s’agit d’une
……………………………………………… ?
Question 10 / Nadia se lave les mains plusieurs dizaines de fois par jour et désin-
fecte tout objet qu’elle touche avec de l’alcool. Nadia présente
1. Une érythrophobie
2. Une phobie d’impulsion
3. Une nosophobie
4. Des rituels
Définissez ces quatre termes.
Question 11 : Quels sont les trois mécanismes de défense décrits par Freud dans
l’observation clinique Le petit Hans ? Définissez-les et illustrez-les.
La névrose phobique • 87
Quand ces malaises la réveillent la nuit, elle est complètement paniquée et a une
peur terrible de mourir. Sa mère a souffert de malaises similaires à son âge. Isabelle
a consulté plusieurs médecins qui lui ont dit qu’elle était anxieuse. Ils lui ont pres-
crit différents médicaments anxiolytiques qu’elle n’a pas pris longtemps par crainte
de la dépendance aux médicaments. Or, les malaises se produisent désormais au
moins une fois par semaine et se produisent n’importe quand. Cela ne peut plus
durer : elle veut se soigner et commence une thérapie.
Selon le DSM IV, de quel trouble souffre cette jeune fille ? Justifiez votre réponse.
Question 13 / Marie est une jeune femme de 25 ans qui consulte parce qu’elle
n’arrive plus à sortir de chez elle. Elle ne sort qu’accompagnée par son mari ou un
(e) ami(e) depuis 6 mois. Tout a commencé un samedi après midi alors qu’elle avait
rendez-vous avec sa mère pour faire des courses dans un grand magasin parisien.
À l’heure du rendez-vous, Marie attend sa mère qui est en retard. Marie s’inquiète
tellement que des bouffées de chaleur l’envahissent, des palpitations cardiaques
apparaissent ; elle se sent défaillir et croit qu’elle va mourir. Sa mère arrive à ce
moment et s’occupe d’elle. Trois jours après ce malaise, elle éprouve les mêmes
sensations dans le métro en se rendant à son travail. Elle a dû sortir dehors pour
prendre l’air. Depuis cet épisode du grand magasin, Marie éprouve une peur terri-
ble dès qu’elle s’éloigne de son domicile. Marie a peur d’avoir un malaise et craint
de mourir. Sa peur de mourir concerne différents lieux : les grands magasins, les
transports en commun, les endroits où il y a du monde, et dans la rue quand elle est
seule et loin de chez elle.
En conséquence, Marie évite de plus en plus de sortir de chez elle seule. Pour
faire ses courses, elle va dans le petit magasin situé à côté de chez elle. Si elle doit
faire des courses au centre ville, elle se fait accompagner. Ne pouvant plus prendre
les transports en commun, elle se déplace en taxi ce qui lui coûte une petite fortune
or, son salaire d’enseignante d’arts plastiques ne lui permet pas d’envisager de
continuer à se déplacer ainsi longtemps. Pour les sorties spectacles, elle ne sort que
si ses amis l’accompagnent. Ses amis sont très compréhensifs vis-à-vis de ces diffi-
cultés de déplacements ; ils l’aident beaucoup depuis son divorce, il y deux ans.
Son médecin lui a prescrit des antidépresseurs qu’elle n’a pas supportés, puis
des tranquillisants qui n’eurent aucun effet. Devant l’échec du traitement médica-
menteux, son médecin lui a conseillé une thérapie.
– Lors de la première séance, la thérapeute demande à Marie de rédiger une
liste de situations qui la rendent anxieuse.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 88
88 • Repères en psychopathologie
• C h a p i t r e 5 •
LA NÉVROSE OBSESSIONNELLE
I. HISTORIQUE
II. SÉMIOLOGIE
90 • Repères en psychopathologie
A. LES SYMPTÔMES
La névrose obsessionnelle • 91
92 • Repères en psychopathologie
Compulsions et rituels
Compulsion vient du latin compulsus sum : « je suis forcé ». La compulsion est
un acte accompli par le sujet qui le considère comme absurde, ridicule ou gênant
mais qui s’impose au sujet de manière incoercible. Le sujet se sent contraint d’ac-
complir l’acte qui est agi pour diminuer l’angoisse. Les compulsions sont parfois
tellement complexes qu’elles peuvent s’organiser en un véritable rituel.
Les rituels peuvent être soit des comportements effectifs aux manifestations
extérieures visibles, exécutés de manière immuable, soit des actes mentaux comme
l’arithmomanie qui consiste à compter sans cesse.
Les rituels transforment les sujets en véritables automates dont la vie est ryth-
mée par une séquence de gestes surprenants. La tyrannie comportementale des
rituels est comparable à la tyrannie idéïque des obsessions.
Les grands types de rituels sont les rituels de nettoyage et de lavage, les rituels
d’évitement, de répétition, de vérification, d’habillement etc. :
– Les rituels de lavage accompagnent les obsessions phobiques de contamina-
tion et de souillure.
– Les rituels d’évitement répondent à la crainte de la contamination des micro-
bes et l’évitement du contact concerne des objets tels que les poignées de porte,
les boutons d’ascenseurs, les claviers de machines à calculer ou d’ordinateur,
etc.
– Les rituels de répétition peuvent consister à énumérer des chiffres (arithmo-
manie), à rechercher la signification d’un mot (onomatomanie) ou à répéter des
gestes que le sujet effectue de manière incoercible pour lutter contre une obses-
sion.
– Les rituels de vérification consistent, par exemple, à contrôler les objets
susceptibles de produire une catastrophe comme le robinet d’eau ou de gaz, etc.
Simone est dans l’incapacité de conduire tellement elle craint de renverser un
piéton. Elle ne cesse de se dire qu’elle a accroché un piéton, qu’elle a pu le
tuer et envisage toutes les éventualités dramatiques. Cette crainte l’oblige
quand elle conduit à revenir en arrière vérifier si elle n’a pas blessé quel-
qu’un.
– Les rituels d’habillement et de toilette peuvent être si envahissants qu’ils occu-
pent plusieurs heures par jour et retardent d’autant le départ au travail.
Une jeune fille s’oblige à un tel perfectionnisme dans son habillement qu’elle
ne réussit plus à s’habiller et à sortir de chez elle puisqu’elle n’atteint jamais
l’objectif espéré de perfection.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 93
La névrose obsessionnelle • 93
– Certains sujets cherchent un tel perfectionnisme que leurs activités sont consi-
dérablement ralenties. Le perfectionnisme peut concerner la tenue vestimentaire
ou toute autre activité telle que la perfection de la symétrie, de l’ordre etc.
– Le collectionisme concerne des sujets dont les collections n’ont aucune valeur
esthétique, scientifique ou sentimentale. Dans la tendance au collectionisme, la
collection n’est pas source de plaisir. Un sujet peut collectionner les vieux jour-
naux, les emballages, les bouteilles vides, les sacs poubelles etc. Ces
collectionneurs qui n’arrivent pas à jeter les objets sont souvent en même temps
procrastinateurs.
– La procrastination désigne une tendance à remettre indéfiniment à plus tard
une activité ou une décision. Toute activité entraîne d’interminables délibéra-
tions intérieures et reste suspendue ou inachevée.
Rituel et impulsion
La présence de l’hésitation ou de la lutte intérieure permet de différencier le
rituel et l’impulsion. L’obsession comporte un temps d’inquiétude et d’indécision
qui manque à l’impulsion. Le terme d’impulsion désigne « un acte incoercible et
soudain qui échappe au contrôle du sujet » (Ey et coll., 1960).
B. LE CARACTÈRE OBSESSIONNEL
Morel (1860), Magnan (1891) Pitres et Régis (1902), Janet (1908) Dupré (1926)
ont décrit les traits de caractère obsessionnels sous la forme de tendance aux scru-
pules, de crises de conscience, de timidité, d’inhibition, de besoin d’ordre, de règles
et d’économie etc.
Lazare, Klerman et Armor (1966) ont distingué neufs traits composant le carac-
tère obsessionnel : ordre, entêtement, parcimonie, mépris d’autrui, constitution
émotionnelle, doute de soi-même, Surmoi sévère, rigidité et persévérance.
Les descriptions des traits de caractère obsessionnel s’accordent sur la tendance
psychasthénique, le système compulsif, la fixation et la régression sadique-anale, la
toute-puissance de la pensée.
La tendance psychasthénique
La personnalité psychasthénique fut décrite par P. Janet qui la caractérisait par
une tendance aux scrupules, au doute, aux crises de conscience, aux ruminations
mentales, par une expérience intérieure d’incomplétude et par une incapacité à agir.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 94
94 • Repères en psychopathologie
La névrose obsessionnelle • 95
Les différents traits de caractère se combinent diversement selon les sujets. Chez
certains, domine le versant inhibition, politesse, maniérisme, obséquiosité alors que
chez d’autres, domine plus le versant actif sadique.
Pour Freud, l’obsessionnel comme tout névrosé est aux prises avec les sollicita-
tions libidinales du complexe d’Œdipe mais l’organisation génitale de la libido est
si faible que le Moi se défend en régressant à la phase sadique-anale. Freud en a
déduit certains traits de caractère obsessionnel tels que l’entêtement, l’autorita-
risme, le collectionnisme, le goût de la possession, le sens de l’économie allant
jusqu’à l’avarice, l’ordre, la propreté, la méticulosité, la ponctualité etc.
« Notre attention a été attirée sur une triade de qualités qui se trouvent réunies
assez régulièrement : l’ordre, l’économie et l’entêtement, et nous avons déduit de
l’analyse de ce genre de personnes que ces qualités sont issues de l’absorption et
d’une utilisation différente de leur érotisme anal. Nous parlons donc d’un caractère
anal, là où nous trouvons cette réunion sous une forme frappante, et nous mettons le
caractère anal dans une certaine opposition avec l’érotisme anal qui n’a pas été
élaboré. » (Freud, 1932)
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 96
96 • Repères en psychopathologie
La toute-puissance de la pensée
La pensée compulsionnelle protège le sujet de l’intensité de ses affects. Le sujet
s’intéresse d’autant plus à sa pensée qu’il ne veut pas s’intéresser à sa vie affective.
L’affect et la représentation sont dissociés. Dans la névrose obsessionnelle, il se
produit une régression de l’acte à la pensée qui localise le conflit dans l’ordre de la
pensée alors que le conflit est localisé, dans l’espace, dans la névrose phobique et,
dans le corps, dans l’hystérie de conversion. La névrose obsessionnelle se caracté-
rise par un paradoxe car, d’un côté, il y a régression de l’acte à la pensée et de
l’autre, il y régression de la pensée au geste dans les rituels et les vérifications.
Conclusion
L’obsessionnel constitue souvent le pôle d’attraction de l’hystérique et récipro-
quement alors que leurs traits de caractère s’opposent. Le sujet hystérique se
caractérise par une certaine plasticité tandis que le sujet obsessionnel fait preuve
d’une rigidité sans faille, d’une hostilité profonde à toute souplesse, considérée
comme une trahison de ses idéaux.
Le sujet obsessionnel apparaît comme un « fanatique de la vérité » face à l’hys-
térique capable de s’adapter à son auditoire et d’adopter des positions
contradictoires.
Quand la tendance de l’obsessionnel est de prendre des distances, le sujet hysté-
rique cherche à séduire l’autre.
Épidémiologie
Les traits de caractère obsessionnel et les symptômes obsessionnels sont
fréquents contrairement à la névrose obsessionnelle qui est rare. La névrose obses-
sionnelle est la forme la plus organisée, la plus grave et la plus rebelle de la
pathologie névrotique.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 97
La névrose obsessionnelle • 97
La névrose obsessionnelle est plus fréquente chez les hommes que chez les
femmes.
Le début et l’évolution
Les sujets consultent tardivement et les troubles peuvent être très anciens. Le
sujet et son entourage s’en accommodaient et le plus souvent, le sujet camouflait
ses troubles. Un jour, le patient consulte parce qu’il veut être soulagé d’idées
obsédantes qui l’assaillent ou d’un rituel qu’il ne réussit plus à cacher. Il peut égale-
ment consulter pour des manifestations d’angoisse telles que les insomnies, une
humeur dépressive et les phénomènes obsessionnels seront évoqués ensuite.
Cette pathologie naît dans l’enfance et s’épanouit au cours de la vie adulte. Le
début est assez difficile à déterminer. Pour la moitié des sujets, le début est aigu
(Rachman et Hodgson, 1980).
Kringlen (1970) observe qu’il existe souvent des événements existentiels préci-
pitants.
– Chez les femmes, les événements le plus souvent invoqués sont la première
naissance, la grossesse, l’avortement, les conflits familiaux et les maladies
physiques.
– Chez les hommes, on trouve plus fréquemment un conflit familial, un stress,
une surcharge de travail.
98 • Repères en psychopathologie
La névrose obsessionnelle • 99
L’ambivalence
Freud met l’accent sur l’ambivalence du stade anal et l’ambivalence dans la
névrose obsessionnelle. Lors de l’apprentissage de la propreté, l’enfant doit renon-
cer à retenir ses selles pour les libérer. L’enfant peut retirer de cette activité
excrémentielle un plaisir ou une profonde inquiétude. Le stade anal comporte deux
caractéristiques : l’érotisme anal et le sadisme anal.
Dans Pulsions et destins des pulsions (1915) Freud parle d’ambivalence à
propos du couple d’opposés activité-passivité lorsque « la motion pulsionnelle
active coexiste avec la motion pulsionnelle passive ». L’ambivalence joue un rôle
fondamental dans l’analyse des conflits où la composante positive et la composante
négative de l’attitude affective sont simultanément présentes. Dans la névrose
obsessionnelle, c’est le désir négatif, le désir hostile, agressif, qui reste très puis-
sant. L’ambivalence chez le sujet obsessionnel est renforcée par un Surmoi dur,
cruel, rigide. L’obsessionnel lutte avec vigueur contre son agressivité. Dans la théo-
rie freudienne, la formation des symptômes névrotiques est conçue comme la
tentative d’apporter une solution à un conflit : la névrose obsessionnelle tente de
refouler la motion hostile en renforçant la motion libidinale sous forme de forma-
tion réactionnelle
Freud (1909) observe dans les actes compulsionnels de L’homme aux rats deux
temps où le second annule le premier et où s’exprime le conflit de deux mouve-
ments opposés : l’amour et la haine. L’ambivalence des sentiments d’amour et de
haine envers la même personne est au cœur de la vie affective du sujet obsession-
nel et explique le « doute compulsif » :
« Le doute est au fond un doute de l’amour par la haine. »
Freud (1918) décrit les conditions d’apparition des symptômes obsessionnels
chez un enfant âgé de 4 ans et demi, L’homme aux loups. Freud rattache les mani-
festations obsessionnelles à un « combat d’ambivalence » entre deux motions
pulsionnelles contradictoires, d’amour et d’hostilité envers son père.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 100
La régression
La libido confrontée au conflit œdipien régresse au stade anal. Les rapports
d’activité et de passivité et l’agressivité prédominent pendant le stade sadique anal.
La régression libidinale aboutit à une transformation des intentions érotiques en
intentions agressives et destructrices.
À partir de 1920, Freud donne un statut autonome aux pulsions destructrices et
élabore la seconde topique de l’appareil psychique. Le nouveau dualisme pulsion-
nel – Pulsions de vie – Pulsions de mort – incite Freud à une analyse différente de
la régression. Le sadisme n’est plus considéré comme une expression régressive de
l’amour mais comme une expression de la pulsion de mort.
« Quant à l’explication métapsychologique de la régression, je la cherche dans
une désintrication des pulsions c’est-à-dire dans le fait que les composantes
érotiques, qui étaient venues s’ajouter, avec le début de la phase génitale, aux inves-
tissements destructifs de la phase sadique, s’en voient séparées. »
Freud définit une autre forme de régression dans la névrose obsessionnelle, la
régression de l’acte à la pensée :
« Le processus même de la pensée est sexualisé. » (Freud, 1909)
« La satisfaction éprouvée en atteignant un résultat cogitatif est perçue comme
une satisfaction sexuelle. » (Freud, 1909)
Les remaniements topiques introduits en 1923 permettent à Freud de décrire le
dynamisme conflictuel de la névrose obsessionnelle :
– le Moi lutte contre le refoulé ;
– le Moi lutte contre le Ça qui exige satisfaction de façon de plus en plus impé-
rieuse. Le Ça cherche à fois à obtenir l’objet du désir et à le détruire ;
– le Moi lutte contre le Surmoi, cruel et intolérant. Le Surmoi devient plus rigide
et plus sadique vis-à-vis des pulsions sexuelles.
La névrose obsessionnelle éclate après la période de latence lorsque les motions
agressives de l’enfance sont réactivées. Les motions libidinales, à cause de la
régression sadique anale s’expriment sous la forme d’intentions agressives et
destructrices qui combattent des désirs érotiques déguisés. La lutte contre la sexua-
lité se poursuit sous la bannière de la moralité. Le Moi se dresse contre les
suggestions de cruauté et de violence envoyées à la conscience par le Ça et active
de puissantes formations réactionnelles. Dans la névrose obsessionnelle, « la culpa-
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 101
Conception kleinienne
M. Klein (1959) considère que la névrose obsessionnelle constitue une cicatri-
sation des angoisses orales de la position paranoïde. La névrose obsessionnelle
correspond à une sorte de guérison de la psychose qu’elle recouvre. Selon cette
perspective, les formations obsessionnelles ont une valeur positive : les symptômes
obsessionnels peuvent être des mécanismes de contention d’allure obsessionnelle
des psychoses et constituent une tentative pour faire face aux menaces de désorga-
nisation et de morcellement.
M. Bouvet (1953, 1956, 1960) développe une conception similaire selon
laquelle la névrose obsessionnelle permet au sujet d’échapper au devenir psycho-
tique. Bouvet synthétise cette position dans cette formule éloquente :
« Rester obsessionnel pour ne pas devenir psychotique. »
B. Grunberger (1965) décrit un éventail de névroses obsessionnelles qui fonc-
tionnent plus ou moins comme défense contre la psychose latente :
« Il existe toute une gamme de névroses obsessionnelles jusqu’aux formes
psychotiques les plus graves (...) nous avons affaire – et de plus en plus – à une
névrose asymptomatique que nous appelons “névrose de caractère”… cette carapace
caractérielle, qui fonctionne dans certains cas précisément dans le sens d’une défense
contre la psychose latente… »
Cottraux (1998) montre que les troubles obsessionnels compulsifs sont compa-
tibles avec la réussite sociale, professionnelle, intellectuelle puisque de nombreux
personnages célèbres ont souffert de ce trouble : les philosophes : Kant, Kierkegard ;
les écrivains : Dickens, Zola, Proust ; les musiciens : Rossini, Satie, Stravinski ; le
pianiste Glenn Gould ; le cinéaste : Woody Allen ; le chanteur : Michaël Jackson ; le
milliardaire américain : Howard Hughes, ayant servi de modèle au film La
Comtesse aux pieds nus où Ava Gardner joue le rôle de la maîtresse d’un magnat de
l’industrie cinématographique qui collectionnait les conquêtes parmi les stars holly-
woodiennes des années 1950-1970.
Épidémiologie
2 % à 3 % de la population souffriraient de Trouble obsessionnel compulsif.
Toutefois, les statistiques sont sous-évaluées dans la mesure où les sujets cachent
leurs troubles et consultent tardivement. Des centaines de personnes ont révélé,
pour la première fois souffrir de Trouble obsessionnel compulsif à Judith Rapoport
(1989) après la parution de son livre : Le garçon qui n’arrêtait pas de se laver.
V. APPROCHE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE
Question 1 : Parmi les éléments suivants, indiquez ceux qui caractérisent l’idée
obsessionnelle
1. Récurrente 5. Non accompagnée de doute
2. Répétitive 6. Source d’anxiété et d’une lutte vaine
3. Irrépressible 7. Volontaire
4. Absurde selon le sujet
Question 7 /
Mme L., 29 ans, a peur de blesser sa fille de 3 ans. Sa peur a commencé alors
qu’elle utilisait une paire de ciseaux pour coudre. La peur s’est ensuite généralisée
aux couteaux de cuisine puis à tous les objets coupant. Mme L. n’a jamais osé parler
de ces peurs à son mari car elle les juge inadmissibles. Elle craint surtout de perdre
le contrôle d’elle-même quand elle est seule avec sa fille. Mme L. a toujours été très
anxieuse pour la santé de ses enfants. Lorsque ses enfants étaient petits, elle devait
aller vérifier plusieurs fois dans la nuit s’ils respiraient bien. À la moindre grippe
ou infection, elle entrevoyait les conséquences les plus dramatiques. Elle n’eut
jamais la peur de blesser sa fille aînée comme elle l’éprouve aujourd’hui. Le trai-
tement cognitivo-comportemental des peurs vis-à-vis de sa fille recourt aux
techniques d’exposition. L’exposition a d’abord lieu en imagination puis in vivo.
Douze séances et un suivi de six mois ont permis la disparition des peurs.
Cet extrait décrit
1. Une phobie simple
2. Une phobie d’impulsion
3. Une obsession idéative
4. Une nosophobie
Question 9 /
Un patient paie toujours son psychanalyste avec des billets neufs. Le psychana-
lyste dit à son patient : « qu’on pouvait reconnaître le fonctionnaire aux billets neufs
qu’il recevait de la caisse de l’État » ; le patient répond que « ces billets n’étaient
nullement neufs, qu’il les faisait repasser à la maison. Car il se serait fait scrupule
de donner à qui que ce fut des billets sales, couverts de microbes. »
Par ailleurs, cet homme n’hésitait pas à abuser les jeunes filles de bonne
famille. Il allait dans les familles bourgeoises, se faisait l’ami de tous les membres
de la famille, plus particulièrement de la jeune fille qu‘il invitait à se promener dans
la campagne et manquait volontairement le dernier train. Il prenait deux chambres
à l’hôtel puis venait dans la chambre de la jeune fille pour la masturber. Le psycha-
nalyste fait part de son étonnement à son patient en lui demandant comment
« quelqu’un qui a si peur de se salir les mains, si on peut dire, dans un acte pour le
moins un peu curieux, soit en même temps quelqu’un de si scrupuleux pour les
billets ». La remarque suivante du psychanalyste : « ne craignez-vous pas de lui
nuire en touchant ses organes avec des mains sales » déclenche une réaction de
colère chez le patient qui s’offusque et répond au psychanalyste : « Nuire ! mais
comment cela peut-il lui nuire,...»
Quels sont les mécanismes de défense évoqués par le psychanalyste dans cette
observation ? Quel est le nom du psychanalyste ? Qui est le patient décrit dans cette
observation ?
Question 11 /
Marie est une jeune femme de 30 ans qui consulte un thérapeute au mois de juin
pour une peur d’être contaminée qu’elle juge absurde. Marie porte des vêtements
d’hiver de lycéenne d’une institution privée. Elle est assise très droite au bord du
fauteuil, le dos très éloigné du dossier. Marie est comptable dans une petite entre-
prise ; elle est mariée avec un ingénieur en informatique et mère d’un petit garçon
de 2 ans. Elle est en arrêt de travail depuis 6 mois.
Marie évite tout contact avec toute personne ou tout objet susceptible de la
contaminer. Elle craint la contamination lorsqu’elle serre la main à quelqu’un ou
lorsqu’elle manipule des objets. Elle ne peut plus toucher de l’argent à main nue,
car les pièces sont passées entre des mains d’inconnus dont certains étaient
malades. Cette peur l’oblige à porter des gants pour sortir. Elle ne peut plus ouvrir
le courrier puisque les enveloppes ont pu être touchées par des malades. Elle a lu
toute la littérature sur le HIV. Elle est consciente que ses comportements sont
absurdes mais elle se dit « qu’on ne sait pas tout aujourd’hui sur la contamination »
et que « les scientifiques découvrent de nouveaux virus tous les jours ». Elle évite de
plus en plus les contacts sociaux. Selon Marie, son trouble a débuté lorsqu’elle était
dans la maison de campagne de ses parents et qu’elle vit un voisin allongé sur une
chaise longue. Cet homme semblait malade. Marie pensa que le vent pouvait
transporter les microbes. Elle courut vite se réfugier à l’intérieur de la maison. Au
retour de ses vacances, elle apprit que dans son immeuble un voisin était décédé.
Depuis, elle ne rentre plus dans son immeuble par la porte d’entrée et passe par le
parking que le voisin n’empruntait pas puisqu’il ne conduisait pas. Elle ne prend
plus l’ascenseur pour ne pas devoir toucher les boutons indiquant les étages.
Marie, au cours de la seconde séance de thérapie établit avec le thérapeute une
liste de dix contraintes qu’elle s’impose : sortir avec des gants – éviter toute
personne qui lui semble à risque – éviter les pharmacies, lieux fréquentés par des
personnes malades etc. Le thérapeute lui demande d’imaginer qu’elle touche un
objet jusqu’à ce que l’anxiété diminue de moitié. Puis, le thérapeute lui demande
de toucher vraiment l’objet sans gant.
Quel trouble est diagnostiqué par le thérapeute selon le DSM IV ? Indiquez les critè-
res diagnostiques de ce trouble. Quelles techniques utilise le thérapeute ?
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 113
• C h a p i t r e 6 •
LES PSYCHOSES
I. APPROCHE PSYCHANALYTIQUE
Psychose et délire
Dans certaines psychoses, le délire occupe une place centrale mais le délire ne
se confond pas avec la notion de psychose car il existe des psychoses sans délire.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 114
D’un point de vue psychanalytique, les divers symptômes psychotiques dont les
délires sont des tentatives pour reconstruire un lien avec la réalité. Ce lien recréé,
certes pathologique, est néanmoins indispensable pour le sujet. À travers le délire,
le sujet réinvestit les objets.
« Les activités délirantes, interprétatives et hallucinatoires représentent autant de
modalités proprement psychotiques de restitution des rapports objectaux. » (Bouvet
et Viderman, 1958)
La projection
La projection n’est pas pathologique en elle-même mais le devient quand le sujet
l’utilise avec excès et de manière systématique.
La projection à l’œuvre dans les psychoses persécutives et la paranoïa désigne
l’opération par laquelle le sujet expulse de soi et localise dans l’autre, des senti-
ments, des désirs qu’il méconnaît ou refuse en lui. La projection consiste à attribuer
à autrui un mouvement pulsionnel dont le Moi ne peut accepter d’être le sujet.
« Une projection est d’abord une extrajection. » (...) Les mécanismes psycho-
tiques procèdent à « l’éjection de quelque part active de la psyché : cette éjection est
hémorragique en phase aiguë ». (Racamier, 1983)
La projection sert au psychotique à tenter de se débarrasser :
– de son agressivité : « ce n’est pas moi, c’est lui » ;
– de ses tendances destructrices : « ce n’est pas moi, ce sont les circonstan-
ces, les autres ».
La projection peut concerner des sentiments aussi différents que :
– la haine : « je le hais, il me hait » ;
– l’amour : « il m’aime ou elle m’aime » (érotomanie) ;
– la jalousie : « il s’intéresse à quelqu’un d’autre ».
Freud définit la projection dès 1896 dans Nouvelles Remarques sur les psycho-
névroses de défense et rappelle dans Instincts et vicissitudes (1915) que sous
l’influence du principe de plaisir, le Moi rejette sur le monde extérieur tout ce qui à
l’intérieur de soi-même suscite le déplaisir. La projection intervient dans certaines
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Le déni
Le déni désigne le mode de défense qui consiste en un refus par le sujet de
reconnaître la réalité d’une perception traumatisante.
Le déni « est banal chez l’enfant » : l’enfant angoissé devant la différence des
sexes la nie alors qu’il a pu la constater en voyant d’autres enfants.
Freud considère que le déni de la réalité est l’équivalent psychotique du refou-
lement névrotique. Dans les deux pathologies, les mécanismes de défense ont
échoué. Toutefois, la réalité niée dans la névrose est interne tandis que la réalité niée
dans la psychose est extérieure et non une réalité psychique (pensée, représenta-
tion).
« De même qu’il n’y a pas de névrose sans échec du refoulement, il n’y a pas de
psychose sans échec du déni ; que le déni “réussisse”, et c’est la perversion. » (Freud,
1927)
Dans « le fétichisme » (1927), Freud donne un exemple du déni de la réalité. Le
sujet fétichiste se comporte à la fois comme s’il avait conscience de la différence
des sexes et comme s’il n’en avait pas conscience. Le sujet fétichiste nie la femme
en tant que femme tout en aimant une femme possédant un pénis-phallus sous une
forme déguisée (le fétiche). Dans le fétichisme, un clivage dans le Moi permet que
les deux positions coexistent.
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Le clivage
Le clivage désigne le clivage du Moi ou le clivage de l’objet.
Le clivage est « l’action de séparation, de division du Moi (clivage du Moi) – ou
de l’objet (clivage de l’objet) sous l’influence angoissante d’une menace, de façon à
faire coexister les deux parties ainsi séparées qui se méconnaissent sans formation de
compromis possible ». (Ionescu, 1997)
Freud conceptualise la notion de clivage du Moi défini comme un processus par
lequel le Moi peut se scinder en deux pour faire face à une réalité dangereuse.
Pour Freud, le Moi dans la psychose se clive en deux parties : « l’une rejetée et
perdue comme un lambeau détaché, l’autre qui hallucine ce lambeau comme une
nouvelle réalité ». Lorsqu’un sujet entend des hallucinations auditives, les voix hallu-
cinées sont un « morceau en errance de son Moi ».
Dans l’Abrégé de psychanalyse, Freud applique ce mécanisme de défense à la
psychose où coexistent deux attitudes psychiques :
« La psychose représente une forme de clivage psychique où existent deux attitu-
des psychiques : l’une, la plus faible, tient compte de la réalité alors que l’autre, sous
l’influence des pulsions détache le Moi de cette dernière. Les deux attitudes coexis-
tent(...) Le Moi ne se détache jamais totalement de la réalité dans la psychose. »
(Freud, 1938)
M. Klein élabore une autre modalité du clivage qu’elle nomme clivage de l’ob-
jet. Le clivage de l’objet est considéré comme la défense la plus primitive contre
l’angoisse. Selon M. Klein, le premier objet, le sein maternel est scindé en un
« bon » et un « mauvais » objet. Le « bon objet », source de gratifications est gardé à
l’intérieur tandis que le « mauvais objet », source de frustration est projeté à l’exté-
rieur. Le clivage de l’objet est particulièrement à l’œuvre dans la position
paranoïde-schizoïde où le clivage porte sur des objets partiels tandis que, dans la
position dépressive, le clivage porte sur l’objet total.
Le clivage des objets s’accompagne d’un clivage corrélatif du Moi en « bon »
Moi et « mauvais » Moi.
La conception kleinienne se singularise par l’affirmation selon laquelle il exis-
terait, dès la naissance, un Moi capable d’établir des relations primitives d’objet,
d’éprouver de l’angoisse et d’employer des mécanismes de défense. Cette position
n’est pas partagée par tous les psychanalystes.
L’introjection
« Le sujet fait passer, sur un mode fantasmatique, du “dehors” au “dedans” des
objets et des qualités inhérentes à ces objets. » (Laplanche et Pontalis)
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L’identification projective
L’identification projective est une notion découverte par Mélanie Klein (1946)
et développée par ses élèves (H. Segal ; W. Bion, H. Rosenfeld).
M. Klein, en 1946, désigne par identification projective « une forme particulière
d’identification qui établit le prototype d’une relation d’objet agressive ».
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 118
Freud met l’accent sur la fixation narcissique qui, liée au retour de la libido
sur le Moi, donne lieu à l’amplification sans limite du Moi dont le délire
mégalomaniaque en est l’illustration clinique. Le Moi est sans considération
pour la réalité extérieure, sans considération pour l’autre.
– Un déni de la réalité correspondante et la substitution de la réalité perdue
par une autre réalité, intérieure et extérieure, sous la forme de délire ou d’hallu-
cination. La psychose dispose de forces de réorganisation pour tenter de
retrouver un monde et un Moi, par exemple, à travers le délire. Pour Freud, le
Moi de la psychose se clive en deux parties : l’une rejetée et perdue comme un
« lambeau détaché », l’autre qui hallucine ce « lambeau » comme une nouvelle
réalité. La désorganisation psychotique apparaît comme une parade face à l’an-
goisse intolérable ; le Moi étant le lieu de l’angoisse, il faut se débarrasser du
Moi.
psychotique partagé (folie à deux) – le Trouble psychotique induit par une affection
médicale – le Trouble psychotique induit par une substance – le Trouble psycho-
tique non spécifié.
La dimension psychotique équivaut à l’aspect délirant dans la description du
Trouble délirant dont le diagnostic repose sur la présence d’« idées délirantes non
bizarres ». Dans la description des autres troubles intégrés au chapitre
Schizophrénie et autres Troubles psychotiques, le terme psychotique se réfère à des
idées délirantes, des hallucinations, un discours désorganisé, un comportement
désorganisé ou catatonique (schizophrénie, Trouble schizophréniforme, Trouble
schizo-affectif et Trouble psychotique bref).
La définition du Trouble psychotique est limitée à l’existence d’idées délirantes
ou d’hallucinations, à l’exception du type désorganisé de schizophrénie dont les
caractéristiques essentielles sont une désorganisation du discours et du comporte-
ment et un affect abrasé ou inapproprié.
La perte des limites du Moi et l’altération marquée de l’appréhension de la
réalité qui rendent compte d’une perturbation importante de la personnalité tant
dans la perception de l’identité que dans le rapport à l’environnement externe sont
inexistantes dans l’approche athéorique.
La CIM 10 se démarque sur quelques points du DSM IV en se rapprochant
davantage de la nosographie traditionnelle française :
– elle maintient la schizophrénie simple ;
– elle distingue dans les troubles psychotiques aigus et transitoires une catégo-
rie reprenant la description des bouffées délirantes ;
– elle n’introduit pas les troubles schizophréniformes.
Les thèmes les plus fréquents véhiculent les croyances catégoriques et dogma-
tiques selon lesquelles :
– « le monde est dangereux » ;
– « on est toujours seul au monde » ;
– « on ne peut se fier à personne, parce que l’on se fait toujours avoir » ;
– « il faut éviter les relations intimes parce qu’elles sont dangereuses ».
Ces règles peuvent être idiosyncrasiques chez certaines personnalités schizoty-
piques et produire les croyances délirantes proclamant la « possession d’un sixième
sens » ou la « capacité de prédire le futur ».
Les sujets confrontés à une image très dévalorisée d’eux mêmes, peuvent :
– soit se concevoir comme des êtres extraordinaires, différents des autres, supé-
rieurs dans certains domaines et compenser ainsi ce sentiment d’infériorité
existentielle :
– soit se replier sur eux-mêmes, renoncer à utiliser les règles sociales et privilé-
gier leur propre logique privée, leurs propres productions autistiques et refuser
toute communication reposant sur la réalité d’autrui.
Des « néo-schémas » sont construits par ces sujets pour compenser, éviter ou
valider l’activité des schémas dysfonctionnels :
– la compensation consiste pour le sujet à se comporter c’est-à-dire penser, se
conduire ou ressentir des émotions dans le sens opposé au comportement qui
serait lié au schéma dysfonctionnel ;
– l’évitement consiste à empêcher toute activation capable de produire de la
souffrance d’où l’inhibition, l’évitement dans les domaines cognitifs, affectifs,
comportementaux qui aboutissent à des attitudes de retrait autistique ;
– le maintien et la validation du schéma cognitif pathogène consistent à croire à
la validité de ses productions délirantes, à les confirmer dans la vie quotidienne
et à obéir aux injonctions qu’il contient. Le schéma pathogène est ainsi renforcé
par un « néo-schéma » et par les idées délirantes qui en résultent. Ce « néo-
schéma » s’avère moins menaçant pour l’estime de soi du sujet.
Une croyance délirante issue d’un « néo-schéma » permet de rétablir un certain
équilibre psychique, certes pathologique mais visant à réduire la souffrance liée à
l’activation du schéma cognitif pathogène.
Young et Klosko (1995) ont décrit certains schémas et leurs productions dérivées,
hallucinatoires et délirantes :
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Question 1 /
Une jeune infirmière ayant de nombreux frères et sœurs aînés et cadets a
pendant toute son enfance « envier violemment le pénis de ses frères ». Les grosses-
ses de sa mère ont suscité en elle une jalousie terrible. La jalousie combinée à
l’envie entraîne une « vive hostilité » à l’égard de sa mère, à laquelle elle est très
liée : une « violente lutte défensive s’engage contre les pulsions négatives ». Cette
lutte succède à une « période d’indiscipline et de méchanceté ». Elle craint de
perdre l’amour maternel à cause de ses sentiments de haine. Elle a peur d’être
punie par sa mère et se reproche ses « désirs interdits de vengeance » (A. Freud,
1946)
Anna Freud relève différents mécanismes de défense dans cette observation
Identifiez-les. Définissez-les. Illustrez-les. Justifiez vos réponses.
Question 3 / Winnicott (1977) dans The Piggle relate une consultation avec une
petite fille Gabrielle.
The Piggle, la bonne bouille est le surnom d’une petite fille âgée de deux ans et
quatre mois, Gabrielle. Sa famille consulte Winnicott à cause de la timidité de la
petite fille, des troubles du sommeil causés par des « tourments » nocturnes au cours
desquels, une « maman noire » apparaît, la persécute, veut la chasser de son lit et
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• C h a p i t r e 7 •
I. HISTORIQUE
SÉMIOLOGIE DU DÉLIRE
– L’exaltation passionnelle est présente dans les récits délirants des sujets para-
noïaques. C’est l’exaltation passionnelle du délire qui rend le délire et le délirant,
parfois, dangereux.
– Il n’y a pas de dissociation psychique. Le délire va de pair avec la conserva-
tion de l’organisation de la pensée, de la volonté et de l’action.
– Le délire débute à l’occasion d’un conflit psychoaffectif plus ou moins impor-
tant sur un terrain caractériel paranoïaque.
LE CARACTÈRE PARANOÏAQUE
Les traits de caractère paranoïaque ont été décrits dans la thèse de Montassut
(1924) puis dans l’ouvrage de Genil-Perrin (1926). Ces traits de personnalité repré-
sentent les « tendances paranoïaques », le « système paranoïaque » (Racamier). Le
caractère paranoïaque est un mode d’être qui peut, ne jamais évoluer vers un fonc-
tionnement délirant. En revanche, les psychoses délirantes chroniques se
développent chez des sujets de caractère paranoïaque.
Les principaux traits du caractère paranoïaque classiquement décrits sont :
– La surestimation de soi-même et la surévaluation de ses capacités : ce trait est
à l’origine des manifestations cliniques telles que les attitudes de mépris, l’intolé-
rance vis-à-vis des opinions d’autrui, les attitudes orgueilleuses et vaniteuses.
– La psychorigidité des sujets paranoïaques, convaincus d’avoir raison envers et
contre tout, se manifeste par un monolithisme des pensées et des décisions et un
entêtement caractéristique.
– L’attitude mentale de méfiance et de suspicion. Les sujets paranoïaques ont la
conviction d’être en permanence menacés par autrui, d’être exploités ou victimes
de mauvaises intentions. Soupçonneux envers leur entourage, véritables tyrans
domestiques, ils doutent de la loyauté de leur conjoint et de leurs amis qu’ils
soumettent parfois à une surveillance assidue et suspicieuse.
– La fausseté du jugement : les sujets ont tendance à fonctionner sur la base d’a
priori arbitraires et à recourir à des interprétations erronées. Ce « subjectivisme
pathologique » allié à la psychorigidité explique l’autoritarisme, l’intolérance tyran-
nique et l’absence totale d’autocritique ou de doute.
« Le terme journalistique de “pensée unique” convient bien pour désigner sa
pensée : c’est la seule à pouvoir exister et tout le monde doit y adhérer. À aucun
moment, le sujet ne peut prendre une distance critique par rapport à lui. Pour le para-
noïaque, le monde est d’évidence et immédiatement comme il le pense. » (Juignet,
2001)
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Le délire érotomaniaque
La première observation d’érotomanie a été faite par un criminaliste viennois
Zieller en 1810, qui décrivit « un fou » qui « s’était imaginé le chéri de toutes les
femmes ». Entre 1920 et 1923, les travaux de Clérambault explorent les éléments
essentiels de l’érotomanie.
L’érotomanie se caractérise par l’illusion délirante d’être aimé par une
personne (l’objet) le plus souvent célèbre ou occupant une position sociale élevée.
La construction délirante s’élabore à partir d’interprétations délirantes accordant
une valeur amoureuse à tous les comportements de l’objet, même les plus anodins.
Le délire érotomaniaque repose sur ce postulat initial :
« C’est l’objet qui a commencé, qui aime le plus ou qui aime seul. »
De ce postulat découle un certain nombre de convictions délirantes selon
lesquelles l’objet ne peut être heureux sans le soupirant ; l’objet est libre ou s’il est
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marié, son mariage est un arrangement ; l’objet exerce une vigilance, une protection
continuelle, des travaux d’approche, etc.
Le délire érotomaniaque selon G. de Clérambault se développe en trois phases :
– la « longue phase d’espoir » : phase où domine la croyance d’être aimé, la vigi-
lance, les signes d’amour de l’objet, les travaux d’approche de l’objet, les appels
téléphoniques etc. Cette phase se caractérise par l’interprétation optimiste des
faits et gestes de l’objet qui sont vécus comme autant de preuves d’amour ;
– la phase de « dépit et de découragement » : le sujet commence à se poser des
questions devant le comportement d’autrui. L’objet qui aimait et qui est mainte-
nant aimé est accusé de ne pas se consacrer suffisamment aux sentiments qu’il
a suscités ;
– la phase de « rancune » : le sujet déçu menace et fait du chantage. Les injures,
les menaces, les actes agressifs contre l’objet du désir dominent. La rancune
peut aller jusqu’à la vengeance meurtrière.
Le développement en « secteur » du délire permet un fonctionnement profes-
sionnel ou intellectuel satisfaisant malgré l’altération du fonctionnement affectif et
social.
L’érotomanie décrite par de Clérambault est une forme d’érotomanie délirante
rare, contestée et controversée :
– L’inconstance du postulat de G. de Clérambault fut souvent relevée car,
parfois, le sujet reconnaît son propre amour et croit que cet amour est partagé.
– Les idées délirantes érotomaniaques s’observent chez certaines personnalités
pathologiques et dans certains délires schizophréniques débutants, sans présen-
ter toutefois, la cohérence, la structure et le caractère passionnel de l’érotomanie
paranoïaque.
– Kestemberg (1962) distingue l’érotomanie, illusion délirante d’être aimé de la
relation érotomaniaque, plus fréquente. La relation érotomaniaque est unilaté-
rale et implique la négation de l’un des deux éléments composant la relation. La
création d’une relation érotomaniaque est transitoire avec génitalisation du
conflit et mécanismes de défense d’ordre névrotique tandis que, dans le délire
érotomaniaque, « la création de l’objet imaginaire répond à l’angoisse de néan-
tisation et se situe essentiellement dans le prégénital ».
Le délire de jalousie
Le sujet a l’intuition délirante d’être trompé. Toutefois, l’impression d’être
trompé n’est pas suffisante pour parler de délire de jalousie car le délire de jalousie
désigne une manière délirante d’être jaloux. Au début, l’idée de jalousie est sans
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motif sérieux. L’idée de départ n’est pas très convaincante mais le sujet jaloux va
alimenter son idée de jalousie. Le doute devient alors une conviction délirante. Le
délirant jaloux cherche des preuves : il surveille ou fait surveiller ; il ouvre le cour-
rier, il épie les gestes, il enregistre les communications téléphoniques et interprète
tout dans le sens de sa conviction passionnelle. La potentialité passionnelle du déli-
rant passionnel ne doit jamais être sous-estimée car certains délires aboutissent au
crime passionnel.
Le délirant jaloux transforme la relation amoureuse de couple en une relation
triangulaire. Un tiers de même sexe est introduit dans la relation. Le tiers est un rival
sur lequel est projeté ressentiment et haine accumulés par le sujet au cours de ses
expériences de frustration. Le sujet jaloux projette sur le rival le désir amoureux.
C’est le rival qui aime et non le sujet jaloux qui aime. Le sujet jaloux retourne en
son contraire cette pulsion amoureuse en la proposition suivante : « Il me bafoue. »
Le sujet jaloux noue ainsi une relation imaginaire passionnelle avec le rival.
Derrière la haine affichée pour le rival transparaît la nature profonde des pulsions
réprimées qui incitent le sujet jaloux à demander à son conjoint de lui exprimer le
plaisir partagé avec l’objet rival.
Le délire d’interprétation
Le délire d’interprétation consiste en un besoin de tout expliquer, de tout inter-
préter. Folie raisonnante est le titre du livre de Sérieux et Capgras qui décrivent en
1909 le délire d’interprétation défini comme « une psychose systématisée chro-
nique » caractérisée par la multiplicité et l’organisation d’interprétations délirantes,
l’absence ou quasi-absence d’hallucinations, la persistance de la lucidité et de l’ac-
tivité psychique, l’évolution par extension progressive des interprétations et
l’incurabilité sans démence terminale. Les interprétations peuvent être exogènes ou
endogènes.
Les interprétations délirantes sont exogènes lorsqu’elles sont basées sur des
perceptions extérieures. L’interprétant perçoit :
– le sens menaçant d’un coup de chapeau ;
– la preuve d’un complot dans le regard ou le geste d’un passant etc. ;
– l’ordre d’ouvrir les yeux lors de la rencontre avec un aveugle ;
– l’injonction de se taire exprimée par une personne qui met sa main devant
la bouche.
Les interprétations sont endogènes lorsqu’elles portent sur des réalités internes
au sujet comme des sensations corporelles, des pensées ou des rêves.
Un malaise interne est interprété comme une tentative d’empoisonnement.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 134
– Le caractère sensitif est marqué par une vie intérieure intense, une rétention
consciente exagérée et une faible aptitude à l’expansion. Les sujets n’extériorisent
pas les conflits relationnels, doutent et sont abouliques. Les traits de caractère sensi-
tif comme la timidité, l’auto dévalorisation, l’inhibition, la soumission, la faiblesse
sont diamétralement opposés aux traits de caractère paranoïaque. Le sujet sensitif
ne réagit pas de façon agressive ; il intériorise les conflits et se montre plutôt asthé-
nique. La persécution est vécue dans un sentiment dépressif d’auto-dévalorisation.
La personnalité sensitive présente toutefois, des aspects contrastés avec, d’un côté,
une douceur extrême, une apparente faiblesse, une certaine vulnérabilité, et de l’au-
tre, un certain degré de conscience de soi, une certaine ambition, une certaine
ténacité. Le caractère sensitif peut permettre le développement du « délire de rela-
tion des sensitifs ».
– Le délire sensitif de relation est centré sur des idées de référence : le sujet se
croit être l’objet d’une attention malveillante de la part d’autrui. Ce délire est appelé
à l’étranger « délire de référence ». Contrairement au délire passionnel, il n’existe
pas de revendication mais une plainte vis-à-vis des persécutions dont le sujet se
croit l’objet. Cette « paranoïa sensitive » se déroule dans l’angoisse, la tension
conflictuelle. Les réactions de ces sujets sont plus dépressives et hyposthéniques
qu’agressives.
– L’évolution de ce type de délire est émaillée d’épisodes dépressifs avec une
note hypocondriaque, une auto dépréciation importante et des risques de passage à
l’acte auto-agressif.
– Certains manuels de psychiatrie évoquent la « paranoïa des gouvernantes » ou
le « délire de persécution des vieilles filles », appellation désuète, péjorative et
sexiste.
L’existence d’une personnalité sensitive est récusée par certains cliniciens pour
lesquels les traits de caractère dit sensitifs reflètent davantage une problématique
dépressive.
« La personnalité sensitive de Kretschmer (1948) qui entend une fragilité du Moi
avec hyperémotivité, indécision, scrupulosité, incapacité de faire face aux chocs
affectifs et aux adversités, par dépression plus que révolte, ne peut être rangée du
côté des organisations de mode paranoïaque mais doit demeurer rattachée au groupe
des états limites. » (Bergeret, 1974)
À l’inverse, certains auteurs défendent l’existence de cette forme sensitive de
paranoïa. Lempérière (1996) considère que les délires de relation des sensitifs
décrits par Kretschmer « représentent une réalité clinique incontestable » bien que
ce groupe « manque d’unité tant sur le plan psychodynamique que sur le plan
évolutif ».
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13. Exposé détaillé dans Grebot & Orgiazzi Billon Galland, Les bases de la psychopatholo-
gie, PUG, 2001.
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I. HISTORIQUE
Le terme de paraphrénie est employé en France pour désigner les délires chro-
niques fantastiques. Dupré et Logre (1911) ont individualisé ces délires au début du
XXe siècle en France sous le nom de « délires d’imagination » ou « mythomanie déli-
rante ».
– En Allemagne, Kraepelin différencie deux groupes de psychoses : l’un hallu-
cinatoire de caractère logique et de mode évolutif non déficitaire, décrit par
Kahlbaum en 1863 sous le nom de paranoïa ; l’autre hallucinatoire, sans logique et
d’évolution déficitaire qu’il nomme démence précoce. Entre ces deux entités,
E. Kraepelin (1913) différencie quatre formes de « délires paraphréniques » : la
forme systématique équivalente à la PHC des auteurs français ; la forme expansive
où domine l’exaltation psychique ; la forme confabulante ou forme imaginative ; la
forme fantastique où les mécanismes hallucinatoires et fantastiques sont intriqués.
– Dans les pays de culture anglo-saxonne, le terme paraphrénie caractérise les
délires à début tardif. Le terme de Late paraphrenia est apparu en 1952 sous la
plume de Roth pour décrire une pathologie débutant chez le sujet âgé que Roth
considérait comme une forme d’apparition tardive de la schizophrénie. Dans la
classification internationale des maladies de l’O.M.S. (CIM 10) les troubles déli-
rants persistants incluent la paraphrénie tardive.
II. SÉMIOLOGIE
15. Éviration signifie que les organes masculins s’invaginent dans le corps, en même temps
que se transforment les organes internes.
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ÉROTOMANIE : « Ce n’est pas lui que j’aime, c’est elle que j’aime, parce qu’elle
m’aime. »
Je ne l’aime pas. C’est elle (l’objet de sexe opposé) que j’aime, projetée en Elle
m’aime, donne le thème érotomaniaque. Les transformations qui amènent au
délire érotomaniaque ne concernent pas le verbe aimer mais l’objet de la propo-
sition : « ce n’est pas lui que j’aime, c’est “elle” qui devient par projection »,
« c’est elle qui m’aime ».
JALOUSIE : « Ce n’est pas moi qui aime l’homme, c’est elle qui l’aime. »
« Je ne l’aime pas. C’est elle qui l’aime », donne le thème de jalousie. Les trans-
formations à l’œuvre dans le délire de jalousie concernent le sujet de la
proposition qui est contredit : « ce n’est pas moi qui aime l’homme, c’est elle qui
l’aime ».
DÉLIRE DES GRANDEURS : « Je n’aime pas du tout, je n’aime personne, je n’aime que
moi. »
Le délire de grandeur résulte du rejet de la proposition entière :
« Je ne l’aime pas. Je n’aime personne. Je n’aime que moi. »
La théorie freudienne considère que l’idée de persécution est due à une défense
contre l’homosexualité inconsciente. L’assaut des tendances homosexuelles est
perçu grâce à la projection, comme venant de l’extérieur et déformé.
L’homosexualité refoulée réapparaît à la conscience sous la forme d’une négation
redoublée. Le sujet n’aime pas ses semblables et ceux-ci ne l’aiment pas non plus,
ils le haïssent et le sujet leur rend la haine.
– La structuration psychique du délirant chronique est prégénitale.
L’organisation caractérielle paranoïaque témoigne de failles narcissiques majeures.
Elle est marquée de failles profondes renvoyant aux premières étapes de son déve-
loppement psychoaffectif. Confronté à des expériences et des motions pulsionnelles
inacceptables pour le Moi, le sujet a pour se protéger recours à la régression psycho-
tique. L’installation du délire témoigne de cette régression. Le sujet réorganise
ensuite sa relation au monde en projetant en dehors les parties de lui-même du
registre pulsionnel du Ça qu’il ne peut réintégrer à son Moi. Son nouveau Moi est
ainsi amputé. Ce nouveau Moi est alors confronté à une nouvelle réalité qui est une
« néo-réalité ». Cette « néo-réalité » est porteuse des fantasmes rejetés hors du Moi.
Ces fantasmes rejetés hors du Moi font retour de l’extérieur sous la forme des persé-
cutions délirantes (hallucinations, interprétations ou imagination).
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Le Trouble délirant
Le diagnostic de trouble délirant selon le DSM IV est porté si le sujet présente :
1. Des idées délirantes non bizarres pendant au moins un mois impliquant des
situations rencontrées dans la réalité.
2. Des symptômes qui ne sont pas caractéristiques de la schizophrénie.
3. Un fonctionnement peu perturbé en dehors du secteur touché par le délire.
4. Des épisodes thymiques plus courts que les périodes de délire en cas d’asso-
ciation d’idées délirantes et d’épisode thymique.
5. Ni consommation de substance toxique ni affection médicale générale
(D’après DSM IV, Masson)
Le Trouble délirant met l’accent sur la bizarrerie des idées délirantes car ce
critère à lui seul permet de différencier un Trouble délirant d’une schizophrénie. Les
idées délirantes bizarres sont des idées invraisemblables, incompréhensibles qui
évoquent des expériences non ordinaires de la vie. Selon le DSM IV, « le Trouble
délirant provoque une altération moindre du fonctionnement social et dans les diffé-
rents domaines d’activités » par rapport à la Schizophrénie.
Le DSM IV distingue les sous-types : érotomaniaque, mégalomaniaque, jalou-
sie, persécution, somatique, mixte (plusieurs thèmes délirants sont associés) et non
spécifié.
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V. APPROCHE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE
VI. ILLUSTRATIONS
Les faits
Mme Z, actrice célèbre, est victime d’une agression lorsqu’elle arrive au théâtre
pour jouer ce soir-là. Une femme, inconnue d’elle, l’accoste à l’entrée des artistes
et lui demande si elle est bien Mme Z. L’inconnue sort de son sac un couteau et lève
le bras contre l’actrice qui saisit la lame à pleine main pour parer le coup mais se
sectionne deux tendons des doigts. L’inconnue est maîtrisée et déclare au commis-
sariat, que l’actrice « la nargue et la menace » depuis plusieurs années, qu’elle la
persécute avec un académicien, homme de lettres célèbre, qui, aurait dévoilé dans
ses écrits des éléments de sa vie privée.
Le rapport d’expertise médico-légale de Sainte-Anne conclut que la « dame
A. est atteinte de délire systématique de persécution à base d’interprétations avec
tendances mégalomaniaques et substratum érotomaniaque ». J. Lacan a suivi cette
patiente pendant un an et demi.
État civil
Mme A est âgée de 38 ans. Elle est née en Dordogne de parents paysans. Elle a
deux sœurs et trois frères dont l’un est instituteur. Elle est employée dans une admi-
nistration où elle est entrée à 18 ans. Elle est mariée à un employé de la même
administration. Son mari élève seul leur fils car Aimée a obtenu sa mutation pour
Paris où elle vit seule. Elle cessa de travailler pendant dix mois pour troubles
mentaux à l’origine d’une hospitalisation d’un semestre, six ans et demi auparavant.
Le certificat médical mentionnait : « Fonds de débilité mentale, idées délirantes de
persécution, hallucinations morbides, exaltation, incohérence par intervalle. Elle
croyait qu’on se moquait d’elle, qu’on proférait des injures à son égard, qu’on lui
reprochait sa conduite, elle voulait fuir aux États-Unis. »
Le délire
Avant l’agression, le délire d’Aimée présente l’éventail complet des thèmes
paranoïaques dont :
– Les thèmes de persécution : elle reproche à son mari « d’avoir des relations
avec des actrices ».
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Le persécuteur : Mme Z
Aimée n’a jamais eu aucune relation avec Mme Z qui aurait menacé la vie de son
fils. Elle a vu l’artiste une fois au théâtre et une fois au cinéma.
Elle a entendu ses collègues parler de Mme Z. et en a déduit « que c’était elle »
qui leur « en voulait ».
Elle se souvient avoir dit autrefois du mal de Mme Z alors que ses collègues la
déclaraient « racée, distinguée… J’avais protesté en disant que c’était une putain.
C’est pour cela qu’elle devait m’en vouloir. »
Lacan relève « la valeur », de la persécutrice pour la patiente. Elle est le type de
femme célèbre vivant dans le luxe. Lacan constate « l’ambivalence de son attitude ;
car elle aussi,... voudrait être romancière, mener une grande vie, avoir une influence
sur le monde ».
Tous les personnages désignés de persécuteurs par Aimée seront artistes, jour-
nalistes, poètes. Par ailleurs, « ils sont hais collectivement comme grands fauteurs
de malheurs de la société ». Les « femmes de théâtre » sont « les courtisanes »,
« l’écume de la société, elles en sapent les droits et la démolissent ».
Hypothèses diagnostiques
Lacan lors de l’entrée d’Aimée rédige ce certificat :
« Psychose paranoïaque ; Délire récent ayant abouti à une tentative d’homi-
cide… etc. » « Toutefois, de caractère sensitif et psychasthénique, la personnalité
d’Aimée ne lui permet pas de réagir directement par une attitude de combat, qui
serait la véritable réaction paranoïaque. »
Les deux domestiques modèles, Christine et Léa Papin avouent le double meur-
tre.
Le crime des sœurs Papin a inspiré un article à Jacques Lacan, une pièce de théâ-
tre à Jean Genet (Les Bonnes, 1947) et plus récemment un film à J.P. Denis.
Jacques Lacan rédige en 1933 un article intitulé « Motifs du crime paranoïaque :
le crime des sœurs Papin ».
Christine, la sœur aînée aurait accompli le travail ; Léa se contentant de l’imiter
au final en lacérant de coups de couteau les fessiers et les membres inférieurs de
leurs patronnes. Après leur forfait, elles lavent tout et remettent tout en ordre.
L’acte criminel n’est motivé par aucun motif sérieux susceptible de justifier ce
« sanglant carnage ».
Les sœurs Papin relatent une histoire de fer à repasser détraqué, un plomb élec-
trique qui, en sautant, aurait coupé l’électricité.
Pour Lacan, la « panne » électrique qui déclenche le drame reflète le silence
entre les patronnes et les domestiques.
Pour E. Roudinesco (1993), « le crime, déclenché par la panne, était la mise en
acte, par la violence, de ce non dit dont la signification échappait aux protagonistes
du drame ».
Lacan rapporte que les deux sœurs apparaîtront à trois médecins experts « sans
aucun signe de délire, ni de démence, sans aucun trouble actuel psychique ni
physique ».
Léa et Christine étaient filles de Clémence, mère qui ne les élèvera pas mais les
placera de maison en maison dont la dernière fut celle des Lancelin. La mère entre-
tient un rapport de maîtrise à l’égard de ses filles qu’elle souhaite « soumises ». Les
lettres écrites par Clémence à ses filles révèlent des idées délirantes de jalousie et
des thèmes de persécution.
Clémence empêche Christine de prendre le voile comme sa sœur aînée Émilia
qui échappe à l’emprise de la mère grâce à la vocation religieuse. Christine va
reporter son affection pour sa sœur Émilia sur sa petite sœur Léa. Christine protège,
instruit, commande et Léa répond en écho, joue la doublure, copie l’original. Elles
forment un couple psychique, un monde clos de bonheur à deux, un « univers de
complétude narcissique », une « âme siamoise ». Trois actes précèdent le dénoue-
ment du drame :
– Madame Lancelin permet à Léa et Christine de garder leurs rémunérations qui
revenaient auparavant à leur mère.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 152
Selon Lacan, ce délire tente mais échoue à modifier l’ordre dans la succession
des couples de femmes : couple Christine-Isabelle (une tante qui l’a accueillie
pendant 7 ans), puis Christine-Clémence (sa mère), puis Christine-Émilia puis
Christine-Léa autant de renvois imaginaires auxquels répond le couple des patron-
nes au moment du drame.
Question 8 / Quelles sont les phases décrites par G. de Clérambault dans le délire
érotomaniaque ?
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 154
Question 9 /
Jean est hospitalisé à l’âge de 35 ans. Il a mené une existence familiale, sociale,
adaptée jusqu’alors. Au cours d’un entretien avec sa mère, nous apprenons que
Jean est né à 7 mois, qu’il pesait 1,9 kg ; qu’il a été élevé dans du coton. La mère
semble avoir toujours fait preuve d’une hyperprotection anxieuse à l’égard de Jean
qu’elle décrit comme un garçon « agréable, doux, séducteur ».
Sur le plan scolaire, sa réussite scolaire fut médiocre : il obtint un Brevet d’en-
seignement professionnel industriel contrairement à ses deux frères qui ont suivi
des études universitaires. Jean détonne dans cette famille bourgeoise où les fils
suivent traditionnellement des études supérieures.
Jean a toujours souffert d’un sentiment d’infériorité à l’égard de son frère aîné
qui a réussi ses études et est devenu un brillant avocat.
La mère de Jean nous raconte qu’il mènera une vie d’étudiant bourgeois alors
qu’il n’était pas étudiant. Il pratiquait l’équitation, la chasse, le golf, et sortait dans
les clubs privés. À 18 ans, il a une relation sentimentale avec une jeune femme de
son âge qui cessera, de son fait, pendant son service militaire. La même année, son
père décède d’un accident.
Après son service militaire, il trouve un travail à 200 kilomètres de sa ville
natale mais il est hospitalisé à la suite de violences envers sa mère. D’autres passa-
ges à l’acte agressifs vis-à-vis de tiers et d’autres épisodes délirants occasionneront
une quinzaine d’hospitalisations.
Jean fut suivi par plusieurs psychiatres et psychanalystes. Jean justifie les chan-
gements de thérapeutes par leur incompétence et leur incompréhension. Jean a lu
tous les écrits de Freud et Lacan. Il vante ces auteurs à ses thérapeutes pour mieux
les déprécier.
La personnalité de Jean est marquée d’une surestimation de soi associée à un
mépris généralisé : les infirmiers sont « débiles », les psychiatres sont « mauvais » et
« incompétents », les médecins ne « comprennent rien à rien », etc.. Alors que Jean
mit fin à sa relation avec sa fiancée pendant son service militaire, il accuse celle-ci
d’avoir rompu comme il accuse son psychothérapeute d’avoir des désirs homo-
sexuels à son égard………………
Indiquez le(s) mécanisme(s), le(s) thème(s) des idées délirantes de Jean, les traits
de caractère de Jean.
Question 10 /
Mme B a 68 ans. Elle est la quatrième d’une fratrie de sept enfants. Sa mère est
décédée après l’accouchement du dernier enfant. Elle a été placée dans différentes
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 155
familles adoptives puis est restée dans la même famille nourricière de quatre à
quatorze ans. Mme B « a beaucoup souffert » de ne pas voir ses frères et sœurs. À
quatorze ans, elle travaille dans une famille bourgeoise puis exerce les emplois
d’aide-ménagère et d’ouvrière en usine. À la suite de sa maladie, elle n’a pas pu
reprendre une activité professionnelle régulière et a été mise en invalidité plus tard.
Mme B proteste auprès de la gendarmerie et du maire contre « les agissements » d’un
certain M. G, qui la poursuit « de ses assiduités ». Elle écrit des lettres de « dénon-
ciation » aux « autorités compétentes » et profère des menaces de mort à l’égard de
M. G. Elle est hospitalisée en placement d’office. À son arrivée à l’hôpital, Mme B.
présente une « symptomatologie délirante riche avec participation thymique consi-
dérable ». Elle entend la voix de M. G., qui « lui parlait dans la tête » et lui faisait
des propositions sexuelles. Face à son refus, il l’insulte et la « tourmente ». Elle
ressent des « sensations d’attouchement des zones génitales » et d’autres manifes-
tations corporelles désagréables. Le délire reste très actif et oscille entre un pôle où
M. G. est persécuteur et un pôle où il est objet érotomaniaque. Le délire est orga-
nisé autour des mécanismes interprétatifs, intuitifs et hallucinatoires. Mme B mène
une vie « restreinte » mais d’apparence « normale ». Pendant plusieurs années, elle
vit en couple avec un homme qui ignore ses troubles (Papadakos V., 1993).
Indiquez vos observations sémiologiques, et discutez vos hypothèses diagnostiques.
Question 15 /
A. Freud en 1911 publie un texte analysant un cas de paranoïa. Quel est le titre de
cette publication ?
B. En quoi ce texte de 1911 modifie la conception du délire et de la psychose ?
C. Comment Freud analyse les mécanismes en œuvre dans le délire de jalousie ?
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• C h a p i t r e 8 •
LES SCHIZOPHRÉNIES
I. HISTORIQUE
II. SÉMIOLOGIE
LE SYNDROME DE DISSOCIATION
champ des psychoses. Il l’applique au conflit névrotique dont l’exemple type est
le conflit œdipien. Selon l’acception psychanalytique, le schizophrène n’est pas
ambivalent mais préambivalent puisque la réunion sur un même objet de tendan-
ces contraires suppose un objet unifié, ce qui n’est pas le cas du sujet
schizophrène chez lequel l’objet n’est pas unifié.
– La bizarrerie : les comportements et les conduites du sujet donnent une
impression de distorsion. L’impression de bizarrerie est due à l’association d’élé-
ments qui, pris isolément ne seraient pas extraordinaires mais dont la combinaison
apparaît paradoxale, illogique, inattendue. Les bizarreries reflètent l’absence
d’unité psychique du sujet.
– L’impénétrabilité : entre le sujet et autrui, il y a une impénétrabilité, un hermé-
tisme. Le sens des propos ou des conduites du sujet échappe à son interlocuteur, à
son entourage, à autrui. Les gestes, les propos sont énigmatiques, mystérieux, étran-
ges, hermétiques, incompréhensibles.
– Le détachement : le sujet manifeste un détachement inhabituel par rapport à la
réalité, un retrait, un repli sur soi, un isolement. Le repli sur soi a longtemps été
considéré à tort comme la marque d’une inaffectivité du sujet alors qu’il s’agit
d’une « perte de contact avec la réalité » (Minkovski).
17. Symptôme qui se rencontre dans une seule maladie déterminée et qui suffit à établir le
diagnostic.
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La dépersonnalisation
La dissociation génère un vécu de dépersonnalisation. Dans la dépersonnalisa-
tion, la perturbation se situe au niveau de la perception de soi tandis que l’altération
se situe au niveau de la perception de l’environnement extérieur dans la déréalisa-
tion.
Le sujet doute de ses limites corporelles et éprouve des changements de forme,
de volume. Ces sensations entraînent les gestes de contrôle par la vue et le toucher
qui témoignent d’un vécu corporel de morcellement :
– contemplation des mains, du visage ;
– longues stations devant la glace : signe du miroir.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 164
« Par moment elle ne peut s’empêcher de focaliser son attention perceptive sur sa
propre main, l’extrayant du contexte de son propre corps et lui trouvant alors des
propriétés morphologiques étonnantes. » (Virole, 2000)
« Vous ne pouvez savoir ce que nous ressentons. C’est comme si, à tout moment,
on risquait de se dissoudre comme le sucre dans le café. » (Py, 1986)
« C’est l’angoisse de se perdre ; de se fondre dans le néant ; de se diluer dans l’au-
tre ; de se vider de sa substance ; bref, c’est l’angoisse paranoïde. » (Racamier, 1995)
Dans les cas extrêmes, le sujet a une impression de dévitalisation de soi et du
monde extérieur. Le sujet peut avoir des sensations d’anéantissement, de décompo-
sition, de minéralisation.
« Mon corps est dur comme du bois.
Très souvent il me semblait que ma tête n’adhérait pas au corps. »
Le sujet expérimente :
– une perte des limites de la personne physique ;
– la perte du sentiment d’individualité de la personne ;
– une impression d’étrangeté voire de bouleversement total du monde extérieur ;
– une impression de dédoublement de la personnalité avec effraction de la cohé-
rence de la personne, par des influences étrangères.
LE SYNDROME DÉLIRANT
À côté des symptômes dissociatifs, le sujet schizophrène présente des idées déli-
rantes et un repli autistique dans un monde plus ou moins clos.
Le délire paranoïde
Le terme de délire paranoïde désigne un délire flou, imprécis, non systématisé,
sans logique, aux thèmes polymorphes et aux mécanismes multiples.
L’inorganisation du délire est caractéristique dans la schizophrénie.
Le délire paranoïde n’est pas systématisé : les idées délirantes sont juxtaposées,
sans liens cohérents entre les différents thèmes. Ce délire donne une impression de
flou, de bizarrerie, d’imprécision. Le délire est souvent exprimé dans un langage
abstrait et symbolique ce qui rend le délire difficile à comprendre. Le délire para-
noïde, hermétique ne se superpose pas à la réalité mais la remplace : le contenu
mental est projeté sur le réel et prend sa place. Les sujets délirent pour continuer
d’exister selon Racamier (1983) qui propose cette formule éclairante :
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 165
« Le délire ou la vie. »
« Le schizophrène combat pour le réel, pour l’objet, pour la pensée et pour le Je. »
(Racamier)
Toutefois, il ne faut pas confondre l’incohérence du délire avec la discordance.
Certains délires sont tout à fait incohérents, illogiques alors que les émotions et les
comportements ne sont pas discordants. Le délire paranoïde est vécu de manière
discordante. Les thèmes délirants sont énoncés avec froideur, indifférence, sans
aucune charge affective. Une absence de parallélisme entre les thèmes délirants et
le vécu affectif illustre la dissociation idéo-affective qui caractérise le délire para-
noïde.
Les mécanismes du délire paranoïde sont diversifiés : l’hallucination, l’interpré-
tation, l’illusion, l’intuition, l’imagination, l’automatisme mental.
– L’hallucination : selon Frith (1992) les hallucinations sont souvent acous-
tico-verbales. 20 % des schizophrènes seulement souffrent d’hallucinations
dans d’autres modalités sensorielles telles que la vision, le toucher ou les sensa-
tions internes.
Le sujet énonce des perceptions hallucinatoires de transformation corporelle,
de métamorphose, d’éclatement, de possession, de négation d’organe. Les hallu-
cinations cénesthésiques consistent en des sensations de courant électrique, des
sensations de douleurs en éclair, des sensations d’attouchements voluptueux des
organes génitaux, etc. Racamier considère l’hallucination comme un « orgasme
par les sens ».
– L’automatisme mental est très souvent présent. La pensée est répétée en
écho, commentée avec ironie ou mépris. Les actes sont imposés par des ordres
ou commentés…
« Le système me donnait des ordres de plus en plus pressants : je devais me jeter
dans la mer, je devais m’ouvrir une veine. Mais surtout je devais aller au fond de
l’eau. (...) J’étais poussée à me lever, à fuir, à me faire du mal. » (Séchehaye, 1983)
« Chacun sait que vivant comme des machines, ils projettent à cette image celle
de leur corps. » (Tausk, auteur de De la genèse de « l’appareil à influencer » au cours
de la schizophrénie).
– Les thèmes du délire paranoïde sont polymorphes. Les thèmes délirants dans
le délire paranoïde sont intriqués et centrés sur des idées de persécution, d’hypo-
condrie, de transformation corporelle, d’idées mystiques, de revendication,
d’influence, de référence, des thèmes érotomaniaques, thèmes mégalomaniaques,
etc.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 166
« Puisque Dieu est entré en “contact nerfs” avec moi, je deviens une voix pour
Dieu, le seul être humain ou simplement un humain autour de qui toute chose tourne,
à qui tout ce qui arrive peut être rapporté et qui, par conséquent, de son propre point
de vue, peut aussi rapporter toute chose à lui-même. » (Schreber, 1955)
L’autisme
Le terme d’autisme est créé par Bleuler en 1911 à partir de l’expression freu-
dienne d’auto-érotisme, terme emprunté à Havelock Ellis. Bleuler veut donner un
contenu psychologique au repli et à la recherche de satisfaction sur soi, sur son
corps propre, à laquelle se livre un sujet prisonnier de son état subjectif, au détri-
ment de la réalité partagée avec les autres. Le mot autistique est dérivé du grec
autos qui signifie soi.
L’autisme était considéré par Bleuler comme un des symptômes fondamentaux
pour le diagnostic de schizophrénie et défini comme « une perturbation qui intéresse
la relation de la vie intérieure au monde extérieur ».
L’autisme désigne :
– « une perte de contact vital avec la réalité » (Minkowski) ;
– une « prédominance absolue ou relative de la vie intérieure » et une « ferme-
ture aux relations intersubjectives ».(H. Ey) ;
– une évasion dans un monde clos, dans un monde fermé à toute communica-
tion, l’évasion de la réalité, l’enfermement dans un monde hermétiquement
clos ;
– une coupure avec le monde extérieur et le repli dans une vie intérieure plus ou
moins riche ;
– l’absence de tout contact avec autrui, « l’enfermement dans le labyrinthe de ses
fantasmes ».
L’autisme n’est pas une simple introversion mais une forme d’existence
psychique où le sujet se construit un monde intérieur propre.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 167
la durée que la réversibilité de ces états. Ils sont suivis normalement par un retour au
monde objectal et de nouveaux progrès. » (Jacobson, 1975)
La confirmation du diagnostic de schizophrénie requiert des éléments du
syndrome de dissociation dans les différents domaines de la vie psychique.
Épidémiologie
Évolution
– Dans un premier temps, Freud différencie d’un côté, les « névroses actuelles »
(neurasthénie et névrose d’angoisse) et d’un autre coté, les « psychonévroses » divi-
sées en deux catégories :
• les « psychonévroses de transfert » (hystérie de conversion, hystérie d’angoisse
et névrose obsessionnelle) ;
• les « psychonévroses narcissiques » qui correspondent aux psychoses clas-
siques.
– À partir de 1923, Freud s’inscrit dans l’élaboration de la seconde topique et
oppose d’un côté, les névroses actuelles et d’un autre, trois catégories distinctes :
• les « psychonévroses de transfert » appelées maintenant névroses ;
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 173
V. APPROCHE ATHÉORIQUE
tannés, noircis du bout comme des bâtons durcis au feu » en montrant lui-même
à la foule « son membre trempé dans l’or, recouvert d’or, immuable, rigide, inof-
fensif ».
En 1934, Artaud lit la légende de saint Patrick dans un dictionnaire d’hagiogra-
phie à la Bibliothèque nationale. La canne de saint Patrick est assimilée au
phallus d’Héliogabale. Artaud lui attribue le pouvoir d’être un bâton foudroyant,
lançant des flammes, révélant que le feu est associé au sperme.
« À la canne-pénis, d’où jaillit le sperme-feu, s’oppose l’épée castratrice décorée
d’hameçons, symbole de l’eau féconde. Avec ses deux attributs, permettant la
destruction par le feu et la régénération par l’eau, le poète est armé contre tout, et il
réalise en lui l’accord du masculin et du féminin. » (Sarane Alexandrian, 1974)
Artaud part, en août 1937, en Irlande « à la recherche des secrets de la philoso-
phie druidique et de sa prophétie apocalyptique » (P. Arnold). Il fait un scandale sur
une place de Dublin ; il brandit sa canne comme pour en frapper les passants ; il est
arrêté, conduit à l’hospice, expulsé du pays, renvoyé vers la France sur le bateau
Washington sur lequel il se met nu et déchire ses papiers d’identité. Arrivé au Havre,
il est hospitalisé. Il refuse de reconnaître sa mère et de se laisser approcher de ses
amis. Il fera différents séjours dans plusieurs hôpitaux (Sotteville-les-Rouen, Rodez
puis Ivry). Il reprendra une activité littéraire de 1943 à 1946 et décédera le 4 mars
1948.
Artaud évoque dans toute sa correspondance avec une lucidité exaspérée ses
douleurs, ses souffrances, ses angoisses. Il décrit une douleur « plantée » en lui, une
« congélation de la moelle ». Il clame sa souffrance et revendique le droit d’en
parler :
« Je suis un homme qui a beaucoup souffert dans l’esprit. »
Il décrit son expérience de perte de contact et de rupture avec la réalité. Il parle
de « décorporisation de la réalité », de « rupture », de « déperdition », de séparation
à l’égard de la réalité.
Il évoque à plusieurs reprises la perte des mots. Il recherche une parole qui lui
échappe. La dissociation perturbe le fonctionnement de sa pensée. La maladie lui
« enlève les mots ». Il se plaint de ne plus avoir de pensée : « les mots pourrissent ».
Au-delà de la perte des mots, Artaud exprime une perte de la pensée : sa pensée
l’« abandonne ». Il ne peut plus penser. L’altération de la pensée s’accompagne
d’une altération de l’affectivité. L’âme est rongée par un vitriol qui attaque « la
masse du sentiment ».
La perte des mots, la perte de la pensée, la perte de la réalité créent un sentiment
de vide douloureux. Ce vide remplit Artaud « d’angoisse et d’ennui ».
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Artaud évoque la perte des liens avec le temps et l’espace. Il décrit la perte de
la vie, la perte avec le corps propre c’est-à-dire la perte des limites du corps. Il décrit
l’impression d’être « mort depuis longtemps ». Artaud se compare à un « mort
vivant », Correspondance de la momie. Il décrit l’insoutenable souffrance de la
dissociation schizophrénique.
rouge et sur laquelle les Irlandais m’ont reconnu. Si donc, j’ai pu être amené en
France malgré cela c’est que cette déportation a fait figure d’enlèvement et que la
police française ou une partie d’entre elle me garde et me dissimule à Ville-Evrard à
l’insu des Irlandais et contre leur gré. »
– « Les hallucinations sont notées 4 fois » :
« On lui envoie des gaz », « on lui met des chats sur la figure », « des “hommes
noirs” sont près de lui », « il ressent des “troubles atroces” : gastriques, médullaires,
« nerveux ».
– Certaines hallucinations sont négatives :
« Il ne reconnaît pas sa mère, son médecin, ni son identité. Il présente, en revan-
che, des sensations de “déjà-vu”, il a aussi des faux souvenirs quant à son passé. »
– « Les interprétations sont relevées 4 fois » :
Elles ont une « coloration ésotérique et occultiste », sur un fonds de
« grande richesse imaginative ».
– « La mégalomanie est relevée 5 fois sur un fond d’excitation ou de “suffi-
sance”. » :
Artaud « est pris pour » le Grand Monarque. Les « foules l’acclamaient à Dublin
et à Paris ». « Il fait des miracles. »
– La symptomatologie s’accompagne de « passages à l’acte agressifs envers les
autres hospitalisés », de menaces, de revendications, de troubles de l’humeur, de
troubles des conduites, d’agitation, d’excitation majeure intermittente, de graphor-
rée, etc.
J. Chazaud considère que : « Dans son état actuel, le dossier de Ville-Evrard ne
permet ni d’approfondir la structure psychopathologique ni de faire des hypothèses
étiologiques sur la maladie d’Artaud. »
– Le dossier médical d’Antonin Artaud mentionne une dimension toxique. Une
note clinique parle de 17 ans d’usage de l’héroïne. La mère attribue son état « à tous
les remèdes qu’il a pris : laudanum, opium, etc. Il a été fortement intoxiqué » et cette
prise de stupéfiants aurait été à visée antalgique.
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Question 3 / Quel(s) est ou sont le(s) thèmes dans les délires paranoïdes ?
Question 16 / Certains auteurs ont élaboré des classifications des signes obser-
vés dans la schizophrénie en distinguant des signes négatifs et des signes positifs.
A. Signes négatifs
1. Les réponses sont réduites à un nombre de mots minimum
2. Le visage et la voix sont inexpressifs. Le patient ne semble pas concerné par
l’entretien. Aucun signe émotionnel apparaît lors de changements de sujets de
discussion
3. Le patient reste immobile. Il marche extrêmement lentement. Il amorce ses
mouvements après un temps très long
4. Le patient préfère être seul ; il refuse toute compagnie
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B. Signes positifs
1. La grammaire ne respecte pas les lois grammaticales en vigueur. Il y a des
changements de sujets impromptus ; il manque certains liens logiques entre les
phrases
2. Les émotions exprimées sont inattendues et inadéquates : le patient rit tout en
racontant une histoire triste
3. Certains mouvements sont répétés inlassablement, comme se balancer sur sa
chaise, se frotter la tête avec sa main
Nommez les signes décrits dans cette liste.
Question 19 /
Esthel, 25 ans, a tenté de se suicider par le gaz. Elle fut découverte par l’amie
avec laquelle elle partage le même appartement puis fut conduite aux urgences.
Elle fit un séjour au centre de réanimation de l’hôpital de sa ville.
Esthel est très mince, flotte dans un pantalon et un pull qui dissimulent toute
forme féminine et ses gestes sont très ralentis.
Le contact peut être facile ou totalement glacial. Son discours est parfois ponc-
tué de silences prolongés. Sa voix peut n’être qu’un murmure.
Esthel décrit ses souffrances dans son journal intime.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 191
« Mon corps est un puzzle de mille morceaux, mon cerveau est un puzzle de
milles cases.
« Ma tête n’est pas la mienne. Je n’existe pas. Je suis morte.
« Le monde extérieur se déforme, se colore, s’assombrit.
« Les gens deviennent géants ou minuscules. »
Elle entend des voix rieuses, hurlantes, sanglotantes, tremblantes, autoritaires.
« Une voix lui a ordonné de se suicider. »
Elle fume du haschich pour réussir à communiquer avec ses camarades car elle
est terrifiée, terriblement angoissée et a l’impression qu’elle va mourir dans l’ins-
tant.
Ses propos peuvent être très agressifs ou teintés d’ambivalence : elle peut crier
« je vous déteste » puis immédiatement après hurler « aidez-moi ».
De la même manière, des propos exprimant une détresse douloureuse peuvent
succéder à des phrases euphoriques.
Sur le plan alimentaire, les accès boulimiques alternent avec des phases de
restriction sous prétexte de régime amaigrissant.
Sur le plan sexuel, des périodes de masturbation compulsive succèdent à un
désintérêt sexuel total.
Esthel est née à Troyes, dans une famille d’enseignants. Elle est la dernière
d’une fratrie de 3 enfants. Esthel pense que ses parents n’ont pas désiré sa nais-
sance car sa mère était dépressive.
Sa mère ne s’est jamais intéressée à ses enfants sauf sur le plan matériel, vesti-
mentaire et alimentaire. L’apparence comptait plus que tout pour elle.
Esthel a toujours été une enfant modèle, calme, obéissante, solitaire, rêveuse,
artiste. Elle se réfugiait dans ses songes, ses histoires, ses dessins, ses poèmes.
Ses premières crises d’angoisse sont apparues à 4 ans. Des cauchemars de
chute et de blessures corporelles la terrorisaient. Son entrée à l’école est marquée
par une grande panique. Esthel n’a pas rencontré de réelles difficultés scolaires.
À 12 ans, son père décède brutalement d’un accident. Elle se met à collection-
ner tous les objets (mégots, papiers, boîtes). Elle fera plusieurs fugues et tentatives
de suicide.
À l’adolescence, les enseignants convoquent la mère et signalent des propos
mythomanes, des conduites surprenantes, des réactions émotionnelles incongrues
comme éclater en sanglot sans motif apparent.
Au niveau du comportement, le conseiller d’éducation remarque que la boude-
rie, le mutisme alternent avec la provocation, l’agressivité. Avec une lame de rasoir,
elle se dessine plusieurs coupures sur le bras. Elle se brûle avec une cigarette.
Au lycée, elle a des crises d’allure épileptique comme sa meilleure amie.
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• C h a p i t r e 9 •
I. HISTORIQUE
– Le sujet déprimé souffre d’asthénie vitale qui touche tous les secteurs de la vie
Le sujet se plaint d’une grande fatigue qui ne cède pas au repos.
– Le ralentissement idéïque se caractérise par un ralentissement du cours de la
pensée et un ralentissement du flux associatif. Le ralentissement psychique
(bradypsychie) est présent dans 90 % des dépressions. Il se caractérise par un
appauvrissement du contenu de la pensée. Les thèmes du discours sont répétitifs. Le
discours est parfois réduit à une seule idée (monoïdéisme). Le sujet déprimé se
plaint de ne pas avoir les idées claires ou de ne plus avoir d’idées (anidéisme). Les
sujets disent :
« J’ai la tête vide.
« Je n’arrive pas à penser à autre chose.
« Je n’arrive pas à réfléchir. »
L’étude des discours de sujets déprimés met en évidence des marqueurs langa-
giers spécifiques au discours dépressif : une utilisation massive des marqueurs de
négation (ne pas, ne plus), des verbes statifs (avoir, être), des temps verbaux passés
et une diminution de l’utilisation des marques du futur et des conjonctions (et, mais,
parce que, etc.) qui ont une fonction d’organisation et de structuration du discours.
Certaines de ces caractéristiques discursives ont été retrouvées chez des sujets non
déprimés hospitalisés et chez des sujets sains placés dans des conditions de vie
extrêmes.
Les sujets déprimés restituent de manière privilégiée les mots chargés négative-
ment.
Ces travaux étudient le lien entre l’affect et la cognition dans les domaines de la
mémoire et du langage et montrent que les sujets dépressifs mémorisent différem-
ment les informations affectives selon qu’elles sont positives, neutres ou négatives.
L’HUMEUR DÉPRESSIVE
dépressive se traduit par un vécu pessimiste par rapport à soi et par rapport au
monde.
– L’humeur dépressive peut s’associer à l’émoussement affectif, à l’anesthésie
affective ou à l’instabilité émotionnelle.
– L’émoussement affectif s’exprime par une perte de plaisir et d’intérêt, la
sensation d’un manque de sensibilité, l’absence de participation dans les activi-
tés.
– L’anesthésie affective s’observe dans la mélancolie. Le sujet ne ressent
plus aucun affect et n’exprime « ni amour, ni haine ». Le sujet peut fortement
culpabiliser ce sentiment d’indifférence vis-à-vis de ses proches ce qui
augmente l’auto-dévalorisation :
« Je suis le dernier des derniers, je n’éprouve plus rien pour ma femme et mes
enfants. »
– L’instabilité des affects est fréquente chez le sujet déprimé qui se montre
irritable, impulsif, intolérant, voire hostile à son entourage. Le sujet présente des
crises de larmes soudaines ou des réactions excessives par rapport à l’événement
déclenchant : une tâche à accomplir, un départ, etc. L’instabilité affective est
souvent disproportionnée par rapport aux causes apparentes.
L’idéation suicidaire est importante dans la dépression. Le suicide apparaît
comme un moyen de mettre fin à la souffrance. Le suicide peut être préparé depuis
longtemps. À l’inverse, il peut être impulsif et se dérouler sous forme de raptus
(pendaison, arme à feu, etc.). Parfois le suicide est altruiste et familial. Par ce geste
dramatique, le sujet pense éviter à toute sa famille les conséquences de sa ruine et
de sa culpabilité. Le suicide peut prendre l’aspect d’un équivalent suicidaire sous la
forme d’un refus alimentaire complet, d’un refus de traitement ou de conduites à
risque (automobile, alcools, toxiques). Le suicide peut survenir à tout moment de
l’évolution. Toutefois, un tiers des suicides survient pendant les six premiers mois
et la moitié au cours de la première année (Bougerol, 1999). Le suicide est à crain-
dre au début du traitement avant que les médicaments ne soient efficaces ou lorsque
le traitement lève le ralentissement psychomoteur.
– L’Échelle d’Humeur Dépressive (Jouvent et coll., 1988) permet d’évaluer les
cinq composantes suivantes : l’irritabilité ressentie, l’anhédonie (incapacité à éprou-
ver du plaisir), l’expressivité émotionnelle dont le versant négatif représente
l’émoussement affectif, gestuel et mimique (hypoexpressivité versus hyperexpres-
sivité), la tristesse douloureuse et l’hyperesthésie observée. Cliniquement, on peut
identifier deux dimensions principales :
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 199
LE SYNDROME SOMATIQUE
– Les troubles associés : l’anxiété est souvent associée aux troubles dépressifs.
Environ 30 % des sujets présentant un état dépressif majeur relèvent également
d’un diagnostic de trouble anxieux avec, dans la moitié des cas, la survenue initiale
de troubles anxieux selon Bougerol (1999). La présence de troubles anxieux asso-
ciés aux troubles dépressifs constitue un facteur de risque important au regard des
conduites suicidaires.
A. L’ACCÈS MÉLANCOLIQUE
arrestation), de voix intérieures qui l’accusent : « c’est de ta faute s’il est mort »,
de voix intérieures qui le poussent au suicide : « tu dois mourir », de rêves
terrifiants : des visions de cadavre, des scènes d’exécution, etc.
– Les idées de mort, le désir de mort, les conduites suicidaires sont particulière-
ment graves car le suicide apparaît comme la seule solution à la douleur morale et
comme le châtiment adapté aux fautes dont s’accuse le sujet.
« Trois heures du matin. Long malaise. La mort passe et repasse au-dessus de moi
comme un avion ennemi qui flaire que vous êtes là et qui vous cherche. (...) Ouvrez-
vous, portes éternelles. » (La Marée du soir, de Henry de Montherlant)
– Les symptômes somatiques : le syndrome général frappe par son intensité.
– L’attitude du patient vis-à-vis d’autrui : le mélancolique ne cherche pas
d’aide ; il n’attend rien d’autrui ; il se déprécie à tel point qu’il lui paraît normal
qu’autrui le délaisse ; il fait tout pour qu’autrui ne lui porte aucun intérêt et trouve
normal qu’on le laisse.
Le sujet se rend compte de son état et décrit son impression d’être réduit à néant.
Il y a toute la sémiologie mélancolique mais le patient est capable de prendre une
certaine distanciation par rapport aux troubles mais, l’évolution vers une mélanco-
lie plus grave est possible.
– La mélancolie stuporeuse : le ralentissement conduit à une inhibition psycho-
motrice maximale. Le sujet s’immobilise dans une rumination tellement
douloureuse qu’elle n’est plus communicable et aboutit au mutisme. La stupeur
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 209
réalise une inhibition totale de l’activité motrice. Le sujet est prostré, figé, mutique,
immobile. Son visage est de marbre, son regard est fixe. On observe l’oméga
mélancolique. Derrière la façade stuporeuse existe une intense douleur morale qui
s’exprime par des mimiques de désespoir et parfois, des gémissements.
– La mélancolie anxieuse : l’angoisse domine le tableau clinique, entraînant une
agitation qui masque le ralentissement. La mélancolie anxieuse est la seule forme
où le ralentissement moteur disparaît au profit d’une agitation motrice extrême et
incessante. L’angoisse est intense : le sujet éprouve des sensations d’oppression, des
sensations de suffocation. Le risque de raptus suicidaire est important.
– La mélancolie délirante : la douleur morale est exprimée sur un mode délirant.
Le délire s’exprime toujours avec une tonalité douloureuse. Les thèmes du délire
sont les idées de culpabilité et d’indignité, les idées de négation : « je n’ai plus
d’amis, je n’ai plus de maison, je n’ai plus d’âme », « je n’ai plus d’intelligence »,
les idées de deuil et de ruine (certitude de la mort des proches), les idées hypocon-
driaques (certitude d’être atteint d’une maladie grave), les idées de persécution. Le
délire est vécu passivement. Le patient est résigné. L’adhésion au délire de négation
peut avoir des conséquences graves : le sujet peut refuser de s’alimenter puisqu’il
n’a plus d’intestins, ni d’œsophage. Le sujet peut se suicider pour expier ses fautes,
pour sauver le monde.
– La mélancolie d’involution est une mélancolie tardive qui survient chez une
personne n’ayant aucun antécédent de manie ou de mélancolie.
Madame R, 68 ans, exprime des plaintes hypocondriaques
« J’ai un entonnoir dans le ventre avec un crochet. J’ai du plastique dans l’anus
et dans le ventre, d’ailleurs, j’ai du plastique partout. » (Camus et al., 1993)
– Accès mélancoliques saisonniers : certains accès ont un caractère saisonnier.
Le premier accès mélancolique ou maniaque peut rester unique. Toutefois, un tel
sujet reste très sensible à tous les traumatismes psychiques sur le plan émotionnel
et affectif.
Dans certaines familles, le risque de survenue d’un accès dépressif est plus
grand et confirme l’existence d’un terrain prédisposant indépendamment des événe-
ments de vie et de l’histoire individuelle.
Le principal argument en faveur de l’héritabilité repose sur l’étude du risque
familial lié à la proximité génétique. La plus grande proximité génétique est réali-
sée chez les jumeaux vrais monozygotes tandis que la distance génétique est
extrême dans la population générale entre deux personnes non apparentées. Dans
les psychoses maniaco-dépressives, la concordance est de 50 à 100 % chez les
jumeaux monozygotes, de 15 à 25 % chez les dizygotes et de 10 à 20 % pour les
descendants et apparentés directs. Si le risque dépendait uniquement de l’hérédité,
la concordance chez les vrais jumeaux devrait être de 100 %. Le facteur héréditaire
n’explique, donc, pas à lui seul la pathologie mais représente un facteur de
prédisposition, une fragilité de terrain. D’autres facteurs doivent être pris en consi-
dération pour expliquer la survenue de la dépression.
– Les théories biologiques ont pour origine la découverte des modifications du
système nerveux central induites par les antidépresseurs. L’antidépresseur agit sur
les monoamines cérébrales. De nombreuses recherches montrent que les patients
dépressifs présentent des anomalies des monoamines cérébrales. Une multitude
d’anomalies biologiques ont été identifiées mais on ne peut affirmer l’existence de
causes biologiques à l’origine des PMD.
Actuellement, aucune théorie ne rend compte, à elle seule, de l’étiopathogénie
de la dépression. Le poids de chaque facteur varie d’un sujet à l’autre, varie selon
le terrain prédisposé ou non, selon l’histoire personnelle et l’histoire familiale du
sujet.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 211
B. L’ACCÈS MANIAQUE
La présentation du sujet
– L’activité motrice est exacerbée. Le comportement est marqué d’une hyperac-
tivité sans but, désordonnée, bruyante, variable. Cette agitation peut durer des
semaines, jour et nuit, sans sentiment de fatigue.
– La mimique : les traits du sujet sont mobiles, sans repos ; le visage est animé,
enjoué, hyperexpressif.
– Le contenu verbal est extrêmement labile : le sujet parle sans arrêt, chante, rit.
– Le contact est facile, familier mais très labile.
L’exaltation de l’humeur
Le sujet maniaque est euphorique, optimiste. Il se sent étonnamment bien,
heureux, infatigable. Il a l’impression qu’il peut tout entreprendre et tout réussir.
Cette hyperthymie est très versatile, l’humeur est instable, la joie alterne avec les
larmes, l’euphorie avec la colère. La moindre contrariété peut déclencher l’agressi-
vité et peut conduire à la « fureur maniaque ».
– Le début : l’accès maniaque apparaît chez un adulte jeune de 18 à 40 ans ayant
des antécédents maniaques ou dépressifs, personnels ou familiaux. L’accès
maniaque est parfois consécutif à un événement déclenchant : un deuil, une sépara-
tion, l’arrêt du traitement régulateur de l’humeur. Le plus souvent, le début de
l’accès maniaque est brutal. Le début peut être marqué par une courte phase dépres-
sive, une période d’exaltation émotionnelle ou par un symptôme signal : dépenses
exagérées, démarches inconsidérées, idées mégalomaniaques.
Épidémiologie : la fréquence des accès maniaques est rare et diminue avec l’âge :
– vers 20 ans, on observe 20 % d’accès mélancoliques, 50 % d’états mixtes, et
30 % de manies ;
– vers 40 ans, on observe 50 % de mélancolie, 34 % d’états mixtes et 16 % de
manie ;
– à un âge avancé, seulement 1 % ou 2 % d’accès maniaques.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 213
– L’exaltation simple ou hypomanie est une forme mineure de manie. Tous les
signes cliniques de l’accès maniaque y sont atténués. L’accès hypomaniaque se
caractérise par une excitation intellectuelle, une hyperactivité mal contrôlée (déci-
sions hâtives, initiatives multiples, besoins de changement, vastes projets,
prodigalité), une réduction du temps de sommeil (l’insomnie a valeur de symptôme
d’alarme) et une exaltation de l’humeur. L’hypomane supporte mal les contraintes,
se montre impatient, autoritaire, vindicatif le plus souvent verbalement.
– Forme délirante et hallucinatoire : les idées délirantes, dans l’accès maniaque,
sont labiles à cause de la fuite des idées. On parle de délire verbal ou de fabulations
pseudo-délirantes. Les thèmes congruents avec l’humeur maniaque sont la mégalo-
manie, le mysticisme.
– Manie suraiguë ou furieuse : l’agitation et l’agressivité y sont extrêmes et
dominent le tableau clinique.
– États mixtes : des symptômes maniaques et des symptômes mélancoliques sont
associés. Les états mixtes maniaco-dépressifs se caractérisent soit par l’association
de thèmes dépressifs et une excitation intellectuelle soit par des fluctuations rapides
de l’humeur.
– Manies symptomatiques : elles existent après un traumatisme crânien, certains
syndromes endocriniens tels que l’hyperthyroïdie, au cours de certaines intoxica-
tions (alcool, drogues) et dans certaines tumeurs cérébrales.
– Manies atypiques désignaient des accès associant des troubles délirants et/ou
des troubles dissociatifs aux troubles de l’humeur. Ce terme de manie atypique était
devenu synonyme de schizophrénie dysthymique. Actuellement, cela conduit à des
diagnostics de schizophrénie par excès.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 214
il vit une bonne mère et le double intérieur sera bon. Si l’enfant a faim, l’enfant vit
la situation comme un mauvais objet qui lui fait du mal et le détruit de l’intérieur.
– Si les expériences négatives dominent, l’enfant n’expérimente pas ce noyau de
bons objets mais il est la proie d’attaques extérieures et intérieures : il est la proie
de l’angoisse persécutive. Les angoisses de persécution empêchent la constitution
de l’objet global et ne permet pas à l’enfant de percevoir le Moi comme totalité.
– Si les bonnes expériences dominent, l’enfant rassemble tous ses bons objets
partiels et construit une représentation globale de la mère et du Moi intérieur. La
phase schizo-paranoïde peut être dépassée et l’enfant aborde la phase dépressive.
L’enfant passe d’une relation d’objet partiel à une relation d’objet global.
Désormais, il y a un noyau à protéger. Or, ce noyau est menacé par l’angoisse
dépressive. L’enfant est la proie d’une angoisse caractéristique de la position
dépressive : l’angoisse de perdre le bon objet extérieur ou de détruire le bon objet
intérieur.
Deux situations peuvent mettre l’enfant en péril à la phase dépressive :
– la perte de l’objet externe : la mère disparaît, l’enfant est séparé de la mère, la
mère rejette l’enfant, la mère est défaillante. L’enfant peut transformer la mère
en un mauvais objet : elle devient la méchante mère qui l’abandonne ;
– la menace vient de l’intérieur : l’enfant est soumis à des forces agressives
intenses en lui qui menacent les bons objets intériorisés.
M. Klein décrit la structure de la dépression de l’adulte où l’on observe la perte
de l’objet, les pulsions agressives destructrices dirigées vers l’extérieur et vers l’in-
térieur.
– M. Mahler suppose que la réactivité dépressive de l’individu est liée aux diffi-
cultés rencontrées lors de la phase de séparation – individuation. La position
dépressive se situerait entre le 16e et le 24e mois, moment où l’enfant prend cons-
cience de sa séparation, de son individuation, de la perte de son omnipotence et de
sa vulnérabilité. L’adolescence est une période majeure d’individuation-séparation
où la dépression névrotique narcissique est normale.
– Anna Freud a insisté chez le rôle essentiel à l’adolescence du deuil des objets
parentaux. La difficulté à faire le deuil des investissements parentaux exclusifs
donne naissance à un discours portant davantage sur le poids excessif des parents.
Or, l’adolescent doit se détacher des objets infantiles parentaux et cet abandon de
l’attachement à l’image infantile des parents est source de dépression. La dépres-
sion est une réponse de deuil aux attachements auxquels il faut renoncer.
– J. Bowlby (1907-1990), psychanalyste anglais, élève de M. Klein élabore une
théorie divergente de la dépression. Bowlby a étudié les effets des carences affecti-
ves graves de soins maternels chez les enfants. Il s’est intéressé à l’attachement de
l’enfant pour sa mère considéré comme une composante instinctuelle. Selon
Bowlby, l’enfant est particulièrement sensible à la séparation de la mère entre 15 et
30 mois. Bowlby décrit trois stades après une séparation de l’enfant avec sa mère :
– phase de protestation et d’angoisse primaire ;
– phase de désespoir et de dépression ;
– phase de détachement.
La dépression pour Bowlby est un « affect » éprouvé par « l’individu bien
portant » dans certaines circonstances. La dépression se réduit à une désorganisation
dans les interactions entre le sujet et l’environnement.
V. APPROCHE ATHÉORIQUE
La nosographie américaine a intégré les états dépressifs dans les Troubles affec-
tifs dans le DSM III (1980) puis, dans les Troubles de l’humeur dans la version
DSM III R (1987). Le statut de l’humeur dépressive se trouve réactualisé dans la
nosographie américaine contemporaine.
Le DSM IV différencie parmi les Troubles dépressifs le Trouble dépressif
majeur – épisode isolé –, le Trouble dépressif majeur récurrent, le Trouble dysthy-
mique et le Trouble dépressif non spécifié.
Le DSM propose les critères suivants pour le diagnostic d’un Épisode hypoma-
niaque :
1. Une durée minimale de l’épisode de 4 jours.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 224
L’Épisode maniaque
Le diagnostic d’Épisode maniaque requiert les critères suivants :
1. Une humeur anormale pendant une semaine.
2. Trois symptômes d’intensité suffisante présents (4 si l’humeur est seulement
irritable) parmi la liste des 7 cités dans l’Épisode hypomaniaque.
3. Les symptômes ne répondent pas aux critères de l’Épisode mixte.
4. Le fonctionnement professionnel ou social perturbé pouvant nécessiter une
hospitalisation.
5. Les symptômes ne sont pas dus aux effets d’une substance ou à une affection
médicale. (D’après DSM IV, Masson)
– Le Trouble bipolaire I, Épisode le plus récent maniaque comporte un Épisode
maniaque actuel (critère A), au moins un antécédent d’Épisode dépressif majeur ou
mixte (critère B), l’absence de schizophrénie, de Trouble schizo-affectif ou d’autre
Trouble psychotique (critère C).
Le DSM IV décrit l’Épisode mixte et le Trouble bipolaire I, Épisode le plus
récent mixte qui répondent à la fois aux critères d’Épisode dépressif majeur (mis à
part le critère de durée de deux semaines) et d’accès maniaque.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 225
– Les trois niveaux psychologiques peuvent être évalués par des question-
naires ou des échelles qui sont proposées à plusieurs reprises. Les résultats sont
donnés et discutés en cours de séance.
– En 1987, Beck intègre les cognitions dans une liste : Cognitive Check List
ou Liste des cognitions. Les cognitions liées à des affects dépressifs sont diffé-
renciées des cognitions liées à des états anxieux.
– Le Questionnaire des Pensées Automatiques (ATQ, Hollon & Kendall,
1980 ; Bouvard et coll., 1992) permet d’évaluer les pensées automatiques.
– Le Questionnaire des erreurs cognitives ou Cognitive Error Questionnary
(Lefebvre, 1980) évalue quatre de ses erreurs cognitives : la surgénéralisation, la
personnalisation, la maximalisation, l’abstraction sélective.
La thérapie cognitive repose sur un style thérapeutique collaboratif, sur une
démarche socratique qui opère par questionnement. Le but de la thérapie est d’iden-
tifier les schémas cognitifs qui entraînent par leur inflexibilité une vulnérabilité
dépressogène. La mise à distance du schéma avec le réaménagement psychologique
opéré nécessite une année environ. Aujourd’hui, les indications des thérapies cogni-
tives se sont élargies : elles concernent les dépressions résistantes et s’appliquent
aussi aux troubles dysthymiques et aux États dépressifs majeurs. La dépression de
la personne âgée semble une très bonne indication de la thérapie cognitive
(Cappeliez, 1986). L’intensité de l’état dépressif motive une prise en charge mixte
qui associe un traitement antidépresseur et une thérapie cognitive.
La thérapie cognitive de la dépression diminue le taux de rechutes dépressives,
s’applique à des dépressions résistantes et potentialise l’effet des antidépresseurs.
Question 7 / Quels sont les critères permettant de distinguer les formes cliniques
de la dépression ?
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 232
Question 8 /
M. Ragon (1993) relate dans sa thèse de médecine une observation clinique
concernant un jeune garçon Gabriel, âgé de 29 ans, qui consulte pour un « ras le
bol » lié à des difficultés professionnelles. Il vient de démissionner de son emploi
dans une administration où il travaillait depuis quelques années.
« Gabriel se présente BC-BG, intelligent, souriant, maniant l’ironie. Son
discours est facile, émaillé de références culturelles. Il apparaît comme un jeune
homme charmant plutôt que séducteur, de bonne compagnie. »
« Ce masque de bon ton laisse peu à peu apparaître celui de la douleur. »
« Quelques semaines plus tard, il exprimait la volonté de confier quelque chose
sans y parvenir (...) son sentiment de laideur monstrueuse, de visage pas fini (…)
visage qui rendait angoissant de se trouver dans un groupe, rendant insupportable
le regard des autres. »
« Visage qui l’avait conduit à une tentative de suicide grave. » Il avait hurlé à sa
mère au réveil du coma, « qu’il attendait qu’elle meure pour faire refaire son
visage, avec l’argent de l’assurance-vie ».
« Dans son discours, le visage est à l’origine de tous ses problèmes depuis le
lycée, depuis l’adolescence : la difficulté de s’intégrer dans des groupes, la diffi-
culté de séduire les filles (…) l’échec de deux histoires sentimentales… »
« Ce visage ne lui permet pas de montrer qui il est, son esprit, sa race, être un
X (nom du père). »
« Gabriel réclame mon aide pour changer de visage parce que s’il va voir un
chirurgien, il craint d’être pris pour un fou, sa mère disant, quand il aborde le sujet
de la chirurgie esthétique, qu’il est fou. »
« Surviennent parfois des idées mégalomaniaques de race aryenne qu’il pense
conformes aux idées de la famille paternelle. Son père s’est retrouvé dans la
Wehrmacht pendant la seconde guerre mondiale… »
« La situation intenable tant financièrement que relationnellement le conduit à
quitter sa compagne. »
« Assez vite la relation avec sa mère devient orageuse. Au cours d’une scène
Gabriel casse une statue de grande valeur que sa mère avait offert à sa propre mère
décédée. Sa mère réagit très violemment : “elle était comme folle, hurlait, courait !”
Il évoque la maladie cardiaque de sa mère qui lui dit qu’elle « mourra à cause de
lui. » Gabriel, à l’âge de un an, avait été placé en nourrice et avait vécu un désin-
vestissement maternel brutal.
Indiquez vos observations sémiologiques et le diagnostic proposé par l’auteur.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 233
« Elle ne me parle plus ; elle est hagarde ; je me demande ce que j’ai fait pour
mériter ça. »
Le mari rappelle, au cours de l’entretien, une précédente hospitalisation pour
dépression, après la naissance de leur second enfant. La réapparition des troubles
de sa femme l’inquiète, d’autant plus qu’il ne peut s’empêcher de comparer l’état
de sa femme et les dépressions de sa belle-mère.
Exposez les éléments sémiologiques qui orientent vos hypothèses diagnostiques
vers une forme clinique de dépression que vous préciserez et discuterez.
Question 14 /
Christine est âgée de 30 ans. Elle est accompagnée aux urgences par son mari
qui craque : sa femme ne dort plus depuis une semaine, elle le harcèle sexuellement
parce qu’elle a une mission sexuelle à accomplir. Elle est très agitée et euphorique.
Christine à l’entretien est très joviale. Quand elle raconte ses dépenses récentes
inconsidérées, elle rit. L’imagination est débordante, les propos sont fantastiques.
Les idées foisonnent, le rythme verbal est très accéléré. Les jeux de mots sont
accompagnés d’hilarité. Les hallucinations génitales sont décrites avec exubérance
dans des conduites érotiques impulsives. Elle exprime de nombreuses idées de gran-
deur.
Christine a déjà eu des idées de grandeur il y a huit ans et a déjà été hospitali-
sée pour une grave dépression.
Exposez vos observations sémiologiques et discutez vos hypothèses diagnostiques.
Question 15 /
Claudine., 64 ans, est amenée par sa fille en consultation après qu’elle eût fait
une tentative de suicide médicamenteuse grave. Cette patiente veut mettre fin à ses
souffrances, à ses tourments, à son supplice. Elle se juge « inutile ». Elle ne peut
plus s’alimenter car « son intestin est pourri ». Elle sent mauvais. Elle est dans un
état de pourriture. C’est la fin pour elle. Elle ne demande qu’une chose : « qu’on la
laisse tranquille ».
Tous les examens médicaux pratiqués sont normaux. Sa fille relate que sa mère
fut hospitalisée, il y a 10 ans, pour un état d’agitation qui avait eu des conséquen-
ces familiales graves à cause de dépenses exorbitantes engagées par sa mère.
L’année dernière, son médecin généraliste lui avait prescrit un traitement antidé-
presseur qu’elle a arrêté sans avis médical.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 235
Question 1 / Oui : 1, 2, 4
Question 2 /
Freud : 1909, hystérie d’angoisse – Westphal : 1871, agoraphobie – Pitres & Régis :
1897, éreutophobie – Cullen : 1769, névrose – Janet : 1908, psychasthénie
Question 3 / Réponse 4
Question 4 / Réponses 1, 2
– La dysmorphophobie désigne la crainte d’une difformité corporelle. Au début
d’une schizophrénie, les dysmorphophobies sont plus une idée prévalante associée
à une certitude inébranlable qu’une véritable phobie et sont centrées sur le visage,
les seins, le nez, etc.
– La nosophobie ou phobies des maladies s’observent dans les tableaux cliniques
de névrose d’angoisse ou obsessionnelle, dans certains accès mélancoliques et
certains épisodes hypocondriaques délirants.
– L’éreutophobie désigne la peur de rougir et se rencontre chez les sujets souffrant
de phobies sociales. La peur de rougir recouvrant la crainte qu’une faute sexuelle
se lise sur le visage est proche d’idées délirantes de référence dans certaines schizo-
phrénies.
Question 5 /
– Phobies simples : peur des araignées, peur des hauteurs
– Phobies sociales : peur d’utiliser les toilettes, peur d’écrire devant autrui, peur de
parler en public
Question 6 /
A. Bandura : la théorie de l’apprentissage social reposant sur le conditionnement
vicariant ;
A.T. Beck : la théorie cognitive, les schémas cognitifs ;
I. P. Pavlov : la théorie de l’apprentissage répondant, le conditionnement classique ;
B.F. Skinner : la théorie de l’apprentissage instrumental, le conditionnement
opérant ;
J. Wolpe : les techniques de désensibilisation systématique reposant sur l’inhibition
réciproque.
Question 7 / G. Brassens chante la peur de l’orage ou phobie spécifique, Type
environnement selon le DSM IV.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 243
Question 8 / Agoraphobie
Question 9 / Éreutophobie
Question 10 / Oui : 3, 4
– L’érythrophobie est la phobie du rouge. La phobie d’impulsion est la crainte de
commettre un acte ridicule, scandaleux etc. La nosophobie est la phobie des
maladies. Un rituel est un geste compulsif (cf. cours).
Question 11 / Hans dans sa peur d’être mordu par un cheval exprime la crainte
de la castration par le père, le cheval étant un substitut paternel. Le déplacement
inconscient sur l’animal de l’image paternelle permet à Hans de séparer le père
castrateur du père bienveillant. Dans la névrose phobique du petit Hans, Freud
analyse l’échec du refoulement, la projection et le déplacement. Relisez l’analyse
du petit Hans dans l’approche psychanalytique de l’hystérie d’angoisse du petit
Hans.
Question 12 / Cette patiente souffre d’Attaques de panique. Ses Attaques de
panique sont imprévisibles, elles ne sont pas déclenchées par des situations socia-
les, elles ne sont pas dues à une affection médicale ou à une consommation de
substances toxiques quelconques. Quatre symptômes caractéristiques de l’Attaque
de panique sont donc décrits ici (cf. cours).
Question 13 /
A. Les craintes de Marie sont : une appréhension, une crainte de voir se répéter le
malaise, une crainte que le malaise se reproduise dans un endroit sans possibilité
d’être secourue ou de s’échapper facilement et une peur de mourir.
B. Marie souffre selon le DSM IV d’un Trouble panique avec Agoraphobie
Son trouble a commencé par une crise d’angoisse, appelée dans le DSM IV Attaque
de panique. Lire les critères du DSM IV de :
– l’Attaque de panique ;
– l’Agoraphobie. Pour qu’il y ait Agoraphobie, il faut les deux composantes
suivantes : une peur irrationnelle ou exagérée et une conduite d’évitement des
situations affrontées sans difficulté avant l’apparition de l’Agoraphobie ;
– le Trouble panique avec Agoraphobie.
C. Selon l’approche comportementale, l’agoraphobie est due à un conditionne-
ment.
Lors de l’attaque de panique initiale, Marie est l’objet d’un conditionnement. Marie
éprouve une sensation de malaise intense alors qu’elle est seule dans un lieu clos et
public. Il y a association entre un lieu et une sensation de malaise. Par un méca-
nisme de généralisation, elle éprouve cette même peur dans tous les lieux similaires,
puis, dans toutes les situations qui se rapprochent de la situation initiale.
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c’est-à-dire seuls et à combattre leur anxiété lorsqu’ils sont en train de faire cette
tentative. »
Une autre critique fréquente des méthodes comportementales consiste à évoquer
que les symptômes se déplacent après le traitement comportemental des phobies.
« Chez l’homme, un conditionnement induira au mieux une répression d’une
angoisse manifeste (par exemple, les phobies sont le pain quotidien des praticiens
cognitivo-comportementalistes) vers le Préconscient, laissant de toute façon, l’an-
goisse inconsciente intacte : il y aura alors déplacement de symptômes. » (Jeanclaude,
2001).
Des équipes de recherches ont suivi des patients agoraphobes plusieurs années
après leur thérapie comportementale sans observer de symptômes de substitution.
Un patient agoraphobe débarrassé de ses symptômes phobiques par une thérapie
comportementale peut parfaitement entreprendre une psychothérapie analytique.
Question 1 / Réponses 1, 2, 3, 4, 6
Question 2 / Réponse 3
Question 3 / Réponses 1, 2, 4
Question 4 / Arithmomanie
Question 5 / Onomotomanie
Question 6 / Phobie
Question 7 / Une phobie d’impulsion
Question 8 / Les conduites phobiques concernent le fait :
– de se faire accompagner (réassurance) ;
– de porter sur soi des médicaments en permanence (objets contraphobiques) ;
– d’éviter la situation phobogène en ne conduisant plus, en ne sortant plus seul
(conduites évitement).
Question 9 /
– Le psychanalyste est S. Freud. Le patient est L’homme aux rats. L’observation est
exposée dans Cinq Psychanalyses.
Les mécanismes de défense analysés par Freud dans cet extrait et cette observation
sont l’isolation et le déplacement. L’isolation est manifeste dans le refus de rappro-
cher une situation où le sujet ne craint pas de salir les jeunes filles avec ses mains
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 246
alors qu’il craint de salir les billets. Le patient se met en colère en disant qu’il n’y
a aucun rapport entre les deux en disant : « je ne fais aucun mal à ces jeunes filles,
etc. ». La culpabilité sexuelle est directement en rapport avec sa culpabilité dépla-
cée sur les billets de banque, mais il ne fait pas le lien. Freud explique « le contraste
entre ses scrupules concernant les billets de banque et son manque de scrupules »
lorsqu’il abuse des jeunes filles par « un déplacement de l’affect du remords, c’est-
à-dire qu’en somme le sujet, dans la situation sexuelle isole cette situation, et son
remords, sa culpabilité, sa scrupulosité à ne pas faire de choses sales, se trouve
déplacer sur le billet de banque ».
Question 10 /
L’étayage est un terme introduit par Freud. Dans la théorie freudienne, les pulsions
sexuelles s’étayent sur les fonctions vitales qui leur fournissent une source, une
direction et un objet.
Le holding a été théorisé par Winnicott pour signifier la fonction de contenance de
la mère : la façon de tenir l’enfant dans ses bras est une métaphore pour dire la
nécessité pour cet enfant d’être « tenu en sécurité » à tous les niveaux.
Le « faux self », notion de Winnicott (1960) représentée par toute l’organisation que
constituent une attitude sociale polie, de bonnes manières et une certaine réserve.
La fonction du « faux self » est de dissimuler et de protéger le « vrai self ».
Question 11 / Selon la classification américaine (DSM IV), Marie souffre de
Trouble obsessionnel compulsif. Le thérapeute utilise certaines techniques compor-
tementales. L’exposition consiste à amener le sujet à se confronter progressivement
aux situations qui provoquent l’anxiété tout en l’empêchant d’accomplir les rituels
qu’il pratique habituellement. Le mécanisme d’habituation ne se produit jamais
dans la vie courante puisque la patiente fuit toujours la situation redoutée ou accom-
plit le rituel pour diminuer l’anxiété.
fait des reproches, elle éprouve des sentiments d’infériorité. La haine projetée à
l’extérieur se transforme en « conviction d’être elle-même haie, méconnue ou
persécutée par les personnes en question ». Les trois mécanismes mobilisés par le
Moi de cette jeune femme n’ont pas réussi à la débarrasser de son angoisse et de
son sentiment de culpabilité.
Question 2 / Dans cette observation, deux attitudes antagonistes coexistent et
sont étrangères l’une à l’autre. Il y a deux personnes en une mais les deux s’igno-
rent totalement. L’une passe à l’acte alors que l’autre tient compte de la réalité.
L’une opère une réalisation pulsionnelle brutale et l’autre vit comme Monsieur tout
le monde, comme un « homme ordinaire ». L’une « détache le Moi de la réalité »
tandis que l’autre présente un comportement adapté à la réalité. Cet homme se
présente aux autorités policières parce que ses victimes lui causent des cauchemars
comme si l’acte criminel était l’œuvre de quelqu’un d’autre [Balier décrit le clivage
du Moi].
Question 3 / Le mécanisme de défense illustré ici est le clivage de l’objet décrit
par M. Klein : la maman noire représente l’aspect mauvais, la partie mauvaise sépa-
rée de la partie « bonne » avec laquelle Gabrielle garde un contact bienveillant.
Gabrielle distingue sa vraie mère qui « sait » et l’horrible mère imaginaire.
Question 4 / «L’une des attitudes procède par déni par rapport à l’autre. »
Question 5 /
A. Jean Bergeret propose de différencier des mécanismes de défense de « mode »
névrotique et de « mode » psychotique. Conformément à l’approche structurale de
la personnalité défendue par cet auteur, deux structures de personnalité se distin-
guent : une structure névrotique et une structure psychotique. Certains sujets ont une
organisation psychique limite, qui n’a pas les caractéristiques de « stabilité » et de
« fixité » des deux structures psychiques précédentes (lire l’approche structurale de
la personnalité dans chapitre 1).
B. Chapitre 3
C. Chapitre 6
Question 6 /
A. M. Klein essaie d’illustrer quelques – uns des problèmes complexes que pose
l’identification projective. Fabien quitte son corps pour entrer dans celui d’une
autre personne ; il perd ses souvenirs et les traits de caractère qui appartenaient au
Fabien originel : J. Green décrit ici la partie clivée de Fabien. Lorsque le clivage se
produit, le Fabien abandonné doit garder une bonne partie de son Moi, des souve-
nirs et quelques aspects de sa personnalité. Cette partie endormie représente selon
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 248
M. Klein, la composante du Moi que les sujets ont le sentiment d’avoir gardé, alors
que les autres parties du Moi ont été projetées dans le monde extérieur et perdues.
Ce sentiment de ne pas savoir où se trouvent des parties de soi dispersées dans le
monde extérieur est la source d’une grande angoisse et d’une forte sensation d’in-
sécurité.
B. M. Klein interprète une scène où Fabien regarde le ciel au loin et en même temps
en lui-même. Il absorbe les étoiles et le ciel et en même temps il projette dans le ciel
ses objets d’amour intérieurs et les bonnes parties de lui-même. Elle interprète son
ardente contemplation des étoiles comme un effort pour reprendre ses « bons »
objets qu’il sent perdus ou lointains. Les deux processus d’introjection et de projec-
tion se produisent en même temps : on introjecte ses objets autant qu’on se projette
en eux.
M. Klein montre que les processus d’introjection et de projection répètent au cours
de la vie le modèle des premières introjections et projections : le monde extérieur
est sans cesse à nouveau absorbé et rejeté, ré-intériorisé et re-projeté.
Question 7 / Les troubles névrotiques sont des troubles graves, qui entraînent
parfois des atteintes importantes du fonctionnement psychique dont les effets se
traduisent par des handicaps parfois lourds dans différents domaines de la vie : intel-
lectuel, affectif, relationnel, sexuel et social. C. Chabert (1994) dénonce cette
« dérive très discutable en psychopathologie » qui consisterait à établir une hiérar-
chie allant des psychoses aux névroses en considérant les psychoses comme des
pathologies plus graves que les névroses. Cette conception lui paraît « peu convain-
cante voire dangereuse » car des variations existent dans chaque organisation
psychopathologique. Certains sujets psychotiques peuvent être « bien compensés
dans la vie » quand d’autres « s’enlisent dans l’aliénation ». Certains névrosés vivent
« au mieux de leurs ressources internes » quand d’autres sont « dans l’incapacité de
réaliser le moindre désir et de mener une vie supportable ».
– Mme B se montre érotomane dans son « illusion délirante d’être aimée » bien
que son érotomanie ne respecte pas le postulat fondamental de De Clérambault
selon lequel « c’est l’objet qui a commencé et qui aime le plus ». (confirmation des
positions critiques à l’égard de la conception du délire érotomaniaque selon G. de
Clérambault, critiques exposées dans le cours).
– Enfin, la richesse et l’importance des hallucinations auditives et cénesthé-
siques, ainsi que l’existence d’un automatisme mental sont évocatrices d’une
psychose hallucinatoire chronique. Toutefois, le délire se cristallise autour de son
persécuteur aimé et rappelle l’érotomanie et la paranoïa.
Les observations sémiologiques orientent vers un diagnostic de PHC mais, selon
Papadakos (1993) le cas de Mme B. est une illustration des formes de passage entre
plusieurs entités nosologiques à cause de la systématisation du délire et la désigna-
tion d’un persécuteur par dépit d’amour. Un tel vécu de persécution constitue le
noyau central des délires chroniques, qu’il s’agisse des délires à mécanismes hallu-
cinatoire, interprétatif ou imaginatif. Les paraphrénies et les PHC comportent
beaucoup moins cette dimension persécutoire. Le cas de Mme B est instructif, car au
début de l’éclosion délirante, le tableau clinique est celui d’une PHC avec manifes-
tations hallucinatoires prédominantes, sans persécuteur désigné, ni délire construit
autour de son « amoureux ». C’est au bout de plusieurs mois, voire plusieurs années,
que le délire prend forme et se consolide autour du personnage désigné comme
persécuteur pour ne plus se modifier ensuite.
Question 11 / La communication des auteurs, Pons R., Ortega-Monasterio L., à
la Société médico-psychologique est intitulée Délires quérulents.
Question 12 / Question de cours.
Question 13 / Réponse 5. Trouble délirant dont les critères diagnostiques sont
précisés dans le cours.
Question 14 / Le DSM IV différencie les spécifications du type selon le thème
délirant prédominant : érotomaniaque, mégalomaniaque, jalousie, persécution,
somatique, mixte, non spécifié.
Question 15 /
A. «Remarques psychanalytiques sur l’autobiographie d’un cas de Paranoïa, le
président Schreber. »
B. La contribution de Freud modifie la conception du délire et de la psychose expo-
sée dans l’approche psychanalytique des délires de jalousie.
C. Lire l’approche psychanalytique des délires de jalousie.
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Question 1 /
– Eugen Bleuler : 1911, ambivalence – autisme – schizophrénie
– Philippe Chaslin : 1912, discordance
– P. Janet parlait de dissociation dans l’hystérie
– Emil Kraepelin : démence précoce
– K. Kalhbaum : catatonie
– Hecker : hébéphrénie
Question 2 /
1. Syndrome de dissociation
2. Syndrome délirant
3. Trouble des conduites
Question 3 / Thèmes polymorphes (cf. cours et Les bases de la psychopatholo-
gie)
Question 4 / La forme paranoïde de la schizophrénie se caractérise par une
production délirante riche, aux thèmes polymorphes et aux mécanismes multiples,
de structure non systématisée, floue.
Question 5 / Mécanismes multiples (cf. cours et Les bases de la psychopatholo-
gie).
Question 6 / Oui aux 4 propositions
– la catalepsie est la conservation d’attitudes imposées ou spontanées, avec perte de
l’initiative motrice ;
– le négativisme psychomoteur : attitude de refus de tout contact, attitude de raideur,
de refus de main tendue, fermeture des paupières ;
– les stéréotypies motrices : tendance à répéter les mêmes mouvements ;
– les impulsions gestuelles : tendance irrésistible à l’accomplissement d’un acte.
Question 7 / Schizophrénie simple – hébéphrénique – catatonique – paranoïde –
héboïdophrénie – dysthymique – pseudo-névrotique.
Question 8 / La schizophrénie a une fréquence de 1/100 ; c’est donc une patho-
logie fréquente.
Question 9 / Réponse 2. Le signe du miroir désigne l’attitude du sujet qui se
regarde dans une glace. Ce signe traduit un vécu de transformation corporelle.
Question 10 / Cf. cours.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 252
Question 1 / Réponses 2, 3, 4
La WAIS ou Échelle d’Intelligence de Weschler pour Adultes est un test
évaluant un quotient intellectuel (Q.I.). La dépression peut être estimée à l’aide des
échelles de dépression de Beck, de Hamilton, l’Échelle de Ralentissement Dépressif
de D. Widlöcher ou l’Échelle d’Humeur Dépressive (EHD).
Question 2 / Widlöcher et ses collègues considèrent le ralentissement psycho-
moteur comme le noyau commun à toutes les formes cliniques de dépression
contrairement à J. Delay, auteur d’un ouvrage intitulé Les dérèglements de l’humeur
qui privilégie l’humeur.
Question 3 / Les syndromes dépressifs, après un accouchement, présentent trois
formes d’intensité croissante : le post-partum blues, la dépression majeure puerpé-
rale, la psychose puerpérale. Consultez la description de ces formes dans le
paragraphe consacré aux formes de la dépression selon le sexe.
Question 4 / Les manifestations du ralentissement psychomoteur sont décrites
dans le paragraphe intitulé le pattern comportemental de la dépression dans la
sémiologie de la dépression.
Question 5 / Question de cours.
Question 6 /
Névrotique : 1, 2
Mélancolique : 3, 4
Question 7 / Les formes cliniques de la dépression se déclinent selon l’intensité,
l’âge, le sexe, les formes symptomatiques (mélancolique, psychogène), les dépres-
sions consécutives à une affection somatique, les dépressions masquées, les
dépressions liées aux troubles psychiques.
Question 8 / La thèse de médecine de Ragon M. s’intitule Étude d’une dysmor-
phophobie dans un cas de mélancolie délirante. Il s’agit ici de l’observation
clinique de Gabriel qui souffre d’une dysmorphophobie délirante. L’auteur théorise
l’expérience spéculaire, la mélancolie, la thématique délirante de filiation et la
dysmorphophobie délirante. M. Ragon évoque la mélancolie en raison de la douleur
morale intense, du désespoir, de la mort comme épilogue, du vide interne (« je me
sens vide »), du négativisme (« avec ce visage je ne peux rien faire »), ses échecs
relationnels et son isolement, du négativisme poussé jusqu’au délire (« je n’ai pas
un visage fini »), rappelant le syndrome décrit par Cotard avec négation d’organes,
et, aussi ce « tout ou rien mégalomaniaque ».
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Question 9 /
Accès mélancolique : 2, 3, 4
État schizophrénique : 1, 5, 6
Question 10 / Réponse oui : 1, 2, 3, 5
Question 11 / Les thèmes caractéristiques de la mélancolie sont les idées déli-
rantes de ruine, d’auto-accusation et d’indignité tandis que les thèmes
mégalomaniaques se rencontrent plutôt dans la manie.
Question 12 / Question de cours.
Question 13 / L’observation présentée ici est celle d’un état dépressif. Plusieurs
éléments cliniques font penser à la présence de manifestations d’une psychose
maniaco-dépressive :
– absence de signe de dissociation psychique ;
– le caractère périodique des épisodes dépressifs avec la présence de deux épiso-
des repérables ;
– l’existence d’antécédents familiaux est un argument de poids en faveur de
l’hypothèse diagnostique de PMD ; la mère de cette patiente semble avoir souf-
fert de plusieurs épisodes dépressifs ayant conduit à une hospitalisation.
Certains auteurs au regard des antécédents dépressifs maternels privilégieront la
thèse d’un élément héréditaire ; d’autres s’interrogeront sur la répercussion
d’une dépression de la mère sur la psychologie de son enfant.
Question 14 / Nous observons ici une triade sémiologique composée de l’exal-
tation euphorique de l’humeur, d’une excitation psychomotrice et d’idées
délirantes :
– le trouble de l’humeur se traduit par une humeur euphorique, des conduites
dépensières excessives ;
– le syndrome d’excitation psychomotrice se traduit :
• sur le plan moteur : comportement d’excitation,
• sur le plan psychique : accélération des processus idéiques, fuite des
idées, logorrhée, jeux de mots par assonances,
• des troubles instinctuels : l’insomnie totale ;
– les idées délirantes sont à thématique mégalomaniaque et à mécanismes
d’imagination et s’accompagnent de productions hallucinatoires (hallucinations
psychosensorielles génitales).
La production délirante où les hallucinations, l’imagination, les thèmes mégalo-
maniaques dominent peuvent suggérer l’hypothèse de psychose fantastique ou
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 257
paraphrénie mais cette hypothèse est infirmée par l’âge de la patiente, la dysthymie
et les antécédents personnels.
L’hypothèse diagnostique la plus probable est celle d’épisode maniaque d’une
psychose maniaco-dépressive. Les éléments confirmant ce diagnostic sont l’antécé-
dent dépressif probablement mélancolique qui a occasionné une hospitalisation, la
prévalence de la dysthymie par rapport au syndrome délirant.
Question 15 /
A. Réponse 3 : des idées de dévalorisation : elle se juge inutile
B. Réponse 2 : des idées délirantes de négation d’organes : intestin pourri
C. Réponse 3 : une psychose maniaco-dépressive bipolaire d’antécédent maniaque
Question 16 / Réponse dans l’approche athéorique de la mélancolie : Trouble
bipolaire, Épisode le plus récent mélancolique.
Question 17 / Réponse dans l’approche comportementale de la dépression.
Question 18 / Réponse dans l’approche cognitive de la dépression.
Question 19 / Les notions de transfert, d’association libre et d’Inconscient relè-
vent d’un cadre de référence théorique psychanalytique tandis que les notions
d’entretien socratique, d’apprentissage, de relation de collaboration, d’identifica-
tion des schémas cognitifs et de modification des pensées automatiques relèvent de
l’approche cognitive.
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BIBLIOGRAPHIE
Approche psychanalytique
ABRAHAM K., Œuvres Complètes, t. I & t. II, Payot, 1965.
ANDRÉ J., LANOUZIERE J., RICHARD F., Problématiques de l’hystérie, Dunod, 1999.
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LUSTIN J.-J., Psychologie pathologique théorique et clinique, Masson, 1972, 1998.
BERGERET J., La Personnalité normale et pathologique, Dunod, 1974, 1996, 3e
édition.
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Approche athéorique
CIM 10. Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de
santé connexes : dixième révision, Organisation mondiale de la santé, CIM 10,
Genève, O.M.S., 1993, Masson.
DSM-IV. Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Washington,
American Psychiatric Association, 1994, Paris : Masson, 1996.
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Bibliographie • 261
Encyclopédie médico-chirurgicale
FEFFERI M., BOTTÉRO A., ALBY J.-M., Sémiologie des états dépressifs de l’adulte,
37110 A10, 1993.
HARDY-BAYLÉ M.C., OLIVIER V., SARFATI Y., ChEVALIER J.-F., Approches contem-
poraines des troubles schizophréniques, 37282 A20, Elsevier Paris, 1996.
ISRAËL L., DEPOUTOT J.-C., KRESS J.-J., SICHEL J.-P., Hystérie, 37340 A10, 10-1985.
LANTERI LAURA G., DEL PISTOIA L., Névrose obsessionnelle, 37370 A10, 7-1984.
MAZEL J.-B., FERRAND I., Les États phobiques, 37360, A10, 7-1983.
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 262
Avant-propos ................................................................................................... 5
Chapitre 1
LES BASES DE LA MÉTAPSYCHOLOGIE
I. RAPPEL THÉORIQUE ........................................................................................ 7
II. TESTEZ VOS CONNAISSANCES .......................................................................... 21
Chapitre 2
LES NÉVROSES
I. HISTORIQUE ................................................................................................... 23
II. APPROCHE PSYCHANALYTIQUE ........................................................................ 23
III. APPROCHE ATHÉORIQUE ............................................................................... 29
IV. APPROCHE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE .................................................... 31
V. TESTEZ VOS CONNAISSANCES ........................................................................... 35
Chapitre 3
LA NÉVROSE HYSTÉRIQUE
I. HISTORIQUE ................................................................................................... 37
II. SÉMIOLOGIE ................................................................................................. 41
III. APPROCHE PSYCHANALYTIQUE ...................................................................... 53
IV. APPROCHE ATHÉORIQUE ............................................................................... 57
V. TESTEZ VOS CONNAISSANCES ........................................................................... 62
Chapitre 4
LA NÉVROSE PHOBIQUE
I. SÉMIOLOGIE ................................................................................................... 67
II. APPROCHE PSYCHANALYTIQUE ........................................................................ 75
III. APPROCHE ATHÉORIQUE ............................................................................... 79
IV. APPROCHE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE .................................................... 81
V. TESTEZ VOS CONNAISSANCES ........................................................................... 84
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 263
Chapitre 5
LA NÉVROSE OBSESSIONNELLE
I. HISTORIQUE ................................................................................................... 89
II. SÉMIOLOGIE ................................................................................................. 89
III. APPROCHE PSYCHANALYTIQUE ...................................................................... 98
IV. APPROCHE ATHÉORIQUE ............................................................................... 103
V. APPROCHE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE ..................................................... 106
VI. TESTEZ VOS CONNAISSANCES ......................................................................... 109
Chapitre 6
LES PSYCHOSES
I. APPROCHE PSYCHANALYTIQUE ......................................................................... 113
II. APPROCHE ATHÉORIQUE : DE LA PSYCHOSE AUX TROUBLES PSYCHOTIQUES ....... 119
III. APPROCHE COGNITIVE .................................................................................. 120
IV. TESTEZ VOS CONNAISSANCES .......................................................................... 123
Chapitre 7
LES PSYCHOSES DÉLIRANTES CHRONIQUES
LES PSYCHOSES PARANOÏAQUES ................................................................... 127
I. HISTORIQUE ................................................................................................... 127
II. SÉMIOLOGIE DES PSYCHOSES PARANOÏAQUES ................................................... 128
LA PSYCHOSE HALLUCINATOIRE CHRONIQUE .............................................. 136
LES PSYCHOSES FANTASTIQUES OU PARAPHRÉNIES ...................................... 139
I. HISTORIQUE ................................................................................................... 139
II. SÉMIOLOGIE ................................................................................................. 139
III. APPROCHE PSYCHANALYTIQUE ...................................................................... 141
IV. APPROCHE ATHÉORIQUE ............................................................................... 145
V. APPROCHE COGNITIVO-COMPORTEMENTALE ..................................................... 147
VI. ILLUSTRATIONS ............................................................................................. 148
1. Le cas « Aimée » ou la paranoïa d’autopunition selon J. Lacan .......... 148
2. L’acte meurtrier des sœurs Papin ......................................................... 150
VII. TESTEZ VOS CONNAISSANCES ........................................................................ 153
Repères psycho 5/07/05 12:06 Page 264
Chapitre 8
LES SCHIZOPHRÉNIES
I. HISTORIQUE ................................................................................................... 157
II. SÉMIOLOGIE ................................................................................................. 158
III. APPROCHES ORGANICISTES ........................................................................... 172
IV. APPROCHE PSYCHANALYTIQUE ....................................................................... 172
V. APPROCHE ATHÉORIQUE ................................................................................. 175
VI. APPROCHE COGNITIVE .................................................................................. 179
VII. ILLUSTRATION : ANTONIN ARTAUD ................................................................ 181
VIII. TESTEZ VOS CONNAISSANCES ...................................................................... 186
Chapitre 9
LES TROUBLES DE L’HUMEUR
I. HISTORIQUE ................................................................................................... 193
II. SÉMIOLOGIE DU SYNDROME DÉPRESSIF ........................................................... 194
III. LA PSYCHOSE MANIACO-DÉPRESSIVE .............................................................. 205
IV. APPROCHE PSYCHANALYTIQUE ....................................................................... 214
V. APPROCHE ATHÉORIQUE ................................................................................. 222
VI. APPROCHES COMPORTEMENTALES ET COGNITIVES DE LA DÉPRESSION .............. 225
VII. ILLUSTRATION : AURELIA DE GÉRARD DE NERVAL ........................................ 229
VIII. TESTEZ VOS CONNAISSANCES ...................................................................... 231