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R echerche et innovation

MODULE DE RIGIDITÉ
DES ENROBÉS
QUELS FACTEURS D’INFLUENCE ?
Au sein de l’Idrrim, le groupe spécialisé EAPIC (Essais d’aptitude par intercomparaison)
organise des essais d’aptitude par comparaison interlaboratoires dans le domaine routier.
La série 8.2.17, réalisée en 2017-2018 sur le module des enrobés, a fourni des données
en grand nombre sur de nombreux paramètres pouvant influer sur les résultats d’essais.
L’article fournit les principaux enseignements tirés de leur analyse.

© EIFFAGE
L
À gauche : essai de flexion
en deux points sur des a communauté routière se souvient de série 8.2.17 par un groupe d’experts, issus pour la
éprouvettes trapézoïdales
(NF EN 12697-26 Annexe A 2PB-TR) ; la série EAPIC 8.1.121 sur le module de plupart d’EAPIC et de la Commission de normalisa-
à droite : essai appliquant rigidité des enrobés, réalisée en 2011- tion Essais chaussées (CN EC). Il est consultable
une tension indirecte à 2012. S’agissant d’une caractéristique dans son intégralité sur le site de l’Idrrim, dans une
des éprouvettes cylindriques
(NF EN 12697-26 Annexe C IT- CY). aussi importante pour le dimensionne- note d’information à paraître 5. Ses principaux
ment des chaussées, les valeurs élevées de reproduc- ­enseignements sont rapportés dans cet article.
tibilité observées alors en avaient inquiété plus d’un.
Quelques années plus tard, le contexte normatif
évoluant – normes d’essai NF EN 12697-26 2 et PRÉSENTATION DE LA SÉRIE EAPIC 8.2.17
AUTEURS dimensionnement NF P 98-0863 notamment –, il
importait d’organiser une nouvelle série EAPIC sur PRÉSENTATION D’EAPIC
Ciryle Somé
Cerema cette méthode d’essai, pour apprécier une éven- Le groupe spécialisé EAPIC est né fin 2001 du
Membre d’EAPIC tuelle évolution dans les pratiques des laboratoires. besoin des laboratoires d’essais routiers – notam-
Membre de la CN EC
La série 8.2.17, réalisée en 2017-2018 sur une for- ment ceux engagés dans des démarches qualité –
Michel Saubot
Eiffage mule proche des usages courants, répond à cette de prouver leur aptitude à réaliser les essais qu’ils
Secrétaire général d’EAPIC attente. Le rapport EAPIC 8.2.17 (août 2018)4 fournit pratiquent6-7. En 2010, il s’est tout naturellement
Membre de la CN EC
des valeurs de fidélité en amélioration pour les intégré dans l’Idrrim, au sein de son comité opéra-
Paul Marsac
Université Gustave Eiffel méthodes les plus répandues : A (flexion 2 points) tionnel Qualification Comparaison interlaboratoires
Président de la CN EC
et C (traction indirecte impulsionnelle). Leur repro- (COQC), certifié ISO 9001.
Christophe Priez
Colas ductibilité demeure toutefois élevée, ce qui justifie Composé de représentants d’organismes publics et
Membre d’EAPIC un travail d’analyse des causes de cette dispersion. privés, il organise des essais d’aptitude par compa-
Frédéric Delfosse Pour rendre possible cette analyse, EAPIC a fait évo- raison interlaboratoires portant sur les principaux
Eurovia
Membre d’EAPIC luer sa pratique : le formulaire de réponse des labo- essais du domaine routier 6. Ses rapports émis
Jean-François Gal ratoires est depuis plusieurs années complété de depuis 2011 sont consultables sur le site de l’Idrrim.
Routes de France
Membre de la CN EC
nombreuses questions techniques sur leurs pra-
Guillaume Gaillard tiques opératoires. Les données ainsi recueillies DÉROULEMENT DE LA SÉRIE EAPIC 8.2.17
Braja-Vésigné sont compilées sous couvert d’anonymat, en vue Pour organiser cette série, le groupe spécialisé a
Membre de la CN EC
d’analyses ultérieures. Ce travail sur les facteurs modifié certains éléments techniques par rapport
Julien Van Rompu
Eiffage d’influence du module vient d’être réalisé pour la à la série 8.1.12. Ainsi, la formule d’enrobé choisie

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devait tout à la fois conduire à une dispersion Un travail d’analyse paramétrique de ces données
­n ormale – mais pas excessive – des teneurs en a ensuite été conduit par certains membres du
vides et à des valeurs du module représentatives groupe spécialisé EAPIC et de la CN EC. Il a été pré-
des enrobés à chaud couramment utilisés en cédé par l’étude de la dispersion intralaboratoires
construction routière. Objectif atteint – on le verra des valeurs de modules, afin de déceler d’éven-
plus loin – avec une formule de grave-bitume GB4 tuelles anomalies qui pourraient fausser l’étude
constituée de granulats de roche massive, de filler d’influence des différents paramètres.
calcaire et bitume pur 35/50.
Des instructions particulières ont été données
aux laboratoires par ticipants, concernant ÉTUDE DE LA DISPERSION
INTRALABORATOIRES
notamment :
• la valeur de MVRe, fournie : 2,640 Mg/m 3/
NF EN 12697-5 Méthode A dans l’eau ; Les résultats d’essais ont été obtenus sur des
• la teneur en vides d’air à obtenir : (6,5 ± 1,5) %/ lots de 4 éprouvettes, conformément à la norme
NF EN 12697-6 Méthode D (géométrique) ; NF EN 12697-26. L’essai complet a été réalisé suc-
• le dépotage du liant : durée et température ; cessivement 4 fois sur le même lot d’éprouvettes.
• la confection de l’enrobé : selon NF EN 12697-35 Pour chaque méthode et chaque laboratoire, on
(juillet 2017) ; dispose donc de 16 mesures individuelles :
• la confection des éprouvettes : 4 éprouvettes x 4 répliques.
– PCG selon NF EN 12697-31 (août 2007) ; Un test d’acceptabilité statistique a été défini en
– ou compacteur de plaques selon NF EN 12697-33 calculant puis comparant les moyennes et écarts-
(septembre 2007) ; types des groupes de 4 éprouvettes (effet réplique),
– ou autre méthode ; puis ceux de 4 répliques (effet éprouvette).
• les essais de module, selon NF EN 12697-26 L’examen complet 5 de cette analyse n’est pas
(juin 2012) : détaillé ici. On en retient principalement que :
– méthodes A, C, D (traction-compression • La mesure de module est globalement très répé-
directe), E (traction directe) ou F (traction indirecte table. Quelle que soit la méthode retenue, on
sinusoïdale) ; relève peu d’écarts entre les 4 répliques. Quand
– température 15 °C ; 10 °C et 15 °C pour la ceux-ci sont statistiquement significatifs, ils
méthode C ; peuvent vraisemblablement être expliqués (modi-
– fréquence / temps : 10 Hz / 124 ms / 0,02 s ; fications opératoires et/ou matérielles inopinées
• le nombre de répliques de l’essai complet : 4. pendant la campagne d’essais) ou relativisés (faible
Les formulaires de résultats ont été renseignés et dispersion intra-réplique qui fausse l’appréciation
transmis de façon confidentielle à la cellule exécu- de la répétabilité inter-répliques).
tive d’EAPIC, pour traitement et établissement du • Au sein d’un même lot, les modules sont souvent
rapport EAPIC 8.2.17. différents : la dispersion intra-lot des valeurs est plus
élevée que celle liée à la répétition de la mesure sur
DONNÉES COLLECTÉES une même éprouvette. Cela est souvent expliqué
En plus des résultats d’essais, le groupe spécialisé a par la sensibilité des valeurs de module aux diffé-
également demandé aux participants de renseigner rences de caractéristiques des éprouvettes, bien
un certain nombre de rubriques techniques rela- que les lots de corps d’épreuve soient constitués
tives à la fabrication de l’enrobé et à la confection pour être homogènes. Toutefois, et de manière sur-
des éprouvettes, et susceptibles d’agir sur la valeur prenante, la constitution d’un lot très homogène en
du module. Les données recueillies concernent les teneurs en vides ne garantit pas une faible disper-
paramètres suivants : sion intra-lot : on ne peut pas établir à partir de ces
• dépotage et nombre de réchauffages du liant ; données de corrélation entre le coefficient de varia-
• température de malaxage de l’enrobé ; tion des vides des lots d’éprouvettes et l’étalement
• type de malaxeur ; des mesures de modules correspondant.
• temps de malaxage à sec ; Enfin, cette analyse confirme a posteriori la néces-
• temps de malaxage humide ; sité des quatre éprouvettes requises par la norme
• temps entre la fin de malaxage et le début de d’essai EN 12697-26 pour obtenir un résultat d’essai
compactage (temps de stockage à chaud) ; de module en réduisant l’effet éprouvette.
• méthode et appareil de compactage ;
• nombre de gâchées par plaque ;
• géométrie et dimensions des éprouvettes ; ÉTUDE DES PARAMÈTRES ISOLÉMENT
• sciage ou moulage ;
• teneur en vides d’air ; La première étape de l’analyse paramétrique a
• âge moyen des éprouvettes entre la confection consisté à examiner pour chacun des paramètres la
et l’essai. possibilité ou non de l’exploiter statistiquement.

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Plusieurs d’entre eux sont écartés à ce stade, en En cas de régression linéaire, r² = R², où R² désigne
­raison d’une qualité insuffisante ou inadaptée des le coefficient de détermination linéaire compris
données recueillies : entre 0 et 1 (couramment présenté sur les gra-
• dépotage et nombre de réchauffages du liant ; phiques de régressions Excel). Il représente la part
• type de malaxeur ; de variabilité expliquée par la régression.
• nombre de gâchées par plaque ; On rappelle que :
• géométrie et dimensions (diamètre) des éprou- • Une corrélation constatée statistiquement
vettes. ­n’implique pas automatiquement de lien physique
La corrélation des autres paramètres avec les de cause à effet.
modules mesurés a été analysée en retenant • Les résultats de cette analyse concernent, pour
pour chaque laboratoire les moyennes des chaque paramètre, la plage des valeurs observées
4 répliques. Les résultats sont présentés séparé- dans la base de données.
ment pour la méthode C à 10 °C et 15 °C, la • Les résultats de cette analyse concernent la
méthode A à 15 °C, et regroupées pour les ­formule de GB4 étudiée.
méthodes D, E et F à 15 °C.
PARAMÈTRES SANS CORRÉLATION STATISTIQUE

MÉTHODE D’ANALYSE La méthode d’analyse de la corrélation statistique


DE LA CORRÉLATION STATISTIQUE retenue 5 conduit à constater dans ces données
Afin de déterminer s’il existe une corrélation signi- (avec une confiance de 95 %) une absence de cor-
ficative entre un paramètre donné et le module, rélation statistique, pour l’ensemble des méthodes
une méthode d’analyse des résultats, fondée sur la A, C, D, E et F, entre le module de l’enrobé et les
statistique de Pearson, a été retenue. paramètres suivants :
La démarche consiste à calculer tout d’abord le • Température de malaxage. La raison principale
coefficient de corrélation linéaire simple « r » de de ce constat est la faible dispersion des tempéra-
Pearson entre deux séries de valeurs (paramètre tures de malaxage, toutes comprises entre 163 et
p/module). Une valeur de r = 0 indique une absence 170 °C, avec une très forte majorité de 165 °C.
totale de corrélation, et une valeur de r proche de • Temps de malaxage à sec. L’effet de ce facteur sur
+ 1 ou - 1 indique une corrélation forte entre les le module est ici difficile à interpréter, la majorité
deux grandeurs. des réponses (32 sur 47) ayant le même temps :
On compare ensuite r avec la valeur lue dans la 30 s, dans une plage allant de 7 à 120 s. Il semble
table de Bravais-Pearson pour un risque d’erreur α insignifiant quelle que soit la méthode de mesure.
donné (ici α = 5 %), en notant rcritique cette valeur. • Temps de malaxage humide. Malgré l’absence de
Si r > rcritique, alors il est possible d’affirmer l’existence corrélation constatée statistiquement, il semble
d’une corrélation significative entre le paramètre que le module augmente légèrement avec ce
étudié et le module. C’est impossible dans le cas ­paramètre dans la plage des valeurs enregistrées
contraire. (50 à 300 s).

–Figure 1–
Effet du temps de stockage à 20 000 20 000
chaud entre la fin du malaxage
18 000 18 000 y = 51,359x + 8768,5
et le compactage sur le module
16 000 16 000 R² = 0,2644
E 10 °C (MPa)

E 15 °C (MPa)

(méthode C à 10 °C et à 15 °C et
méthodes A, D, E et F à 15 °C). 14 000 14 000
12 000 12 000
10 000 y = 68,495x + 12539 10 000
8 000 R² = 0,3253 8 000
6 000 6 000
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Temps de stockage à chaud (min) Temps de stockage à chaud (min)

a) Méthode C à 10 °C b) Méthode C à 15 °C

20 000 20 000
18 000 y = 40,386x + 11704 18 000
R² = 0,1802 y = 8,5264x + 12434
16 000 16 000
R² = 0,0094
E (MPa)
E (MPa)

14 000 14 000
12 000 12 000
Méthode D
10 000 10 000
Méthode E
8 000 8 000
Méthode F
6 000 6 000
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Temps de stockage à chaud (min) Temps de stockage à chaud (min)

c) Méthode A c) Méthode D, E et F

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• Âge des éprouvettes. C’est la durée entre le –Tableau 1–
sciage et le début de l’essai, qui dépend de chaque Analyse de l’existence ou non de corrélation entre le temps de stockage à chaud
et le module.
réplique. Pour mieux appréhender son influence,
il a été considéré que les résultats des répliques Nombre de Degrés de rcritique de Pearson
r Corrélation r2=R2
laboratoires liberté (ddl) à 95 %
1 et 4 correspondaient à l’âge minimal moyen de
20 jours et maximal moyen de 26 jours. L’absence Méthode C 10 °C 20 16 0,5703 0,468 Oui 0,3253

de corrélation statistique avec le module de l’en- Méthode C 15 °C 21 17 0,5141 0,456 Oui 0,2644
robé est constatée pour l’ensemble des méthodes Méthode A 16 12 0,4244 0,532 Non 0,1802
A, C, D, E et F, dans la plage des valeurs enregis- Méthodes D, E et F 11 7 0,0969 0,666 Non 0,0094
trées (0 à 70 jours). Cette plage dépasse pourtant
largement celle prévue par la norme : 14 à 42 jours.
L’augmentation du module à 10 °C et 15 °C est de
TENEUR EN VIDES D’AIR (MESURE GÉOMÉTRIQUE) l’ordre 51 à 68 MPa/min dans la plage des valeurs
Pour les méthodes A et C, la méthode d’analyse de la enregistrées : 2 min à 50 min.
corrélation statistique retenue conduit à constater Le même constat statistique ne peut pas être fait
(avec une confiance de 95 %) une absence de corré- pour les autres méthodes.
lation statistique entre la teneur en vides d’air et le
module de l’enrobé. Or, la teneur en vides est un fac- MODE DE CONFECTION DES ÉPROUVETTES
teur bien connu pour influencer fortement les perfor- Ce paramètre ne concerne que la méthode C, pour
mances mécaniques (dont le module) des enrobés. Le laquelle 11 laboratoires ont moulé les éprouvettes
constat statistique est probablement dû à la relative à la presse à cisaillement giratoire (PCG) et 9 labo-
homogénéité des teneurs en vides (5 à 8 %), qui ne ratoires les ont confectionnées à partir de plaques
permet pas de rendre visible leur effet sur le module. carottées.
Pour les méthodes D, E et F combinées, la même Les effets face sciée ou non sciée ne peuvent pas
démarche conduit à constater (avec une confiance être exploités de façon isolée, car ce paramètre est
de 95 %) une corrélation entre la teneur en vides et étroitement lié à la méthode de compactage, qui
le module de l’enrobé. 45 % (r²) de la diminution du influence également la valeur du module.
module des méthodes D, E et F peut être expliquée L’interprétation des résultats se ramène donc ici
par l’augmentation de la teneur en vides. Cette dimi- à la comparaison entre le compactage giratoire
nution du module est de l’ordre - 710 MPa pour 1 % (interprété comme un moulage et le compactage
de vides d'air dans la plage des valeurs enregistrées. de plaques (impliquant un sciage)), sans pouvoir
séparer l’effet de la machine de compactage
TEMPS ENTRE FIN DE MALAXAGE ET DÉBUT ­(giratoire ou plaque) de celui des faces (sciées ou
DE COMPACTAGE (STOCKAGE À CHAUD) non). Ce paramètre n’ayant dans cette base de
La figure 1 montre l’évolution du module en fonc- ­d onnées que deux « valeurs » (PCG-moulage, et
tion du temps de stockage à chaud de l’enrobé, Plaques-sciage), la méthode d’analyse de la
c’est-à-dire la durée entre la fin du malaxage ­c orrélation statistique déjà décrite n’est pas
humide et le début du compactage. applicable.
Comme précédemment, on applique la méthode La figure 2 montre l’effet très significatif du mode
d’analyse de la corrélation statistique présentée de confection des éprouvettes :
ci-avant. Ses résultats sont fournis dans le tableau 1. • À 10 °C, les éprouvettes confectionnées par com-
Les valeurs de r > r critique indiquent (avec une pactage giratoire / sans sciage ont un module
confiance de 95 %) une corrélation, pour la supérieur de 2 906 MPa (= 15 799 MPa - 12 893 MPa)
méthode C, entre le temps de stockage à chaud et à celles confectionnées au compacteur de plaque/
le module de l’enrobé. 26 à 32 % (r²) de la disper- sciage.
sion du module peut être expliquée par le temps • À 15 °C, cet écart est de 2 133 MPa (= 11 203 MPa
de stockage à chaud de l’enrobé. - 9 070 MPa).

20 000 20 000
–Figure 2–
Effet de l’appareil de
18 000 18 000 compactage et du sciage ou non
15 799
16 000 16 000 sur le module pour la méthode C.
E 10 °C (MPa)

E 15 °C (MPa)

2 906
14 000 14 000
12 893
11 203
12 000 12 000
2 133 9 070
10 000 10 000
8 000 8 000

6 000 6 000
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage

RGRA N° 972 • MAI 2020 63


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À ces deux températures, il représente 20 % de la • moyenne méthode C à 10 et 15 °C / compacteur


valeur PCG-moulage. giratoire sans sciage : 13 501 MPa ;
Ce constat confirme celui de travaux réalisés sur ce • moyenne méthode C à 10 et 15 °C / compacteur
point en 20048 et 20059. de plaques et sciage : 10 850 MPa.
Pour les méthodes A, D, E et F, cet effet n’est pas
analysable, car elles n’ont fait l’objet – sauf pour un DISCUSSION
laboratoire – que d’un seul mode de confection : Plusieurs enseignements peuvent être tirés de
plaque carottées et/ou sciées. l’analyse de cette base de données.

Aspects concernant l’organisation


SYNTHÈSE DES RÉSULTATS de l’essai interlaboratoires
Certains paramètres, notamment le type de
RÉSULTATS TOUTES MÉTHODES CONFONDUES malaxeur, ont été écartés dès le début de l’analyse
La figure 3 présente une synthèse des résultats de car la qualité des données recueillies était insuffi-
l’ensemble des méthodes A, C, D, E et F. Pour la sante. Ce point pourrait être amélioré lors de
méthode C, les résultats à 10 °C et 15 °C sont repré- ­campagnes futures.
sentés. Chaque résultat représente la moyenne des 4 D’autres paramètres influents connus n’appa-
répliques. Les résultats sont classés de gauche à droite raissent pas corrélés au module. C’est notam-
par ordre croissant du module à 15 °C. À la même ment le cas de la teneur en vides des
température (15 °C), on constate une surreprésenta- éprouvettes (méthodes A et C). Cela tient aux
tion de la méthode C à gauche de l’histogramme. conditions mêmes de l’essai interlaboratoires,
Dans la figure 4, sans changer l’ordre des labora- qui imposait ou notait des variations faibles de
toires, on a appliqué pour la méthode C la préconi- ces paramètres, rendant leur influence éven-
sation de la norme NF P 98-086 (§ D.3.1.2.1) : tuelle peu visible, et/ou à l’existence d’autres
calculer la demi-somme des modules à 10 °C et à paramètres plus influents, qui masquent celle
15 °C. Les autres valeurs sont inchangées. Les résul- des premiers.
tats ainsi obtenus toutes méthodes confondues La faible représentation des méthodes D, E et F ne
vont de 8 285 à 16 035 MPa, avec une moyenne de permet pas leur analyse statistique. On note toute-
12 332 MPa et un écart-type de 1 620 MPa. fois qu’elles conduisent à des valeurs moyennes
Si l’on sépare les valeurs par mode de confection très voisines, et proches des moyennes des
pour la méthode C, on obtient : méthodes A et C (10 °C/15 °C).

–Figure 3–
Résultats des modules toutes 20 000
méthodes confondues. Pour la Méthode C : éprouvettes moulées (PCG)
Méthode C : éprouvettes sciées (plaque)
méthode C, 11 résultats sont issus 18 000
°C
d’éprouvettes moulées à 10 Autres méthodes :
la PCG et 9 d’éprouvettes ont 16 000 A, D, E ou F Méthode
°C
°C

été carottées dans des plaques. 15 °C


15
E (MPa)

14 000
10
°C
15

12 000

10 000

8 000

6 000
M28 C
M9 C
M21 C
M2 C
M14 A
M23 C
M15 C
M17 C
M7 C
M26 A
M5 C
M6 C
M12 C
M33 C
M22 C
M18 C
M24 C
M2 A
M27 D
M2 E
M29 E
M8 C
M19 A
M25 C
M19 A
M20 C
M13 A
M13 C
M21 E
M3 A
M21 D
M31 E
M28 A
M21 F
M4 C
M29 A
M21 A
M8 A
M24 A
M28 E
M22 A
M28 D
M28 F
M10 C
M18 A
M25 A
M1 A
M30 E

–Figure 4–
Résultats des modules selon 20 000
la norme NF P 98-086. Méthode C : éprouvettes moulées (PCG) Autres méthodes : A, D, E ou F
18 000 moyenne des modules 10 °C et 15 °C
Méthode C : éprouvettes sciées (plaque) 15 °C
moyenne des modules 10 °C et 15 °C
16 000

14 000
E (MPa)

12 000

10 000

8 000

6 000
M27 D

M21 D

M28 D
M28 C

M21 C

M23 C
M15 C
M17 C

M10 C
M12 C
M33 C
M22 C
M18 C
M24 C

M25 C

M20 C

M13 C
M14 A

M26 A

M19 A

M19 A

M13 A

M28 A

M29 A
M21 A

M24 A

M22 A

M18 A
M25 A
M21 F

M28 F
M29 E

M21 E

M31 E

M28 E

M30 E
M9 C

M2 C

M7 C

M5 C
M6 C

M8 C

M4 C
M2 A

M3 A

M8 A

M1 A
M2 E

64 RGRA N° 972 • MAI 2020


Aspects concernant les spécifications rigidité des enrobés bitumineux, tant pour les
de la norme EN 12697-26 ­techniciens et ingénieurs des laboratoires que pour
La nécessité – d’ailleurs prévue par la norme les rédacteurs de prescriptions. Elles complètent
­d’essai – de moyenner sur 4 éprouvettes pour four- ­utilement les travaux antérieurs réalisés sur ces
nir un résultat d’essai est confirmée. Elle permet méthodes8-10. Outre la nécessité de réaliser 4 éprou-
d’obtenir une répétabilité acceptable : 367 MPa vettes pour fournir un résultat, deux paramètres
pour la méthode A à 15 °C, 526 et 648 MPa pour la ressortent de l’étude avec une influence importante
méthode C à 15 et 10 °C. sur le module obtenu : le temps de stockage de
Deux paramètres influents ressortent de cette l’enrobé avant compactage et le mode de confec-
­analyse : le temps de stockage à chaud de l’enrobé tion des éprouvettes – appareil de compactage,
avant son compactage pour les méthodes A et C, suivi ou non d’un sciage (ou carottage).
et le mode de confection des éprouvettes Ce dernier paramètre n’est visible que pour la
­(compactage et sciage) pour la méthode C. méthode C, les autres méthodes faisant en général
­L’encadrement des valeurs de ces deux paramètres l’objet d’un mode unique de confection. Il conduit
dans les méthodes d’essais définies dans la norme à des valeurs moyennes du module nettement
EN 12697-26 permettrait d’améliorer très sensible- ­d ifférentes en fonction du mode de confection
ment leur reproductibilité. choisi, à 10 °C comme à 15 °C. Cette même diffé-
rence se retrouve donc logiquement sur les
Aspects concernant les spécifications moyennes des résultats à 10 °C et 15 °C. Des solu-
de la norme NF P 98-086 tions peuvent être envisagées pour la mise en
Pour la méthode C, si l’on sépare les valeurs par œuvre de cette méthode C : l’utilisation de correc-
mode de confection, ce qui correspond à la réalité tions déjà pratiquées 9 et/ou la redéfinition des
de la pratique des laboratoires pour une formule conditions d’essai (fréquence, type et géométrie
donnée d’enrobé, on obtient : d’éprouvettes). De nouveaux chantiers à ouvrir
• moyenne méthode C à 10 et 15 °C / compacteur pour que la profession continue d’avancer !
giratoire sans sciage : 13 501 MPa ;
• moyenne méthode C à 10 et 15 °C / compacteur
de plaques et sciage : 10 850 MPa.
L’application de la règle de calcul de la norme NF P RÉFÉRENCES
98-086 conduit donc de manière générale à des
1. Rapport EAPIC 8.1.12 – Détermination du module des enrobés,
valeurs soit surestimées, soit sous-estimées du 20 décembre 2012.
module, ce qui n’est pas satisfaisant. 2. NF EN 12697-26 « Mélanges bitumineux — Méthodes d’essai pour
mélange hydrocarboné à chaud — Module de rigidité », juin 2012.
3. NF P 98-086 « Dimensionnement structurel des chaussées routières
CONCLUSION ET PERSPECTIVES - Application aux chaussées neuves », mai 2019.
4. Rapport EAPIC 8.2.17 – Mesure du module des enrobés, 30 août 2018.
5. I drrim, « Module de rigidité des enrobés : quels facteurs d’influence ?
Cette campagne d’essais interlaboratoires sur la – Analyse d’une base de données », Note d’information Idrrim, 2020.
détermination des valeurs de module a été une 6. I drrim, « EAPIC, pour prouver la compétence des laboratoires »,
Note d’information Idrrim février 2020.
véritable réussite, tant pour le nombre de labora-
7. Référentiel EAPIC, 25 novembre 2014.
toires ayant participé, que pour la qualité des 8. A.E. Hunter and al., «Influence of compaction method on asphalt
mesures réalisées, avec une faible dispersion des mixtureinternal structure and mechanical properties»,
valeurs de teneur en vides et de module de rigidité Eurasphalt & Eurobitume Congress, Vienna, 2004.
9. X. Carbonneau et al., «Mesure du module en compression diamétrale »,
de chaque laboratoire.
RGRA n° 836, février 2005.
L’analyse des données EAPIC 8.2.17 fournit 10. X . Carbonneau, Y. Le Gal, «Mesure du module des enrobés
­plusieurs indications précieuses sur le module de en compression diamétrale », RGRA n° 862, novembre 2007.

RGRA N° 972 • MAI 2020 65

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