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MODULE DE RIGIDITÉ
DES ENROBÉS
QUELS FACTEURS D’INFLUENCE ?
Au sein de l’Idrrim, le groupe spécialisé EAPIC (Essais d’aptitude par intercomparaison)
organise des essais d’aptitude par comparaison interlaboratoires dans le domaine routier.
La série 8.2.17, réalisée en 2017-2018 sur le module des enrobés, a fourni des données
en grand nombre sur de nombreux paramètres pouvant influer sur les résultats d’essais.
L’article fournit les principaux enseignements tirés de leur analyse.
© EIFFAGE
L
À gauche : essai de flexion
en deux points sur des a communauté routière se souvient de série 8.2.17 par un groupe d’experts, issus pour la
éprouvettes trapézoïdales
(NF EN 12697-26 Annexe A 2PB-TR) ; la série EAPIC 8.1.121 sur le module de plupart d’EAPIC et de la Commission de normalisa-
à droite : essai appliquant rigidité des enrobés, réalisée en 2011- tion Essais chaussées (CN EC). Il est consultable
une tension indirecte à 2012. S’agissant d’une caractéristique dans son intégralité sur le site de l’Idrrim, dans une
des éprouvettes cylindriques
(NF EN 12697-26 Annexe C IT- CY). aussi importante pour le dimensionne- note d’information à paraître 5. Ses principaux
ment des chaussées, les valeurs élevées de reproduc- enseignements sont rapportés dans cet article.
tibilité observées alors en avaient inquiété plus d’un.
Quelques années plus tard, le contexte normatif
évoluant – normes d’essai NF EN 12697-26 2 et PRÉSENTATION DE LA SÉRIE EAPIC 8.2.17
AUTEURS dimensionnement NF P 98-0863 notamment –, il
importait d’organiser une nouvelle série EAPIC sur PRÉSENTATION D’EAPIC
Ciryle Somé
Cerema cette méthode d’essai, pour apprécier une éven- Le groupe spécialisé EAPIC est né fin 2001 du
Membre d’EAPIC tuelle évolution dans les pratiques des laboratoires. besoin des laboratoires d’essais routiers – notam-
Membre de la CN EC
La série 8.2.17, réalisée en 2017-2018 sur une for- ment ceux engagés dans des démarches qualité –
Michel Saubot
Eiffage mule proche des usages courants, répond à cette de prouver leur aptitude à réaliser les essais qu’ils
Secrétaire général d’EAPIC attente. Le rapport EAPIC 8.2.17 (août 2018)4 fournit pratiquent6-7. En 2010, il s’est tout naturellement
Membre de la CN EC
des valeurs de fidélité en amélioration pour les intégré dans l’Idrrim, au sein de son comité opéra-
Paul Marsac
Université Gustave Eiffel méthodes les plus répandues : A (flexion 2 points) tionnel Qualification Comparaison interlaboratoires
Président de la CN EC
et C (traction indirecte impulsionnelle). Leur repro- (COQC), certifié ISO 9001.
Christophe Priez
Colas ductibilité demeure toutefois élevée, ce qui justifie Composé de représentants d’organismes publics et
Membre d’EAPIC un travail d’analyse des causes de cette dispersion. privés, il organise des essais d’aptitude par compa-
Frédéric Delfosse Pour rendre possible cette analyse, EAPIC a fait évo- raison interlaboratoires portant sur les principaux
Eurovia
Membre d’EAPIC luer sa pratique : le formulaire de réponse des labo- essais du domaine routier 6. Ses rapports émis
Jean-François Gal ratoires est depuis plusieurs années complété de depuis 2011 sont consultables sur le site de l’Idrrim.
Routes de France
Membre de la CN EC
nombreuses questions techniques sur leurs pra-
Guillaume Gaillard tiques opératoires. Les données ainsi recueillies DÉROULEMENT DE LA SÉRIE EAPIC 8.2.17
Braja-Vésigné sont compilées sous couvert d’anonymat, en vue Pour organiser cette série, le groupe spécialisé a
Membre de la CN EC
d’analyses ultérieures. Ce travail sur les facteurs modifié certains éléments techniques par rapport
Julien Van Rompu
Eiffage d’influence du module vient d’être réalisé pour la à la série 8.1.12. Ainsi, la formule d’enrobé choisie
Plusieurs d’entre eux sont écartés à ce stade, en En cas de régression linéaire, r² = R², où R² désigne
raison d’une qualité insuffisante ou inadaptée des le coefficient de détermination linéaire compris
données recueillies : entre 0 et 1 (couramment présenté sur les gra-
• dépotage et nombre de réchauffages du liant ; phiques de régressions Excel). Il représente la part
• type de malaxeur ; de variabilité expliquée par la régression.
• nombre de gâchées par plaque ; On rappelle que :
• géométrie et dimensions (diamètre) des éprou- • Une corrélation constatée statistiquement
vettes. n’implique pas automatiquement de lien physique
La corrélation des autres paramètres avec les de cause à effet.
modules mesurés a été analysée en retenant • Les résultats de cette analyse concernent, pour
pour chaque laboratoire les moyennes des chaque paramètre, la plage des valeurs observées
4 répliques. Les résultats sont présentés séparé- dans la base de données.
ment pour la méthode C à 10 °C et 15 °C, la • Les résultats de cette analyse concernent la
méthode A à 15 °C, et regroupées pour les formule de GB4 étudiée.
méthodes D, E et F à 15 °C.
PARAMÈTRES SANS CORRÉLATION STATISTIQUE
–Figure 1–
Effet du temps de stockage à 20 000 20 000
chaud entre la fin du malaxage
18 000 18 000 y = 51,359x + 8768,5
et le compactage sur le module
16 000 16 000 R² = 0,2644
E 10 °C (MPa)
E 15 °C (MPa)
(méthode C à 10 °C et à 15 °C et
méthodes A, D, E et F à 15 °C). 14 000 14 000
12 000 12 000
10 000 y = 68,495x + 12539 10 000
8 000 R² = 0,3253 8 000
6 000 6 000
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Temps de stockage à chaud (min) Temps de stockage à chaud (min)
a) Méthode C à 10 °C b) Méthode C à 15 °C
20 000 20 000
18 000 y = 40,386x + 11704 18 000
R² = 0,1802 y = 8,5264x + 12434
16 000 16 000
R² = 0,0094
E (MPa)
E (MPa)
14 000 14 000
12 000 12 000
Méthode D
10 000 10 000
Méthode E
8 000 8 000
Méthode F
6 000 6 000
0 10 20 30 40 50 60 0 10 20 30 40 50 60
Temps de stockage à chaud (min) Temps de stockage à chaud (min)
c) Méthode A c) Méthode D, E et F
de corrélation statistique avec le module de l’en- Méthode C 15 °C 21 17 0,5141 0,456 Oui 0,2644
robé est constatée pour l’ensemble des méthodes Méthode A 16 12 0,4244 0,532 Non 0,1802
A, C, D, E et F, dans la plage des valeurs enregis- Méthodes D, E et F 11 7 0,0969 0,666 Non 0,0094
trées (0 à 70 jours). Cette plage dépasse pourtant
largement celle prévue par la norme : 14 à 42 jours.
L’augmentation du module à 10 °C et 15 °C est de
TENEUR EN VIDES D’AIR (MESURE GÉOMÉTRIQUE) l’ordre 51 à 68 MPa/min dans la plage des valeurs
Pour les méthodes A et C, la méthode d’analyse de la enregistrées : 2 min à 50 min.
corrélation statistique retenue conduit à constater Le même constat statistique ne peut pas être fait
(avec une confiance de 95 %) une absence de corré- pour les autres méthodes.
lation statistique entre la teneur en vides d’air et le
module de l’enrobé. Or, la teneur en vides est un fac- MODE DE CONFECTION DES ÉPROUVETTES
teur bien connu pour influencer fortement les perfor- Ce paramètre ne concerne que la méthode C, pour
mances mécaniques (dont le module) des enrobés. Le laquelle 11 laboratoires ont moulé les éprouvettes
constat statistique est probablement dû à la relative à la presse à cisaillement giratoire (PCG) et 9 labo-
homogénéité des teneurs en vides (5 à 8 %), qui ne ratoires les ont confectionnées à partir de plaques
permet pas de rendre visible leur effet sur le module. carottées.
Pour les méthodes D, E et F combinées, la même Les effets face sciée ou non sciée ne peuvent pas
démarche conduit à constater (avec une confiance être exploités de façon isolée, car ce paramètre est
de 95 %) une corrélation entre la teneur en vides et étroitement lié à la méthode de compactage, qui
le module de l’enrobé. 45 % (r²) de la diminution du influence également la valeur du module.
module des méthodes D, E et F peut être expliquée L’interprétation des résultats se ramène donc ici
par l’augmentation de la teneur en vides. Cette dimi- à la comparaison entre le compactage giratoire
nution du module est de l’ordre - 710 MPa pour 1 % (interprété comme un moulage et le compactage
de vides d'air dans la plage des valeurs enregistrées. de plaques (impliquant un sciage)), sans pouvoir
séparer l’effet de la machine de compactage
TEMPS ENTRE FIN DE MALAXAGE ET DÉBUT (giratoire ou plaque) de celui des faces (sciées ou
DE COMPACTAGE (STOCKAGE À CHAUD) non). Ce paramètre n’ayant dans cette base de
La figure 1 montre l’évolution du module en fonc- d onnées que deux « valeurs » (PCG-moulage, et
tion du temps de stockage à chaud de l’enrobé, Plaques-sciage), la méthode d’analyse de la
c’est-à-dire la durée entre la fin du malaxage c orrélation statistique déjà décrite n’est pas
humide et le début du compactage. applicable.
Comme précédemment, on applique la méthode La figure 2 montre l’effet très significatif du mode
d’analyse de la corrélation statistique présentée de confection des éprouvettes :
ci-avant. Ses résultats sont fournis dans le tableau 1. • À 10 °C, les éprouvettes confectionnées par com-
Les valeurs de r > r critique indiquent (avec une pactage giratoire / sans sciage ont un module
confiance de 95 %) une corrélation, pour la supérieur de 2 906 MPa (= 15 799 MPa - 12 893 MPa)
méthode C, entre le temps de stockage à chaud et à celles confectionnées au compacteur de plaque/
le module de l’enrobé. 26 à 32 % (r²) de la disper- sciage.
sion du module peut être expliquée par le temps • À 15 °C, cet écart est de 2 133 MPa (= 11 203 MPa
de stockage à chaud de l’enrobé. - 9 070 MPa).
20 000 20 000
–Figure 2–
Effet de l’appareil de
18 000 18 000 compactage et du sciage ou non
15 799
16 000 16 000 sur le module pour la méthode C.
E 10 °C (MPa)
E 15 °C (MPa)
2 906
14 000 14 000
12 893
11 203
12 000 12 000
2 133 9 070
10 000 10 000
8 000 8 000
6 000 6 000
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
PCG-moulage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
Plaque-sciage
–Figure 3–
Résultats des modules toutes 20 000
méthodes confondues. Pour la Méthode C : éprouvettes moulées (PCG)
Méthode C : éprouvettes sciées (plaque)
méthode C, 11 résultats sont issus 18 000
°C
d’éprouvettes moulées à 10 Autres méthodes :
la PCG et 9 d’éprouvettes ont 16 000 A, D, E ou F Méthode
°C
°C
14 000
10
°C
15
12 000
10 000
8 000
6 000
M28 C
M9 C
M21 C
M2 C
M14 A
M23 C
M15 C
M17 C
M7 C
M26 A
M5 C
M6 C
M12 C
M33 C
M22 C
M18 C
M24 C
M2 A
M27 D
M2 E
M29 E
M8 C
M19 A
M25 C
M19 A
M20 C
M13 A
M13 C
M21 E
M3 A
M21 D
M31 E
M28 A
M21 F
M4 C
M29 A
M21 A
M8 A
M24 A
M28 E
M22 A
M28 D
M28 F
M10 C
M18 A
M25 A
M1 A
M30 E
–Figure 4–
Résultats des modules selon 20 000
la norme NF P 98-086. Méthode C : éprouvettes moulées (PCG) Autres méthodes : A, D, E ou F
18 000 moyenne des modules 10 °C et 15 °C
Méthode C : éprouvettes sciées (plaque) 15 °C
moyenne des modules 10 °C et 15 °C
16 000
14 000
E (MPa)
12 000
10 000
8 000
6 000
M27 D
M21 D
M28 D
M28 C
M21 C
M23 C
M15 C
M17 C
M10 C
M12 C
M33 C
M22 C
M18 C
M24 C
M25 C
M20 C
M13 C
M14 A
M26 A
M19 A
M19 A
M13 A
M28 A
M29 A
M21 A
M24 A
M22 A
M18 A
M25 A
M21 F
M28 F
M29 E
M21 E
M31 E
M28 E
M30 E
M9 C
M2 C
M7 C
M5 C
M6 C
M8 C
M4 C
M2 A
M3 A
M8 A
M1 A
M2 E