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LA JUSTICE DE DIEU

Lecture

Juste = « tsaddiq ». Conformité à une norme, loyauté communautaire, notion d’ordre convenable.
Plus généralement, caractérise les actes, personnes ou choses qui correspondent à ce qui peut être
attendu d’eux.

1. PSAUMES & LIVRE DES LAMENTATIONS

La justice de Dieu.

Une vertu en tant que Juge et Roi. Il fait régner la justice, délivre ceux qui sont injustement
opprimés par leurs ennemis ou par la loi, garantissant le bien-être et la liberté des justes, et même
une vie d’abondance pour eux. La justice est attendue de Dieu par l’ensemble de la création - les
cieux et la terre, la mer, les champs, les forêts, les rivières et les montagnes.

Le jugement de Dieu est équitable (« messarim »), et c’est une bénédiction. Mais il ne se limite pas
à administrer la justice, comme si l’application de la loi l’intéressait plus que les humains. En
témoigne l’adjonction récurrente à ses verdicts de termes comme « amour », « vérité », « fidélité »,
« paix », « bonté » et « compassion », et le terme « son salut » utilisé comme quasi-synonyme de sa
justice. La justice de Dieu est même perçue comme le fondement sur lequel les plus terribles
péchés peuvent être pardonnés.

Dieu est donc juste parce qu’il traite sa création d’une manière qui peut être attendue de lui sur la
base de ses promesses, de son alliance avec Abraham, Moïse et David, comme le présuppose
l’expression récurrente « mon Dieu », ou « notre Dieu ».

Ainsi, et aussi surprenant que ça puisse paraître, on peut remarquer l’absence relative du concept
de justice punitive dans l’Ancien Testament, ou tout du moins que la visée de la justice de Dieu est
surtout la rédemption de son peuple. Bien que la punition existe, elle ne constitue pas le seul ni
même le premier motif de l’intervention de Dieu.

Un cadeau. Les psalmistes demandent à Dieu que leur roi terrestre (et par extension, leurs
dirigeants, y compris religieux) soient justes, afin de faire régner la justice et d’amener le salut et la
prospérité dans le pays.

La justice du peuple.

Respect de la loi. Tous ceux qui sont à des postes d’autorité doivent, comme Dieu, faire régner la
justice. S’ils faillent à leur devoir, le faible et le pauvre deviendront victimes d’injustices et Dieu leur
viendra en aide en faisant tomber les dirigeants.

Vie quotidienne. On contraste les justes et les injustes. Les premiers se confient en Dieu, aiment ses
commandements, recherchent le bien d’autrui en partageant leurs biens avec eux, leurs paroles sont
sagesse et vérité. Souvent, les justes sont parmi les faibles et les pauvres tandis que les injustes sont
parmi les puissants et les riches. Mais même s’ils sont un temps dans le besoin, les justes on une
position plus avantageuse, parce qu’au final ils prospèreront.
Conflits. De nombreux psaumes et lamentations évoquent des conflits entre les justes et les injustes.
Les auteurs se considèrent parmi les justes, dans le sens où ils sont victimes d’une oppression
injustifiée, et plus largement à cause de leur loyauté à Dieu, qui se manifeste tant dans leur respect
des commandements que dans le fait même qu’ils adressent leur prière à Dieu.

En aucun cas les « justes » ne se considèrent « sans péché », au contraire ils affirment même que
« devant Dieu, personne n’est sans péché ». Leur « justice » sert à motiver une attente, que Dieu les
traite avec justice, c’est-à-dire selon ses promesses de sauver ceux qui s’en remettent à lui des griffes
mortelles des injustes.

2. LIVRE DES PROVERBES

Un don de sagesse. La justice pourra être acquise par ceux qui sont prêts à écouter les proverbes de
Salomon, de même que la sagesse, la discipline, la perspicacité, l’équité, la connaissance, etc. Ce livre
s’adresse au moins en partie à des futurs dirigeants.

Une fontaine de vie. Les caractéristiques du juste : vérité, recul, sagesse, bonté, générosité envers
ses prochains (notamment les pauvres) et envers les animaux, et comptant sur Dieu plutôt que sur
ses propres ressources.

Les proverbes mentionnent tous les effets bénéfiques de ce comportement : délivrance de la mort,
des troubles et de la condamnation, sécurité, prospérité, abondance, accomplissement, joie et
honneur... et bien que la justice vaille plus que les richesses, le juste n’en sera pas dépourvu.

Souvent, le texte n’assigne pas explicitement ce résultat à une intervention divine. La justice, comme
l’injustice, semblent entraîner logiquement et mécaniquement leurs propres conséquences ; ou
plutôt que les bonnes et mauvaises actions créent une sphère d’influence au sein de laquelle les
conséquences inhérentes de ces actions prennent effet. Cela n’exclue pourtant pas Dieu, ou peut-
être en tant que juge, mais les auteurs le présupposent en tant qu’architecte de ces conséquences
inhérentes et de leur visée.

Quoi qu’il en soit, le mode d’implication de Dieu n’est pas le sujet central du livre. Plutôt, il s’agit
d’exprimer la conviction que la justice sera récompensée, et que l’injustice mènera au désastre
(même s’il faut attendre un certain temps).

3. LIVRE DE L’ECCLÉSIASTE

C’est précisément cette conviction du livre des Proverbes qui est remise en question dans
l’Ecclésiaste. L’auteur sait que Dieu juge les justes et les injustes, et que les injustes vont en pâtir,
pourtant il note que les justes et les injustes partagent le même destin ici-bas. Parfois les justes
reçoivent ce que les injustes méritent, et inversement.

L’idée est que ce que l’on voit ne correspond pas forcément à ce qui devrait être. D’ailleurs, l’auteur
prévient aussi d’un zèle excessif dans la recherche de justice et de sagesse, qui peuvent mener à la
confusion et la destruction car cela passe outre le fait que rien sur terre ne peut être fait qui soit bon
et juste au point de ne pas être entaché par le péché. De plus, cela repose sur une vision trop
flatteuse de ce que les humains peuvent accomplir, par contraste à l’humilité de ceux qui craignent
Dieu.

Ainsi, malgré les divergences, le livre des Proverbes et celui de l’Ecclésiaste s’accordent sur un point :
la seule attitude qui mène au bien-être est la crainte de Dieu.

4. LIVRE DE JOB

Le dialogue entre Job et ses amis peut être interprété comme un débat sur la justice. Job peut-il être
reconnu coupable d’injustice ? Et sinon, comment comprendre son malheur si Dieu est juste ?
Les amis de Job commencent par remarquer qu’aucun homme n’est juste devant Dieu - autrement
dit, Dieu perçoit les manquements qui méritent d’être punis même chez ceux qui sont aussi pieux
que Job. Ensuite, ils se mettent à l’accuser de nombreuses injustices.

Job affirme à son tour qu’aucun mortel ne peut être juste devant Dieu, mais pas dans le même sens
que ses amis. Ce qu’il veut dire, c’est que même s’il est innocent, Dieu le déclarera coupable. Si Job
veut contester cela, Dieu est tellement puissant qu’il gagnera à tous les coups. Parallèlement, Job
maintient qu’il est juste et refuse de nier son intégrité, comme le montre plusieurs de ses
monologues, notamment son vœu d’innocence : il a aidé les pauvres et les nécessiteux, suivi les
commandements de Dieu, il a la conscience tranquille.

Ceci est confirmé par le narrateur et Dieu lui-même. Ainsi, si la vision traditionnelle des amis de Job
est vraie, Job se doit de conclure qu’il souffre d’une injustice aux mains de Dieu. Or le seul moyen de
s’en sortir serait que Dieu lui-même intervienne comme juge pour l’innocenter devant ses amis... et
devant Dieu. Malgré son scepticisme quant à cette possibilité, c’est finalement ce que Job demande à
Dieu à la fin de sa défense. Ici, la justice dont se prévaut Job est légale plutôt que morale, autrement
dit, il s’agit plutôt d’être innocent ou d’être justifié dans une situation spécifique.

Au final, Dieu répond à la demande de Job et s’exprime, commençant par de nombreuses questions
critiques dirigées contre Job. Pourtant il ne remet jamais en question ce que Job a dit de son propre
comportement, et ne soutient pas non plus l’opinion des amis de Job. Ce que Dieu reproche à Job est
d’en être venu à maintenir sa propre justice aux dépens de la justice de Dieu. Job renonce donc à ses
propos audacieux.

Ainsi, le but des paroles divines est que Dieu est tellement noble que les humains doivent croire par
la foi qu’il agit de manière juste, même s’ils sont troublés par la façon dont il les traite, et même s’il
ne leur révèle pas les raisons pour lesquelles il agit ainsi.

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