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INTRODUCTION

La question de Dieu et le mal nous amène aux origines de l’humanité mais nous
poursuivons notre réflexion tout en rappelant qu’il est impossible, dans l’absolu, de
trouver une réponse totalement satisfaisante à cette question. Du fait qu’elle soulève
plusieurs interrogations au centre de préoccupations majeures de l’existence.
Toutefois, il n’est pas déraisonnable de chercher des éléments de réponse. Même si le
défi nous paraît démesuré, notre intelligence et notre cœur peuvent être mobilisés.
Nous aborderons ce sujet sur deux axes essentiels. A savoir, l’origine du mal et
l’attitude de Dieu face au mal ou souffrance. En d’autres termes, soit Dieu est l’auteur
de la souffrance, soit le mal provient de l’homme.

Dans un premier temps, nous allons explorer l’origine du mal puis nous
continuerons dans cette même direction en tentant de parler de la vision de Dieu à
propos de la souffrance ou mal.

Cette démarche a pour humble vocation d’essayer de répondre en d’autres termes la


question de savoir pourquoi un Dieu bon et d’amour peut permettre le mal ?
I) Définition

1- Dieu

Dieu est l'être suprême, unique, transcendant, universel, créateur de toutes choses,
doté d'une perfection absolue, constituant le principe de salut pour l'humanité.

2- Le mal

Le mal ne se définit pas, il n’est pas un mystère au sens strict de ce qui dépasse notre
compréhension par sa plénitude d’être (comme le mystère de la Sainte Trinité). Au
contraire le mal est en deçà de notre intelligibilité. On essaie cependant, pour pouvoir
avancer et répondre à nos contemporains, de dire quelque chose du mal : il est
comme un trou, un manque, une absence de bien et d’être. Mais il n’est pas
seulement une absence : Un mal est donc plus qu’un manque, il est une privation :
l’absence d’un bien qui, normalement, devrait être possédé.

II) L’Origine du mal


1- La Bible

Nous nous posons alors la question suivante : d’où vient la souffrance si un Dieu bon
a créé le monde ? Cette question nous amène aux origines de l’humanité. Dieu avait
créé un cadre de vie magnifique pour l’Homme, sans souffrance. Mais l’humanité a
décidé de tourner le dos à Dieu, de lui désobéir. Cette rébellion contre Dieu a
provoqué plusieurs ruptures dans les relations : rupture dans la relation de l’Homme
avec Dieu, rupture dans la relation des hommes entre eux, rupture dans la relation
de l’Homme avec lui-même et rupture dans la relation de l’Homme avec la nature [1.
On peut voir ces différentes dimensions dans le récit de la rupture entre Dieu et
l’homme au chapitre 3 du livre la Genèse, premier livre de la Bible.]. Ces différentes
cassures provoquent la souffrance. L’Homme souffre de la relation brisée avec Dieu,
source de sa vie.

2- La liberté

Dieu n’a pas créé un monde fermé, auquel lui seul aurait accès. Il ne l’a pas non plus
créé parfait. Il l’a fait ouvert à de nombreuses possibilités et perfectible. Il a créé les
hommes et les femmes pour qu’ils l’habitent et le complètent par leur génie. Il nous a
fait de nous des êtres intelligents et libres et nous a laissé l’espace nécessaire pour
développer nos talents. L’humanité l’a été dès le début, depuis l’acte qui est la racine
de tous les maux. Tout ce qui existe de mauvais dans le monde découle d’un mauvais
usage de la liberté, de notre capacité à détruire les œuvres de Dieu en nous-mêmes,
chez les autres et dans la nature. Ce faisant, nous nous coupons de Dieu, notre cœur
s’obscurcit, jusqu’à faire un enfer de notre vie et de la vie des autres.
3- Les formes du mal

On distingue:

– le mal de nature : les « désordres » que nous constatons dans la nature, qui
s’inscrivent toutefois dans un ordre naturel global,

– le mal de l’homme (comme personne libre, responsable), qui se divise encore dans

– le mal du péché ou mal de faute, l’absence de rectitude, le fait pour l’homme de


se détourner de la loi de Dieu,

– le mal de peine, sa conséquence, une privation, contraire à notre volonté, subie


en réparation du mal de faute.

- La souffrance comme épreuve ou comme purification

Mais alors, le mal-il est toujours le fruit direct de la faute ? Il faut d’abord clarifier la
nature du mal. En soi, le mal n’est que l’autre face du bien, celle qu’offre la réalité
lorsque le bien manque, lorsque je ne suis pas tel que je devrais être et que ce qui
devrait être présent ne l’est pas. Le mal est privation, il n’a pas d’entité positive, il
n’est que négativité et a besoin de s’accrocher au bien pour exister. Nous souffrons en
faisant l’expérience de l’absence du bien. Il va sans dire que la faute, la nôtre comme
celle d’autrui, cause toujours un dommage ; cependant, souffrir d’un mal ne signifie
pas toujours être coupable.

Dans la Sainte Écriture le livre de Job traite le problème en profondeur. Le Seigneur


lui a envoyé des malheurs à Job. Ses amis veulent le persuader qu’ils sont la
conséquence de ses péchés, de son injustice. Même si c’est souvent le cas, tout délit
méritant sa peine, ce qui semble logique selon l’ordre humain comme dans l’ordre
divin, le cas de Job nous montre que les justes et les innocents peuvent souffrir eux
aussi. Se référant à ce livre saint, saint Jean Paul II a écrit ceci : « S’il est vrai que la
souffrance a un sens comme punition lorsqu’elle est liée à la faute, il n’est pas vrai au
contraire que toute souffrance soit une conséquence de la faute et ait un caractère de
punition.» De facto, pour Job sa souffrance a supposé une épreuve pour sa foi,
épreuve dont il est sorti plus fort. Parfois, Dieu nous met à l’épreuve, mais il nous
donne toujours sa grâce pour vaincre et il cherche la manière de nous faire grandir
dans l’amour, puisque tel est le sens ultime du bien.

D’autres fois, la souffrance a un sens de purification. Il en a été ainsi pour Israël au


temps de Moïse, alors que le peuple était versatile et capricieux. Dieu l’a purifié au
moyen d’un long voyage à travers le désert pour le former jusqu’à ce qu’il soit
capable d’entrer dans la terre promise et de reconnaître la fidélité de Dieu à sa parole.
Souvent, dans la Providence divine, la souffrance acquiert une valeur équivalente,
purificatrice. Certaines personnes, absorbées dans les tracas de la vie, ne se posent
pas les questions décisives tant qu’une maladie, un revers financier ou familial ne les
amène pas à se poser des questions de fond. Fréquemment, un changement se
produit, une conversion ou une amélioration, ou une ouverture aux besoins du
prochain. Alors la souffrance est aussi une pédagogie de Dieu : il veut que l’homme
ne se perde pas ni ne se dissipe dans les délices du chemin ou dans les ambitions
mondaines. Par conséquent, même si la vie de chacun connaît sa dose de mal, avec
laquelle la Providence divine compte, ce mal se révèle en dernière instance bénéfique
pour l’homme.

- La souffrance dans la nature

Sous cet éclairage, la souffrance naturelle, présente et comme inscrite dans notre
environnement créé trouve aussi un sens : la fatigue, compagne de l’effort pour
apprendre et progresser, la caducité des êtres qui vieillissent et meurent, l’absence
d’harmonie des phénomènes naturels (qui s’imposent en démolissant l’ordre de la
création). Des souffrances inévitables, bien présentes dans la nature, que nous ne
dominons ni ne contrôlons. Lorsque nous contemplons une nature déchaînée, nous
devons penser que le Seigneur nous y présente la figure d’un monde où il ne peut
pas régner

Parfois, ce sont de maux nécessaires pour l’existence d’autres biens. Saint Thomas
propose, par exemple, l’exemple du lion qui ne peut pas subsister sans chasser l’âne
ou un autre animal. Or, fréquemment, les biens découlant des événements tragiques
de la nature restent cachés à nos yeux. Il n’est pas facile de comprendre pourquoi
Dieu les permet, ou pourquoi il a créé un univers comportant la destruction et dont
nous pourrions parfois penser qu’il n’est pas gouverné par la Bonté et par l’Amour.
Nous pouvons éventuellement le comprendre en considérant qu’en règle générale la
destruction entraînée par les phénomènes naturels se rapporte, selon le dessein
créateur, à notre liberté et à notre capacité de rejeter Dieu.

Notre habitat, qui nous émerveille si souvent par sa beauté, le monde physique, peut
aussi devenir un lieu horrible, de la même façon que notre cœur, fait pour aimer
Dieu et avoir le ciel en lui, peut devenir un lieu triste et obscur : s’il se laisse aller aux
mauvaises graines semées par le diable. Si bien que lorsque nous contemplons une
nature déchaînée provoquant des destructions sans ménagement sans une ombre de
justice, nous devons penser que le Seigneur nous y présente la figure d’un monde où
il ne peut pas régner et d’un cœur qui rejette l’amour et la justice. Le lien profond
entre la création et l’homme, établi pour qu’il le garde (Genèse 2, 15) apparaît aussi
dans ce désordre.

Comme les hommes, « la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un
enfantement qui dure encore » (Romains 8, 22), car elle participe du projet créateur et
rédempteur de Dieu. Elle aussi « a gardé l’espérance d’être libérée de l’esclavage de
la dégradation et de connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu »
(Romains 8, 21)

III) SILENCE DE DIEU FACE AU MAL

1- Le silence de Dieu, une expression de sa proximité compatissante

De par sa nature, l’homme vit une certaine incapacité foncière de percevoir le


langage divin, la lumière de Dieu et la parole jaillissant de la sagesse souveraine. Ce
phénomène rend parfois impossible la rencontre consciente de Dieu et de l’homme
car les sens se révèlent souvent incapables de recevoir sur-le-champ le message divin.
13 Lorsque cela se passe au milieu des épreuves, le problème est de s’assurer si Dieu
s’intéresse à l’homme. Est-ce que Dieu apparemment silencieux au cœur du drame
humain, se soucie-t-il aux agonisants écrasés de souffrances? La gloire de Dieu est
l’homme vi vant 14 car ce ne sont pas les morts qui louent Yahvé (Psaumes 115, 17).
Avec cette affirmation qui ravive l’espérance et la rédemption de l’humanité la
confession biblique renverse le dogme fondamental de la critique religieuse
moderne: Dieu n’est pas mort, il est un Dieu vivant.

L’un des exemples remarquables est l’épisode de la résurrection de Lazare (Jean 11).
Jésus extériorise sa compassion envers la famille de Lazare qu’il aimait
profondément jusqu’à pleurer devant son sépulcre. En réalité, cet épisode devrait
nous apprendre à avoir la ferme conviction d’être, en permanence, intimement uni à
Dieu dans toutes les réalités de notre existence comme Jésus-Christ qui nous
témoigne son union avec son Père: «je ne suis pas seul: le Père est avec moi» (Jean 16,
32). Or Jésus-Christ révèle l’homme. Cette conviction devrait être partagée par
chaque personne humaine. L’homme n’est jamais seul dans l’épreuve, parce qu’il
jouit de la présence et du réconfort compatissant du Père. Comme le bon samaritain
Dieu a la compassion pour nous et «aucun être humain n’est frappé par la souffrance
sans que Dieu le soit en lui, avant lui, et pour lui». Dieu nous est silencieusement
proche et partage notre souffrance. La non-reconnaissance est une expérience
particulière, celle d’une présence qui est ressentie comme son contraire.

2- Le silence de Dieu, un silence d’amour et de miséricorde

Le chant du serviteur souffrant dont parle le prophète Isaïe nous témoigne combien
les persécutions qu’endure cet homme de foi avec une grande patience le font
percevoir la bienveillance de Dieu envers lui d’où l’espérance que le salut lui est si
proche: «J’ai tendu le dos à ceux qui me frappaient, et les joues à ceux qui
m’arrachaient la barbe, je n’ai pas soustrait ma face aux outrages et aux crachats. Le
Seigneur Yahvé va me venir en aide, c’est pourquoi je ne me suis pas laissé abattre,
c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme la pierre, et je sais que je ne serai
pas confondu. Il est proche, celui qui me justifie» (Isaïe 50, 6-8). En effet, de même
que Dieu réconforte silencieusement ce serviteur «frappé pour le crime de son
peuple» (Isaïe 53, 8), il ne peut jamais abandonner ses autres enfants qui souffrent
dans la force de l’âge. Mais il les accompagne, il les protège et souffre avec nous par
ce fait même qu’il est avant nous touché par nos plaintes douloureuses. En réalité, il
est vrai qu’une mère en pleine bonne santé peut vivre l’agonie de son enfant malade
plus douloureusement que l’enfant lui-même, seulement en raison de son amour
maternel. Mais une mère ne peut jamais être plus miséricordieuse et compatissante
que Dieu. D’ailleurs, le Seigneur lui-même nous assure que même si les mères
oublieraient leurs enfants, Lui, il ne nous oubliera jamais (Isaïe 49, 15-17).

Avec une tendresse de Père: Dieu ne réussit pas à ne pas nous aimer, il ne réussit pas
à se détacher de nous. Son silence à l’égard de nos souffrances n’est qu’apparent. Ce
n’est pas un silence de passivité car Dieu ne peut pas ne pas agir. Ce n’est pas aussi
un silence d’indifférence, d’abandon, mais plutôt d’amour, de compassion, et de
miséricorde. Bien plus, c’est dans son silence qu’il nous apporte le salut. Le Christ
notre sauveur miséricordieux s’est fait chair et est né dans une nuit paisible et
silencieuse. C’est dans le silence qu’il a vaincu la mort en face de laquelle la
souffrance humaine atteint son sommet funeste. Il nous a merveilleusement ouvert
les portes du ciel dans le silence, et c’est dans le silence du ciel qu’il nous attend dans
cette vie éternelle où nous ne rencontrerons plus d’épreuve, plus de douleur, plus de
souffrance car il s’agit bel et bien du repos dans la paix.

3- Le silence de Dieu, une grâce pour que l’homme se convertisse.

La maladie par exemple, même si elle est une terrible et douloureuse réalité, elle peut
devenir un chemin vers Dieu, un chemin de maturité et de structuration intérieure
voire une occasion de constituer en nous cet homme parfait, dans la force de l’âge,
qui réalise la plénitude du Christ. Après tout cela, un homme éprouvé et converti
peut remercier Dieu dans une prière pareille à celle-ci: «Tu m’as corrigé, j’ai subi la
correction, comme un jeune taureau non dressé. Fais-moi revenir, que je revienne, car
tu es Yahvé mon Dieu! Car après m’être détourné je me suis repenti, j’ai compris et je
me suis frappé la poitrine. J’étais plein de honte et je rougissais; oui, je portais sur
moi l’opprobre de ma jeunesse» (Jérémie 31, 18-19).

À vrai dire, cet homme dont les épreuves ont spirituellement et moralement redressé
peut chanter comme le psalmiste ces paroles magnifiques: «Avant d’être affligé je
m’égarais, maintenant j’observe ta promesse. Un bien pour moi, que d’être affligé
afin d’apprendre tes volontés» (Psaumes 119, 67; 71). À ce niveau, l’homme peut se
réconcilier véritablement avec Dieu et demeurer dans son amour en gardant fidèles
ses commandements même au cours des épreuves les plus précaires dans lesquelles
il est capable de faire preuve d’une grande foi en Dieu comme nous allons l’élucider.
4- Le silence de Dieu, un temps pour apprendre la brièveté de notre existence
terrestre

Outre qu’elle nous offre cette opportunité d’achever dans notre chair ce qui manque
aux tribulations de Jésus-Christ, la souffrance est aussi indispensable pour guérir
l’enflure de notre superbe en nous dérobant l’illusion que nous sommes autre chose
que la poussière. Elle nous apprend que nous sommes misérables et pauvres,
aveugles et nus; sans Dieu nous ne subsisterions pas même un instant. Il faut savoir
donc abandonner toutes les réalités fugitives et tourner les yeux vers les trésors
éternels du ciel, nécessaires voire essentiels car le temps de notre existence terrestre
est bref et compté. L’homme ici-bas n’est qu’un souffle, «rien qu’une ombre,
l’humain qui va; rien qu’un souffle les richesses qu’il entasse, et il ne sait qui les
ramassera» (Psaumes 39, 7). Le psalmiste nous assure encore cette vérité: «L’homme!
Ses jours sont comme l’herbe. Comme la fleur des champs il fleurit; sur lui, qu’un
souffle passe, il n’est plus, jamais plus ne le connaîtra sa place» (Psaumes 103, 15-16).
Le matin comme l’herbe qui pousse l’homme fleurit et grandit; le soir, il se flétrit et
sèche, et il passe dans la vie éternelle de l’au-delà de la mort, heureuse ou
malheureuse, selon la manière dont il a vécu sur cette terre.

Cette métaphore réaliste de la fleur signifie la brièveté de notre existence terrestre et


la corruptibilité de notre corps. C’est pourquoi il est bon pour tous les hommes de
profiter de cette vie passagère, quoi qu’elle soit chronologiquement courte ou longue,
en se préparant à la vie éternelle. Lorsqu’on ignore cette vérité, les épreuves nous la
rappellent et le silence apparent de Dieu nous l’apprend davantage. Telle est la
raison pour laquelle Dieu reste apparemment silencieux devant certains événements
douloureux pour nous rappeler (quand nous l’ignorons) ou bien nous apprendre à
regarder le mystère de notre vie brève qui roule inexorablement vers la mort afin que
nous puissions reconnaître que la finalité de notre existence n’est pas immanente tout
en nous préparant si tôt à la vie de l’au-delà de la mort dans notre patrie céleste.

5- Le silence de Dieu, une grâce pour que l’homme fasse preuve de sa foi

Le livre de Job nous parle de ce bon serviteur de Dieu qui vivait riche et heureux. Le
temps ne chôme pas ni ne circule inactif dans notre vie, il arriva qu’un jour Dieu
permit à Satan de l’éprouver pour voir s’il lui resterait fidèle dans les épreuves (Job
1,1-12). Frappé d’abord par la perte funeste de ses biens et de ses enfants, Job accepte
que Dieu reprenne ce qu’il lui avait donné (Job 1,13-22). Atteint ensuite dans sa chair
mortelle par une maladie affreuse et douloureuse, Job reste soumis et repousse sa
femme qui lui conseillait de maudire Dieu (Job 2,1- 10). Tous les maux dont Job a
souffert lui est venu de Satan et non de Dieu, et ils sont une épreuve de sa foi en Dieu
et de sa fidélité envers lui. Mais il ne le savait pas, ni ses amis. Au-delà de toutes les
questions sur la justice divine qu’ils se sont posées, Job a compris que Dieu n’a pas de
comptes à rendre car lorsqu’il laisse silencieusement l’homme éprouver les
souffrances même les plus horribles c’est pour lui donner une opportunité de
témoigner sa foi surtout en face de ceux qui se disent qu’il croit Dieu parce qu’il vit
dans la prospérité sur cette terre. Assurément, Dieu est capable de garder
apparemment le silence à l’égard de la souffrance des êtres fragiles en déployant sa
puissance dans leurs faiblesses pour qu’ils témoignent leur fidélité envers lui dans
toutes les circonstances et leur foi en Jésus Christ, le roi des martyrs. Après ces
épreuves, l’Agneau de Dieu qui les prend en pitié «les conduira aux sources de la vie.
Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux» (Apocalypse 7, 17). Mais en attendant ce
bonheur éternel que Dieu nous réserve dans le ciel, les meilleures attitudes en cas du
silence apparent de Dieu face à la souffrance humaine sont nécessaires. C’est ce que
nous développons dans la suite.

CONCLUSION

Tout compte fait, nous savons que le mal est un trait typique de notre condition
humaine. La souffrance humaine est multiforme et l’on distingue la souffrance
émanant des êtres mêmes, vivants ou inanimés (catastrophes naturelles, famines,
maladies) ou de la méchanceté des hommes (violences, tueries, exploitations,
injustices, etc.). Mais ces maux qui sont à l’origine de la souffrance ne sont pas des
créatures de Dieu. Tout ce que Dieu a créé est très bon (Genèse 1,31). Étant le sommet
de tout bien, le mal n’est pas voulue ni causée par Dieu. Il constitue plutôt les
conséquences de la perversion de la liberté par Dieu à ses créatures. Cette opposition
à Dieu se réalise en une créature nommée le démon et l’homme amenés à désobéir
librement et volontairement à Dieu. L’homme est donc responsable de ses actes qu’il
commet librement en cédant aux séductions diverses (Mattieu 15, 11). Une fois
anéanti par l’atrocité du mal subi, il ne doit pas ignorer tous les maux commis
(physiques et moraux) dont il est responsabilité et avancer aussitôt l’argument du
mal et de la souffrance comme contradictoire à l’existence et la bonté de Dieu.

En fin de compte, Dieu n’abandonne pas ses créatures. Il intervient pour sauver
l’homme de l’impasse où l’a conduit sa liberté. En effet, assumant ses responsabilités
devant la création émanant de Lui, Dieu prend la place de l’homme et subit à sa
place les conséquences de son dérapage. Dieu ne voulant pas laisser le mal et le
péché anéantir l’homme, Il intervient dans la nature humaine pour subir lui-même
leurs conséquences, et il en sort victorieux à travers la résurrection d’entre les morts,
afin de délivrer définitivement l’homme de la dégradation engendrée par le péché et
les forces du mal. Car si l’homme avait du moins la foi grosse comme un grain de
sénevé il pourrait percevoir combien Dieu prend soin de lui silencieusement et
composer ipso facto les litanies de son silence d’amour.

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