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homélie en la fête de l’Immaculée Conception

Nous célébrons aujourd’hui la fête de l’Immaculée Conception. Nous rendons grâce à Dieu
pour le don qu’il a fait à Marie d’être préservée du péché. C’est-à-dire que non seulement elle
n’a pas fait de péché personnel, mais dès les premiers instants de son existence, elle n’est en
rien marquée par le péché originel. Cela par pur don gratuit de Dieu. Elle a reçu sans aucun
mérite de sa part la capacité d’être la Mère de Dieu. C’est pour cela que l’ange la salue en la
qualifiant de « comblée de grâce ».
A la lumière de cette fête, je m’arrête sur trois aspects.

Le premier est une invitation à l’action de grâce, à l’émerveillement, devant la fidélité de


Dieu, devant sa bonté. Le récit de la Genèse nous montre Dieu dans le jardin qui recherche
l’homme. La scène se situe après la chute, après le péché. Le péché a introduit la peur et la
méfiance dans le cœur d’Adam et d’Eve. Ils ont peur de Dieu, ce qui n’était pas le cas avant le
péché. Ils se méfient de lui. Ils se sont cachés. Le péché a aussi introduit une cassure entre
eux. Le fruit du péché, c’est la méfiance et l’accusation. Adam accuse Eve. Eve accuse le
serpent.
Dieu s’étonne de ne pas trouver Adam et Eve car Dieu est innocent. Dieu ne pose pas de
suspicion sur l’homme. Dieu se met à la recherche d’Adam et le texte prête à Dieu comme un
cri : « Adam, où es-tu ? » (Gn 3, 9) Pourquoi as-tu peur ? Pourquoi te caches-tu ? Ce cri
traverse tout l’Ancien Testament. Dieu qui recherche l’homme.
Ce n’est pas en premier lieu l’homme qui cherche Dieu. L’homme est paralysé de peur et de
honte. Il accuse. Il a la nostalgie de Dieu, mais il est comme incapable par lui-même de
revenir. C’est Dieu qui vient vers nous. On le voit dans la parabole de l’enfant prodigue. Le
Père se précipite vers l’enfant. On le voit avec le fils aîné de cette même parabole. Le Père
sort de la maison pour venir chercher le fils.
Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu. C’est lui qui nous a aimé le premier. Cette recherche,
ce cri aboutit à Jésus. Dieu qui vient à la recherche de l’homme, c’est Jésus.

Mais cet aboutissement de la recherche de Dieu n’est rendu possible que par la vocation
unique d’une jeune fille, Marie. L’amour de Dieu va pouvoir se déployer à cause du oui de
Marie. Elle a tout reçu de Dieu, mais il faut l’adhésion de sa liberté au don de Dieu. Elle va
donner sa confiance, ce que n’avait pas fait Eve, qui tentée par le serpent, va entrer dans la
méfiance.
Je vous invite à regarder la beauté de Marie. Son humilité la rend capable d’accueillir sans
réserve le don de Dieu, elle accepte la gratuité. L’humilité n’est pas de se sentir médiocre ou
de se croire inférieur aux autres. L’humilité, c’est se laisser aimer, se réjouir du don de Dieu.
Il a penché son regard sur son humble servante.
Sa pureté : il n’y a en elle aucun retournement sur elle-même.
Sa joie : elle exulte de joie.
Sa douceur. Elle est magnifique.
Je vous invite à vivre en sa présence, à vous rapprocher d’elle. Sa proximité vous guérira de
l’impureté, sa joie de la tristesse, sa foi et sa confiance de votre doute et de votre méfiance. La
méfiance est sans doute la blessure la plus profonde de notre cœur. Nous nous méfions des
autres, mais aussi de Dieu, ce qui nous conduit à une solitude profonde. Que la présence de
Marie auprès de nous nous conduise à la confiance absolue en Dieu.
Parfois, nous avons été trahis, jugés injustement, parfois nous avons nous-mêmes trahi,
accusé. Et nous sommes blessés sur la confiance. Marie est celle qui a comme renoué la
confiance en se livrant au don de Dieu. Laissons-la nous conduire sur ce chemin.
Je voudrais m’arrêter sur le oui de Marie. Marie a reçu une grâce, l’Immaculée Conception,
qui la rend capable de devenir Mère de Dieu. Ce don est totalement gratuit. Cependant, il était
nécessaire qu’elle accueille et dise oui à cette grâce. Marie est totalement libre : « qu’il me
soit fait selon ta parole. » (Lc 1, 38)
Nous aussi, nous sommes invités à dire oui, à prendre une décision, à dire oui à l’appel de
Dieu. Tout d’abord, oui à notre baptême. Mais aussi, à telle conversion, à telle étape à laquelle
Dieu nous invite. On a telle ou telle vocation. Dieu accorde sa grâce, mais il y a un oui à dire.
Souvent, beaucoup de chrétiens n’ont pas décidé. On se laisse porter par les évènements, les
ambiances. Cependant, un jour, le Seigneur s’adresse à nous et nous avons une réponse à
faire.
Je pense à la lettre à Philémon, où Paul lui dit : « je veux que tu fasses le bien librement. »
(v.6)
Je pense au jeune homme riche de l’évangile animé d’un si grand désir, qui voit le regard
aimant de Jésus sur lui. Au moment où il faut dire oui, se détacher, il ne décide rien, et part
dans la tristesse. (Mc 10, 17-22)
Souvent nous disons : « Je n’arriverai jamais à faire ce à quoi le Seigneur m’appelle. C’est
impossible. Je suis trop faible, j’ai peur de ce que les autres vont penser. » C’est vrai que ce
que demande le Seigneur est impossible, impossible pour nous. Dieu ne nous demande pas de
réussir, mais de dire oui.
Revenons au oui de Marie. Ce que l’ange lui annonce est impossible. L’ange lui répond :
« l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. » (Lc
1, 35) Marie ne dit pas : « oui, je vais le faire », mais elle dit : « oui, fais-le. »
Oui, je veux bien me laisser faire par toi. Alors tout est possible.
Nous avons tous faits un jour l’expérience suivante : nous avons vu quelque chose de beau qui
a suscité un émerveillement et réjoui notre cœur. Et puis, quelques temps après, nous voyons
la même chose mais qui a été abîmée, salie ou saccagée. Avant d’éprouver un sentiment bien
compréhensible de colère, nous avons ressenti comme une grande tristesse, une grande
incompréhension. Pourquoi ce qui était beau, innocent, pur a-t-il été détruit ?
Eh bien, cela nous donne un tout petit peu l’idée de ce qui est arrivé à l’origine, avec le
premier péché d’Adam et d’Eve. C’est toute la création créée dans l’innocence, la beauté et la
grâce qui a été comme souillée par la désobéissance de l’homme et la méchanceté du démon.
Adam, où es-tu ? Pourquoi as-tu fait cela ? Chaque fois que l’homme se détourne de son Dieu,
de son bien véritable, il met un abîme entre lui et Celui qui peut seul le faire vivre et le sauver.
Mais Dieu notre Père ne se résout pas à la mort de l’homme, à sa perte éternelle. Désormais il
va tout mettre en œuvre pour partir à la recherche de sa créature révoltée et malheureuse. Le
péché de nos premiers parents révèle l’amour de miséricorde que le Seigneur nous porte
désormais. Le péché donne même l’occasion à Dieu de révéler son amour qui nous sauve et
nous rachète. La Croix n’est pas dressée pour nous accuser, pour nous condamner, mais bien
pour manifester aux yeux du monde, des nations et des anges, que Dieu aime l’homme à en
mourir, qu’il a choisi le chemin le plus dur, le plus éprouvant pour partir à la recherche de
l’homme perdu. Oui, Jésus, le Bon Berger, n’a rien épargné pour manifester à l’humanité son
amour.

Mais pour venir au monde, il y a deux-mille ans, il devait se préparer une demeure digne de
lui, digne du propre fils de Dieu. Le Verbe a voulu assumer une nature humaine en tout
semblable à la nôtre. A l’aube des temps nouveaux, il s’est choisi une mère, la Vierge Marie.
Préservée de la tâche du péché original, sanctifiée dès le premier instant de son existence
humaine, elle a été la première a bénéficier de la grâce de salut de son Fils. Oui, elle est la
première des sauvés, notre Mère dans l’ordre de la grâce.

Oui, toutes les générations proclament bienheureuse la Vierge Marie, parce que le Tout-
Puissant a fait de grandes choses en elle. Mère très pure du Fils de Dieu, elle nous apprend à
accueillir la Bonne Nouvelle du Salut. Sa conception immaculée fait d’elle une parfaite
coopératrice aux desseins de salut de toute la trinité sainte : aucun péché ne retient son élan et
elle se donne d’un cœur sans partage à l’œuvre de la rédemption. Voilà pourquoi elle n’est
indifférente à aucune de nos détresses, à aucun de nos malheurs. Elle est de tous nos combats
pour la vérité de l’Evangile et pour la justice du Royaume.

"Marie est mère des hommes, pour pouvoir tout demander, et elle est mère de Dieu pour
pouvoir tout obtenir." disait un auteur chrétien célèbre. Elle est notre M7re, etcomme nous le
chantons dans un cantique, elle est pour cela la première en chemin :
Car Marie a reçu une grâce, l’Immaculée Conception, qui la rend capable de devenir Mère de
Dieu, et ce don est totalement gratuit. Cependant, il était nécessaire qu’elle accueille et dise
oui à cette grâce : « qu’il me soit fait selon ta parole. » (Lc 1, 38)
Nous aussi, nous sommes invités à dire oui, à prendre une décision, à dire oui à l’appel de
Dieu. Tout d’abord, oui à notre baptême. Mais aussi, à telle conversion, à telle étape à laquelle
Dieu nous invite. On a telle ou telle vocation. Dieu accorde sa grâce, mais il y a un oui à dire.
Souvent, beaucoup de chrétiens n’ont pas décidé. On se laisse porter par les évènements, les
ambiances. Cependant, le Seigneur s’adresse à nous et nous avons une réponse à faire.

Apprenons de la Vierge Marie, elle qui la première l’a accueilli en son cœur, à vivre en la
compagnie de Jésus, en sa présence, pour qu’il puisse produire en nos vies un fruit de grâce et
de conversion.

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