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Note sur la comptabilité de la croissance avec le modèle de Jones

(Philippe Darreau Novembre 2000)

Le modèle de Jones augmente la contribution du capital à la croissance est diminue


ainsi la contribution du progrès technique, c'est à dire le résidu.
On rappelle (§1) que les poids des facteurs dans l'équation de comptabilité sont les
élasticités et non pas les parts des facteurs. Dans le cas particulier du modèle de Solow, les
premiers sont égaux aux seconds. Ce n'est plus le cas dans le modèle de Jones (§2).

1) La comptabilité de la croissance
Soit la fonction de production : Yt = Y(At, Kt, Lt). On veut obtenir une explication
empirique du taux de croissance du type : D Y = p 1 D A + p 2 D K + p 3 D L
Y A K L
Ce que l'on veut mesurer c'est le rôle de la croissance de la productivité globale des facteurs
(p1 DA/A). On connaît statistiquement les taux de croissance de Y, K, L, mais pas celui de A
ni les pondérations de chaque facteurs. Le problème est donc de connaître les poids p1,p2,p3.
Dérivons la fonction de production par rapport au temps et divisons par Y :
∂ Y 1 ∂ Y ∂K 1 K ∂Y ∂L 1 L ∂Y ∂ A 1 A que l'on récrit DY DK DL DA
= + + = ΕY,K + ΕY,L + ΕY,A
∂t Y ∂K ∂ t Y K ∂L ∂t Y L ∂A ∂ t Y A Y K L A
Les poids correspondent donc par construction aux élasticités des différents facteurs.

Dans le cas où Y = ( AL)1 −α K α le résidu est toujours : (1 − α )


DA
=
DY
−α
DK
− (1 − α )
DL
A Y K L
Pour calibrer la valeur de ces poids, la solution habituelle est d'utiliser la théorie
économique, pour exprimer ces élasticités en fonction des parts des facteurs dans le revenu.
Avec les hypothèses du modèle de Solow : 1) Le progrès technique est un trend exogène, 2)
les rendements sont constants sur K et L, 3) la concurrence est parfaite.
D'après l'hypothèse 1, on déduit que la croissance de la productivité globale des
facteurs sera attribuée au progrès technique. De l'hypothèse 2 ont déduit que EY, K + EY, L = 1.
De l'hypothèse 3 on déduit que EY, K = ηK (la part du capital dans le revenu) et EY, L = ηL, la
part du travail. Ces donnée sont connues à partir des comptabilités nationales.
Le problème est donc résolu, on peut déduire le résidu. C'est le taux de PT exogène multiplié
par la part du travail : η
DA
=
DY
−η
DK
− η
DL
L K L
A Y K L
Avec ηK =0.3 et ηL= 0.7 on a : 0.7
DA
=
DY
− 0.3
DK
− 0.7
DL
A Y K L
Le résidu est 70% du taux de progrès technique exogène qui améliore l'efficacité du travail.

2) le modèle de Jones
La fonction de production (à l'équilibre) du modèle de Jones (1995) est Y = ( ALY )1 −α K α
Hypothèses : 1) Le progrès technique est à l'état régulier un trend exogène (fonction de n), 2)
les rendements sont constants sur K et LY, 3) la concurrence est imparfaite, le capital reçoit
moins que son produit marginal ce qui laisse du revenu pour rémunérer la recherche et la
production de A.
D'après la fonction de production, le résidu est encore : (1 − α ) D A = D Y − α D K − (1 − α ) D L Y

A Y K LY
Notons qu'à la différence du cas précédent, cela n'est vrai qu'à l'état régulier1 . Mais notons que
comme dans le cas précédent le résidu est le taux de PT exogène multiplié par la part du

1
Qu'en est il en dynamique transitoire ?
travail dans la production de bien. En fait, c'est toujours le cas pour les modèles qui se
réduisent (à l'équilibre) à cette fonction de production agrégée.

La répartition dans le modèle de Jones est régie par :


- Le taux de profit capté par les chercheurs est π = (1−α)α(Y/A) donc la part des profits qui
rémunère le travail de recherche est : ηπ = (Aπ/Y) = (1−α)α
- Le taux de salaire est w = (1−α)(Y/LY) donc la part des salaires dans la production de bien
final est : ηL = (wLY/Y) = (1−α)
- Le taux d'intérêt est r = α 2 (Y/K) donc la part du capital est : ηK = (rK/Y) = α 2

Avec ηK =0.3 et ηL= 0.7 on a α = 0.5477 et (1-α) = 0.4522 et (1−α)α = 0.2477 :


DA DY DK DL
0.4522 = − 0.5477 − 0.4522
A Y K L
Le résidu est 45 % du taux de progrès technique exogène d'état régulier.
Le modèle de Jones réduit le résidu en augmentant la contribution du capital. Cela réduit le
poids de la contribution du PT exogène à la croissance.

3) Discussion

Capital Travail de Travail de production


recherche
Parts dans le revenu 0.3 0.7
Parts détaillées 0.3 0.2477 0.4522
Elasticités (poids) 0.5477 0.4522

Le travail de recherche, en augmentant le nombre de machines (A) "augmente le capital". La


contribution de la recherche à la production transite par le capital. On sait que un problème du
modèle de Solow est que α > ηK , que la contribution du capital est plus forte que celle que lui
attribue sa part dans le revenu. Bien sûr le modèle de Jones (comme d'autres...) règle ce
problème.

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