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Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs

Travail de mémoire
Timothée Paton

Pratique et Éthique de la Communication


Pierre-André Léchot

7 novembre 2015

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Quelles formes de prédications pour captiver l’auditoire
aujourd’hui…ou l’art de bien communiquer.
Depuis tout petit, je fréquente l’Eglise. Au fil des années en voyageant dans différentes régions
du monde, j’ai eu le privilège d’assister à toutes sortes de rencontres chrétiennes. En observant
les orateurs ou les oratrices de tel événement ou telle église je me suis rendu compte que certains
ou certaines étaient doués pour captiver l’assemblée alors que d’autres, malheureusement,
n’arrivaient pas à créer un bon contact avec leurs auditeurs.

Qu’est-ce-qui fait que l’on accourt pour écouter certains pasteurs ou évangélistes, jusqu’à faire
des milliers de kilomètres pour assister à leur prestation, alors qu’on n’est pas motivé pour se
rendre à l’église du bout de la rue où tel ou tel pasteur délivre un sermon ?

J’ai décidé de partir ‘à la rencontre’ de celles et ceux qui attirent les foules. J’ai choisi d’étudier
cinq orateurs de cultures et d’horizons différents. J’observe plus la forme que le fond tels que le
verbal, le para verbal, le non verbal. Je tiens à préciser que je ne cautionne pas nécessairement
l’enseignement, la théologie ou le style de vie de ceux que j’ai choisis. Je veux simplement
m’intéresser à leur façon de communiquer qui fait que des gens de tous bords et de tous âges ont
envie de les écouter.

Pour chaque orateur, je présente une courte biographie puis je choisis une ou deux prédications
diffusées sur ‘ Youtube’ et je partage mes observations.

C’est probablement après la visite d’Alain Combes, comédien chrétien, à la PEC et à la lecture
de son livre que l’idée d’étudier des prédicateurs m’est venue pour mon travail de mémoire.

Au dos de son livre L’oralité de la prédication- Formes, histoire et perspectives’, Alain Combes
écrit ceci : ‘Tout entier braqués sur le contenu du message délivré, nous portons parfois peu
d’intérêt à la manière dont il est – justement- délivré. Pourtant, le souci du contenu ne peut
exister sans les soucis de la forme orale, de la pratique physique, physiologique et même
artistique qui s’exprime dans l’oralité. Le message est porté, formé, (ou déformé) par l’énergie
du prédicateur, par sa diction, sa voix, son comportement, par l’intelligence et les nuances qu’il
donne à travers sa capacité expressive.’

1.1 T.D Jakes

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Le premier orateur est le pasteur noir américain TD. Jakes.

D’ après L’Eglise Charisma, le Bishop T.D. Jakes est ‘ un leader charismatique, un visionnaire,
un penseur provocateur, et un entrepreneur qui sert en tant que pasteur principal de l’église

« The Potter’s House » (La maison du Potier), une organisation humanitaire mondiale et une
église de 30 000 membres située à Dallas.

Nommé « Meilleur prédicateur de l’Amérique » par le journal Time Magazine, sa voix se


propage depuis les estrades mondiales les plus importantes. À travers son réseau d’œuvres
caritatives, T.D. Jakes est connu pour « tendre une main aux nécessiteux, avoir un cœur de
compassion pour ceux qui souffrent, et transmettre un message d’inspiration aux plus démunis. »

Au-delà du pupitre, Jakes est classé parmi les 100 personnes les plus puissantes, selon le
magazine Ebony. Son impact dans le monde se fait également ressentir à travers ses conférences
comme Mega Fest qui ont récemment attiré plus de 75 000 participants, mais également au
travers d’un véritable empire qui s’étend dans les domaines du cinéma, de la télévision, de la
radio, de livres best-seller, ainsi que par la T.D Jakes School of Leadership (l’école de
leadership T.D. Jakes).

Après plus de trente-six ans dans le ministère, Jakes continue d’être un porte-parole
d’innovation, d’inspiration, et d’influence dans le monde actuel du christianisme.
http://www.charisma.fr/invites.php?invite=117

Personnellement je considère T.D Jakes comme l’un des meilleurs communicateurs de la Bible.
Son style direct (il ne tourne pas autour du pot) et son autorité sont les raisons pourquoi j’ai pour
lui beaucoup de respect.

Voici le message que j’ ai ‘ décortiqué :’

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https://www.youtube.com/watch?v=U7rKTD4tp7U

https://www.youtube.com/watch?v=ImQ28REog1Q

Le décor sur l’estrade est original. A la place du micro, des fils électriques, des baffles et haut
parleurs comme on le voit souvent, on trouve ici un arrière plan fait de fauteuils, de coussins,
d’un tapis, d’une lampe allumée, d’un bouquet de fleurs et d’une poterie : tout ceci rend le
prédicateur plus proche, un peu comme si l’on se trouvait dans son salon, chez lui.

2’55 à 3’ : T.D Jakes fait une pause avant de finir sa phrase. Cette pause permet de mettre en
relief sa pensée.

3’35 : Le pasteur n’hésite pas de temps en temps à frapper dans sa main. Une façon de garder
l’auditoire attentif ou simplement de rendre son message plus animé.

Il ne laisse pas le pupitre dicter l’endroit où il doit se placer. Le pupitre a souvent été vu comme
un rappel qu’il fallait se tenir devant lui avec interdiction de le quitter. T.D Jakes contourne cette
règle et se place là où il se sent le plus à l’aise. Comme si le fait de se placer derrière ce pupitre
créait un écran, une distance avec l’auditoire. Il ne permet pas à la règle de déterminer sa liberté.

5’18 : Il n’a pas peur de mimer ce qu’il dit. Quand il parle de danser, il danse. Le visuel renforce
l’oral.

6’05 à 6’15 : La touche d’humour garde l’auditoire attentif et ceux qui auraient un peu perdu le
fil se ‘réveillent’ souvent à ce moment là. On retrouve cette même touche à 20’28 à 20’30 :

6’50 à 7’00 : Quand il veut insister sur une phrase ou montrer la gravité de ses propos, il cesse de
bouger, il se fige pour prononcer ses paroles.

8’00 à 9’00 : L’art de provoquer son auditoire pour qu’il réagisse. Ici proclamer que les ‘ femmes
ne devraient pas être enceintes quand elles sont plus âgées’ provoque inévitablement une
réaction de l’auditoire. T.D Jakes ne s’en excuse pas. Il est même un peu sarcastique. Jouer à ce
jeu peut être dangereux mais néanmoins efficace pour captiver ces auditeurs.

Il semble toutefois qu’après avoir provoqué, en ayant peut-être ‘ dépassé la ligne’, il prêche
comme s’il sait qu’il a été probablement un peu trop loin. Ce qui semblait avoir captivé son
public peut se retourner un peu contre lui et créer une distance avec les gens. Il faut être très doué
pour renouer le contact avec tout le monde…

On le revoit de 41’25 à 41’38 : Il dépasse la ligne mais cette fois-ci il montre qu’il le regrette en
se frappant la bouche et en demandant avec humour que l’on prie pour lui. De cette façon son
écart de langage est, semble t-il, excusé.

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12’47 : Il change de style et de ton de voix puis tout à coup, à 13’23, tout change. Là encore,
c’est une très bonne façon de captiver l’auditoire. Trop de prédicateurs restent sur le même ton :
un style par idée. Ici ce sont deux styles pour la même idée.

13’ 48 à 13’53 : Il insère un extrait d’un chant. Le seul fait de chanter pendant quelques secondes
donne du relief à son message. L’impact est d’autant plus grand si, en plus, le public connait ce
chant.

14’38 à 15’00 : Il prend tout à coup une autre voix, comme celle de Jésus. Au lieu de dire : ‘
Jésus a dit…’, il prend la voix de Jésus. L’impact en est renforcé.

15’43 à 16’00 : Il dit quelque chose de très fort : ‘Moise a tué un homme mais Dieu s’est quand
même servi de lui’. Pour être sûr que l’on a bien compris ce qu’il dit, il fait une pause de
quelques secondes. Il veut s’assurer que tout le monde a bien saisi l’importance de ce qu’il vient
de dire. Quand il y a une réponse audible (paroles qui approuvent et applaudissements), le
pasteur alors peut continuer.

16’10 : le prédicateur parle avec force puis à 16’23 le ton change et la puissance de la voix perd
de son intensité. Comme s’il passait de la troisième vitesse à la première. Ce va-et-vient
maintient sans aucun doute l’intérêt porté au message.

17’ 08 à 17’30 : Pour donner plus de force à ses propos, le pasteur apporte des gestes gracieux.
Un peu comme s’il dansait un ballet. Les gestes font écho aux paroles pleines de grâce.

17’40 à 17’47 : En répétant la même phrase plusieurs fois, TD Jakes renforce ces propos. L’art
de la répétition, au bon moment.

20’38 à 21’00 : L’expression faciale donne encore plus de poids aux paroles. Sans ces
‘grimaces’, les propos n’auraient pas la même force.

21’29 à 21’50 : En posant des questions, il se rapproche de son auditoire. Jésus était très doué
dans l’art de poser des questions. La question nous interpelle et nous oblige à écouter, voire à
donner notre réponse.

20’45 à 23’00 : On retrouve à nouveau une ‘pique’ dirigée cette fois encore contre les femmes.
Cela peut faire grincer les dents de certaines. Ce qui est sûr, c’est qu’il a captivé l’attention, en
bien ou en moins bien.

32’04 à 32’30 : Bien qu’il soit l’un des prédicateurs les plus respectés aux Etats-Unis, T.D. Jakes
sait ne ‘pas se prendre au sérieux’ en se permettant des petites pauses d’humour et en ‘jouant un
peu la comédie’. Les orateurs qui sont trop rigides, trop profonds et trop sérieux n’ont pas
nécessairement le respect de l’auditoire. L’humour montre le côté humain du pasteur, ce qui
permet alors de créer un lien avec ceux qui l’écoutent.

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34’32 à 34’36 : Parfois un son, un soupir, un bruit qui n’est pas un mot a plus de poids qu’un
mot. Il aurait pu employer un mot mais il choisit plutôt un son qui donne encore plus de force à
ses propos.

Je suis fasciné de voir que T.D. Jakes n’utilise aucune note. Il ne tourne pas les pages placées
soigneusement sur un pupitre. Il connait si bien son sujet. Il est comme habité par son sermon. Je
ne crois pas qu’il faut abandonner les notes mais quand celles-ci prennent trop de place, elles
peuvent freiner le flot du message et l’interaction avec le public.

35’55 à 36’30 : Pour la première fois dans ce long sermon, T.D. Jakes s’aventure dans une des
allées. Au lieu d’être au même endroit, ce qui peut lasser l’auditeur, il se permet de se déplacer là
où on ne s’attendrait pas à le voir. De cette façon aussi, il ‘entre dans l’ auditoire’, ce qui resserre
encore plus le lien entre lui et les membres de son église. Un outil de plus pour encore mieux
communiquer.

37’28 : il y a là un petit geste que l’on pourrait ne pas voir, tellement il est subtile et rapide :
D’un geste de la main le pasteur semble dire : ‘Bon vous n’avez pas saisi ce que j’ai dit, tant
pis !’ et provoque ainsi une réaction du public. Un petit détail, un petit fil qui garde unis les gens
avec le prédicateur.

37’37 à 37’40 : Hurler comme il le fait donne énormément de relief au message. Ce qui compte
ce n’est pas de hurler (certains pasteurs hurlent trop ou tout le temps en pensant que ça va garder
les gens éveillés) mais de hurler au bon moment.

40’06 à 40’17 : Alors qu’il descend les marches de l’estrade (là aussi une façon très visuelle de
communiquer), une femme dans l’assistance répond au pasteur par ‘ What ?’ Il prend alors la
balle au bond et vient tout près de l’assistance et comme s’il était frustré (ce qui est d’ailleurs le
thème de son message) il pointe du doigt et parle comme s’ il ‘réglait ses comptes’. Ce qui
semble être une provocation de la part du pasteur est là aussi une manière de garder l’attention
des auditeurs.

42’53 : En posant la question ‘How am I doing so far ?’ (Comment va ma prédication jusqu’ a


maintenant ?), il crée à nouveau un lien avec les auditeurs, cherchant une réaction de leur part.

52’38 à 53’35 : En fermant les yeux, c’est comme si ses propos sont si importants qu’il les vit
dans son cœur, sans vouloir être distrait par l’auditoire. En fermant les yeux il fait comprendre
que ce qu’il prononce est de grande valeur, sacré.

54’23 à 55’16 : Indirectement au début, puis clairement par la suite, le pasteur demande à son
auditoire de répondre à son message. Il ‘lance la balle dans l’autre camp’. Avant même qu’il ait
fini de parler, des hommes et des femmes s’avancent à l’appel du pasteur. Une façon, entre
autres, de voir si son message a bien été reçu.

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1.2 : Joseph Prince
Ce pasteur d’origine chinoise et indienne est considéré aujourd’hui comme ‘ la voix du message
de l’Evangile de la Grâce’ au travers de ses livres, tous des best-sellers (New York Times), et des
télévisions chrétiennes et séculières qui relayent ses prédications autour du globe.

Joseph Prince est invité sur les estrades des plus grandes conférences chrétiennes. Son style
dynamique et humoristique captive chaque jour des millions d’auditeurs à travers le monde.

Il est le pasteur de New Creation Church à Singapour. Les membres se sont multipliés par 100 au
cours de ces 20 dernières années. De 150 personnes à plus de 30 000 aujourd’hui.

Il y a quelques années je me suis rendu à Singapour pour l’écouter. Je n’avais encore jamais vu
autant de monde faire la queue à l’entrée d’une église. Étant là comme visiteur, j’ai évité la
longue file d’attente et on m’a conduit au ‘sanctuaire’ où se tenait le culte, l’un des nombreux
cultes de la journée.

Le message que j’ai choisi est en trois parties : https://youtu.be/Zy_GDt2j9dE (1 ère partie)

Ce qui marque souvent l’auditeur, la première fois, c’est l’ aspect ‘vedette’ qui peut se dégager
du prédicateur. Ses habits, sa coupe de cheveux, sa démarche pourraient faire penser à une rock
star. Là aussi une façon forte de communiquer, une image positive et moderne.

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Ça m’a pris quelques prédications pour réaliser que, dans aucun de ses sermons, Joseph Prince
ne se sert de notes. Certains croyants diront que le Saint-Esprit le conduit au fur et à mesure qu’il
prêche, d’autres que son message a été travaillé, préparé déjà avec beaucoup de minutie, et
d’autres encore que c’est une combinaison des deux.

0’38 : Aussitôt en scène, le pasteur est déjà en mouvement. Il avance avec grâce sur l’estrade. Il
n’est jamais figé.

Il commence avec une question que l’on retrouve à nouveau à 1.06. La question permet
d’accrocher son auditoire, un peu comme si le prédicateur veut s’assurer qu’il est, dès le début,
bien connecté avec le public.

Joseph Prince utilise des gestes sans en abuser. Il est intéressant de noter que dans ses gestes on
ne voit que rarement le doigt pointé vers l’auditoire (on est ici dans un contexte asiatique). Le
geste du doigt pointé, si courant en Occident (pensons à Billy Graham par exemple), n’a pas sa
place dans un pays comme Singapour. D’ailleurs ce geste qui dénote une certaine provocation,
condamnation, irait a l’encontre du message de grâce et de non-condamnation prôné par Joseph
Prince. Certains messages perdent de leur crédibilité quand les gestes ou la ‘communication non-
verbale’ contredit la communication verbale. L’un peut court-circuiter l’autre.

2’35 : Quand il dit ‘Can I have a good Amen !’ il attend une réponse du public. Une façon simple
de mieux connecter. Toutefois, si c’est fait trop souvent (ce qui, à mon avis, est le cas pour
Joseph Prince), à la longue, l’auditoire ne répond plus. Ce qui ‘marchait’ à un moment, ne
fonctionne plus par la suite. D’où l’importance de toujours innover dans sa communication.

3’15 : La main dans la poche n’est en général pas conseillée quand on parle en public. Toutefois
quand c’est fait comme ici, cela donne au prédicateur une image moins agressive et plus
relaxante, plus proche. Les deux mains dans les poches, par contre, seraient à mon avis à
déconseiller.

4’20 : Pasteur Prince utilise extrêmement bien l’écran où s’affichent les versets. Au moment où il
annonce un passage biblique, ce dernier s’affiche sur les écrans et sans coupure, sans temps mort.
Il lit les versets en pointant du doigt l’écran. Il y a toujours débat pour savoir s’il faut prendre sa
Bible avec soi à l’église, quand tout finalement est affiché à l’écran… Pour Joseph Prince, sa
méthode marche très bien. Elle évite d’attendre que tout le monde ait trouvé dans sa Bible le
passage indiqué, et de ce fait il n’y a pas de temps mort dans la prédication. Le sermon ‘coule’
sans interruption.

Il va d’un écran 4.23 à l’autre 4.30. De cette façon, il évite de se figer sur une partie seulement de
l’estrade. Il est à l’aise des deux cotés. En pointant du doigt l’écran de droite, il rejoint
indirectement les auditeurs qui suivent cet écran là. Et de même en pointant à l’écran de gauche.

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8’47 à 9’00 est un exemple parmi tant d’autres de la façon de bien utiliser les gestes. Pasteur
Prince le fait merveille. Il n’en abuse pas mais il sait les utiliser pour donner à sa présentation
encore plus d’intérêt. Les gestes sont gracieux et agréables. Parfois il semble même qu’il glisse
avec grâce sur l’estrade. On peut dire que ses gestes gracieux rejoignent le thème de son
message.

C’est probablement la raison pour laquelle il n’utilise pas de micro à la main mais plutôt un petit
micro quasiment invisible sur le coté. Sans micro, il est libre d’utiliser comme il le veut ses
mains.

A plusieurs reprises dans son sermon, comme de 15’47 à 15’53, il change de voix comme pour
imiter un croyant qui contestera l’enseignement du pasteur Prince. Avec ce jeu de rôle, il donne
encore plus de vie à son message. Au lieu de dire ce que ce croyant contestataire dirait, Prince
imite ce contradicteur. En l’imitant, il donne à son point de vue encore plus de force et d’intérêt.

16’40 à 17’00 : Un très bon outil de communication est celui de poser des questions (sans
nécessairement attendre une réponse des auditeurs). En posant une série de questions comme le
fait Joseph Prince, il ‘provoque’ dans le bon sens l’auditoire et par conséquent garde son intérêt.

22’48 : Pasteur Prince change de voix. Celle-ci semble déformée. Cette façon de faire surprend
(d’autant plus que cela ne lui ressemble pas) mais a sans aucun doute l’effet escompté. Cette
approche fait évidement sourire le public et renforce le lien entre l’orateur et les auditeurs.

https://youtu.be/-JRc00gFx0c (2 éme partie)

1’28 : Le pasteur demande à la congrégation de répéter ensemble à haute voix une partie du
verset affiché sur l’écran. En agissant ainsi il garde l’attention des auditeurs mais permet de
focaliser sur un élément essentiel de son message. Avant de parler plus en détails de ces mots du
verset, il demande à ce que ceux-ci soient prononcés par tous. Si cette méthode est utilisée sans
excès, elle devient un outil efficace de communication.

1’48 : En disant ‘ je vois vos visages qui grimacent’ le pasteur rejoint ses auditeurs. Quand
l’orateur décrit les réactions du public, il montre qu’il est proche d’eux, qu’il les suit comme eux
le suivent. C’est une communication dans les deux sens. Seuls les bons communicateurs peuvent
atteindre ce niveau.

2’44 comme à 4’16 : Par ses réactions, le public montre clairement qu’il suit attentivement
l’orateur. Certains auditoires (selon la culture ou la dénomination) sont plus ou moins expressifs.
Mais quel que soit le public, il y aura toujours, d’une façon ou d’une autre, une réaction qui
permettra à l’orateur de voir si, oui ou non, son message est bien reçu.

5’08 : Il est intéressant d’entendre le public répondre (comme ici par ‘Amen !’) à ce qu’il vient
d’entendre plutôt que le prédicateur ne soit ‘obligé’ de le demander. Quand l’orateur demande
une réponse, on ne sait jamais si l’auditoire répond parce que cela lui a été demandé de le faire

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ou parce qu'il suit attentivement le message. Quand c’est fait naturellement, comme ici par
exemple, on voit tout de suite que le public est attentif et en accord avec l’orateur.

6’33 à 7’15 : Il est très délicat de faire rire sur un sujet aussi terrible que la crucifixion. Le
pasteur Prince prend un risque et il s’en sort avec brio. C’est comme marcher sur une corde dans
le vide. S’il l’on se ‘rate’, il sera très difficile de continuer à être soutenu par le public. Ici le
public est tout à la cause du pasteur. Non seulement il réagit par le rire mais en plus (ce que l’on
ne voit pas souvent) il applaudit. Pasteur Prince s’en sort très bien et finit renforcé dans sa
communication.

9.03 à 9.20 : Joseph Prince fait ici une parenthèse pour éviter que ses critiques ne le citent pour
avoir dit ce qu’il n’a pas dit. Pour éviter que l’auditoire le perde et s’inquiète de qu’il ait fait un
écart de doctrine, il met les choses au clair. De cette façon il évite toute confusion potentielle et
garde l’attention et l’approbation de son auditoire.

11’46 : Pasteur Prince est conscient que son message est diffusé au delà de son audience
singapourienne. Il a utilisé une expression que seuls les gens de cette région peuvent
comprendre. Il trouve alors très vite l’équivalent en anglais pour ses auditeurs à l’international.
De cette façon il garde à la fois le public ‘in’ et le public ‘out’.

11’55 à 12’18 : En faisant un jeu de mots, il reste encore plus connecté avec l’auditoire. Il
semble même ici que ce jeu de mots soit venu naturellement, sur le tas, ce qui rend ce qu’il dit
encore plus puissant. Le piège à éviter : faire un jeu de mots quand on est traduit dans une autre
langue. L’interprète se sentira embêté.

12’33 à 12’55 : Un petit cours de grec donne à ses propos plus de crédibilité. Il ne faut pas en
abuser, sinon les gens perdraient le fil, mais l’utiliser à bon escient permet de renforcer le
message.

Il fait de même un peu plus tard, de 14’20 à 15’25 pour des noms hébraïques.

Utiliser au bon moment le grec ou l’hébreu donne évidement du crédit au message (et au
messager !)

En entonnant un extrait d’un chant chrétien pour illustrer un point de son sermon, Pasteur Prince
éveille l’intérêt. Une touche dans la communication qui est assez peu utilisée, me semble-t-il, par
les pasteurs. Citer les paroles d’une chanson est une chose. La chanter en est une autre. Cette
dernière attitude est bien plus efficace.

Joseph Prince mime un chrétien religieux qui prie à 18’34 puis la manière dont un chrétien qui
connait Dieu comme Père prie à 18’46. En montrant les deux formes opposées de prière, il fait
bien passer son message. Le contraste, l’opposition, est un outil efficace pour bien communiquer.

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De 19’08 à 20’00 : Il mentionne sa fille. La communication prend toujours une autre dimension
quand l’orateur parle d’une personne qui lui est chère. Comme auditeur on se sent privilégié
d’avoir un petit aperçu de ce qui se passe dans la vie familiale du pasteur. Sans en abuser
évidement, cette approche a l’avantage de rapprocher le public à l’orateur.

https://youtu.be/_acAGdseKHM (3 éme partie)

5’26 à 5.32 : En faisant une courte pause, il permet à l’auditoire de bien assimiler ce que le
pasteur vient de dire. Pour donner plus de poids à ses propos, il convient parfois de s’arrêter de
parler, ne serait-ce qu’une ou deux secondes. On oublie parfois la force du silence dans la
communication.

8’51 : Demander à l’assemblée de répéter à haute voix un mot ou une partie d’un verset, non
seulement ‘réveille’ ceux qui pourrait avoir perdu le fil du message, mais permet aussi à
l’auditoire de communiquer. Une communication dans un seul sens n’est jamais complète.

10’00 à 10’30 : En trente secondes, Pasteur Prince fait un petit sketch humoristique. C’est court,
c’est amusant, mais ça marque les esprits. L’humour est une arme trop peu utilisée en matière de
communication.

On retrouve un court sketch, de trente secondes encore, de 13’00 à 13’30. Cette petite mise en
scène fait sourire. Non seulement les gens comprennent mieux le message, mais en plus, et c’est
tellement important, l’atmosphère est détendue.

13’55 : Le pasteur insiste sur une lettre d’un mot pour bien faire comprendre sa pensée. C’est un
petit détail, mais ce détail est important. Il aurait pu dire : ‘Good things avec un ‘s’. Au lieu de
cela, il dit ‘good thingsssssss’. En appuyant sur une lettre il fait exprès de mal lire pour
interpeller l’auditoire. Et ça marche !

14’40 : L’importance de lier le geste à la parole : l’orateur parle de ‘regarder sa montre’ et il le


fait. Le visuel renforce le verbal.

14’50 : Alors qu’il approche de la fin de son sermon, une musique appropriée se fait entendre.
Beaucoup questionne cette façon de faire en fin de message. Quoi qu’il en soit, la musique de
fond est également une forme de communication. Elle prépare les auditeurs à ce temps de
recueillement et de prière.

15’46 : Joseph Prince passe à ce moment là d’un rôle de pasteur/enseignant à celui d’évangéliste.
Il s’adresse à une partie de l’auditoire qui n’aurait pas encore répondu à l’appel du salut. A 16.57
il invite les incroyants à la prière.

19’14 : Après avoir demandé à l’assistance de lever les mains, il se rétracte pour leur demander
d’abord l’autorisation de prier pour eux. En faisant cette petite marche arrière, il montre qu’il est

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sensible à ceux qui l’écoutent et ne tient pas à imposer. Cette marque de respect donne du crédit
à sa communication.

20’03 : La vue de l’auditoire debout, les bras tendus vers le Ciel, puis à 23’03 où tout le monde
applaudit, montre clairement que le message a non seulement été bien communiqué mais qu’il a
aussi été reçu 5/5.

En communiquant à Dieu par la prière, Joseph Prince indirectement communique aussi avec
l’église.

1.3 Jackie Pullinger :


L’histoire de Jackie Pullinger figure parmi les livres qui m’ont marqué pendant mon
adolescence. Son témoignage m’a profondément impressionné.

Il y a quelques années, lors d’un atelier à l’occasion d’une Conférence missionnaire auquel
j’assistais à Hong Kong, j’ai écouté l’enseignement de Jackie Pullinger. J’ai été impressionné par
sa passion, sa prestance mais surtout par l’assurance qu’elle avait quant à son appel, sa vocation
et sa mission.

Le lendemain j’ai rejoint un groupe d’Américains venus rendre visite à cette femme de foi. Elle
nous a accueillis dans le salon de son bureau, au sein même des locaux du grand centre d’Accueil
des toxicomanes. C’est un terrain que le gouvernement de Hong Kong lui a donné. Pendant la
visite des lieux, je lui ai demandé si elle voyageait beaucoup. Elle m’a répondu que 98% de son
temps est consacré au son ministère auprès des jeunes drogués, en laissant seulement 2% pour
prêcher à l’étranger. ‘Je prends l’avion, je prêche pour 2 ou 3 jours, puis je ne traine pas ; je
rentre à Hong Kong et poursuis mon ministère.’ Je me suis dis : ‘voilà une femme qui sait ce
qu’elle veut’. Le site suivant vise à décrire un peu le parcours de cette missionnaire hors de
commun et excellente oratrice :

http://aucoeurdesfemmes.net/index.php/temoignages/femme-de-foi-dans-l-histoire/169-jackie-
pullinger-21e-siecle

L'œuvre missionnaire de cette femme anglaise a attiré l'attention du grand public. Son travail
dans la ville fortifiée a fait l'objet de plusieurs documentaires pour la télévision. Comme Mère
Teresa, sa mission voulait être «les plus pauvres parmi les pauvres».

Jackie Pullinger est arrivée dans la ville fortifiée en 1966. La région s’appelle Hak Nam en
chinois, ce qui signifie de façon appropriée «obscurité». Evoquant sa première visite, elle
raconte : «Nous sommes passés à travers une fente étroite entre les magasins et avons commencé
à marcher dans un passage couvert de boue. Je n'oublierai jamais l'odeur et l'obscurité, une odeur
fétide des denrées alimentaires pourris, les excréments, les abats et déchets divers… Les ruelles
étroites, remplies de fumeurs d'opium et de prostituées, toutes droguées, étaient sombres, même à
midi. »

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Jackie Pullinger est la fondatrice et directrice de la Saint-Stephen's Society à Hong Kong. Bien
que craignant pour sa propre sécurité, elle essaya tous les jours de prendre contact avec des gens
qui vivaient dans les pires conditions qu'on puisse imaginer. Mais, après six mois, peu de
personnes avaient été touchés et elle sombra dans le désespoir.

Elle agonisa pendant des jours en se demandant : "Si Dieu m'a appelée à être ici, pourquoi les
gens ne réagissent-ils pas ?" Un matin, elle réalisa ce qui n'allait pas. Elle avait dit aux gens que
Jésus les aimait et voulait leur pardonner, mais elle ne leur démontrait aucun amour concret,
pratique. Elle comprit qu'elle se devait d'être comme Jésus auprès d'eux.
La situation en fut tellement transformée que les barons de la drogue eux-mêmes sortirent pour
surveiller les lieux afin d’assurer sa sécurité !
Bien que la Société de St Stephen ait commencé de croître à Hong Kong, et ça continue, Jackie
Pullinger sert également dans les pays voisins de Hong Kong, ainsi qu’aux Philippines et en
Thaïlande.

Le message que j’ai choisi a été donné à la Conférence missionnaire annuelle de la mission
WEC, en Angleterre. Il y a une dizaine d’années j’ai eu le privilège de prêcher sous cette grande
tente et de communiquer le défi de la mission. Ce fut une journée mémorable.

Chaque année un missionnaire est invité. En 2013 ce fut Jackie :

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https://www.youtube.com/watch?v=9XcE1icT6TY

L’accent anglais très ‘posh’, très correct de Jackie est déjà en soi une forme de communication.

0’45 : Elle ferme les yeux pendant 3 secondes ; on pourrait penser qu’elle va prier. Mais elle
semble vouloir chercher la façon dont elle va commencer. Cette pause silencieuse a en elle-
même beaucoup d’impact. On sent Jackie sereine et confiante.

0’50 : Le pupitre d’où elle vient de donner la lecture biblique semble être trop volumineux et
crée un écran entre elle et son auditoire. Elle se sent un peu comme prisonnière. Elle le quitte
pour pouvoir être plus proche des auditeurs.

3’09 : Comme pour marquer son dégoût, elle ‘grimace’ et sa voix change.

3’12 à 3’15 : 3 longues secondes de pause pour que l’histoire horrible qu’elle vient de citer
puisse bien pénétrer la conscience et le cœur de l’auditoire.

3’34 à 3’38 : Jackie penche la tête sur le côté comme pour montrer que ce qu’elle dit est capital
et mérite qu’on l’enregistre.

4’38 : Comme le fait aussi T.D Jakes, Jackie Pullinger retire ses lunettes voulant dire par cette
forme non verbale de communication : ‘Attention, ce que je vais vous dire est extrêmement
important, ça me tient très à cœur’.

Et dans ce moment où elle communique quelque chose de très important, Jackie élève la voix
avec une ‘sainte colère’ de 5’48 à 6’10. Elle laisse parler ‘ses tripes’, la meilleure forme de
communication.

Dès 7’35 il semble que la missionnaire rentre encore plus dans son message. On voit ses mains,
elle sourit. Elle est plus à l’aise et paraît ‘lâcher la pression sur son auditoire’.

Si elle le fait, c’est sans doute pour mieux faire passer le ‘coup de gueule’ qui va suivre. Il n’y a
pas mieux pour captiver un auditoire que de dire ce qu’on a au fond de son cœur. Les gens ne
seront peut-être pas nécessairement d’accord avec le contenu mais, à coup sûr, ils seront
attentifs.

9’57 : En s’abaissant (elle disparaît presque de l’écran !), Jackie utilise son corps pour accentuer
ses mots.

10’12 à 10’47 : A plusieurs reprises, sa voix craque et on sent presque les larmes lui monter aux
yeux. Les émotions sont de puissants vecteurs de communication que l’on n’ose pas dévoiler
dans certaines cultures. Et pourtant, un homme ou une femme qui pleurent en public aura
inévitablement un profond impact.

11’43 : Rien de plus captivant que de lancer un mot ou une phrase dans une langue étrangère.
(Sans oublier bien sûr de le traduire pour l’auditoire !) Cela réveille tout de suite l’intérêt. Lors

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de ma visite au Centre de désintoxication, à Hong Kong, il y a quelques années, j’avais été
étonné de constater que Jackie parlait aussi couramment la langue locale. Ce jour là, j’avais pu
apporter un court message qu’elle a traduit avec beaucoup d’aisance.

15’34 à 16’09 : Jackie lance à son auditoire le défi de ‘continuer le travail que Dieu nous a donné
à faire’. Sa voix monte, son regard est perçant. Elle donne un court speech qui interpelle. Je
compare cela au ‘surfeur’ qui prend tout à-coup une vague et surfe sur le haut de la vague
pendant quelques secondes ou quelques minutes. Il ne serait probablement pas facile de rester sur
une vague une heure entière mais le faire quand la vague se présente donne au discours beaucoup
d’impact.

16’22 : Au lieu de simplement lire le texte biblique, Jackie se permet de faire une petite
parenthèse pour dire ce qu’elle pense de ce passage avant de poursuivre sa lecture. Très efficace
quand ce n’est pas fait trop souvent, ce qui pourrait ‘abîmer’ la lecture du texte.

16’48 à 17’05 : Une petite note d’humour sarcastique bien placée. Le public que l’on ne voit pas
réagit en riant, ce qui montre que la petite note est bien passée.

Jackie n’a pas peur de rester figée. De 18.17 à 18.50 , elle s’agenouille presque en s’adressant
aux plus jeunes. Comme pour être à leur niveau. Ces 30 secondes, en bas au bord de l’estrade,
renforcent inévitablement ce qu’elle a partagé.

21’13 à 21’41 : En se rabaissant, en mettant une main sur sa hanche, elle devient très proche du
public. Il y a 1000 personnes sous la tente mais c’est un peu comme si, à ce moment, c’est à un
groupe d’une dizaine de personnes qu’elle s’adresse. Cette intimité rend son message plus
accessible et plus crédible.

32’52 à 33’48 : Quand elle raconte une anecdote, Jackie peut être très théâtrale. Au lieu de
simplement raconter une histoire, elle semble la jouer. Idéal pour garder l’attention des auditeurs.

45’45 : L’oratrice demande au public de se lever pour répondre à son appel missionnaire. Il
semble que tout le monde se lève, ce qui peut démontrer que son message a été reçu 5 sur 5.

A partir de 46’00, alors que l’on pourrait croire que son message est fini, Jackie ajoute une
parenthèse liée à ce qu’elle a dit durant sa prédication. Si ça ne devient pas une deuxième
prédication (comme le font de nombreux évangélistes), cette courte parenthèse peut être
bénéfique pour clarifier un point du message.

Etonnamment, son message se termine avec des ‘grimaces’. A 46’50 et à 47’12. Il ne serait
probablement pas recommandé de le faire mais dans le contexte de ce message, ça passe. La
‘grimace’ reflète simplement une expression que nous utilisions tous. De cette manière, là
encore, Jackie se rend très proche, très humaine.

Bien que toute l’assistance soit debout, à 48.02, Jackie invite un premier groupe de personnes à
venir sur le devant. Communiquer c’est bien. Inviter à répondre à ce qui a été communiqué, c’est
mieux.

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Même pendant qu’elle lance son invitation, elle apporte ici et là une petite touche de prédication,
d’exhortation. Ce n’est pas long et ça se combine bien avec l’appel qu’elle donne.

A 50’28 un deuxième appel est lancé, cette fois pour un autre groupe de personnes. Son appel est
spécifique. Une bonne communication inclus un appel qui doit être clair.

51’41 à 52’15 : Les gestes qui invitent à venir sur le devant donnent encore plus de force à cet
appel. On en ressent d’ailleurs l’importance et l’urgence.

51'55 à 52’48 : Jackie devient très personnelle et s’adresse à une femme âgée en particulier. Sa
communication tout à la fin de son sermon ‘zoome’ sur une personne spécifique. Une façon peut-
être aussi, au travers d’elle, de parler aux autres personnes âgées dans l’auditoire.

Bien que Jackie termine en invitant l’auditoire à la prière, elle continue d’interpeller l’auditoire
au cœur même de cette prière. Je crois que cette femme est tellement passionnée qu’elle a du mal
à conclure.

1.4 Gad Elmaleh

Je suis convaincu que les pasteurs devraient regarder davantage les humoristes et s’en inspirer.
Les ‘One man shows’ auraient tellement à leur apprendre sur la manière de se tenir sur scène et
de captiver l’attention de leurs auditoires.

Il y a quelques mois, je me suis précisément rendu à l’Aréna de Genève pour observer


scrupuleusement la forme de communication du jeune comédien Kev Adams. (Sur les 5000
spectateurs, j’étais peut-être le seul à y aller pour cette raison-là). Seul sur scène, il a captivé la
foule pendant deux heures non-stop. (Et dire que certains ministres de l’Evangile ne peuvent pas
garder leurs ouailles captivées plus de 20 minutes !)

L’un des grands comiques actuels est Gad Elmaleh (qui, contrairement à Kev Adams, n’a pas de
sketchs de mauvais goût). https://fr.wikipedia.org/wiki/Gad_Elmaleh

Gad Elmaleh, né le 19 avril 1971 à Casablanca, est un humoriste, musicien, acteur et réalisateur
marocain, canadien et français. Gad (‫ )גד‬signifie « joie » en hébreu, Il parle couramment
l’anglais, l’arabe et l’hébreux.

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Dès l'âge de cinq ans, il monte sur scène aux côtés de son père, mime, pour annoncer ses
numéros à l'aide d’une pancarte. Fasciné par le monde du spectacle, il rêve de devenir « une sorte
de Michael Jackson » et s'inspirera plus tard de son travail sur le corps, sur la gestuelle. En 1987,
à 16 ans, Gad quitte le Maroc pour aller étudier les sciences politiques à l'université de Montréal
(Québec), puis vient en France en 1992, à Paris, pour suivre une formation artistique. En 2006, il
est fait chevalier des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de
Vabres. Puis le 4 avril 2011, il est fait officier des Arts et des Lettres par le ministre Frédéric
Mitterrand.

Fier de ses origines juive et marocaine, il a pris position pour la possible réunion des
communautés arabe et juive.

En septembre 2006, Gad Elmaleh réalise une mini-tournée aux États-Unis, marquée par un
spectacle à Broadway au Beacon Theater, devant un public de 3 000 personnes.

Le 6 janvier 2007, il est élu « homme le plus drôle de l'année » par les téléspectateurs de TF1
devant 49 autres humoristes.

C'est dans le cadre du festival Juste pour rire 2007, à Montréal, au Québec, que l'humoriste
présente sa prestation Papa est en haut pour la première fois.

En 2011, il apparaît dans le film Minuit à Paris de Woody Allen dans lequel il joue le
personnage du détective Tisserant puis tient le rôle d'Omar Ben Salaad dans Les Aventures de
Tintin : Le Secret de La Licorne de Steven Spielberg .

Voici un extrait d’un de ces spectacles :

https://www.youtube.com/watch?v=ZQ2iGoVOjqo

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1’02 : Le comédien commence tout simplement par un sourire et un bonsoir. Le pouvoir du
sourire pour connecter et se faire accepter par le public dès son entrée en scène. Le sourire ne
coûte rien mais permet d’ouvrir la porte.

1’48 à 2’43 : Il prend pratiquement une minute pour mettre l’auditoire à l’aise en citant les
différents types de personnes présentes dans la salle. Du premier rang au dernier, tout le monde
se sent ainsi inclus. Quand on sait que l’on est pris en compte, on est prêt à écouter.

Puis aussitôt il enchaîne jusqu’ à 4’00 par une histoire où chacun se sent concerné. Une
formidable façon de mettre tout le monde au même niveau. Et de plus Gad Elmaleh se met lui
aussi au niveau des spectateurs. Il n’y a pas cette attitude : ‘Vous, vous feriez cela, moi jamais !’.
Il se rend vulnérable, donc accessible.

En applaudissant, à 4’55, le public est en train de dire : ‘Tu nous a tout à fait compris. Tu a pu
dire ce que l’on fait alors que tu ne nous connais même pas.’

7’50 à 9’23 : L’art de sortir de son texte et de se laisser ‘conduire’ en échangeant avec des
personnes précises du public. Il n’y a rien de mieux pour créer un lien avec l’auditoire. De
nombreux prédicateurs s’en tiennent tellement à leur texte qu’ils oublient parfois de décrocher
pour ‘sentir la température’ de ceux qui les écoutent. Il ne faut pas en abuser mais en posant une
question à des personnes dans l’assistance, l’interaction renforce la communication.

De 13’08 à 13’22 : le comédien ne parle plus : il mime une scène. Sans dire un mot, on donne
parfois plus de poids à l’histoire. Il faut du talent et du courage pour faire passer un message sans
mot, en se taisant. Rien de tel pour maintenir l’attention du public.

Le film ‘The Artist’ avec Jean Dujardin est sans parole. Et pourtant il a reçu l’Oscar du meilleur
film. Communiquer ne veut pas toujours dire ‘paroles’.

14’40 à 15’02 : L’artiste change de voix comme si quelqu’un d’autre se trouvait sur scène. Ce
court changement de voix casse la monotonie qui pourrait s’installer à l’écoute de la même voix
au bout de 15 minutes. Au lieu de dire par exemple : ‘Ça me fait penser à une personne qui aurait
une voix rauque’, il va directement prendre cette voix sans explication. Cette façon est plus
percutante.

30’00 à 30’32 : Je ne suis pas certain que cette partie ait été prévue. Cette scène sort en tous cas
du lot. Gad Elmaleh sort de sa trame et joue avec le projecteur de lumière. Tout ce qui tire le
spectateur d’une certaine monotonie est le bienvenu pour rendre la communication efficace.

30’36 à 30’55 : Là aussi, le comédien improvise. Il parle d’une ville (il semble que le spectacle
ait été enregistré à St-Etienne) et ironise sur le fait qu’à une certaine époque, ce fut une grande
ville de foot. Il sait, comme il le dit d’ailleurs, ‘sur quel bouton appuyer pour obtenir une
réaction’. D’où l’importance d’avoir des connaissances sur l’histoire et la culture de la ville ou
du pays où l’on se trouve. Cette touche personnelle fait dire au public : ‘Ce comédien sait à qui il
parle. On n’est pas juste une foule de plus dans sa tournée.’

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1.5 : Mamadou Karambiri

Musulman, Karambiri se convertit au christianisme en février 1975, lors d’une rencontre avec
des jeunes missionnaire évangéliques français, alors qu’il prépare son doctorat d’État en
économie financière, à Toulouse. De retour au Burkina Faso, il occupe différents postes dans de
grandes entreprises. En 1985, il démarre un groupe de prière avec sa famille. Celui-ci atteint 500
personnes en 1987. Cette année là, après avoir quitté les Assemblées de Dieu, il fonde le Centre
international d'évangélisation à Ouagadougou. En janvier 1990, il démissionne de ses fonctions
laïques pour être ministre de l'évangile à plein temps.

En 2005, il est fait chevalier de l’Ordre national et, en 2011, officier de cet ordre par le président
Blaise Compaoré. https://fr.wikipedia.org/wiki/Mamadou_Philippe_Karambiri

A l’inverse de beaucoup de pasteurs africains qui se laissent assez vite aller vers la prospérité au
dépend es autres, le pasteur Mamadou est resté lui-même tout au long des années. Un humble
serviteur de Dieu.

Le message que j’ai choisi a été donné à l’église La Porte Ouverte Chrétienne à Mulhouse. La
POC est l’une des plus grandes églises de France.

https://www.youtube.com/watch?v=q8EtZOzNOcY

2’26 : Le pasteur Karambiri arrive sur scène dans un habit vraisemblablement africain. La façon
de s’habiller est déjà une forme de communication. Il met en évidence ses origines, sa culture.
Beaucoup de prédicateurs semblent avoir perdu ce qui les différencie des autres et cèdent à la
pression de revêtir le costume et la cravate, comme tout bon pasteur. Savoir être soi-même incite
souvent le respect de l’auditoire.

3’20 à 4’00 : Le pasteur Mamadou prend son temps pour mettre la base de son message. Il lit un
verset puis le redit. La répétition, surtout si c’est essentiel, donne force à la communication.

A plusieurs reprises, comme à 5’30 le prédicateur pose une question. Sans en abuser, cette forme
de communication permet à l’auditoire d’être attentif et à l’orateur de ‘sentir la température’ de
l’assistance. ‘Sont-ils vraiment avec moi ou certains décrochent –ils déjà ?’

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Comme tout bon prédicateur, Mamadou Karambiri provoque pour faire réfléchir. De 6.09 à 6’23
il donne un court exemple qui suscite des réactions (ce qui est à mon avis nécessaire pour cet
auditoire particulièrement sage et ‘ trop gentil’). Il faut parfois lancer des piques pour faire réagir
une assistance trop ‘molle’.

6’30 : Le pasteur se permet de ‘tutoyer’ alors que l’auditoire n’est pas fait d’enfants. Ça passe
bien puisque dans la culture burkinabaise qui est la sienne, cette façon de parler en public est très
courante. Un orateur d’une culture différente de celle où il est invité doit trouver le juste
équilibre entre garder ce qui fait sa personnalité et sa culture tout en étant respectueux du pays et
surtout du type d’église dans lequel il se trouve. Trouver le bon compromis n’est pas toujours
chose facile.

La lecture biblique commence à 7’10. Au lieu de lire tout le texte et prendre le risque de perdre
quelques auditeurs, le pasteur s’arrête à 8’00 pour apporter une exhortation jusqu'à 9’40 où il
poursuit à nouveau la lecture. En ‘coupant par morceaux’ une longue lecture, on rend la
présentation plus agréable à suivre. Vouloir absolument et tout de suite lire le texte, même quand
il est très long, peut alourdir la communication. Si les gens décrochent dans les premières
minutes il pourrait être difficile de les captiver plus tard.

Les prédicateurs revivalistes comme Spurgeon, Whitefield ou Moody avaient comme habitude
de ne prêcher qu’un ou deux versets. Pas plus. Je crois qu’ils avaient compris un point essentiel
de la communication : un verset clé pour une idée principale dans leur message. Ce qui
permettait aux gens de retenir pendant longtemps ce que le pasteur avait prêché.

Je pense qu’il faudrait plutôt réserver aux études bibliques la lecture de longs passages ou de
plusieurs extraits de la bible. La prédication et l’enseignement sont deux formes différentes de
communication.

15’34 : ‘Un plat de lentilles’. Ces 4 mots ont tellement d’importance que le pasteur non
seulement le lit mais en regardant le public il le redit de façon solennelle en levant le doigt. Si un
mot, une expression, une partie d’un verset a une grande importance, il ne faut pas y passer vite.
Ici, Mamadou a comme appuyé sur la touche ‘pause’ pour que ces quelques mots s’impriment
dans l’esprit de ses auditeurs.

17’43 à 17’50 : Sa voix change de ton. Cette façon de faire a de l’impact. De cette manière, on
quitte la monotonie que pourrait engendrer un long sermon. Un bon contenu, de bonnes idées, un
bon message n’empêchent pas de perdre de plus en plus le public si le tout est exprimé de façon
monotone ou monocorde. D’où l’importance de travailler la forme autant que le fond.

20’37 à 21’37 : Pendant une minute le pasteur ouvre son cœur et partage une expérience très
personnelle. Pour illustrer une vérité biblique, rien de mieux que de raconter un témoignage. Plus
celui-ci est personnel, plus il met le doigt sur la faiblesse, la fragilité ou les regrets de celui qui le
raconte, alors plus l’auditoire se rapproche de l’orateur.

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L’autre jour je partageais un repas après le culte avec le pasteur Dominique Fontaine de l’Eglise
de réveil Lausanne. En grandissant en France j’aimais beaucoup le groupe Jude 25 dont le
pasteur Fontaine faisait partie.

Le pasteur Fontaine a vécu une double vie, bien que ministre de l’Evangile. Son livre ‘Quand le
verre vire au rouge’ décrit son combat avec l’alcoolisme.

Récemment, lui et son épouse sont allés en Côte d’Ivoire. Dominique a raconté à 800 pasteurs
africains comment il a glissé dans le monde de la boisson. Il avait prévu de donner le lendemain
une prédication classique. Les responsables l’ont supplié de continuer sur son témoignage.
Pourquoi ? Par ce que son vécu, son combat, sa vulnérabilité touchent plus que toute autre chose.
Quand un prédicateur ‘se met à nu’, il renforce son impact dans les cœurs de ses auditeurs. Un
auditoire sera toujours attiré par l’authenticité de l’orateur.

28’07 à 28’18 : Le pasteur quitte son pupitre, avance sur le coté, puis se baisse sur le devant :
comme pour mieux faire pénétrer dans le cœur des auditeurs ce qu’il enseigne, il communique
avec son corps et sa démarche. Comme si, en s’approchant encore plus près des gens, il peut plus
facilement leur dire ce qu’il veut. Si prêcher derrière le pupitre donne une image d’autorité, de
crédibilité, le fait de quitter le pupitre pour se rapprocher du public donne une image de sincérité
et d’intimité (on n’a rien à cacher).

30’40 : Tout d’ un coup le pasteur Karambiri se met comme en colère. Il reprend ceux et celles
qui parleraient avec dédain à leurs enfants. On sent son cœur de père. Une sainte colère est un
outil efficace pour communiquer une vérité biblique. Un orateur qui se met en colère pour ce qui
est juste peut susciter l’admiration de ceux qui l’écoutent. ‘ Au moins celui-là a quelque chose
dans ses tripes. Il n’a pas peur de s’insurger en public.’

45’10 à 46’00 : La force de l’humour. Dommage que le pasteur attende la fin de son sermon pour
y apporter une touche humoristique. En observant les membres de l’église, je constate que c’est
la seule fois où je les vois sourire, mais c’est aussi une des fois, me semble-t-il, où le rapport
avec l’orateur est le plus fort. L’humour bien placé ne peut que renforcer la communication. Rien
de mieux pour détendre l’atmosphère.

47’00 à 47’10 : Il annonce à deux reprises, à quelques secondes d’intervalle, qu’il termine sa
prédication. C’est ce qu’il fera trois minutes plus tard. A la différence de Joseph Prince qui
annonce souvent qu’il finit (mais continue encore pendant 20 minutes), Karambiri s’en tient à ce
qu’il annonce. C’est là aussi une forme de communication qui crédibilise l’orateur.

Le célèbre évangéliste D.L Moody disait que prêcher c’est comme jeter un filet de pêche par
dessus bord. Si l’on garde le filet plus longtemps qu’il ne le faut, au moment où il faudra tirer le
filet hors de l’eau, de nombreux poissons se seront déjà enfuis. Comme le clown qui a réussi sa
prestation mais, voulant impressionner encore un peu plus le public ravi, en fait trop à la fin et
gâche un peu l’ensemble de sa prestation.

‘Tirons le filet au bon moment’, c’est la dernière clé essentielle d’une communication réussie.

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2.1 : Les 7 clefs
Pour la suite de ce mémoire, je voudrais partager quelques clés que j’ai utilisées au fil des années
qui m’ont aidé à mieux communiquer.

Clef 1 :

Après avoir examiné avec attention ces 5 orateurs, il est clair que lorsqu’ils utilisent une histoire
ou une anecdote tirée de leur vie, l’intérêt de l’auditoire augmente considérablement.
Les enfants comme les grands, dans chaque culture et depuis la nuit des temps, tout le monde
aime écouter une histoire.
Sans PowerPoint ni gadgets, dans les villages du Congo, de l’Indonésie ou du Brésil, on sait
encore raconter une histoire. Ces histoires sont souvent transmises de génération en génération.
Les adultes les racontent à leurs enfants qui les racontent à leurs enfants…
En Occident on est en passe de perdre l’art de raconter des histoires. Des initiatives comme les
conférences TED Talk ont essayé de redonner à l’art de parler en public ses lettres de noblesse.
https://www.ted.com/playlists/171/the_most_popular_talks_of_all

On se souvient longtemps d’une histoire, tandis qu’on oublie rapidement les enseignements plus
théoriques. Les pasteurs ont donc tout intérêt à se servir d’histoires et d’anecdotes pour illustrer
leurs sermons.

La prochaine fois que vous vous trouvez dans une église, mettez-vous au fond et observez
l’auditoire. Si le prédicateur raconte une histoire, vous observerez sûrement un regain d’intérêt
de la part de ceux qui écoutent. Même leur langage corporel change.
C’est étonnant comment une simple phrase comme : “Ça me rappelle l’histoire que j’ai lue
l’autre jour …’’ donne un élan nouveau à la prédication.
Il est essentiel de bien connaitre son auditoire afin que l’histoire choisie corresponde exactement
à ceux à qui on s’adresse.

Tout bon pasteur ou évangéliste devrait s’inspirer du modèle de Jésus, le grand expert en ‘Story-
telling’.
De la parabole du Grand festin à celle de la pièce de monnaie perdue en passant par l’histoire de
Lazare et l’homme riche, Jésus n’a cessé de faire connaître les secrets du Royaume de Dieu par
les histoires qu’il racontait.
Gad Elmaleh par exemple est capable de tenir son auditoire pendant plus de 2 heures car toute sa
prestation est une série d’histoires.

Clef 2 :

Sachez par avance à quel auditoire vous allez vous adresser :

La façon dont vous allez raconter votre histoire va dépendre de votre auditoire. Si vous vous
adressez à un groupe d’ados d’un quartier difficile, vous vous préparerez différemment que si
vous devez parler devant des personnes âgées en maison de retraite.

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Si on vous invite à parler en public, renseignez vous bien sur votre assistance. La tranche d’âge
est importante. Pour les enfants, une ou deux années font une grande différence. Des enfants de
11 ans sont très différents d’enfants âgés de 13 ans.

Il m’est arrivé de ne pas m’être renseigné d’avance sur ceux à qui j’allais m’adresser, et j’ai dû
(et ce n’était pas un exercice facile) ‘réajuster mon tir’ au moment où je me suis trouvé en face
de mon auditoire.

Clef 3 :

Répétez à haute voix avant le ‘jour J’.

Bien avant de vous retrouver devant votre public, répétez à haute voix (dans votre chambre face
au mur par exemple) en visualisant votre auditoire.

Vous vous sentirez probablement un peu gêné au début, mais lorsque vous aurez à raconter votre
histoire ‘en vrai’ vous serez beaucoup plus à l’aise. Les mots couleront plus naturellement.

Pourquoi ne pas vous enregistrer ou vous filmer ? Vous pourrez ensuite vous observer et
apporter les ajustements nécessaires. Un ami pourrait aussi visionner votre présentation et vous
en donner un écho.

Je vous conseille de faire de même si vous allez avoir un traducteur. Demandez à la personne qui
va vous traduire de répéter le message à haute voix avec vous. Votre interprète sera tellement
plus à l’aise avec vous ensuite face aux auditeurs !

Je me souviens d’un exemple, il y a quelques années, au Canada. Je devais prêcher à Montréal


dans une église latino. J’ai demandé au pasteur salvadorien s’il pouvait être dans son bureau une
heure avant le culte pour traduire du français à l’espagnol le sermon, avec moi. Il fut un peu
surpris mais, au moment du culte, il fut reconnaissant qu’on ait déjà prêché tous les deux au mur
de son bureau…

Clef 4 :

Evitez de commencer votre présentation de façon banale : ‘Je suis heureux d’être avec vous ce
soir. Merci d’être venu. J’ai beaucoup de choses à partager avec vous au cours de ce temps
ensemble…’.

En grandissant dans les églises en France, je me suis rendu compte que les pasteurs
commençaient très souvent par : ‘Je vous invite à ouvrir avec moi la Parole de Dieu dans …’. Ça
paraissait peut-être spirituel mais ça ne donnait pas vraiment envie d’écouter.

Si vous ne captivez pas votre auditoire dès le début, vous risquez de le perdre alors que vous
n’êtes même pas encore entré dans le vif du sujet.

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Il faut que vous trouviez un ‘ hameçon’, une entrée en matière originale qui fasse dire à vos
auditeurs : ‘Ah ça c’est intéressant. On ne va pas s’ ennuyer’. Dès le départ il faut susciter
l’intérêt.

Vous pouvez par exemple commencer par une question : ‘Savez-vous combien de temps nous
passons en moyenne, dans notre vie, à regarder la télévision ?’

Par une anecdote personnelle : ‘Hier vous n’allez pas croire ce qui m’est arrivé en sortant du
train…’

Clef 5 :

Pratiquez votre intervention sans micro. Exercez-vous à poser votre voix avec puissance, sans
crier mais en parlant fort et de façon audible.

Ainsi le jour où vous vous trouverez devant un public et qu’il n’y aura pas de micro, vous
pourrez quand même lui parler.

Avant de prêcher dans les églises, je prêchais en plein air. Je me revois à 15 ans, 16 ans… à
prêcher au bord de la mer près de Marseille ou à Clermont-Ferrand. Ce fut une dure école mais
ça m’a servi plus tard, au Cambodge notamment, au beau milieu d’un bidonville pour y partager
l’Evangile.

Certains orateurs sont tellement habitués à toujours parler avec une sono que le jour où ils en
sont privés, ils sont perdus.

Les grands revivalistes anglais comme Wesley ou Whitefield prêchaient tous les jours, plusieurs
fois par jour, à des foules pouvant dépasser 20 000 personnes…sans micro. Et cela pendant plus
de 60 ans !

Même quand le micro est à notre disposition, il n’est pas toujours nécessaire. Devant un groupe
de 20 ou 30 personnes, le micro produit l’effet inverse de ce que l’on recherche : il crée plutôt un
écran avec l’auditoire. Le sentiment de proximité est perdu. Je me suis souvent retrouvé dans de
petites églises au Cambodge avec des micros partout, une superbe sono, de grosses baffles alors
qu’il n’y avait pas plus de 30 personnes. Quand on me donnait le micro pour prêcher et que je
préférais ne pas l’utiliser, on avait du mal à comprendre.

Clef 6 :

Face à un public qui serait assez agité ou distrait (comme c’est souvent le cas avec des enfants ou
des ados), commencez votre présentation à voix basse. Un peu comme si vous aviez un secret à
partager.
Ceux qui veulent vous écouter ne le pourront pas et c’est alors eux qui demanderont aux autres
de faire silence.
Quand le silence et l’attention sont enfin là, vous pourrez doucement monter le son de votre voix.

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Quand une salle est animée et que vous vous apprêtez à prendre la parole, le piège est de parler
plus fort que vos auditeurs. Ce qui ne fait qu’empirer la situation où tout le monde parle fort et
que personne n’est prêt à vous écouter.

Jackie Pullinger a justement réalisé la force à baisser la voix au bon moment. Un art qui se
développe et s’affine à force de parler en public.

Clef 7 :

Dès que vous acceptez une invitation à parler en public, priez régulièrement pour cette rencontre.
Priez que les auditeurs soient attentifs. Priez qu’ils sentent le cœur de Dieu dans ce que vous
allez transmettre. Et priez qu’ils répondent d’une façon ou d’une autre au message.
Vous pourriez aussi visualiser votre auditoire. Demandez déjà à Dieu de leur parler alors que
vous ne les avez pas encore rencontrés. Dieu connait chacun et chacune. Imaginez-les en train de
vous écouter attentivement.
J’ai déjà eu l’occasion de me rendre sur le lieu de la rencontre en avance (la veille par exemple),
quand la salle est encore vide : je suis alors passé dans les rangs et ai prié pour ceux qui seraient
assis sur ces chaises. Consacrez le lieu au Seigneur.

Conclusion : Au sein des Ecoles bibliques, des formations à l’homilétique, l’accent est mis en
général sur le fond du message et la structure (introduction, 3 points et conclusion) mais
rarement sur la forme et les clés qui permettront de gagner l’attention de l’auditoire.
Les professeurs auraient beaucoup à gagner à visionner avec leurs étudiants les orateurs qui ont
réussi dans leur profession. En observant les grands communicateurs serait extrêmement
bénéfique. Les 5 orateurs étudiés dans ce mémoire ont de nombreux points en commun, de la
force de l’humour à celle des histoires et des anecdotes … Ils ont réussi au cours de leurs années
sur les scènes et les estrades à manier tous ces outils avec beaucoup de succès.

2.2 : Appendice
L’art de communiquer par l’art
Pour conclure ce travail de mémoire je tenais à présenter brièvement ‘You’ve Got Talent !’
YGT est un puissant outil de communication utilisant les différentes formes d’art pour présenter
l’Evangile.

Avez-vous déjà invité des amis non-chrétiens à se joindre à vous pour un culte, dans votre
église ? Par politesse ou par curiosité, ils acceptent de venir. Vous êtes vraiment heureux qu’ils
aient répondu à votre invitation mais, en même temps, vous êtes aussi un peu anxieux, sans
savoir si ça va leur plaire ou non. Assis à leurs côtés, vous priez en silence pour que la louange et
la prédication touchent leur cœur. Sur le chemin du retour, vous demandez timidement s’ils ont
apprécié cette première expérience dans une église évangélique. Dans leur regard, vous pouvez
lire : ‘ En fait je n’ai pas trop bien compris. Je ne suis pas sûr de vouloir y retourner.’
Je pense que beaucoup de nos églises, en France, au Cambodge, en Suisse ou ailleurs, ont perdu
des occasions de voir des gens de l’extérieur s’engager pour Jésus.
Nous avons souvent fait l’erreur de leur demander de ‘sauter de l’autre coté de la rivière’ pour
nous rejoindre, mais ils ne le peuvent pas : la rivière est trop large pour pouvoir être franchie.

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Et s'ils décident quand même de sauter, certains se retrouvent bloqués au beau milieu de la
rivière.
On a simplement oublié de construire un pont, un pont qui leur permette de nous retrouver de
l’autre côté.
Dieu a donné à l’Eglise des ponts, mais on pense souvent que ceux-ci ne sont pas suffisamment
spirituels. Le sport est un pont. La musique aussi. Et même la nourriture : en France, on a la
meilleure cuisine du monde mais on ne s’en sert pas suffisamment comme d’un pont pour
partager notre foi.
Le monde des arts et du spectacle est aussi un pont. Un pont que beaucoup de chrétiens ne
veulent pas reconnaitre. Un pont qui ne rentre pas dans leur conception de la mission. Je pensais
aussi comme eux, il y a quelques années.
Je considérais l’implantation d’églises ou la traduction de la Bible comme de véritables
ministères missionnaires. Mais les arts, non ! Et encore moins ce qui touche au spectacle ! Dieu
merci, mes yeux se sont ouverts. Et c’est ainsi qu’est né en 2012, à Phnom Penh : ‘You’ve Got
Talent !’ (‘Vous avez du talent !’). Voir des centaines de Cambodgiens entrer dans une église,
apprécier les performances d’artistes locaux puis entendre un court message de l’Evangile m’a
convaincu de la valeur d’un tel pont.

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Je crois que la musique, la danse, le théâtre, les ombres chinoises, le mime, les marionnettes, les
acrobaties, les clowns, les conteurs peuvent constituer un formidable pont et permettre à un
monde perdu de traverser la rivière. ‘You’ve Got Talent !’ a deux objectifs : donner l’occasion à
un grand nombre de personnes inconverties de voir un spectacle et offrir la possibilité à des
artistes en herbe de présenter sur une scène les talents que Dieu leur a donnés.
Peut-être avez-vous entendu parler de ce tableau de Vincent Van Gogh retrouvé dans un grenier
en Norvège ? Il y est resté des dizaines d’années, après avoir été considéré comme une simple
reproduction. Il s'agit de la première toile pleine grandeur du maître hollandais découverte depuis
1928. Le musée Van Gogh rapporte que ce ‘Coucher de soleil à Montmajour’ est resté oublié au
fond d’un grenier parce qu’à l’époque, on avait dit à son propriétaire qu'il n'était pas authentique.
Une enquête de deux ans et les techniques récentes d'analyse chimique des pigments ont
convaincu les experts qu’il s’agit d’un vrai. Si, un jour, ce tableau est vendu aux enchères, il
pourrait atteindre des millions d’euros.
Quand j’ai lu cette histoire extraordinaire, j’ai pensé aux nombreux enfants des rues et des
bidonvilles, oubliés… Peu de gens s’intéressent vraiment à eux. Beaucoup s’imaginent que ces
garçons et ces filles n’ont rien à offrir. Et pourtant Dieu, le Grand Artiste, les voit autrement. Il
sait que ces enfants sont de véritables œuvres d’art.
Le ministère de ‘You’ve Got Talent !’, au Cambodge, sous la conduite d’Agathe Schust, vise
justement à trouver celles et ceux, petits mais aussi les plus grands, oubliés ‘au fond d’un
grenier’. Puis à les dépoussiérer et à leur donner l’occasion de briller. Pour que tous puissent voir
combien ils sont doués, talentueux et bien plus précieux que les plus célèbres des tableaux.

A l’avenir, de retour au Cambodge je compte inclure dans chaque représentation des artistes
prédicateurs ou des conteurs qui, au cours des 90 minutes du spectacle, présenteront un court
message d’évangélisation de moins de 5 minutes. J’aimerais former ou coacher celles et ceux qui
ont la fibre oratoire et leur permettre de faire face au public au cours d’une soirée ‘ You’ve Got
Talent !’ pour apporter de façon captivante et originale un mini-sermon. Ces messages ne
pourront probablement pas présenter tout l’Evangile mais seront comme un ‘apéritif’ qui aura
pour but de donner envie aux spectateurs de vouloir en apprendre davantage. Ce sera alors pour
eux l’occasion de venir à un prochain spectacle ou même de se rendre dans une église où ils
pourront en savoir plus sur la Bible et le message du Salut.

Au cours de la saison 2012-2013 de ‘ You’ve Got Talent !’ des milliers de Cambodgiens et


d’expatriés ont pu participer aux différents spectacles présentés à l’ Eglise ‘International
Christian Assembly’ de Phnom Penh. Au cours de ces 12 mois, YGT est devenu un outil
permettant aux chrétiens d’inviter leurs amis incroyants à entendre quelque chose de l’Evangile.
Chaque personne qui entrait dans la grande salle recevait un carnet de plusieurs couleurs. Chaque
couleur représentait un artiste qui allait se produire sur scène. A la fin du spectacle j’apportais un
message d’évangélisation de 5 minutes avant que les 800 participants ne votent pour celui qu’ils
estimaient être leur artiste préféré.
A chaque spectacle nous étions honorés d’avoir un ou plusieurs membres de la famille royale
cambodgienne. C’était un prince ou une princesse qui, à la fin du show, remettait le trophée au
vainqueur désigné par le plus grand nombre de votes du public. Le vainqueur était non seulement
ravi d’avoir était élu comme le meilleur, mais encore plus ravi de recevoir des mains même de la
princesse Norodom le trophée.

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Princesse Soma Norodom justement s’est rendue à plusieurs représentations YGT. Bien qu’elle
ne soit pas chrétienne elle écoutait avec intérêt le court message de l’Evangile apporté à la fin du
spectacle.

Princesse Soma est une amie. Un jour, son père qui fut à la tête des armées de l’Air dans les
années 70 est venu avec sa fille, lors d’un culte à l’église internationale. J’ai côtoyé Soma à
plusieurs reprises (interviews radio, fêtes …)
Vous pouvez imaginer ma surprise quand j’ai reçu en début d’année un mail de sa part. Elle
écrivait des Etats- Unis où elle était en visite, pour m’annoncer qu’elle venait de donner sa vie à
Jésus. La photo en pièce-jointe montrait la princesse descendre dans les eaux du baptême !
Soma Norodom fait partie des quelques membres de la famille royale qui se sont déjà engagés
pour Jésus.

Que notre communication puisse faire davantage que divertir nos auditeurs.
Qu’elle leur permette de découvrir la Bonne Nouvelle et se tourner vers Dieu.

Webographie:
http://www.charisma.fr/invites.php?invite=117

https://www.youtube.com/watch?v=U7rKTD4tp7U

https://www.youtube.com/watch?v=ImQ28REog1Q

https://youtu.be/Zy_GDt2j9dE

https://youtu.be/-JRc00gFx0c

https://youtu.be/_acAGdseKHM

http://aucoeurdesfemmes.net/index.php/temoignages/femme-de-foi-dans-l-histoire/169-jackie-
pullinger-21e-siecle

https://www.youtube.com/watch?v=9XcE1icT6TY

https://fr.wikipedia.org/wiki/Gad_Elmaleh

https://www.youtube.com/watch?v=ZQ2iGoVOjqo

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mamadou_Philippe_Karambiri

https://www.youtube.com/watch?v=q8EtZOzNOcY

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http://www.jude25.ch/page/quandleverre/

http://youvegottalent.org/

https://www.ted.com/playlists/171/the_most_popular_talks_of_all

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