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La rhétorique

APPROCHE GÉNÉRALE

Activité 1 : je visionne Le Brio1

Neïla Salah a grandi à Créteil et rêve de devenir


avocate. Inscrite à la grande université parisienne
d’Assas, elle se confronte dès le premier jour à Pierre
Mazard, professeur connu pour ses provocations et ses
dérapages. Pour se racheter une conduite, ce dernier
accepte de préparer Neïla au prestigieux concours
d’éloquence. A la fois cynique et exigeant, Pierre
pourrait devenir le mentor dont elle a besoin… Encore
faut-il qu’ils parviennent tous les deux à dépasser leurs
préjugés.

Consigne : Visionne attentivement Le Brio. Prends note des informations présentes dans
le film qui concernent l’éloquence, la rhétorique. Réponds ensuite, sur la base de tes notes et
de tes souvenirs, aux questions ci-dessous.

1. Le film s’ouvre sur quelques images d’archive présentant quatre figures masculines
célèbres, lesquelles ? Quel message véhicule chacun de ces hommes ?
2. Qu’est-ce que l’éloquence ?
3. En quoi consiste un concours d’éloquence ?
4. Quelles doivent être les qualités d’un « bon » candidat ?
5. De quels facteurs dépend la réussite d’une prise de parole en public ?
6. Les mots mis à part, quels autres aspects le candidat doit-il travailler ?
7. Qui sont les orateurs cités ? Les connais-tu ?
8. Qui est Schopenhauer ?
9. Cite cinq stratagèmes développés dans L’art d’avoir toujours raison.
10. Cite trois exemples de sujets que doit développer Neïla lors des différents tours du
concours d’éloquence.
11. Qu’est-ce que le panurgisme ?

Je plongeais dans les couloirs de la fac en apnée. J’étais la seule à venir de la banlieue sud, la seule à
ne pas habiter à Paris Neuilly ou Versailles, la seule à ne pas avoir un père directeur financier, une mère
responsable de la communication dans une « agence », la seule à n’avoir en poche que la somme exacte du
repas pris au resto U et pas un centime de plus, la seule à porter des vêtements achetés sur les étals du marché
le dimanche, la seule à ne pas voir en Alain Madelin une figure d’avenir, en Balladur un sauveur, en Juppé
1
une relève,
ATTAL, Y., Le la seule
Brio, 2017.à me promener avec au fond de mon sac les poèmes de Dylan Thomas, et dans mon
walkman les premiers albums de Leonard Cohen. Je sais que c’est faux. Que je n’étais pas la seule. Mais c’est
le sentiment que j’avais alors. Et c’était un sentiment de déplacement total, social, intime, culturel.

© C. Brauns – L. Desonay – F. Nottet


ADAM, O., Le Cœur régulier, Paris, Point, p.166.

(2023)
La rhétorique

 Que dénoncent ces quelques lignes ? Justifie ta réponse.


 Quel personnage du film pourrait s’identifier à Sarah, l’héroïne d’Olivier Adam ?
Explique.

12. Participer à un concours d’éloquence s’est révélé au final une expérience particulièrement
positive pour Neïla qui en ressort grandie ; quels bénéfices a-t-elle retirés de cette
pratique ?

Activité 2 : je lis des extraits de La parole, un sport de combat2

Consigne : Bertrand Périer est l’auteur d’un ouvrage intitulé La parole est un sport de
combat, publié en 2017. En voici quelques extraits. Lis-les attentivement et ensuite réponds
aux questions.

EXTRAIT 1

La parole est une force !


Longtemps, je n’ai pas pris la parole. Longtemps, je me suis méfié de l’oralité. Je la trouvais
vaine, voire suspecte. On se méfie des beaux parleurs, des « grandes gueules », de ceux qui bavardent
à tort et à travers, souvent pour ne rien dire.
Mais j’ai compris par l’expérience, dans les épreuves orales que j’ai passées au cours de mes
études, devant les juridictions, puis par la suite en enseignant l’art oratoire, à quel point la parole, si
elle est utilisée à bon escient, est une arme exceptionnelle, une force redoutable qu’il ne faut jamais
sous-estimer.
Dans toute vie en société, bien parler, c’est-à-dire s’exprimer de façon claire et convaincante,
est essentiel. Savoir choisir les mots justes, les bons mots, ceux qui émeuvent, ceux qui persuadent,
ceux qui marquent, c’est avoir une longueur d’avance.

PERIER, B., La parole, un sport de combat, Paris, J.C. Lattès, 2017, p.9.

EXTRAIT 2

Je n’établis pas de hiérarchie entre l’oral et l’écrit, mais je pense que, par certains aspects, parler
est plus difficile qu’écrire.
Alors que l’écrivain peut toujours corriger son texte s’il n’en est pas satisfait, l’orateur — et
surtout son incarnation qui est pour moi la plus formidable, l’improvisateur — n’a pas de seconde
chance. La parole naît et meurt en même temps. Il n’y a pas d’instance d’appel pour la parole.
Impossible de « refaire la prise ». On ne rembobine pas les discours.
Il y a entre l’écrit et l’oral une autre différence qui me semble importante. Écrire, c’est envoyer
une bouteille à la mer.

2
PÉRIER, B., La parole, un sport de combat, Paris, J.C. Lattès, 2017.

© C. Brauns – L. Desonay – F. Nottet


(2023)
La rhétorique

L’écrivain ne sait pas qui le lira, ni quand il sera lu. Il a d’une certaine façon vocation à
l’éternité : comme dit l’adage, « les écrits restent » ! À l’inverse, parler c’est dédier sa parole à ceux
qui vous écoutent ici et maintenant, dans l’instant du discours.
Je parle pour quelqu’un et je dirais autre chose si je m’adressais à quelqu’un d’autre. Montaigne
soulignait déjà que l’auditoire est pour moitié dans le discours.
Je déplore que l’oralité demeure aujourd’hui, malgré les initiatives individuelles et isolées prises
ici et là par des enseignants souvent admirables, passionnés, dévoués et compétents, le parent pauvre
des programmes scolaires. Pour ma part, je considère qu’après mes vingt ans je n’ai pas appris grand-
chose : l’essentiel s’était joué avant. Je crois que la transmission de l’oralité doit avoir toute sa place
dès l’école primaire, elle doit absolument y être revalorisée et systématiser. On ne peut pas
l’abandonner au bon vouloir de tel ou tel professeur. Faire cela, c’est accroître les inégalités et les
aléas devant une compétence pourtant essentielle dans le monde contemporain.
PERIER, B., La parole, un sport de combat, Paris, J.C. Lattès, 2017, p. 11-12.

1. Pour quelle(s) raison(s) l’oral suscite-t-il le doute, la suspicion ?


2. L’oral requiert-il un travail plus accru que celui consenti à l’écrit ? Justifie ta réponse.
3. Quelle(s) difficulté(s) l’orateur rencontre-t-il ?
4. À ton avis, pourquoi l’oralité demeure-t-elle « le parent pauvre des programmes
scolaires » ?

© C. Brauns – L. Desonay – F. Nottet


(2023)
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PARTIE 1 : JE DÉCOUVRE LES GENRES DE L’ÉLOQUENCE

Activité 1 : je prends note

Consigne : écoute attentivement l’exposé de ton professeur concernant l’éloquence et la


rhétorique. Prends note des informations que tu juges essentielles. L’exposé est accompagné
d’un support visuel ; utilise-le intelligemment. Réponds ensuite aux questions suivantes.

1. Qu’est-ce que l’éloquence ?


2. Qu’est-ce que la rhétorique ?
3. Quels auteurs antiques se sont penchés sur l’art de la rhétorique et ses procédés ?
4. Que sont l’inventio, la dispositio et l’elocutio ?
5. Quelles sont les différentes finalités du discours ?
6. Quels sont les trois genres de discours ? Quelles sont leurs caractéristiques ?

Activité 2 : je lis de grands discours

Consigne : tu trouveras ci-dessous trois textes. Pour chaque texte…

 Précise à quel genre de discours il appartient. Pourquoi ? Utilise ce que tu viens


d’apprendre sur la rhétorique pour répondre.
 Tu observeras également les principaux procédés rhétoriques utilisés pour toucher
l’auditoire et le convaincre. Quelles figures de style reconnais-tu ?

EXTRAIT 1

Mise en situation de l’extrait : on vient de dévoiler à Cicéron, consul (69 A.C.N.), les plans de
la conjuration de Catilina. Cicéron met Rome en état de défense contre cette tentative de prise de
pouvoir, et comme Catilina ose venir au Sénat, il prononce contre lui, devant tous les sénateurs, un
discours véhément, la Première Catilinaire :
Jusques à quand abuseras-tu de notre patience, Catilina ? Combien de temps encore serons-nous
ainsi le jouet de ta fureur ? Où s’arrêteront les emportements de cette audace effrénée ? Ni la garde qui
veille la nuit sur le mont Palatin, ni les postes répandus dans la ville, ni l’effroi du peuple, ni le
concours de tous les bons citoyens, ni le choix, pour la réunion du sénat, de ce lieu le plus sûr de tous,
ni les regards ni le visage de ceux qui t’entourent, rien ne te déconcerte ? Tu ne sens pas que tes projets
sont dévoilés ? Tu ne vois pas que ta conjuration reste impuissante, dès que nous en avons tous le
secret ? Penses-tu qu’un seul de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et la nuit précédente, où
tu es allé, quels hommes tu as réunis, quelles résolutions tu as prises ?
CICÉRON, Première Catilinaire, 69 A.C.N.

EXTRAIT 2

Mise en situation de l’extrait : voici un extrait de l’un des plus célèbres discours de Bossuet,
évêque et célèbre prédicateur du XVII e siècle, prononcé à l’occasion de la mort d’Henriette
d’Angleterre.

© C. Brauns – L. Desonay – F. Nottet


(2023)
La rhétorique

Et certainement, messieurs, si quelque chose pouvait élever les hommes au-dessus de leur
infirmité naturelle si l’origine qui nous est commune souffrait quelque distinction solide et durable
entre ceux que Dieu a formés de la même terre, qu’y aurait-il dans l’univers de plus distingué que la
princesse dont je parle ? Tout ce que peuvent faire non seulement la naissance et la fortune, mais
encore les grandes qualités de l’esprit, pour l’élévation d’une princesse, se trouve rassemblé et puis
anéanti dans la nôtre. De quelque côté que je suive les traces de sa glorieuse origine, je ne découvre
que des rois, et partout je suis ébloui de l’éclat des plus augustes couronnes. (…) Mais cette princesse,
née sur le trône, avait l’esprit et le cœur plus hauts que sa naissance. Les malheurs de sa maison n’ont
pu l’accabler dans sa première jeunesse ; et dès lors on voyait en elle une grandeur qui ne devait rien à
la fortune. Nous disions avec joie que le ciel l’avait arrachée comme par miracle des mains des
ennemis du roi son père, pour la donner à la France : don précieux, inestimable présent, si seulement la
possession en avait été plus durable ! Mais pourquoi ce souvenir vient-il m’interrompre ? Hélas ! nous
ne pouvons un moment arrêter les yeux sur la gloire de la princesse sans que la mort s’y mêle aussitôt
pour tout offusquer de son ombre. (…) Elle croissait au milieu des bénédictions de tous les peuples et
les années ne cessaient de lui apporter de nouvelles grâces.
BOSSUET, Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre, 1670.

EXTRAIT 3

Mise en situation de l’extrait : voici la péroraison, c’est-à-dire la fin du discours prononcé par
Danton devant l’Assemblée législative le 2 septembre 1792. Ce discours a pour but d’inviter le peuple
français à se mobiliser contre l’envahisseur étranger (la France est entrée en guerre contre l’Autriche
le 20 avril 1792).

Il est satisfaisant, pour les ministres du peuple libre, d’avoir à lui annoncer que la patrie va être
sauvée. Tout s’émeut, tout s’ébranle, tout brûle de combattre. Vous savez que Verdun n’est point
encore au pouvoir de nos ennemis. Vous savez que la garnison a promis d’immoler le premier qui
proposerait de se rendre. Une partie du peuple va se porter aux frontières, une autre va creuser des
retranchements, et la troisième, avec des piques, défendra l’intérieur de nos villes. Paris va seconder
ces grands efforts. Les commissaires de la Commune vont proclamer, d’une manière solennelle,
l’invitation aux citoyens de s’armer et de marcher pour la défense de la patrie. C’est en ce moment,
messieurs, que vous pouvez déclarer que la capitale a bien mérité de la France entière. C’est en ce
moment que l’Assemblée nationale va devenir un véritable comité de guerre. Nous demandons que
vous concouriez avec nous à diriger le mouvement sublime du peuple, en nommant des commissaires
qui nous seconderont dans ces grandes mesures. Nous demandons que quiconque refusera de servir de
sa personne, ou de remettre ses armes, sera puni de mort. Nous demandons qu’il soit fait une
instruction aux citoyens pour diriger leurs mouvements. Nous demandons qu’il soit envoyé des
courriers dans tous les départements pour avertir des décrets que vous aurez rendus. Le tocsin qu’on
va sonner n’est point un signal d’alarme, c’est la charge sur les ennemis de la patrie. Pour les vaincre,
il nous faut de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, et la France est sauvée.
DANTON, Sur la Patrie en danger, 1792.

© C. Brauns – L. Desonay – F. Nottet


(2023)
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PARTIE 2 : JE M’INTÉRESSE AUX NOTIONS DE LA RHÉTORIQUE

Activité 1 : je m’intéresse à l’ethos

L’ethos, qui signifie manière d’être, habitude, caractère en grec ancien reprend tous les
aspects liés à la personnalité de l’orateur ou plutôt à l’image qu’il donne de lui quand il parle.
Si on écoute quelqu’un avec attention, c’est souvent avant tout parce qu’on se fait une idée de
ce qu’il vaut, de ce pour quoi il vaut la peine d’être écouté. On parle alors d’ethos préalable.

Les questions à se poser pour analyser l’ethos d’un orateur :


 Qui est l’émetteur du discours (l’orateur) ?
 L’orateur se crée-t-il une image dans son discours ? Si oui, par quel(s) élément(s) ?
 Le destinataire du discours connaît-il l’orateur ? Si oui, a-t-il un ethos préalable positif ou
négatif de celui-ci ?

Activité 2 : je m’intéresse au pathos

Pathos signifie, en grec, souffrance, passion, affect. Là où l’ethos est un mode de


persuasion qui se construit autour de l’orateur, on pourrait dire que le pathos est construit
autour du destinataire puisque c’est chez lui que l’on veut éveiller des sentiments au moyen
du discours. En s’intéressant au pathos, on s’intéresse à la capacité (ou la tentative) de toucher
un public en éveillant en lui des passions, de la compassion, de l’attachement.

Les questions à se poser pour analyser le pathos dans un discours :


 Qui est le destinataire du discours ?
 L’orateur fait-il référence, de manière explicite ou implicite, à son destinataire dans son
discours ? Si oui, par quel(s) moyen(s) ?
 L’orateur tente-t-il de créer des émotions chez son destinataire ? Si oui, par quel(s)
moyen(s) ?

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(2023)
La rhétorique

Activité 3 : je m’intéresse au logos

Plus de place pour l’émotion ici. Quoi qu’on ne puisse pas dire qu’il existe des formes
et des éléments de discours « purement rationnels » qui ne parlent qu’au cerveau et
absolument pas aux émotions de l’auditoire, certains schèmes, c’est-à-dire certaines tactiques
pour emporter l’adhésion chez son auditoire, fonctionnent davantage sur un mode « logique »
que sur un mode « émotif ». Il s’agit ici de canevas que tu utilises, sans le savoir, depuis que
tu élabores des argumentations.

LES SCHÈMES ARGUMENTATIFS DANS LE DISCOURS

Selon Aristote (qui n’a pas véritablement été contredit depuis), l’argumentation
rationnelle ne fonctionne que sur deux mécanismes très simples : l’induction et la déduction.
Comme en science, l’induction consiste à partir d’une observation pour induire une règle
générale, et à l’inverse, la déduction consiste à partir d’une règle générale pour déduire une
application particulière. Ce mécanisme est souvent utilisé en mathématique.

LES SYLLOGISMES ET LES ENTHYMÈMES

Le fonctionnement inductif prend souvent la forme d’un syllogisme, forme de


raisonnement extrêmement simple puisqu’elle est composée de deux prémisses, une majeure
et une mineure, ainsi que d’une conclusion du type :
 Tous les hommes sont mortels (majeure).
 Socrate est un homme (mineure).
 Donc Socrate est mortel (conclusion).

Un enthymème n’est rien d’autre qu’un syllogisme dont on aurait « escamoté » une
partie parce qu’elle est supposée connue de tous (par la doxa3, par exemple), qu’elle tombe
sous le sens ; elle est sous-entendue.

Consigne : décompose les enthymèmes suivants.

1. On t’affirme que tel président n’a jamais trahi ses idéaux, ni fait de compromis. Tu
réponds laconiquement « c’est un homme politique… », sous-entendant :
 ______________________________________ (majeure).
 C’est un homme politique (mineure).
 ______________________________________ (conclusion).
2. Tes parents, soucieux de ta consommation d’alcool, veulent t’interdire de sortir dans le
carré. Tu leur assures que tu ne boiras pas. Ils te répondent « j’ai été jeune avant toi » :
 ______________________________________ (majeure).
 J’ai été jeune avant toi, je connais le carré (mineure).
 ______________________________________ (conclusion).

3
Cf. Suite de la séquence (pp. 15-16)

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(2023)
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L’ARGUMENT PAR L’EXEMPLE ET L’EXEMPLE PAR ANALOGIE

Depuis la 4e secondaire (voire avant), on te martèle que tu dois toujours sertir


d’exemples chacun de tes arguments. Pour Aristote, un exemple est bien plus qu’un ornement
de discours ou une lubie de professeur de rhétorique, c’est un moyen de convaincre à part
entière. Là où, pour convaincre, un syllogisme met en relation un cas particulier (ce dont on
cherche à convaincre l’auditoire) avec une règle générale (déjà admise par l’auditoire),
l’exemple, lui, tire sa force persuasive « [en mettant] en relation un objet problématique avec
un objet déjà intégré par les représentations [de l’auditoire] »4. Ce qui est nouveau, ce dont je
cherche à persuader mon auditeur est en effet éclairé par ce qu’il connaît déjà. Pour Aristote,
il existe deux catégories d’exemples. La preuve par antériorité (l’exemple à proprement
parler) et la preuve par similitude (l’analogie).

Avec l’exemple par antériorité, on part du principe que le passé (qui est certain, testé,
prouvé) sert à éclairer l’avenir, au contraire incertain. Si quelque chose s’est « déjà produit »,
alors, cela pourrait tout à fait se reproduire.
Voici un exemple dans le domaine du marketing : « Vous hésitez à acheter un
ordinateur portable chez nous. Pourquoi ? Parce que vous ne savez pas si nos produits sont
fiables, vous ne savez pas si notre service après-vente est compétent. Sachez que l’année
dernière, 99 % de notre clientèle a été satisfaite par nos produits… Pourquoi serait-ce
différent cette année ?

Consigne : rédige un exemple d’antériorité dans le domaine du politique (« Vous


voulez voter pour un parti d’extrême droite ? ») et pour ton futur employeur (« Vous êtes
réticent à engager un ancien étudiant de l’Athénée royal de Chênée ? »).
Avec l’exemple par analogie, on construit un exemple sur la base de la logique « A est
à B ce que C est à D »5.
Par exemple : « On s’est tous indignés en apprenant que les Américains parquaient les
Amérindiens dans des réserves et on a vu les désastres que ça a provoqués ; alors voulez-vous
vraiment entasser les Roms dans des camps ? »
L’argument est construit comme tel : si ce que A (les Américains) fait à B (les
Amérindiens) est mauvais alors ce que C (le destinataire) fait à D (les Roms) est mauvais
aussi puisque le lien entre A et B est le même que celui qui rapproche C et D. Ici l’analogie
porte sur la manière de traiter une minorité.

Consigne : « On a bien vu la manière dont, dans le secteur automobile, Volkswagen


mentait au consommateur pour lui vendre des voitures trop polluantes, alors j’ai du mal à
croire qu’Ikea, une autre multinationale, nous dise la vérité quand elle prétend se soucier de
l’environnement. » Formalise l’analogie comme cela vient d’être fait ci-dessus.
4
MAINGUENEAU, D., L’analyse du discours, Paris, Hachette, 1991.
5

© C. Brauns – L. Desonay – F. Nottet


(2023)
La rhétorique

LES PARALOGISMES

Les éléments théoriques abordés jusqu’ici sont présentés tels qu’ils pourraient se
retrouver dans le discours honnête d’une personne cherchant à te convaincre. Le principe du
logos, c’est qu’il est construit sur des arguments logiques… Tu peux, bien sûr, ne pas être
d’accord, trouver qu’un exemple est mauvais, mais tu ne peux pas raisonnablement accuser un
orateur qui tente de te convaincre par ces moyens d’être malhonnête, d’être manipulateur ; il
cherche à te convaincre, c’est tout.
Mais à côté des arguments logiques, il y a les para (à côté)/logismes (issu du Logos).
Les paralogismes sont aussi appelés « sophismes », du nom des professeurs de rhétoriques de
l’Antiquité, les sophistes, qui étaient, dit-on, prêts à toutes les techniques de manipulation
pour faire triompher une idée. Un paralogisme fonctionne donc comme un dysfonctionnement
de la logique.

Consigne : pour chaque paralogisme ci-dessous, explique comment il fonctionne, en


quoi il est manipulatoire, en quoi il ne répond pas vraiment à la logique.

1. L’équivoque : « Comment pouvez-vous être contre l’organisation des réseaux


d’enseignement, les réseaux étant des liens, et plus il y a de liens dans la société, mieux
c’est ! »
2. Le cercle vicieux : « Dieu existe puisque la Bible le dit, et la Bible ne dit que la vérité
puisqu’elle vient de Dieu. »
3. La question complexe : « À quel moment avez-vous pris la décision de tuer votre
femme ? »
4. Le paralogisme du hareng rouge : « C’est sûr, le gouvernement français n’a pas rempli
toutes ses promesses en matière d’emploi et de sécurité, mais parlons un peu du Burkini. »
5. La fausse dichotomie : « Soit on fait doubler tout le monde dès qu’un examen est raté,
soit on laisse les étudiants ne rien faire dans un cours sans que ça n’ait aucune
conséquence… »
6. L’homme de paille : « Vous proposez que les automobilistes se garent aux abords du
centre-ville, dites tout de suite que vous êtes pour la dictature des vélos, que vous voulez
priver les gens de leur liberté ! »
7. La division ou la composition : « Piqué est un bon joueur, Messi est un bon joueur,
Griezmann est un bon joueur, Suarez est un bon joueur, donc le Barça est une bonne
équipe… »
8. La généralisation abusive : « J’ai été agressé par un Serbe, ma sœur a été agressée par
une Croate, donc les gens des pays de l’Est sont de nature violente ! »
9. L’argument post hoc ergo propter hoc : « Il a plu juste après une nuit de pleine lune,
donc la lune influence bel et bien la pluie. »

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(2023)
La rhétorique

10. L’argument de la pente savonneuse : « On sait comment ça va : on tire sur une


cigarette, puis on achète un paquet, puis on essaye le cannabis, puis on prend du LSD en
soirée, puis on devient accro à l’héroïne et on finit comme Amy Whinehouse ! »
11. L’argument ad personam : « Vous accusez mon client de viol et vous nous dites à quel
point ce qu’il a fait est horrible. Vous pouvez bien parler, monsieur le procureur, je vous
ai vu, vous, l’autre jour, peloter une petite secrétaire ! »
12. L’argument ad verecundiam : Laurent Ruquier, il s’y connaît en matière de télé et il m’a
dit que mon émission pourrait marcher, alors financez-la, puisque Ruquier y croit ! »
13. L’argument ad ignoratiam : « Donnez-moi une seule preuve que les martiens ne sont
jamais venus sur terre. Vous en avez une ? Non ! Hé bien alors admettez-le, les martiens
sont déjà venus sur terre… »
14. L’argument ad populum : « Vous venez me dire que ça ne serait pas efficace, pas
humain, de rétablir la peine de mort ? Un tas de gens, en Belgique, est pour, or tous les
Belges ne sont pas stupides ! »
15. L’argument ad misericordiam : « Bien sûr mon client est un pirate informatique qui a
hacké le site du gouvernement, mais mettez-vous à la place de ce pauvre gars, sans amis,
qui a dû se rabattre sur une vie de geek, lui qui n’avait que son ordinateur comme unique
vie sociale… On peut le comprendre, non ? »
16. L’argument ad baculum : « Vous pouvez toujours essayer de hausser les impôts, mais je
vous préviens, j’ai toute une série de relations haut placées qui vont vous mettre des
bâtons dans les roues, il ne faudra pas venir vous plaindre si vos amis perdent leurs
emplois très prochainement… »

Activité 4 : je m’intéresse à des notions qui se situent entre le pathos et le logos

Les questions à se poser pour analyser la construction du logos dans un discours :


 L’orateur utilise-t-il des syllogismes et/ou des enthymèmes (illustrer par des
exemples provenant du discours) ?
 L’orateur utilise-t-il des arguments par l’exemple et/ou des arguments par analogie
(illustrer par des exemples provenant du discours) ?
 L’orateur est-il totalement honnête ou tente-t-il de manipuler son destinataire par
son discours, notamment un utilisant des paralogismes (illustrer par des exemples
provenant du discours) ?

LA DOXA

Pour emporter l’adhésion du public, jouer sur l’image que l’on dégage en tant
qu’orateur et sur l’émotion qu’on peut provoquer chez l’auditoire n’est pas tout. Encore faut-il

© C. Brauns – L. Desonay – F. Nottet


(2023)
La rhétorique

prouver à ceux qui nous écoutent que l’on a quelque chose en commun avec eux, que l’on
partage une certaine connivence.
La doxa, c’est ce socle commun, cette opinion partagée (mais pas nécessairement
scientifique, rationnelle) qui nous unit avec les gens de notre époque, de notre pays, de notre
niveau social, sans qu’il soit nécessaire, en temps normal, d’en débattre. « Tout le monde
s’accorde à penser que… », « il n’y a plus besoin de démontrer que… »

C’EST COMPRÉHENSIBLE
PARCE QUE l’ON PARTAGE
SI JE DIS… CELA SIGNIFIE…
TOUS LA DOXA QUI LAISSE
ENTENDRE QUE…
« C’est une info digne du journal
La Meuse… »
« Il est aussi intelligent qu’un
joueur de foot… »
« Tiens, c’est étonnant, les
chauffeurs du TEC sont en
grève… »
« Il veut mettre en place un régime
hyper démocratique du style de
celui de la Corée du Nord… »
Chacun de ces énoncés, tu l’auras compris, était ironique. Tu as perçu l’ironie parce
que, sans qu’il soit nécessaire de te le dire ouvertement, tu sais que c’est l’idée contraire qui
est le plus souvent partagée. Pour jouer la carte de la complicité avec son auditoire, emporter
son adhésion, l’orateur va donc, au sein de son discours, placer une série de lieux communs,
d’idées reçues.

LES FIGURES DE STYLE

Quand on parle de figures de style, on pense d’emblée davantage à la poésie qu’à la


rhétorique, davantage à un genre de discours destiné à jouer avec la langue plutôt qu’à un
genre de discours destiné à convaincre. Dans cette mesure, on pourrait ranger l’emploi de
figures de style dans un discours au registre du pathos. Mais au fond, une figure, qu’est-ce
que c’est ? C’est un procédé par lequel on s’écarte de la façon ordinaire de s’exprimer.
Ce serait pourtant être bien naïf que de croire que les figures ne sont là que pour « faire
joli ». Une métaphore par exemple peut avoir des vertus de persuasion.
L’orateur peut renforcer la portée argumentative de son discours en y glissant des
figures qui entraîneront l’adhésion de l’auditoire plus aisément que ne l’aurait fait un énoncé
simple. Ainsi l’énoncé simple « je vais tenter de vous défendre », deviendrait l’énoncé figuré :
 Comparaison : « je me battrai comme un lion pour vous ! »
 Métaphore : « je serai vos remparts, votre forteresse… »
 Hyperbole : « je ne m’arrêterai jamais de me battre pour vous »
 Ironie : « bien malin celui qui croit que je ne me battrai pas pour vous défendre. »

© C. Brauns – L. Desonay – F. Nottet


(2023)
La rhétorique

Les questions à se poser pour analyser les éléments de discours qui relèvent du pathos et du logos.
 L’orateur fait-il référence à la doxa (illustrer par des exemples de lieux communs, d’idées
reçues utilisé(e)s dans le discours) ?
 L’orateur utilise-t-il des figures de style dans le but d’emporter l’adhésion de son
lecteur (illustrer par des exemples provenant du discours) ?

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(2023)
La rhétorique

Activité 6 : je rédige un compte-rendu d’une chronique de Clément Viktorovitch

Clément Viktorovitch est un politologue français, spécialiste de la rhétorique. Depuis


septembre 2019, il tient une chronique dans l’émission Clique. Il y analyse différents discours
et explique la manière d’utiliser la parole de diverses personnalités, réelles ou fictives.
Tu vas devoir travailler sur une chronique que ton professeur va t’attribuer (surligne-la
dans la liste ci-dessous). Tu la trouveras en tapant son titre sur YouTube.

 Le petit manuel de communication de Kanye West


 La rhétorique de Dragon Ball
 La rhétorique de François Hollande
 La rhétorique du vêtement
 La rhétorique du Général de Gaulle
 La rhétorique des ados
 La rhétorique de Top Chef
 La rhétorique du professeur Raoult
 La rhétorique complotiste
 La rhétorique de Louis de Funès
 Le côté obscur de la rhétorique
 On ne dit pas « ne pas »
 Le maître Badinter
 Joe Biden et l’art de répondre à l’agression
 L’art de la colère

Ton texte devra contenir trois paragraphes :

1. Dans le premier, tu présenteras la source du discours analysé par Clément Viktorovitch. Il


peut s’agir d’une personnalité en particulier, d’un film, d’une émission télévisée, etc.
Pense à citer le titre de la chronique dès le début de ton texte.
2. Dans le deuxième, tu développeras une notion mise en évidence par Clément Viktorovitch
dans la chronique et tu l’exemplifieras par un élément du discours analysé.
3. Dans le troisième, tu mettras en évidence ce que cette chronique peut t’apprendre quant à
la manière d’utiliser la parole.

Lorsque tu rédigeras ton texte, imagine un destinataire qui n’a pas eu l’occasion de
visionner la chronique. Fais dès lors preuve de précision et de clarté dans tes explications ;
veille à être explicite afin qu’il comprenne, sans effort, le propos.
Ce travail sera évalué sous la forme d’un bonus ou d’un malus dans le cadre de la tâche
finale. Afin d’obtenir le bonus, tu ne peux pas être sanctionné de plus de trois « non » dans la
grille d’évaluation figurant ci-dessous.

Auto-évaluation Évaluation du
Critères
(oui/non) professeur (oui/non)

 Le titre de la chronique est-il cité dès le début du texte ?

 Le premier paragraphe présente-t-il la source du discours de manière suffisamment


claire et précise ?
 Le deuxième paragraphe explique-t-il une notion analysée dans la chronique de

© C. Brauns – L. Desonay – F. Nottet


(2023)
La rhétorique

manière suffisamment claire et précise ?


 La notion expliquée est-elle exemplifiée ?
 Le troisième paragraphe met-il en évidence ce que cette chronique permet
d’apprendre quant à l’utilisation de la parole ?
 Le texte est-il structuré (connecteurs logiques, paragraphes et anaphores) ?
 Les normes linguistiques (orthographe, syntaxe, ponctuation et lexique) sont-elles
respectées ?
- Plus de cinq erreurs : NON
 Le texte est-il soigné ?

BONUS/MALUS
Afin de rédiger un texte de qualité, tu peux t’aider de l’exemple qui suit. Il porte sur la
chronique intitulée « La rhétorique de Woody Allen ».

Le 19 septembre 2019, Clément Viktorovitch a présenté une chronique intitulée « la rhétorique


de Woody Allen ». Même s’il est humoriste et clarinettiste, Woody Allen est principalement connu
comme l’un des plus grands réalisateurs américains de sa génération. Il est prolifique — il a, à ce jour,
créé plus de cinquante films — et il est plutôt apprécié de la critique — il a gagné de nombreuses
récompenses, dont des Oscars, notamment avec Match Point, Annie Hall ou encore Minuit à Paris.
Bien qu’il ait quatre-vingt-cinq ans, il continue à réaliser, essentiellement des œuvres évoquant sa ville
natale, New York.
En 1995, Woody Allen est invité à la télévision française, dans une émission de Bernard Pivot :
Bouillon de culture. À cette occasion, il va répondre à un questionnaire de Proust. Une réponse en
particulier va permettre à Clément Viktorovitch d’expliquer la notion d’ethos préalable, à savoir
« l’image que les auditeurs ont de l’orateur avant sa prise de parole ». L’ethos préalable peut fortement
influencer la manière dont le discours est perçu. Bernard Pivot demande à Woody Allen dans quels
plante, arbre ou animal il désirerait être réincarné. Assez spontanément, il répond l’éponge. Sa réponse
est naturellement perçue comme l’expression d’une certaine modestie, l’éponge n’ayant pas une image
privilégiée dans le monde animal. Si quelqu’un est amené à revoir ce moment de télévision
aujourd’hui, il est probable qu’il ne perçoive pas le discours de Woody Allen de la même manière. En
effet, les accusations d’attouchements du réalisateur américain sur sa fille adoptive sont prises
beaucoup plus au sérieux de nos jours. De ce fait, quand Woody Allen évoque l’éponge, un auditeur
de 2020 se concentrera certainement sur l’apparence dégoûtante de l’animal, sur son aspect visqueux,
et n’y verra plus une preuve d’humilité.
Grâce à cette chronique, j’ai appris qu’avant de prendre la parole, je dois toujours me demander
quelle est l’image que mon destinataire a de moi. Un même propos peut effectivement être reçu
positivement si les personnes à qui je m’adresse ont une image positive ; au contraire, il peut être reçu
négativement si elles ont une image négative. Simplement, je dois toujours savoir qui j’ai en face de
moi, comment je suis considéré, afin d’adapter mon discours à mon public et ainsi augmenter mes
chances de le convaincre.

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La rhétorique

PARTIE 4 : J’ANALYSE UN DISCOURS

Exemple : ATTAL, Y., Le Brio, 2017, 1h18min30sec –


1h24min10sec.

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La rhétorique

1. BADINTER, R., « Discours en faveur de l’abolition de la peine de


mort », 1981, (https://www.youtube.com/watch?
v=waM7DsuhX28&t=14s).

2. HUGO, V., « Discours sur la misère », 1849,


(https://www.youtube.com/watch?v=4hgkj3wHWzY).

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La rhétorique

3. MONIOT, E., À Voix Haute, 2016, 1h6min48sec –


1h10min33sec.

4. DUPOND-MORETTI, É., 13.15 le samedi, 2015,


(https://www.youtube.com/watch?v=KT4EKEyaphg&t=5s).

5. MALRAUX, A., « Hommage à Jean Moulin », 1964,


(https://www.youtube.com/watch?v=zNA8ZlU7yaA&t=93s).
6. MITTERAND, F., « Discours au parlement européen », 1995,
(https://www.youtube.com/watch?v=yT4Yg04eZEU&t=7s).

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La rhétorique

7. BACHELOT, R., « Discours en faveur du PACS »,


1998, (https://www.youtube.com/watch?v=GS10DyNcIAI).

8. OBAMA, B., « Discours d’adieu à Chicago », 2017,


(https://www.youtube.com/watch?v=CRVxjgQ8PGc).

9. FERRONI, N., « Éducation nationale : va te soigner


d’abord ! », 2019, (https://www.youtube.com/watch?
v=MPoNNSstRFk).

10. THUNBERG, G., « Discours à l’ONU », 2019,


(https://www.youtube.com/watch?v=W4e5l-XUmfI).

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La rhétorique

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La rhétorique

© C. Brauns – L. Desonay – F. Nottet (2023)


La rhétorique

PARTIE 5 : MOI AUSSI, JE SUIS UN ORATEUR (TÂCHE FINALE)

Consigne : tu as analysé un discours. Il est maintenant temps d’en produire un. Il t’est
demandé d’enregistrer une vidéo qui dure entre trois et cinq minutes, dans laquelle tu
prononceras un discours sur un sujet qui te tient à cœur. Les destinataires de ta vidéo seront
tes condisciples ainsi que ton professeur de français.

Activité 1 : je choisis un sujet

Normalement, tout ne te satisfait pas dans la société actuelle. Tu as maintenant


l’occasion d’exprimer ce qui selon toi doit changer. Si tu peux donc choisir assez librement
ton sujet, soumets-le tout de même à ton professeur pour confirmation. En effet, celui-ci
vérifiera s’il correspond bien aux valeurs de l’Athénée.
Ci-dessous figurent des exemples de sujets à traiter. Idéalement, afin que ton discours
t’appartienne complètement, tu devrais toi-même mettre en évidence le message que tu
souhaites faire passer, la thèse que tu souhaites défendre. Si après réflexion, tu n’as vraiment
aucune idée, tu peux alors sélectionner un des sujets suivants.
Inspire-toi de la manière dont sont formulés les exemples pour rédiger la phrase qui
présente ton sujet. Il doit absolument être exprimé que c’est ton avis, que tu tiens un propos
subjectif.

EXEMPLES DE SUJET :

 Selon moi, en 2023, il est temps qu’une femme et un homme aient, pour un même
poste, exactement le même salaire.
 Selon moi, il faudrait que le citoyen occupe une place plus importante dans la
démocratie belge, qu’il soit plus actif, notamment par la création de référendums sur
les questions de société essentielles.
 Selon moi, il faut être plus exigeant dans le combat écologique en faisant passer des
lois strictes qui obligeront les citoyens à totalement changer de mode de vie (par
exemple, en interdisant la possession de deux voitures par ménage).
 Selon moi, il faut, pour recréer du lien humain, complètement interdire les réseaux
sociaux.
 Selon moi, un chroniqueur qui a été reconnu à plusieurs reprises coupable d’incitation
à la haine — comme Éric Zemmour — ne devrait plus pouvoir s’exprimer dans les
médias.

Mon sujet (validé par le professeur)

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(2023)
La rhétorique

Consigne : sur une feuille annexe, reproduis le schéma de Jakobson en intégrant les
différents éléments de la situation de communication du discours que tu prononceras dans la
capsule vidéo.

Activité 2 : je définis l’orientation de mon discours, je me définis comme orateur

Avant de rédiger ton discours, il est important que tu définisses la direction que prendra
ton argumentation, et du même coup, que tu te définisses comme orateur. Pour ce faire,
reproduis et développe le document à la page 34 en répondant aux différentes questions.
Ton discours devra obligatoirement au moins contenir :

 un passage dans lequel tu construis ton image d’orateur (surligné en jaune) ;


 une interpellation directe à ton destinataire (surlignée en rose) ;
 soit un syllogisme, soit un enthymème, soit un argument par l’exemple, soit un
argument par analogie (surligné en rose) ;
 trois figures de style (surlignées en bleu).

Tu l’as compris, tu devras remettre une transcription de ton discours. Celle-ci ne sera
pas évaluée ; elle permettra simplement à ton professeur de vérifier que tu as bien intégré les
différents éléments demandés. N’oublie donc pas de les surligner en utilisant le code couleur
précisé ci-dessus.

Activité 3 : je réfléchis à la structure de mon discours

Un discours rhétorique est toujours composé de quatre parties. Réalise une recherche
afin de les identifier sans oublier de rédiger la source selon les règles établies en début
d’année. Explique ensuite brièvement ce sur quoi tu dois te concentrer dans chaque partie.
Situe enfin à quels moments de ton discours tu utiliseras certaines techniques rhétoriques (la
construction de ton image d’orateur, l’interpellation du destinataire, un syllogisme, une figure
de style, une référence à la doxa, etc.).

QUELS ÉLÉMENTS
QUE DOIS-JE FAIRE
DIFFÉRENTES PARTIES RHÉTORIQUES VAIS-JE
DANS CETTE PARTIE ?
INTÉGRER ?

Source : ___________________________________________________________
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(2023)
La rhétorique

Activité 4 : je rédige mon discours

Maintenant que tu as choisi ton sujet, que tu as défini l’orientation de ton discours, que tu
t’es défini toi-même comme orateur et que tu as réfléchi à la structure de ton propos, tu peux
te lancer et rédiger ton texte.
Afin de t’assurer que tu respectes l’ensemble des critères, réfère-toi à la grille
d’évaluation qui se trouve aux pages 35 et 36. N’hésite pas non plus à utiliser les fiches-outils
qui figurent dans ton cours. Celle intitulée Rédiger un texte devrait t’être particulièrement
utile.

Activité 5 : je m’entraîne… j’apprends mon texte, j’apprends à dire mon texte

Attention, lorsque tes destinataires regarderont ta capsule vidéo, ils ne devront pas avoir
l’impression que tu lis… Tu dois donc apprendre ton texte par cœur ! Tu peux évidemment
tout de même jeter un coup d’œil rapide sur ta feuille s’il y a des passages que tu as plus de
mal à retenir.
Si le fond, le contenu du texte est important dans l’acte de persuasion, la forme l’est
également ! Afin de savoir comment dire un texte efficacement, prends connaissance de la
fiche-outil Prendre la parole en public. Surlignes-y les informations qui te seront utiles dans
le cadre particulier de la tâche finale.

Activité 6 : j’enregistre ma vidéo

Puisque tu réaliseras une vidéo, tu ne prendras pas réellement la parole devant un public.
Tu penses certainement que c’est un exercice plus facile, mais ce n’est pas toujours le cas.
Afin de mettre en évidence les avantages et les inconvénients de l’enregistrement vidéo par
rapport à la prise de parole en direct, complète le tableau qui suit. Il te permettra de réfléchir
aux opportunités et aux contraintes propres au média audiovisuel.

Avantages Inconvénients

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(2023)
La rhétorique

Lorsque tu as suffisamment répété, enregistre ta vidéo. Si tu as des difficultés à


enregistrer ta vidéo, peu importe la raison (non-maîtrise des logiciels, problème de matériel,
etc.), contacte ton professeur ; une solution sera trouvée.
Les modalités de la remise des travaux seront déterminées oralement en classe.

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(2023)
La rhétorique

MOI, ORATEUR

ETHOS PATHOS LOGOS


 Comment vais-je procéder  Vais-je faire référence à la  Vais-je
 Quelle image de moi-même
pour créer un lien avec mon doxa ? Si oui, comment ? et/ou un
ai-je envie de renvoyer ?
destinataire ? le(s)que
Comment vais-je procéder
pour « construire » cette
image (éléments textuels,  Quelle(s) émotion(s) ai-je  Quelle(s) figure(s) de style  Vais-je utiliser un argument
éléments vestimentaires, envie de créer chez mon vais-je utiliser pour rendre par l’exemple ? Si oui,
attitude, etc.) ? destinataire ? Comment vais- mon discours plus agréable à lequel ?
je procéder pour créer écouter, pour que mon
cette/ces émotion(s) ? destinataire se sente plus
concerné et donc qu’il soit
 Vais-je utiliser un argument
plus facilement convaincu ?
par analogie ? Si oui, lequel ?

Critères Indicateurs Évaluation Commentaires du professeur

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La rhétorique

 L’intention du discours est-elle argumentative ? 0–3


 La thèse est-elle clairement exprimée dans le discours ? 0–2
 Les arguments utilisés défendent-ils la thèse ? 0–1–2

 Le discours est-il organisé ?


0–1–2
Pertinence :
/20  Le discours est-il convaincant ? 0–2
 Y a-t-il, dans le discours, une construction de l’ethos ? 0–2
 Y a-t-il, dans le discours, au moins une interpellation directe du destinataire ? 0–2
 Y a-t-il, dans le discours, au moins soit un syllogisme, soit un enthymème, soit
0–2
un argument par l’exemple, soit un argument par analogie ?
 Y a-t-il, dans le discours, au moins trois figures de style ?
- Trois figures : 3
- Deux figures : 2 0–1–2–3
- Une figure : 1
- Pas de figure : 0
Audibilité  Le discours est-il facilement audible (puissance vocale) ? Non : - 3
Visibilité :  La vidéo est-elle suffisamment nette pour regarder le discours sans effort ? Non : - 2
/2  La gestuelle de l’orateur est-elle maîtrisée ? 0–1–2
 Le discours est-il intelligible (articulation, débit, pauses, liaisons, etc.) ? 0–2
 Le discours est-il agréable à écouter (variation de volume, de débit, d’intonation,
Intelligibilité : 0–2
etc.) ?
/8
 Le vocabulaire employé est-il adapté au destinataire, riche et correct ? 0–1–2
 L’orateur respecte-t-il la syntaxe de l’oral ? 0–1–2
 Le discours dure-t-il entre 3 et 5 minutes ? Non : - 3
Recevabilité  La tenue de l’orateur est-elle adaptée à la situation de communication ? Non : - 2
 Le lieu où est tournée la vidéo est-il adapté à la situation de communication ? Non : - 1
 L’orateur a-t-il obtenu un bonus ou un malus dans le travail sur la chronique de Bonus : +3
Divers
Clément Viktorovitch ? Malus : - 3
TOTAL /30

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