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Quartier Militaire
Écrit par Suzanne Reutt
Catégorie : Histoire
Publication : 10 juillet 2011
Tous les lecteurs de « La Tribune de Diego Suarez » le savent maintenant, les premières
implantations dans le territoire de Diego Suarez-Suarez, cédé à la France en 1885, se
firent à Cap Diego Suarez et dans la ville basse.
Interdiction était alors faite aux civils, pour des raisons de sécurité militaire, de s’installer sur
le plateau.
Pour autant, l’armée n’avait pas vraiment investi les hauteurs de la ville, se contentant, dans
un premier temps, d’y construire 2 petits fortins en bois (voir photo). Le premier, situé au sud
et entouré d’un rempart en briques était « protégé » (si on peut dire !) par une haie de
bambous taillés en pointe. Plus bas, le second dominait la
baie « croisant ses feux avec le premier, sur le plateau
couvert de hautes herbes qui domine Antsirane
(L’Illustration).
Le Contre-Amiral Miot, qui avait pris possession du nouveau
territoire écrivait, le 11 avril 1885 : «J’ai fait construire deux
petits fortins destinés à protéger le village d’Antsirane, plutôt
pour rassurer les réfugiés qui viennent jusqu’à nous, que
pour nous défendre contre toute agression des Hovas.»
Dès 1900 plus de 5000 militaires furent envoyés à Diego Suarez : il fallut donc les loger. En
1905, les installations étaient pratiquement achevées : elles comprenaient des casernes pour
les troupes, des logements pour les officiers, des bureaux, des magasins, des ateliers. Un
nouveau quartier était né, occupant toute la partie ouest de la ville et parallèle à
l’agglomération civile groupée autour de rue Colbert, ouverte en 1890.
Ce quartier était relié à la ville basse où s’étaient faites les premières installations, par la rue
du Catinat (du nom du bateau du même nom) devenue par la suite la rue Gouraud (un des
généraux les plus populaires de la Grande Guerre). Celle-ci se prolongeait (et se prolonge
toujours !) par le Bd Bazeilles (nommé ainsi en hommage aux troupes de marine qui
combattirent à la bataille de Bazeilles lors de la guerre franco-prussienne de 1870). Enfin, on
pénétrait dans le quartier militaire proprement dit, par le Bd Militaire qui se terminait au
portail de la Direction de l’Artillerie, devenue la SECREN.
Le chemin de fer Decauville, qui reliait le port à Sakaramy empruntait alors cet
itinéraire pour bifurquer ensuite dans le Bd de Sakaramy au niveau du Camp Lubert.
Suivons un peu le trajet de la petite locomotive Decauville pour rencontrer les militaires
des années 1900-1910
Nous grimpons donc, à partir du port, jusqu’au Bd Bazeilles, nous passons devant le Cercle
Français – actuellement « Suarez Art ». Le Cercle Français était à l’époque le haut lieu de la
vie mondaine et économique. C’est au Cercle Français que le Général Gallieni, en visite en
1901, avait annoncé les mesures d’urbanisme qui devaient transformer la ville, notamment la
construction de la rue Richelieu qui reliait les quais à la ville haute.
Nous tournons ensuite dans le Bd Militaire. A droite, se trouve le Cercle Militaire : c’est une
construction de bois, moins luxueuse que le Cercle Français ; il fut plus tard remplacé par le
bâtiment actuel ; à côté, par contre, la résidence du gouverneur (militaire), un des premiers
bâtiments construits sur le plateau en fer et brique, a résisté au temps puisque nous pouvons
toujours le voir à peu près tel qu’il était lorsqu’il dominait les installations militaires de la
ville basse.
En face, s’ouvre le camp Mehouas, (les3 camps du quartier militaire portent le nom
d’officiers ayant participé à la guerre franco-malgache de 1895) qui abritait à l’époque le
3ème bataillon de Tirailleurs malgaches.
Entre le cercle militaire et le Camp Mehouas, s’étend la Place d’Armes où se déroulaient les
manœuvres et d’où partaient les défilés, notamment pour le 14 juillet.
Plus loin, le Bd Militaire, bien ombragé à l’époque, passait entre les maisons des officiers,
d’abord construites en bois avant de prendre l’aspect que nous leur connaissons à l’heure
actuelle.
Au niveau du Camp Lubert, la voie ferrée bifurque dans le Bd de Sakaramy pour se diriger
vers le Camp Pardes (où était cantonné le Bataillon Colonial).
Restons dans le Bd Militaire : sur la droite s’ouvre, comme maintenant, le Camp Lubert qui
abritait le 7ème régiment d’artillerie coloniale.
On entrait ensuite dans les quartiers de la Marine en passant devant l’Hôtel du Commandant
de la Marine , jouxtant le sémaphore qui recevait les signaux depuis le Cap d’Ambre. Puis, les
casernes de la Marine (ou, comme on le disait à l’époque « le casernement des équipages de la
flotte ») et enfin, au bout du Bd Militaire la Direction de l’Artillerie (qui devint plus tard la
DCAN puis la SECREN) avec sa cheminée, ses ateliers …et son portail majestueux qui n’a
pas beaucoup changé.