JUILLET 2012 / N° 1031

LE REFLET DU MONDE CONTEMPORAIN

L’Afrique
subsaharienne
2008-2012

Autres articles...
Le Sommet Les médicaments génériques : Islam et politique
de Chicago vrai ou faux débat ? au Koweït

100e année - 7
Commission paritaire 1008 K 83764 - ISSN 0981 - 0390
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leS doSSierS de la
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n jaNvIER ......................
L’Europe du Sud
n FévRIER ......................
La Communauté
des états Indépendants
n MaRS ..........................
La France
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L’Asie de l’Est
n MaI .............................
L’Afrique du Nord,
le Proche-Orient et le
Moyen-Orient
n jUIN ............................
L’Asie du Sud, Sud-Est
et l’Océanie
jUILLET
L’Afrique subsaharienne
n aOûT ...........................
L’Amérique du Nord
n SEpTEMbRE ................
L’Amérique latine
n OCTObRE .....................
L’évolution du monde
contemporain
n NOvEMbRE .................
L’Union européenne
n déCEMbRE ..................
L’Europe septentrionale
et centrale
La Revue d’études - juillet 2012
ENCORE UNE FOIS, la Nation s’est retrouvée unie dans la
cour d’honneur des Invalides à Paris. Dans ce matin ensoleillé
du 14 juin, alors qu’une légère brise faisait frissonner les plis
de l’étendard du 40°RA, le chef de l’État a rendu un vibrant
hommage aux quatre soldats tombés en Afghanistan quelques
jours avant. C’est ainsi que va la France avec « ses valeurs de
Général Marc ThéRy paix, de liberté et de démocratie »…
Rédacteur en chef.
Et il est bien de reprendre notre réflexion avec un nouveau et
beau Dossier du mois sur l’Afrique subsaharienne. Continent
éprouvé et agité mais rempli d’espoirs et toujours dans nos esprits.
Puis reportons notre vue sur d’autres questions importantes :
- L’Otan trois ans après le retour de notre pays dans la structure militaire
intégrée ;
- l’illusion du désarmement au croisement du passé et de l’avenir ;
- les médicaments génériques, au cœur de notre santé ;
- l’islam et la politique, à nouveau, à travers l’exemple du Koweït ;
- enfin, les liens entre argent, économie et morale.
Cher lecteur, cet été commençant marque un passage entre un passé bien rempli
et un avenir prometteur. Où que vous soyez, profitez de cette période propice pour
faire le point et lancer des projets qui vous feront grandir. Bonne lecture !
Bien à vous. l
Sommaire
Tableau de bord
4. à retenir, à suivre... doSSier
13-L’Afrique subsaharienne (2008-2012)
bibliographie 15. Afrique sahélienne
6. Conseils de lecture, 22. Afrique occidentale
sites Internet 38. Afrique centrale
52. Corne de l’Afrique
focuS 57. Afrique orientale
7. Le Sommet de Chicago 64. Afrique australe
poinTS de vue
9. Les médicaments génériques : la rédacTion a lu pour vouS
vrai ou faux débat ? 75. Islam et politique au Koweït
11. Les illusions 77. L’abstraction matérielle :
du désarmement l’argent au-delà de la morale et
de l’économie
3
Tableau de bord
à retenir
France
afghaniSTan
NOUvEL aTTENTaT
kaMIkazE
« Mourir pour la France, c’est vivre à
jamais dans le cœur des Français », a
notamment déclaré le chef de l’état
lors de la cérémonie aux Invalides en
hommage aux 4 militaires français
tués en Kapisa, le 9 juin, lors d’une
opération conjointe de sécurisation
avec l’armée afghane. « Le temps
de la transition est venu », a-t-il
ajouté, confirmant le retrait des
forces combattantes dès le mois de
juillet « dans l’ordre et la sécurité »,
et saluant « le dévouement et le
courage » des troupes déployées
dans une zone réputée sensible,
où 87 soldats français ont déjà été
victimes, depuis 2001, des insurgés
talibans.
le chiffre du moiS
87 SOLdaTS
français tombés en
afghanistan depuis
2001.
elecTionS légiSlaTiveS
10 ET 17 jUIN
après une campagne
présidentielle plutôt « terne », les
législatives n’ont pas vraiment
mobilisé les électeurs, au
regard d’un taux d’abstention
particulièrement élevé (près de
43 % au premier tour et un peu
plus de 44 % au second) qui
confirme le décalage observé
entre les Français et leur système
politique, ainsi que la crise de
confiance qu’ils ressentent à
son égard. Reste que le paysage
politique a été totalement
redessiné, avec un pS et ses
alliés déjà majoritaire au Sénat,
obtenant seul, avec plus de 300
députés sur 577 sièges, la majorité
absolue au palais-bourbon.
4 La Revue d’études - juillet 2012
International
irlande
RéFéRENdUM
La partie n’était pas gagnée, mais
les Irlandais se sont finalement
exprimés à une faible majorité
en faveur du traité européen de
discipline budgétaire (déjà approuvé
par 25 des 27 pays de l’UE, et qui
doit être ratifié par 12 des 17 pays
de l’Euroland pour pouvoir entrer en
vigueur), misant sur la capacité de
l’Eurogroupe à accompagner le pays
dans son redressement économique,
l’Irlande, dont le PIB dépend de
son commerce extérieur avec l’UE
notamment, étant en récession
depuis le second semestre 2011.
grèce
éLECTIONS LéGISLaTIvES
Vainqueur du scrutin du 17 juin,
Syriza, Antonis Samaras, le leader
du parti libéral Nouvelle Démocratie
(ND), a été mandaté pour former
un gouvernement (de coalition) et
mettre un terme à la crise politique
qui sévit depuis les précédentes
législatives du 6 mai. Parvenu à un
accord avec le Pasok (socialiste)
et la Dimar (gauche modérée) qui
ont fait campagne, comme la ND,
pour le maintien de la Grèce dans
l’Euroland moyennant, le nouveau
chef de gouvernement s’est engagé
à « obtenir de ses créanciers un
assouplissement du mémorandum »
(reprogrammation du calendrier),
en échange de certaines réformes
structurelles.
égypTe
SCRUTIN
pRéSIdENTIEL
après un suspense savamment
entretenu par le Conseil suprême
des forces armées (qui assure
la transition politique depuis la
chute du raïs), c’est le candidat
islamiste Mohamed Morsi qui a
été déclaré vainqueur de l’élection
présidentielle, au détriment du
candidat de l’ancien régime. Mais
il n’a jamais été question pour la
junte militaire de confier tous les
pouvoirs à un exécutif islamiste,
d’où l’invalidation par la haute
Cour constitutionnelle (à la solde
du CSFa) du scrutin législatif
de fin 2011 (accordant une large
majorité aux Frères musulmans
au parlement), un coup d’état qui
risque de « radicaliser » tous les
contestataires qui ont cru en leur
printemps arabe.
mexique
G20 LE 19 jUIN
Les dirigeants du G20 avaient pour
ambition de « conjurer » la crise de
la dette européenne et de renforcer
les moyens d’intervention du
FMI ; pour le président français, il
convenait aussi de convaincre ses
homologues de la nécessité d’une
relance de la croissance mondiale,
de remettre sur la table la taxe
sur les transactions financières,
et de pousser à la création d’un
secrétariat permanent du G20.
Bilan, si les participants ont affiché
leur unité pour conjurer le risque
d’une récession mondiale et se sont
engagés à abonder les ressources du
FMI, le président Hollande a échoué
sur les transactions financières et
sur son objectif de doter l’institution
d’une structure permanente de
suivi.
bréSil
SOMMET RIO + 20
Comment faire vivre 7 milliards
de personnes sans épuiser les
ressources de la planète ? Tel était
le défi auquel devaient répondre les
représentants des 193 pays réunis
du 20 au 22 juin, cette « grand-
messe » écologique se soldera par
un échec, faute d’engagements
concrets et en raison de divergences
sur le principe d’une gouvernance
mondiale de l’environnement et sur
le concept même d’économie verte
et équitable, perçus par les pays
émergents comme de nouvelles
contraintes susceptibles de freiner
leur développement.
 par Christian zyromski, Général de division aérienne (2S), en charge des questions d’actualité
à suivre…
France
collecTif budgéTaire 2012
débUT jUILLET
La Cour des comptes devrait
« publier » son audit sur l’état
des lieux des finances publiques
le 2 juillet, la veille du discours
de politique générale du Premier
ministre et de la présentation du
collectif budgétaire en Conseil des
ministres (4 juillet). Au menu de
cette loi de finances rectificative
(devenue incontournable au regard
de la révision à la baisse des
prévisions de croissance pour 2012)
International
conférence Sur
le commerce deS armeS
3 pREMIèRES SEMaINES
dE jUILLET
Le 2 juillet s’ouvrira au siège
new-yorkais de l’Onu, une
conférence visant à élaborer
un projet de traité international
réglementant le commerce des
armes conventionnelles (qui a
représenté, en 2011, un marché de
près de 2 000 milliards de dollars).
Au menu notamment, un listing
des différents critères devant guider
les vendeurs dans le choix de leurs
clients, le but étant de s’assurer
que lesdites armes ne soient
utilisées ni à des fins de guerre
civile, ni pour des actes terroristes.
D’aucuns ironisent sur ce projet
qualifié d’utopique, compte tenu
du non-respect de la plupart des
mesures d’embargo aujourd’hui en
vigueur de par le monde.
conférence Sur
le programme nucléaire iranien
MI-jUILLET
Le prochain round de négociations
entre les grandes puissances (le
groupe des 5+1, états-Unis, Russie,
Chine, Grande-Bretagne, France +
Allemagne) et l’Iran, se déroulera
La Revue d’études - juillet 2012
un important volet fiscal visant
à une augmentation des recettes
budgétaires dès 2012, comme le
retour à l’ancien barème de l’ISF ou
une nouvelle tranche d’impôts sur
le revenu à 45 %.
grande conférence Sociale
9 ET 10 jUILLET
La rencontre tripartite (gouverne-
ment, syndicats et patronat) qui
doit permettre aux organisations
syndicales de débattre avec
l’exécutif des grands « dossiers »
à Moscou mi-juillet Sur ce dossier
crucial du nucléaire iranien, la
position de la France, depuis
l’accession au pouvoir du président
Hollande, a quelque peu évolué,
privilégiant « l’ouverture » avec
Téhéran (comme s’y emploient
les diplomates américains) et se
désolidarisant de l’intransigeance
israélienne. Sur quoi lâcher du
lest, et les Six parviendront-ils à
un accord interne, acceptable pour
Israël ?
J.o. de londreS
dU 27 jUILLET
aU 12 aOûT
événement sans pareil, les
prochains j.O., à moins d’un mois
de la cérémonie d’ouverture,
suscitent quelques inquiétudes,
notamment sur deux points,
la capacité du réseau de
transport londonien (près de
8 milliards d’euros ont été
consacrés à sa modernisation)
et la sécurité (plus d’un
demi-milliard d’euros pour la
mobilisation de 40 000 policiers,
militaires et vigiles privés).
In fine, la facture, estimée à
3 milliards d’euros lorsque
sociaux, aura lieu les 9 et 10
juillet. Elle aura été précédée
d’une réunion plénière (5 juin)
au cours de laquelle ont été
arrêtés les différents thèmes qui
feront l’objet de tables rondes
lors de cette « grande conférence
sociale », à savoir l’emploi et les
licenciements, l’apprentissage
et la formation continue, les
systèmes de rémunérations, la
protection sociale, le redressement
de l’appareil productif, et la puis-
sance publique.
Londres a présenté sa candidature
en 2005, s’est envolée et
s’élèverait aujourd’hui à 13
milliards, d’après un rapport
parlementaire qui estime à moins
de 1 % de pIb le gain net de
croissance, pour le pays, généré
par ces j.O.
convenTion républicaine
de Tampa
dU 27 aU 30 aOûT
Compte tenu de ses succès aux
primaires et du désistement de son
principal rival, Mitt Romney est
quasiment assuré d’être désigné
par son parti pour affronter Barack
Obama lors de la présidentielle
du 6 novembre prochain. Seule
incertitude qui sera levée à ladite
Convention, celle concernant la
« désignation » du vice-président
républicain. Après la guerre
(fratricide) des primaires, place à la
campagne contre le clan démocrate.
Pour sa part, le président Obama,
face au candidat (républicain) de
l’establishment, entend faire de
l’équité fiscale le thème majeur
de sa campagne (référence plus
ou moins explicite sur l’origine
spéculative de la fortune de son
adversaire).
5
bibliographie

noS conSeilS de lecTure

Les quatre ouvrages de ce mois-ci vous replongent dans des questions essentielles sur la guerre, les modèles
stratégiques, la technologie et les lettres.

Le vide stratégique, L’apocalypse joyeuse : une histoire

Philippe Baumard, CNRS, 2012, du risque technologique,
250 pages. Jean-Baptiste Fressoz, Seuil, 2012,
312 pages.
Professeur à l’école Polytechnique,
l’auteur pointe les trois crises C’est toute l’histoire politique du
majeures : sociale, économico- risque technologique qui nous est
financière et énergétique. Toutes décrite du XVIIIe siècle à nos jours :
ont déjoué les modèles stratégiques machines, vaccins, usines, chimie,
conçus par nos meilleurs experts. etc… Controverses, critiques…
Pourquoi cette absence d’anticipation Sommes-nous entrés dans une
et cette improvisation devant les « modernité réflexive » ? équilibre
faits ? Dictature de l’immédiateté ? difficile entre conscience et
inconscience !

Droit et guerre,
Jérôme Cario, Lavauzelle, 2011, La littérature française de A à Z,
256 pages. Stéphane Audeguy (dir.), Hatier, 2011,
480 pages.
L’auteur, lieutenant-colonel au
CDEF est un spécialiste du droit Cet ouvrage est un guide
international et des conflits armés. encyclopédique qui brosse un tableau
Il nous amène au centre des combats complet de nos auteurs et de leurs
où désormais, le soldat est confronté ouvrages principaux. Un peu scolaire,
au dilemme entre la nécessité de nous y retrouvons l’essentiel pour
vaincre et les impératifs d’humanité. une préparation à un concours faisant
Dans un cadre si complexe, quelle appel à la culture générale. Fort
intelligence de situation doit-on précieux !
avoir ?

leS SiTeS inTerneT du moiS

Les trois sites Internet qui vous sont proposés vous amènent sur des sites internationaux réputés pour leurs
nombreuses publications, une belle ouverture !
• L’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) : www.iris-france.org
• L’ambassade de Russie en France : www.france.mid.ru.org
• L’Union européenne : www.europa.eu

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Directeur de la publication : jean Wemaëre - Rédacteur en chef : Marc Théry - Secrétaire de rédaction : amélie Mercusot - Maquettistes :
Samouraï / Séverine Machecourt - Ont participé à ce numéro : Claude Franc - Fernand Lapôtre - Christian Lochon - Michel paris - alain-paul Richard -
Christian zyromski. © Revue d’études – 2012
Toute reproduction, intégrale ou partielle, de la présente publication est interdite sans l’autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, CFC.

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6 La Revue d’études - juillet 2012

 focuS

Le Sommet
de Chicago
par Christian zyROMSkI

Les 20 et 21 mai, les chefs d’État et de gouvernement des 28 pays

membres de l’Otan se sont réunis à Chicago pour un Sommet réputé
« décisif » sur 3 dossiers majeurs pour l’Alliance : le calendrier
et les modalités de retrait de l’Isaf1, le lancement officiel d’une
capacité antimissile « intérimaire » au profit du territoire européen
et la sauvegarde des « capacités militaires critiques » de l’Alliance
(ou comment combler ses failles capacitaires, mises à nouveau en de sécurité afghanes appelées à assurer
lumière à l’occasion de l’intervention des alliés en Libye ?). la relève des forces occidentales (soit
228 000 hommes, troupes militaires et
forces de police confondues, selon le
scénario proposé par les Américains)
dont la facture, qui s’élèverait à quel-

L
e casse-tête du retrait
Dix ans après l’intervention
de l’Isaf en Afghanistan,
force est de constater que
le bilan est pour le moins
mitigé. Au précédent Sommet de Lis-
bonne (fin 2010), les alliés avaient
convenu que la victoire militaire
(contre les insurgés talibans) s’avérait
de plus en plus improbable, et la paci-
fication du territoire (conditionnée par
une réconciliation nationale) de plus
en plus aléatoire. D’où la décision de
repli des forces combattantes engagées,
selon un calendrier fixé d’un commun
accord (avant fin 2014) et des modalités
de retrait (sur le modèle irakien, comme
proposé par les Américains), que devai-
ent entériner les Vingt-Huit à Chicago.
L’opération sera complexe, particuliè-
rement au plan logistique, au regard
notamment des contraintes de sécurité
(collective) ; il s’agit d’organiser le
rapatriement ordonné (et coordonné)
des hommes, de leurs équipements et
de leurs matériels, pour qu’il ne tourne
pas au fiasco (comme ce fut le cas de
l’Armée rouge en février 1989), alors
que le Canada et les Pays-Bas ont déjà
entamé le retrait de leurs troupes, que
l’Australie et l’Espagne ont programmé
le leur pour 2013, et que le nouveau
président français a réaffirmé à Chicago
« le retrait accéléré (et non négociable)
de nos forces combattantes d’ici à la
fin 20122 », ce qui a conduit certains à
évoquer, non pas un retrait organisé,
mais un repli en ordre dispersé, voire
une débandade...
Le retrait progressif des troupes, tel que
fixé à Lisbonne, sera donc entériné à
quelques variantes près (le communi-
qué de clôture du Sommet fait état d’un
retrait « irrévocable »), étant entendu
que les forces afghanes auront, au
préalable, pris le contrôle des der-
nières zones encore à la charge des
Occidentaux. Le défi est « stratégique »
Le président français a réaffirmé le retrait accéléré
de nos forces combattantes.
et suppose notamment que la province
de Kapisa (la plus sensible parce que
la plus « poreuse »), sous contrôle des
forces françaises, située entre Kaboul,
la frontière pakistanaise et les zones
tribales (au sein desquelles les insurgés
talibans ont trouvé refuge), soit stabi-
lisée et « sécurisée », sauf à ce que des
renforts, a priori américains, viennent
suppléer le repli français.
Autre défi subséquent et abondamment
évoqué à Chicago, celui de l’après-
2014, et plus concrètement, celui du
financement de l’entretien des forces
que 4 milliards de dollars par an à
partir de 20143 reste à être partagée :
quels contributeurs, étant entendu
que seront sollicités en priorité ceux
qui ne sont pas partie prenante à l’Isaf
(monarchies du Golfe, Japon, Russie,
Chine), et quels mécanismes de finan-
cement (réputés « contrôlables », via le
FMI ou l’Onu) mettre en place ?
Le bouclier antimissile
Héritage de la « guerre des étoiles » de
Ronald Reagan, la défense antimissile
(qui associe radars de détection des
tirs balistiques, satellites de suivi de
trajectoire des engins et intercepteurs
pour neutraliser les ogives avant qu’el-
les n’atteignent leurs cibles) est l’un
des programmes (au demeurant le plus
coûteux) sur lequel les pays de
1
Force internationale d’assistance et de sécurité,
déployée en Afghanistan.
2
Le tempo logistique, pour le rapatriement des 3 400
militaires du contingent français, serait, d’après
l’EMA, de 12 à 18 mois, sur la base de norias
aériennes (location de gros porteurs de type Antonov
124) vers les EAU, puis de convoyages vers la
métropole par voie maritime.
3
Actuellement, l’aide financière étrangère assure près
de 90 % du budget du pays.

La Revue d’études - juillet 2012 7

focuS Le Sommet de Chicago
l’Alliance se sont engagés au Som-
met de Lisbonne. Cette barrière qu’il
convient d’ériger par étapes d’ici à 2018,
est censée protéger la zone « Europe »
d’une menace en provenance du
Moyen-Orient (et notamment d’Iran),
ce qui conditionne son déploiement
près des frontières russes (contraintes
de recul), au grand dam de Moscou qui
dénonce un bouclier menaçant pour la
Russie et ses alliés de l’ex-URSS). La
France, très circonspecte à l’égard de ce
programme, au motif que les moyens
de dissuasion de l’Alliance, notamment
nucléaires, suffisent à se prémunir de
toute menace balistique, ne s’y ralliera
finalement qu’à reculons, le président
Ce 25e sommet ne fera pas date, faute d’avancées
concrètes au regard des ambitions affichées.
Hollande ayant obtenu satisfaction sur
les quatre points justifiant les réser-
ves de la France (à savoir une défense
antimissile « complémentaire » et
non « substitut » à la dissuasion, des
conditions d’engagement clairement
définies, des coûts maîtrisés et un
partage équitable des contrats indus-
triels), et considérant par ailleurs que
ce bouclier pouvait, à terme, renforcer
le pilier européen de l’Alliance.
à Chicago, les Vingt-Huit ont déclaré
« opérationnelle » la capacité intérimaire
dudit bouclier, constituée d’un radar
d’alerte déployé en Turquie, d’une fré-
gate américaine Aegis dotée de moyens
sol/air patrouillant en Méditerranée, et
d’un QG, celui de la base otanienne de
Ramstein, située en Allemagne. Cette
4
La réponse russe se fait attendre, le président
Poutine ayant décliné l’offre du secrétaire général de
l’Alliance de participer au Sommet et d’y débattre en
toute transparence.
5
Les états-Unis supportent les ¾ des dépenses
militaires de l’Alliance, et les membres européens
avec le Canada le ¼ restant.
8 La Revue d’études - juillet 2012
ébauche est la première phase d’un
projet (qui en comporte quatre, pour
un investissement global estimé à 20
milliards d’euros) auquel l’Otan espère
pouvoir « associer » la Russie4.
La « smart defense »
Le troisième dossier à l’ordre du jour,
la smart defense, prônée par le secré-
taire général Anders Rasmussen (une
défense « adaptée », visant à optimiser
les moyens et les investissements en
matière de défense, via le lancement de
projets en commun, dans tous les domai-
nes où il y a possibilité de mutualiser
des moyens), sera celui qui fera débat,
mais qui ne sera pas « tranché ».
Cette proposition de regroupement et
de partage du « fardeau5 », applicable
par exemple aux moyens de ravitaille-
ment en vol, de renseignement et de
surveillance, ou encore à la logistique
ou la formation de certains spécialistes,
est a priori séduisante, mais s’oppose
au principe de souveraineté nationale
cher à certains, qui plus est dans un
contexte de crise qui incite plutôt les
pays membres à opter pour une « cure
d’amaigrissement ».
à Lisbonne, les Vingt-Huit s’étaient
« accordés » sur une dizaine de « capa-
cités critiques » à sauvegarder, allant
du renseignement à la cyberdéfense.
à Chicago, il convenait de décider des
outils à acquérir et de se prononcer sur
les modalités d’acquisition, avec pour
alternative, soit des financements com-
muns (ce qui revient souvent à opter
pour des matériels « made in USA »,
moins chers et disponibles en nom-
bre sur étagère, comme les nouveaux
systèmes de surveillance terrestre
AGS, majoritairement constitués de
drones américains), soit des projets
« conjoints » relevant de la smart
defense, moins controversée.
Le bilan
Ce 25e Sommet ne fera pas date, faute
d’avancées concrètes au regard des
ambitions affichées. Certes, le retrait
des forces combattantes du théâtre
afghan a été acté, mais la manœuvre
logistique va s’avérer « hasardeuse »...
Qui plus est, les militaires français
auxquels le président Hollande a
rendu visite avant le Sommet, ont mal
accepté le retrait anticipé et précipité
des « forces combattantes » (interprété
par certains comme une « fuite », la
mission étant loin d’être achevée...) et
ont guère apprécié que l’on fasse le dis-
tinguo entre ceux les plus exposés sur
le terrain et ceux affectés à des tâches
à dominante logistique.
Reste que la problématique du finance-
ment de l’après-2014 demeure (la plupart
des alliés ayant informé qu’ils différaient
leur décision, dans l’attente de la confé-
rence économique sur l’Afghanistan qui
se tiendra à Tokyo en juillet), que l’ar-
chitecture finale du bouclier antimissile
n’est pas définie, qu’aucun programme
« made in Europe » n’a été lancé (les
Américains sont les seuls actuellement
à en maîtriser toutes les technologies),
et que son financement risque de poser
problème. Mêmes incertitudes en ce qui
concerne la smart defense, puisque les
Européens ne se sont engagés sur aucune
perspective, si ce n’est « de mieux coor-
donner leurs investissements », dans
l’attente d’un « Livre blanc » européen...
semble-t-il.
Bref, un Sommet en demi-teinte, quel-
que peu miné par la crise économique
(et celle de la dette publique en Europe
comme aux états-Unis) qui contraint
ou va contraindre les pays membres à
réviser leurs dépenses de défense, le
ministre français, Jean-Yves Le Drian,
ayant déjà annoncé une révision (à la
baisse) des objectifs de la loi de pro-
grammation militaire en cours.... l
 poinT de vue

Les médicaments génériques :

vrai ou faux débat ?
par Michel paRIS

Le médicament générique fait beaucoup parler de lui ces

derniers temps. Théoriquement considéré comme une copie
conforme à quelques détails près, son efficacité dans
certains cas vient d’être mise en doute, entrainant une perte
de confiance chez de nombreux médecins et patients.
Nous analysons ici les éléments qui, à l’origine favorables,
sont devenus contraires et perturbent gravement aujourd’hui
le monde de la santé. l’Assurance maladie est de 1,3 milliard d’euros.
La partie semble gagnée quand en 2011, le
volume des ventes de génériques baisse de
3 % ! En 2012, des doutes s’installent sur leur
équivalence réelle, sur leur qualité. Pourquoi

michel pariS
Michel Paris, docteur
en pharmacie,
professeur à l’Université
Paris XI, membre de la
commission d’éthique
de l’Académie nationale
de Pharmacie, DEA de
philosophie morale.
U
n principe digne d’intérêt
En France, la durée d’exploitation
d’un brevet pharmaceutique est de
vingt ans : au-delà, il tombe dans le
domaine public. Il est alors possible
de le copier sous conditions, c’est le médica-
ment générique. Son prix de vente, inférieur
à celui du médicament princeps (médicament
d’origine), permet de diminuer les dépenses de
santé et de faciliter sa dispensation dans les
populations défavorisées. En effet,
le laboratoire promoteur n’a pas
eu à supporter les frais de recher- En 2011,
che et développement. le volume
Le point de départ des ventes de
1996, date de la définition du médi-
cament générique (article L5121-1
génériques
baisse de 3%.
du Code de la santé publique) :
même principe actif (en qualité et
quantité), même forme pharmaceutique (orale,
injectable mais avec des différences pour les for-
mes orales), même diffusion dans l’organisme
(bioéquivalence) d’où doit résulter une même
efficacité thérapeutique (appellation euro-
péenne « essentiellement similaire »). Il devient
substituable par le pharmacien (1998). Les faits
nouveaux très importants sont la concurrence
par les prix sur le marché des médicaments et
le droit de substitution.
Une lente évolution
Le taux de prescription des médicaments géné-
rique, qui était de 18 % en 1999, atteint 70 %
en 2008. Les incitations, surtout économiques,
à l’égard des médecins, pharmaciens et patients
n’ont pas manqué. En 2010, l’économie pour
ces doutes ? Sont-ils fondés ? Vont-ils modifier
durablement une attitude favorable qui semblait
acquise ?
Un rapport qui fait du bruit
C’est celui de l’Académie de médecine en date
du 14 février 2012 intitulé « Place des généri-
ques dans la prescription » (rapport de Charles
Joël Menkès). Le générique n’est pas la copie
conforme de la spécialité princeps malgré les
mêmes degrés d’exigences et de qualité. Le
changement d’excipient peut occa-
sionner des réactions allergiques
(formes orales d’antibiotiques
pour enfants). Les malades âgés
peuvent être désorientés par les
changements de forme, couleur,
sécabilité, goût). La prescription se
fait en « dénomination commune
internationale » (DCI), le phar-
macien a le droit de substitution
sauf indication contraire du médecin qui écrit
« non substituable » (NS) sur l’ordonnance. Il
est fait état de réticences de malades et de pro-
fessionnels de santé à l’égard des génériques.
Des différences d’efficacité thérapeutique sont
signalées dans la pratique clinique avec certains
médicaments (antibiotiques, antiépileptiques,
anticoagulants, thyroxine…).
L’Académie de pharmacie dans un rapport
du 22 juin 2011 sur les « Matières premières
pharmaceutiques, mondialisation et santé
publique » avait signalé la difficulté d’assurer
la qualité de certains médicaments du fait de
la dissémination des chaînes de production et
de distribution (délocalisation massive de la
production des principes actifs pharma-

La Revue d’études - juillet 2012 9

poinT de vue Les médicaments génériques : vrai ou faux débat ?

ceutiques vers l’Asie). Les réactions des que 17 % des dépenses totales de l’Assurance-
médias se sont multipliées en février 2012 avec maladie et près de 7 % des dépenses de la Sécurité
des titres accrocheurs comme à l’habitude : sociale. De plus, ils favorisent l’accessibilité au
« Les génériques, pas si conformes ou pas médicament dans le monde entier et participent
toujours conformes » ; « L’efficacité des médi- indirectement à l’innovation. En insistant sur les
caments génériques à nouveau en garanties des copies du princeps :
référenceS
débat ». L’association Générique même qualité par le contrôle des
bibliographiqueS
même médicament (GEMME), des différences matières premières et du produit Place des génériques
dans la prescription,
constituée de professionnels du
médicament générique répond :
d’efficacité fini, des lieux de production par
des inspections, l’harmonisation
Charles joël Menkès,

« Médicaments génériques : pour- thérapeutique mondiale des contrôles. En limi-

quoi jeter le discrédit. » sont signalées
En juin, les médias parlent d’af- dans la pratique
frontement sur les génériques clinique
entre pharmaciens et médecins :
ces derniers sont accusés de mul- avec certains
tiplier les ordonnances portant la médicaments.
mention NS (selon une étude de
la CNAM) donc ne permettant pas la substi-
tution de certains médicaments. Les médecins
mettent en cause les pharmaciens qui désorien-
tent les patients âgés en changeant trop souvent
de génériques.
Alors guerre de position ou guerre éclair ? Où
est passée la raison ? La campagne de dénigre-
ment portant sur la sécurité ou l’efficacité des
génériques a provoqué une méfiance de cer-
tains médecins et patients qui n’existaient pas
auparavant.
Comment restaurer la confiance
envers les génériques ?
En soulignant l’aspect économique, loi du
moment. Les génériques contribuent manifes-
tement à la diminution des dépenses de santé
même si des esprits chagrins affirment que la
prise en charge des médicaments ne représente
rapport académie
nationale de médecine,
tant les différences de composition 14 février 2012.
des excipients, des formes d’admi-
nistration et d’acceptabilité (goût). Médicaments
En garantissant l’efficacité et la génériques : débats
académiques et
sécurité d’emploi au moyen d’exi-
gences supplémentaires figurant persistance du doute,
dans l’autorisation de mise sur le www.knockers.org
(23 mai 2012).
marché (AMM) notamment pour
certaines formes (injectables d’antibiotiques Les valeurs d’une
notamment) et en appliquant aux génériques copie. Les médicaments
les règles de la pharmacovigilance. génériques au cœur
des transformations
En clarifiant le droit de substitution par le phar- du système de santé
macien et ses limites permettant au médecin français, (1994-2009),
prescripteur de mentionner NS dans des cas étienne Nougez,
limités à certaines classes thérapeutiques qui Université de bordeaux.
posent problème. En promouvant de façon
L’efficacité
continue une large information éclairée.
thérapeutique.
Objectivité curative
Au final, il n’est pas inutile de rappeler que et effet placebo,
l’effet global d’un médicament est constitué R. boussageon,
de l’effet réel spécifique contrôlable et d’effets Thèse de doctorat,
subjectifs non contrôlables mais non négligea- Université de Lyon 3,
bles. Il faut aider le patient à sortir d’un rôle de 21 octobre 2010.
consommateur crispé sur les apparences et les
habitudes. Le principe du générique sans dan-
ger et générateur d’économie pour la collectivité
doit pouvoir être défendu sans état d’âme ! l

10 La Revue d’études - juillet 2012


Les illusions
du désarmement
par Claude FRaNC
« Faites-moi de la bonne politique, je vous ferai de la bonne
stratégie », Jacques Bainville.
claude franc
Le colonel (er) Franc
est Saint-Cyrien
(promotion Maréchal
de Turenne) et breveté
de l’École de Guerre. Sa
carrière a été équilibrée
entre l’emploi des
forces, l’enseignement
militaire supérieur
et l’élaboration de
la doctrine. Il publie
actuellement des
articles et des ouvrages
d’histoire militaire.
1
Foch, Jean Christophe Nautin,
Paris, Perrin, 2008, page 517.
1
Le char moyen « B » conçu
en 1925 sur la base d’idées
du général Estienne ne
commencera à être produit
en série qu’à partir de 1936,
et encore dans des volumes
ridiculement faibles.
La Revue d’études - juillet 2012
L
e 3 décembre 1922, au Conseil Supé-
rieur de la Défense nationale, Poin-
caré, alors président du Conseil,
annonce devant Foch, médusé, que
puisque « nous n’aurons pas la guerre
avant deux ans, peut-être même n’aurons-nous
pas une grande guerre avant dix
ans, il n’est pas besoin d’astrein-
dre le pays à un sacrifice financier Le summum
pour entretenir une force armée »1. de l’irréalisme
Il convient de rappeler que, au
mois d’avril précédent, la durée est atteint
du service militaire avait déjà été par le pacte
ramenée à 18 mois.
briand-kellog
De fait, durant la majeure partie de qui « met
la période de l’entre deux-guerres,
la politique de défense française
la guerre hors
va être dominée par la double illu- la loi ».
sion de la sécurité collective et de
son corollaire, le désarmement, deux principes,
en germe, il est vrai, dans les traités de 1919,
où ils sont inscrits très implicitement. Le pre-
mier symptôme de ce mirage est la « victoire »
remportée par la « maison » Pétain face à celle
de Foch en imposant, dès 1922, un système de
défense fondé sur la défense de l’intégrité du
territoire qui se concrétisera quelques années
plus tard sous la forme d’un système fortifié
permanent au lieu d’une organisation assise sur
la pérennisation de la manœuvre.
En 1924, alors que la France occupe encore la
Ruhr et Francfort, dispose de solides têtes de
pont sur la rive droite du Rhin, a prêté main
forte à la Pologne face aux armées bolchéviques
et s’apprête à mâter les rébellions rifaine au
Maroc et druze au Levant, la même année, le
gouvernement du Cartel fait évacuer la Ruhr.
En 1926, Briand lance à la tribune de la SDN sa
pathétique péroraison : « Arrière les fusils, les
mitrailleuses et les canons ! Place à la concilia-
tion, à la négociation et à la paix ! »
poinT de vue
Sur de telles bases, la politique de défense va
s’égarer dans une incohérence complète. Alors
que la France est liée aux états de la « Petite
Entente », elle va perdre toute capacité de réac-
tion en Europe. La durée du service militaire
est rapidement ramenée à un an, et en paral-
lèle, des « lois organiques » approuvées, sinon
conçues par le commandement, vont transfor-
mer l’armée française en un immense centre
mobilisateur : l’organisation des formations se
limite à une simple armature permanente que
la mobilisation doit venir combler.
Les attendus de cette loi, rédigés
dans les bureaux du 231, boulevard
Saint Germain, sont sans équivo-
que : « L’objet de notre organisation
militaire est d’assurer la protection
de nos frontières […] » Les pro-
grammes d’équipement offensifs,
donc « agressifs » par nature, sont
drastiquement revus à la baisse et
étalés dans le temps2. En revanche,
la commission d’organisation des
régions fortifiées, en charge de la
construction de la « Ligne Magi-
not », bénéficie de dispositions budgétaires
spécifiques qui la mettent à l’abri des aléas des
lois de finances rectificatives.
Au plan politique, l’Allemagne fait son entrée
à la Société des Nations au sein de laquelle
s’ouvre la Conférence du Désarmement.
Le summum de l’irréalisme est atteint par le
pacte Briand-Kellog qui « met la guerre hors
la loi ». Pour faire bonne figure, dès 1930, la
France décide unilatéralement d’évacuer la rive
gauche du Rhin, soit cinq ans avant le terme
fixé par le traité, perdant ainsi le dernier gage
sur lequel une politique coercitive pouvait
encore s’appuyer.
En 1931, lorsqu’il parvient aux fonctions de vice-
président du Conseil supérieur de la Guerre,
le général Weygand décide la motorisation de
cinq divisions d’infanterie, motorisation bien
modeste puisque seuls les structures de com-
mandement et de soutien régimentaires
11
poinT de vue Les illusions du désarmement
sont concernées, les bataillons continuant
à être transportés par des cars en provenance
de la réquisition. Il faudra néanmoins un délai
de six ans pour y parvenir. En 1932, le même
général Weygand dénonce le fait que pour assu-
rer la couverture, il lui faille faire appel à des
unités indigènes en provenance d’Afrique du
Nord pour être stationnées en France et dont il
met en doute la fiabilité dans un tel contexte. En
1934, à la veille de l’incorporation des « classes
creuses » dues à la baisse de natalité au cours
des années de guerre, Pétain, alors ministre de
la Guerre, lui refuse par « solidarité ministé-
rielle » d’inscrire à l’ordre du jour
du Conseil supérieur de la Guerre
le retour au service de deux ans.
vouloir
Il faudra attendre 1936. d’emblée « tirer
Les résultats ne se font pas atten-
les dividendes
dre : en mars 1936, alors qu’Hitler de la paix » ne
remilitarise la rive gauche du Rhin peut conduire
en y faisant pénétrer quelques
bataillons, la France est paralysée qu’à la
par l’inadaptation de son organi- catastrophe.
sation militaire : pour faire faire
mouvement à ses seules unités de couverture
sur la frontière allemande, elle devrait recourir à
une mobilisation partielle. Deux ans auparavant,
prêchant dans le désert, le lt-colonel de Gaulle
avait préconisé la mise sur pied d’un corps de
réaction mobile, à base de grandes unités blin-
dées disponibles instantanément car servies par
des personnels de métier. L’ouvrage, Vers l’armée
de métier ne recueillera que sarcasmes au pire et
indifférence polie au mieux.
Néanmoins, la gravité du contexte international
ouvre les yeux, même des plus pacifistes. Alors
que la majorité Front populaire de la Chambre
avait fait campagne et avait été élue en mai
1936 sur le thème « du pain, la liberté et la
Paix », dès le mois de septembre de la même
année, le Président Léon Blum fait volte face et
lance la France dans un ambitieux programme
de réarmement par le biais d’un emprunt de 15
milliards sur quatre ans. Mais, la réalisation et
la conduite de cet exceptionnel effort de réar-
mement, sont déléguées par le Gouvernement
au commandement qui, imbu de ses doctrines
périmées, va faire porter les premières tranches
budgétaires sur un renforcement du système for-
tifié et décaler à 1938 la modernisation du parc
blindé et la constitution des premières grandes
unités mécaniques.
12
Si bien qu’à l’heure de vérité, détenant la « pre-
mière armée du monde » en 1919 le pays va
connaître la pire défaite de son histoire depuis
Azincourt pour avoir succombé aux sirènes du
pacifisme et du désarmement. Il convient de noter
que la Marine a fait exception : bénéficiant de l’ex-
ceptionnelle longévité de son ministre, Georges
Leygues inamovible détenteur du portefeuille de
la Marine durant dix ans quelle que soit la combi-
naison gouvernementale, elle a su se moderniser
tout en demeurant dans le carcan imposé par les
conférences navales internationales où les inté-
rêts anglo-saxons ont toujours dominé. Et encore,
cet effort méritoire est à moduler,
car la Marine française a beaucoup
plus été bâtie pour répondre à une
suprématie navale en Méditerranée
que pour assurer la sécurité mari-
time des lignes de communication
impériales en Atlantique ou dans
l’Océan Indien, ce qui aurait été
son rôle dans un contexte de guerre
longue.
Les enseignements de ce très court
survol de la politique de défense française de l’en-
tre-deux guerres s’imposent d’eux même : vouloir
d’emblée « tirer les dividendes de la paix » ne
peut conduire qu’à la catastrophe. Et pourtant,
depuis plus de vingt ans que la menace majeure
en Europe a disparu, n’est-ce pas la ligne suivie
par tous les états européens, d’autant plus facile-
ment que, comme lors de l’entre-deux guerres, ils
sont confrontés aux effets d’une très grave crise
économique qui limite leur liberté d’action sur le
plan budgétaire.
Puissent les dirigeants actuels s’inspirer plutôt
de l’exemple de l’Ancien Régime où, entre 1763,
date du traité de Paris qui met fin à la guerre de
Sept Ans, et le 20 avril 1792 qui voit la Légis-
lative « déclarer la guerre au roi de Bohême »,
la France a connu sa plus longue période de
paix depuis l’avènement d’Hugues Capet, huit
cents ans auparavant. Celle-ci a été l’occasion
d’une véritable régénération de l’outil militaire
par une réforme en profondeur conduite par le
comte de Saint Germain, ministre de la Guerre
de Louis XVI3. Ce sera cette vieille armée royale,
amalgamée aux jeunes et ardents bataillons de
volontaires qui formera l’armée de la Révolu-
tion, creuset de la Grande Armée qui, à plusieurs
reprises, vaincra l’Europe coalisée.
Austerlitz ou Sedan, il faut choisir. l 3
Et Sartine pour la Marine.
La Revue d’études - juillet 2012
 L’Afrique
subsaharienne
2008-2012
sommaire Par Alain-Paul RICHARD

13-introduction
15-aFrique sahélienne
introduction
22-aFrique occidentale
Quelle est la situation de l’Afrique subsaharienne aujourd’hui ?
38-aFrique centrale
52-corne de l’aFrique « L’Afrique va bien », pour reprendre le titre d’un livre de
Matthias Leridon1. À l’évidence, plusieurs indices corroborent
57-aFrique orientale
cette assertion.
64-aFrique australe Sur le plan économique, l’Afrique a fait montre de résilience
face aux soubresauts de la crise qui a affecté les économies
74-sigles et acronymes
occidentales et, aujourd’hui, plus des deux tiers des États
africains affichent des taux de croissance à la hausse.
Manuscrit clos le 11 juin 2012.
Dans le domaine politique, elle est devenue un acteur
incontournable sur la scène internationale ; elle progresse pour
ce qui concerne la démocratisation, la bonne gouvernance et
l’éradication de la pauvreté.
Sa population, qui dépassera demain le milliard d’habitants,
est jeune et constitue une force de progrès susceptible de la
alain-paul richard transformer en profondeur.
Général (2S), Alain-Paul Richard Mais l’Afrique ressemble aussi à un colosse aux pieds d’argile.
a effectué de nombreux séjours Elle est traversée par des lames de fond qui peuvent, à tout
en Afrique à titre professionnel.
moment, la faire basculer, comme en attestent les récents coups
d’État au Mali et en Guinée-Bissau, la prégnance d’AQMI dans la
bande sahélo-saharienne, les menaces de guerre au Soudan et le
chaos en Somalie.
Alors, faut-il parler de simples occurrences lorsque la prédation,
la pandémie du sida et les conflits intra-étatiques défigurent
1
L’Afrique va bien, Matthias Leridon
(Nouveaux débats publics, 2010). encore ce continent ?

La Revue d’études - juillet 2012 13

dossier

L’Afrique subsaharienne

14 La Revue d’études - juillet 2012


Afrique sahélienne
République du Mali
Vers la partition ?
Le Mali connaît une crise, la plus grave depuis son indépendance,
qui est susceptible de remettre en cause son unité. Le Nord de son
territoire est aux mains d’une coalition de circonstance entre la rébellion
touarègue et les islamistes d’AQMI, tandis que le pouvoir central de
transition, après un coup d’État militaire, s’avère totalement impuissant
à gérer cette situation.
T
endances économiques
L’économie malienne repose
sur l’agriculture et les indus-
tries extractives. L’agriculture
représente 41 % du PIB et
emploie 70 % de la population. L’agri-
culture vivrière, très dépendante des
conditions climatiques et largement infor-
melle, ne parvient pas à assurer la sécurité
alimentaire du pays, sévèrement affecté
par la crise alimentaire qui sévit depuis
l’hiver 2011 en Afrique sahélienne.
L’agriculture de rente, principalement du
coton, place le Mali au deuxième rang des
Le Mali
La Revue d’études - juillet 2012
producteurs africains, après le Burkina
Faso, et au douzième rang mondial. Cette
filière connaît actuellement une relative
embellie mais elle reste très dépendante
de la variation des cours mondiaux.
L’économie malienne ne tire cependant
que de faibles bénéfices de cette ressource,
à cause du manque de structures pour
assurer la transformation nationale, et de
la trop grande dépendance vis-à-vis des
marchés extérieurs. Dans ces conditions, le
Gouvernement a lancé une réforme visant
à diversifier le secteur agricole.
Depuis les trois dernières
années, le Mali fait l’objet
du phénomène d’accapare- L’agriculture
ment de ses terres agricoles. de rente place
L’Arabie saoudite et la Libye
ont déjà investi sur de vas- le Mali au
tes zones (100 000 ha) au deuxième rang
détriment des populations
locales et de la souveraineté
des producteurs
alimentaire du pays. africains.
L’exploitation de 8 gisements aurifères
(3e rang des producteurs mondiaux der-
rière l’Afrique du Sud), celle des gisements
de fer dans la région de Koulikoro et la
découverte d’uranium dans la région de
Kidal vitalisent l’économie minière.
Des explorations en cours ont confirmé
la présence de gisements de pétrole au
nord.
Le pays dispose d’un fort potentiel touris-
tique, cependant, la situation sécuritaire
dans le Sahel a fait chuter le tourisme,
entraînant des pertes de devises et d’em-
plois.
Enfin, si le Mali bénéficie des transferts de
devises de sa diaspora, les revenus sont
erratiques et sont impactés par la situation
économique européenne.
dossier
république du mali
Population : 15 400 000 hab.
Densité : 11 hab./km²
PIB* : 11 milliards $
PIB* par habitant : 796 $
Rang IDH : 175/187
Monnaie : 1 € = 659,96 FCFA
Chef de l’état : Dioncounda Traoré
(transitoire)
Régime de l’état : présidentiel
* Pour l’ensemble des fiches pays : à parité
de pouvoir d’achat.
En dépit d’un taux de croissance apprécia-
ble (6,9 % en 2012), le Mali figure parmi
les pays les plus pauvres du monde. 90 %
des habitants vivent au-dessous du seuil
de pauvreté et le chômage est particu-
lièrement prégnant chez les jeunes. Les
indicateurs sociaux restent à l’étiage :
le taux d’alphabétisation atteint à peine
20 %, l’espérance de vie est de l’ordre de
50 ans. Cette situation justifie l’existence
d’une forte immigration vers l’UE, notam-
ment vers la France.
Politique intérieure
Souvent cité en exemple pour sa bonne
gouvernance, le Mali vient de basculer
dans le déni de démocratie.
Le président Amadou Toumani Touré (ATT)
a été renversé par un putsch militaire,
conduit par le capitaine Amadou Sanogo,
le 21 mars 2011. Reprochant à ATT tout à la
fois son laxisme à l’égard de
la rébellion touarègue, son
manque de volonté face aux
agissements d’AQMI et la
corruption ambiante, la junte
a formé un Comité national
pour le redressement de la
démocratie et la restauration
de l’État (CNDRE). Celui-ci
a décrété la dissolution des
institutions républicaines.
Simultanément, la rébellion touarègue du
Mouvement national pour la libération
de l’Azawad (MNLA) a proclamé l’indé-
pendance des territoires du nord. Une
alliance de circonstance a d’abord lié le
MNLA aux groupes islamistes d’AQMI et
du mouvement Ançar Dine, qui ont fini par
en venir aux armes. Les premiers refusant
l’instauration de la charia voulue par les
seconds.
Suite à l’intervention de la Cédéao, la junte
s’est retirée et un président de transition,
Dioncounda Traoré, a été désigné pour une
durée d’un an.
Une agression contre ce dernier a remis
en cause l’accord passé avec la junte et
la promesse d’amnistie à l’égard de ses
membres.
15
dossier Afrique sahélienne
Politique extérieure
La situation qui prévaut actuellement au
Mali résulte, pour partie, des conséquen-
ces de la révolution libyenne. Le pays a
été mis au ban de la Cédéao dont il a été
momentanément exclu. La crise a mis en
exergue le rôle prépondérant tenu par les
organisations africaines. Au premier rang
de celles-ci, la Cédéao, qui a mené toutes
les négociations ayant abouti à la signature
République islamique
de Mauritanie
Un état sous la menace d’AQMI
La Mauritanie, en raison de ses liens réels ou supposés avec l’Occident,
demeure une des cibles privilégiées d’AQMI.
T
endances économiques
L’agriculture et les ressources
minérales constituent les deux
principaux volets de l’écono-
mie mauritanienne.
L’agriculture, notamment l’élevage, en
dépit des aléas climatiques, des catas-
La Mauritanie
16
d’un accord-cadre avec la junte. La déci-
sion de faire intervenir une force africaine,
au nord, afin de rétablir la souveraineté de
l’État, est en cours de finalisation.
L’Union africaine s’est engagée à saisir le
Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’il
entérine l’envoi d’une force africaine dans
l’Azawad. Enfin, il convient de mentionner
les sanctions économiques prises par les dif-
férentes banques africaines qui ont suspendu
trophes naturelles et de l’exode rural,
représente 12 % du PIB. Cependant, de
larges pans de son développement restent
encore déficients et les objectifs d’autosuf-
fisance alimentaire, qui constituent une
des priorités gouvernemen-
tales, ne sont pas atteints.
L’importation de denrées La Mauritanie
alimentaires s’avère indis-
pensable.
figure toujours
La Mauritanie possède dans la catégorie
des richesses halieutiques des pays pauvres
significatives. Elles lui
permettent, entre autres,
très endettés.
de conclure des accords
de pêche, notamment avec l’UE. C’est le
plus important pourvoyeur de l’économie
nationale en termes de recettes et d’em-
plois (30 % du budget et 50 % des recettes
d’exportation).
Mais c’est surtout l’exploitation de ses res-
sources minières, en particulier le fer et le
sel ainsi que des gisements de cuivre et
d’or, qui permettent au pays d’envisager
un avenir économique placé davantage
sous le signe de la prospérité. Ces ressour-
ces représentent 20 % du PIB. La Chine
et l’UE, notamment la France, demeurent
ses deux plus importants partenaires com-
merciaux.
La ressource pétrolière reste largement
inférieure aux prévisions escomptées.
toutes les opérations en cours vers le Mali.
Défense
L’armée malienne compte 7 400 hommes,
la gendarmerie et la garde républicaine,
2 000 hommes chacune.
La crise qui se déroule actuellement a mis
en évidence l’opposition d’une partie de ses
cadres au pouvoir en place, ainsi que la fai-
ble aptitude opérationnelle de ses forces. l
république islamique
de mauritanie
Population : 3 500 000 hab.
Densité : 3 hab./km²
PIB : 4 milliards $
PIB par habitant : 1 227 $
Rang IDH : 159/187
Monnaie : 1 € = 370,45 ouguiyas
Chef de l’état : Mohamed Ould Abdel
Aziz
Régime de l’état : présidentiel
La Mauritanie a par ailleurs été déclarée
conforme à l’ITIE en février 2012.
Portes d’entrée de la sous-région, les
ports de Nouadhibou et de Nouakchott
connaissent actuellement des travaux de
restructuration et de modernisation.
En dépit d’un taux de croissance qui
devrait atteindre 5,8 % en 2012, la Mauri-
tanie figure toujours dans la
catégorie des pays pauvres
très endettés (PPTE).
Politique intérieure
Le président de la Républi-
que islamique de Mauritanie,
Mohamed Ould Abdel Aziz,
au pouvoir depuis 2008 suite
à un coup d’État, a été élu
démocratiquement président de la Répu-
blique en juillet 2009.
Sur le plan intérieur, il doit faire face
simultanément à des difficultés d’ordre
économique, politique, social et sécuri-
taire.
Les inégalités économiques et sociales
plombent la société mauritanienne.
Cette dernière évolue peu ou trop lente-
ment et cet immobilisme génère des foyers
de tensions entre les différentes ethnies,
habilement exploitées par l’opposition, en
particulier la Coordination de l’Opposition
démocratique (COD), qui réclame des
élections anticipées, et les mouvements
islamistes. En outre, la corruption demeure
endémique et décrédibilise un pouvoir qui
La Revue d’études - juillet 2012

ne semble pas lutter efficacement contre
ce fléau.
La délicate question du retour des exilés
négro-mauritaniens réfugiés au Mali et au
Sénégal, entre 1989 et 1991,
a trouvé son épilogue en
mars 2012. En novembre Les inégalités
2007, un accord de rapa- économiques et
triement avait été signé
entre le Haut-commissariat sociales plombent
des Nations unies pour les la société
rapatriés (UNHCR), la Mau-
ritanie et le Sénégal. Près
mauritanienne.
de 25 000 personnes sont
rentrées du Sénégal mais, d’ores et déjà,
se pose la délicate question de la restitu-
tion de leurs biens et de leurs terres. Ould
Abdel Azziz s’est engagé à régler « toutes
les séquelles de ce passif humanitaire ».
Politique extérieure
La lutte contre le djihadisme islamique a
eu pour effet de placer la Mauritanie dans
une situation diplomatique délicate. Cette
question concerne au premier chef les
République du Niger
Un état sous la menace d’AQMI
Cette République connaît actuellement une situation intérieure chaotique
et doit faire face aux séquelles des crises de ses deux voisins, la Libye et
le Mali.
T
endances économiques
Le Niger figure parmi les pays
les plus pauvres de l’ASS. Ses
ressources agricoles, en raison
de la combinaison de plusieurs
facteurs – sécheresse, dégradation environ-
nementale et insécurité – ne parviennent
pas à assurer l’autosuffisance de sa popu-
lation, qui connaît par ailleurs une vitalité
démographique particulièrement élevée.
Le pays traverse depuis plusieurs mois une
crise alimentaire aiguë, qui risque de se
traduire par une catastrophe humanitaire
et qui nécessite la mise en place d’un plan
de soutien aux populations vulnérables,
mais son financement par la Communauté
internationale s’avère difficile.
Les ressources minières constituent désor-
mais la principale ressource économique et
La Revue d’études - juillet 2012
États riverains, en particulier l’Algérie qui
affirme son leadership et qui s’oppose à
toute ingérence occidentale – en particu-
lier française –, mais elle implique aussi
les puissances occidentales
(USA et France) et les orga-
nisations internationales
(ONU et UA).
Par ailleurs, la situation au
Mali a entraîné une intense
activité diplomatique entre
l’Algérie, la Mauritanie et le
Niger. L’éventualité d’une
intervention militaire a été
évoquée pour le cas où les négociations
n’aboutiraient pas. Dans cette logique,
le comité d’état-major de ces trois pays
(CEMOC) a été réuni en urgence afin de
mettre sur pied cette éventualité. Au final,
la Mauritanie (avec l’Algérie) a fait pré-
valoir l’option diplomatique sur l’option
militaire.
Enfin, les relations se sont tendues avec
la Libye suite au refus de la Mauritanie de
livrer l’ex-chef des renseignements libyens
stimulent la croissance qui devrait attein-
dre 9,4 % en 2012.
L’uranium dans le massif de l’Aïr, le charbon
au nord d’Agadez, l’or dans la région du Lip-
tako, représentent près de 10 % du PIB.
La mise en exploitation, fin
2014, du gisement de la mine
d’uranium la plus importante Le pays
de toute l’Afrique (confiée au traverse depuis
groupe Areva), à Imouraren,
placera le Niger au second
plusieurs
rang des pays producteurs mois une crise
de « yellowcake » (concentré
d’uranium) dans les prochai-
alimentaire
nes années. aiguë.
Les deux gisements pétroliers
d’Agadem, près des frontières du Tchad,
qui comprennent également un oléoduc
ainsi qu’une raffinerie à Zinder, ont des
dossier
Adballah al-Senoussi, arrêté samedi
17 mars 2012 à Nouakchott.
Défense
L’armée mauritanienne compte environ
15 000 hommes, répartis sur les 7 régions
militaires. L’essentiel de ses missions reste
la sécurisation des frontières et la lutte
contre AQMI.
L’achat au Brésil de deux avions Embraer
(Super Tucano), conçus pour la lutte anti-
guérilla s’inscrit dans cette logique.
L’importance de la lutte contre les menées
d’AQMI justifie l’aide apportée par la France
en matière de sécurité et de défense.
Le soutien américain se matérialise par l’ap-
partenance de la Mauritanie au Partenariat
contre le terrorisme dans le Trans-Sahara
(TSCTP-TS) et de son volet militaire mis
en œuvre par l’Africom, l’opération « Endu-
ring Freedom Trans-Sahara » (OEF-TS).
L’armée mauritanienne fait partie de la
brigade de l’Afrique du Nord, l’une des
cinq brigades mise sur pied par l’Union
africaine. l
république du niger
Population : 15 500 000 hab.
Densité : 13 hab./km²
PIB : 6,5 milliards $
PIB par habitant : 428 $
Rang IDH : 186/187
Monnaie : 1 € = 655,96 FCFA
Chef de l’état : Mahamadou Issoufou
Régime de l’état : présidentiel
réserves estimées à hauteur de 300 mil-
lions de barils et 10 milliards de mètres
cubes de gaz. Le Niger est en passe de
devenir un état pétrolier à l’horizon 2015.
Cette production d’or noir serait, selon le
FMI, la clef de l’une des plus fortes crois-
sances économiques du monde en 2012.
L’importance et la diversité de ces richesses
minérales font du Niger un État qui génère
d’âpres compétitions entre les
grandes puissances industria-
lisées. Dans ce contexte, la
Chine occupe une place signi-
ficative, qu’il s’agisse de ses
« majors », de l’importance
de ses investissements ou
encore de la multiplicité de ses
accords de coopération.
Cependant, la vie économi-
que et les intérêts étrangers
restent confrontés à la menace que fait
peser Al-Qaïda au Maghreb islamique sur
la situation sécuritaire.
17
dossier Afrique sahélienne
Le Niger
Politique intérieure
Un an après une prise de pouvoir par les
militaires, l’ancien opposant Mahamadou
Issoufou a été élu à la tête du pays en mars
2011, à l’issue d’une campagne électorale
transparente, supervisée par des observa-
teurs de l’UA et de l’UE.
Malgré cela, il a été confronté,
en juillet 2011, à une tentative Le Niger a
de putsch militaire et les ten- retrouvé une
sions au sein de la coalition
hétérogène avec laquelle il gou-
légitimité au
verne l’ont conduit à opérer un sein de la
remaniement ministériel.
Cette « démocratie en déve-
Communauté
loppement », comme l’a internationale.
qualifiée le président Obama,
se heurte toutefois à de sérieux obstacles.
La chute de Kadhafi a remis en cause
République du Soudan
Vers un conflit avec le Soudan du Sud
Ex plus vaste pays d’Afrique, le Soudan a connu une partition de son
territoire en juillet 2011.
Depuis, un conflit larvé l’oppose au Soudan du Sud et la situation a
brutalement tourné à l’affrontement armé en mars 2012.
T
endances économiques
L’économie du Soudan repose
principalement sur l’agricul-
ture et, moins que par le passé,
sur l’exploitation du pétrole.
L’agriculture concerne 80 % de la popu-
18
l’aide que son pays fournissait au Niger et
le retour des travailleurs nigériens expa-
triés en Libye, dont un grand nombre serait
armé, vers les bastions touaregs du nord,
ne fait qu’ajouter aux tensions.
La crise malienne majore également les
difficultés d’un pays déjà lourdement
handicapé. L’afflux de réfugiés maliens, en
provenance des villes tombées aux mains
des rebelles, pourrait générer, à terme, des
difficultés significatives dans le nord du
pays et nécessitera une aide accrue de la
Communauté internationale.
Le Gouvernement de Mahamadou Issoufou,
qui vient de se voir attribuer successive-
ment 32 millions d’euros par l’UE, en
novembre 2011 et, en mars 2012, une assis-
tance financière du FMI de 92,2 millions
d’euros, devra s’attacher à sortir sa popu-
lation de la pauvreté, en particulier dans
les régions du nord, les plus vulnérables,
maintenir la stabilité macroéconomique et
mettre en place un cadre de surveillance
pour les secteurs pétrolier et minier.
Politique extérieure
Le Niger a retrouvé une légiti-
mité au sein de la Communauté
internationale. Il a renoué tou-
tes ses relations diplomatiques
et économiques avec ses prin-
cipaux partenaires, au sein de
l’UA, de l’UE, et ses liens avec
les Brics connaissent une pro-
gression significative.
Avec les autres pays du champ (Algérie,
Mali, Mauritanie), il conduit une politique
lation active. Elle demeure l’activité
principale du pays. Le Soudan est le pre-
mier producteur de gomme arabique du
monde, le deuxième éleveur et le troi-
sième producteur de sucre du continent.
Il produit aussi coton, sésame et arachide.
de coopération militaire pour faire barrage
aux menaces d’AQMI. Par ailleurs, la crise
malienne est suivie avec beaucoup d’at-
tention et les risques de contagion ne sont
pas à exclure.
Le refus d’extrader le fils de Kadhafi, qui
a trouvé refuge à Niamey, génère des ten-
sions diplomatiques entre le CNT libyen et
le Gouvernement nigérien.
La proximité idéologique du chef de l’État
avec le président François Hollande devrait
renforcer les liens entre les deux pays.
Défense
Les Forces armées nigériennes (FAN) ali-
gnent 5 300 militaires, 1 400 gendarmes et
2 500 gardes républicains. La composante
terrestre est la plus importante avec 6 000
hommes. Une petite composante aérienne
de 300 hommes constitue l’armée de l’air.
Le Niger fait partie de l’African Standby
Force de la Cédéao. Ses missions sont prio-
ritairement axées contre AQMI.
Après la tentative de putsch en juillet 2011,
un climat de suspicion règne entre le pré-
sident et les hauts responsables de son
armée. L’éloignement de certains d’entre
eux, par le biais de postes d’ambassadeurs
notamment, s’inscrit dans cette logique.
Les États-Unis et la France entraînent et four-
nissent une assistance technique au Niger.
Le soutien américain se matérialise par son
appartenance au Partenariat contre le ter-
rorisme dans le Trans-Sahara (TSCTP-TS)
et son volet militaire mis en œuvre par
l’Africom, l’opération « Enduring Freedom
Trans-Sahara » (OEF-TS). l
république du soudan
Population : 43 600 000 hab.
Densité : 17 hab./km²
PIB : 65,9 milliards $
PIB par habitant : 1 643 $
Rang IDH : 169/187
Monnaie : 1 € = 3,44 dinars soudanais
Chef de l’état : Omar el-Béchir
Régime de l’état : présidentiel
En raison de la permanence des conflits,
moins de 20 % des terres sont cultivées,
alors que le pays était considéré comme
le « grenier à blé » de l’Afrique.
Avec le cheptel le plus important de la
sous-région, le Soudan pourrait augmenter
ses exportations de viande et de produits
dérivés.
Le pétrole, qui assurait naguère 90 %
des revenus du Soudan, est désormais
au Sud. Dans ces conditions, l’économie
La Revue d’études - juillet 2012
 dossier

soudanaise vacille et Khartoum connaît Enfin, avec le Soudan du Sud pour des rai-
une inflation sans précédent, tandis que sons liées à la question de l’acheminement Le Soudan
sa monnaie se déprécie. Dans le même du pétrole et de redevances pétrolières, le
temps, le déficit budgétaire augmente tout sur fond de revendications territoriales
et s’ajoute à une dette (38 milliards de et d’accusations réciproques de soutient
dollars) qualifiée « d’intenable » par le aux groupes rebelles sur le territoire de
FMI. En outre, les sanctions américaines, l’autre.
consécutives au conflit du Darfour, obè- Par ailleurs, El-Béchir est fortement
rent l’accès aux financements étrangers et contesté par les partis d’opposition qui
pourraient entraîner un recul du PIB de l’accusent, entre autres, d’avoir perdu le
4,55 % en 2012. Soudan du Sud. Pour tenter de faire face
Pour faire face à cette situation, le Sou- à ces obstacles, le président et son parti,
dan prévoit, entre autres, d’augmenter les le Parti du Congrès national, se sont radi-
explorations pétrolières et gazières sur son calisés. La charia a été durcie, les droits
territoire, et d’accroître ses exportations de de l’homme sont quotidiennement trans-
produits agricoles et d’or. gressés, en particulier à l’encontre des
Le pays dispose par ailleurs de ressources « sudistes » restés au nord, et la liberté de
hydroélectriques significatives. Il possède la presse est inexistante. À court terme, la
le plus grand barrage hydroélectrique crise économique pourrait avoir des consé-
d’Afrique, construit par la Chine à Merowe, quences politiques et sociales graves pour
sur le Nil et la plus grande centrale thermi- le régime. La pauvreté, qui avait atteint un
que du monde, d’une capacité de 25 MGW, taux de 46,8 % en 2011, est prédictive de Dans ce contexte, les missions de l’ONU
construite à Khartoum également par les révoltes à venir. (Minuss, Minuad, Unif SA) sont actuelle-
Chinois. Dans ce contexte, les eaux du ment les plus nombreuses dans cette partie
Nil font l’objet d’âpres négociations avec Politique extérieure de l’Afrique.
l’Égypte et l’Éthiopie. Le Soudan est isolé sur la
Le taux de croissance a chuté Le Soudan scène internationale. Il reste Défense
et pourrait atteindre - 8,5 % cependant soutenu par la L’armée soudanaise reste l’une des plus
en 2012. est isolé sur Ligue arabe, la Russie et la puissantes du continent. L’armée de terre
la scène Chine. comprend 109 000 hommes. Ses équipe-
Politique intérieure Le président El-Béchir fait ments proviennent majoritairement de
Le pays est dirigé par le pré- internationale. toujours l’objet d’un mandat l’ex-Pacte de Varsovie. La Chine et la Rus-
sident Omar el-Béchir, qui a d’arrêt pour crimes de guerre sie transgressent l’embargo et vendent des
pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État et crimes contre l’humanité au Darfour. armes au régime soudanais.
en 1989, et qui a été réélu pour un mandat Il est pourtant toujours en liberté et se L’armée de l’air (3 000 hommes) est équi-
de cinq ans en avril 2010. Il est confronté déplace régulièrement en Afrique, comme pée, pour l’essentiel, de matériels d’origine
à de nombreuses difficultés, à la fois sur en janvier dernier, en Libye, où il a été russe.
les plans intérieur et extérieur. reçu par le CNT. L’UA soutient El-Béchir La marine (1 300 hommes) a des missions
D’abord avec le Darfour, où en dépit de la au prétexte que son arrestation pourrait qui concernent en priorité la protection
mort du chef rebelle Khalil Ibrahim, lea- précipiter le Soudan dans le chaos. des plates-formes portuaires ainsi que la
der du groupe rebelle darfouri Mouvement La CPI, qui a également délivré, en mars surveillance des côtes, notamment dans le
pour la justice et l’égalité (JEM), les com- 2012, un mandat d’arrêt contre le ministre sud du pays.
bats se poursuivent, et où de nombreux de la Défense, Mohammad Hussein, éga- Enfin, une force de défense populaire à
foyers d’insécurité perdurent. lement pour crimes de guerre et crimes base de milices, dont le volume est diffici-
Ensuite, avec les mouvements rebelles des contre l’humanité au Darfour, a peu de lement appréciable, complète l’ensemble.
États du Nil bleu et du Kordofan Sud, qui chance de le voir aboutir tant qu’El-Bé- Le Soudan participe à la constitution de la
s’opposent à Khartoum et qui ont provoqué chir sera président et qu’il continuera à brigade de l’Afrique de l’Est dans le cadre
l’exil de plusieurs milliers de Soudanais défier impunément la Communauté inter- de l’African Standby Force de l’UA. l
vers les États limitrophes. nationale.

Un dossier de synthèse

La civilisation chrétienne
Les civilisations contemporaines/La civilisation chrétienne
DSY - H15
Au lendemain du Jubilée de l’an 2000, il est possible de faire un bilan de ces vingt derniers siècles qui ont été
Au lendemain du Jubilée de l’an 2000, il est possible de faire un bilan
de ces vingt derniers siècles qui ont été profondément marqués par
le christianisme. Un bilan d’autant plus difcile à dresser que notre
DSY - H15

société occidentale – qui est la principale détentrice de la civilisation

chrétienne – connaît depuis le début de l’ère industrielle un phénomè-
ne de déchristianisation. Assistons-nous à la n de cette civilisation
DOSSIERS DE SYNTHÈSE
chrétienne ou bien à une profonde mutation de celle-ci ? La réponse

profondément marqués par le christianisme. Un bilan d’autant plus difficile à dresser que notre société occidentale
à une telle question ne peut être simple et demande une approche
nuancée.
Hommes et civilisations

Les civilisations
contemporaines
La civilisation
– qui est la principale détentrice de la civilisation chrétienne – connaît depuis le début de l’ère industrielle un
chrétienne phénomène de déchristianisation. Assistons-nous à la fin de cette civilisation chrétienne ou bien à une profonde
REVUE Revue d’Études
Espace Delizy, Bat. A - 32, rue Delizy - 93500 Pantin
E-mail : contact@revue-d-etudes.fr - Tél. : 0 825 800 735 REVUE
D'ETUDES mutation de celle-ci ? La réponse à une telle question ne peut être simple et demande une approche nuancée.

Éditions Revue d’Études

32, rue Delizy - Espace Delizy - Bâtiment A - 93500 PANTIN - Tél. : 0825 800 735 - Fax : 01 47 14 05 70

La Revue d’études - juillet 2012 19

dossier Afrique sahélienne
République
du Soudan du Sud
Une autre guerre commence
Le Soudan du Sud a obtenu son indépendance le 9 juillet 2011, après
un référendum sans ambiguïté sur la volonté des Sud-Soudanais de se
séparer de la tutelle du Soudan.
M
oins d’un an après l’ac-
quisition de cette souve-
raineté, il est confronté à
une crise avec son voisin
du nord qui prend les
allures d’un conflit interétatique.
Parmi les principales causes de cette
confrontation figurent d’abord l’impos-
sibilité pour les deux pays à trouver un
accord sur le tracé de leur frontière com-
mune, ensuite la difficulté de s’entendre
sur la répartition des revenus de la res-
source pétrolière, majoritairement localisée
au sud mais qui doit transiter par le nord
où se trouvent toutes les infrastructures
importantes, et enfin l’attitude équivoque
du président du Soudan, Omar el-Béchir,
qui n’a pas accepté cette partition.
Tendances économiques
Si l’essentiel des ressources économiques
proviennent du pétrole, le Sud-Soudan
est avant tout un pays à vocation agricole
(83 % de sa population). Les dernières
Le Soudan du Sud
20
décennies de guerre ont fortement dégradé
ce secteur d’activité qui reste désormais
à reconstruire. Par ailleurs, il connaît des
mouvements d’acquisitions foncières par
des pays émergents, au mépris des négo-
ciations internationales et multilatérales.
Aujourd’hui, la famine affecte cinq États
du Soudan du Sud et le recours à l’aide
internationale s’avère indispensable.
L’ambition affichée des
nouveaux dirigeants est
d’atteindre l’objectif d’une La ressource
puissance agro-industrielle pétrolière est
régionale à l’horizon 2020.
La ressource pétrolière
considérable et
(450 000 barils/jour) est représente 98%
considérable et représente des revenus.
98 % des revenus. Toutefois,
le Soudan du Sud est totale-
ment dépendant du Soudan pour exporter
ce pétrole jusqu’à la mer Rouge. Actuelle-
ment, les deux États ne parviennent pas
à s’entendre sur le montant des frais de
passage. Une solution semble se dégager,
mais qui sera longue, par le biais d’un
accord signé avec l’Ouganda et le Kenya,
qui prévoit la construction d’un oléoduc
jusqu’au port de Lamu.
Outre le pétrole, les richesses minérales
sont significatives, en particulier l’uranium
et les métaux précieux. La production d’hy-
droélectricité est appelée à se développer
sur le Nil blanc.
Après plusieurs années de conflit, la situa-
tion économique reste précaire en dépit
de plusieurs atouts favorables. 51 % des
habitants vivent en dessous du seuil de
pauvreté, 85 % sont illettrés et le taux de
mortalité infantile est parmi les plus hauts
de l’ASS.
Politique intérieure
Pour ce qui concerne sa politique inté-
rieure, Salva Kiir, le nouveau président
du jeune État, doit relever plusieurs défis.
soudan du sud
Population : 9 300 000 hab.
Densité : 14,6 hab./km²
PIB : ND
PIB par habitant : 1 546 $
Rang IDH : ND
Langue : anglais
Monnaie : livre soudanaise
Chef de l’état : Salva Kiir
Régime de l’état : présidentiel
D’abord, il doit transformer le Mouvement
populaire de libération du Soudan (MPLS),
mouvement rebelle militarisé, en parti
politique civil, afin de parvenir à la stabi-
lité politique et de créer une administration
cohérente ; ensuite, il doit lutter contre le
fléau de l’insécurité et de la corruption ;
et enfin, sortir son pays de « l’abysse de la
pauvreté », ainsi qu’il l’a déclaré, en sep-
tembre 2011, à la tribune de l’ONU.
Il lui faut aussi compter avec les crises des
pays voisins qui exportent leurs effets au
Soudan du Sud comme en attestent les
22 000 réfugiés provenant de RCA et de
RDC.
Politique extérieure
Le Soudan du Sud a été
admis comme 193e État aux
Nations unies. En dépit de
l’appui du monde occidental
et de quelques pays africains,
sa situation, dans un envi-
ronnement régional instable,
reste hasardeuse.
Avec le Soudan d’abord. Les deux États
sont entrés en conflit armé depuis mars
2012, pour des raisons liées à la souve-
raineté de zones pétrolières, en particulier
dans la région de Heglig. Cette situation, si
elle empirait, conduirait irrémédiablement
à une situation de guerre.
Ensuite, l’Éthiopie n’a pas reconnu le
nouvel État. Elle craint une contagion
sécessionniste dans ses provinces du sud-
ouest, où vivent des ethnies communes
avec celles du Soudan du Sud.
Sur la frontière sud, enfin, où des litiges
frontaliers l’opposent au Kenya au sujet du
triangle d’Ilemi.
L’Afrique du Sud est un allié de poids qui
soutient le jeune État et qui est engagée
dans une aide à la reconstruction, en par-
ticulier celle du système éducatif.
La Chine, principal client pétrolier, va
prêter 6 milliards d’euros destinés à des
projets d’infrastructure.
Le Soudan du Sud entretient des relations
avec l’État d’Israël qui a toujours soutenu
le processus d’indépendance. En décembre
La Revue d’études - juillet 2012

2011, Salva Kiir s’est rendu en Israël et a
signé plusieurs accords, en particulier celui
prévoyant le retour de 1 500 réfugiés sud-
soudanais dans leur pays d’origine.
République du Tchad
Un état dépendant de ses recettes
pétrolières
Le Tchad, qui a accédé au statut d’État pétrolier depuis 2003, figure
toujours au rang des pays pauvres très endettés (PPTE)
T
endances économiques
L’économie repose sur l’agri-
culture, l’élevage et sur une
augmentation significative des
taux d’extraction d’hydrocar-
bures.
L’agriculture est essentiellement vivrière et
autarcique dans le sud et pastorale dans le
nord. Elle concerne 80 % de la population
et représente 34 % du PIB dont 17 % pour
l’élevage, qui demeure, après le pétrole, le
2e poste d’exportation, devant le coton et la
gomme arabique. Le Tchad reste cependant
confronté à une sévère crise alimentaire
qui menace tout autant les populations
que le cheptel. Le pastoralisme est en crise,
Le Soudan du Sud
La Revue d’études - juillet 2012
Défense
L’armée du Soudan du Sud est en construc-
tion. Pour l’heure, elle regroupe les
différents mouvements rebelles au sein de
notamment à cause des modifications cli-
matiques et des périodes de sécheresse de
plus en plus longues.
La ressource halieutique, tirée du lac
Tchad, est en passe de disparaître, en rai-
son de l’assèchement progressif de ce lac
(25 000 km2 en 1963, 2 500 km2 en 2011).
La filière coton (2,3 % des exportations)
stagne à cause de la mauvaise situation
financière de l’entreprise parapublique
CotonTchad.
Pour ne pas dépendre uni-
quement du pétrole, le L’agriculture
Gouvernement mène une
action visant à relancer le
concerne 80%
secteur agricole ainsi que de la population
l’activité industrielle. et représente
Les récents projets de
champs pétrolifères et de 34% du PIB.
raffineries sont prédictifs
de bonnes perspectives budgétaires et
extérieures.
L’exploitation pétrolière représente 35 %
du PIB. Elle place le Tchad au 4e rang
des pays producteurs et exportateurs de
pétrole africain, à égalité avec le Congo.
L’acheminement de cette production est
assuré jusqu’au Cameroun par un oléo-
duc de 1 070 km, d’une capacité de 223 000
barils/jour. Les experts parlent de réserves
prouvées s’élevant à 1,5 milliard de barils,
jusqu’à l’horizon 2030.
Toutefois, les bénéfices de cette ressource
profitent peu au pays. Elle engendre simul-
tanément des dégradations de la gestion
des finances publiques, des dépenses
publiques surdimensionnées et rend le
budget très vulnérable en cas de chute des
recettes pétrolières.
dossier
l’Armée de libération du Soudan (SPLA) et
compte environ 140 000 hommes. Elle est
majoritairement équipée avec du matériel
en provenance de l’Europe de l’Est. l
république du tchad
Population : 11 200 000 hab.
Densité : 9 hab./km²
PIB : 9,6 milliards $
PIB par habitant : 920 $
Rang IDH : 183/187
Monnaie : 1 € = 655,96 FCFA
Chef de l’état : Idriss Déby Itno
Régime de l’état : présidentiel
La croissance pourrait progresser et attein-
dre 7 % en 2012.
Cependant, près de 60 % des Tchadiens
vivent encore au-dessous du seuil de pau-
vreté.
litique intérieure
Le président Idriss Déby Itno est au pou-
voir depuis décembre 1990. En 2011, les
élections législatives de février ont été
remportées par le parti du président, le
Mouvement patriotique du salut (MPS), et
la présidentielle d’avril a vu sa réélection,
au premier tour, avec 88,66 % des voix.
La situation sécuritaire s’est
largement améliorée depuis
l’accord de paix signé en
février 2010 avec le Soudan.
Toutefois, l’ère post-Kadhafi
est susceptible de déstabiliser
le pays. Près de 800 000Tcha-
diens fuyant la Libye ont
trouvé refuge au Tchad.
Beaucoup ont été victimes
d’exaction parce que suspectés d’être des
mercenaires à la solde de Kadhafi.
Un pouvoir très centralisateur, une oppo-
sition qui demeure muselée et un climat
politique pesant, avec en particulier une
mise en accusation du président Déby
depuis la disparition, en 2008, du leader
de l’opposition Oumar Mahamat Saleh,
caractérisent le Tchad aujourd’hui.
En outre, ce pays figure dans les derniers
rangs du classement pour ce qui concerne
la perception de la corruption de Transpa-
rency International.
litique extérieure
La crise libyenne a eu des conséquences
lourdes pour le Tchad. Traditionnellement
proche du dictateur libyen, Idriss Déby a
soutenu mollement les insurgés du
21
dossier Afrique occidentale
CNT. Il vise actuellement à reprendre
le dialogue avec le nouveau pouvoir libyen
d’Abdel Jalil.
Ensuite, le Tchad continuera
de conserver ses relations La croissance
avec la Chine, très intéressée
par le potentiel pétrolier de
pourrait
ce partenaire. progresser et
Les pays riverains du Tchad atteindre 7%
(Cameroun, Libye, Niger,
Nigeria, RCA), regroupés au
en 2012.
sein de la Commission du lac
Tchad (CBLT), ont appelé à la réactivation
de la force mixte des armées de la CBLT
(créée en 1988, mais jamais mise sur pied)
afin de lutter contre la menace terroriste
Boko Haram qui pourrait se manifester
hors des frontières du Nigeria.
Enfin, le Tchad envisage de quitter la
Afrique occidentale
République du Bénin
Un président de l’UA face
aux crises malienne et bissau-
guinéenne
Le Bénin est sorti de la crise politique post-électorale qui avait suivi la
réélection du président Boni Yayi.
T
endances économiques
L’économie béninoise est tirée
par l’agriculture, les échanges
commerciaux et l’exploitation de
quelques ressources minières.
L’agriculture (35 % du PIB), qui a connu
une période difficile à cause des condi-
tions climatiques défavorables, a vu ses
productions repartir à la hausse en 2011.
L’agriculture vivrière assure difficilement
la sécurité alimentaire, notamment pour
une population qui croît de 3 % par an.
L’agriculture de rente est dominée par
l’exploitation du coton. Celle-ci représente
80 % des exportations. Le Gouvernement
avait fixé un objectif de 600 000 tonnes de
coton graine pour 2011-2012, cet objectif
sera dépassé.
22
Communauté économique et monétaire
de l’Afrique centrale (Cemac) et rejoindre,
dans des délais proches, la
Cédéao.
La Minurcat (Mission des
Nations unies pour la Républi-
que centrafricaine et le Tchad)
avait pour mandat de protéger
les 250 000 réfugiés souda-
nais, 52 000 Centrafricains et
167 000 déplacés tchadiens
répartis dans tout l’est du
pays. Elle a achevé sa mission en décem-
bre 2010. C’est désormais le Détachement
intégré de sécurité (DIS), entièrement tcha-
dien, qui est chargé de ces missions.
Défense
L’armée nationale tchadienne (ANT) est
Le Bénin, qui est un carrefour de transit
(70 % de son commerce est lié au com-
merce de transit) à vocation régionale,
développe ses infrastructures aéroportuai-
res, routières et ferroviaires.
La privatisation du port en
eau profonde de Cotonou, la L’exploitation
construction d’un port pétro-
lier-minéralier à Sèmè-Podji,
du coton
et celle d’un aéroport de classe représente
internationale à Natitingou, 80% des
financé par des capitaux chinois,
s’inscrivent dans cette logique
exportations.
(projet « Épine dorsale »).
Les ressources minières (or, phosphates)
représentent 14 % du PIB. Les résultats
des explorations confirment l’existence
de gisements de pétrole au large des côtes
articulée principalement autour de l’armée
de terre. La composante aérienne comporte
6 hélicoptères et 4 avions.
La composante terrestre compte environ
25 000 hommes. Une garde présidentielle
de 5 000 hommes et 4 500 gendarmes com-
plètent ces forces.
L’ANT est, grâce aux pétrodollars, bien
armée, bien équipée et elle possède désor-
mais la capacité de s’opposer à toute
menace des rebelles sur ses frontières est.
Armée « ethnique », elle reste majo-
ritairement formée de personnels qui
appartiennent à l’ethnie du président
(Zaghawa).
Le Tchad fait partie de l’African Standby
Force de la Cemac. Le dispositif « Éper-
vier », émanation des accords de défense
avec la France, pourrait évoluer. l
bénin
Population : 8 800 000 hab.
Densité : 80 hab./km²
PIB : 7,5 milliards $
PIB par habitant : 756 $
Rang IDH : 167/187
Monnaie : 1 € = 655,96 FCFA
Chef de l’état : Boni Yayi
Régime de l’état : présidentiel
dans la zone dite « bassin du Dahomey ». À
l’horizon 2015-2020, le Bénin sera devenu
un État pétrolier.
Le Bénin est encore dépendant de ses voi-
sins pour ses besoins énergétiques. Seuls
23 % des ménages ont accès à l’électricité.
Le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Ghana
sont ses principaux partenaires pour ce qui
concerne l’exportation d’électricité.
Mais cette économie reste très vulnérable
car trop dépendante de l’aide
extérieure. En outre, l’hypertro-
phie de l’économie informelle,
en particulier dans la filière
agricole, mériterait une réforme
plus volontariste.
En dépit des stratégies de réduc-
tion de la pauvreté, celle-ci reste
élevée (35 % de la population)
et le chômage ainsi que le sous-
emploi des jeunes affectent notablement
l’équilibre de la société.
La croissance pourrait atteindre 4,5 % en
2011.
La Revue d’études - juillet 2012

Le Bénin
Politique intérieure
Le président sortant Boni Yayi a été réélu
en mars 2011 avec 53 % des voix. Ces
Le Burkina Faso
Vers un « printemps burkinabé » ?
Le Tchad, qui a accédé au statut d’État pétrolier depuis 2003, figure
toujours au rang des pays pauvres très endettés (PPTE)
T
endances économiques
L’agriculture et les ressources
minières constituent les deux
principaux moteurs de l’éco-
nomie du Burkina Faso. Cel-
le-ci n’a été que faiblement impactée par le
contexte de crise nationale.
L’agriculture (35,4 % du PIB) constitue le
pilier de l’économie du pays et emploie
80 % de la population active. L’agriculture
vivrière a souffert des mauvaises conditions
climatiques en 2011 et peine à assurer la
sécurité alimentaire. L’agriculture de rente
La Revue d’études - juillet 2012
résultats avaient été contestés par l’op-
position et de nombreuses manifestations
ont suivi cette réélection. Les législatives
d’avril 2011 lui ont cependant donné une
majorité parlementaire.
Son Gouvernement se veut un gouverne-
ment d’ouverture et d’apaisement social.
Il est chargé de conduire « les réformes en
vue d’une refondation du Bénin ».
C’est donc une politique d’apaisement que
mène Boni Yayi, condition indispensable
au développement du pays.
Cependant la corruption reste prégnante.
En dépit de la création d’un Observatoire
national, près de 3 % du
PIB est recyclé dans les
détournements de fonds La Chine
et le blanchiment d’argent. est très présente
L’actuelle ministre de la
Justice n’a pas hésité à dire
sur le plan
que « les magistrats sont économique,
corrompus jusqu’aux os ». culturel et
Politique extérieure diplomatique.
Le Bénin bénéficie d’une
image positive, tant au plan régional que
sur la scène internationale.
Il est membre de l’UEMOA et de la Cédéao.
Ses relations diplomatiques et économi-
ques avec le Nigeria sont fortes.
À ce titre, il a de nombreuses fois proposé
ses bons offices en qualité de médiateur.
est dominée par la seule culture du coton
dont le Burkina est le premier producteur de
l’ASS. L’année 2011 a été particulièrement
bénéfique puisque la production a atteint,
comme en 2010, 400 000 tonnes. Toutefois,
le coton-fibre est exporté à l’état brut, faute
de moyens pour le valoriser, et il reste sensi-
ble à la variation des cours mondiaux.
Les ressources minérales (or, manganèse et
phosphates) représentent 12,6 % du PIB.
La filière aurifère (31 tonnes en 2012) est
devenue le principal pourvoyeur de devises
et elle relègue à la seconde place le coton
dossier
Boni Yayi est actuellement président en
exercice de l’UA. Il est confronté aux deux
crises, au Mali et en Guinée-Bissau, pour
lesquelles il a milité pour l’envoi d’une
force militaire.
Il a été le premier chef d’État de l’ASS à
être reçu par le président Hollande, en mai
2012.
La Chine, alliée de longue date, est très
présente sur le plan économique, culturel
et diplomatique.
Pays d’Afrique majoritairement chrétien,
le Bénin a accueilli, en novembre 2011, le
pape Benoît XVI.
Défense
Les Forces armées béninoi-
ses (FAB) ont un effectif
global de 4 700 hommes. La
gendarmerie a un effectif de
2 500 hommes. L’armée de
terre comprend 4 600 hom-
mes, l’armée de l’air 180 et
la marine 220.
Les États-Unis, dans le cadre
du programme « Acota », entraînent et
fournissent une aide technique aux FAB.
Des contingents béninois ont participé à
plusieurs opérations de maintien de la paix
menées par la Cédéao et l’ONU.
Le Bénin fait partie de l’African Standby
Force de la Cédéao. l
burkina Faso
Population : 16 500 000 hab.
Densité : 59 hab./km²
PIB : 10,1 milliards $
PIB* par habitant : 670 $
Rang IDH : 161/187
Monnaie : 1 € =655,96 FCFA
Chef de l’état : Blaise Compaoré
Régime de l’état : présidentiel
en termes de bénéfices à l’exportation.
La production devrait poursuivre sa pro-
gression à la hausse dans les prochaines
années.
Le développement du pays, qui figure parmi
les dix pays les plus pauvres du monde, est
borné par plusieurs handicaps, en premier
lieu son enclavement, mais aussi la fai-
blesse de ses ressources naturelles, et enfin
l’importance de sa croissance démographi-
que (3 %/an). Le Burkina Faso demeure
très dépendant de l’aide internationale.
Plus de 60 % de la population vit avec
moins d’un euro par jour, n’a pas accès à
l’eau potable et à l’électricité, ni aux soins
de santé primaire.
23
dossier Afrique occidentale

démocratie et le progrès (CDP), majori- convaincu de l’Union économique et moné-

Le Burkina Faso
La croissance pourrait atteindre 5,3 %
en 2012.
Politique intérieure
Le Burkina Faso est dirigé par le président
Blaise Compaoré depuis vingt-cinq ans.
Réélu en novembre 2010 en obtenant, dès
le premier tour, 80 % des suffrages, il a
reconduit Tertius Zongo dans sa fonction
de Premier ministre.
Le parti du président, le Congrès pour la
taire à l’Assemblée avec 73 sièges sur 111,
laissait espérer un quatrième mandat sans
difficultés majeures. En février 2011, à Kou-
dougou, la mort d’un collégien mettant en
cause la police a déclenché une crise de
grande ampleur.
L’année 2011 a été ponctuée par de nom-
breuses grèves, des mutineries de soldats,
et par des manifestations corporatives vio-
lentes (7 morts à Bobo-Dioulasso en juin
2011). Le Burkina a vécu dans un climat
politico-social insurrectionnel. Le 15 avril,
le président a remanié son Gouvernement,
Tertius Zongo a été remplacé par Adolphe
Tiao et Compaoré s’est attri-
bué le ministère de la Défense.
Conjointement, une série de Plus de
mesures politiques, écono-
miques, militaires et sociales
60% de la
ont été prises pour apaiser la population
grogne qui avait gagné toute vit avec moins
la société.
La lutte contre la corruption a d’un euro
été renforcée. En janvier 2012, par jour.
le directeur des Douanes a été
arrêté et condamné.
Les élections législatives et municipales cou-
plées auront lieu en décembre 2012. Elles
auront valeur de test pour Compaoré.
litique extérieure
Au plan régional, la politique extérieure du
Burkina Faso a été monopolisée par la situa-
tion au Mali, pays riverain. Des incidents
frontaliers se sont déroulés en mai dernier
qui pourraient être prédictifs de conséquen-
ces plus aiguës, comme cela a été le cas lors
de la crise ivoirienne.
Le président Compaoré est un partisan
taire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA) dont
la commission siège à Ouagadougou.
Sur la scène internationale, le Burkina
entretient des relations économiques et
diplomatiques soutenues avec l’UE et la
France en particulier.
Il se tourne aujourd’hui vers les émergents
(Chine, Inde, Brésil) et le Maroc.
La nomination du ministre burkinabé des
Affaires étrangères, le colonel Djibril Bas-
solé, aux fonctions de médiateur conjoint
de l’UA et des Nations unies au Darfour,
jusqu’en avril 2011, puis médiateur de la
Cédéao dans la crise malienne a conforté
son importance au plan diplo-
matique sur le continent.
Défense
Le Burkina Faso dispose de
forces armées d’un volume de
11 200 hommes dont 4 200 gen-
darmes. L’essentiel est regroupé
dans l’armée de terre (6 400
hommes) et une armée de l’air
de 600 hommes (Elle vient d’ac-
quérir 3 Super Tucano achetés au Brésil).
Après les mutineries de 2011, plusieurs cen-
taines de militaires ont été radiés et toute la
chaîne de commandement a été remaniée.
L’armée participe à l’African Standby Force
de la Cédéao. Une composante police-
gendarmerie pourrait être déployée en
Guinée-Bissau.
Dans le cadre de la lutte contre AQMI, la
France a pré-positionné un contingent mili-
taire à Ouagadougou. Les États-Unis, dans
le cadre du programme « Acota », entraînent
et fournissent une aide technique aux forces
burkinabées. l

République cap-Vert

du Cap-Vert
Population : 505 600 hab.
Densité : 125 hab./km²
PIB : 1,9 milliard $
PIB par habitant : 3 737 $
De nouveaux défis pour Rang IDH : 133/187
Monnaie : 1 € = 110,27 escudos
un nouveau président Chef de l’état : Jorge Carlos Fonseca
Régime de l’état : présidentiel

Avec ses 18 îles et îlots, la République du Cap-Vert, surnommée

la « Nation archipel », est une démocratie exemplaire en Afrique.
Ne disposant pas de ressources agricoles ou minérales à forte valeur
marchande, elle reste très dépendante de l’aide internationale.

24 La Revue d’études - juillet 2012


T
endances économiques
La République du Cap-Vert
(RCV) tire l’essentiel de ses
ressources de l’agriculture, du
tourisme et des transferts de
fonds de sa diaspora.
L’agriculture vivrière (10 % du PIB) est
handicapée à la fois par des sols ingrats, les
aléas climatiques (sécheresses chroniques)
et des méthodes de production obsolètes
qui limitent ses rendements. L’agriculture
de rente (canne à sucre et banane) n’est
pas significative. D’importantes ressources
halieutiques permettent de développer une
industrie de transformation et de valorisa-
tion des produits de la pêche destinés à
l’exportation.
La mise en œuvre du plan national pour la
désalinisation de l’eau de mer, ainsi que le
reboisement des zones menacées de déser-
tification, a donné de bons résultats.
Le tourisme (15 % du PIB) a connu à la fin
des années 2000 des baisses de fréquenta-
tion liées à la crise mondiale. Il repart à la
hausse mais avec une inflexion vers l’éco-
tourisme et le tourisme haut de gamme.
Enfin, les fonds financiers qui proviennent
de la diaspora, deux fois plus nombreuse
que la population capverdienne, abondent
le budget à hauteur de 10 % du PIB.
Les entrées d’IDE, provenant essentielle-
ment de l’UE, se sont ralenties.
Le projet visant à faire de l’archipel un
« hub » de services maritimes, touristiques,
financiers et de technologies de l’informa-
tion (23 % du PIB) et de la communication
est en passe de se réaliser.
La RCV, qui ne possède pas de ressources
fossiles, investit dans les énergies renou-
velables qui couvrent 25 % de ses besoins.
Elle est le pays le plus en pointe de tout
l’Ouest africain sur ce segment et elle est
membre de l’Agence internationale de
l’énergie renouvelable (Irena).
Avec une croissance à la hausse, qui pour-
rait atteindre 5,8 % en 2012, le Cap-Vert se
doit de poursuivre la diversification de son
économie. C’est un impératif pour conti-
nuer à éradiquer la pauvreté qui, en dépit
d’une baisse sensible au cours des cinq
dernières années, touche près de 26 % de
la population – notamment rurale – qui vit
au-dessous du seuil de pauvreté.
La Revue d’études - juillet 2012
Politique intérieure
Le président Pires, 77 ans, qui était au pou-
voir depuis 2001, a été remplacé, après la
présidentielle d’août 2011, par Jorge Carlos
Fonseca qui appartient au parti d’opposi-
tion, le Mouvement pour la démocratie
(MPD). Son adversaire, Manuel Sousa, du
Parti africain pour l’indépendance du Cap-
Vert (PAICV), parti qui avait remporté les
législatives de février 2011, a été largement
battu (54/45 %).
C’est donc une situation de cohabitation
qui prévaut au Cap-Vert. Le nouveau pré-
sident devra gouverner avec José Maria
Neves, l’actuel chef du Gouvernement.
Tous les observateurs s’accordent à dire
que le bilan du président sortant est
flatteur, tant sur les plans politique et éco-
nomique que social. Il s’est vu attribuer le
prix Mo Ibrahim 2011 qui récompense un
chef d’État pour sa bonne gouvernance.
Il reste cependant, pour son successeur,
de nombreux domaines sur lesquels il
devra faire porter ses efforts. En particulier
sur le plan social, pour atteindre tous les
objectifs du millénaire pour le développe-
ment (OMD). Au rang de ceux-ci figurent
la réduction du chômage
(18 %), de la pauvreté, le
développement de la poli- Les entrées
tique de santé (lutte contre
le paludisme, le sida) et
d’IDE, provenant
l’éducation (pas de faculté essentiellement
de médecine au Cap-Vert).
Enfin, compte tenu de sa
de l’UE, se sont
position géographique, la ralenties.
RCV reste confrontée à une
intensification de l’immigration illégale,
au blanchiment d’argent et à une hausse
des trafics de drogue qui affectent toute
l’Afrique de l’Ouest. Dans ce contexte,
un partenariat a été signé avec l’Espagne
qui met à la disposition des Capverdiens
des moyens maritimes, aériens et tech-
niques.
Politique extérieure
Le Cap-Vert, qui appartient à la catégorie
des micro-États, déploie une activité diplo-
matique soutenue. Dans la sous-région,
son appartenance à la Cédéao témoigne
du dynamisme de sa politique extérieure.
L’UE reste son principal partenaire diplo-
dossier
Le Cap-Vert
matique et économique (85 % de ses
échanges commerciaux et l’essentiel de
l’aide multilatérale). Dans le cadre du
10e FED il bénéficie d’une allocation de
51 millions d’euros sur la période 2008-
2013. Son appartenance à la Macaronésie
souligne également son tropisme vers l’Eu-
rope.
Par ailleurs, les États-Unis montrent un
intérêt affiché pour la posi-
tion stratégique de l’archipel.
Le second passage d’Hillary
Clinton, lors de son dépla-
cement ouest-africain, en
janvier 2012, traduit cette
volonté de coopération avec
ce pays qui est un bénéfi-
ciaire significatif des fonds
de la Millenium Challenge
Corporation.
S’il reste très lié avec l’ancienne puissance
coloniale, le Portugal, il a également ren-
forcé ses liens avec la Chine, l’Angola et
le Brésil.
Enfin, il convient de rappeler que le Cap-
Vert, depuis 1996, adhère à la francophonie
et que l’étude de la langue française,
conjointement à celle de l’anglais, est obli-
gatoire sur l’archipel.
Défense
Le Cap-Vert dispose d’une force d’environ
1 200 hommes. L’essentiel de ses missions
réside dans la défense côtière et la sécurité
intérieure. l
25
dossier Afrique occidentale
Côte d’Ivoire
Un état en reconstruction
« Reconstruire ce n’est pas le plus dur… mais obtenir la paix et la
réconciliation, après tout ce que nous avons vécu depuis des années, c’est
bien plus compliqué. » (Alassanne Ouattara)
T
endances économiques
Un an après le retour à l’ordre
constitutionnel, la vie écono-
mique reprend graduellement
mais elle reste formellement
liée à la normalisation de la situation sécu-
ritaire, à la réussite de la réconciliation et
à l’aboutissement des programmes d’ur-
gence de reconstruction.
La Côte d’Ivoire, en dépit de la variété de
ses ressources et d’une aide internatio-
nale significative, ne pourra pas prétendre
retrouver le rang économique qui était le
sien avant 2002 d’ici plusieurs années.
L’économie repose essentiellement sur
l’agriculture et les ressources minières.
L’agriculture représente 32 % du PIB et
emploie près de 60 % de la population
active.
L’agriculture vivrière a enregistré des pro-
ductions à la hausse en 2011. Elle assure
globalement la suffisance alimentaire du
pays. L’agriculture de rente (cacao, café,
bananes, hévéa) a connu des difficultés.
La filière cacaoyère, pour laquelle la Côte
d’Ivoire est le numéro un mondial, n’a
pas retrouvé ses productions antérieures.
Des causes phytosanitaires, de mauvaises
La côte d’Ivoire
26
conditions d’exploitation et un contexte
d’insécurité justifient ce reflux. L’hévéa-
culture est en progression et elle est tirée
par une forte demande, notamment des
pays émergents.
L’exploitation minière a également enregis-
tré un recul significatif, notamment pour ce
qui concerne la production pétrolière qui
a été pénalisée par la réduction des activi-
tés de raffinage de la Société ivoirienne de
raffinage. En revanche, la production d’or
devrait être vitalisée par la mise en service
de la nouvelle mine de Tongon, dans le
nord du pays.
La filière aurifère devrait
permettre à la Côte d’Ivoire
L’agriculture
de rentrer, à l’horizon 2020, représente
dans le cercle des gros pro-
ducteurs africains.
32% du PIB et
Le secteur tertiaire, tradition- emploie près
nellement dynamique, s’est de 60% de
fortement dégradé pendant
la crise post-électorale. L’iso-
la population
lement économique du pays active.
a eu pour conséquence une
sévère diminution des exportations et des
importations. À cet égard, l’année 2012
marque le redémarrage d’une économie
ivoirienne sinistrée.
La croissance enregis-
tre une hausse et devrait
atteindre 8,6 %.
Politique intérieure
Alassane Dramane Ouat-
tara, élu président « de
jure » en novembre 2010,
ne l’est devenu « de facto »
qu’à la chute de son rival
Laurent Gbagbo, en avril
2011, à l’issue d’une crise
post-électorale particu-
lièrement violente (3 000
morts, un million de
déplacés, au Liberia et au
Ghana notamment).
Soutenu par la Commu-
nauté internationale et par
côte d’iVoire
Population : 19 700 000 hab.
Densité : 67 hab./km²
PIB : 23,8 milliards $
PIB par habitant : 1 049 $
Rang IDH : 170/187
Monnaie : 1 € = 655,96 FCFA
Chef de l’état : Alassane Ouattara
Régime de l’état : présidentiel
les institutions africaines, Ouattara s’est
attaché à faire rentrer la Côte d’Ivoire dans
une ère post-conflit.
La victoire aux législatives de décembre
2011, boycottées par le Front populaire
ivoirien (FPI), le parti de Gbagbo, et le
transfert de ce dernier à la CPI, à La Haye,
pour crimes contre l’humanité, légitiment
le camp présidentiel, d’autant que l’opposi-
tion a implosé et peine à se rassembler. Les
défis qui attendent la nouvelle équipe au
pouvoir sont immenses et, comme le sou-
ligne régulièrement Ouattara, c’est d’abord
la réconciliation nationale qui conditionne
la réussite des autres chantiers.
Pour cela, la Commission dialogue, vérité,
réconciliation a d’ores et déjà entamé ses
travaux. De son impartialité
dépendra sa reconnaissance
par les partisans de Gbagbo
du FPI et ses alliés du Conseil
national de la résistance pour
la démocratie (CNRD).
Enfin, 2012 verra s’achever
le cycle électoral avec les
élections municipales et les
conseils régionaux.
Politique extérieure
La normalisation de la situation en Côte
d’Ivoire marque son retour sur la scène
nationale et internationale et la fin de son
isolement diplomatique. L’objectif visé est
celui d’une renaissance du leadership ivoi-
rien en Afrique de l’Ouest.
Alassane Ouattara, président en exercice
de la Cédéao, se voit confronté au règle-
ment de deux crises africaines, celle du
Mali et celle de la Guinée-Bissau.
Il s’attache également à apaiser ses relations
avec les États riverains, Guinée, Liberia et
Ghana. La question des réfugiés et des oppo-
sants pro-Gbagbo dans ces pays demeure
au centre des pourparlers en cours.
Les relations avec la France demeurent
fortes. Pour l’heure, le maintien d’un dis-
positif allégé de troupes françaises en Côte
d’Ivoire n’est pas remis en cause.
À l’instar des autres pays de l’ASS, la Côte
d’Ivoire se tourne vers les émergents, en
particulier la Chine et l’Inde.
La rencontre avec le président Obama, à
La Revue d’études - juillet 2012

Washington, en juillet 2011, est le signe
d’une accentuation des relations bilatéra-
les avec les USA.
Défense
La réforme structurelle de l’armée ivoirienne
est un vaste et très sensible chantier.
Les Forces de défense et de sécurité pro-
République
de Gambie
« Pour les criminels armés, tirez d’abord et interrogez après » (Ordre
à la police gambienne). La Gambie, sous la présidence de Yahya
Jammeh, figure parmi les pays de l’ASS ayant un mode de gouvernance
préoccupant. Les protestations de la Communauté internationale ne
semblent cependant guère prendre le pas sur les considérations d’ordre
économique.
T
endances économiques
L’économie gambienne repose,
pour l’essentiel, sur son agri-
culture, le secteur des services
(commerce, transports) et le
tourisme.
Le secteur agricole, qui inclut celui de la
pêche, emploie près de 70 % de la popula-
tion et représente 32 % du PIB.
L’agriculture vivrière n’assure pas com-
plètement l’autosuffisance alimentaire du
pays. L’agriculture de rente, principale-
ment l’arachide et le riz, intervient dans
La Gambie
La Revue d’études - juillet 2012
Gbgbo se sont, hormis quelques minorités
radicales, ralliées à Ouattara. Elles ont été
amalgamées avec celles des Forces nouvel-
les pour former un ensemble composite,
les Forces républicaines de Côte d’Ivoire
(FRCI). Outre leur manque de cohésion et
de discipline, elles se sont rendues coupa-
bles d’exactions, de règlements de comptes
la moitié de ses exportations. Les hausses
de rendements obtenus ces deux dernières
années, en particulier dans la riziculture,
sont de nature à vitaliser cette filière qui
fait l’objet des efforts du Gouvernement
pour la moderniser et qui bénéficie de
l’aide internationale (FAO).
La Gambie a mis en place des
dispositifs de zones franches
Les
qui exonèrent les investisseurs 1,7 million de
dans ces zones. Cette politi-
que a favorisé l’installation
Gambiens
d’investisseurs étrangers et le vivent dans
secteur bancaire connaît une un climat de
progression appréciable.
L’activité touristique ainsi que
crainte.
les transferts d’argent de la
diaspora ont connu une baisse liée à la
crise mondiale. Depuis 2011, on observe
une reprise dans ces deux secteurs.
Le pays reste pénalisé par l’absence d’éner-
gie locale, ce qui l’oblige à importer les
hydrocarbures nécessaires à la production
de son électricité. Cette situation pourrait
évoluer si les résultats d’exploration des
concessions onshore et offshore s’avé-
raient positifs.
La Gambie figure au rang des pays les plus
pauvres du monde, près de 61 % de la
population vit au-dessous du seuil de pau-
vreté. Afin de la réduire, le Gouvernement
a lancé, pour la période 2012-2015, un Pro-
gramme d’accélération du développement
dossier
et de violations des droits de l’homme.
Actuellement, le processus « Désarmement,
démobilisation et reinsertion » (DDR) ne
parvient pas à solutionner le retour à la
vie civile de la multitude d’Ivoiriens des
deux camps qui furent impliqués dans la
crise qui a déchiré la Côte d’Ivoire de 2002
à 2011. l
gambie
Population : 1700 000 hab.
Densité : 155 hab./km²
PIB : 1,1 milliard $
PIB par habitant : 620 $
Rang IDH : 168/187
Monnaie : 1 € =36,72 dalasis
Chef de l’état : Yahya Jammeh Régime
Régime de l’état : présidentiel
et de l’emploi. La croissance se stabilise et
pourrait atteindre 5,8 % en 2012.
Politique intérieure
Yahya Jammeh a été réélu pour un qua-
trième mandat de cinq ans, en novembre
2011. La commission de la Cédéao avait
estimé que cette élection n’avait pas été
« libre, juste et transparente ».
En sus de sa fonction présidentielle,
il détient plusieurs portefeuilles (de la
Défense, du Pétrole, des Ressources miniè-
res, de l’Agriculture et des
Affaires religieuses).
Le parti présidentiel, l’Alliance
patriotique pour la réorganisa-
tion et la construction (APRC)
verrouille tous les rouages du
pays et sa connivence avec
le Gouvernement est avérée.
Sa victoire aux élections de
mars 2012 lui a donné 43 siè-
ges sur 48 au Parlement. La
gouvernance de Jammeh est un déni de
la démocratie. L’opposition n’est pas en
mesure de jouer son rôle, les médias sont
encadrés et harcelés. Le régime est régu-
lièrement accusé d’assassinats politiques,
les arrestations d’opposants, de journalis-
tes et d’homosexuels sont courantes. Les
1,7 million de Gambiens vivent dans un
climat de crainte.
Politique extérieure
Les relations bilatérales avec le Sénégal
demeuraient épineuses en raison des conten-
tieux qui opposaient les deux États qui
s’accusaient mutuellement de soutenir leur
opposition, notamment en Casamance.
27
dossier Afrique occidentale

Elle s’étaient améliorées en 2011 et
s’étaient traduites, entre autres, par la
création d’un Secrétariat permanent séné-
galo-gambien basé à Banjul. Pour l’heure,
le nouveau président sénégalais devrait
consolider ce rapprochement d’autant
que la question du règlement du conflit
en Casamance, qui reste une épine pour le
Sénégal, pourrait passer par cette reprise
du dialogue entre les deux États.
Les dérives dictatoriales de son président
n’empêchent pas la Gambie d’avoir obtenu
un siège à la Commission des droits de
l’homme au sein de l’Union africaine et
c’est une Gambienne, Fatou Bensouda, qui
vient d’être élue au poste de procureur de
la CPI.
La Gambie reste un des quatre derniers
pays d’Afrique qui entretiennent des rela-
tions diplomatiques avec Taïwan, ce qui
a fait obstacle dans ses rapports avec la
Chine.
Défense
Les forces armées gambiennes ont un effec-
tif de l’ordre de 2 500 hommes. L’essentiel
de ces forces est regroupé dans l’armée
de terre (2 240). La marine nationale
(150 hommes) dispose de 3 patrouilleurs.
Elles sont d’abord dévolues à la sécurité
intérieure, au maintien de l’ordre et à la
surveillance de la frontière avec la Casa-
mance. On observe un renforcement des
équipements depuis les derniers mois.
Depuis 2009, la Gambie engage des for-
ces sous mandat ONU (Unoci, Minul et
Minuad).
Elles participent à l’African Standby Force
de la Cédéao. l

République du Ghana ghana

Population : 24 400 000 hab.
Une rente pétrolière qui ne profite Densité : 102 hab./km²
PIB : 38,6 milliards $

pas encore à la population… PIB par habitant : 1 588 $

Rang IDH : 135/187
Monnaie : 1 € = 2,10 cedis
Chef de l’état : John Atta Mills
Régime de l’état : présidentiel

Le Ghana, qui dispose aujourd’hui d’une rente pétrolière substantielle,

a enregistré des résultats économiques exceptionnels en 2011. Il lui reste
cependant beaucoup de progrès à faire sur le plan social.
une ressource de l’ordre de 2 à 4 milliards
de dollars.
Le tourisme a connu une embellie en 2011
et le nombre d’entrées devrait progresser

T
endances économiques
L’économie, qui inclut depuis
2010 la ressource pétrolière,
repose sur deux piliers, l’agri-
culture et l’exploitation de l’or.
L’agriculture représente 38,8 % du PIB.
L’agriculture vivrière assure la sécurité
alimentaire du pays. L’agriculture de rente
reste dominée par l’exploitation cacaoyère,
dont le Ghana est le deuxième producteur
mondial, après la Côte d’Ivoire. La produc-
tion, en 2010-2011, a atteint
900 000 tonnes. Elle se situe
toutefois dans un contexte Le Ghana
moins favorable en raison jouit, aux plans
de la baisse des cours et du
retour sur les marchés mon-
régional et
diaux de la Côte d’Ivoire. international,
L’industrie cacaoyère est,
pour partie, aux mains de
d’une image
l’État par le biais du Ghana positive.
Cocoa Marketing Board
(Cocobod). Pour l’heure, le pays ne dispose
pas des infrastructures suffisantes pour
transformer le produit sur place.
En revanche, le développement de cette
activité génère des dégâts environnemen-
taux irréversibles. La forêt ghanéenne perd,
en moyenne, 65 000 hectares par an.
dans les prochaines années.
Deuxième producteur africain d’or, derrière
la RSA, le Ghana produit 9 millions d’onces
d’or par an et les réserves sont estimées à
78 millions d’onces. Afin d’augmenter les Le Ghana
revenus de cette filière, le Gouvernement a
décidé de relever les royalties payées par les
compagnies minières à 10 %.
L’exploitation des autres ressources miniè-
res (bauxite, diamants, manganèse) a connu
une hausse significative en 2011-2012.
La rente pétrolière a radicalement trans-
formé la physionomie de
l’économie ghanéenne.
Les réserves prouvées pla-
cent le Ghana au 6e rang des
producteurs de pétrole du
continent et les exportations
de brut ont rapporté 1,97 mil-
liard de dollars en 2011. Ces
bénéfices devraient, entre
autres, permettre de résorber
le déficit budgétaire, d’inves-
tir dans la modernisation des infrastructures
et d’améliorer le sort d’une large partie de la
population dont 80 %, en particulier dans
les régions du nord, vivent encore en des-
sous du seuil de pauvreté.
Les transferts de fonds, liés à l’existence
d’une importante diaspora, représentent

28 La Revue d’études - juillet 2012


Cette réussite économique a permis au
Ghana d’obtenir le statut de PRI.
Une croissance légèrement en baisse, de
8,3 %, est prévue en 2012.
Politique intérieure
L’actuel président, John Atta Mills achè-
vera son mandat en décembre 2012. Il est
d’ores et déjà en campagne avec son parti,
le Congrès démocratique national (NDC).
Son challenger, battu avec un faible écart
de voix en 2008, Nana Akufo-Addo, et son
parti le Nouveau Parti patriotique (NPP),
n’ont de cesse de dénoncer les déficiences
du programme social alors que l’économie
est florissante.
Cette question pourrait en effet entraîner la
défaite d’Atta Mills. Pour faire pièce à l’op-
position, ce dernier a promis de consacrer
le prêt bilatéral chinois (3 milliards de dol-
lars) « afin de développer les infrastructures
sociales de base ».
Il doit aussi compter avec l’opposition de
l’ancien président, Jerry John Rawlings et de
sa femme qui appartient également au NDC.
République de Guinée
La réforme de l’armée : un épineux
dossier pour le « civil » Alpha Condé
La situation dont a hérité l’actuel président de la Guinée est instable
économiquement, dégradée socialement et fragile politiquement. La
transition démocratique s’annonce difficile.
T
endances économiques
L’économie guinéenne est tirée
par l’agriculture ainsi que par
ses ressources minières.
L’agriculture, y compris la
pêche, représente 23 % du PIB et emploie
80 % de la population active. Elle bénéficie
de mesures du Gouvernement pour la ren-
dre plus compétitive. L’agriculture vivrière
ne permet pas au pays d’assurer totale-
ment sa sécurité alimentaire. L’agriculture
de rente (coton, café, cacao) a enregistré
des productions à la hausse en 2011.
La Guinée, grâce à l’exploitation de ses
richesses minérales, bauxite (2e produc-
teur mondial) or, diamant, fer, manganèse,
zinc, cobalt, nickel, uranium, vitalise sa
La Revue d’études - juillet 2012
Ensuite, il a l’exigence d’accentuer ses
efforts pour énucléer la corruption en
menant une politique davantage répressive
vis-à-vis des fraudeurs, ainsi que le déman-
tèlement des réseaux de contrebande qui
détournent une large part de la production
vers les pays voisins.
Enfin, il lui faudra réduire les tensions
ethniques, sur fond de désé-
quilibres économiques, qui
minent la stabilité intérieure, Le Ghana est
en particulier dans la partie un des plus
nord du pays, la plus déshé-
ritée.
importants
contributeurs
Politique extérieure africains des
Le Ghana jouit, aux plans
régional et international, Nations unies.
d’une image positive. Dans
un environnement instable, lié en particulier
aux séquelles de la crise en Côte d’Ivoire, il
mène une politique d’ouverture et de conci-
liation. Le volume de réfugiés ivoiriens sur
son territoire constitue toujours une source
de vulnérabilité. La question des zones
croissance en raison d’une demande à la
hausse, en particulier de la Chine et de
l’Inde. Cette filière contribue à hauteur
de 20 % au PIB et pour plus de 60 %
aux exportations. Mais la défaillance
des infrastructures, les surestaries et un
environnement des affaires déficient com-
promettent la rentabilité de ces activités.
De grands projets sont en cours de
négociation, notamment la construction
d’infrastructures énergétiques, secteur
vulnérable puisqu’à l’heure actuelle la
production et la distribution d’électricité
accusent un retard considérable, préjudi-
ciable aux autres secteurs industriels.
Même si les institutions financières inter-
nationales sont revenues en Guinée, les
dossier
d’exploitation pétrolières pourrait créer un
contentieux avec la Côte d’Ivoire.
C’est un membre actif de la Cédéao dont
il a soutenu les récentes initiatives dans la
crise malienne.
Au-delà de ses partenaires occidentaux
– USA et UE –, il a intensifié son ouver-
ture vers les émergents, surtout la Chine,
ainsi qu’avec des partenaires
moins traditionnels comme la
Corée du Sud.
Sa position stratégique sur
le golfe de Guinée en fait un
allié de poids pour les États-
Unis.
Défense
Les forces armées ghanéen-
nes (GAF) sont composées de
10 500 hommes. L’armée de terre comporte
5 800 hommes, la marine 1 000 hommes et
l’armée de l’air 2 100 hommes. Le Ghana
est un des plus importants contributeurs
africains des Nations unies. Il fait partie de
l’African Standby Force de la Cédéao. l
guinée
Population : 10 millions d’hab.
Densité : 42 hab./km²
PIB : 4,6 milliards $
PIB par habitant : 438 $
Rang IDH : 178/187
Monnaie : 1 € = 9 349,74 francs
guinéens
Chef de l’état : Alpha Condé
Régime de l’état : présidentiel
mesures dilatoires accumulées pour met-
tre en place les réformes structurelles et
institutionnelles constituent un handicap
pour conduire une politique économique
performante.
La Guinée, en dépit de ses potentialités,
figure au rang des États fragiles selon la
classification du FMI, et n’a pas encore
atteint le point d’achèvement des PPTE.
Près de 70 % de la population vit au-des-
sous du seuil de pauvreté et les indicateurs
du chômage, de la santé et de l’éducation
illustrent défavorablement le retard en
matière de développement humain.
Politique intérieure
Le pouvoir, aux mains d’une junte mili-
taire de 2008 à 2010, est désormais revenu,
après sa victoire sur Cellou Dalein Diallo,
candidat de l’ethnie peule, à l’ancien
opposant Alpha Condé. Sa tâche pour
29
dossier Afrique occidentale
La Guinée équatoriale
apaiser et réconcilier les Guinéens est
immense.
La situation reste précaire. Le président a
échappé à un attentat en juillet 2011 et de
nombreuses grèves et manifestations, sur
fond de tensions ethniques, ont éclaté sur
tout le territoire. Les heurts avec les forces
de l’ordre ont fait plusieurs morts, ce qui a
contribué à la fragilisation de la situation
politique et sociale.
À ce jour, la Guinée n’a toujours pas de
Parlement. Les législatives, prévues en
République
de Guinée-Bissau
État marqué par l’instabilité politique, la pauvreté et les trafics de
drogue, la Guinée-Bissau s’enfonce encore un peu plus dans le désordre
alors qu’une junte militaire vient de renverser le président en exercice.
T
endances économiques
L’économie de la Guinée-Bis-
sau est essentiellement por-
tée par l’agriculture, la pêche
et l’élevage. Les ressources
minières restent encore insuffisamment
exploitées.
La filière agricole demeure prépondérante,
elle représente 40,3 % du PIB, dont 4 %
30
décembre 2011, ont été plusieurs fois
reportées. Elles devraient se dérouler en
juillet 2012.
Apaiser les tensions ethniques entre
Malinkés (ethnie du président), Peuls et
Soussous et rétablir l’État de droit consti-
tue un objectif indispensable pour assurer
au pays le développement de son écono-
mie et de sa croissance.
À cette fin, Alpha Condé prône le dialogue
et l’ouverture. Il se heurte toutefois à l’op-
position qui remet en cause la composition
de la Commission électorale nationale
indépendante (Ceni) qui est accusée de
collusion avec le Gouvernement.
Politique extérieure
La Guinée, qui est très longtemps restée
isolée diplomatiquement,
reprend sa place à la fois au
plan régional et au sein de la Près de
Communauté internationale. 70 % de la
Elle est membre de la Cédéao
et de l’Autorité du bassin du
population
Niger (ABN), qui regroupe vit au-dessous
huit autres États, le Bénin, du seuil
le Nigeria, le Niger, le Came-
roun, le Burkina Faso, le Mali, de pauvreté.
la Côte d’ivoire et le Tchad.
Lors de la crise post-électorale ivoirienne,
le président Condé avait soutenu Laurent
Gbagbo, mais les relations avec Ouattara
se sont normalisées comme le dernier
Sommet des chefs d’États de l’UA, en jan-
pour la pêche, et emploie 65 % de la popu-
lation.
L’agriculture vivrière, largement infor-
melle, assure globalement la sécurité ali-
mentaire. L’agriculture de rente (arachide,
coton) voit la prédominance de la noix de
cajou, qui a représenté 90 % des recettes
d’exportation en 2011. Toutefois la hausse
de la production de la dernière campa-
vier 2012, l’a confirmé.
Outre des liens diplomatiques et économi-
ques avec l’UE et la France en particulier,
la Guinée se tourne vers les émergents. Au
premier rang, la Chine, avec laquelle elle
développe des relations bilatérales soute-
nues. L’Arabie saoudite, la Malaisie et l’Iran
se sont rapprochés de la Guinée à la fois au
plan diplomatique et commercial.
La rencontre d’Alpha Condé avec le prési-
dent Obama à Washington, en juillet 2011,
pourrait être prédictive d’un renforcement
des relations bilatérales entre les deux
pays.
Défense
Les forces armées guinéennes sont esti-
mées à 32 000 hommes. Le reformatage de
ces forces, sous l’égide d’un
comité national de pilotage a
débuté ses travaux qui visent
à déflater drastiquement les
effectifs, à restructurer les
formations, démilitariser la
capitale, et à redéployer les
unités sur le territoire. Son
coût est de l’ordre de 30 mil-
lions d’euros. Ce chantier
figure parmi les plus délicats
pour Alpha Condé.
Des contingents guinéens participent à des
missions sous mandat ONU et Cédéao.
La Guinée fait partie de l’African Standby
Force de la Cédéao. l
guinée-bissau
Population : 1 500 000 hab.
Densité : 46 hab./km²
PIB : 1 milliard $
PIB par habitant : 586 $
Rang IDH : 176/187
Monnaie : 1 € =655,96 FCFA
Chef de l’état : Manuel Serifo Nhamadjo
(intérim)
Régime de l’état : présidentiel
gne a été contrariée par une baisse des
cours mondiaux. En outre, les capacités de
transformation sur place sont insuffisantes
tout comme les infrastructures routières,
ce qui ajoute à l’amoindrissement de la
rentabilité.
Les ressources halieutiques sont abon-
dantes. Mais les exportations vers l’UE
sont limitées en raison du non-respect des
règlements sanitaires. La mise en service,
en septembre 2011, du nouveau port de
pêche industrielle à Bissau devrait vitaliser
cette filière.
La Revue d’études - juillet 2012
 dossier

de chômage avoisine les 30 % et 80 % des de coup d’État et dans un vaste trafic de

La Guinée-Bissau habitants vivent en dessous du seuil de
pauvreté. Le taux de prévalence du sida
(10 %) est en baisse mais l’investissement
dans le secteur de la santé est encore insuf-
fisant.
drogue, confirme l’infiltration des admi-
nistrations et de l’armée par les cartels.
Pour le Département d’État américain, la
Guinée-Bissau est « le premier narco-État
émergent » du continent africain.

Politique intérieure Politique extérieure

Le décès du président en exercice, Malam
Bacai Sanha, en janvier 2012, a justifié
la tenue d’élections anticipées en avril.
L’ancien Premier ministre, Carlos Gomez
Junior, candidat à la présidence, était
arrivé en tête à l’issue du premier tour.
Son programme prévoyait, entre autres,
une réduction drastique des effectifs mili-
taires.
Le 12 avril, entre les deux tours, une junte
militaire a pris le pouvoir et mis un terme
au déroulement des élections.
Maillon faible de la Cédéao, le poids de la
diplomatie bissau-guinéenne est modique,
à la fois sur le plan régional et sur la scène
internationale.
La Guinée-Bissau entretient des relations
soutenues avec les deux pays riverains,
la Guinée et le Sénégal. Avec ce dernier,
elle intervient comme médiateur dans la
question du conflit qui perdure en Casa-
mance.
Membre de la CPLP, elle développe des
liens forts avec les pays de cette

La Guinée-Bissau dispose également d’un

L’ensemble de la Communauté
internationale a dénoncé cette
La filière
riche potentiel minier (phosphate, or, bau- violation du droit constitutionnel agricole
xite), peu exploité, qui pourrait être une et de la démocratie. représente
alternative à ses ressources agricoles. Des Le 22 mai, la junte a remis le
explorations pétrolières offshore sont éga- pouvoir à un président par inté- 40,3 %
lement en cours. rim, Manuel Serifo Nhamadjo. du PIB.
Le tourisme, en dépit des potentialités du Parmi les 28 membres de ce
pays, est un secteur sous-exploité. Gouvernement de transition figurent deux
Enfin, l’envoi de fonds par la diaspora officiers putschistes.
constitue une source de recettes qui reste La Cédéao a décidé le déploiement d’une
aléatoire et soumise aux fluctuations de la force militaire et de police pour rétablir la
situation internationale. stabilité du pays.
Après le coup de force d’avril 2012, l’UE Enfin, outre une gouvernance en rupture
a renforcé ses sanctions. Cette décision avec la norme démocratique, la Guinée-Bis-
pourrait ajouter au déficit du budget de sau est confrontée à l’intrusion mafieuse
l’État et à l’instabilité sociale. des narcotrafiquants sud-américains. La
La croissance pourrait atteindre 4,5 % en mise en cause, en décembre 2011, du chef
2012. Néanmoins, les conditions de vie res- d’état-major de la marine, l’amiral Bubo
tent précaires pour la population : le taux Na Tchuto, impliqué dans une tentative
communauté, en particulier avec
le Brésil et l’Angola qui sont ses
principaux partenaires économi-
ques et diplomatiques.
La Chine est très présente, elle
a signé plusieurs accords bila-
téraux, en particulier celui qui
autorise les chalutiers chinois à
opérer dans la ZEE.
Défense
La Guinée-Bissau aligne environ 4 500
hommes (3 100 officiers, 1 400 soldats),
dont 2 000 gendarmes. Le putsch est large-
ment lié au refus de la hiérarchie militaire
d’accepter les restructurations de ces for-
ces qui prévoient le départ à la retraite de
2 500 personnels d’ici 2015.
La Guinée-Bissau fait partie de l’African
Standby Force de la Cédéao. l

Un dossier de synthèse

Les relations Nord-Sud

DOSSIERS DE SYNTHÈSE

Les rapports entre les pays développés, schématiquement le Nord, et les pays en
Sud
ays développés, schématiquement le Nord,
développement, qui constituent le Sud, sont au cœur des relations internationales. Le
dialogue Nord-Sud a pris une importance accrue et une physionomie différente avec
ement, qui constituent le Sud, sont au cœur
DSY - A17

DOSSIERS DE SYNTHÈSE
ales.
a pris une importance accrue et une
avec la disparition de la bipolarité Ouest-Est

la disparition de la bipolarité Ouest-Est et l’échec de l’économie socialiste au bénéfice

socialiste au bénéce des thèses libérales.
, faites tout à la fois d’interdépendances et
es, évoluent sous l’effet de la transformation
e hétérogène où brillent de nouveaux pays
Les relations Nord-Sud

tion à rejoindre le Nord, et où stagnent des

sous-développement et la pauvreté. des thèses libérales.
Les relations
économie, source de progrès mais aussi
t également modier les relations entre les
monde en développement.
s instable, plus menaçant, parfois hostile
La mondialisation de l’économie, source de progrès mais aussi de fortes tensions,
Nord-Sud
ète le Nord. La réduction de cette tension est
équilibre du monde.

vient également modifier les relations entre les pays industrialisés et le monde en
du Millénaire pour le Développement abou-
n achevée de l’équilibre entre le Nord et le

développement. Moins homogène, plus instable, plus menaçant, parfois hostile et

agressif, le Sud inquiète le Nord. La réduction de cette tension est un enjeu majeur
DSY - A17

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La Revue d’études - juillet 2012 31

dossier Afrique occidentale
République
du Liberia
Une présidente prix Nobel de la paix 2011, un ex-président condamné
à cinquante années de prison… La République du Liberia retrouve
lentement sa stabilité sociale et économique.
T
endances économiques
L’économie libérienne repose
d’abord sur l’agriculture,
ensuite sur l’exploitation
minière, et enfin sur les trans-
ferts de devises de la diaspora.
L’agriculture emploie 68 % de la popula-
tion et représente 70 % du PIB. Elle est le
moteur de l’économie.
L’agriculture vivrière n’assure pas la sécu-
rité alimentaire du pays et lui impose
d’importer des produits alimentaires, ce qui
contribue creuser le déficit de sa balance
commerciale. L’agriculture de rente inclut
le cacao, le café, la sylviculture et surtout
l’exploitation du caoutchouc (9e produc-
teur mondial).
Le Liberia possède 4 millions d’hectares
de forêts, encore peu exploitées, soit la
moitié du massif forestier régional. La
levée des embargos sur le bois et sur les
diamants (notamment avec l’adhésion au
processus ITIE) a permis d’accroître les
exportations.
La filière agricole est handicapée par la
médiocrité des infrastructures, l’accès
limité aux terres et une insuffisance de
financements.
Pour ce qui concerne le secteur minier (fer
et diamant), il a considérablement souffert
des dégâts engendrés par la guerre civile.
Il ne représente aujourd’hui que 1,3 % du
Le Libéria
32
PIB. L’arrivée de nouveaux investisseurs,
occidentaux et chinois, devrait contribuer
à la relance de cette activité.
Les premières explorations pétrolières ont
commencé dans 17 blocs en offshore.
Grâce à sa façade maritime, le Liberia est
un débouché pour l’hinterland. Le port et
l’aéroport de Monrovia sont en cours de
réhabilitation. Il tire également des reve-
nus des pavillons de complaisance (15 %
des bateaux américains y sont immatricu-
lés).
Le taux de croissance pour-
rait atteindre 8,8 % en 2012.
Le taux
de croissance
Politique intérieure pourrait
Mme Johnson Sirleaf, pre-
mière femme présidente atteindre 8,8%
en Afrique, a été investie en 2012.
le 16 janvier 2012, pour un
second mandat à la tête du Liberia.
Son principal adversaire, Winston Tubman,
du Congrès pour le changement démocra-
tique (CDC), avait dénoncé des fraudes et
boycotté le second tour.
Le bilan de son premier mandat est globa-
lement positif. En particulier une politique
économique et des réformes audacieuses
ont été mises en place. La croissance a
enregistré une hausse depuis les trois der-
nières années et le retour des investisseurs
étrangers, confortés par le climat des affai-
res, est un signe positif.
L’économie repart, mais le pays doit
encore apurer les séquelles d’une longue
guerre civile. Il reste fragile politiquement
et socialement. La lutte contre la corrup-
tion endémique constitue une priorité du
Gouvernement. Ce point a d’ailleurs été
évoqué par Hillary Clinton lors de la céré-
monie d’investiture de la présidente.
Dans le domaine de la sécurité, les fonc-
tions régaliennes de l’État s’exercent peu
et son autorité est contestée dans certaines
zones reculées.
Le Liberia doit compter sur la présence de
la Mission des Nations unies au Liberia
liberia
Population : 4 000 000 hab.
Densité : 37 hab./km²
PIB : 1,2 milliard $
PIB par habitant : 258 $
Rang IDH : 162/187
Monnaie : 1 € = 93,29 dollars libériens
Chef de l’état : Ellen Johnson Sirleaf
Régime de l’état : présidentiel
(Minul) pour soutenir le développement
du pays, assurer une assistance humani-
taire et garantir la sécurité.
Madame Sirleaf devra s’attacher à réduire
le chômage endémique qui voisine les 80 %
dans la capitale, endiguer la pauvreté qui
touche près des trois quarts de la popula-
tion et enfin prendre des mesures radicales
pour lutter contre la forte corruption qui
gangrène tous les rouages de la société.
Si la légitimité de cette présidente, distin-
guée par le prix Nobel, est reconnue par la
Communauté internationale, ses opposants
au Liberia mettent en avant la présence
de son nom sur la liste de la Commission
vérité et réconciliation qui recommande
de l’écarter de toute fonction
politique pendant trente ans.
L’ex-président Charles Taylor
a comparu devant le tribunal
spécial pour la Sierra Leone
(TSSL) à La Haye. Il a été
condamné à cinquante
années de prison. Ce verdict
n’a pas provoqué de troubles
dans le pays entre partisans et adversaires
du dictateur.
Politique extérieure
La normalisation de la situation au Libe-
ria a remis ce pays dans une posture plus
favorable sur le plan diplomatique, tant au
niveau régional qu’international.
Il a rétabli ses relations avec la Sierra
Leone, la Côte d’Ivoire et la Guinée qui
s’étaient opposés au régime de Charles
Taylor.
Il est membre de la Cédéao.
Sur le plan international, il entretient des
liens forts et historiques avec les États-
Unis. Washington, par le biais d’une aide
bilatérale de 2 milliards de dollars, soutient
le processus de paix.
Les émergents, en particulier la Chine,
investissent dans le secteur minier et agri-
cole.
Sa situation sur le golfe de Guinée fait de
lui une région stratégique sur la route du
pétrole.
La période de guerre a généré de nombreux
trafics (armes, matières premières) ainsi
que de nombreux mouvements de popu-
La Revue d’études - juillet 2012

lations (déplacés, personnes démobilisées)
assortis de flux importants de transfron-
taliers. Ils constituent autant d’agents
d’instabilité pour le Liberia qui s’efforce,
tant bien que mal, de les maîtriser.
République fédérale
du Nigeria
Un défi majeur : éliminer Boko Haram
Pour les démographes, le Nigeria sera, dans moins de quatre décennies,
le troisième pays le plus peuplé au monde après la Chine et l’Inde.
Sa puissance économique, qui repose sur ses richesses pétrolières,
est significative, mais d’inquiétantes menaces sécuritaires minent sa
stabilité.
T
endances économiques
L’économie nigériane repose
pour partie sur l’agriculture et
surtout sur les richesses spec-
taculaires de la production
pétrolière.
Le secteur agricole représente 35 % du PIB
et emploie 60 % de la population. L’agri-
culture vivrière, qui connaît une embellie
de ses productions depuis 2010 reste, en
dépit du Programme de transformation
agricole, inapte à assurer complètement
la sécurité alimentaire d’un pays de 158
millions d’habitants.
Autrefois exportateur, mais ayant insuf-
fisamment investi dans cette filière, le
Le Nigeria
La Revue d’études - juillet 2012
Défense
Les forces armées ont subi, depuis 2007,
plusieurs réductions de format. Elles comp-
tent actuellement 2 500 hommes. Elles sont
en cours de formation par les États-Unis et
Nigeria est devenu le principal importa-
teur de produits agricoles de l’Afrique de
l’Ouest, ce qui représente un quart des
importations totales du pays.
L’exploitation du pétrole et du gaz natu-
rel constituent les ressources essentielles.
Pour cette filière les recettes
représentent plus de 80 % du
budget national et 95 % des Le Nigeria
rentrées de devises étrangères.
La production (2,4 millions
souffre d’un
de barils/jour) est cependant déficit
perturbée par les mouvements de produits
sociaux qui se sont déroulés
début 2012 et surtout par les
raffinés.
méfaits des groupes rebelles
du Mouvement pour l’émancipation du
Niger (MEND).
Toutefois, bien que premier producteur
africain d’hydrocarbures, le Nigeria souf-
fre d’un déficit de produits raffinés. Il doit
importer 50 % de ses carburants sans en
maîtriser les cours. Il souffre également
d’un déficit énergétique. La construction
d’une centrale nucléaire de 1 000 MW par
la Russie à l’horizon 2020 est à l’étude.
Depuis les années 2000, le secteur des
communications connaît une progression
significative, ce qui a entraîné un accrois-
sement des IDE dans ce secteur.
Néanmoins, le Nigeria doit faire face à de
nombreux handicaps. Les équipements
et les infrastructures sont médiocres, le
climat des affaires est obéré par une très
dossier
les Nations unies.
Une augmentation des effectifs de la
composante police, pour enrayer une
criminalité galopante, est également en
cours. l
nigeria
Population : 158 400 000 hab.
Densité : 13 hab./km²
PIB : 6,5 milliards $
PIB par habitant : 1 541 $
Rang IDH : 156/187
Monnaie : 1 € = 207,01 nairas
Chef de l’état : Goodluck Jonathan
Régime de l’état : présidentiel
forte corruption, à laquelle s’ajoutent des
pratiques mafieuses (blanchiment d’argent
sale et trafic de drogue) qui sont autant
d’obstacles dissuasifs pour les investis-
seurs étrangers.
Le taux de croissance prévu en 2012 est
de 5,2 %.
Politique intérieure
En avril 2011 se sont déroulées les élections
présidentielles, législatives et gouvernora-
les.
Goodluck Jonathan, chrétien, originaire
d’un groupe ethnique minoritaire du delta
du Niger a été élu président. Sa victoire
a accentué la fracture ethnico-
régionale et religieuse. Elle a
remis en cause un accord tacite
prévoyant une alternance à la
tête du pays, tous les deux
mandats, entre le Nord, majo-
ritairement musulman, et le
Sud majoritairement chrétien.
Elle a déclenché une flambée
de violences (près de 1 000
victimes) dans les États du Nord au sein
desquels l’hostilité à Jonathan demeure
très forte.
La tâche du président est complexe et il est
confronté, pour mener ses réformes, à trois
défis majeurs, sur les plans économique,
social et sécuritaire.
Conduire les réformes économiques s’avère
une tâche délicate. Par exemple, l’annonce
de la suppression de la subvention sur le
carburant – qui devait rapporter 6 milliards
d’économies – a fait descendre la popula-
tion dans la rue. Le mois de janvier 2012
a été marqué par de nombreuses grèves
générales et des manifestations dures qui
ont paralysé le pays. Le Gouvernement a
dû faire marche arrière.
Ensuite, sur le plan social, où 50 % de
33
dossier Afrique occidentale
la population vit en dessous du seuil
de pauvreté, où le chômage (24 %) touche
surtout les jeunes et où les inégalités sont
flagrantes.
Enfin, sur le plan sécuritaire,
il faut stopper la spirale de
Le Nigeria
violence de la secte islamiste reste en
Boko Haram, liée à Al-Qaïda, compétition
qui appelle à une instauration
de la charia dans tout le Nige-
avec l’Afrique
ria, et éliminer la menace que du Sud pour
représentent pour l’économie
du pays, c’est-à-dire pour
s’assurer le
l’exploitation pétrolière (plus leadership
de 100 milliards de dollars de continental.
pertes annuelles), les groupes
rebelles du MEND.
Politique extérieure
Puissance incontestée en Afrique de
l’Ouest, le Nigeria reste en compétition
Sénégal
Un nouveau président
Après une campagne présidentielle agitée, voire violente, le Sénégal
a choisi Macky Sall, un ancien Premier ministre du sortant Abdoulaye
Wade.
T
endances économiques
L’agriculture – dont la pêche et
l’élevage (17,4 % du PIB, 50 %
de la population active) – ainsi
que les activités minières
(23 % du PIB) constituent
l’essentiel des ressources
économiques du Sénégal.
Le déficit
Il convient d’y ajouter les chronique
revenus provenant des en électricité
transferts de la diaspora
sénégalaise (37 % provien- paralyse l’activité
nent de la France). économique et
Même si le projet intitulé
« Grande offensive agri-
perturbe la vie
cole pour la nourriture et sociale.
l’abondance » vise à majo-
rer à la hausse la production, l’agriculture
vivrière, en raison d’un déficit pluviométri-
que, n’a pas assuré la sécurité alimentaire
du pays.
Les cultures de rente, en particulier celle
de l’arachide, ont été favorables pour la
34
avec l’Afrique du Sud pour s’assurer le
leadership continental.
C’est un acteur diplomatique et économi-
que incontournable sur le plan
régional et sur la scène inter-
nationale. Il a amplifié, depuis
la fin des années 1970, son rôle
de « statu quo mediator ».
C’est un membre très impli-
qué au sein du Nepad et de
la Cédéao (dont il fut un des
initiateurs), qui a son siège
à Abuja et dont Goodluck
Jonathan a été, en 2011, le
président.
C’est un allié des occidentaux,
surtout des États-Unis (le Nigeria a été et
reste le plus gros bénéficiaire de l’AGOA.)
Il s’ouvre à de nouveaux partenaires, en
particulier avec les émergents, surtout la
Chine, l’Inde et le Brésil.
période 2010-2011. Le coton est en passe
d’être abandonné car peu rentable et trop
exigeant sur le plan environnemental.
Pour ce qui concerne les ressources miniè-
res, le Sénégal dispose de gisements de
phosphates importants.
Cette ressource constitue le
premier poste d’exportation
du pays, notamment vers
l’Inde. L’exploitation auri-
fère, avec la mise en service
d’un nouveau gisement,
dans l’est du pays, devrait
voir un accroissement de
la production dans les trois
prochaines années.
Enfin, la perspective d’une
découverte de gisements pétroliers offs-
hore pourrait vitaliser une économie fra-
gilisée par la crise mondiale.
Le Sénégal mène une politique de grands
travaux qui vise à la construction ou à la
rénovation des infrastructures. Elle a fait
Le français, deuxième langue officielle du
pays, lui permet d’accroître son influence
sur l’Afrique centrale et francophone.
Défense
Le volume des forces armées nigérianes
atteint 80 000 hommes. L’armée de terre
comprend 60 000 hommes, l’armée de l’air
9 500. La marine compte 8 000 hommes
dont 2 000 garde-côtes.
Elle est dévolue essentiellement à la sécu-
rité intérieure, en particulier par le biais
d’une Joint Task Force qui combat Boko
Haram et les milices du delta du Niger.
Le Nigeria est le plus gros contributeur
africain pour les missions onusiennes.
Les États-Unis entraînent ces forces dans
la perspective de missions de maintien de
la paix.
Enfin, elles participent à l’African Standby
Force de la Cédéao. l
sénégal
Population : 12 400 000 hab.
Densité : 65 hab./km²
PIB : 14,7 milliards $
PIB par habitant : 1 096 $
Rang IDH : 155/187
Monnaie : 1 € =655,96 FCFA
Chef de l’état : Macky Sall
Régime de l’état : présidentiel
l’objet, en 2011, d’un emprunt obligataire à
hauteur de 500 millions de dollars.
Le déficit chronique en électricité para-
lyse l’activité économique et perturbe la
vie sociale.
Dans ce contexte a été mis en place, en
2011, le plan « Takkal », qui a pour ambi-
Le Sénégal
La Revue d’études - juillet 2012

tion de pourvoir le pays en électricité. Les
coupures de courant et les insuffisances
techniques de la Société nationale d’élec-
tricité du Sénégal (SENELEC) ont eu un
impact défavorable non seulement sur
l’activité économique mais aussi sur l’état
d’esprit de la population. L’année 2011 a
été marquée par de nombreuses « émeutes
de l’électricité » dans les centres urbains
sénégalais.
Le Sénégal figure parmi les PMA et reste
très dépendant de l’aide internationale. La
population, dont plus de 50 % vit au-des-
sous du seuil de pauvreté (55 % en zone
rurale), connaît un taux de chômage de
40 %, surtout chez les jeunes.
La croissance économique pourrait attein-
dre 4,5 % en 2012.
Politique intérieure
L’année 2011 et le début de l’année 2012
ont été essentiellement dominées par
l’élection présidentielle.
Réélu en février 2007, Abdoulaye Wade
se représentait à la présidentielle de 2012.
Cette candidature était inconstitutionnelle.
En juin 2011, il avait envisagé de modifier
la Constitution, ce qui avait entraîné une
vague de contestations et de manifestations
des partis de l’opposition, de la société
civile et de la jeunesse. Devant l’ampleur
de ce qui devenait une crise, Wade avait
été contraint de retirer son projet. Jusqu’au
premier tour des élections le Sénégal a
connu des heures de tension aiguë, des
affrontements violents entre partisans de
Wade et ceux de ses challengers. Parallèle-
Sierra Leone
Vers la présidentielle…
Dix ans après la fin de la guerre, la Sierra Leone fait figure d’exemple
positif pour sa gouvernance politique, sa capacité à reconstruire son
économie et ses efforts pour effacer les séquelles du conflit.
T
endances économiques
Le potentiel économique de la
Sierra Leone est constitué par
l’agriculture et d’importantes
ressources minières.
L’agriculture emploie 75 % de la population
et représente 60 % du PIB. L’agriculture
La Revue d’études - juillet 2012
ment, la fronde sociale contre la vie chère
et les coupures d’électricité ont ajouté au
caractère insurrectionnel de cette période.
À l’issue du premier tour, la coalition
Benno Siggil Sénégal (BSS), qui regroupe
36 partis politiques de l’opposition, s’est
regroupée derrière Macky Sall pour affron-
ter Abdoulaye Wade. La victoire de Sall et
le retrait sans contestation de Wade ont
apaisé les tensions.
Parmi les dossiers sensibles que devra trai-
ter le nouveau président, figure celui du
conflit casamançais. Une vingtaine de sol-
dats sénégalais ont été tués en 2011 par les
rebelles du Mouvement des forces démo-
cratiques de Casamance
(MFDC) emmenés par Salif
Sadio. La crédibilité
Début 2012, ce dernier s’est internationale
dit prêt à négocier sous
réserve que les négociations
du Sénégal
se déroulent hors d’Afrique. est sortie grandie
Politique extérieure
de la transition
La crédibilité internationale démocratique.
du Sénégal est sortie grandie
de la transition démocratique au lendemain
de la dernière élection présidentielle.
Sa politique extérieure est singulièrement
active avec les pays de la Cédéao, de l’UA
et de la Communauté internationale. Le
rapprochement avec le président gambien
devrait favoriser la recherche d’une sortie
de crise en Casamance.
Le Sénégal entretient des rapports privilé-
giés avec la France, héritage d’une longue
histoire commune. Elle reste, sur le plan
vivrière, largement informelle, connaît,
depuis la fin des années 2000, une hausse
de ses productions, notamment de riz.
En revanche, elle n’assure pas totalement
l’autosuffisance alimentaire. L’agriculture
de rente (cacao, café, gingembre), en dépit
de la faiblesse des circuits de commerciali-
dossier
économique, son premier client européen
et son troisième client mondial. Depuis
le 1er août 2011, les Éléments français
au Sénégal (EFS) ont remplacé les For-
ces françaises du Cap-Vert (FFCV). Outre
une réduction significative des effectifs,
leur mission principale est la coopération
régionale.
Les relations avec les États-Unis restent
largement développées. Dakar bénéfi-
cie des aides financières spécifiques aux
pays membres du Millenium Challenge
Account.
Les émergents, en particulier la Chine, mais
aussi l’Inde, sont particulièrement actifs
sur le plan économique,
diplomatique et culturel.
Enfin, à l’instar des autres
pays de la côte ouest afri-
caine, il est confronté aux
trafics de drogue, au blanchi-
ment d’argent en provenance
de l’Amérique latine. Dans
ce contexte, des liens spéci-
fiques l’amarrent à l’UE.
Défense
Le Sénégal dispose d’une armée de 13 500
hommes. L’armée de terre compte 11 900
hommes, l’armée de l’air 770 hommes, la
marine 950 hommes auxquels s’ajoutent
5 000 gendarmes.
Près de 20 % des effectifs de l’armée séné-
galaise sont engagés dans des missions
menées sous l’égide de l’UA. Le Sénégal
est un des principaux contributeurs afri-
cains des missions des Nations unies. l
sierra leone
Population : 5 900 000 hab.
Densité : 81 hab./km²
PIB : 2,1 milliards $
PIB par habitant : 347 $
Rang IDH : 180/187
Monnaie : 1 € = 5 571 leones
Chef de l’état : Ernest Bai Koroma
Régime de l’état : présidentiel
sation, a connu des productions à la hausse
en 2011, ce qui a vitalisé les exportations
de cette filière.
La Sierra Leone dispose d’un potentiel de
richesses minières très diversifié – diamant,
rutile ainsi que des gisements de bauxite et
d’or. Leur exportation (80 %) devrait qua-
drupler dans les trois prochaines années.
Les gisements de fer, en particulier celui de
Tonkolili, feront de la Sierra Leone le plus
grand producteur de fer du continent.
35
dossier Afrique occidentale
La Sierra Leone
L’exploitation du diamant a connu une
hausse ces deux dernières années et a bénéfi-
cié d’une bonne tenue des cours mondiaux.
La mise en service de la centrale hydroélec-
trique de Bumbuna a contribué à minorer
les insuffisances énergétiques.
La découverte d’un gisement de pétrole offs-
hore, estimé à 200 millions de barils, sera
de nature à stimuler l’économie d’un pays
qui dépend, pour l’instant, très largement
de l’aide des bailleurs internationaux.
La croissance devrait atteindre 6,2 % en
2012.
Politique intérieure
Après cinq années de gouvernance, les
objectifs du président Koroma sont loin
République du Togo
Un début de mandat difficile pour
Faure Gnassingbé
Les prochaines législatives seront un test pour le président Faure
Gnassingbé, qui est au milieu de son second mandat et qui a mené une
politique d’ouverture inédite dans la gouvernance de son pays.
T
endances économiques
L’essentiel de l’économie togo-
laise repose sur l’agriculture
et les exploitations minières.
L’agriculture représente 45,6 %
36
d’être tous atteints. Il demeure cependant
que des progrès ont été réalisés, notamment
pour ce qui concerne le redressement éco-
nomique et la lutte contre la corruption.
La Sierra Leone a évolué vers davantage de
démocratie mais les rivalités politiques et
ethniques, entre le Nord et le
Sud, sur fond de fortes inéga-
lités sociales, perdurent.
Le pays
Dans la perspective de la pré- entretient
sidentielle et des législatives des relations
de novembre 2012, s’oppo-
sent d’ores et déjà – parfois diplomatiques
dans la violence, comme au et économiques
dernier trimestre 2011 – les
partisans de l’actuel président
poussées
et de son parti, le Parti de tout avec l’UE.
le peuple (APC) et ceux du
Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP).
Koroma n’est pas assuré d’être réélu,
d’autant que son bilan social reste contrasté
et que 26 % de la population vit dans une
pauvreté extrême.
L’ONU, par le biais du Bureau intégré des
Nations unies pour la consolidation de la
paix en Sierra Leone (Binucsil), apporte
son concours au Gouvernement pour faire
face aux séquelles de la guerre.
Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone
(TSSL), chargé de juger l’ancien chef d’État
libérien Charles Taylor, a rendu son verdict
en avril 2012. Ce dernier a été condamné
à cinquante années de prison.
Politique extérieure
La politique extérieure de la Sierra Leone
est globalement focalisée sur la sous région
et le continent. Elle est membre de l’Union
du PIB et emploie 72 % de la population
active.
L’agriculture vivrière a bénéficié d’une
stratégie de relance et de conditions météo-
rologiques favorables qui ont permis au
du fleuve Mano (Mano River Union, MRU)
créée en 1973, qui comprend le Liberia et
la Guinée. Elle est également membre de
la Cédéao.
Depuis la normalisation de la situation en
Guinée, les deux pays ont repris leurs rela-
tions. Toutefois, le règlement
du différend frontalier au sujet
de la colline du Yenga n’a tou-
jours pas trouvé de solution.
Avec le Liberia, plusieurs
accords bilatéraux, notamment
ceux relatifs aux explorations
pétrolières, ont été signés en
mai 2012.
Le pays entretient des relations
diplomatiques et économiques
poussées avec l’UE et plus
spécialement avec l’ex-puissance coloni-
satrice, le Royaume-Uni.
Conjointement, elle développe ses rela-
tions avec les émergents, notamment avec
la Chine qui multiplie les contrats commer-
ciaux et les échanges bilatéraux.
Les pays du Golfe et Cuba entretiennent
également des relations commerciales et
diplomatiques.
Défense
L’armée sierra-léonaise (SLA) poursuit sa
restructuration. Elle compte environ 10 500
hommes.
Un accord bilatéral assure la formation de
ces forces par un contingent britannique
(la plus importante coopération militaire
britannique dans le monde) au sein de l’In-
ternational Military and Advisory Training
Team (IMATT). l
togo
Population : 6 000 000 hab.
Densité : 119 hab./km²
PIB : 3,1 milliards $
PIB par habitant : 511 $
Rang IDH : 162/187
Monnaie : 1 € = 655,96 F CFA
Chef de l’état : Faure Gnassingbé
Eyadéma
Régime de l’état : présidentiel
pays d’assurer sa suffisance alimentaire.
L’agriculture de rente (café, coton, cacao)
a également connu des productions à la
hausse pendant la saison 2010-2011.
Les solides performances de la filière
coton sont liées à la politique de relance
de cette industrie, notamment par le biais
de la Nouvelle Société cotonnière du Togo
(NSCT), mise en place en 2009 et qui
associe davantage que par le passé les
La Revue d’études - juillet 2012
 dossier

Bien qu’en hausse, la croissance actuelle,
Lae Togo qui pourrait atteindre 4,2 % en 2012, ne
permet pas de réduire significativement
la pauvreté qui affecte près de 60 % de
la population, essentiellement en milieu
rural, et le chômage, en particulier chez
les jeunes.
Le Gouvernement, qui a bénéficié d’un
prêt de 151 milliards de dollars du FMI,
devra poursuivre ses efforts pour attein-
dre ses objectifs, réduire
le poids de l’économie L’année 2011
informelle, lutter contre
la corruption et améliorer a été marquée par
significativement le sec- la détérioration
teur social (accès à l’eau
potable et santé).
du climat social et
de la vie politique.
Politique intérieure
L’élection présidentielle, en mars 2010, a
vu la réélection du président sortant, Faure
Gnassingbé avec 60,9 % des voix. Son
adversaire, Jean-Pierre Fabre, secrétaire
général de l’Union des forces de change-
ment (UFC), n’en a obtenu que 33,9 %.
Par ailleurs, l’alliance de membres de l’UFC
avec le parti au pouvoir – le Rassemble-
ment du peuple togolais (RPT) – a créé
une implosion au sein du parti d’opposi-
tion. Jean-Pierre Fabre et ses partisans ont
producteurs aux processus de commercia- quitté l’UFC pour fonder un nouveau parti
lisation. l’Alliance nationale pour le changement
Les productions minières et minérales, (ANC). C’est dans un climat de crise post-
clinker, ciment et surtout les phosphates électorale que le Gouvernement d’union
constituent la principale richesse du pays nationale a été chargé de conduire les réfor-
(4e producteur mondial) et le premier mes voulues par Faure Gnassingbé.
poste d’exportation devant le coton. La Toute l’année 2011 a été marquée par la
restructuration de la Société nationale des détérioration du climat social et de la
phosphates du Togo (SNPT) pour s’adap- vie politique. Face aux multiples reven-
ter aux exigences actuelles des marchés dications, le président s’est employé à
devrait vitaliser cette filière. privilégier le dialogue inclusif et la concer-
Dans les mois à venir, la major italienne tation avec les différents protagonistes. La
Eni devrait confirmer – ou infirmer – la Commission vérité, justice et réconciliation
présence de pétrole offshore au large des (CVJR) a multiplié ses interventions en 2011
côtes. et aujourd’hui le contexte est davantage à
l’apaisement. En avril 2012, le RPT a été
dissous et a été remplacé par un nouveau
parti, l’Union pour la République (UNIR).
L’approche des prochaines législatives,
prévues au dernier trimestre 2012, pourrait
toutefois remettre en cause ce consensus.
Politique extérieure
Le Togo joue un rôle non négligeable sur
le plan régional et son poids sur la scène
internationale est avéré.
Faure Gnassingbé est pré-
sident de l’UEMOA et il
vient d’être reconduit à
sa tête pour un an.
État membre de la
Cédéao, il mène une
politique diplomatique et
économique avec tous les
partenaires de cette communauté.
Ses relations avec l’UE sont soutenues, en
particulier avec la France mais aussi avec
l’Allemagne.
Enfin, comme beaucoup de pays d’Afrique,
il développe ses relations bilatérales avec
la Chine.
Le Togo vient d’être admis, pour deux
ans, comme membre non permanent du
Conseil de sécurité de l’ONU.
Défense
Les forces armées togolaises (FAT), de l’or-
dre de 10 000 hommes, se composent d’une
armée de terre d’un volume de 8 500 hom-
mes, d’une composante marine de l’ordre
de 250 hommes et enfin d’une composante
air de l’ordre 500 hommes auxquelles il
convient d’ajouter les 3 000 hommes de la
gendarmerie nationale.
Le Togo est le 32e contributeur de forces
(700 hommes) de l’ONU, également un des
plus anciens et parmi les plus importants
sur le continent.
Le Togo fait partie de l’African Standby
Force de la Cédéao. l

Un dossier de synthèse

Les problèmes généraux de la Défense

èmes généraux de la Défense Terrifiant et totalement imprévisible, l’attentat du 11 septembre 2001 a pris de court tous les
DSY - P17

DOSSIERS DE SYNTHÈSE
services secrets et tous les stratèges qui s’efforcent désormais de repenser la notion de défense
otalement imprévisible, l’attentat du 11 septembre 2001 a
tous les services secrets et tous les stratèges qui s’effor-
ais de repenser la notion de défense à l’aune de menaces
n particulier, terrorisme et fanatisme religieux).

ense reste avant tout le pouvoir, avant l’ouverture des à l’aune de menaces nouvelles (en particulier, terrorisme et fanatisme religieux).
Politique et stratégie

faire face à ce drame aux multiples aspects (humains,

plomatiques, économiques, culturels, voire religieux) que
out conit armé. Les problèmes Mais la défense reste avant tout le pouvoir, avant l’ouverture des hostilités, de faire face à
généraux
ascicule fait le point sur cette notion désormais complexe
alors même que le Moyen-Orient connaît la guerre et son
ocités. ce drame aux multiples aspects (humains, militaires, diplomatiques, économiques, culturels,
de la Défense voire religieux) que représente tout le conflit armé.
Le présent fascicule fait le point sur cette notion désormais complexe de défense, alors même
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La Revue d’études - juillet 2012 37

dossier Afrique centrale
Afrique centrale
République d’Angola
Des élections législatives en 2012 ?
L’économie angolaise tire ses revenus de ses considérables richesses
pétrolières et minières. L’agriculture n’occupe qu’une place marginale,
même si les nouvelles orientations gouvernementales mettent davantage
l’accent sur le développement de l’agriculture de rente.
T
endances économiques
Le secteur agricole, jadis flo-
rissant, souffre toujours des
séquelles des 27 années de
guerre civile qui a causé la mort
d’un million d’angolais, essentiellement
des ruraux, et laissé des terres cultivables
en déshérence. L’agriculture vivrière n’as-
sure pas la sécurité alimentaire du pays qui
doit faire appel aux importations. Grâce à
des capitaux chinois, le développement de
l’agriculture de rente (canne à sucre, café,
culture des biocarburants) est lancé.
L’essentiel de l’économie est lié au pétrole,
qui représente aujourd’hui 90 % des recet-
tes d’exportations et 55 % du PIB, et à
l’exploitation des gisements diamantifè-
res.
La production de pétrole avait chuté en
2011. Elle est de nouveau à la hausse, en
particulier grâce à la Chine dont les besoins
sont exponentiels et qui place l’Angola au
second rang de ses fournisseurs.
Pour ce qui concerne le diamant, la pro-
duction atteint plus de 200 millions de
carats.
En dépit de sa rente pétrolière et de l’abon-
dance de ses richesses minérales, la société
angolaise se caractérise par de très grandes
L’Angola
38
inégalités. Près de 55 % de la population
vit au-dessous du seuil de pauvreté, en
particulier dans les zones rurales. Le taux
de chômage avoisine les 60 % tandis que
le taux de corruption classe l’Angola parmi
les 10 pays les plus corrompus d’Afrique.
L’espérance moyenne de vie ne dépasse
pas 40 ans et un enfant sur
six meurt avant l’âge de
5 ans.
Une grande
En 2012, la reprise inter- partie du pétrole
nationale, associée à la angolais est
remontée des cours mon-
diaux du pétrole, devrait extraite par des
permettre à l’Angola d’avoir compagnies
une croissance à la hausse.
Elle pourrait atteindre
américaines
11,1 %. (54%).
Politique intérieure
Le président, José Eduardo dos Santos,
l’un des deux plus anciens chefs d’État
au monde, chef du Mouvement pour la
libération de l’Angola (MPLA) dirige très
autocratiquement l’Angola depuis la mort
de Jonas Savimbi, le 23 février 2002, leader
de l’Unita (Union nationale pour l’indé-
pendance totale de l’Angola).
Le MPLA a la mainmise
sur le pouvoir depuis
trente ans. Il tire sa force,
entre autres, de l’absence
d’une opposition structu-
rée et des finances opaques
provenant des bénéfices
pétroliers.
L’Unita ne peut espé-
rer, d’ici les prochaines
consultations électorales,
s’imposer comme un parti
d’opposition capable de
contrer le MPLA.
Les élections législatives se
dérouleront au troisième
angola
Population : 19 100 000 hab.
Densité : 15 hab./km²
PIB : 99,3 milliards $
PIB par habitant : 5 061 $
Rang IDH : 146/187
Monnaie : 1 € = 123 kwansas
Chef de l’état : José Eduardo dos Santos
Régime de l’état : présidentiel
trimestre 2012. Une nouvelle Constitution
a été adoptée, en janvier 2010. Elle permet
au président d’éviter une élection au suf-
frage universel direct. La tête de liste du
parti deviendra président. L’ex-directeur de
la compagnie pétrolière angolaise Sonan-
gol, Manuel Vicente, est donné comme
dauphin de dos Santos.
Un foyer de tensions perdure dans l’en-
clave de Cabinda, laquelle fournit 60 % des
ressources pétrolières de l’Angola.
Le Front de libération de l’enclave de
Cabinda – Forces armées de Cabinda
(FLEC-FAC) mobilise plus de 30 000 soldats
angolais dans l’enclave. Les
perspectives de négociation et
de dialogue avec les factions
cabindaises séparatistes sont
au point mort.
La corruption, la cohabitation
de l’extrême pauvreté d’une
majorité de la population avec
une minorité exagérément
nantie ainsi que la question
cabindaise sont autant de fac-
teurs de déstabilisation d’un
pays qui reste toujours hanté par le spectre
de la guerre civile.
Politique extérieure
L’Angola, premier producteur de pétrole en
Afrique subsaharienne, devant le Nigeria,
est en passe de s’affirmer comme une puis-
sance régionale de poids.
Ses richesses pétrolières font de lui un
acteur incontournable sur la scène politi-
que mondiale. Les puissances occidentales
et les émergents (Chine et Brésil) y sont
omniprésents.
Les États-Unis d’abord, qui sont en compé-
tition avec la Chine. Une grande partie du
pétrole angolais est extraite par des compa-
gnies américaines (54 %) et exportée aux
États-Unis (un tiers). La Chine ensuite,
qui est son deuxième partenaire et pour
laquelle les investissements se chiffrent
par centaines de millions de dollars.
La Russie, alliée de longue date, qui est
revenue en Angola avec des projets d’in-
vestissements importants. Un consortium
russe mettra prochainement sur orbite
le premier satellite angolais (Angosat)
La Revue d’études - juillet 2012

destiné à améliorer le réseau national de
télécommunications, en particulier dans
les zones rurales.
L’UE, en particulier avec la France et l’Al-
lemagne.
La reprise des relations avec la RSA, depuis
l’accession de Jacob Zuma à la présidence,
s’est concrétisée par des accords dans le
domaine pétrolier.
République
du Burundi
Vers une nouvelle crise ?
La République du Burundi connaît à nouveau un climat politique,
économique et sécuritaire troublé qui pourrait faire rebasculer ce petit
État dans la violence.
T
endances économiques
L’économie burundaise souf-
fre des séquelles de treize
années de guerre et du climat
de tension actuel peu propice
à son redécollage.
Elle repose essentiellement sur l’agriculture
(37 % du PIB), l’industrie manufacturière
et le tourisme.
Le Burundi
La Revue d’études - juillet 2012
Enfin, l’Angola accentue sa coopération
avec l’ancienne puissance coloniale. Les
investissements angolais au Portugal sont
en progression continue. Il occupe une
place significative au sein de la Commu-
nauté des pays de langue portugaise.
Défense
Les forces armées angolaises ont un effectif
L’agriculture vivrière occupe 80 % de la
population. Les récoltes de 2011 ont connu
des résultats moindres, en raison de
conditions météorologiques
défavorables dans l’est du
pays, ce qui a eu un impact L’agriculture
sur la sécurité alimentaire. vivrière occupe
Dans ce contexte, le Japon a
livré 8 000 tonnes de blé au
80% de la
premier trimestre 2012. population.
Les cultures de rente, princi-
palement le café et le thé, représentent
70 % des recettes d’exportation. Ces
produits restent toujours soumis aux fluc-
tuations erratiques des cours mondiaux et
à l’exportation clandestine vers les pays
voisins.
Ces dernières années ont été marquées par
la stagnation du secteur agroalimentaire et
l’amoindrissement de l’industrie textile.
Malgré l’existence de ressources minières,
en particulier des gisements de nickel, qui
figurent parmi les plus importantes réser-
ves mondiales, de cuivre et de cobalt, ces
derniers ne sont toujours pas exploités et
leur apport dans l’économie reste margi-
nal.
Le pays dispose d’un fort potentiel touris-
tique. Son poids économique pourrait être
plus valorisant mais il reste sous-exploité,
souffre d’un manque d’investissements et
de la situation sécuritaire actuelle.
dossier
de 107 000 hommes. Leur aptitude opéra-
tionnelle est reconnue.
L’armée de terre comprend 100 000 hom-
mes, l’armée de l’air 6 000 et la marine
1 100. Une force de réaction rapide de
10 000 hommes complète l’ensemble.
Le retrait de la mission militaire technique
angolaise (Missang), déployée depuis mars
2011 en Guinée-Bissau, est confirmé. l
burundi
Population : 8 400 000 hab.
Densité : 306 hab./km²
PIB : 1,7 milliard $
PIB par habitant : 197 $
Rang IDH : 185/187
Monnaie : 1 € = 1 654,09 francs
burundais
Chef de l’état : Pierre Nkurunziza
Régime de l’état : présidentiel
Enfin, il convient de souligner que l’écono-
mie informelle est en augmentation, entre
autres la pêche sur le lac Tanganyika.
Complètement enclavé, le Burundi est
handicapé par son déficit énergétique, la
médiocrité de ses infrastructures routières
et de ses voies communications.
Le budget dépend, à hauteur de 50 %, de
l’aide des bailleurs internationaux. Le taux
de croissance pourrait attein-
dre 4,8 % en 2012.
Politique intérieure
Les élections présidentielle
et législatives de juillet 2010,
boycottées par l’opposition,
ont vu la victoire du prési-
dent Hutu, Pierre Nkurunziza et de son
parti, le Conseil national pour la défense
de la démocratie-Force pour la défense
de la démocratie (CNDD-FDD). Depuis,
le climat politique s’est graduellement
détérioré et atteint des seuils critiques.
12 partis d’opposition, regroupés au sein
de l’Alliance démocratique pour le chan-
gement, ont refusé de reconnaître les
institutions issues des scrutins de 2010.
Un de ces partis, le FNL, aurait repris la
lutte armée dans la partie occidentale du
pays.
Les violences – tortures, exécutions
extrajudiciaires, arrestations arbitraires et
atteintes aux droits d’expression – se sont
multipliées tout au long de l’année 2011.
Le dernier remaniement ministériel, en
novembre 2011, qui a amplifié la concen-
tration des pouvoirs au profit du seul
CNDD-FDD ainsi que l’annonce d’une
39
dossier Afrique centrale
modification de la Constitution ont
entraîné un raidissement plus offensif de
l’opposition sur fond de tensions ethni-
ques.
Dans un tel contexte, beaucoup de ques-
tions intérieures sont dénaturées par des
arrière-pensées ethnicistes. Par exemple,
la résolution des conflits
fonciers, liés au retour des
réfugiés rentrés de Tanza-
Les violences
nie, dont les terres ont été se sont
octroyées en majorité à des multipliées
Hutus, butte aujourd’hui sur
l’antagonisme Tutsis-Hutus. tout au long de
Enfin, le taux élevé de cor- l’année 2011.
ruption place le pays parmi
les plus corrompus du continent africain,
alors que la réforme d’une législation très
inégalitaire (la loi visant à faire payer des
impôts aux hauts responsables politiques
a été rejetée) se fait attendre.
La population vit dans une situation de
pauvreté aiguë qui affecte surtout les
Cameroun
Un nouveau mandat pour
Paul Biya
Paul Biya, 78 ans, vient à nouveau de remporter l’élection présidentielle.
Il est à la tête du Cameroun depuis 1982.
T
endances économiques
L’économie camerounaise
repose sur une agriculture
diversifiée, une exploitation
forestière dynamique, une
importante agro-industrie et surtout des
ressources minérales significatives.
Les activités agricoles emploient 70 % de
la population et représentent 24 % du PIB.
L’agriculture vivrière assure insuffisam-
ment la sécurité alimentaire, ce qui justifie
le recours aux importations. L’agriculture
de rente a connu une reprise, sous l’in-
fluence des programmes gouvernemen-
taux.
Cependant, les exportations de caout-
chouc, coton, café, cacao et bois ont chuté.
Les contrecoups de cette régression ont été
amplifiés par la baisse des cours des matiè-
res premières.
40
zones périurbaines (30 %) et les zones
rurales (70 %). Même si les indicateurs
des systèmes de santé ont légèrement
progressé, les épidémies de malaria et de
sida connaissent des taux élevés.
Le Burundi célébrera cette année le
cinquantième anniversaire de son indé-
pendance. Le bilan est pour
le moins contrasté.
Politique extérieure
La situation intérieure du
Burundi a conduit, en décem-
bre 2012, le Conseil des
Nations unies à adopter une
résolution visant à mettre en
garde cet État pour la violation des droits
de l’homme qui s’amplifie. Dans cette
logique, le mandat du Binub a été pro-
longé.
Le Burundi est membre la Communauté
Est-africaine (CEA) qui regroupe le Kenya
l’Ouganda le Rwanda et la Tanzanie et de
À moyen terme, la sylviculture camerou-
naise pourrait subir les conséquences de
la réduction (de l’ordre de 1 % par an) de
la couverture forestière et de la disparition
d’espèces.
Le pétrole, dont la production
décline, représente 25 % du L’objectif
budget. Dans la perspective du Cameroun
de l’après-pétrole, l’accent
est mis sur la filière gaz. La
est d’être
future centrale thermique à « un émergent
gaz de Kribi, d’une capacité
de 216 MW, devrait fonction-
à l’horizon
ner d’ici 2013. Elle doit résou- 2035 ».
dre le déficit énergétique qui
affecte le pays et lui permettre d’exporter
de l’électricité vers les États riverains.
Les ressources minières (cobalt, nickel,
or) font l’objet d’exploration ou restent
sous-exploitées. L’exploitation du gisement
la Communauté économique des pays des
Grands Lacs (CEPGL).
Ses liens avec le Gouvernement somalien
et son implication au sein de l’Amisom
lui ont valu de faire l’objet de menaces
d’attentats sur son territoire par les milices
islamistes Shebab.
L’ex-président, Pierre Buyoya, est l’un des
médiateurs de l’UA pour le règlement de
la crise entre les deux Soudan.
Défense
Les forces armées du Burundi (FDN) com-
prennent 25 000 hommes. Les États-Unis,
la France et la Belgique participent à la
formation de cette l’armée qui fournit un
contingent de 3 500 hommes en Somalie
(Amisom).
Elles sont, pour l’essentiel, issues des
ex-mouvements rebelles. Près de 25 000
paramilitaires complètent ces forces. Une
gendarmerie est en cours de constitu-
tion. l
cameroun
Population : 19 600 000 hab.
Densité : 42 hab./km²
PIB : 25,8 milliards $
PIB par habitant : 1 234 $
Rang IDH : 150/187
Monnaie : 1 € =655,96 FCFA
Chef de l’état : Paul Biya
Régime de l’état : présidentiel
de fer de Mbalam (deuxième réserve du
continent, avec 2,4 milliards de tonnes de
minerais) est prévue en 2013.
Dans le secteur des télécommunications,
une convention a été signée avec une ban-
que chinoise qui prendra en charge une
partie du coût du déploiement de la fibre
optique.
La croissance devrait atteindre 4,4 % en
2012.
Politique intérieure
Paul Biya a remporté les élec-
tions, en octobre 2011, avec
77,9 % des voix. Son parti, le
Rassemblement démocratique
du peuple camerounais (RDPC),
victorieux aux législatives
du 22 juillet 2007 (140 sièges
sur 180), peut être considéré
comme l’artisan de cette victoire.
L’opposition a dénoncé les nombreux dys-
fonctionnements de ce scrutin confié à un
organisme indépendant, « Elections Came-
roon ».
La Revue d’études - juillet 2012

Le Cameroun
L’ex-Premier ministre, Philémon Yang, a
été reconduit dans cette fonction après
le remaniement ministériel qui a suivi les
élections.
Comme Paul Biya l’a déclaré lors de son
voyage officiel à Pékin en juillet 2011,
l’objectif du Cameroun est d’être « un
émergent à l’horizon 2035 ». D’ici là, le
chemin sera long.
Les priorités du nouveau Gouvernement
camerounais restent toujours la relance
de l’économie et surtout l’éradication de
la corruption qui plombe le climat des
affaires.
La lutte contre cette dernière, par le biais
du plan « Épervier », a enregistré quelques
progrès sensibles mais, outre le scepticisme
de l’opposition quant à la détermination
du Gouvernement, ce plan souffre d’un
manque de magistrats compétents pour
Congo
Un pétro-état et un new deal
agricole
Grâce aux bénéfices tirés de ses ressources pétrolières, le Congo a relancé
une ambitieuse politique agricole conjointement à une politique de grands
travaux.
T
endances économiques
Le principal moteur de l’éco-
nomie congolaise est celui de
l’exploitation de ses richesses
minérales.
La Revue d’études - juillet 2012
le mettre en œuvre avec effi-
cacité.
Dans le domaine social les
résultats demeurent encore
modestes. Près de 40 % de
la population vit en dessous
du seuil de pauvreté. Le
mécontentement de la rue,
en raison de la stagnation du
niveau de vie, de la cherté
des produits de base et de la
montée du chômage (8 % de
la population) se traduit par
des manifestations répétées
et des mouvements de grève
récurrents.
Le Cameroun se trouve
désormais confronté à l’accroissement de
la piraterie dans le golfe de Guinée, qui
menace à la fois sa politique économique
et sa stabilité intérieure.
In fine, la succession de l’ac-
tuel président pourrait être
Paul Biya
porteuse d’instabilité et d’an- mène une
tagonismes ethniques. politique
Politique extérieure étrangère
Au nom de « le Cameroun résolument
n’est la chasse gardée de per-
sonne », Paul Biya mène une ouverte et
politique étrangère résolument pragmatique.
ouverte et pragmatique.
Au niveau régional, c’est un des pays les
plus dynamiques de la CEEAC. Ses rela-
tions avec le Nigeria, dont il partage la
frontière ouest, se sont normalisées. Les
deux États pétroliers ont des intérêts com-
Cependant, le Gouvernement mène une
politique de relance de la filière agricole,
longtemps délaissée. Actuellement, seuls
2,2 % des 10 millions d’hectares de terres
arables sont exploités. En 2011, 61 millions
dossier
muns, en particulier pour ce qui concerne
les zones d’exploration et le volet sécu-
ritaire.
Sur le plan politique, la coopération avec
les partenaires de la Zone franc se focalise
sur les questions de sécurité transfronta-
lière.
Sur la scène internationale, le Cameroun,
outre ses partenaires traditionnels, États-
Unis, UE, en particulier la France, s’ouvre
davantage aux émergents, particulièrement
à la Chine.
Lors de sa visite officielle en Chine, sept
accords bilatéraux « sans leçon de morale
politique » ont été conclus. Ils sous-tendent
des financements de l’ordre de 43 milliards
de FCFA. Antérieurement, les deux pays
avaient signé des contrats prévoyant la
mise en chantier et le financement d’in-
frastructures portuaires et routières.
Défense
L’armée de terre est forte de
14 000 hommes, 9 000 gen-
darmes, et la marine de 1 300
hommes.
Le projet de centre de forma-
tion, au profit des forces de
sécurité des pays africains,
pour les opérations de main-
tien de la paix, est en cours de
réalisation à Awaé.
Un contingent camerounais participe à la
Micopax (Mission de consolidation de la
paix en République centrafricaine). Un
nouvel accord de défense a été signé avec
la France en 2010. l
congo
Population : 4 000 000 hab.
Densité : 11 hab./km²
PIB : 15,1 milliards $
PIB par habitant : 3 792 $
Rang IDH : 137/187
Monnaie : 1 € = 655,96 FCFA
Chef de l’état : Denis Sassou Nguesso
Régime de l’état : présidentiel
d’euros ont été investis dans le secteur
agricole et la création des villages agrico-
les poursuivie.
L’agriculture vivrière n’assure pas la sécu-
rité alimentaire, ce qui impose à l’État
d’avoir recours aux importations alors que
le Congo était jadis autosuffisant.
La sylviculture constitue la seconde richesse
du pays. La forêt naturelle permet l’exploi-
tation de 2 millions de mètres cubes par an.
Afin de vitaliser cette filière, le déve-
41
dossier Afrique centrale
Le Congo
loppement des industrie de transformation
du bois et de ses dérivés, sur le territoire,
constitue un objectif prioritaire.
Le secteur pétrolier (85 % des exportations
et 75 % des recettes de l’État) est le pivot
de la croissance congolaise. Les réserves
sont estimées à 1,6 milliard de barils.
Avec la mise en exploitation de nouveaux
gisements, la production devrait encore
progresser en 2012 après avoir atteint
130 millions de barils en 2011.
La hausse des prix du pétrole a été particu-
lièrement bénéfique et a tiré la croissance
vers le haut. Elle devrait atteindre 5,7 %
en 2012.
Le potentiel gazier du Congo, dont les
réserves sont estimées à 100-120 millions
de mètres cubes, reste pour l’heure sous-
exploité. L’exploitation des gisements
République du Gabon
Le retour vers la légitimité pour
Ali Bongo Odimba
Les deux premières années de la présidence d’Ali Bongo Ondimba (ABO),
au pouvoir depuis l’été 2009, ont été marquées par une contestation de
sa légitimité présidentielle. Aujourd’hui, cette légitimité paraît davantage
affirmée.
42
miniers (fer, potasse, diamants, cuivre)
est en expansion.
Depuis l’allègement de sa dette (2010), le
Congo accentue sa politique de grands tra-
vaux d’infrastructure (aéroports, centrales
électriques, voies de communication).
Enfin, la création de zones économiques
spéciales, dont la vocation est l’exporta-
tion, permettra à des entreprises étrangères
d’investir au Congo. Celles-ci bénéficieront
en retour d’avantages finan-
ciers incitatifs.
La Chine
Politique intérieure reste l’un des
Le président Sassou Nguesso principaux
a été réélu, en juillet 2009,
avec 78,6 % des voix pour un partenaires
nouveau mandat de sept ans. commerciaux.
Des candidats de l’opposition
avaient appelé au boycott du scrutin et ont
critiqué le score obtenu par l’élu.
Sassou Nguesso s’est employé à aplanir
les obstacles pour renforcer la cohésion de
son pays qui doit apurer les séquelles de
dix années de conflit fratricide. Le bilan de
son programme intitulé « Chemin d’ave-
nir », après deux années de présidence, est
globalement bon sur le plan économique.
Il est plus contrasté sur les plans politique
et social.
Le Congo reste encore handicapé par une
corruption endémique, un fort taux de
chômage, qui affecte principalement les
jeunes, et une pauvreté qui touche près
de 48 % des congolais.
Le dialogue avec les partis d’opposition est
resté tendu. À l’approche des prochaines
législatives, reportées en juillet 2012 à cause
de l’explosion du dépôt de munitions de
Brazzaville, beaucoup de leaders de l’oppo-
sition, qui avaient antérieurement prôné le
boycott, ont cette fois appelé au vote.
Politique extérieure
Sassou Nguesso, qui jouit de son statut de
chef d’un État pétrolier, mène une politique
diplomatique active, aux niveaux régional
et international. Il exerce actuellement la
présidence du Conseil de paix de l’UA.
Dans la sous-région, il entretient des liens
privilégiés avec le Gabon, avec
l’Angola qui l’a soutenu lors de
la guerre civile de 1997-1999 et
avec la Guinée équatoriale.
Les relations avec la RDC se
sont normalisées. Plusieurs
dizaines de milliers de réfugiés
de la RDC, qui avaient franchi
les frontières du Congo après
les violences interethniques de 2009, sta-
tionnent toujours sur son territoire.
La Chine, qui a soutenu le Congo après son
indépendance, reste l’un des principaux
partenaires commerciaux. Ses investisse-
ments se chiffrent à plus de 2,5 milliards
de dollars.
Enfin, l’UE finance un large panel de pro-
jets, dans tous les secteurs, en particulier
celui du social. La France conserve des
liens privilégiés avec le Congo.
Défense
Les forces armées congolaises comptent
environ 10 000 hommes. L’armée de terre
compte 8 000 hommes. Près de 21 000 para-
militaires complètent ces forces. Elles font
l’objet d’un vaste plan de modernisation
et de réorganisation depuis 2010.
Un contingent congolais sert actuellement
au sein de la Micopax, en RCA. l
gabon
Population : 1 500 000 hab.
Densité : 6 hab./km²
PIB : 16,7 milliards $
PIB par habitant : 10 982 $
Rang IDH : 106/187
Monnaie : 1 € = 655,96 FCFA
Chef de l’état : Ali Bongo Ondimba
Régime de l’état : présidentiel
La Revue d’études - juillet 2012

T
endances économiques
Le secteur agricole – en par-
ticulier la sylviculture – et
l’exploitation des ressour-
ces minières et pétrolières
constituent les deux pôles de l’économie
gabonaise.
L’agriculture, un moment délaissée au
profit des industries extractives, emploie
aujourd’hui 38 % de la population. Dans
la perspective de la diversification, le
Gouvernement a fait de l’agriculture sa
priorité nationale. Le Programme natio-
nal d’investissement à moyen terme
(PNIMT), sur la période 2009-2013, vise à
réduire les importations alimentaires et à
valoriser les potentialités agricoles. Pour
l’agriculture de rente, l’ac-
cent est mis sur le café et
le cacao. Pour ce produit,
les experts tablent sur une
Ali Bongo
production de l’ordre de a pour ambition
4 000 tonnes de fèves d’ici de faire du
2014.
La filière bois, qui a enre-
Gabon un
gistré des bénéfices à la « émergent » à
hausse en 2011, fait l’objet
de profondes restructura-
l’horizon 2035.
tions. Afin d’optimiser la
production, le Gouvernement a interdit,
depuis 2010, l’exportation du bois en gru-
mes au profit de la transformation sur
zone pour créer des emplois et exporter
des produits finis ou semi-finis à forte
valeur ajoutée.
Pour ce qui concerne l’exploitation pétro-
lière, elle reste encore, en dépit d’un
ralentissement de la production, la prin-
cipale ressource de l’économie (47 % du
PIB).
Toutefois, la perspective de l’épuisement
des gisements pétroliers, à l’horizon 2025,
incite le Gabon à mettre en place une
politique axée dorénavant sur l’après-
pétrole.
Les ressources minières, fer, or et sur-
tout le manganèse, (premier producteur
mondial) sont abondantes. La production
devrait atteindre les 3 millions de tonnes
en 2012.
Le gisement de fer de Belinga, dans l’est
du pays, dont l’exploitation avait été négo-
ciée avec une société chinoise, prévoyait
la construction d’une bretelle ferroviaire
de Belinga à Boué, d’un port minéralier
à Santa-Clara et un barrage hydro-élec-
trique sur l’Ivindo. Les Chinois se sont
désengagés. Le Brésilien Vale pourrait se
mettre sur les rangs.
Enfin, la création de la première Zone
La Revue d’études - juillet 2012
économique spéciale (ZES) s’ajoutant à
une augmentation des IDE est susceptible
d’abonder le budget à hauteur de 5 mil-
liards de dollars en 2012.
La croissance pourrait atteindre 4,4 % en
2012.
Politique intérieure
Ali Bongo Ondimba a été élu le 30 août
2009 avec 41 % des suffrages. Il a connu
d’emblée des débuts de présidence diffi-
ciles. Émeutes à Port-Gentil (deux morts,
des centaines de blessés), couvre-feu
pendant six mois, contestation sociale,
autoproclamation de son adversaire,
André Mba Obame, comme président,
début janvier 2011, émaillent ses deux
premières années à la tête
du pays.
Aujourd’hui, fort des bons
résultats obtenus sur le
plan économique, de la
mise en place des réfor-
mes à caractère social, des
opérations ciblées dans la
lutte anticorruption, et une
présence accrue auprès des
populations gabonaises lui
ont permis de retrouver
popularité et légitimité.
Les élections législatives de décembre
2011, qui constituaient un test, ont donné
la victoire au parti présidentiel, le Parti
démocratique gabonais (PDG). Un nou-
veau Premier ministre, Ndong Sima, a été
nommé en février 2012.
Ali Bongo a pour ambition de faire du
Gabon un « émergent » à l’horizon 2035.
C’est dans cette logique que son Gouver-
nement oriente les réformes. Au rang de
celles-ci figure une stratégie économique
qui valorise les diverses ressources dont
dispose le Gabon, en particulier les mine-
rais et le bois, et surtout prend en compte
la fin de la dépendance aux royalties du
pétrole.
Enfin, l’actuel Gouvernement s’attache
à améliorer les conditions de vie des
Gabonais, notamment dans le secteur
de l’éducation et celui de l’accès aux
soins de santé (la pandémie du sida
est en diminution). Mais des poches de
pauvreté demeurent et les inégalités per-
durent entre ruraux et citadins.
Politique extérieure
Le Gabon, État pétrolier, continue à jouer
un rôle important au plan diplomatique,
tant à l’échelon régional que sur la scène
internationale.
dossier
Le Gabon
Il est membre de la Cemac et de la
CEEAC.
Le litige territorial avec la Guinée équato-
riale, concernant la « gabonité » de l’îlot
de Mbanié, fait l’objet d’un arbitrage des
Nations unies. À ce jour, aucune issue
n’a été trouvée pour résoudre cet anta-
gonisme.
Ali Bongo a présidé le Conseil de sécu-
rité des Nations unies en juin 2011. Ses
prises de position dans les diverses crises
africaines ont été remarquées. Il a été le
premier président africain francophone à
être reçu par Barack Obama.
Si la politique étrangère d’Ali Bongo s’ins-
crit dans la continuité de celle menée par
son père, il vise cependant à diversifier
ses partenaires, notamment avec les
émergents, la Corée du Sud et le Japon.
La France était, en 2011, toujours le pre-
mier partenaire commercial du Gabon.
Défense
Les forces gabonaises comptent 4 700
hommes et 2 000 gendarmes. L’armée de
terre possède un effectif de 3 200 hom-
mes, la marine 600 et l’armée de l’air
1 000.
La garde républicaine est plus spéciale-
ment dévolue à la protection du régime.
Des contingents gabonais ont participé à
diverses missions dans le cadre de l’ONU
et de l’UA (Micopax).
Le Gabon fait partie de l’African Standby
Force de la Cemac, au sein de brigade
de l’Afrique centrale dont il abrite l’état-
major régional. l
43
dossier Afrique centrale
République de
Guinée équatoriale
« Teodoro Obiang Nguema est un dictateur » (J. Crowley, porte-parole du
Département d’État des États-Unis).
L
a République de Guinée équa-
toriale (RGE) est le quatrième
producteur de pétrole de l’Afri-
que subsaharienne. Son prési-
dent, qui vient d’achever une
année de présidence de l’UA, est à la tête
de l’État depuis 1979. Son népotisme, les
sources opaques de sa richesse personnelle
et son implication dans l’affaire des « biens
mal acquis » confiée à la justice française,
en font un personnage très controversé.
Tendances économiques
Les ressources économiques de la Guinée
équatoriale sont d’abord celles que lui pro-
curent ses richesses pétrolières et gazières.
L’agriculture n’occupe qu’une place mar-
ginale.
Jadis pays agricole, la RGE, depuis dix ans,
a délaissé ce secteur. L’agriculture vivrière
est insuffisante pour assurer la sécurité
alimentaire. Les cultures de rente (café
et cacao) et la sylviculture représentent à
peine 2 % du PIB. Dans la perspective de
l’après-pétrole, l’État investit ses recettes
pétrolières dans cette filière.
La Guinée équatoriale
44
Le secteur énergétique est le moteur de
l’économie. Il représente 85 % des expor-
tations. Même si la production tend à dimi-
nuer compte tenu de l’arrivée à maturité
des gisements, la hausse des cours mon-
diaux compense le diffé-
rentiel de production.
Toujours dans le contexte
Le régime,
de l’après-pétrole, le rem- très autocratique,
placement par le gaz natu- est fréquemment
rel monte en puissance.
L’année 2011 a enregistré mis à l’index
une hausse continue de par la Communauté
la production. Transformé
en méthanol, en gaz de
internationale.
pétrole liquéfié (GPL) et
en gaz naturel liquéfié (GNL) ses expor-
tations dépassent le million de tonnes par
an. Les réserves sont estimées à 40 mil-
liards de mètres cubes.
La RGE a mené ces dernières années une
politique de grands travaux, dont certains
très emblématiques, comme ceux de la ville
de Sipopo (587 millions d’euros) sur l’île
de Bioko qui a accueilli en juillet 2011 le
17e Sommet de l’UA, ou les infrastructures
destinées à la Coupe d’Afrique des nations
(CAN), en février 2012. Cette politique
d’investissements étatiques se poursuivra
dans le cadre du plan d’industrialisation
2020. Toutefois, le pouvoir s’est engagé à
ne pas négliger les investissements sociaux
(éducation, santé notamment) et à assu-
rer une répartition des richesses nationales
plus équitable, alors que près de la moitié
de la population vit au-dessous du seuil
de pauvreté. Aujourd’hui, la RGE reste
confrontée à l’insuffisance de ses infras-
tructures, à la faiblesse de l’enseignement,
et à un niveau de corruption qui la classe
en cinquième position des pays les plus
corrompus d’Afrique.
La croissance connaît une progression à la
hausse et devrait atteindre 5,8 % en 2012.
Politique intérieure
Le président, Teodoro Obiang Nguema Mba-
sogo, qui a été réélu avec 95 % des suffrages
guinée équatoriale
Population : 700 401 hab.
Densité : 25 hab./km²
PIB : 19,4 milliards $
PIB par habitant : 14 374 $
Rang IDH : 136/187
Monnaie : 1 € =655,96 FCFA
Chef de l’état : Teodoro Obiang Nguema
Régime de l’état : présidentiel
en 2009, détient le pouvoir depuis 1979. Il
s’appuie sur le Parti démocratique de la Gui-
née équatoriale (PDGE), parti unique de fait,
qui détient 99 sièges sur 100 à l’Assemblée
nationale et qui verrouille la vie politique et
économique à tous les postes clés.
L’opposition est représentée, depuis 2003,
par la Convergence pour la démocratie
sociale (CPDS) et son secrétaire général
Placido Mico. Elle reste tou-
jours ultra-minoritaire dans
les conseils municipaux et
à l’Assemblée nationale, et
sans poids réel dans la vie
politique du pays. L’opposi-
tion, en exil, est dirigée par
Severo Moto, en Espagne.
Elle a récemment dénoncé
la création d’un deuxième
poste de vice-président,
alors que la Constitution n’en prévoit
qu’un seul, au profit de Teodorin Nguema,
fils du président, dans le but de préparer
sa succession.
Le régime, très autocratique, est fréquem-
ment mis à l’index par la Communauté
internationale (l’UE a exclu la RGE du
10e FED). La liberté d’expression et celle
de la presse sont quasi inexistantes. Afin
d’endiguer d’éventuelles manifestations qui
pourraient conduire à des situations similai-
res à celles des printemps arabes, le pouvoir
interdit les rassemblements et se livre à des
arrestations arbitraires répétées.
Politique extérieure
Le président Obiang Nguema vient
d’achever, en janvier 2012, la présidence
tournante de l’UA. Il a critiqué l’attitude
occidentale dans la crise libyenne. L’UA a
d’ailleurs tardé, sans grande conviction, à
reconnaître le CNT libyen.
À cette tribune, il a également accusé
les pays industriels d’être responsables
du changement climatique et, en consé-
quence, de devoir assumer la responsabilité
des dommages et des préjudices.
Les relations de Malabo avec la Commu-
nauté internationale sont diversifiées.
Dans la sous-région, elles se sont amélio-
rées avec la Côte d’Ivoire (Nguema avait
soutenu Laurent Gbagbo) mais elles sont
La Revue d’études - juillet 2012

plus erratiques avec le Gabon et le Came-
roun pour des questions de limites des
eaux territoriales.
Elles sont soutenues avec les États-Unis,
qui possèdent de gros intérêts économi-
ques dans le pays. Les relations avec la
Chine sont en progression. Cette dernière,
République
d’Ouganda
Museveni : un président
controversé
L’Ouganda est un pays agricole (agriculture, pêche, chasse, sylviculture).
Près de 80 % de la population active se consacre à cette activité qui
demeure le moteur de l’économie.
T
endances économiques
L’agriculture vivrière permet
au pays d’assurer sa sécurité
alimentaire. Il pourrait cepen-
dant rencontrer des difficultés
en raison d’une forte croissance démogra-
phique (3,6 %) susceptible de doubler d’ici
2025.
L’agriculture de rente – coton, thé, tabac et
L’Ouganda
La Revue d’études - juillet 2012
intéressée par les ressources en hydrocar-
bures, est devenue le premier interlocuteur
commercial du pays.
Si elles restent également importantes avec
l’ancienne puissance coloniale, l’Espagne,
Malabo reproche à Madrid d’accueillir
l’opposition équato-guinéenne en exil.
surtout café (7e exportateur mondial) – lui
assure ses principales ressources d’expor-
tation.
Le Gouvernement envisage de porter à
10 % la part du budget national consacré
à l’agriculture.
Mais ce sont surtout les perspectives pétro-
lières et gazières qui seront susceptibles
de donner une nouvelle impul-
sion à l’économie ougandaise.
Un gisement de pétrole, dont
56% de
les réserves prouvées sont esti- sa population
mées à 2,5 milliards de barils,
a commencé à être exploité
a moins
dans la région du lac Albert. de 18 ans.
La production pourrait attein-
dre 200 000 barils/jour d’ici 2015.
En outre, il possède des ressources minières
significatives, notamment des gisements
aurifères (3e rang des exportations), de
cuivre et de cobalt.
L’Ouganda souffre d’un déficit d’électri-
cité (10 % seulement de la population est
raccordée au réseau électrique). Dans ce
contexte, il développe une politique de
grande envergure pour se doter de barra-
ges hydroélectriques. Le dernier en date,
celui de Bujagali, sur le Nil, aura une capa-
cité de 250 MW. L’impact environnemental
de ce barrage est contestable, ce qui a
conduit le Kenya et la Tanzanie à déposer
une plainte auprès de la CAE.
dossier
Défense
La Guinée équatoriale dispose d’une force
de sécurité de 1 300 hommes, essentielle-
ment dévolue à la sécurité du président et
au maintien de l’ordre.
Elle fournit quelques détachements de fai-
ble effectif à la Micopax. l
ouganda
Superficie : 241 040 km²
Population : 33 400 000 hab.
Densité : 140 hab./km²
PIB : 16 milliards $
PIB par habitant : 453 $
Rang IDH : 161/187
Monnaie : 1 € = 3 167,22 shillings
ougandais
Chef de l’état : Yoweri Kaguta Museveni
Régime de l’état : présidentiel
Cependant, pour soutenir sa croissance,
qui pourrait atteindre 5,5 % en 2012,
l’Ouganda doit continuer d’avoir accès à
l’aide extérieure (c’est un des pays les plus
aidés du continent).
Les faiblesses liées à l’état des infrastruc-
tures, en particulier dans le réseau routier
et en électricité, l’économie informelle, le
manque de transparence des affaires et les
obstacles que représente un haut niveau
de corruption sont autant de freins à cette
croissance.
Politique intérieure
En février 2011, le président
Yoweri Museveni a été réélu,
pour un quatrième mandat,
avec 68,4 % des voix. Son
parti, l’Organisation du mou-
vement de résistance nationale
(NRMO), a également remporté
les élections parlementaires.
Son principal adversaire, l’opposant Kizza
Besigye, qui dirige le Forum pour le chan-
gement démocratique, n’a pu, une fois
encore, remporter les élections et conduit
l’opposition dans des conditions mouve-
mentées.
Museveni peut mettre à son actif un bilan
économique et social appréciable. Sa
capacité à maintenir un îlot de relative
stabilité dans un environnement régio-
nal belliqueux lui a valu le soutien des
Occidentaux. Ensuite, il a su éviter que le
vieil antagonisme Nord-Sud ne remette en
cause l’unité du pays ; enfin, il est parvenu
à chasser la Lord Resistance Army (LRA)
du « prophète » Joseph Kony, depuis
45
dossier Afrique centrale
sous le coup d’un mandat d’arrêt de
la CPI, hors de l’Ouganda.
En revanche, le pays souffre de dérives
autocratiques et d’une corruption endé-
mique.
Dans un contexte de tensions socia-
les récurrentes, liées essentiellement à
l’augmentation des prix des produits de
base, le Gouvernement est
confronté à des manifesta-
tions violentes, aux grèves La Chine,
et à des contestations dans
tous les secteurs de la vie
Singapour,
publique. l’Inde et les EAU
Les atteintes aux droits de représentent 30%
l’homme et les excès des
normes judiciaires sont
des IDE.
régulièrement dénoncées
par la Communauté internationale : par
exemple, la loi punissant de mort les
homosexuels, instituée en juillet 2011, a
dû être retirée.
L’Ouganda, pays « jeune » – 56 % de sa
population a moins de 18 ans – mais qui
République
centrafricaine
Un état fragile
La RCA est un État fragile, sous perfusion de l’aide internationale, à
la tête duquel le général Francois Bozizé exerce son mandat dans des
conditions de vulnérabilité constantes.
T
endances économiques
Les deux piliers de l’économie
de la RCA sont l’agriculture et
ses ressources minières.
L’agriculture représente 55 %
du PIB et emploie 70 % de la population.
L’agriculture vivrière assure à peine la
sécurité alimentaire. Pour ce qui concerne
l’agriculture de rente (café, coton, tabac),
en dépit d’une production à la hausse en
2011, elle est handicapée par la médiocrité
des infrastructures de transport et des
circuits de commercialisation peu perfor-
mants.
La filière bois vitalise l’économie, en parti-
culier grâce aux exportations de grumes.
La RCA bénéficie de ressources minières
46
reste toujours dans la catégorie des pays
pauvres, aspire à des réformes en profon-
deur et à un renouvellement de ses actuels
gouvernants, au pouvoir depuis un quart
de siècle.
Politique extérieure
Le président Museveni mène une politi-
que extérieure dynamique,
résolument impliquée à
l’échelon régional et alignée
sur le monde occidental, en
particulier avec les États-
Unis. Les pays émergents
font également l’objet des
priorités de la diplomatie
ougandaise.
La question de l’éradication
de la LRA reste le facteur commun qui le
lie aux pays limitrophes. Dans ce contexte,
l’Ouganda a pris une part prépondérante
dans la mise sur pied d’une force de l’UA,
à hauteur de 5 000 hommes (Ougandais,
Congolais, Centrafricains et Sud-Souda-
(diamants, or, uranium) abondantes.
Les exportations de diamants ont enregis-
tré une reprise à la hausse pour la période
2010-2011. L’exploitation du
gisement aurifère de Passendro,
par une société canadienne L’agriculture
(AXMIN) est en cours. En représente
revanche, Areva a abandonné
le projet d’exploitation du gise-
55% du PIB
ment d’uranium de Bakouma. et emploie
La Chine, qui commence à 70% de
pénétrer le marché centrafri-
cain, vient de débuter l’explora- la population.
tion pétrolière dans le nord-est
du pays.
Même si, depuis 2011, la RCA est le cin-
quième pays africain qui ait été évalué
nais) chargés de capturer Joseph Kony.
Stationnés à Yambio, au Soudan du Sud, ils
seront placés sous commandement ougan-
dais. Les États-Unis devraient fournir un
soutien logistique à cette opération.
Pour ce qui concerne les pays émergents,
la Chine, Singapour, l’Inde et les EAU
représentent 30 % des IDE.
Défense
L’armée ougandaise, l’UPDF (force de
défense du peuple ougandais), compte
45 000 hommes.
En outre, le président dispose d’une garde
personnelle de 12 000 hommes.
Actuellement, 3 800 hommes sont déployés
en Somalie, dans le cadre de l’Amisom.
Des contingents opèrent en Centrafrique
et au Soudan du Sud contre la LRA.
La France forme à Djibouti des militaires
ougandais, principalement ceux destinés
à l’Amisom. Dans le cadre de l’opération
anti-Kony, une centaine de conseillers
américains sont déployés en Ouganda. l
centraFrique
Population : 4 400 000 hab.
Densité : 7 hab./km²
PIB : 2,3 milliards $
PIB par habitant : 483 $
Rang IDH : 179/187
Monnaie : 1 € =655,96 FCFA
Chef de l’état : François Bozizé
Régime de l’état : présidentiel
positivement pour la transparence des
revenus miniers et pétroliers (ITIE), la
situation sécuritaire et la corruption plom-
bent le climat des affaires. Environ la moi-
tié de la production nationale de diamants
et de bois s’écoule en contrebande.
Pays enclavé, la RCA souffre de son man-
que de ressources énergétiques et de la
faiblesse de ses infrastruc-
tures.
L’UE s’est engagée à financer
un système d’information
énergétique (SIE-Afrique).
Ce projet, sur trois ans,
vise à assister la compagnie
centrafricaine Enerca afin
d’améliorer le taux d’élec-
trification, le plus faible de
toute l’Afrique (3 % seule-
ment des habitants sont raccordés).
Le taux de croissance prévu devrait attein-
dre 4,6 % pour 2012.
La Revue d’études - juillet 2012
 dossier

groupuscules de l’Armée de résistance du

La Centrafrique Seigneur qui se livrent à des exactions sur
les populations.

Politique intérieure
C’est François Bozizé, président sortant,
qui a remporté les élections avec 66,4 %
des voix, en janvier 2011, son principal
adversaire, l’ex-président (1993-2003)
Ange-Félix Patassé n’ayant recueilli que
20 % des suffrages. Reportées à plusieurs
reprises, pour des raisons financières et
d’organisation, elles avaient nécessité une
modification de la Constitution pour main-
tenir le pays dans la légalité. L’opposition,
regroupée derrière Martin Ziguélé, avait
qualifié de « mascarade » ces élections.
Le parti du président le Kwa na Kwa (« Le
travail, rien que le travail ») a également
remporté une large victoire aux légis-
latives, boycottées au second tour par
l’opposition.
Ce nouveau Gouvernement peine à mettre
en œuvre son programme et sa marge de
manœuvre s’avère restreinte.
Sur le plan économique, la RCA n’attire
pas suffisamment les bailleurs internatio-
naux et le climat des affaires n’incite pas
les investisseurs étrangers à prendre des
risques.
Dans le domaine social, Bozizé doit faire
face au mécontentement d’une population
dont une moitié a moins de
18 ans, qui est confrontée à
un fort taux de chômage, en Le taux
particulier chez les jeunes, à
une excessive paupérisation
de croissance
notamment dans les zones prévu devrait
rurales (14 % seulement a atteindre 4,6 %
accès à l’eau potable) et à
une situation sanitaire extrê-
pour 2012.
mement dégradée.
Enfin, les effets du processus de désar-
mement et de démobilisation, réinsertion
(DDR) des anciens mouvements rebelles
restent erratiques.
En corollaire, la situation sécuritaire est
préoccupante. L’État est incapable de faire
face sur le territoire aux bandes armées
« les coupeurs de route », sur les frontières
du Nord-Est à la rébellion du Front popu-
laire pour le redressement (FPR), et aux
Politique extérieure
Sous la présidence de Bozizé, la RCA a
retrouvé sur la scène internationale la place
qu’elle avait perdue antérieurement.
Dans la sous-région, elle est membre de
la Cemac qui a son siège à Bangui, et de
la CEEAC. Ses relations avec les pays rive-
rains tendent vers la normalisation mais
les métastases des conflits périphériques
sont préjudiciables à sa stabilité et à son
développement.
Elle entretient des liens économiques et
politiques soutenus avec l’UE qui dispose
d’une délégation à Bangui.
Elle conserve des relations privilégiées
avec la France (elle est mem-
bre de l’OIF), mais elle vise
à diversifier ses partenaires,
en particulier avec les émer-
gents, notamment la Chine,
l’Afrique du Sud et le Maroc.
Défense
Les forces armées centrafri-
caines (FACA), 5 000 hommes
environ, sont numériquement et qualita-
tivement insuffisantes pour remplir la
totalité des missions qui leur sont dévo-
lues. La France entretient un détachement
chargé de soutenir la mission Micopax.
Cette mission sera remplacée, en 2013 par
les FACA. La RSA pourrait, dans un proche
avenir, former et encadrer les FACA.
Un détachement de forces spéciales améri-
caines stationne dans la région d’Obo. l

Un dossier de synthèse

L’état et les institutions politiques

s institutions politiques
« L’État, c’est ce qui est », disait Raphaël Drai. Cela implique donc un système qui privilégie
un certain ordre, une paix que l’on maintient à tout prix. Si le thème de l’État est un
ce qui est », disait Raphaël Drai. Cela implique donc
ui privilégie un certain ordre, une paix que l’on main-
ix. Si le thème de l’État est un thème traditionnel en

thème traditionnel en droit constitutionnel, c’est aussi un thème d’actualité : nous vivons
ionnel, c’est aussi un thème d’actualité : nous vivons
DSY - P13

e époque où les jeunes États de l’Europe de l’Est

ition vers le système démocratique, alors que, dans
DOSSIERS DE SYNTHÈSE
en effet à une époque où les jeunes États de l’Europe de l’Est sont en transition vers
mps, l’Union européenne s’afrme et s’étend et que
nquer "les hommes d’État", gures charismatiques
t à l’État un visage prestigieux ou haïssable, mais
Politique et stratégie

orteurs d’un projet qui enammait l’imagination des

nditions, il est bon de regarder ce qu’est l’État, ses

L'État le système démocratique, alors que dans le même temps, l’union européenne s’affirme
uridiques et philosophiques ainsi que ses différents
anisation. Le présent document a pour objet de contri-
orer la culture générale du lecteur sur ce point, en
oppements théoriques et exemples d’actualité, mais et les institutions et s’étend et que semblent manquer “les hommes d’État”, figures charismatiques qui
à développer aussi sa réexion personnelle sur ce
u l’État aujourd’hui, alors qu’il n’est plus dispensateur
e. Issu des traumatismes de l’Histoire, l’État perdrait-il politiques
donnaient à l’État un visage prestigieux ou haïssable, mais qui étaient porteurs d’un
alors qu’il se montre incapable de résoudre de façon
tant les crises économiques que les rivalités politico- projet qui enflammait l’imaginaton des peuples.
Dans ces conditions, il est bon de regarder ce qu’est l’État, ses fondements juridiques
REVUE
et philosophiques ainsi que ses différents modes d’organisation. Le présent document a
- 32, rue Delizy - 93500 Pantin
e-d-etudes.fr - Tél. : 0 825 800 735
D'ETUDES

pour objet de contribuer à améliorer la culture générale du lecteur sur ce point, en mêlant
développements théoriques et exemples d’actualité, mais qu’est devenu l’État aujourd’hui, alors qu’il n’est plus
dispensateur de croissance ? Issu des traumatismes de l’Histoire, l’État perdrait-il sa crédibilité alors qu’il se montre
incapable de résoudre de façon satisfaisante tant les crises économiques que les rivalités politico-religieuses ?

Éditions Revue d’Études

32, rue Delizy - Espace Delizy - Bâtiment A - 93500 PANTIN - Tél. : 0825 800 735 - Fax : 01 47 14 05 70

La Revue d’études - juillet 2012 47

dossier Afrique centrale
République
démocratique
du Congo
« La gouvernance de la RDC est un obstacle au développement
économique et humain. »2 Une nouvelle fois, c’est dans un climat de crise
ante et post-électorale que la République démocratique du Congo a élu
son président et ses députés.
T
endances économiques
Jadis pays à vocation agricole,
la RDC a délaissé ce secteur au
profit du secteur minier.
L’agriculture vivrière n’est pas
en mesure d’assurer la sécurité alimentaire
du pays. Dans les provinces orientales,
près de 70 % de la population connaît une
sous-alimentation chronique. Les années de
conflit et la situation sécuritaire défavorable
ont provoqué l’abandon des terres arables
(80 millions d’hectares). Aujourd’hui, on
estime que 56 % de ces terres ne sont pas
cultivées. Dans ce contexte, le Gouver-
nement, avec l’aide de la Communauté
internationale, a mis en place une politi-
que visant à relancer l’agriculture vivrière
et l’agriculture de rente.
La sylviculture est menacée par des prati-
ques traditionnelles d’agriculture itinérante
et l’exploitation du bois de chauffe qui
favorisent la diminution de la couverture
végétale. Selon la FAO, près de 940 000 hec-
Le Congo
2
Banque mondiale
48
tares de forêt disparaissent chaque année.
Les abondantes et très diversifiées ressour-
ces minières (cobalt, cuivre, or diamant,
uranium, pétrole, étain) sont le moteur de
l’économie de la RDC.
Le secteur minier reste le principal pour-
voyeur de devises. Il est cependant très
sensible à la volatilité des cours, ce qui
engendre des variations sur les recettes d’ex-
portation. Par ailleurs, la rentabilité de ces
activités est grevée par les
sorties illégales des minerais
et les prédations des groupes
L’amélioration
rebelles qui s’approprient des de la situation
zones de production. L’ex-
ploitation pétrolière a connu
économique reste
une décélération en 2011. une obligation
La RDC bénéficie d’un des pour la
plus importants potentiels
hydroélectriques de l’Afrique restauration de
centrale. Les experts parlent la paix.
de plus de 100 000 MW, dont
45 % sont localisés sur le site d’Inga. En
dépit de cette ressource, seulement 7 % de
la population congolaise a accès à l’élec-
tricité.
L’environnement des affaires, déjà médiocre,
s’est encore détérioré en 2011, notamment à
cause de la situation politique précaire du
pays. L’économie informelle tient une place
prépondérante.
L’amélioration de la situation économique,
alors que 80 % de la population vit sous le
seuil de pauvreté, reste une obligation pour
la restauration de la paix.
Le taux de croissance pourrait atteindre
6,3 % en 2012.
Politique intérieure
Les élections de novembre 2011 – après une
modification de la Constitution – ont vu la
victoire de Joseph Kabila, avec 49 % des
voix. Parmi les 11 challengers qui se présen-
taient contre lui, aucun n’a pu le mettre en
république démocratique du congo
Population : 73 600 000 hab.
Densité : 31 hab./km²
PIB : 11,1 milliards $
Rang IDH : 176/187
Monnaie : 1 € = 655,96 FCFA
Chef de l’état : Joseph Kabila
Régime de l’état : présidentiel
difficulté. Les législatives ont été remportées
par le parti du président (Parti du peuple
pour la reconstruction et la démocratie).
Parmi les personnalités de l’opposition,
Étienne Tshisekedi, fondateur de l’Union
pour la démocratie et le progrès social
(UDPS), était celui qui pouvait battre Kabila.
Il s’était d’ailleurs autoproclamé président
avant le scrutin. Envisagée un moment, une
union de l’opposition sous la bannière d’un
seul candidat ne s’est pas faite.
Le climat qui a prévalu avant et pendant
la campagne a été particulièrement tendu.
Aujourd’hui, la mission d’observation de
l’UE considère, dans son rapport de mars
2012, que « les résultats ne sont pas cré-
dibles ».
La tâche de Joseph Kabila, élu dans un
scrutin entaché d’irrégulari-
tés, et de son Gouvernement
est immense.
Il devra s’employer à asseoir
sa légitimité, puis conduire
une politique économique
susceptible de redonner
confiance à la Communauté
internationale, faire por-
ter son effort sur le secteur
social et enfin tenter de réta-
blir l’autorité de l’État sur les
provinces de l’Est et de l’Ouest.
Les foyers de tensions perdurent dans les
régions du Nord et du Sud-Kivu – zones
grises – où agissent les rebelles du Front de
libération du Rwanda (FDLR), les mutins
du M23 et les groupes May-May.
La Monusco, présente dans le pays depuis
onze ans, permet d’assurer un minimum
de sécurité. Forte de 20 000 hommes, elle
soutient les FARDC et sécurise tant bien que
mal les populations civiles et les déplacés.
L’efficacité de son action est aujourd’hui
fortement contestée.
Politique extérieure
La politique extérieure de la RDC reste liée
à la situation de crise latente qui caractérise
la région des Grands Lacs.
Elle a normalisé ses relations avec le
Rwanda dans le cadre des opérations mili-
taires conjointes contre les FDLR. Elles se
sont refroidies suite à la présence éventuelle
La Revue d’études - juillet 2012

de Rwandais au sein des mutins du M23.
Après une période de tensions avec
l’Ouganda, le dialogue a repris entre les
deux États. La RDC est membre de la SADC
et de la CEEAC.
Le pays a accentué ses liens économiques et
diplomatiques avec les pays émergents, en
particulier avec la Chine. Il organisera le Som-
met de la francophonie en octobre 2012.
République
du Rwanda
Des performances économiques significatives, une réconciliation
nationale toujours indispensable.
Si le Rwanda peut faire figure de référence en matière économique, la
gouvernance de son président reste pour le moins contestable.
T
endances économiques
L’économie rwandaise repose
sur l’agriculture et sur des gise-
ments gaziers. Le tourisme et
l’aide internationale complètent
ces ressources.
Le secteur agricole fait vivre 80 % de la
population et représente 35 % du PIB. Les
productions de l’agriculture vivrière ont
augmenté ces dernières années, notamment
grâce à des investissements significatifs
Le Rwanda
La Revue d’études - juillet 2012
Défense
Les FARDC (forces armées de RDC) enger-
bent les anciennes FAC (forces armées
congolaises) et d’anciens miliciens. Le pro-
cessus de mixage qui s’inscrivait dans le
programme national de désarmement a été
peu à peu abandonné.
Elles comptent environ 134 000 hommes.
Une armée de terre de 111 200 hommes, une
et à la mise en œuvre du plan d’intensi-
fication des cultures. Ce dernier, pour la
période 2008-2013, a été financé à hauteur
de 35 milliards de dollars par la Banque
mondiale.
Les cultures de rente, en particulier le café
(80 % des recettes d’exportation) et le thé,
retrouvent le niveau de production qui était
le leur avant la guerre civile. Ces produits
ont bénéficié, en 2011, de
cours mondiaux très favo-
rables favorisant ainsi la
L’aide étrangère
vitalité de la filière. abonde le budget
S’il ne possède pas de national à hauteur
ressources minières diver-
sifiées, ses abondantes
de 50% de
réserves de méthane, dans ses ressources.
la région du lac Kivu, sont
susceptibles, à l’horizon 2020, de lui fournir
l’ensemble de l’énergie dont il a besoin.
Afin de ne pas dépendre du seul secteur
agricole, le Rwanda mène une politique
d’ouverture au commerce extérieur en faci-
litant l’installation d’entreprises étrangères
et les IDE. Pour la Banque mondiale, le
Rwanda est le 3e État de l’ASS dans le clas-
sement des pays favorables aux affaires.
La reprise progressive du tourisme a contri-
bué à la relance de la croissance mais
l’insuffisance d’infrastructures freine son
développement.
Pays d’Afrique le plus densément peuplé du
continent, il est handicapé par un taux de
chômage élevé chez les jeunes ce qui obère
dossier
marine de 6 700 et une armée de l’air de
2 500. La garde républicaine compte 14 000
hommes. Elles sont engagées avec le soutien
de la Monusco dans les provinces de l’Est
contre les divers mouvements de rébellion.
Leur aptitude opérationnelle est faible. Peu
disciplinée, cette armée est accusée réguliè-
rement de se livrer à des exactions sur les
populations civiles. l
rwanda
Population : 10 600 000 hab.
Densité : 390 hab./km²
PIB : 5,7 milliards $
PIB par habitant : 585 $
Rang IDH : 166/187
Monnaie : 1 € =769,58 francs rwandais
Chef de l’état : Paul Kagame
Chef du gouvernement : Pierre-Damien
Habumuremyi
Régime de l’état : présidentiel
ses capacités pour réaliser une croissance
inclusive.
Il figure, en dépit d’un sensible recul de
la pauvreté, dans le dernier quartile du
classement des pays les plus déshérités du
monde. Près de 45 % de sa population vit
au-dessous du seuil de pauvreté.
L’aide étrangère, sous toutes ses formes,
abonde le budget national à hauteur de
50 % de ses ressources. Le taux de crois-
sance, à la hausse, pourrait atteindre 6,5 %
en 2012.
Politique intérieure
Le président Paul Kagame
a été réélu, en décembre
2009, à la tête du Front
patriotique rwandais (FPR).
Il est devenu, en août 2010,
président de la République,
avec 93 % des voix, pour un
second et dernier mandat. La transparence
des élections a été contestée par l’opposi-
tion.
Le point nodal de la politique intérieure
rwandaise est la réconciliation nationale.
Néanmoins, le pays vit toujours dans
l’apurement du génocide de 1994 et dans
la logique d’exclusion.
La réussite économique du Rwanda est à
mettre au compte du président Kagame.
Celui-ci a pour ambition de faire rentrer son
pays, à l’horizon 2020, dans la catégorie des
PRI. Afin d’atteindre cet objectif, il conduit
une politique volontariste et pragmatique.
Réduire la pauvreté, améliorer le système
d’éducation, rénover les infrastructures,
49
dossier Afrique centrale
attirer les investissements étrangers et
nationaux sont autant de lignes directrices
de son action depuis son élection.
Dans la lutte contre la corruption, l’ONG
Transparency International le classe parmi
les pays les moins touchés de l’ASS.
Cependant, le caractère autocratique du
pouvoir, les assassinats d’opposants, les
atteintes aux droits de la presse ainsi que
les fraudes électorales ont eu pour consé-
quences de mettre le Rwanda dans la ligne
de mire de nombreuses organisations inter-
nationales des droits de l’homme.
Politique extérieure
Dans le domaine diplomatique, le Rwanda
mène une politique résolument volonta-
riste, tant à l’échelon régional que sur la
scène internationale.
Il est membre de la Communauté écono-
République
démocratique de São
Tomé-et-Principe
Un nouveau président qui
bénéficiera de la manne pétrolière
L’archipel de São Tomé-et-Principe est un pays classé parmi les plus pauvres
du monde. Cette situation pourrait, à court terme, s’inverser puisque
d’importants gisements de pétrole offshore sont en passe d’être exploités.
T
endances économiques
L’essentiel des ressources éco-
nomiques de la République
démocratique de São Tomé-
et-Principe (STP) provient de
l’agriculture, de la pêche (16,5 % du PIB)
et du tourisme. La perspective de devenir
un pétro-État, à l’horizon 2014, changera le
profil économique du pays.
L’agriculture reste peu performante, elle
emploie cependant 60 % de la population
et représente 17 % du PIB. L’agriculture
vivrière n’assure pas la sécurité alimen-
taire de l’archipel qui doit avoir recours
aux importations de 90 % de ses produits
alimentaires. L’agriculture de rente est
essentiellement liée au cacao. La reprise
50
mique des pays des Grands Lacs, et de
l’EAC.
Ses relations avec la République démocra-
tique du Congo, après des décennies de
tensions, restent erratiques. Aujourd’hui,
la RDC accuse son voisin de soutenir les
rebelles du Nord-Kivu. Ce que le Rwanda
dément.
Les États-Unis et le Royaume-Uni, alliés
traditionnels du Rwanda, ont pris leurs
distances avec Kagame, lui reprochant les
dérives de sa gouvernance, le pillage des
richesses minérales de la RDC et son sou-
tien apporté aux rebelles congolais.
Dans ce contexte, les relations diploma-
tiques avec la France se sont améliorées.
Le président Kagame a besoin de la France
pour poursuivre sa politique économique et
la France peut reprendre pied dans la région
des Grands Lacs depuis les événements de
à la hausse des cours mondiaux a vitalisé
les exportations qui représentent 88 % de
la production.
En attendant les pétrodollars et les IDE,
l’archipel reste dépendant de l’aide interna-
tionale (74 % des ressources budgétaires).
Plus de 50 % des Santoméens, en particulier
dans les zones rurales, vivent dans la pau-
vreté, voire l’extrême pauvreté.
Pour ce qui concerne la pêche, un accord
passé avec l’UE autorise la pêche indus-
trielle avec une contrepartie financière dont
une moitié est destinée à soutenir la politi-
que halieutique de São Tomé-et-Principe.
Dans l’immédiat, pétrole et gaz ne sont pas
encore au rendez-vous. Les experts tablent
sur des réserves de 2 milliards de barils de
1994. Par ailleurs, le rapport disculpant les
neuf dirigeants rwandais accusés de l’atten-
tat contre Juvenal Habyarimana a permis de
lever un obstacle de taille dans le processus
de normalisation entre Paris et Kigali.
Parmi les pays émergents, c’est la Chine qui
est la plus impliquée économiquement et
diplomatiquement.
Défense
Les forces armées rwandaises (FDR) com-
prennent une armée de terre de 33 000
hommes. Elle sont sujettes à des crises
internes en raison de la dualité Hutus-Tut-
sis. Les forces de défense locales (2 000
hommes) ont un rôle de garde nationale.
Elles déploient un contingent important au
sein de la Minuad, dont la composante mili-
taire est commandée par un officier général
rwandais. l
são tomé-et-principe
Population : 165 397 hab.
Densité : 172 hab./km²
PIB : 0,2 milliard $
PIB par habitant : 1 382 $
Rang IDH : 144/187
Monnaie : 1 € = 24 273,3 dobras
Chef de l’état : Manuel Pinto da Costa
Régime de l’état : présidentiel
brut. Les puits de forage seront opération-
nels à l’horizon 2014-2015. Le français Total
est sur les rangs pour l’exploitation d’un
gisement. Au-delà de l’arrivée des capi-
São Tomé-et-Principe
La Revue d’études - juillet 2012

taux étrangers, la nouvelle donne pétrolière
devrait, entre autres, générer de nombreux
travaux d’infrastructures, favoriser la
modernisation des voies de communication
et participer à la résorption du chômage qui
affecte 26,8 % de la population active, en
particulier les jeunes.
Le tourisme fait l’objet d’une priorité du
Gouvernement qui veut en faire un des
principaux moteurs de son économie.
Depuis janvier 2010, la devise nationale,
le dobra, est arrimée à l’euro par le biais
d’un accord économique
passé avec le Portugal. Le
taux de croissance pourrait Le tourisme
atteindre 6 % en 2012. fait l’objet d’une
Politique intérieure
priorité du
L’ex-président, Fradique de Gouvernement.
Menezes, réélu en 2006, et qui
ne pouvait pas se représenter, a été remplacé
en 2011 par Manuel Pinto da Costa, 74 ans.
Ce dernier avait déjà dirigé le pays de 1975 à
1990. Son rival, Evaristo Carvalho appartient
au parti Action démocratique indépendante
(ADI) dont est issu Patrice Trovoada, l’actuel
Premier ministre. Cette cohabitation est por-
teuse d’instabilité à venir.
Le nouveau chef de l’État hérite d’une situa-
tion politique et sociale fragile. Pour l’heure,
Zambie
Un nouveau président
La Zambie est le premier producteur de cuivre du continent. Toutefois,
à l’instar de beaucoup de pays d’Afrique, les bénéfices de ces richesses
ne profitent pas à 60 % de la population qui vit au-dessous du seuil de
pauvreté. Cette situation a été fatale à l’ex-président Rupiah Banda qui a
perdu les élections. .
T
endances économiques
Les trois moteurs de l’écono-
mie zambienne sont l’agricul-
ture, l’exploitation minière et
le tourisme.
L’agriculture, qui a un fort potentiel, contribue
au PIB à hauteur de 22 %. Les cultures vivriè-
res permettent au pays d’assurer sa sécurité
alimentaire et d’exporter ses excédents vers
les pays voisins. Les cultures de rente, coton,
café et tabac ont également connu des pro-
ductions à la hausse en 2010-2011.
La Revue d’études - juillet 2012
il doit faire face à la trilogie pauvreté, chô-
mage, corruption. Ultérieurement, il devra
gérer la nouvelle dimension de cet État
pétrolier, éviter le « Dutch disease » (ou mal
hollandais, phénomène économique qui
relie exploitation deressources naturelles et
déclin de l’industrie manufacturière locale),
et surtout que la corruption ne s’amplifie
lorsque les royalties liées aux concessions
pétrolières arriveront dans le pays.
Politique extérieure
São Tomé-et-Principe, en
dépit de sa taille, est appelé,
grâce à ses futures ressour-
ces pétrolières, à devenir un
acteur significatif à la fois
sur le plan économique et
stratégique, non seulement
en Afrique de l’Ouest mais
également sur le plan international.
Dans ce contexte, il développe des relations
avec le Nigeria avec lequel il possède une
Zone de développement conjoint (JDZ)
pour l’exploitation pétrolière.
Par ailleurs, il est résolument tournée vers
l’espace lusophone (Portugal, Angola et
Brésil) et appartient à la Communauté des
pays de langue portugaise.
La perspective des nouveaux gisements de
La Zambie est le premier producteur afri-
cain de cuivre (80 % des recettes d’expor-
tation). Après une période de fluctuation
et de récession, la reprise à la hausse des
cours mondiaux a contribué à stabiliser
une économie atone et un secteur qui avait
connu de grosses difficultés.
Au moment de la crise les pays avancés
avaient ralenti ou abandonné leurs activi-
tés en Zambie. Cette situation a permis aux
émergents – Chine, Inde et Brésil – de pren-
dre les places laissées vacantes.
dossier
pétrole et de gaz santoméens ne manquera
pas d’aiguiser la compétition entre les pays
importateurs, occidentaux et asiatiques.
Enfin, les enjeux économiques, stratégiques
et sécuritaires du golfe de Guinée incitent
la Communauté internationale, particuliè-
rement les États-Unis et la France, à mener
des actions concertées avec les pays limi-
trophes dans la perspective de sécuriser les
routes maritimes.
Même si São Tomé compte parmi les qua-
tre derniers pays en Afrique à reconnaître
Taïwan, la Chine figure cependant parmi les
principaux investisseurs de l’archipel dans
le secteur pétrolier. À ce jour, rien ne semble
indiquer qu’elle renoncera à un marché qui
devrait répondre à ses exigences énergéti-
ques grandissantes.
Défense
Les forces armées comprennent 900 hom-
mes. L’archipel se dote de garde-côtes avec
l’aide technique et financière de l’Union
européenne et surtout des États-Unis pour
la surveillance de ses approches maritimes
et de ses zones d’exploitation.
São Tomé-et-Principe et le Nigeria ont créé
une commission militaire conjointe pour
sécuriser leur zone commune d’exploitation
pétrolière. l
Zambie
Population : 12 900 000 hab.
Densité : 18 hab./km²
PIB : 18,4 milliards $
PIB par habitant : 1 355 $
Rang IDH : 164/187
Monnaie : 1 € =6 535,35 kwachas
zambiens
Chef de l’état : Michael Sata
Régime de l’état : présidentiel
Avec plus de 5 milliards de dollars d’inves-
tissements, dans les cinq années à venir,
Pékin confortera sa place de premier inves-
tisseur étranger en Zambie.
Le secteur touristique devrait devenir une
source durable de croissance grâce à un fort
potentiel (aéroports, infrastructures hôteliè-
res, 19 parcs nationaux) et à la stabilité du
pays. Dans cette filière également, le Gou-
vernement attend beaucoup des investis-
seurs étrangers. La croissance progresse et
pourrait atteindre 6,7 % en 2012.
Politique intérieure
L’année 2011 a été une année électorale pour
le peuple zambien qui a élu, en septembre,
son président et ses députés.
51
dossier Corne de l’Afrique

res qui se font attendre. politiques et économiques avec la puissance

La Zambie
L’ex-président, Rupiah Banda et son
parti, le Mouvement pour une démocratie
multipartite (MMD), ont été battus. C’est son
vieil opposant, Michael Sata, 74 ans, leader
du Front patriotique (PF), battu en 2008, qui
a largement remporté cette élection.
La tâche de Sata est considérable. Elle passe
d’abord par la lutte contre la corruption. En
dépit de l’éviction de plusieurs hauts fonc-
tionnaires corrompus le pays reste gangrené.
Ensuite, la réduction du chômage et de la pau-
vreté – 64 % des Zambiens vivent au-dessous
du seuil de pauvreté, en particulier dans les
zones rurales – et les inégalités perdurent.
Quelques mois après les élections et au
début de l’année 2012, des grèves violentes
ont éclaté dans les exploitations minières
pour réclamer des augmentations de salai-
La désignation de Guy
Scott, blanc, fils de colon
britannique, au poste de
vice-président, fait débat
tout comme le soutien au
président du Zimbabwe,
Mugabe.
Pendant sa campagne élec-
torale, Sata avait stigmatisé
la mainmise chinoise sur
l’économie zambienne,
en particulier dans les
exploitations minières. Il
a dû faire marche arrière
compte tenu de l’impor-
tance des investissements de la Chine dans
l’économie nationale.
Enfin, en dépit de l’augmentation du budget
de la santé, le taux de préva-
lence du sida figure parmi les
plus élevé de l’ASS.
64% des
Zambiens vivent
Politique extérieure au-dessous
Sur le plan diplomatique, la
Zambie fait figure d’îlot de du seuil
stabilité et de paix dans un de pauvreté.
environnement précaire et
crisogène.
Elle tient une place significative au sein de
plusieurs organisations régionales (Comesa,
Communauté pour le développement de
l’Afrique australe) et internationales. Elle est
membre du Commonwealth. Ses relations
régionale, la RSA, sont soutenues.
Les États-Unis restent un des principaux
donateurs bilatéraux.
Ses liens économiques et politiques avec la
Chine sont forts mais en passe de connaître
une forte concurrence avec l’Inde au cours
des prochaines années. Hormis le Royaume
Uni, ses relations économiques avec l’UE
sont moindres (moins de 9 %).
Sa récente victoire à la dernière Coupe
d’Afrique des nations (CAN) lui a valu
un regain de popularité sur l’ensemble du
continent africain.
Défense
Les forces armées zambiennes (FAZ)
comptent 15 000 hommes. Ses principa-
les missions sont des missions de sécurité
intérieure, notamment la sur-
veillance de ses frontières avec
les pays limitrophes en crise
(RDC, Zimbabwe). Bien que
les effectifs de l’armée de l’air
voisinent les 1 600 hommes,
ses capacités opérationnelles
et ses moyens sont limités.
L’essentiel de son parc est
constitué de matériels chinois.
La Zambie est un des principaux contribu-
teurs de forces au profit des missions ONU
de maintient de la paix. Ces forces font par-
tie de la brigade de L’Afrique de l’Est dans le
cadre de l’African Standby Force. l

Corne de l’Afrique djibouti

République de Djibouti
Population : 888 716 hab.
Densité : 38 hab./km²
PIB : 1,3 milliard $
Rang IDH : 165/187

Un point d’appui stratégique et un Monnaie : 1 € = 230,27 francs

djiboutiens

carrefour économique en devenir Chef de l’état : Ismaïl Omar Guelleh

Régime de l’état : présidentiel

Ce petit État, remarquablement situé dans le golfe d’Aden, est

à la fois une tête de pont vers le Moyen-Orient, une base militaire ports et des aéroports, une zone franche, les
internationale et un futur « hub » économique de l’Afrique de l’Est. services douaniers et a mis en chantier un
complexe hôtelier ultra-moderne.
La Russie et surtout la Chine maintiennent
une présence forte par le biais de plusieurs
accords signés pour la construction d’une

T
endances économiques
L’économie djiboutienne repose
essentiellement sur les activités
commerciales et sur la rente
qu’elle retire de la présence
sur son territoire des contingents militaires
internationaux.
La République de Djibouti bénéficie de l’af-
fluence des capitaux arabes et chinois.
L’émirat de Dubaï contrôle l’exploitation des
centrale électrique, d’un terminal gazier et
la prospection de ressources géothermiques
sur le lac Assal. À l’horizon 2020, Djibouti
pourrait acquérir sa totale indépendance
énergétique grâce à cette ressource associée
à celle issue de l’énergie solaire.

52 La Revue d’études - juillet 2012


Enfin, les perspectives de ressources pétro-
lières se font jour comme en atteste le
contrat de prospection, offshore et onshore,
signé en septembre 2011 avec la compagnie
Oyster and Oil.
La modernisation des installations portuai-
res, en particulier celles du port de Tadjourah
et du port de Doraleh, qui devrait passer,
pour ce dernier, de 800 000 à 1,3 million
de containers, est susceptible de doper la
croissance dans les prochaines années.
L’Éthiopie est la principale bénéficiaire de ce
commerce de transit (80 % de l’activité).
Par ailleurs, la présence de contingents mili-
taires provenant de la base
interarmées française, d’une À l’horizon
base américaine et d’une base
japonaise abonde l’économie
2020, Djibouti
djiboutienne à hauteur de pourrait acquérir
93 millions d’euros par an.
Cette double rente, portuaire
sa totale
et militaire, ne suffit cepen- indépendance
dant pas à faire décoller énergétique.
l’économie d’un pays qui
se classe parmi les plus pauvres. L’État est
endetté à 60 % de son PIB et le chômage
frappe près de 56 % de la population active.
La sécheresse qui règne sur toute la Corne
de l’Afrique a de surcroît fortement affecté
la population dont près d’un tiers se trouve
dans un état de famine significatif.
L’aide internationale demeure toujours
indispensable. La croissance pourrait attein-
dre 4,9 % en 2012.
Politique intérieure
En avril 2011, le président Ismaël Omar
Guelleh a été réélu pour un troisième
mandat, grâce à un amendement constitu-
République d’érythrée
« La Corée du Nord de l’Afrique »
L’Érythrée, en dépit de multiples condamnations par la Communauté
internationale, reste le principal agitateur des crises politiques et
militaires qui sévissent dans la Corne de l’Afrique.
T
endances économiques
L’Érythrée se situe parmi les
pays les plus pauvres de la pla-
nète. Ses dépenses militaires
sont élevées (3,56 % du PIB)
La Revue d’études - juillet 2012
tionnel qui lui permettait de se représenter,
avec 80 % des suffrages exprimés. Comme
en 2005, l’opposition avait boycotté le scru-
tin. Le parti du président – l’Union pour la
majorité présidentielle (UMP) – contrôle la
totalité du Parlement. L’opposition, faible
et divisée, est marginalisée et le caractère
autoritaire du pouvoir est patent.
Politique extérieure
Au plan régional, Djibouti entretient avec
le voisin éthiopien des relations diplomati-
ques et économiques étroites. En revanche,
l’antagonisme perdure avec l’Érythrée au
sujet du différend frontalier
du Ras Doumeïra. En dépit
des résolutions de l’ONU,
aucune avancée significative
ne semble se faire jour sur
cette question.
Dans le contexte de sa repré-
sentation au niveau mondial,
quatre ambassades ont été
ouvertes en 2011 (Afrique du
Sud, Allemagne, Koweït et Russie).
Djibouti reste un point clé pour ce qui
concerne le contrôle du « choke point » de
Bab el-Mandeb et dans le cadre de la lutte
menée par le monde occidental contre le
terrorisme, la piraterie maritime, ainsi que
pour les opérations spéciales au Yémen ou
dans la Corne de l’Afrique.
Cet État-garnison regroupe sur son territoire les
forces des États-Unis, de la Grande-Bretagne
et de l’Espagne, auxquelles s’ajoute la pré-
sence traditionnelle française (allégée depuis
les accords de décembre 2011). L’Allemagne,
pour sa part, entretient sur son sol 3 900 mili-
taires. Les forces d’autodéfense japonaises
et obèrent le budget d’une économie en
récession.
L’agriculture est le pivot de l’économie.
Elle concerne 80 % de la population active.
Très durement impactée par la sécheresse
dossier
Djibouti
(650 hommes) y stationnent dans le cadre de
la lutte contre la piraterie maritime.
Les relations politiques, économiques et
militaires avec la France restent pérennes.
Celle-ci est toujours le premier bailleur de
fonds bilatéral, ciblés sur l’éducation, la
santé et le développement des infrastruc-
tures urbaines.
Défense
Djibouti dispose d’un budget de la défense
significatif, en partie grâce à l’aide améri-
caine.
Le volume des forces armées djiboutiennes
(FAD) est de 8 500 hommes. La sécurité
extérieure du pays étant dévolue aux forces
françaises (FFDJ) et américaines.
Les missions confiées à cette armée sont
essentiellement des missions de sécurité
intérieure et de contre-insurrection.
La marine djiboutienne (380 hommes)
prend part aux opérations contre la piraterie
maritime (opération « Atalante »).
Les FAD font partie de l’East African Stan-
dby Brigade mise sur pied par l’UA. l
érythrée
Population : 5 200 000 hab.
Densité : 44 hab./km²
PIB : 2,6 milliards $
PIB par habitant : 473 $
Rang IDH : 177/187
Monnaie : 1 € = 19,14 nafkas
Chef de l’état : Issayas Afewerki
Régime de l’état : présidentiel
qui affecte toute la corne de l’Afrique, elle
ne parvient pas à satisfaire les besoins du
pays qui figure au rang des plus touchés
par l’insécurité alimentaire dans cette
région. Plus de la moitié de la population
ne peut subsister que par le biais de l’aide
alimentaire internationale.
Le Gouvernement place beaucoup d’es-
poirs dans l’exploitation des ressources
53
dossier Corne de l’Afrique
L’érythrée
minérales. L’exploitation du zinc, du
cuivre et surtout de l’or dans la région
de Bisha, et de Zara par des entreprises
canadienne et australienne (Nevsun et
Chalice Gold Mines), donne d’ores et déjà
des résultats prometteurs et sont suscepti-
bles de doper la croissance. Au total, près
d’une vingtaine d’entreprises étrangères
sont engagées dans l’étude, l’exploration
et les activités minières en Érythrée.
Le pays souffre d’une pénurie de pétrole
depuis la chute de Kadhafi, qui consen-
tait, avec des conditions particulièrement
avantageuses à « son ami » Afewerki, des
approvisionnements en pétrole libyen.
L’économie est en faillite. Son carac-
tère dirigiste et autarcique la fragilise et
nécessiterait un besoin urgent de réfor-
mes structurelles. Compte tenu de la
situation sécuritaire et de la gouvernance
dictatoriale du pays, les IDE sont quasi
inexistants.
La population érythréenne dépend en
grande partie des transferts financiers
de la diaspora, qui compte un million de
personnes, ce qui représente près d’un
milliard de dollars par an. Toutefois, ces
transferts connaissent une stagnation, liée
à la situation économique et au chômage
dans les pays occidentaux.
122 millions d’euros ont été versés par
l’Union européenne, dans le cadre du
10e FED (2008-2013) mais, en novembre
2011, le Gouvernement a pris la décision
de suspendre cette aide financière.
La croissance pourrait atteindre 7 % en
2012.
Politique intérieure
Sous la férule autocratique et ultranatio-
naliste de son président, Issayas Afeworki,
et du parti unique, le Front populaire
54
pour la démocratie et la justice (FPDJ),
l’Érythrée est selon les ONG « une prison
à ciel ouvert ».
Le pays n’a pas connu d’élections natio-
nales depuis 1993. Aucun parti politique
n’est autorisé et la presse non gouverne-
mentale reste interdite. Pour la cinquième
année consécutive, l’Érythrée figure au
dernier rang des pays où la liberté de la
presse n’est pas respectée (179e).
Depuis le déclenchement des « printemps
arabes », les libertés publiques se sont
davantage restreintes. Les
arrestations arbitraires de
politiciens, d’opposants Depuis 2002,
politiques (entre 10 000 et le processus
30 000 sont emprisonnés)
et de journalistes se sont
de paix entre
multipliées. Le contrôle l’éthiopie et
des médias et la cybercen- l’érythrée est au
sure se sont notoirement
durcis. point mort.
Selon l’ONU, plusieurs mil-
liers de réfugiés érythréens se trouvent
dans des camps, dans l’Est du Soudan,
et vivent dans des situations d’indigence
et de précarité aiguës. Depuis décembre
2011, les ONG étrangères ont dû quitter
le pays et les agences de l’ONU devront
cesser leurs activités fin 2012.
L’opposition qui a fondé, en 2002, l’Al-
liance des forces nationales érythréennes
(AENF) dispose d’un Parlement en exil
en Éthiopie et bénéficie d’appuis au Sou-
dan, au Yémen ainsi qu’en Europe et en
Amérique du Nord. Pour l’heure, elle est
incapable de mobiliser une population
résignée et étroitement surveillée.
Une rumeur avait fait état d’une grave
maladie et de la mort d’Issayas Afeworki,
en mars 2012. L’intéressé a démenti l’in-
formation en apparaissant sur les médias
officiels et en agitant le spectre d’un com-
plot ourdi par l’Occident.
Politique extérieure
L’Érythrée est fortement impliquée dans
toutes les crises qui secouent régulière-
ment la sous-région.
Depuis 2002, le processus de paix entre
l’Éthiopie et l’Érythrée est au point mort.
Cet antagonisme a pour conséquence la
fermeture des frontières, la quasi-absence
de relations diplomatiques et économiques
entre les deux pays. En mars 2012, les for-
ces spéciales éthiopiennes ont lancé un
raid contre une base militaire érythréenne
suspectée d’abriter des rebelles.
Le 6 décembre 2011, le Conseil de sécu-
rité de l’ONU a condamné Asmara pour
son action déstabilisatrice en Somalie et
la tentative d’attentat contre le Sommet
de l’UA à Addis-Abeba, en janvier 2011.
Le différend frontalier avec Djibouti qui
fait l’objet d’une médiation qatarie, n’est
toujours pas résolu.
Une petite fraction de l’opposition soma-
lienne, l’Alliance pour la re-libération de
la Somalie-branche Asmara,
séjourne toujours dans la
capitale érythréenne.
Un contentieux subsiste éga-
lement avec le Yémen qui
accuse l’Érythrée d’apporter
son soutien à la rébellion
houthiste au Nord-Yémen.
L’appui fourni aux rebelles
soudanais, au sud, à l’est et
au Darfour avait provoqué
une rupture des relations avec le Soudan.
Depuis 2009, on assiste à une normalisa-
tion entre les deux États. Dans ce nouveau
contexte, le président Afeworki s’est rendu
à deux reprises à Khartoum, en octobre
2011.
En raison de son implication dans les crises
et de son refus de rechercher des solutions
de compromis, l’Érythrée demeure très
isolée sur la scène internationale.
Elle a suspendu ses relations avec l’UA et
ses rapports avec le monde occidental res-
tent limités (Italie, France). Les tensions
avec les États-Unis demeurent vives.
Afin de sortir de son isolement sur la
scène internationale, l’Érythrée développe
ses relations avec la Chine et l’Iran qui
disposerait d’une base militaire à Assab.
Défense
Les forces armées de l’Érythrée s’élèvent
à 202 000 hommes auxquels il convient de
rajouter une réserve de 100 000 hommes.
Ces volumes la situent parmi les plus for-
tes de la sous-région.
La durée du service et les conditions de
vie particulièrement pénibles au sein de
cette armée génèrent des désertions nom-
breuses de recrues vers les pays riverains
(Égypte, Éthiopie, Soudan). Par ailleurs
une réorganisation visant paralyser toute
tentative de défection et de trahison des
chefs militaire est en cours. l
La Revue d’études - juillet 2012

République fédérale
et démocratique
d’éthiopie
Une réussite économique
exceptionnelle
Des performances économiques significatives, une réconciliation
nationale toujours indispensable.
Si le Rwanda peut faire figure de référence en matière économique, la
gouvernance de son président reste pour le moins contestable.
T
endances économiques
L’économie éthiopienne repose
essentiellement sur l’agricul-
ture qui fait vivre 85 % de la
population. Son agriculture de
rente repose sur trois productions princi-
pales, le café (1er rang continental, 3e rang
mondial) le coton et le thé. Elles sont néan-
moins très dépendantes des cours mon-
diaux. L’Éthiopie détient par ailleurs un
des plus importants cheptels de l’ASS.
En revanche, les nombreux aléas clima-
tiques (sécheresses) qui ont affecté le
pays ces derniers mois, la médiocrité des
infrastructures de transport (seulement
49 000 km de route) ajoutés aux manques
de réformes structurelles grèvent ses ren-
dements.
L’éthiopie
La Revue d’études - juillet 2012
L’Éthiopie reste très vulnérable dans le
domaine de la sécurité alimentaire, et
dépend toujours de l’aide alimentaire
internationale alors que, dans le même
temps, elle loue ses terres les plus pro-
ductives à des entreprises
étrangères. Le Premier
Le pays connaît de sévères
pénuries d’électricité qui ont ministre,
des répercussions négatives Meles Zenawi,
sur l’économie nationale.
Afin de porter remède à cette
détient tous
carence, le Gouvernement les pouvoirs.
a lancé un ambitieux pro-
gramme hydroélectrique. Plusieurs grands
barrages (Gibe III sur la rivière Omo et
surtout celui de La Grande Renaissance
éthiopienne, sur le Nil bleu) sont mis en
service. Ce programme fait polémique
dans la mesure ou il génère des tensions
avec le Soudan et l’Égypte, qu’il a fait l’ob-
jet d’emprunts obligatoires auprès de la
population et qu’il a un impact humain
et environnemental défavorable.
Depuis l’indépendance de l’Érythrée,
l’Éthiopie ne dispose plus de porte mari-
time. Près de 90 % de ses échanges pas-
sent par les ports de Djibouti et de Doraleh
voire par le port somalien de Berbera. La
croissance du PIB pourrait atteindre 5,5 %
en 2012.
Politique intérieure
Le Premier ministre, Meles Zenawi,
détient tous les pouvoirs. Le président de
la République fédérale et démocratique
d’Éthiopie, Girma Welde Giorgis, qui a
été réélu pour six ans en octobre 2007,
n’a qu’un rôle protocolaire et consultatif.
dossier
éthiopie
Superficie : 1 104 300 km²
Population : 83 100 000 hab.
Densité : 77 hab./km²
PIB : 30,5 milliards $
PIB par habitant : 351 $
Rang IDH : 174/187
Monnaie : 1 € =22,13 birrs
Chef de l’état (honorifique) : Girma
Welde Giyorgis
Chef du Gouvernement, détient le
pouvoir : Meles Zenawi
Il ne détient aucun pouvoir. Hospitalisé en
mars 2012 en Arabie saoudite, une rumeur
a fait état de son décès.
Meles Zenawi et son parti, le Front révo-
lutionnaire et démocratique du peuple
éthiopien (EPRDF), verrouillent toute la
vie politique. Les partis d’opposition, la
presse nationale et internationale ainsi
que les ONG sont rigoureusement contrô-
lés par le pouvoir et soumis aux rigueurs
de lois anti-terroristes répressives.
Dans un tel contexte, la faible marge de
manœuvre de l’opposition, réunie au
sein de L’Alliance du Medrek,
exclut un réel processus
démocratique.
S’il tient fermement le
pays, Zenawi reste toujours
confronté à des menaces
irrédentistes, attisées et ali-
mentées par L’Érythrée :
- celle du Front de libération
oromo (OLF) dans le sud et l’ouest de
l’Éthiopie ;
- celle du Front démocratique révolution-
naire afar qui revendique les terres afar en
territoire érythréen ;
- celle du Front national de libération de
l’Ogaden (ONLF). Cette rébellion armée
opère au sud-est du pays, dans l’Ogaden.
Politique extérieure
L’environnement régional belligène de
l’Éthiopie conduit celle-ci à mener une
politique extérieure à la fois défensive et
offensive.
La décennie écoulée a été marquée par la
fin du conflit avec l’Érythrée. Cependant
les conséquences humaines, économiques
et diplomatiques de cet antagonisme per-
durent.
Le processus de paix est au point mort.
Le différend frontalier entretient un foyer
de tensions permanent. L’Éthiopie n’a pas
retiré ses troupes de la région de Badme,
attribuée à l’Érythrée. En mars 2012,
une attaque éclair a été menée en
55
dossier Corne de l’Afrique
territoire érythréen contre une base
sensée abriter des groupes rebelles. Elle
répondait, entre autres, à une action au
cours de laquelle cinq touristes européens
avaient trouvé la mort dans le nord de
l’Éthiopie.
L’armée éthiopienne intervient également
en Somalie, depuis novembre 2011. Si la
version officielle est celle d’un appui à
l’offensive kényane, d’autres observateurs
estiment que cette intervention lui permet-
tra de limiter les exigences territoriales du
Kenya sur la région sud de la Somalie.
Somalie
Archétype de l’état failli
En Somalie, pays fragmenté en fiefs tribaux, factions religieuses rivales et
régions sécessionnistes, règnent la violence, la corruption et la famine. En
mer, en dépit de la présence de plusieurs forces navales internationales,
les pirates poursuivent leurs méfaits et déplacent leur champ d’action en
mer Rouge et dans l’océan Indien.
T
endances économiques
La situation de guerre civile
que connaît la Somalie depuis
vingt ans a rendu illusoire
une activité économique qui
réponde aux critères habituels. Celle-ci
reste surtout informelle. Seul le commerce
demeure encore actif et se concentre dans
les villes. Les rares statistiques disponibles
Somalie
56
Addis-Abeba n’a pas reconnu l’existence
du Soudan du Sud. Elle redoute que ses
provinces du sud-ouest, où se trouvent
des ethnies similaires à celles du Soudan
du Sud, soient tentées à leur tour par des
revendications sécessionnistes.
Pour les pays occidentaux, l’Éthiopie reste
un allié essentiel dans la lutte contre l’is-
lamisme et les menaces que fait peser la
mouvance d’ Al-Qaïda sur cette région et
sur le Proche-Orient.
L’Éthiopie est membre de l’Autorité inter-
gouvernementale pour le développement
sont dépassées et leur fiabilité douteuse.
L’agriculture demeure la principale acti-
vité. Elle concerne 70 % de la
population. Les exportations
de bétail (54 %) et de bana-
Les
nes constituent l’essentiel exportations
des revenus d’une économie
chaotique. Les ressources
de bétail et
halieutiques sont importantes de bananes
(10 % des exportations) mais constituent
sous-exploitées par les Soma-
liens. Elles sont pillées par les
l’essentiel des
navires de pêche étrangers et revenus.
polluées par des déchets toxi-
ques déchargés par des réseaux mafieux.
L’exploitation des ressources minières est
en totale déshérence. L’ampleur des des-
tructions d’infrastructures, conjuguée au
climat d’insécurité, rend vaine toute tenta-
tive de reprise d’activité. La production de
charbon de bois est importante. Elle contri-
bue cependant à désertifier les sols et les
bénéfices de ce commerce permettent aux
Shebbab de financer leur guerre.
La Chine et les occidentaux sont en com-
pétition pour obtenir des droits sur les
gisements pétroliers du Puntland qui,
depuis janvier 2011, a autoproclamé son
autonomie.
(IGAD), qui regroupe six pays de la région.
Elle joue un rôle significatif au sein de
cette instance. Enfin, c’est à Addis-Abeba
que se trouve le siège de l’Union afri-
caine.
Défense
L’Éthiopie dispose de sept divisions soit
140 000 hommes. L’armée de l’air dispose
d’un parc de 45 avions de combat et de
37 hélicoptères. L’armée éthiopienne est
dans une posture d’alerte permanente. Sa
valeur opérationnelle est avérée. l
somalie
Population : 9 300 000 hab.
Densité : 15 hab./km²
PIB : ND
PIB par habitant : ND
Rang IDH : ND
Monnaie : 1 € = 2 057,88 shillings
somaliens
Chef de l’état : Cheikh Sharif Cheikh
Ahmed
Régime de l’état : Gouvernement de
transition
En revanche, dans ce contexte anarchi-
que, deux secteurs affichent des résultats
significatifs : les transferts de revenus en
provenance de la diaspora (près de 1,5 mil-
liard de dollars par an) et les entreprises de
télécommunications. La Soma-
lie dispose actuellement de
réseaux de téléphonie mobile
performants, spécialisés
notamment dans les transferts
de liquidités.
Enfin, la famine qui sévit
affecte près de 70 % de la
population. Celle-ci dépend
de l’assistance alimentaire
mondiale. Cette aide est fré-
quemment détournée par les
exactions et les pillages qu’exercent les
islamistes radicaux ou les diverses milices
qui interdisent en outre aux ONG d’œuvrer
au profit des populations sinistrées.
Politique intérieure
Après l’intervention éthiopienne (2006-
2009) en Somalie, qui se solde par un échec
dans la mesure où les groupes islamistes
n’ont pas été éradiqués, un Gouvernement
fédéral de transition (GFT) tente de main-
tenir un semblant de pouvoir sur un État
en totale désorganisation.
Les tribunaux islamiques reviennent sous
une autre forme, celle des milices du Hez-
La Revue d’études - juillet 2012

bollah Al-Islamiya, de Cheikh Hassan
Dahir Aweys et des groupes Al-Shebbab
al-Moudjahidin, sous l’auto-
rité du Cheik Abu Zubeyr
qui a officiellement rejoint
La piraterie
Al-Qaïda. maritime
Le 31 janvier 2009, Cheikh
Sharif Cheikh Ahmed, chef
a connu une
des islamistes modérés, diminution
ancien chef des tribunaux des attaques au
islamiques, est élu prési-
dent par le Parlement réuni cours de
à Djibouti. Il reçoit le sou- l’année 2011.
tien de la Communauté
internationale et tente une politique de
réconciliation et d’ouverture aux groupes
armés, sans succès.
Si le GFT perdure c’est grâce à la présence
des troupes de l’Amisom. D’abord consti-
tuées de soldats burundais et ougandais,
l’ONU a voté, en février 2012, l’aug-
mentation des effectifs qui s’élèveront à
18 000 hommes, en y incluant plusieurs
contingents de pays africains, notamment
ceux de la Sierra Leone et du Kenya déjà
engagés sur le terrain. Elles ont enregistré
quelques succès significatifs. En août 2011,
les Shebbab ont évacué Mogadiscio et se
sont repliés sur Baïdoa qu’ils abandonnent
en février 2012, face aux troupes éthiopien-
nes et du GFT.
Il est prévu que le GFT soit remplacé, en
Afrique orientale
République de Maurice
Une bonne santé économique
mais une société inégalitaire
La République de Maurice est souvent citée pour sa bonne gouvernance,
pour la réussite et la résilience de son économie, mais cette réputation est
entachée par la pauvreté et les inégalités qui tendent à la hausse.
T
endances économiques
Les trois volets traditionnels de
l’économie mauricienne, l’in-
dustrie sucrière, le textile et le
tourisme viennent de connaître
une décélération de leurs activités. Essen-
tiellement dépendantes des exportations
La Revue d’études - juillet 2012
août 2012, par une autorité intérimaire en
attendant la mise en place d’un président,
d’un Parlement et d’une nou-
velle Constitution.
Politique extérieure
En février 2012, une confé-
rence sur la Somalie, initiée
par la Grande-Bretagne, et réu-
nissant près de 40 pays s’est
tenue à Londres. L’objectif
visé était d’examiner l’ave-
nir politique, économique et
humanitaire de cet État et de
lancer un appel à la Communauté interna-
tionale pour l’aider à sortir de la crise.
État failli, la Somalie exporte sa crise chez
ses voisins. Les pays de la sous-région,
l’Érythrée, l’Éthiopie, Djibouti, le Kenya,
et l’Ouganda sont impliqués et concernés
par la situation qui prévaut en Somalie.
L’Érythrée fournit un soutien aux isla-
mistes. En décembre 2011, le Conseil de
sécurité des Nations unies a sanctionné
Asmara pour son action déstabilisatrice
en Somalie.
Djibouti fournit un contingent à l’Amisom,
l’Éthiopie intervient militairement sur le
territoire somalien. Il n’est pas prévu
cependant qu’elle participe à l’Amisom.
Le Kenya intervient militairement, depuis
octobre 2011, dans le sud de la Somalie
vers l’UE, elles ont été victimes des effets
de la crise économique qui affecte l’Europe.
À ce triptyque s’ajoute un quatrième volet,
celui des services financiers, qui enregistre
des résultats positifs.
L’industrie sucrière est en déclin. Elle
bénéficie cependant d’une aide de l’UE, à
dossier
et fait l’objet d’attentats sur son territoire,
revendiqués par les Shebbab.
L’Ouganda et le Burundi, qui fournissent
des troupes à l’Amisom, ont été la cible
d’attentats islamistes sur leur territoire.
Pour ne pas laisser le cas somalien aux
seuls Occidentaux, le Qatar, la Turquie et
l’Iran conduisent des actions diplomati-
ques soutenues en Somalie. La Turquie est
fortement impliquée dans l’action huma-
nitaire.
La piraterie maritime a connu une dimi-
nution des attaques au cours de l’année
2011.
Celle-ci est liée aux déploiements de plu-
sieurs forces navales (Atalanta/UE, Ocean
Shield/OTAN, Combined Maritime Forces
(TF151) ainsi que des bâtiments d’autres
pays non inclus dans les précédentes for-
ces, auxquels s’ajoutent désormais des
sociétés de sécurité maritimes privées.
La seule solution militaire ne résoudra pas
ce problème. Celui-ci est avant tout d’ordre
politique et économique. L’absence d’auto-
rité centrale en Somalie assure une totale
impunité aux clans et factions qui se par-
tagent les bénéfices de la piraterie.
Défense
La Somalie ne possède pas d’armée. Le
GFT dispose d’environ 2 000 hommes issus
des milices. l
maurice
Population : 1 300 000 hab.
Densité : 636 hab./km²
PIB : 11 milliards $
PIB par habitant : 8 520 $
Rang IDH : 77/187
Monnaie : 1 € =36,15 roupies
mauriciennes
Chef de l’état : Anerood Jugnauth
(démission en mars 2012)
Chef du Gouvernement : Navin Ramgoolam
Régime de l’état : parlementaire
hauteur de 675 millions d’euros, pour la
période 2006-2015.
Le secteur de la pêche représente 1,8 % du
PIB et 18 % des exportations. Toutefois, les
accords portant sur l’exploitation des zones
de pêche accordés à l’UE ont provoqué de
nombreux mécontentements sociaux chez
les pêcheurs mauriciens.
L’île, qui possède un statut de zone franche
industrielle, a pu développer une industrie
manufacturière, notamment celle du textile.
Toutefois ce secteur est en perte de compé-
titivité. Les exportations, majoritaire-
57
dossier Afrique orientale
Maurice
ment vers l’Europe, notamment vers le
Royaume-Uni, sont en baisse.
Les recettes provenant du tourisme, moteur
de l’économie mauricienne, ayant chuté en
2009-2010, le Gouvernement avait prévu,
dans son budget 2011, de donner une
impulsion nouvelle au tourisme en visant
une clientèle en provenance des pays émer-
gents. Cette politique a porté ses fruits et le
bilan affiche une hausse significative pour
2010-2011.
Particulièrement performante pour ce qui
concerne le secteur financier, Maurice est
en tête de tous les pays du continent dans
les classements établis par les agences de
notation sociétales et financières interna-
tionales.
Si les trois quarts de ses exportations sont
à destination de l’Europe et des États-Unis,
Maurice entretient des relations économiques
de plus en plus soutenues avec le continent
asiatique (Inde et Chine en particulier).
Les Indiens accentuent leur présence et ont
pour objectif de faire de Maurice une desti-
Le Kenya
Une intervention en Somalie porteuse
de risques pour la stabilité intérieure
Le Gouvernement d’unité nationale, mis en place après l’épisode post-
électoral sanglant de 2007, a entériné un partage du pouvoir entre
la majorité présidentielle de Mwaï Kibaki et l’opposition. Le poste de
Premier ministre a été créé et échoit à l’opposant Raila Odinga et deux
postes de vice-Premiers ministres sont confiés respectivement à chacun
des partis.
58
nation médicale régionale. En 2012, le taux
de croissance devrait atteindre 4,1 %.
Politique intérieure
La République de Maurice fonctionne avec
un système parlementaire. Le président de
la République ne possède pas de pouvoir
décisionnel. Le Premier ministre, Navin
Ramgoolam, est chef du pouvoir exécutif.
Ce dernier, à la tête de son
parti (Parti travailliste) a
remporté le scrutin grâce à Les trois
une alliance inopinée avec quarts de ses
le parti d’opposition le Mou-
vement socialiste militant
exportations
(MSM) de Pravin Jugnauth, sont à destination
fils de l’ex-président de la
République.
de l’Europe et
Un scandale financier, en des états-Unis.
juillet 2011, mettant en
cause un membre du Gouvernement, a fra-
gilisé la posture de Ramgoolam qui s’est vu
contraint de remanier son Gouvernement et
qui ne dispose plus, aujourd’hui, que d’une
très faible majorité au sein du Parlement.
Le MSM qui a rejoint l’opposition et la
démission du président de la République,
Arnerood Jugnauth, ont donné à cette crise
politique une ampleur inhabituelle depuis
l’arrivée aux affaires de Ramgoolam.
Par ailleurs, en dépit de sa réussite écono-
mique, la société mauricienne comprend
encore de nombreuses poches de pauvreté
et les inégalités au sein de cette population
très composite, qui compte 8 % de chô-
meurs, perdurent.
L’île, qui est concernée par la menace que
fait peser sur son économie la piraterie
maritime, est étroitement associée à la
lutte conduite par la Communauté interna-
tionale. Un centre de détention, destiné aux
pirates capturés, est en construction.
Politique extérieure
La diplomatie mauricienne est particu-
lièrement volontariste. La République de
Maurice est membre de plusieurs organi-
sations internationales à vocation politique
et économique. Ses dirigeants pratiquent
une politique de non-alignement et entre-
tiennent de bonnes relations avec les pays
africains, les pays émergents et le monde
occidental.
Les principaux partenaires
commerciaux occidentaux
de Maurice sont l’Union
européenne, en particulier
la Grande-Bretagne, et la
France est son deuxième
partenaire commercial.
Ses relations avec l’Inde
(en raison notamment de
l’origine des deux tiers des
Mauriciens) sont fortes, ainsi qu’avec la
Chine et la RSA.
Maurice est membre du Commonwealth,
du Comesa, de l’Indian Ocean Rim Asso-
ciation for Regional Cooperation (IOR-ARC)
et de la SADC.
Sur son territoire se trouve le siège de la
Commission de l’océan Indien (COI), dont
elle assure actuellement la présidence. La
COI, conjointement avec la SADC, a œuvré
pour trouver une médiation dans la crise
malgache en 2011.
Défense
La République de Maurice n’a pas d’armée.
Elle est liée par un accord particulier de
coopération militaire avec la France, depuis
1979. Cette coopération concerne essen-
tiellement des actions dans le domaine du
maintien de l’ordre et de la gendarmerie
(une police de 7 000 hommes dont une
composante paramilitaire de 1 500). l
kenya
Population : 40 500 000 hab.
Densité : 69 hab./km²
PIB : 36,1 milliards $
PIB par habitant : 882 $
Rang IDH : 143/187
Monnaie : 1 € = 108,30 shillings
kényans
Chef de l’état : Mwaï Kibaki
Régime de l’état : présidentiel
La Revue d’études - juillet 2012

T
L’économie kenyane repose
sur trois secteurs clés (les
« 3 T ») : d’abord les transferts
de la diaspora qui représen-
tent la première ressource en devises,
ensuite la culture commerciale du thé
(2e ressource en devises), qui place le
Kenya en tête des exportateurs mondiaux,
enfin le secteur du tourisme (56 % du PIB)
mais qui connaît actuellement un fléchis-
sement en raison de la menace sécuritaire
liée à la crise somalienne.
L’horticulture, spécialement l’industrie
des fleurs coupées, deuxième volet du
secteur agricole, exporte à 80 % à desti-
nation de l’UE. Elle constitue la quatrième
ressource du pays et fait vivre près de
500 000 personnes.
L’agriculture reste très sujette aux aléas
climatiques et elle ne permet pas l’auto-
suffisance alimentaire. La famine qui sévit
en Afrique de l’Est affecte le Kenya qui
dépend de l’aide alimentaire d’urgence.
Aujourd’hui, cette économie est ralentie
par de nombreux obstacles préjudiciables
à sa croissance. D’abord une importante
dépendance énergétique qui accroît le
déficit commercial (32 % du total des
importations), ensuite une déficience
dans les infrastructures physiques (routes
et complexes portuaires notamment).
Enfin, la corruption et le climat social
dégradé qui ont eu pour conséquence de
diminuer les IDE et les aides des bailleurs
de fonds internationaux.
Dans ce contexte, le FMI a consenti, en
décembre 2011, un nou-
veau prêt de 574 millions
d’euros qui devrait per-
mettre au Kenya d’atteindre
une croissance de l’ordre de
5,9 % en 2012.
Le Gouvernement conduit
une politique écono-
mique qui privilégie le
financement des projets
sociaux indispensables
(santé, éducation, lutte contre le chô-
mage). Conjointement, il prévoit des
investissements significatifs dans les
infrastructures : le projet d’un grand port
pétrolier à Lamu qui offrirait des débou-
DOSSIERS DE SYNTHÈSE
DSY - H12
L’autorité
Adulée ou honnie selon le visage de ceux qui l’exercent, l’Autorité est
une réalité qui paraît en crise dans nos sociétés contemporaines.
DSY - H12
DOSSIERS DE SYNTHÈSE
Entre les partisans de « il est interdit d’interdire » et les adeptes de
« qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent », n’y a-t-il pas une
possibilité d’une connaissance droite et d’une question bénéque de
cette composante incontournable des relations et des sociétés humai-
nes ?
Ces quelques pages ouvrent le débat.
L'autorité
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Revue d’Études
DSY-H12
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La Revue d’études - juillet 2012
dossier
endances économiques chés pour le Sud-Soudan et l’Éthiopie,
le projet « Konza city » qui vise à créer Le Kenya
une Silicon Valley aux portes de Nairobi
et enfin le secteur de l’énergie, en parti-
culier les énergies renouvelables. Le parc
éolien de Turkana, dont l’achèvement est
prévu en 2015, devrait être, avec ses 365
éoliennes, le plus vaste du continent.
Un début de prospection pétrolière est en
cours dans le nord-ouest du pays près de
la frontière avec l’Ouganda.
Politique intérieure
Depuis 2008, le tandem Kibaki-Odinga
fonctionne dans des conditions glo-
balement satisfaisantes. La nouvelle
Constitution, adoptée par référendum en Politique extérieure
août 2010, minore le pouvoir présidentiel La fin de l’année 2011 a été marquée par
et instaure un partage des pouvoirs avec l’intervention militaire kenyane en Soma-
les régions, et a été respectée par les deux lie. Baptisée opération « Linda Nchi »
courants politiques. (« Protéger le Kenya ») elle visait plusieurs
Les réformes en cours, en particulier cel- objectifs.
les qui concernent la justice, la police, D’abord, s’emparer du port de Kismayo,
la fonction publique, l’emploi, le chô- aux mains des islamistes qui rançonnent
mage des jeunes et la cohésion nationale et se livrent à de multiples trafics leur per-
– toujours précaire comme le confirment mettant de financer la lutte armée.
les affrontements interethniques de Ensuite, sécuriser la côte est qui est la
février 2012 – témoignent de la volonté façade maritime du Kenya sur l’océan
de l’équipe en place de faire bouger les Indien. Celle-ci tient une place capitale
lignes. dans l’économie du pays et elle est appelée
La comparution devant la CPI, en jan- à prendre de l’importance avec la création
vier 2012, de hauts responsables kenyans du complexe portuaire de Lamu, à seule-
accusés de crime contre l’humanité, n’a ment 100 km de la Somalie.
pas ravivé les tensions entre les différen- Enfin, créer une zone tampon dans le sud
tes communautés mais pourrait plomber de la Somalie et, à moyen terme, contrôler
la bonne marche de la période préélecto- cette région qui pourrait devenir auto-
rale à venir. nome.
Dans le domaine de la santé, Cette intervention militaire a eu pour effet
la priorité a été donnée à la de déclencher une vague d’attentats sur
Le FMI lutte contre le sida qui tou- le sol kenyan, tous revendiqués par les
a consenti, en che prés de 2 millions de Shebbab, de mécontenter les populations
décembre 2011, Kenyans sur les 32 millions
que compte le pays.
d’origine somali qui vivent au Kenya et de
raviver la compétition avec l’Éthiopie dans
un nouveau prêt Les prochaines élections la course à l’hégémonisme régional.
de 574 millions sont prévues en mars 2013.
Âgé de 83 ans, Kibaki, Défense
d’euros. conformément à la nou- Le Kenya dispose de 25 000 hommes char-
velle Constitution, ne sera gés de la défense de ses frontières et du
pas candidat. Odinga a annoncé sa can- maintien de l’ordre. Sa marine (1 600 hom-
didature mais, d’ores et déjà, plusieurs mes) est en cours de modernisation. Un
prétendants sont en lice et les mois à contingent kenyan participera à l’Amisom.
venir seront décisifs pour conforter sa Les États-Unis, la France et Israël soutien-
stature de futur président. nent militairement les forces kenyanes. l
Un dossier de synthèse
L’autorité
Adulée ou honnie selon le visage de ceux qui l’exercent, l’Autorité est une réalité qui paraît en crise dans nos sociétés
Hommes et civilisations
contemporaines.
Entre les partisans de « il est interdit d’interdire » et les adeptes de « qu’ils me haïssent pourvu qu’ils me craignent », n’y
a-t-il pas une possibilité d’une connaissance droite et d’une question bénéfique de cette composante incontournable
des relations et des sociétés humaines ?
REVUE
D'ETUDES
Éditions Revue d’Études - 32, rue Delizy - Espace Delizy - Bâtiment A - 93500 PANTIN - Tél. : 0825 800 735 - Fax : 01 47 14 05 70
59
dossier Afrique orientale
Madagascar
Vers des élections en décembre
2012 ?
À Madagascar, la situation politique reste confuse, sans normalité
constitutionnelle, l’économie stagne et la paupérisation de la population
s’accentue.
T
endances économiques
Depuis trois ans, la crise poli-
tique qui règne à Madagascar
accroît le marasme économi-
que et social d’un pays où le
taux de pauvreté de la population reste
parmi les plus élevés de l’Afrique de l’Est.
L’année 2012 devrait connaître cependant
une légère amélioration dans la mesure où
elle est liée à la situation politique qui pré-
sente des signes de stabilisation.
L’économie repose sur trois secteurs d’acti-
vité : l’agriculture, les ressources minérales
et le tourisme. Les bons résultats obtenus
par ces deux derniers secteurs expliquent
la hausse de la croissance attendue en
2012.
L’agriculture et la pêche représentent 32 %
du PIB, cependant l’autosuffisance alimen-
taire n’est pas atteinte à Madagascar.
Un nouveau protocole de pêche a été signé
avec l’UE. Il entrera en vigueur début 2013
et prévoit une contrepartie financière de
1,6 million d’euros.
En revanche, les cours de la vanille (1er rang
Madagascar
60
mondial en valeur), du cacao, de l’ylang-
ylang restent tributaires des variations de
cours des marchés.
L’île souffre de l’exploitation anarchique
de ses forêts et de l’expédition illégale de
bois.
Le secteur du tourisme a connu un regain
d’activité en 2011. Il pourrait connaître des
difficultés en raison de l’interdiction faite à
des appareils d’Air Madagascar de desser-
vir l’espace aérien de l’UE pour des raisons
de sécurité.
Les ressources minérales et hydrauliques
sont abondantes. Leur exploitation reste
liée aux investissements directs étrangers
(IDE) qui sont en légère
progression (les IDE chinois
arrivent en tête). Les expor- La Chine,
tations d’ilménite (10 % de
la production mondiale), très présente à
de rutile, de zircon et bien- Madagascar,
tôt de terres rares, génèrent
des projets d’investissement
a beaucoup
qui devraient, après les élec- investi dans le
tions, se concrétiser.
La Chine, très présente à
secteur minier.
Madagascar, a beaucoup
investi dans le secteur minier, en particulier
dans l’exploitation du cobalt et du nickel.
Elle prévoit la construction d’un port indus-
triel, avec une capacité de 150 000 tonnes,
sur la côte nord-ouest, dans la baie de Baly
pour transporter la production des mines
de fer qu’elle exploite dans cette zone.
La reprise économique du pays, où la
dépendance à l’aide internationale est
plus que jamais indispensable, demeure
liée à l’évolution de la situation politique.
Le taux de croissance escompté pour 2012
devrait être à la hausse et atteindre 4 %.
Politique intérieure
Depuis la chute de l’ex-président Rava-
lomanana, en mars 2009, et l’arrivée au
pouvoir d’Andry Rajoelina, la situation
madagascar
Population : 19 600 000 hab.
Densité : 33 hab./km²
PIB : 8,3 milliards $
PIB par habitant : 391 $
Rang IDH : 135/187
Monnaie : 1 € =2 800,59 ariarys
malgaches
Chef de l’état : Andry Rajoelina,
président Haute autorité de transition
Régime de l’état : parlementaire
politique est toujours confuse. Les nom-
breuses tentatives de médiation se sont
généralement soldées par des échecs. La
dernière en date a néanmoins débouché
sur un accord, en septembre 2011, qui
associe les diverses mouvances au Gou-
vernement.
Celui-ci a été remanié en octobre 2011. Les
partisans de Rajoelina ont obtenu la prési-
dence du Conseil supérieur de la transition
et ceux de Ravalomanana la présidence du
Congrès de la transition.
Ravalomanana, exilé en RSA, a tenté un
retour à Madagascar en janvier 2012. Cette
tentative a avorté mais a eu pour consé-
quence de suspendre la participation de
ses partisans aux instances des institu-
tions qui avaient été mises en place avec
la médiation de la SADC.
Le président de la Haute
Autorité de transition (HAT)
a promis des élections, en
décembre 2012, censées met-
tre un terme à la transition.
D’ici là, la situation pourrait
encore se dégrader, en par-
ticulier si l’amnistie n’est
pas accordée à l’ex-prési-
dent, et remettre en cause
ce calendrier. Depuis la fin
de l’année 2011, des mouve-
ments de contestation secouent la société
malgache et les revendications de la popu-
lation, lasse de trois années d’incertitudes
politiques et de perturbations sociales,
sont nombreuses.
En outre, 76 % de cette population vit
au-dessous du seuil de pauvreté et l’in-
sécurité alimentaire affecte un Malgache
sur deux.
Politique extérieure
D’abord réticente à l’égard de la HAT, la
Communauté internationale a assoupli sa
position dans la perspective d’une sortie de
crise consensuelle et la tenue d’élections.
Pour l’heure, les États-Unis maintien-
nent leur position vis-à-vis de l’HAT,
qu’ils jugent illégale et illégitime. Dans
La Revue d’études - juillet 2012

ce contexte Madagascar a été exclu de
l’AGOA.
Les relations bilatérales sino-malgaches,
qui sont anciennes (1972), demeurent
fortes. La Chine a été une des premières
grandes puissances à reconnaître la HAT.
Rajoelina a été reçu par la France en
République
des Seychelles
Un nouveau mandat pour le
président Alix Michel
Avec ses 115 îles dispersées sur 1,4 million de km2, l’archipel des
Seychelles est surtout connu pour son tourisme. Au-delà de ce stéréotype,
c’est une République qui occupe la première place au palmarès mondial
du développement humain (IDH).
T
endances économiques
L’économie seychelloise s’ar-
ticule autour de trois activités
principales : le tourisme, la
pêche et les services finan-
ciers.
Le tourisme (190 000 arrivées en 2011)
demeure le principal pourvoyeur de devi-
ses. Cette activité représente 85 % des
emplois et 27 % du PIB. Elle reste toute-
fois fluctuante compte tenu de la situation
mondiale. La pêche, en particulier celle des
thoniers-senneurs, fait de Victoria un des
premiers ports thoniers au monde.
Les Seychelles
La Revue d’études - juillet 2012
décembre 2011 et, en janvier 2012, l’UE
a reconnu la Haute Autorité de transition.
L’annonce d’une prochaine aide financière
a été évoquée.
Défense
Les forces armées malgaches comptent
Toutefois, la piraterie maritime, dans et
autour des eaux territoriales, constitue une
menace pour ces deux activités. Pour la
pêche, les revenus ont diminué de 25 %.
Des prospections offshore dans la ZEE sont
en cours. Pour l’heure la découverte de
pétrole exploitable n’a pas été confirmée.
La reprise de la croissance amorcée en
2010 se poursuit. Elle pourrait atteindre
4,5 % en 2012.
Politique intérieure Le tourisme
La République des Sey- représente 85%
chelles est une démocratie
parlementaire. L’actuel
des emplois et
président, Alix Michel, a 27% du PIB.
été réélu, pour un dernier
mandat, aux élections de mai 2011 avec
55,4 % des voix. Son opposant, le prêtre
anglican Wavel Ramkalawan, en ayant
obtenu 41,4 %.
Des élections législatives anticipées se sont
déroulées en septembre 2011, suite au boy-
cott des travaux parlementaires par le parti
d’opposition, le Seychelles National Party
(SNP). Le parti du président, le Parti du
peuple (parti Lepep) a remporté tous les
sièges, le SNP ayant, une nouvelle fois,
boycotté le scrutin.
Cette situation a conduit le président
Michel a prendre l’initiative d’un dialo-
dossier
13 500 hommes et la gendarmerie 8 100.
L’armée de terre a un effectif de 12 000
hommes. La marine (430 hommes) et l’ar-
mée de l’air (500) sont regroupées sous le
même commandement aéronaval.
Madagascar fait partie de l’African Standby
Force de la SADC. l
seychelles
Population : 86 525 hab.
Densité : 186 hab./km²
PIB : 1 milliard $
PIB par habitant : 11 117 $
Rang IDH : 52/187
Monnaie : 1 € = 16,57 roupies
seychelloises
Chef de l’état : James Alix Michel
Régime de l’état : présidentiel
gue national pour repenser le mécanisme
électoral.
Alix Michel s’était fixé pour objectif, pen-
dant son premier mandat, de libéraliser
l’économie, de rénover le secteur public
et de mettre en place des réformes sociales,
en particulier dans le domaine de la santé.
Globalement, ses objectifs on été atteints.
Les Seychelles ont un PIB par habitant
parmi les plus élevés d’Afrique. Ces résul-
tats expliquent la réélection d’Alix Michel
et les élections parlementaires, prévues en
2012, devraient probablement lui assurer
une large majorité.
Politique extérieure
Dans le domaine commercial, l’UE figure
parmi les principaux parte-
naires et le premier bailleur.
Elle finance, entre autres,
à hauteur de 7 millions
d’euros, le projet de lutte
contre la pêche illégale pour
la période 2007-2013.
La République des Sey-
chelles maintient également des relations
soutenues avec les Brics, en particulier la
Chine, l’Inde et le Brésil. Les pays du Golfe
ainsi que Cuba et la Turquie figurent égale-
ment parmi les partenaires commerciaux.
Membres de la Commission de l’océan
Indien (COI) et du Comesa, les Seychelles
ont réintégré la SADC en 2008.
Enfin, suite à la visite du ministre de la
Défense chinois en décembre 2011, les Sey-
chelles ont sollicité la Chine afin qu’elle
déploie un contingent militaire à Mahé
dans le contexte de la lutte contre la pira-
terie maritime.
61
dossier Afrique orientale
Défense
La défense seychelloise comprend
450 gendarmes et garde-côtes.
La menace que fait peser la piraterie
maritime a entraîné, depuis mai 2009, un
élargissement de l’opération « Atalante »
Tanzanie
Une économie florissante mais
une population pauvre
La République unie de Tanzanie connaît une embellie économique
significative alors qu’une large part de sa population vit dans le
dénuement.
T
endances économiques
L’économie tanzanienne, qui a
fait preuve de résilience face à
la crise mondiale, repose sur
trois piliers : l’agriculture, les
ressources minières et le tourisme. Dans un
avenir proche, l’exploitation de gisements
pétroliers et gaziers pourrait relancer sa
vitalité. Aujourd’hui, les principaux sec-
teurs exportateurs – produits agricoles et
miniers – ainsi que les revenus d’un tou-
risme « haut de gamme » (27 % du PIB)
connaissent une progression significative.
L’agriculture concerne 80 % de la popu-
lation. Elle nécessiterait cependant une
réforme de fond, surtout de la propriété
foncière. Largement dominée par les cultu-
res de subsistance, elle représente plus des
deux tiers du PIB. La location de milliers
d’hectares de terres agricoles à des pays
La Tanzanie
62
de l’Union européenne jusqu’aux Seychel-
les. L’armée de l’air américaine a déployé
des drones Reaper et l’UE des aéronefs
sur l’archipel des Seychelles. Les Émirats
arabes unis ont financé la construction
d’une base pour les garde-côtes.
étrangers a généré de profonds malaises
dans le monde rural. Ils pourraient débou-
cher, a terme, sur des revendications plus
aiguës.
La filière café, qui fait vivre 400 000 familles
tanzaniennes, a enregistré des productions
record au cours des dernières années.
Néanmoins les exportations restent assu-
jetties aux aléas des cours mondiaux
La Tanzanie possède le troisième chep-
tel d’Afrique avec 18 millions de têtes de
bétail. En revanche, les filières
lait et viande sont encore peu
structurées.
L’agriculture
Le secteur minier, qui est la concerne
première source de revenus, 80% de la
connaît une embellie. Les
exploitations de l’or (2e rang population.
en Afrique), du diamant, du
nickel et de la tanzanite représentent 2,3 %
du PIB, un chiffre que la Tanzanie espère
multiplier par cinq d’ici 2025.
Les carences du secteur électrique consti-
tuent un obstacle au développement du
pays (seulement 6 % des foyers sont
connectés au réseau électrique). L’appel
à ses voisins (Zambie, Ouganda) pour la
fourniture d’électricité est indispensable.
Le déficit en infrastructures de transports
et la désuétude des infrastructures aéro-
portuaires et portuaires constituent un
frein pour le développement des échanges
commerciaux.
La construction, par la Chine, d’un nou-
veau terminal sur l’aéroport de Dar
es-Salam, prévue depuis deux ans en
Depuis décembre 2010, le pays dispose
de sa propre unité antipiraterie, identifiée
sous le nom de Tazar et formée par des
Irlandais.
La modernisation de la composante
aérienne est en cours. l
tanZanie
Population : 44 800 000 hab.
Densité : 48 hab./km²
PIB : 23,2 milliards $
PIB par habitant : 550 $
Rang IDH : 152/187
Monnaie : 1 € = 2 019,58 shillings
tanzaniens
Chef de l’état : Jakaya Kikwete
Régime de l’état : présidentiel
échange de concessions pétrolières, est au
point mort.
La croissance a progressé. En 2012, elle
pourrait atteindre 6,9 %. Près d’un tiers du
budget est néanmoins financé par l’aide
étrangère.urer une large majorité.
Politique intérieure
La Tanzanie est une République parlemen-
taire multipartite. Son président, Jakaya
Kikwete, a été réélu en octobre 2010, pour
un second et dernier mandat de cinq ans.
L’opposition a cependant dénoncé des
fraudes. Son parti, le Parti de la révolution
a remporté les législatives. Le vice-prési-
dent, Ali Mohamed Shein, est
président de Zanzibar.
Les principales priorités du
Gouvernement concernent les
questions de développement
économique, la réduction de la
pauvreté, les réformes structu-
relles et institutionnelles et la
cohésion de l’Union avec Zanzibar
Kikwete peut se prévaloir de résultats
positifs pour ce qui concerne sa politique
économique.
Toutefois ses opposants lui reprochent
de ne pas avoir fait profiter la population
des dividendes de l’embellie économique
et surtout son indulgence dans la lutte
contre la corruption. L’adoption de la loi
sur la prévention de la corruption, les
arrestations de ministres et de hauts fonc-
tionnaires ne suffisent pas à enrayer ce
fléau qui reste prégnant.
Sur le plan social, des améliorations
significatives ont été réalisées dans les
domaines de l’éducation, de la santé et de
l’accès de la population urbaine à l’eau.
La Revue d’études - juillet 2012

Cependant les fruits de la croissance éco-
nomique ne profitent pas à une majorité de
la population. Les stratifications sociales
perdurent.
Assurer la suffisance alimentaire, éradiquer
la pauvreté endémique et surtout lutter
contre le sida, pour lequel la Tanzanie se
place au 4e rang mondial des pays les plus
contaminés, constituent des objectifs qui
sont encore loin d’être atteints.
Enfin, l’union avec l’archipel de Zanzibar,
qui fait montre de tendances séparatistes,
génère toujours des tensions politiques et
religieuses récurrentes. Le tropisme vers
Oman, l’ancien colonisateur, s’affirme
avec force.
Politique extérieure
La Tanzanie est un acteur régional de poids
en Afrique de l’Est. Conséquence de la
crise dans la région des Grands Lacs, elle
Union des Comores
La préoccupation majeure du
nouveau président : la lutte contre
la corruption
L’Union des Comores comprend trois des quatre îles de l’archipel
des Comores : Ngazidja (Grande Comore), Ndzuani (Anjouan) et Mwali
(Mohéli), rassemblées dans un ensemble fédéral depuis 2001.
T
endances économiques
L’économie des Comores tire
l’essentiel de ses ressources
de deux secteurs : le secteur
agricole, dont la pêche, et le
transfert de devises de la diaspora. Le sec-
teur agricole (80 % des actifs) est constitué
de cultures vivrières et de trois cultures de
rente.
L’exportation de l’ylang-ylang (première
production mondiale), des clous de girofle
et de la vanille est soumise aux aléas des
variations de cours sur le marché mondial.
La médiocrité des infrastructures, ajoutée
à l’insuffisance d’encadrement de l’import-
export obèrent sa rentabilité.
La pêche (85 000 tonnes/an) ne suffit
pas à couvrir les besoins de la popula-
tion. Conjointement, le renouvellement
La Revue d’études - juillet 2012
doit régler le cas des réfugiés burundais
et congolais (près de 100 000) sur son sol.
Leur retour dans leur pays d’origine est
loin d’être achevé et se fait par étapes suc-
cessives.
Elle accueille, à Arusha, le
Tribunal pénal international
Le tropisme
pour le Rwanda (TPIR) et son vers Oman,
centre de détention (jusqu’en l’ancien
2014).
Sa façade maritime sur l’océan colonisateur,
Indien l’implique, en raison s’affirme
de la recrudescence des actes
de piraterie maritime, dans
avec force.
la lutte contre cette pirate-
rie. Dans un avenir proche, Arusha serait
susceptible d’accueillir une cour extrater-
ritoriale somalienne pour juger les pirates
capturés.
Depuis janvier 2007, c’est une Tanza-
nienne, Asha-Rose Migiro, qui occupe le
de l’accord d’exploitation des ressources
halieutiques signé avec l’UE prévoit une
contribution financière qui sera destinée à
la modernisation des pêcheries nationales.
Le potentiel touristique des îles reste encore
sous-exploité. Il fait l’objet d’investisse-
ments, notamment des pays
du Golfe (Qatar, EAU).
Cette économie bénéficie par
50% des
ailleurs des transferts de devi- Comoriens
ses de la diaspora (50 % des
Comoriens vivent à l’étran-
vivent à
ger), qui ont légèrement décru l’étranger.
en 2010 (18 % du PIB). L’amé-
lioration de la situation politique et les
efforts entrepris pour moraliser le climat
des affaires sont susceptibles de donner,
progressivement, un nouvel élan à l’éco-
nomie. Le FMI a approuvé un programme
dossier
poste de vice-secrétaire général (numéro 2)
de l’ONU, jusqu’en juillet 2012.
Jakata Kikwete est reconnu comme un
interlocuteur fiable sur le continent et sur
la scène internationale. Son
pays, qui demeure un allié
fidèle des États-Unis, a joué un
rôle particulièrement significa-
tif dans la crise politique qui
affecte Madagascar.
Défense
Les forces armées tanzanien-
nes comptent 27 000 hommes.
L’armée de terre 23 000, la
marine 1 000, l’armée de l’air 3 000. Une
composante réserve de 80 000 hommes
complète ces forces. Un contingent parti-
cipe à la mission de l’ONU au Darfour. Une
coopération militaire avec la France est
active, en particulier avec les FAZSOI. l
comores
Population : 734 750 hab.
Densité : 309 hab./km²
PIB : 0,6 milliard $
PIB par habitant : 583 $
Rang IDH : 163/187
Monnaie : 1 € =491,97 francs
comoriens
Chef de l’état : Ikililou Dhoinine
Régime de l’état : présidence tournante
d’aide sur trois ans, à hauteur de 14,3 mil-
lions d’euros sur la période 2009-2012.
La découverte d’un gisement de pétrole
dans les eaux territoriales pourrait être
prédictive d’un avenir économique plus
favorable.
Le taux de croissance a enregistré une
légère hausse. En 2012, celui-ci devrait
atteindre 3,2 %.
Politique intérieure
Après les élections, qui s’étaient déroulées
en décembre 2010 et qui avaient vu
la victoire du vice-président sor-
tant, Ikililou Dhoinine, originaire
de Mohéli, l’ex-président Sambi
avait envisagé de prolonger son
mandat jusqu’en novembre 2011.
Cette décision, fortement contes-
tée, était susceptible de provoquer
une crise dans une Union déjà sujette à
de nombreux soubresauts. Dhoinine a été
investi en tant que chef d’État en mai 2011.
Il est le premier président mohélien, depuis
l’indépendance des Comores en 1975.
63
dossier Afrique australe
Les Comores
L’Union des Comores se caractérise,
dans le domaine politique, par des difficultés
récurrentes de fonctionnement, des institu-
tions fragiles et une stabilité précaire.
Depuis sa prise de fonction Dhoinine s’at-
tache à apaiser la vie politique, à minorer
les antagonismes traditionnels avec les
gouverneurs des autres îles et à dialoguer
avec l’opposition. Pour l’heure, sa méthode
semble porter ses fruits.
En juin 2011, le Parlement a voté une loi
anticorruption, mal endémique qui gan-
grène tous les rouages de l’État. Dans ce
Afrique australe
République
du Botswana
Des mines de diamants et une
population pauvre…
Le Botswana est le premier producteur mondial de diamants.
Ses résultats économiques sont flatteurs mais les inégalités sociales
restent prégnantes.
T
endances économiques
Le Botswana connaît actuel-
lement une croissance
économique forte.
Ses principales ressources sont
64
contexte, la dénonciation de scandales
financiers et l’arrestation de fraudeurs sont
des signes encourageants de la volonté du
président d’éradiquer ce fléau.
Le limogeage, en avril dernier, Des accords
d’un directeur de journal ayant
mis en cause l’État dans une
de défense,
affaire de fonds publics, mon- réactivés en
tre toutefois les limites de cet 2010, lient
exercice.
En novembre 2011, une tentative la France et
de putsch, partie d’Anjouan, a l’Union.
pu faire craindre à la résurgence
des anciennes pratiques. Cette tentative a
été stoppée très rapidement.
Les réformes initiées par l’actuel Gouverne-
ment, si elles s’avèrent indispensables pour
arriver à une stabilisation de la gestion de
l’État, sont encore insuffisantes pour sortir
les Comores des PMA.
Politique extérieure
L’Union des Comores appartient à l’Organi-
sation de la conférence islamique ainsi qu’à
la Ligue arabe. Elle fait partie de la COI.
L’ancien président s’était rapproché des
pays arabes, notamment ceux du Golfe.
Des projets, financés par les Émirats arabes
unis, l’Arabie saoudite, le Koweït, ont vu le
jour telle la Banque fédérale des Comores.
Son successeur poursuit dans cette voie.
liées à ses importantes richesses minérales,
l’agriculture n’occupe qu’une place relati-
vement faible. Le tourisme connaît une
expansion significative. L’économie reste
très dépendante de celle de la RSA (80 %
L’Union entretient par ailleurs des relations
poussées avec la Chine. Cette dernière est
présente dans de nombreux secteurs et elle
dispense une aide financière
significative. Enfin, la Turquie,
qui est de plus en plus présente
en Afrique de l’Est, a désormais
pris pied aux Comores.
La départementalisation de
l’île de Mayotte en 101e dépar-
tement français avait provoqué
des nouvelles tensions entre
Paris et Moroni. Le président
Dhoinine a fait preuve, sur ce dossier, de
modération et a manifesté une volonté
d’apaisement avec la France.
Défense
Les forces armées comoriennes (Armée
nationale de développement – AND) comp-
tent 1 100 hommes dont 600 gendarmes et
une garde présidentielle de 100 hommes.
Des accords de défense, réactivés en 2010,
lient la France et l’Union.
L’Union des Comores ne dispose d’aucun
moyen de lutte contre le terrorisme et la
piraterie maritime. Dans ces conditions elle
pourrait constituer un maillon faible dans
le dispositif actuel. La France apportera son
concours à la formation anti-terroriste et
anti-piraterie maritime. l
botswana
Population : 2 000 000 hab.
Densité : 3 hab./km²
PIB : 16,4 milliards $
PIB par habitant : 8 844 $
Rang IDH : 118/187
Monnaie : 1 € = 9,52 pulas
Chef de l’état : Ian Khama
Régime de l’état : présidentiel
du marché).
Grâce aux revenus de ses ressources dia-
mantifères, le Botswana est passé de l’état
de PMA à celui de pays à revenu inter-
médiaire (PRI). Après une période de
récession, la reprise des marchés, obser-
vée à partir de 2010, en particulier avec les
émergents, ainsi que la modernisation de
la plus grande mine au monde, Jwaneng,
lui permettront de retrouver une situation
favorable et de dynamiser encore davantage
ses futures exportations. Dans un horizon
La Revue d’études - juillet 2012
 dossier

Le Botswana
proche, Gaborone est appelée à devenir la
capitale mondiale du diamant.
Premier producteur mondial, l’exploitation
du diamant par Debswana, une filiale du
Sud-Africain De Beers, devrait atteindre plus
de 100 millions de carats à l’horizon 2025.
Afin de rentabiliser et d’optimiser encore
davantage ce secteur, le Botswana a mis en
place un programme destiné à associer la
main-d’œuvre locale à la taille et au polis-
sage des minéraux précieux.
Enfin, la perspective de ressources pétro-
lières est susceptible de lui assurer une
indépendance énergétique qu’il ne possède
pas aujourd’hui.
Le tourisme est en expansion, plus particu-
lièrement le tourisme de luxe pour lequel
la valorisation des grands parcs nationaux
et l’appel à des investisseurs étrangers pour
la construction d’infrastructures, se mettent
en place.
La croissance est en hausse et devrait attein-
dre 6 % en 2012.
Politique intérieure
En octobre 2009, Seretse Ian Khama a été
reconduit à la tête du pays. Il est à la fois
chef de l’État et chef du Gouvernement. Son
parti, le Parti démocratique du Botswana
(DBP), au pouvoir depuis quarante-
cinq ans, a obtenu une large victoire aux
législatives (45/57 sièges au Parlement).
Le Botswana est souvent cité en exemple en
ASS pour sa bonne gouvernance, l’emprise
moindre de la corruption et sa stabilité éco-
nomique. Même si l’opposition, représentée
par le Botswana Movement for Democracy
(BMD), lui reproche son népotisme et son
autoritarisme, Ian Khama conserve une
légitimité que beaucoup de chefs d’États
africains pourraient lui
envier.
Néanmoins, les dividendes
Le Botswana
des richesses générées par est souvent cité
l’industrie extractive n’ont
pas encore mis le pays à
en exemple
l’abri des problèmes du sous- en ASS pour
développement. Même si le sa bonne
Gouvernement de Ian Khama
a accentué ses efforts dans le gouvernance.
domaine social (éducation et
santé), plus de 50 % de sa population vit
au-dessous du seuil de pauvreté et les iné-
galités sociales perdurent.
La détermination en matière de prévention
et de soins contre la prévalence du sida,
en particulier chez les jeunes, a permis au
Botswana d’enrayer l’épidémie et de la sta-
biliser à hauteur de 17,6 % de la population.
Il reste cependant l’un des pays les plus
touchés du continent.
Politique intérieure
Sur le plan international, le Botswana a
une diplomatie qui rompt parfois avec
« l’alignement » des autres pays africains.
Par exemple, il a été l’un des rares chefs
d’États africains à reconnaître la légitimité
du CNT au début de la révolution libyenne.
En décembre 2011, Ian Khama a pris posi-
tion contre l’UA qui refuse de coopérer avec
la CPI.
En revanche, la discrimination à l’égard
des populations Bushmen du Kalahari lui
a attiré une réprobation internationale.
Le Botswana est membre de la SACU et de la
SADC dont le secrétariat est à Gaborone.
La RSA demeure le partenaire privilégié,
pour des raisons liées à son passé, à sa
position géographique et enfin pour des
raisons diplomatiques et économiques.
Toutefois, pour diversifier ses partenariats,
il a conclu avec l’UE un accord intérimaire
de partenariat économique
(APE-économique) qui offre
des perspectives d’échanges
commerciaux attractifs.
À l’instar des autres pays de
la sous-région, le Botswana
multiplie ses relations com-
merciales et diplomatiques
avec les émergents, surtout
la Chine, mais aussi avec le
Japon qui finance notam-
ment la construction de la première centrale
solaire du pays, à Phakalane.
Défense
Le Botswana dispose d’une force d’en-
viron 9 000 hommes. Son armée de terre
comprend 8 500 hommes. L’armée de l’air,
500 hommes. De nombreux contingents ont
participé à des opérations de maintien de la
paix en Afrique.
Elle contribue à l’African Standby Force
de la Communauté de développement de
l’Afrique australe. l

Un dossier de synthèse

La dissuasion nucléaire
dissuasion nucléaire
Ce fascicule est un document d’initiation et de réflexion visant à mettre à la disposition
ascicule est un document d’initiation et de réexion visant à
e à la disposition du lecteur une information d’ensemble sur
du lecteur une information d’ensemble sur le rôle clé de la dissuasion nucléaire, depuis
DSY - P22

e clé de la dissuasion nucléaire, depuis Hiroshima jusqu’à

DOSSIERS DE SYNTHÈSE
du bipolarisme : les doctrines américaines (représailles
sives ou riposte graduée), la doctrine soviétique du temps
guerre froide, l’exception française avec sa stratégie tous
Hiroshima jusqu’à la fin du bipolarisme : les doctrines américaines (représailles massives
ou riposte graduée), la doctrine soviétique du temps de la guerre froide, l’exception
uts, la particularité britannique, l’inconnue chinoise.

La dissuasion
oulement du bloc soviétique a bouleversé les conditions
rcice de la dissuasion ; les risques sont deve-
périphériques et multiformes, et les raisonnements
égiques d’hier ne sont plus nécessairement adap- française avec sa stratégie tous azimuts, la particularité britannique, l’inconnue chinoise.
nucléaire
L’Europe cherche sa voie et le club des puissan-

L’écroulement du bloc soviétique a bouleversé les conditions d’exercice de la dissuasion ;

nucléaires s’élargit, ces nouvelles données appelant
e réexion stratégique d’ensemble dont se dégagent quel-
éléments d’appréciation pour l’avenir.

les risques sont devenus périphériques et multiformes, et les raisonnements stratégiques

d’hier ne sont plus nécessairement adaptés. L’Europe cherche sa voie et le club des
Études
y, Bat. A - 32, rue Delizy - 93500 Pantin
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REVUE
D'ETUDES puissances nucléaires s’élargit, ces nouvelles données appelant à une réflexion stratégique
d’ensemble dont se dégagent quelques éléments d’appréciation pour l’avenir.

Éditions Revue d’Études

32, rue Delizy - Espace Delizy - Bâtiment A - 93500 PANTIN - Tél. : 0825 800 735 - Fax : 01 47 14 05 70

La Revue d’études - juillet 2012 65

dossier Afrique australe
Lesotho
Un royaume arrimé à la RSA
Totalement enclavé au cœur de l’Afrique du Sud, le royaume du Lesotho
est probablement en sursis avant son intégration au sein de
la RSA.
T
endances économiques
Sur le plan économique, le
Lesotho a souffert de la crise
économique mondiale à l’ins-
tar de son grand voisin la RSA
à laquelle il est arrimé économiquement.
Il se remet des séquelles de cette crise
et sa croissance, en 2012, devrait afficher
une légère hausse (3,3 %).
Les deux sources de revenus du Lesotho,
outre l’exploitation minière et l’hydro-
électricité, sont l’industrie textile et les
transferts de fonds de sa diaspora.
L’agriculture vivrière n’est pas en mesure
de satisfaire les besoins des 2,2 millions
de Lesothans. Près de 45 % de la popula-
tion dépend du PAM.
Un projet visant à promouvoir la culture
de fruits et légumes compatibles avec la
sécheresse, associé à l’amélioration de
l’adduction d’eau, est d’ores et déjà en
cours.
Dans le domaine de l’industrie textile,
le Lesotho subit les effets conjugués des
concurrences asiatique et sud-améri-
caine avec la réévaluation de la monnaie
sud-africaine (rand) qui a contrarié la
compétitivité de ce secteur. À court terme,
le pays abandonnera cette activité.
Lesotho
66
La principale richesse est le fort potentiel
hydroélectrique. Autosuffisant en électri-
cité (cinq barrages, 200 km de tunnels
hydrauliques), le Lesotho, « château
d’eau de l’Afrique australe », est le prin-
cipal pourvoyeur de cette ressource pour
la RSA.
Par ailleurs, l’achèvement du barrage de
Metolong, prévu en 2013, sera en mesure
d’approvisionner en eau potable Maseru
ainsi que les villes avoisi-
nantes qui souffrent de la
pénurie d’eau alors que leur Les transferts
pays l’exporte. de fonds des
Les transferts de fonds
des migrants (25 % du
migrants
PIB) constituent un apport (25% du PIB)
important pour l’économie.
Toutefois, le montant de ces
constituent
transferts a connu un ralen- un apport
tissement en 2010-2011. important pour
Troisième pays le plus tou-
ché par la prévalence du sida l’économie.
(23 % de la population), l’es-
pérance de vie n’y excède pas 41 ans. À
moyen terme, c’est une crise démographi-
que qui pourrait frapper cet État.
Politique intérieure
Le Lesotho est une monarchie parle-
mentaire dirigée par le Premier ministre,
Pakalitha Mosisili. Celui-ci est au pouvoir
depuis 1998, il est également ministre de
la Défense et, après avoir été le chef du
parti dominant, le Congrès du Lesotho
pour la démocratie (LCD), il a créé son
parti, le Congrès démocratique (CD).
Le roi Letsie III n’est que le « symbole
vivant de l’unité nationale ». Il ne possède
aucun pouvoir exécutif et aucun pouvoir
législatif.
Les élections sont régulièrement contes-
tées par l’opposition, dont le leader, Tom
Thabane, ancien ministre des Finances et
président du parti Convention Basotho,
fait l’objet de tracasseries récurrentes de
la part du pouvoir.
Après les élections législatives de mai
2012, qui ont vu la victoire du CD
lesotho
Population : 2 200 000 hab.
Densité : 69 hab./km²
PIB : 2,7 milliards $
PIB par habitant : 1 040 $
Rang IDH : 160/187
Monnaie : 1 € = 10,39 lotis
Chef de l’état : roi Letsie III
Chef du Gouvernement : Pakalitha
Mosisili
Régime de l’état : monarchie
constitutionnelle
(41 sièges/120) et la reconduction de
Mosisili dans ses fonctions, la situation
pourrait devenir plus complexe dans la
mesure où ce dernier devra cohabiter
avec l’opposition dans un Gouvernement
de coalition.
Les prochains mois seront difficiles pour
Mosisili qui risque de voir son action
entravée par l’opposition, ce qui pourrait
déboucher sur une remise en cause de son
Gouvernement.
Dans un royaume où le taux
de chômage affecte 40 % de
la population active et où
50 % de celle-ci vit au-des-
sous du seuil de pauvreté
l’avenir s’annonce sombre.
Politique intérieure
Le Lesotho est dans l’orbite
politique, économique et
militaire de la RSA. Récem-
ment, le Nepad a préconisé
qu’il soit inséré dans la RSA.
Il appartient à la SACU dont
il est le maillon faible et son influence,
tant sur le plan régional qu’international,
reste marginale.
Hors pays d’Afrique australe, seuls les
États-Unis et la Chine ont une ambassade
à Maseru. Membre du Commonwealth,
il conserve à ce titre de bonnes relations
avec la Grande-Bretagne.
La Chine, avec laquelle il a signé des
accords bilatéraux, entretient des rela-
tions soutenues.
Défense
Les forces de défense du Lesotho (LDF) ont
un effectif de 2 000 hommes. Elles com-
prennent une armée de terre et une armée
de l’air ainsi qu’une composante gendar-
merie. Elles sont dévolues à la sécurité
intérieure. La sécurité extérieure du pays
est assurée par la RSA. Surdimensionnées,
ces forces font l’objet d’une restructura-
tion, en particulier d’une réduction des
effectifs. Ce projet a suscité une forte
contestation au sein de l’armée soutenue
par les partis de l’opposition. l
La Revue d’études - juillet 2012

Le Malawi
Une nouvelle présidente face à de
nombreux défis
Le Malawi, qui vient de perdre son ex-président Bingu wa Mutharika,
décédé d’un arrêt cardiaque en avril 2012, est désormais présidé par
madame Joyce Benda. Elle hérite d’une situation délicate sur le plan
intérieur.
T
endances économiques
L’économie malawite, qui a
été peu impactée par la crise
mondiale mais qui traverse
actuellement une période
difficile, repose essentiellement sur l’agri-
culture et les industries extractives.
Le secteur agricole (32 % du PIB) fait
vivre 85 % de la population. Les cultures
vivrières, bénéficient du plan Farm Inputs
Subsidy Programme qui a pour objectifs
d’assurer la sécurité alimentaire et d’ac-
croître les revenus des exploitants. En
dépit d’une importante vague de séche-
resse qui a frappé ce secteur, il a enregistré
une croissance de 6,3 % en 2011.
Les cultures de rente concernent essentiel-
lement celle du tabac (60 % des recettes de
l’État en 2011), du coton (250 000 tonnes),
du café et du thé.
Afin de diversifier son économie, le Malawi
met l’accent sur les industries extractives,
en particulier le charbon et l’uranium.
La production d’uranium, dont les prin-
cipaux gisements se trouvent au nord du
pays, a progressé en 2011. L’exploitation des
gisements de bauxite et surtout de charbon
est en pleine expansion. La perspective de
l’ouverture de mines de niobium et de
nouvelles mines d’uranium, en 2012, est
prédictive d’une augmentation des expor-
tations dans les prochaines années.
En revanche, cette économie souffre de
Le Malawi
La Revue d’études - juillet 2012
l’insuffisance des ressources en électri-
cité et de la médiocrité des infrastructures
dans les transports. Cette situation obère
la productivité des entreprises et freine les
investissements.
Le Malawi reste très dépendant de l’aide
extérieure. Les pays occidentaux avaient
gelé leur aide en raison du soutien apporté
à Omar el-Béchir par le président Mutharika
et de sa gouvernance antidémocratique.
Le taux de croissance devrait atteindre
5,5 % en 2012.
Politique intérieure La Chine et
L’ex-président, Mutharika, l’Inde sont les
75 ans, avait été réélu lors
des élections de mai 2009, deux principaux
pour un deuxième et der- partenaires
nier mandat. Son parti, le
Parti démocratique progres-
émergents du
siste (DPP), avait remporté Malawi.
la majorité des sièges au
Parlement.
À son actif, des mesures en faveur du
secteur agricole qui avaient fait reculer la
famine et une intensification de la lutte
contre le sida. En revanche, ses excès et
ses dérives autocratiques avaient provo-
qué de violentes contestations dans tout
le pays ainsi que le retrait des bailleurs
internationaux. Son décès a entraîné
constitutionnellement l’investiture de
Joyce Banda, vice-présidente. Cette der-
nière avait été expulsée du DPP suite à un
désaccord avec Mutharika. Elle avait formé
son parti, le Parti du peuple. Deuxième
femme chef d’État en Afrique, elle se voit
d’emblée confrontée à de multiples défis.
En particulier faire reculer la pauvreté :
près de 45 % de la population vit encore
sous le seuil de pauvreté. Ensuite, elle
devra poursuivre la lutte contre la corrup-
tion qui affecte toutes les couches de la
société, intensifier la lutte contre le sida
qui touche 9 % de la population enfin et
surtout réconcilier la nation.
dossier
malawi
Population : 14 900 000 hab.
Densité : 132 hab./km²
PIB : 5,7 milliards $
PIB par habitant : 350 $
Rang IDH : 171/187
Monnaie : 1 € =210,36 kwachas
malawites
Chef de l’état : Bingu wa Mutharika
Régime de l’état : présidentiel
Militante des droits de la femme, elle s’est
engagée à promouvoir le rôle de la femme
malawite. La féminisation des membres
de son Gouvernement s’inscrit dans cette
logique.
Politique extérieure
Au cours de sa présidence, Mutharika
avait confirmé qu’il refuserait de mettre à
exécution le mandat d’arrêt contre le pré-
sident soudanais Omar el-Béchir. Madame
Benda a remis en cause cette décision. Elle
a interdit à ce dernier de se rendre à Lilon-
gwe, en juillet prochain, lors du Sommet
de l’UA. Cette décision pourrait faire reve-
nir les investisseurs étrangers
qui avaient suspendu leurs
relations avec le Malawi.
Suite à l’expulsion, en avril
2011, de l’ambassadeur bri-
tannique, qui avait critiqué
les dérives autocratiques de
Mutharika, les relations avec
la Grande-Bretagne s’étaient
détériorées. Elles pourraient
désormais reprendre un cours
normal.
La Chine et l’Inde sont les deux principaux
partenaires émergents du Malawi.
Depuis 2007, date de départ des relations
diplomatiques avec la Chine, cette dernière
est très présente à la fois sur le plan écono-
mique, culturel et aussi avec de nombreux
résidants chinois.
L’Inde occupe également une place privi-
légiée. Elle a passé de nombreux accords
commerciaux dans les domaines agricole
et minier.
Il convient de noter toutefois que les
manifestations « anti-chinois » se font
récurrentes. Ces derniers sont accusés,
entre autres, d’inonder le marché local
de produits bas de gamme, bon marché,
entraînant la ruine des commerçants
malawites.
Défense
L’armée malawite compte 5 300 hommes.
Elle est spécialement dévolue au maintien
de l’ordre et à la sécurité intérieure. l
67
dossier Afrique australe
République
du Mozambique
Le pays sera-t-il capable d’utiliser
les dividendes de ses richesses
minérales ?
184e sur 187, c’est le rang qu’occupe la République du Mozambique
dans le classement 2011 du développement humain. Autant dire que ce
pays figure parmi les plus pauvres du monde alors que l’envolée de son
économie et les richesses de son sous-sol devraient le situer à l’autre
extrémité de ce classement.
T
endances économiques
L’économie mozambicaine a
fait preuve de résilience dans
le contexte de la crise éco-
nomique mondiale. Depuis
2008, la croissance est en progression.
Elle pourrait atteindre 7,2 % en 2012.
Cette économie repose sur l’agriculture
et sur d’importantes ressources minières,
gazières et pétrolières.
L’agriculture, l’élevage et la pêche
emploient 80 % de la population active.
Elle représente 20 % du PIB et elle est
Le Mozambique
68
le moteur de la croissance. Les cultu-
res vivrières n’assurent cependant pas
la sécurité alimentaire, en particulier à
cause des aléas climatiques (cyclones,
tempêtes). La dépendance du pays aux
importations est forte.
L’agriculture de rente concerne essentiel-
lement la noix de cajou et le coton.
Le Gouvernement a inscrit dans ses
objectifs un programme de rénovation de
l’agriculture. Appelé « Révolution verte »
il vise à accroître la production et la com-
mercialisation.
Grâce à ses importantes réserves miniè-
res, en particulier le charbon (second
producteur du continent)
mais aussi le titane, le
kaolin, l’or et les pierres
L’agriculture,
précieuses, le Mozambi- l’élevage et
que peut espérer voir ses la pêche
exportations progresser
quantitativement dans un emploient 80%
avenir proche et asseoir son de la population
décollage économique.
Le gaz naturel, pour lequel
active.
de nouveaux gisements ont
été découverts dans le nord-est du pays,
est exploité et acheminé vers la RSA qui
est le premier investisseur au Mozambi-
que, avec plus de 200 sociétés présentes.
Des gisements de pétrole, en offshore,
sont également en cours de prospection
et d’exploitation.
Enfin, le pays dispose d’un potentiel
hydroélectrique considérable dont l’essen-
tiel est également exporté vers l’Afrique
du Sud.
Pour l’heure, les bénéfices de ces riches-
ses ne profitent pas à la majorité des
moZambique
Population : 23 400 000 hab.
Densité : 29 hab./km²
PIB : 12,1 milliards $
PIB par habitant : 551 $
Rang IDH : 184/187
Monnaie : 1 € = 34,34 méticals
Chef de l’état : Armando Guebuza
Régime de l’état : présidentiel
Mozambicains et le budget de l’État
dépend encore à 45 % des aides interna-
tionales.
Politique intérieure
Armando Guebuza a été réélu en 2009
président pour cinq ans, avec 75 % des
voix. Son parti, le Front de libération
du Mozambique (Frelimo), a remporté
une victoire sans appel aux législatives
(191 sièges de députés sur 250).
Les deux autres partis, celui de la
Résistance nationale du Mozambique
(Renamo), et le Mouvement démocrati-
que du Mozambique (Mdm) se partagent
les sièges restants. L’opposition a dénoncé
« les élections les plus frauduleuses de
l’histoire du pays ».
Armando Guebuza, qui obtient de bons
résultats sur le plan économique, reste
confronté à plusieurs défis. D’abord, sor-
tir son pays de la pauvreté qui affecte
toujours les deux tiers des Mozambi-
cains. Dans cette logique, il
a lancé son troisième plan,
« Parpa III », de lutte contre
la pauvreté pour la période
2010-2014.
Ensuite, il doit rompre avec
la corruption endémique qui
plombe la vie économique
et sociale du pays. Il doit
aussi s’attacher à revoir les
conditions dans lesquelles
les dividendes tirés des industries extrac-
tives pourront bénéficier à son peuple.
Pour éviter la résurgence des graves
émeutes de Maputo, en septembre 2010
(13 morts, 200 blessés), le Gouvernement
a augmenté les subventions afin d’empê-
cher la flambée des prix des produits de
première nécessité ainsi que ceux des
carburants.
Enfin, il doit s’attacher à corriger les fortes
disparités régionales qui coexistent entre
les régions du sud et du centre défavori-
sées par rapport à celle du nord.
La Revue d’études - juillet 2012
 dossier

Les taux de prévalence du sida (16,5 %) luttes pour l’indépendance. dont les investissements dans l’alumi-
et de la mortalité infantile attestent des Un accord sur les frontières maritimes nium mozambicain sont en progression,
insuffisances du système de avec les Comores et la Tan- apporte un soutien budgétaire général.
santé. zanie a été ratifié en mars
La Chine a 2012. Il doit notamment évi- Défense
Politique extérieure multiplié ses ter dans l’avenir les litiges Les forces armées mozambicaines ont
Le Mozambique reste dépen-
dant de l’aide internationale,
échanges dans le contexte des exploi-
tations pétrolières offshore
un effectif de 11 000 hommes. L’armée de
terre compte 10 000 hommes, l’armée de
en particulier avec les pays commerciaux qui s’intensifient chaque jour l’air 1 000.
émergents, au premier rang par huit durant davantage. Le renforcement et la modernisation
desquels figure la RSA. La Chine, l’Inde et le Bré- de la marine sont en cours afin de lut-
Les deux pays, membres du la dernière sil sont très représentés. ter plus efficacement contre la piraterie
Commonwealth et de Com- décennie. La première a multiplié ses maritime.
munauté de développement échanges commerciaux par Elles contribuent à l’African Standby Force
d’Afrique australe (SADC) maintiennent huit durant la dernière décennie. de la Communauté de développement de
des liens étroits, forgés à l’époque des De son côté, l’UE, notamment l’Italie l’Afrique australe (SADC). l

République namibie

de Namibie
Population : 2 300 000 hab.
Densité : 3 hab./km²
PIB : 13 milliards $
PIB par habitant : 6 087 $

Une réforme agraire qui tarde… Rang IDH : 120/187

Monnaie : 1 € = 10,39 dollars
namibiens
Chef de l’état : Hifikepunye Pohamba
Régime de l’état : présidentiel

La République de Namibie bénéficie de richesses minérales importantes

qui la situent au 5e rang des pays miniers africains. Son économie connaît
actuellement une embellie significative dont ne profitent pas 50 % des groupe australien. Cette opération repré-
2,3 millions d’habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté. sente un investissement de 1,2 milliard
d’euros et la création de 3 000 emplois.
En revanche, le français Areva a aban-
donné ses projets en Namibie.
Des réserves de gaz offshore ne sont pas

T
endances économiques
L’économie namibienne tire
l’essentiel de ses revenus de
ses richesses minières. L’agri-
culture, qui représente 9 % du
PIB, reste, malgré une hausse de la produc-
tion en 2011, un secteur secondaire. Exode
rural, rigueur climatique, ingratitude des
sols sont autant d’obstacles qui entravent
sa productivité.
Avec seulement 1 % de terres cultiva-
bles sur son territoire (842 290 km2), la
Namibie n’a pas une agriculture vivrière
capable d’assurer la sécurité alimentaire
de ses habitants. C’est surtout l’élevage
(bovins, caprins, ovins) qui occupe la
place prépondérante. Une partie est des-
tinée à l’exportation.
La pêche, avec une production de l’ordre
de 500 000 tonnes dont 350 000 destinées
à l’exportation, est le second secteur éco-
nomique du pays (7,5 % du PIB). Depuis
novembre 2011, un programme de coopé-
ration dans le domaine halieutique est en
encore exploitées mais s’avèrent promet-
cours entre la France et la Namibie. teuses.
La Namibie tire le quart de ses revenus de Handicapée par son déficit énergétique,
ses deux principales ressources minérales : elle demeure dépendante de la RAS à hau-
diamant et uranium. teur de 50 % de ses besoins
L’industrie diamantifère en électricité. Un projet de
(6e rang mondial) après L’économie construction d’une centrale
une période marquée par la namibienne tire nucléaire, à l’horizon 2015-
baisse de la demande mon-
diale connaît une relance de
l’essentiel de 2020, est envisagé.
La Namibie possède un
la filière. Une « joint ven- ses revenus potentiel touristique avéré
ture » avec le Sud-Africain
De Beers a donné naissance
de ses richesses et mène une politique visant
à le développer.
à la holding Namdeb qui minières. L’essentiel de ses activités
concède à la Namibie une économiques est arrimé à
participation élargie dans l’exploitation celles de l’Afrique du Sud. Elle en subit
de ses diamants. Elle est le seul pays au les avantages mais aussi les inconvénients.
monde qui exploite des diamants des Près de 85 % de ses importations provien-
fonds marins. nent d’Afrique du Sud et le dollar namibien
Pour ce qui concerne la production d’ura- est indexé sur le rand sud-africain. En 2012,
nium (4e rang mondial), celle-ci a augmenté la croissance devrait atteindre 4,6 %.
de 20 % en 2010-2011 avec l’exploitation de
nouveaux sites. Politique intérieure
La mise en chantier du gisement d’Husab, Le président Hifikepunye Pohamba, 76 ans,
à l’ouest de Windhoek, a été confiée à un a été réélu, le 28 novembre 2009, avec

La Revue d’études - juillet 2012 69

dossier Afrique australe
La Namibie
plus de 75 % des suffrages. Son parti
(dont il est le président), l’Organisation
du peuple du Sud-Ouest africain (Swapo),
conserve la majorité au Parlement. Le lea-
der de l’opposition, l’ancien ministre des
Affaires étrangères, Hidipo Hamutenya,
transfuge de la Swapo, est à la tête du
Rassemblement pour la démocratie et le
République
d’Afrique du Sud
La première puissance de l’ASS
La République d’Afrique du Sud (RSA) possède de nombreux atouts
qui font d’elle la première puissance du continent africain. Elle reste
cependant confrontée à de nombreuses difficultés sur le plan intérieur.
T
endances économiques
En dépit des effets de la crise
économique mondiale, l’écono-
mie sud-africaine a bien résisté
et elle conserve sa place parmi
70
progrès (RDP). Ce dernier conserve une
audience que n’ont pas la plupart des huit
autres partis d’opposition.
Dans son programme, le président
Pohamba s’est engagé à mener une lutte
contre les maux qui dénaturent la société
namibienne : la corruption, qui affecte tous
les secteurs de la vie publique, les inégali-
tés, le chômage qui touche plus de 50 % de
la population active et enfin le sida dont le
taux de prévalence voisine les 20 %.
Ensuite, la réforme agraire fait l’objet de
contestations dans la mesure où plus de
74 % des terres arables sont possédées par
4 000 fermiers blancs alors que 2 millions
d’habitants vivent de l’agriculture de sub-
sistance et ne disposent que
de droits restreints dans des
zones communautaires.
Handicapée
L’aile la plus radicale de la par son déficit
Swapo souhaiterait que le énergétique,
Gouvernement accélère le
processus de redistribution elle demeure
et exproprie les fermiers dépendante de
blancs au prétexte qu’ils
« ont volé la terre ».
la RAS à hauteur
Les prochaines élections de 50%.
auront lieu en 2014. La
succession de Pohamba sera à l’ordre du
jour lors du congrès de la Swapo, prévu
en juillet 2012.
Politique extérieure
Dans le domaine des relations extérieu-
les plus performantes du continent.
La RSA a sollicité son entrée au sein des
pays émergents, en novembre 2010. Elle
fait désormais partie des Brics. Si, pour
certains analystes, elle en est le maillon
res, la Namibie pratique une politique
d’ouverture tant vers le monde occidental
– notamment avec les États-Unis et l’UE –
qu’avec les pays émergents.
Avec les Brics, la Namibie entretient des
relations poussées surtout avec la Chine,
à la fois sur le plan économique et celui de
l’aide bilatérale. La Russie est également
présente mais davantage dans le domaine
économique. L’Inde tient une place impor-
tante dans la coopération en matière de
santé et d’éducation. Elle a également
signé un accord bilatéral dans le domaine
de la défense.
L’Allemagne, en raison de ses liens histori-
ques, reste le premier bailleur de fonds du
pays. En dépit de la contro-
verse qui oppose les deux
pays sur la question des
réparations, les liens entre
Berlin et Windhoek demeu-
rent forts.
Défense
Les forces armées namibien-
nes ont un volume de 9 200
hommes. La marine dispose
de six garde-côtes pour des
missions de surveillance et de protection
des zones de pêche. La composante air
dispose d’avions de liaison.
La défense du territoire constitue la prin-
cipale mission de ces forces. La sécurité
extérieure reste assurée par la RSA. l
rsa
Population : 50 000 000 hab.
Densité : 41 hab./km²
PIB : 422 milliards $
PIB par habitant : 8 342 $
Rang IDH : 123/187
Monnaie : 1 € =10,50 rands
Chef de l’état : Jacob Zuma
Régime de l’état : présidentiel
faible, pour d’autres elle est le seul pays
africain à faire partie de ce groupe, ce qui
confirme sa compétitivité.
Ses principales ressources économiques
proviennent de l’agriculture (8,6 % du
PIB) et de ses abondantes réserves miniè-
res. Elle est au premier rang africain pour
la production de canne à sucre et de rai-
sin. La viticulture est un secteur fortement
exportateur.
La Revue d’études - juillet 2012

La République d’Afrique du Sud
La diversité de ses richesses minérales
assure sa prospérité. L’activité minière
représente 23 % de son PIB. Elle possède
d’importantes réserves de métaux précieux
– platine, or, diamant (6e rang mondial).
Elle dispose par ailleurs de gisements
de charbon qui couvrent largement ses
besoins actuels. En revanche, l’absence
d’énergie fossile sur son territoire l’oblige
à avoir recours aux importations. Afin de
se rendre moins dépendante, elle prévoit
de se doter, à l’horizon 2025, d’un parc de
12 centrales nucléaires.
Ces choix énergétiques ont toutefois un
coût sur le plan environnemental. Elle fait
l’objet de sévères critiques par les orga-
nisations de défense de l’environnement
(8e rang des pollueurs mondiaux, en rai-
son de sa dépendance au charbon et de
l’utilisation massive des OGM).
Le climat favorable pour les affaires lui
permet de bénéficier d’IDE toujours plus
nombreux.
Elle bénéficie, grâce à ses deux façades
océaniques, d’un atout stratégique et
commercial indiscutable. Grâce à ses nom-
breuses villes portuaires elle est la « porte
d’entrée » (gateway) de l’Afrique australe.
La croissance de la RSA s’est accélérée,
passant de 3,4 % en 2011 à 4,3 % en
2012.
Politique intérieure
La RSA est une démocratie parlementaire.
Le pouvoir constitutionnel est partagé
entre le président et le Parlement.
L’actuel président, Jacob Zuma, a été élu
en mai 2009, dans un environnement
social et économique instable. Trois ans
La Revue d’études - juillet 2012
après son arrivée au pouvoir, le bilan de
Zuma est en demi-teinte. Si la réussite éco-
nomique est globalement au rendez-vous,
une large part de la population, parmi
celle qui est la plus déshéritée, nourrit un
vif sentiment d’amertume et
estime que rien n’a changé.
La moitié de la population La diversité
vit au-dessous du seuil de
pauvreté et 2,2 millions de
de ses richesses
personnes sont entassées minérales
dans les bidonvilles, dans assure
des conditions de vie parti-
culièrement défavorables.
sa prospérité.
Le taux de chômage (25 %)
a sensiblement diminué mais il affecte
les plus vulnérables et il est générateur
de malaises sociaux, amplifiés par les iné-
galités et une corruption endémique.
La criminalité et l’insécurité, qui attei-
gnaient des taux record, ont sensiblement
chuté, probablement avec le renforcement
des dispositifs de sécurité mis en œuvre
lors de la Coupe du monde de football.
Les relations entre les communautés blan-
che et noire sont tendues, généralement
sur fond de tensions raciales. Même si
Julius Malema, leader extrémiste de la
ligue de la jeunesse de l’ANC a été démis
de ses fonctions, en décembre 2011, à
cause, entre autres, de ses outrances racis-
tes anti-blancs, le fossé se creuse entre
les communautés. Des décisions emblé-
matiques, comme celle visant à changer
prochainement le nom de la ville de Pre-
toria, remettent en cause la cohésion de la
« nation arc-en-ciel ». Ce rêve s’effrite et
beaucoup de Sud-Africains blancs quittent
définitivement la RSA.
En dépit d’un léger reflux enregistré ces
trois dernières années, les taux de conta-
mination par le sida restent élevés. Près
de 5,5 millions de personnes sont affectés.
Cette pandémie impacte l’espace social, la
vie économique, la démographie et la vie
politique de la RSA.
Au-delà de ces nombreuses difficultés,
l’ANC, qui célèbre cette année son cen-
tième anniversaire, conserve encore le
soutien d’une large frange de la popu-
lation comme l’a prouvé sa victoire aux
élections municipales de mai 2011 alors
que sa rivale, l’Alliance démocratique,
n’emportait la victoire que dans la pro-
vince du Cap.
dossier
L’avenir de Zuma, à la tête de son parti,
dépendra, aux élections de décembre
2012, pour une large part de la satisfac-
tion des attentes des laissés-pour-compte
et des plus déshérités.
Politique extérieure
La puissance économique
de la RSA sert ses ambitions
diplomatiques.
Par le biais de quatre accords
économiques, elle s’assure
une suprématie significative
sur tous les pays membres
de l’Afrique australe (SACU,
SADC, Comesa et l’initiative transfronta-
lière ou CBI).
La RSA s’est impliquée dans la résolution
de nombreuses crises et conflits africains,
intra-étatiques comme interétatiques. Ses
prises de position récentes, concernant la
crise libyenne ou ses rapports avec l’Iran
sont parfois antagonistes avec les options
occidentales.
L’échec de sa candidate à la présidence
de la Commission de l’UA met en relief
l’opposition entre l’Afrique francophone
et l’Afrique anglophone mais aussi la
défiance des autres pays africains qui
lui reprochent un leadership jugé parfois
excessif.
Avec la Chine, dont elle est la première
exportatrice et la première importatrice,
elle développe des relations bilatérales
fortes. Celle-ci est le premier investisseur
en termes d’IDE.
Enfin, si elle milite pour l’attribution au
continent africain d’une place de mem-
bre permanent au Conseil de sécurité de
l’Onu, c’est elle qui convoite le poste.
Défense
Les forces armées de la RSA (SANDF), qui
ont été restructurées, comprennent 53 500
hommes. 37 000 pour l’armée de terre (y
compris 12 000 réservistes), 10 500 pour
l’armée de l’air et 6 000 dans la marine.
Celle-ci collabore avec celles du Mozambi-
que et de la Tanzanie dans la lutte contre
la piraterie maritime (opération « Cop-
per »).
Elle figure au premier rang des importa-
teurs d’armement de l’ASS. L’Allemagne
et la Suède sont ses principaux fournis-
seurs. l
71
dossier Afrique australe

Royaume swaZiland

du Swaziland
Population : 1 200 000 hab.
Densité : 69 hab./km²
PIB : 3,9 milliards $
PIB par habitant : 3 332 $
Une monarchie passéiste Rang IDH : 140/187
Monnaie : 1 € = 10,40 lilangenis

et caricaturale Chef du Gouvernement : Barnabas

Dlamini
Régime de l’état : monarchie absolue

Le plus petit pays de l’Afrique australe, le Swaziland, vit sous un régime

monarchique. Les excès et les débordements financiers personnels du Union Congress of Swaziland (Tucoswa)
souverain, alors que l’environnement social est très dégradé, pourraient mènent, en dépit de son interdiction et de la
conduire le royaume vers l’implosion. dureté des répressions policières, des actions
de contestations répétées. Fort de 50 000
membres, il a d’ores et déjà annoncé qu’il
boycotterait les élections de 2013.
Les faibles performances de l’économie

T
endances économiques
Au Swaziland la démocra-
tie n’existe pas. En revanche,
la politique économique se
caractérise par son libéralisme
qui lui permet, entre autres, de bénéficier
d’une aide internationale sans
laquelle le pays ne pourrait pas
perdurer dans ses fonctionne-
La part du
ments actuels. budget alloué à
L’économie du Swaziland l’action sociale
repose sur l’agriculture, l’in-
dustrie textile et sur quelques dépasse à peine
ressources minières. 2%.
L’agriculture vivrière reste
insuffisante pour satisfaire les besoins des
1,2 million d’habitants. Il doit avoir recours
aux importations et au PAM.
La principale culture de rente est celle de la
canne à sucre. Elle emploie 60 % de la popu-
lation active. Toutefois, sa compétitivité est
obérée à cause du contexte des marchés mon-
Le Swaziland
diaux, des méthodes de production obsolètes
et enfin par la dégradation des sols due aux
aléas climatiques. L’Union européenne a mis
en place un programme d’accompagnement
financier, jusqu’en 2015, afin d’atténuer la
réforme du « protocole sucre ».
L’industrie textile est en diffi-
culté en raison de la situation
délicate de ce secteur sur le
plan mondial et la compétitivité
avec les marchés asiatiques.
Le Swaziland dispose de gise-
ments de charbon et d’amiante.
Le démarrage de l’exploitation
de nouveaux gisements de
minerai de fer a débuté en 2012.
C’est d’abord et surtout avec l’Afrique du
Sud que s’effectuent les échanges commer-
ciaux (67 % de ses exportations et 90 % de
ses importations).
À l’instar du Botswana et du Lesotho, le
Swaziland (BLS) a récemment signé l’Ac-
cord de partenariat économique (APE)
intérimaire avec l’UE aux fins de diversifier
le commerce et l’investissement. Cet accord
vise aussi à minorer la dépendance vis-à-vis
de l’Afrique du Sud. La croissance pourrait
atteindre 2,2 % en 2012.
Politique intérieure
Le roi Mswati III règne sans partage sur son
royaume depuis 1986. La constitution inter-
dit les partis politiques depuis 1973.
En septembre 2008, le souverain a placé à la
tête du Gouvernement, après des élections
législatives, un Premier ministre, Barnabas
Sibusiso Dlamini.
L’opposition est menée par Mario Musuku,
à la tête du Mouvement démocratique uni du
peuple (Pudemo) qui appelle à une démo-
cratisation effective du royaume.
Les syndicats, regroupés au sein du Trade
accentuent la paupérisation d’une popula-
tion pour laquelle la part du budget alloué à
l’action sociale dépasse à peine 2 %. Près de
69 % de celle-ci vit sous le seuil de pauvreté.
Elle est par ailleurs minée par le chômage et
la prévalence du sida avec un taux parmi
les plus élevés au monde (26 % de la popu-
lation). L’espérance de vie est de 47 ans
et la situation démographique affiche une
décroissance persistante.
La gouvernance autocratique du souverain,
ses dépenses incongrues dans un environ-
nement en crise pourraient provoquer, à
terme, une remise en cause violente de cette
monarchie.
Politique extérieure
La politique extérieure du royaume ne pré-
sente pas de caractéristiques saillantes.
Il entretient, dans le domaine politique, éco-
nomique et celui de la sécurité, des relations
étroites avec la RSA.
Il est membre d’organisations régionales
(SACU et Comesa) au sein desquelles il tient
une place mineure.
Il conserve, avec l’ancienne puissance
coloniale, des liens forts. Il appartient au
Commonwealth.
Le Swaziland reste l’un des cinq derniers pays
africains alliés diplomatiquement à Taïwan.
La Chine s’accommode de cette situation
compte tenu, notamment, de l’absence de
ressources énergétiques et d’intérêts écono-
miques significatifs.
Défense
Le Swaziland ne possède pas d’armée au
sens classique du terme. Sa sécurité exté-
rieure est assurée par la RSA.
Avec 3 000 hommes, essentiellement au sein
de l’armée de terre, ses principales missions
sont la sécurité intérieure, le maintien de
l’ordre et à la protection du roi. l

72 La Revue d’études - juillet 2012


Zimbabwe
Robert Mugabe : le plus vieux
dictateur de l’ASS
Depuis 1980, le Zimbabwe vit sous le régime despotique de Robert
Mugabe. La violence politique est un état de fait et, en dépit de quelques
progrès sur le plan économique, les violations du droit de la personne
sont constantes.
T
endances économiques
La situation économique du
Zimbabwe reste fragile même si
elle connaît une légère amélio-
ration avec la « dollarisation »
de son économie. Elle tire ses ressources de
l’agriculture ainsi que de l’exploitation de
ses richesses minières.
Mugabe, essentiellement pour des raisons
idéologiques et racistes, par le biais d’une
réforme agraire, a démantelé l’agriculture
de son pays. L’agriculture vivrière n’assure
pas les besoins d’une population dont 50 %
dépend de l’aide alimentaire mondiale et au
sein de laquelle un enfant sur trois souffre
de malnutrition.
Les cultures de rente (tabac, coton et laine)
progressent mais restent en deçà de leurs
possibilités.
Les ressources minérales sont abondantes
et diversifiées. La production diamantifère
(4 millions de carats en 2011), qui a longtemps
souffert de détournement et de corruption, est
de nouveau autorisée à l’exportation par le
processus de Kimberley.
La production d’or est stimulée par la décou-
verte de nouveaux gisements dans le centre du
pays (Kwekwe). Enfin, le pays dispose d’abon-
dantes ressources en platine (3e producteur
mondial) qui a bénéficié d’une hausse des
Le Zimbabwe
La Revue d’études - juillet 2012
cours mondiaux favorable aux exportations.
L’économie zimbabwéenne souffre toujours
d’un climat peu favorable aux affaires, de la
faiblesse des IDE et de mesures qui dissuadent
les investisseurs étrangers comme la « loi d’in-
digénisation », qui prévoit que 51 % du capital
d’une société implantée sur le territoire doit
être détenu par des Zimbabwéens noirs.
L’aide extérieure reste encore limitée au
soutien humanitaire, mais le
FMI est de nouveau présent
au Zimbabwe. La croissance Le taux
serait en recul avec un taux de prévalence
de 3,5 % en 2012.
du sida figure
Politique intérieure parmi les plus
Réélu en juin 2008 pour un élevés d’Afrique
cinquième mandat de prési-
dent de la République, Robert et du monde.
Mugabe ne doit sa réélection
qu’à des fraudes électorales, à des déchaîne-
ments de violence de son parti, la Zanu-PF
(Union nationale africaine du Zimbabwe-
Front patriotique), à l’encontre des partisans
de son adversaire, Morgan Tsvangirai, leader
du Mouvement pour le changement démocra-
tique (MDC). Finalement, celui-ci se retirera
du second tour qu’il appellera à boycotter.
Le pays étant dans une impasse politique, la
médiation de la SADC s’avérera indispensable
pour parvenir, en septembre 2008, à un accord
de partage du pouvoir (accord politique global
– APG) entre Mugabe à la présidence, chef de
l’État et commandant en chef des armées et
Tsvangirai au poste de Premier ministre.
La cohabitation entre les deux hommes au
sein d’un Gouvernement d’union nationale
transitoire demeure chaotique. La mise en
œuvre de l’APG s’avère erratique et le proces-
sus de finalisation d’une nouvelle Constitution
marque toujours le pas. Enfin, les atteintes à la
démocratie sont récursives, la corruption endé-
mique et les taux de chômage et de pauvreté
atteignent des seuils inquiétants (80 %).
Le taux de prévalence du sida (14 %, en
dossier
Zimbabwe
Population : 12 600 000hab.
Densité : 32 hab./km²
PIB : 9,2 milliards $
PIB par habitant : 735 $
Rang IDH : 173/187
Monnaie : 1 € = 484 dollars
zimbabwéens
Chef de l’état : Robert Mugabe
Chef du Gouvernement : Morgan
Tvsangirai Premier ministre (accord du
11 février 2009)
Régime de l’état : présidentiel
particulier le sida pédiatrique) figure parmi
les plus élevés d’Afrique et du monde. La
situation sanitaire est catastrophique et le
Gouvernement en place n’a pas de straté-
gie préventive efficace pour éradiquer cette
pandémie qui a des conséquences sociales
et économiques prédatrices.
Âgé de 88 ans, Mugabe, qui serait atteint d’un
cancer, ne semble pas vouloir se retirer de la
vie politique et n’a pas, à ce jour, de challen-
ger désigné pour lui succéder. Les prochaines
élections devraient se tenir fin 2012.
Politique extérieure
Le Zimbabwe a fait l’objet de
mesures sanctionnant les excès
de sa piètre gouvernance. Elles
ont été (hormis celles qui se rap-
portaient à l’aide humanitaire)
majoritairement appliquées par
les pays occidentaux.
Harare s’est donc tourné vers
les pays émergents, au premier
rang desquels figurent l’Afrique du Sud et
la Chine. Cette dernière accroît sa présence
économique et culturelle au Zimbabwe
depuis le début des années 2000. La Russie
et l’Inde débutent une coopération, notam-
ment dans le secteur diamantifère.
Évincé du Commonwealth en 2003, le
Zimbabwe n’a toujours pas réintégré cette
communauté.
Des négociations sont en cours avec l’UE
afin qu’elle suspende ses sanctions.
Défense
Les forces armées du Zimbabwe (AFZ) dis-
posent de 29 000 hommes et d’une force de
police de 20 000 hommes. Avec 4 000 hom-
mes, l’armée de l’air occupe le 3e rang, en
volume, des forces aériennes de l’Afrique
australe. L’essentiel de son parc est consti-
tué d’hélicoptères.
Pilier du régime de Mugabe, l’armée fait
l’objet de beaucoup de sollicitudes de la
part du pouvoir. Elle reste désormais dévo-
lue aux missions de sécurité intérieure et de
contre-insurrection. l
73
dossier L’Afrique subsaharienne

Sigles et Acronymes
Africom : Commandement américain pour l’Afrique
AGOA : African Growth and Opportunity Act
BCEAO : Banque centrale des États de l’Afrique l’Ouestd
BOAD : Banque ouest-africaine de développement
BRI : Banque des règlements internationaux
Brics : Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud
CAE : Communauté de l’Afrique de l’Est
CCP : Commission de consolidation de la pai
Cédéao : Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Ecowas)
CEEAC : Communauté économique des États de l’Afrique centrale
Cemac : Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale
CEN-SAD : Communauté des États sahélo-sahariens
CEPGL : Communauté économique des pays des Grands Lacs
Choke point : nœud maritime stratégique qui se situe au point de passage d’une mer fermée
CPS : Conseil de paix et de sécurité (voir UA)
COI : Commission de l’océan Indien
Comesa : Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe
DCP : Document-cadre de partenariat
EASBRICOM : Mécanisme de coordination de la force en attente est-africaine
Engagement de Gleneagles : En 2005, la Communauté internationale a réitéré, au Sommet du G8 organisé à Glenea-
gles (Écosse), son engagement de doubler l’aide accordée aux pays d’Afrique subsaharienne à faible revenu pour leur
permettre de progresser vers la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). L’aide devait
être doublée et portée à 85 dollars par personne en 2010.
FED : Fonds européen de développement (voir UE)
Fida : Fonds international de développement agricole
FRPC : Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance
IADM : Initiative d’allégement de la dette multilatérale
IDE : Investissement direct étranger
ITIE : Initiative pour la transparence des industries extractives
Kimberley (ville minière d’Afrique du Sud) : Processus interdisant la vente de pierres lorsqu’elles proviennent d’une
zone de conflit.
MAEP : Mécanisme africain d’évaluation par les pairs
Nepad : New economic partnership for Africa’s development
OCI : Organisation de la conférence islamique
OIF : Organisation internationale de la francophonie
OMD : Objectifs du millénaire pour le développement
PAM : Programme alimentaire mondial
PEM : Perspectives de l’économie mondiale
PIED : Petits États insulaires en développement
PMA : Pays les moins avancés
PNUD : Programme des Nations unies pour le développement
PPTE : Pays pauvres très endettés (cf. réduction de la dette)
PRI : Pays à revenu intermédiaire
Processus DDR : Processus démobilisation, désarmement, réinsertion
UA : Union africaine
UE : Union européenne
UIC : Union des tribunaux islamiques
SACU : Union douanière d’Afrique australe
SADC : Communauté du développement de l’Afrique australe
UEMOA : Union économique et monétaire ouest-africaine
ZEE : Zone économique exclusive (droit de la mer)

74 La Revue d’études - juillet 2012


Carine Lahoud-Tatar
Islam et politique au Koweït
Par Christian LoChon
Cette thèse de sciences politiques
soutenue par Madame Lahoud-Tatar,
d’origine libanaise et élève de Gilles
Kepel1 à l’Institut d’études politiques
de Paris, consacrée à l’islam politique
au Koweït, est innovante car le sujet
n’avait pas encore été traité en français.
L’auteure nous donne les clés de
l’évolution interne des mouvements
islamistes au niveau mondial, après
l’avoir étudiée dans le microcosme
koweïtien. Les « printemps arabes » y
sont pré-décryptés.
O
n retiendra que, comme la religion
musulmane elle-même, « l’isla-
misme » est loin d’être monolithi-
que. Ainsi les Frères musulmans,
mouvement né en Égypte et ayant
créé des rameaux diversifiés dans
chaque État arabe, s’opposent aux
Salafistes, appuyés en grande La diffusion
partie par l’Arabie saoudite tan-
dis que ces deux formations font
du wahhabisme
front commun contre les garants dans la société
de l’islam officiel, les tenants de koweïtienne
l’islam populaire et confrérique et
bien sûr les démocrates. Quatre remonte à
parties permettent une analyse la fondation de
diversifiée de cette principauté.
l’état saoudien.
état du Koweït
Tout d’abord, abandonnons ce concept de la
prétendue absence de clergé en islam. Depuis le
IXe siècle, les Sunnites ont développé un corps
d’Ulémas qui se spécialisent dans les fonctions
de mufti (jurisconsulte), faqih (juriste), imam
(desservant de mosquée), muezzin, professeur
de théologie ; ils sont titularisés et rétribués
au sein du Ministère des affaires religieuses de
chaque État. Le Chiisme a créé parallèlement
des corps d’ayatollahs (docteurs), hodjatoeslam
(master 2), mujtahid (licencié), formés dans les
universités et de mollah (bachelier), affectés
et salariés selon leurs diplômes par l’État. Le
Koweït sunnite à 75 % dispose donc de l’ar-
La Revue d’études - juillet 2012
la rédaction a lu pour vous
chitecture cléricale habituelle dans ce milieu.
C’est un fief tribal que s’est constitué la famille
Al Sabbah au XVIIIe siècle, devenu protectorat
britannique en 1899 et ayant pris son indé-
pendance en 1961. L’Irak du Général Qassem
envahit alors le Koweït, défendu par les Britan-
niques et les Égyptiens ; Bagdad récidivera en
1991 sans plus de succès. Les 12 000 membres
de la famille régnante bénéficient d’une liste
civile et redistribuent la manne pétrolière pour
clientéliser les différentes composantes de la
société. Néanmoins, un Parlement élu par les
citoyens reconnus de souche existe depuis 1963 Islam et politique au
et agit en tant que contre-pouvoir efficace. Les Koweït, Carine Lahoud-
Frères musulmans, les Salafistes, les Chiites et Tatar, PUF, 2011,
les tribalistes y sont représentés mais les fem- 272 pages, 26,50 euros.
mes ont du mal à obtenir entre 2 et 4 sièges
sur 60.
Les Frères Musulmans au Koweït christian lochon
En réaction à l’idéologie nationaliste arabe Christian Lochon a
gauchisante et laïque, de 1960 à servi 25 ans comme
1970, un courant de pensée néo-is- universitaire puis
lamiste est importé au Koweït par comme attaché culturel
des Frères musulmans égyptiens,
fuyant les persécutions nassérien-
et de coopération
technique à Bagdad,
nes. Ils créent une branche locale
Beyrouth, Damas,
Khartoum, Le Caire,
en 1952, des établissements d’en- Téhéran après un séjour
seignement d’où sortiront leurs
militants et des coopératives où
d’enseignant dans le
Sud algérien ; et à Paris
ils distribuent des produits bon comme conseiller du
marché pour les classes défavori-
sées, contrôlant peu à peu 80 % du
Président de l’Institut
du Monde Arabe et
marché alimentaire. Ils sont offi- directeur des études
et de la recherche au
ciellement reconnus par les pouvoirs publics et
Centre des Hautes
opèrent en toute légalité, sinon en toute visibi-
Études sur l’Afrique
lité. Ils investissent le champ politique à partir et l’Asie modernes. Il
de 1991, se mobilisent contre le Gouvernement est toujours correcteur
de 1986 à 1990, et se verront accusés de tra- d’arabe pour les
hison par les Koweitiens en 1991 pour avoir concours nationaux
soutenu Saddam. Il y aura alors une koweïti- et fait des recherches
sation du mouvement des Frères musulmans, depuis 1991 sur
imposant un recrutement des affiliés plus natio- l’expansion actuelle de
nal. En même temps se dessine une compétition l’islam en Europe.
interne au courant islamiste entre les « Frères »
et des ulémas salafistes. Cette rupture facilite 1
Politologue, spécialiste de
l’émergence d’un critère de différenciation l’islam et du monde arabe
portant sur l’appartenance physique, les contemporain.
75
la rédaction a lu pour vous
pratiques religieuses, la tenue vestimentaire
et l’idéologie. La mouvance salafiste fonde son
identité sur l’appartenance exclusive au champ
religieux contrairement aux « Frères » qui ont
le projet d’investir la totalité du champ social
et même du champ politique. D’autres ouvrages
récents analysent cette situation
redondante dans l’ensemble du
monde arabe et de sa diaspora En 1991,
comme ceux de Rachid Aous,
Liess Boukra, Felice Dasseto,
à la libération,
Zidan Meriboute ou Nabil Mou- de jeunes
line. militants islamistes
Les mouvements se mettent à
salafistes koweïtiens surveiller
La diffusion du wahhabisme
dans la société koweïtienne
les citoyens afin
remonte à la fondation de l’État d’imposer
saoudien. Les familles qui s’y
sont installées à partir du XVIIIe
les prescriptions
siècle venaient de la région cen- religieuses.
trale du Najd, lieu de naissance
de ce courant de pensée. Le salafisme apparaît
au milieu des années 1960 comme extension du
wahhabisme saoudien sous forme de cellules
autonomes sans structure, ni hiérarchie, dans
certaines mosquées. Les Salafistes cherchent
avant tout l’établissement du gouvernement de
Dieu (hukm Allah) sur terre, en faisant usage des
outils légaux et constitutionnels, pour proscrire
la vente d’alcool, la mixité dans les cafétérias
universitaires et les voyages à l’étranger, l’octroi
de la nationalité aux non-musulmans, la pénali-
sation de ceux qui critiquent Dieu, les prophètes
et les compagnons.
En 1981, les Salafistes créent l’Association de la
Revification du Patrimoine islamique, calque de
celle des Frères musulmans dans son organisa-
tion tenue secrète. En 1991, à la libération, de
jeunes militants islamistes se mettent à surveiller
les citoyens afin d’imposer les prescriptions
religieuses. Des incidents, qui impliquent des
Islamistes incendiant des magasins de vidéo et
brûlant des cassettes de musique sont désavoués
par de nombreux Salafistes qui recommandent
au contraire de ne pas s’opposer au Régime
mais de se consacrer uniquement à la prédi-
cation et à l’acquisition d’un savoir religieux.
C’est un double phénomène que l’on retrouve
dans les autres États de la région.
La communauté chiite koweïtienne
Les Chiites longtemps marginalisés constituent
le quart des citoyens koweïtiens, mais par le
76
Islam et politique au Koweït
jeu des découpages électoraux, ils sont sous-
représentés au Parlement (5 députés sur 60).
Ils appartiennent à la classe moyenne urbaine
et ont été sensibles aux influences politiques
venues d’Irak où leurs coreligionnaires appar-
tinrent souvent au Parti communiste (comme
au Liban) dans les années 1960,
puis aux courants opposés
des Ulémas de Kerbela (mou-
vement « Al Daawa ») ou de
Najef, refusant la doctrine de
l’Imam Khomeyni de préséance
des clercs sur les élus laïques.
Depuis 1979, l’Iran s’appuie sur
les expatriés religieux de lon-
gue date, se méfiant des Chiites réFérEncEs
BiBlioGraphiQuEs
libéraux. Cette communauté
conteste le régime de l’Émir. Aux origines du déclin
de la civilisation arabo-
musulmane : les sources
La contestation islamiste dans
le monde arabe a émergé de
du sous-développement
manière progressive dans le
en terres d’islam,
Rachid Aous,
tissu social par le biais d’orga- Les Patriarches, 2009.
nisations formelles et de réseaux informels et
construit ses cadres d’action dans le domaine Le Djihadisme, l’islam
des questions de pureté du dogme et de pra- à l’épreuve de l’histoire,
tiques religieuses. Elle est essentiellement le Liess Boukra, Bachari,
fait des Frères musulmans. À partir des années 2012.
1970, le courant salafiste d’obédience wahhabite
Discours musulmans
émerge dans l’espace des premiers. L’auteure
contemporains,
montre comment cet activisme politique les
Felice Dasseto (dir.),
professionnalise dans leur bureaucratisation et Academia, 2011.
par la participation de leur élite à l’opposition
ou au soutien au Régime émiral. Islamisme, Soufisme,
Évangélisme, la guerre
Cette analyse nous montre que les Frères ou la paix,
Musulmans acceptent d’entrer dans des gou- Zidan Meriboute,
vernements séculiers comme actuellement en Labor et Fides, 2010.
Jordanie et au Maroc ; que les mouvements
Les Clercs de l’islam,
salafistes tiennent à marquer leur différence
autorité religieuse
en ne participant qu’à des gouvernements isla-
et pouvoir politique
mistes ; que la Qaïda les considère tous deux en Arabie Saoudite,
comme les autres « impies » et que ses activistes nabil Mouline, PUF,
ne renoncent pas aux attentats terroristes dans 2011.
toute la région, mais le plus grave est que dans
les circonstances actuelles les partis démocrati-
ques ne semblent plus jouer aucun rôle.
On saura gré à Carine Lahoud-Tatar d’avoir
rédigé des notes, parfois copieuses, sur le sala-
fisme, le wahhabisme, des biographies des
personnes citées, d’avoir constitué une impo-
sante bibliographie de 155 auteurs et de 200
ouvrages, et de s’être appuyée sur 55 entretiens
originaux. l
La Revue d’études - juillet 2012

Laurence Duchêne et Pierre Zaoui
L’abstraction matérielle : l’argent au-delà
de la morale et de l’économie
Par Fernand LAPôTRE
La crise que nous traversons, dont
on ne sait quand elle prendra fin,
donne l’occasion de reformuler les
interrogations qui naissent dès que
l’on aborde l’« argent objet » sous un
éclairage économico-philosophique.
Qu’est-ce donc que l’argent ? Qu’est-
ce que la monnaie ? Y a-t-il une
science exacte de la monnaie ? Quel
est le rapport personnel à l’argent ? Et,
surtout, une philosophie de l’argent
peut-elle avoir un sens ?
U
ne problématique, une intuition
Laurence Duchêne et Pierre Zaoui
estiment qu’une philosophie de
l’argent peut avoir un sens dès lors
qu’elle s’insère « entre un consensus
technique qui n’explique rien et une
colère morale, intime ou collective L’argent serait
qui n’explique pas davantage ».
Les auteurs se proposent donc « d’es- « cette réalité
sayer de saisir, au-delà de ce à quoi
il sert, comme au-delà de ses sup-
amorale
posées valeurs morales (est-ce un qui ne peut
bien ; est-ce un mal ?), comment l’ar- s’expérimenter
gent peut précisément constituer le
point de connexion entre un système que de manière
social donné et l’intimité affective et morale ».
passionnelle de chacun ».
Ils partent de cette intuition de Pierre Klossowski
selon laquelle « l’argent relève peut-être bien de
deux déterminations – à première vue sans rap-
port – : il serait le médium commun de toutes nos
pathologies les plus apparemment intimes, un pos-
sible pont reliant notre intimité affective à la réalité
politique qu’est la grande machinerie produisant
et laissant circuler les marchandises ».
L’enjeu, précisent Laurence Duchêne et Pierre Zaoui,
est alors de comprendre comment l’argent peut
incarner « la vérité de notre dualité humaine à la fois
corporelle et psychique, individuelle et collective,
souveraine et dépendante, pleine et vide, exprimant
la jouissance et la déplaçant sans cesse ».
La Revue d’études - juillet 2012
la rédaction a lu pour vous
Pour les auteurs, il n’y a ni solution morale ou
privée, ni solution économique ou technique aux
vrais problèmes que pose l’argent et donc la seule
solution ne peut reposer que sur la meilleure arti-
culation possible de cette dualité.
Les trois chapitres – l’impossible résolution morale
(I), les théories aporétiques de la monnaie (II),
politique de l’argent (III) –, permettent à Laurence
Duchêne et Pierre Zaoui de « traverser aussi bien
les ritournelles morales que les apories économi-
ques et de montrer combien elles ne sont aussi
insolubles et irréductibles que tant qu’on ne tente
pas d’articuler les unes aux autres dans l’espace
de l’action politique ». L’abstraction
Une très intéressante spéculation intellectuelle. matérielle : l’argent
au-delà de la morale et
L’argent au-delà de la morale… de l’économie, Laurence
Au-delà de la morale car l’argent se heurte à « une Duchêne et Pierre
impossible résolution morale ». Zaoui, La Découverte,
Pendant des siècles, les religions comme les phi- 220 pages, 18 euros.
losophies n’ont pensé l’argent que sur un plan
strictement éthique, c’est-à-dire, explicitent Lau-
rence Duchêne et Pierre Zaoui,
comme « rapport privé de soi à soi
ou de soi aux autres ». FErnand lapôtrE
Sans aucun doute, l’argent est une Commissaire général-
réalité sociale, mais celle-ci ne se
manifeste spontanément que par des
divisionnaire
formes personnelles d’appropriation
(2S), breveté de
l’enseignement militaire
– mon, votre, leur argent – : il est supérieur et diplômé
« un rapport social transi par ses pos- du Collège des sciences
sessions et ses usages individuels ou économiques et
interindividuels ». sociales et de l’Institut
d’administration
L’argent, formidable porteur d’illusion,
des entreprises,
dont cette illusion profonde, presque transcendan-
Fernand Lapôtre est
tale, disent les auteurs, qui apparaît toujours comme ancien professeur de
un arrière fond moral : l’argent serait « cette réalité l’École supérieure de
amorale qui ne peut s’expérimenter que de manière l’Intendance et directeur
morale, tout le monde ayant une morale de l’argent, central adjoint du
l’avare la morale de l’économie et de la prévoyance, commissariat de l’armée
le prodige celle du plaisir de dépenser sans compter, de terre.
etc. ».
De leurs pérégrinations à travers les morales
de l’argent, Laurence Duchêne et Pierre Zaoui,
concluent qu’il n’y a aucune éthique qui permette
d’édicter un bon comportement avec l’argent, 1
Philosophe, essayiste,
valable toujours et partout, que nulle philoso- auteur de La monnaie vivante,
phie ne répond définitivement à la question Rivages, 1997.
77
la rédaction a lu pour vous
éthique de l’argent. Ils soulignent cependant
que tout n’est pas vain dans leur recherche : les
différentes approches éthiques leur permettent de
formuler que « le moins pathologique des rapports
à l’argent est un rapport fluant, ductile, toujours
en déséquilibre et même instable car il ne peut
être fixé une fois pour toutes. Ce rapport tend vers
le juste milieu aristotélicien qui est une sorte de
barycentre entre les deux pôles de la prodigalité
et de l’avarice, la première pesant plus lourd que
la seconde ».
Ce faisant, un cadre est tracé, celui des moins mau-
vais rapports à l’argent qui se situe au-delà d’un
certain minimum et en-deçà d’un maximum.
En dehors de ces seuils, Laurence Duchêne et
Pierre Zaoui ne discernent aucune forme d’éthique
à défendre face au manque misérable d’argent, ni
à son inverse, sa surabondance.
La question éthique tire fondamentalement tout
son sens en déplaçant lentement le problème de la
conscience intime de chacun vers la sphère publi-
que, mais les différentes postures morales à l’égard
de l’argent semblent toutes vouées à une insuffi-
sance intrinsèque pour « expliquer » l’argent.
…au-delà de l’économie
Laurence Duchêne et Pierre Zaoui se proposent
de nous emmener vers le domaine de la science
économique. Ce faisant, disent-ils, puisque toute
science économique suppose une réduction,
ils traitent alors de la monnaie,
observant qu’en conséquence, ils
réduisent l’argent de sa dimension
Le moins
sociale, psychologique et même pathologique
politique, toutes dimensions que des rapports
la monnaie des économistes a ten-
dance d’ailleurs à écarter, voire à à l’argent
nier. est un rapport
Ils développent dès lors une analyse
critique, sans aucun doute intéres- fluant, ductile,
sante, à partir de la question que toujours en
représente la monnaie : convention
ou instrument, active ou neutre,
déséquilibre et
monnaie versus valeurs ? Et en même instable.
tirent conséquence : formuler une
théorie économique de la monnaie semble relever
de l’impossible !
Des analyses effectuées, il ressort, affirment Lau-
rence Duchêne et Pierre Zaoui, que la monnaie
n’est ni une marchandise, ni le résultat d’un
contrat, ni la créature de l’État et qu’elle est logi-
quement antérieure aux relations de marché.
Si la monnaie n’est pas un objet économique – la
théorie économique ne parvient ni à lui donner
un rôle ni à justifier sa nécessité dans la société
marchande – ; si toute théorie de la monnaie est
nécessairement extra économique – la monnaie est
78
L’abstraction matérielle
un condensé, presque un précipité de la société et
de ses principes de cohésion – elle constitue un
lien social plus fondamental que le marché.
La recherche d’une origine logique de la monnaie
ne revient-elle pas, ni plus ni moins, à chercher à
justifier le besoin de reconnaissance d’autrui, qui
est justement l’origine du « décompte » ?
… mais de nature politique
Le parcours effectué à travers les « ritournel-
les » morales et religieuses comme à travers les
« apories » des sciences économiques montre, sou-
lignent Laurence Duchêne et Pierre Zaoui, qu’il
n’y a pas de vérité morale, pas plus qu’il n’y a
d’essence instrumentale ou technique qui puissent
être accolées à l’argent : l’argent excède toute sai-
sie positive et fixe. Ce constat permet aux auteurs
de mieux fonder leur hypothèse initiale : l’argent
relève essentiellement d’un questionnement, non
pas moral ou économique, mais politique, le terme
étant ici entendu comme l’art de la problématisa-
tion, l’art de nouer et de dénouer ce qui peut être
maîtrisé à ce qui échappe, précisent-ils.
Laurence Duchêne et Pierre Zaoui parviennent à
une première approximation de la signification de
la nature politique de l’argent : « L’argent est le
nouage commun de l’hétérogène sous condition
d’ignorance relative. »
Cette première signification est explicitée et
enrichie par la voie que se trace les auteurs :
« Dans les sociétés qui ne reposent
plus que sur la circulation d’argent,
il faut penser non plus en termes de
tissage ou de lien social à consti-
tuer, mais de nœuds à dénouer. » Et
de nous entraîner sur les chemins
entre autres, « du réel et du fan-
tasme, les deux corps de l’argent »
de « l’abstraction matérielle avec
l’articulation du besoin et du désir »
afin de répondre in fine à cette ques-
tion : « Qu’est-il-permis d’espérer de
l’argent ? »
Laissant à Kant les domaines esthé-
tiques et téléologiques, Laurence
Duchêne et Pierre Zaoui posent d’emblée que la
question essentielle de l’argent est politique : quel-
les politiques de l’argent défendre ? Dans quels
buts si l’argent est devenu le nouveau corpus poli-
tique ? Ils en comptent au moins trois : encastrer
l’argent, le libéraliser, le circonscrire.
Mais écoutons Laurence Duchêne et Pierre Zaoui :
« Dans une société d’argent, il n’y a que l’argent
qui peut nous perdre ou nous sauver. Et si l’on
préfère le salut à la perte, mieux vaut élaborer
une politique de l’argent communément acceptée
plutôt que de laisser l’argent nous guider. » l
La Revue d’études - juillet 2012
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