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Les logiques de descriptions (1)

Florence Le Ber

florence.leber@engees.unistra.fr
http://engees.unistra.fr/ ˜ fleber/

Master 1 ILC – Université de Strasbourg

2009 – 2010

F. Le Ber (ENGEES-UdS) Les logiques de descriptions (1) 2009 – 2010 1 / 27


Précautions

Ce cours est largement inspiré du cours d’Amedeo Napoli (LORIA Nancy) au CNAM
de Strasbourg (2007-08).
Les oublis et erreurs sont à mettre à mon crédit.

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Plan du cours

1 Introduction aux logiques de descriptions (LDs) : concepts, rôles et individus

2 Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

3 Les langages de la famille de langages AL

4 Bibliographie

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Introduction aux logiques de descriptions (LDs) : concepts, rôles et individus

Généralités (1)

Les éléments de connaissance du monde réel sont représentés par des


descriptions qui peuvent être des concepts, des relations binaires ou rôles, et
des individus.
Les descriptions de concepts et les descriptions de rôles se construisent à partir
d’atomes en utilisant des constructeurs.
Les atomes sont des concepts atomiques (prédicats unaires) et des rôles
atomiques (prédicats binaires).

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Introduction aux logiques de descriptions (LDs) : concepts, rôles et individus

Généralités (2)

Deux niveaux de connaissances peuvent être pris en compte : un niveau


générique conceptuel ou terminologique (Tbox) et un niveau factuel ou niveau
des assertions (Abox).
Le niveau conceptuel est celui de l’introduction des différents types de concepts
et de rôles (« mémoire à long terme »).
Le niveau des assertions est celui de l’introduction des individus et des faits dans
lesquels ils sont impliqués (« mémoire à court terme »).
Les concepts et les rôles peuvent être ordonnés par une relation de subsomption
dans des hiérarchies de concepts et de rôles respectivement.

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Introduction aux logiques de descriptions (LDs) : concepts, rôles et individus

Généralités (3)

Les logiques de descriptions sont des logiques : elles sont équipées d’une
sémantique formelle (à l’image de celle du CP1) et d’un ensemble de
procédures d’inférence.
La subsomption permet de tester qu’un concept D est plus général qu’un
concept C (relation entre sous et super concepts).
La classification permet de retrouver la position d’un concept C dans la
hiérarchie des concepts.
La satisfiabilité des concepts permet de tester qu’un concept C est satisfiable,
cad qu’il peut posséder des instances.
L’instanciation permet de retrouver les concepts dont un individu peut être une
instance.

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Introduction aux logiques de descriptions (LDs) : concepts, rôles et individus

Le langage ALN : concepts et rôles

Tbox −→ concept | rôle

concept −→ c-primitif | c-défini


c-primitif −→ identificateur :< > |
identificateur :< c-primitif
c-défini −→ identificateur := description-de-concept

rôle −→ r-primitif | r-défini


r-primitif −→ identificateur :< >R |
identificateur :< r-primitif
r-défini −→ identificateur := description-de-rôle

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Introduction aux logiques de descriptions (LDs) : concepts, rôles et individus

Les constructeurs de ALN

C, D −→ A | (concept atomique)
>| (concept universel)
⊥| (concept vide)
¬A | (négation atomique)
C u D | (conjonction)
∀r.C | (quantification universelle)
∃r.> | (quantification existentielle non typée)
≥n r | (cardinalité minimale)
≤n r | (cardinalité maximale)

AL = {>, ⊥, ¬A, C u D, ∀r.C, ∃r.>} (∃r.> ≡ ∃ r)


ALN = {>, ⊥, ¬A, C u D, ∀r.C, ∃r.>, ≥n r, ≤n r}

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Introduction aux logiques de descriptions (LDs) : concepts, rôles et individus

Premiers exemples (1)

Une personne dont tous les enfants sont musiciens1


(∀x)(∀y) Personne(x) ∧ aEnfant(x, y) −→ Musicien(y)
Personne u ∀aEnfant.Musicien
Une personne dont tous les amis sont sportifs
(∀x)(∀y) Personne(x) ∧ aAmi(x, y) −→ Sportif(y)
Personne u ∀aAmi.Sportif
Une personne ayant (au moins) un enfant
(∀x)(∃y) Personne(x) ∧ aEnfant(x, y)
Personne u ∃aEnfant.>

1 La notation d’une relation obéit à la règle suivante : “aEnfant(x, y)” est identique à “x aEnfant y”
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Introduction aux logiques de descriptions (LDs) : concepts, rôles et individus

Premiers exemples (2)

Une personne ayant des amis


(∀x)(∃y) Personne(x) ∧ aAmi(x, y)
Personne u ∃aAmi.>
Une personne ayant au moins deux filles
(∀x)(∃y1 )...(∃yn ) Personne(x) ∧ aFille(x, y1 ) ∧ ... ∧
aFille(x, yn ) ∧ gt(n, 2) ∧ {yi 6= yj }{i6=j}
Personne u (≥2 aFille)
Une personne ayant au plus trois fils
(∀x)(∀z1 )...(∀zm ) Personne(x) ∧ aFils(x, z1 ) ∧ ... ∧
aFils(x, zm ) ∧ lt(m, 3) ∧ {zi 6= zj }{i6=j}
Personne u (≤3 aFils)

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Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

Éléments sur la représentation de connaissances avec les


LDs

Un Homme est une Personne.


Une Femme est une Personne.
Aucune Femme n’est un Homme et vice-versa.
Une Équipe est définie comme un Ensemble ayant au moins 2 membres qui
sont tous des Personnes.
Une Petite-équipe est définie comme une Équipe ayant au plus 5 membres.
Une Équipe-moderne est définie comme une Équipe ayant au plus 4 membres,
ayant au moins 1 chef, qui est un membre, et dont tous les chefs sont des
Femmes.

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Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

Ensemble membre [2 [
Personne

membre [2 5] disjoints
Equipe

Femme Homme

membre [2 4]
Petite−Equipe
chef [1 4]

Equipe−Moderne

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Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

Représentation : concepts primitifs

Les concepts primitifs constituent des atomes de la base de connaissances et


sont utilisés pour construire les descriptions plus complexes de concepts.
Dans la suite, “concept primitif” et “concept atomique” sont considérés comme
synonymes.
De plus, un concept primitif ne se verra jamais associé de propriété2 .
Les concepts Personne, Ensemble, Homme et Femme sont des concepts
primitifs dans le contexte de l’exemple.
Introduction d’un concept primitif A :
A :< > où > est le concept le plus général (universel), racine de la
hiérarchie des concepts,
ou A :< B où B est un autre concept primitif.

2 Ce qui n’est pas nécessairement le cas dans le réalité, voir ci-après.


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Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

Représentation : rôles

Un rôle (primitif) représente une relation binaire entre deux concepts : par
exemple la relation est l’enfant de.
Les rôles sont soit directement introduits dans les descriptions de concepts soit
introduits comme des concepts primitifs.
Introduction d’un rôle primitif r :
r :< >R où >R est le rôle le plus général (universel), racine de la
hiérarchie des rôles,
ou r :< s où s est un autre rôle primitif.
Les rôles aMembre et aChef sont des rôles primitifs.

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Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

Représentation : concepts définis

Un concept défini est considéré comme une définition : l’ensemble des


expressions associées à un concept défini C joue le rôle d’ensemble de conditions
nécessaires et suffisantes (CNS) pour qu’un individu soit une instance de C.
Par exemple, si le concept défini Rouge représente les objets rouges et se définit
par la couleur “rouge”, alors tout individu instance de Rouge est de couleur
rouge. Réciproquement, tout individu de couleur rouge sera reconnu comme une
instance du concept défini Rouge.
Introduction d’un concept défini C :
C := E1 &E2 ...&En
où & = u ou & = t et les Ei sont des expressions conceptuelles
Equipe, Petite-equipe, et Equipe-moderne sont des concepts définis :
Equipe := Ensemble u ∀aMembre.Personne u (≥2 aMembre)
Petite-equipe := Equipe u (≤5 aMembre)
Le rôle aMembre établit une relation entre le concept Equipe et le concept
Personne.

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Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

Concepts primitifs et rôles

Dans certains cas, il est possible d’associer un rôle r à un concept primitif A


(c’est le cas dans l’éditeur Protégé).
Dans ce cas, ce rôle doit être considéré comme une condition nécessaire pour
qu’un individu soit une instance du concept A (mais non suffisante).
Par exemple, si aDateDeNaissance est un rôle associé au concept
Personne, alors tout individu instance de Personne a une date de naissance.
Toutefois, une date de naissance ne peut caractériser à elle seule un individu
comme étant une personne : un animal a aussi une date de naissance ...

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Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

Retour aux équipes

Personne :< >


Ensemble :< >
Homme :< Personne
Femme :< Personne
aMembre :< >R

Equipe := Ensemble u ∀aMembre.Personne u (≥2 aMembre)

Petite-equipe := Equipe u (≤5 aMembre)

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Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

Questions sur la représentation (1)

Est-ce que les concepts Homme et Femme doivent être considérés comme des
concepts primitifs ou définis ?
Et comment représenter le fait qu’un homme n’est pas une femme et
réciproquement ?
Une première façon avec Homme u Femme :< ⊥ :
il ne peut pas exister de concept qui soit à la fois un concept descendant du
concept Homme et du concept Femme.
Une seconde façon avec Homme :< ¬Femme et Femme :< ¬Homme :
tout individu “Homme” est dans le complémentaire des individus “Femme” et
réciproquement.

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Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

Questions sur la représentation (1)

Comment représenter le fait qu’un chef d’équipe est aussi un membre de


l’équipe ?
Avec une hiérarchisation des rôles : aChef :< aMembre
Le rôle aMembre établit une relation entre le concept Equipe (domaine) et le
concept Personne (co-domaine).
Le rôle aChef est un sous-rôle de aMembre : il établit une relation entre le
concept Equipe-moderne (sous-domaine) et le concept Femme
(sous-co-domaine).
Equipe-moderne :=
Equipe u (≤4 aMembre) u (≥1 aChef) u ∀aChef.Femme

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Les logiques de descriptions pour représenter des connaissances

Les équipes : une représentation complète

Personne :< >


Ensemble :< >
Homme :< Personne
Femme :< Personne
aChef :< aMembre :< >R

Equipe := Ensemble u ∀aMembre.Personne u (≥2 aMembre)

Petite-equipe := Equipe u (≤5 aMembre)

Equipe-moderne := Equipeu(≤4 aMembre)u(≥1 aChef)u∀aChef.Femme

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Les langages de la famille de langages AL

La famille AL : construction de concepts

AL = {>, ⊥, ¬A, C u D, ∀r.C, ∃r.>}

Négation de concepts définis : ALC = AL ∪ {¬C}


Disjonction de concepts : ALU = AL ∪ {C t D}
Quantification existentielle typée : ALE = AL ∪ {∃r.C}
Restrictions de cardinalités : ALN = AL ∪ {(≥n r), (≤n r)}
Remarque : ∃r.> ≡ (≥1 r)
Restrictions de cardinalités typées :
ALQ = AL ∪ {(≥n r.C), (≤n r.C)}
ALO = AL ∪ {types énumérés (listes d’individus)}

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Les langages de la famille de langages AL

Propriétés de u et t

Idempotence : C u C ≡ C et C t C ≡ C
Commutativité : C u D = D u C et C t D = D t C
Associativité : C u (D u E) = (C u D) u E et C t (D t E) = (C t D) t E
Distributivité : u et t sont des opérations distributives l’une par rapport à
l’autre.
u, t, > et ⊥ :
C u > = C et C u ⊥ = ⊥
C t > = > et C t ⊥ = C

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Les langages de la famille de langages AL

Opérations sur les concepts : la négation

¬> −→ ⊥
¬⊥ −→ >
¬(C u D) −→ ¬C t ¬D
¬(C t D) −→ ¬C u ¬D
¬¬C −→ C
¬(∀r.C) −→ ∃r.¬C
¬(∃r.C) −→ ∀r.¬C

Exprimer qu’un concept ne possède pas certaines valeurs pour un rôle

¬(≥ n r) −→ (≤ n − 1 r) if n ≥ 1
¬(≤ n r) −→ (≥ n + 1 r)
¬(≥ 1 r) −→ (≤ 0 r)
¬(≥ 1 r) −→ ∀r.⊥
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Les langages de la famille de langages AL

La famille AL : construction de rôles

Domaines et co-domaines (range) de rôles, une personne (domaine Personne)


a des enfants qui sont des personnes (co-domaine Personne) :
(Personne |aEnfant) u (aEnfant |Personne)
La restriction de co-domaine permet d’exprimer certains types de contraintes sur
les rôles comme :
« une personne dont tous les enfants docteurs sont riches »
Personne u ∀(aEnfant |Docteur).Riche
Conjonctions de rôles (aCousin u aAmi) :
ALR = AL ∪ {r1 u r2 }
Rôle inverse : (estEnfant et aEnfant) :
ALI = AL ∪ {rôle inverse}
ALH = AL ∪ {hiérarchie de rôles}
Et encore : la composition de rôles, la transitivité, la négation et la disjonction de
rôles ...

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Les langages de la famille de langages AL

Un exercice

Représenter en LD les assertions suivantes :


Une personne ayant des enfants artistes
Une personne dont tous les enfants sont musiciens
Une personne ayant deux enfants fonctionnaires
Une personne ayant au moins deux filles cyclistes
Une personne ayant au plus trois filles institutrices
Une personne ayant au moins un enfant sportif
Une personne ayant au moins trois fils percepteurs
Une personne ayant des fils peintres

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Les langages de la famille de langages AL

Un autre exercice

Proposer une représentation des équipes suivantes.


Une équipe d’enseignants se définit comme un groupe composé uniquement de
membres qui sont enseignants (EE).
Une équipe de chercheurs se définit comme un groupe composé uniquement de
membres qui sont chercheurs (EC).
Une équipe mixte se définit comme un groupe composé (uniquement) de
membres qui sont enseignants ou chercheurs (EM).
Une équipe spéciale est une équipe mixte dont tous les membres permanents
sont enseignants ou chercheurs (ES).

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Bibliographie

Bibliographie

F. Baader, D. Calvanese, D. McGuinness, D. Nardi and P. Patel-Schneider, The Description Logic


Handbook, Cambridge University Press, Cambridge, UK, 2003.

R.J. Brachman and H. J. Levesque, Knowledge Representation and Reasoning, Morgan Kaufmann
Publishers, San Francisco (CA), 2004.

B. Nebel, Reasoning and Revision in Hybrid Representation Systems, Lecture Notes in Computer
Science 422, Springer, Berlin, 1990.

R.J. Brachman, D.L. McGuinness, P.F. Patel-Schneider, L.A. Resnick and A. Borgida, Living with
CLASSIC : When and How to Use a KL-ONE Language, Principles of Semantic Networks :
Explorations in the Representation of Knowledge, edited by J. Sowa, Morgan Kaufmann, San Mateo
(CA), pages 401-456, 1991.

D. Kayser, La représentation des connaissances, Hermès (Paris), 1997.

A. Napoli, Une introduction aux logiques de descriptions, Rapport de Recherche, INRIA, RR 3314,
1997.
Le site Web officiel des logiques de descriptions : http://dl.kr.org/

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