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2023-

2024

Français - Analyse de textes (AT) partie a


Recueil de notes partielles et annexes

Schéma et contextes de communication, énonciation, typologies,


genres, registres, figures du discours et textes « hybrides »
(elisabeth.castadot@umons.ac.be)
UMONS / FTI-EII / Service d’études françaises & francophones 2023-2024
Français – analyse de textes (É. Castadot)

Présentation de l’activité d’apprentissage (AA), bibliographie et modalités d’évaluation


Modalités, contenu et objectifs de l’AA
L’AA comporte 13 séances d’une heure (hebdomadaire) en grand amphithéâtre. Il est nécessaire
d’assister à ces séances, de prendre activement notes pour compléter ce support de cours, pour
développer votre réflexion sur les concepts et problèmes envisagés, pour poser vos éventuelles
questions.

L’AA s’appuie sur un dossier de textes et de lectures (voir annexes, en fin de ce recueil de notes) : les
étudiants et étudiantes doivent, pour chaque séance, lire un ou plusieurs textes du dossier d’annexes.
L’activité comprend également plusieurs exercices à réaliser en ligne (moodle ou wooclap) et en
autonomie, à l’aide de correctifs fournis. Vous avez la responsabilité d’effectuer ces exercices avec
sérieux (plusieurs fois, si nécessaire), puis de poser, lors de la séance suivante, les questions qui vous
resteraient.

L’AA vise à familiariser l’étudiant ou l’étudiante avec une série de concepts qui constitueront autant
de clés pour analyser une production textuelle écrite en français contemporain, dans le but de
transposer ensuite ces processus d’analyse sur des productions textuelles en langue étrangère.

Les concepts abordés auront trait aux caractéristiques de l’objet « texte », à la situation de
communication, aux paramètres et au fonctionnement langagier, à l’énonciation, aux genres, types et
registres textuels, aux structures et séquences des textes littéraires ou d’opinion, aux procédés
discursifs et stylistiques, aux jeux énonciatifs et langagiers mis en œuvre dans les textes parodiques et
ludiques.

Bibliographie liée à l’AA


ADAM Jean-Michel (2020), La linguistique textuelle, Introduction à l’analyse textuelle des discours. Paris:
Armand Colin.
ADAM Jean-Michel et BONHOMME Marc (2012), L’argumentation publicitaire, Rhétorique de l’éloge et de la
persuasion. Paris: Armand Colin.
AMOSSY Ruth (2000), L’argumentation dans le discours. Paris: Nathan.
BENVENISTE Emile (1966), Problèmes de linguistique générale. Paris: Gallimard.
BOUCHÉ Claude (1974), Lautréamont, du lieu commun à la parodie. Paris, Larousse.
CHIFLET Jean-Loup (2011), Oxymore, mon amour ! Dictionnaire inattendu de la langue française. Paris: Chiflet &
Cie.
CULIOLI Antoine (1990), Pour une linguistique de l’énonciation. Paris: Orphys.
DUCROT Oswald et SCHAEFFER Jean-Marie (1995), Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du
langage. Paris: Seuil.
GENETTE Gérard (2004), Introduction à l’architexte. Paris: Seuil.
GRICE Paul (1979), « Logique et conversation » [trad. de l’anglais par Fr Berthet et M. Bozon], In:
Communications, 30. La conversation. 57-72.
JAKOBSON Roman (2003), Essais de linguistique générale 1, Les fondations du langage, Paris: Minuit.
JEANDILLOU Jean-François (2006), L’analyse textuelle. Paris: Armand Colin.
JENNY Laurent (2003), Méthodes et problèmes, Les figures de rhétorique. [en ligne] Genève, Unige.ch/lettres,
Les figures de rhétorique (unige.ch) (consulté le 22 aout 2023).
MAINGUENEAU Dominique (2021), Analyser les textes de communication. Paris: Armand Colin.
MORIER Henri (1989), Dictionnaire de poétique et de rhétorique. Paris: PUF.
PERAYA D. (1998), « Le schéma de la communication humaine ». En ligne : >Le schéma général de la
communication humaine (18-Nov-1998) (unige.ch), consulté le 22 aout 2023.
REBOUL Olivier (1991), Introduction à la rhétorique. Paris: PUF.
RICALENS-POURCHOT Nicole (2010), Lexique des figures de style. Paris: Armand Colin.
SCHEEPERS Caroline (2013). L’argumentation écrite. Bruxelles: De Boeck & Duculot.
SAUSSURE Ferdinand de (1916), Cours de linguistique générale. Paris: Payot.
SUHAMY Henri (1981), Les figures de style. Paris: PUF.

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Modalités d’évaluation (examen écrit d’une durée de 90 minutes, en session)

12 questions à choix multiples, entre 5 propositions (12 points) sur les notions et réflexions
théoriques, sur les textes étudiés durant les cours et sur des extraits de textes non vus (bonne
réponse > +1 point / pas de réponse > 0 / réponse erronée > - 0,2 point)
(Pour le QCM, remplir la grille d’identification en noircissant complètement les cases correspondant à votre numéro
matricule étudiant. Exemple > votre matricule serait le 241067, vous noirciriez comme ci-dessous :

Une rédaction (8 points) d’une brève analyse (120-170 mots) d’un texte court (400-900 mots), afin
d’observer la présentation du texte (titre éventuel, structure…), de mobiliser avec pertinence
plusieurs concepts vus (genre registre textuel, énonciation, décalages génériques et énonciatifs,
respect ou écart par rapport aux lois du discours…), de repérer deux figures du discours parmi celles
qui auront été abordées durant les séances, pour en analyser les effets et la pertinence par rapport
au texte, à son énonciation et à son contexte. Attention : vous perdrez un point si votre analyse
rédigée comporte plus de trois erreurs graves liées à la maitrise des normes de la langue française.

- Pas d’évaluations continues prises en compte, durant le quadrimestre, pour la note finale,
mais simulation proposée sur moodle pour le QCM (évaluation formative) et exemples de
question régulièrement proposés via www.wooclap.com/EIIAT

(Prise des présences via le site moodle.umons ou l’application moodle, à télécharger sur votre
téléphone, (à partir de la semaine 3) pour le suivi statistique, mais pas pour une pénalisation des
absences)

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Introduction

Définitions de « texte » et de « analyse »


Pour commencer, commentons deux définitions de « texte » et observons le concept d’« analyse » :

« les textes sont des formes de cognition sociale. Ils permettent aux hommes d’organiser
cognitivement le monde pour lui donner un sens. Ils permettent de confronter des visions cognitives
(passées, d’autres cultures présentes et, plus largement, d’autres personnes). Les textes sont les lieux
de mémorisation, d’archivage, de conservation et de transmission de savoirs. » (J.-M. Adam, La
linguistique textuelle)

« Quant à ‘texte’, il s’emploie : - quand il s’agit de suites de phrases constituant une totalité
cohérente. La branche de la linguistique qui étudie cette cohérence s’appelle précisément linguistique
textuelle. - pour désigner des productions verbales, en général écrites, qui sont structurées de
manière à durer, à être répétées, à circuler loin de leur contexte originel. » (D. Maingueneau,
Analyser les textes de communication)

Quant à l’« analyse », il s’agit de l’« examen permettant d'isoler ou de discerner les différentes parties
d'un tout », TLF [Trésor de la langue française])

Quels sont les objectifs d’une analyse ?

Comprendre et ces éléments sont associés !

➢ Plusieurs possibilités pour repérer dans le texte différents « éléments » :


- Une observation de la mise en page et du paratexte (titre ? Intertitres ? Paragraphes ?
Longueur ? Typographie ? Illustration(s) ? Indications à propos de l’auteur ? Indications de
date de rédaction / diffusion ?)
- Une observation du médium et des cotextes (texte intégré dans un ensemble plus large
ou texte isolé ? Texte inscrit dans une collection ou une publication ?)
- Une observation des éventuelles marques de l’énonciation (emploi des pronoms ? emploi
d’indications temporelles ?)
- Un repérage en fonction des aspects liés à chacune des fonctions du langage (voir infra :
schéma de la communication et fonctions du langage (R. Jakobson)

Remarque essentielle par rapport à la démarche d’analyse


L’analyse constitue une « décomposition », c’est-à-dire un processus car
l’élément seul n’existe en fait jamais dans l’absolu. Par exemple, on peut observer et analyser un titre,

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un intitulé, de façon isolée, mais en réalité, si ce titre n’était pas suivi d’un énoncé plus long auquel il
se rapporte, il ne serait plus un titre, mais bien un …

Cela vaut particulier pour les phénomènes de communication :

« La communication n’est pas, en effet, un processus linéaire : d’abord un besoin de s’exprimer pour
un énonciateur, puis la conception d’un sens, puis le choix d’un support et d’un genre, puis la
rédaction, puis la quête d’un mode de diffusion, puis l’hypothétique rencontre avec un destinataire.
En réalité, il faut partir d’un dispositif communicationnel qui intègre d’emblée le médium. Le mode de
transport et de réception de l’énoncé conditionne la constitution même de l’énoncé, façonne le genre
de discours. » (D. Maingueneau, Analyser les textes de communication)

Autrement dit, ________________________ …

Le schéma de la communication (R. Jakobson) : outil pour l’analyse du cadre du texte

Avant même de lire ou d’entendre un texte en détails (dans le déroulé et l’articulation des phrases et
des mots), il est possible d’en faire une analyse, pour les dimensions dites « ».

Le texte s’inscrit en effet dans une situation de communication, situation qui laisse des indices, des
marques visibles qui permettent de le situer et de le contextualiser.

Le schéma
Voici la représentation « standard » du schéma de la communication humaine, proposé par R.
Jakobson, linguiste russo-américain, en 1963 :

(>Le schéma général de la communication humaine (18-Nov-1998) (unige.ch)

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Et voici les commentaires du schéma proposés par Daniel Peraya, de l’université de Genève :

« La fonction référentielle
Cette fonction concerne principalement le référent auquel renvoie le message. Autrement dit
à cet état du monde dont parle le message. Il s'agit de la fonction informative de tout langage.

La fonction expressive
Elle est centrée sur le destinateur, sur l'émetteur [Note de l’enseignante : destinateur = celui
qui émet le message, les propos écrits ou oraux] et lui permet d'exprimer son attitude, son émotion,
et son affectivité par rapport à ce dont il parle. Tous les traits dits suprasegmentaux – intonation,
timbre de la voix, etc. – du langage parlé se rattachent à la fonction expressive.

La fonction conative
Elle est centrée sur le destinataire. Il s'agit de reconnaître au langage une visée intentionnelle
sur le destinataire et une capacité d'avoir sur ce dernier un effet. C'est cette dernière orientation qui a
été développée par les pragmaticiens à la suite de la théorie des actes du langage développée par
Austin J.L. (1970), Quand dire, c'est faire, Paris, Seuil.
Les formes grammaticales qui permettent l'instanciation de cette fonction sont par exemple
le vocatif, l'impératif. [Note de l’enseignante : le vocatif est un mode qui correspond à l’apostrophe,
au fait de désigner immédiatement celui, celle ou ceux à qui le destinateur veut s’adresser. Exemple :
l’énoncé « toi, viens ! » combine vocatif et impératif.]

La fonction phatique
Cette fonction sert "simplement" à établir la communication, à assurer le contact et
l'attention entre les interlocuteurs. Il s'agit de rendre la communication effective […]. Je dis
"simplement" avec une certaine ironie, car tous ceux qui sont habitués aux formes de communication
médiatisée par ordinateur savent combien l'absence de ces modalités de régulation de la
communication peuvent en entraver la convivialité et l'efficacité au sens le plus strict.

La fonction métalinguistique
La fonction métalinguistique répond à la nécessité d'expliciter parfois les formes mêmes du
langage. A chaque fois que je m'assure que mes interlocuteurs partagent le même code que moi et,
comme moi appellent bien un chat un chat, je fais appel à la capacité qu'a la langue de pouvoir
expliciter ses propres codes, ses propres règles et son propre lexique.
Autrement dit, quand je demande à mon interlocuteur "Qu'entends-tu exactement quand tu dis
<galetas> ?" Je mets en œuvre la fonction métalinguistique.

La fonction poétique
Cette dernière fonction met l'accent sur le message lui-même et le prend comme objet. Il
s'agit donc de mettre en évidence tout ce qui constitue la matérialité propre des signes, et du code.
Il s'agit de tous les procédés poétiques tels que l'allitération (le célèbre Pour qui sont ces serpents qui
sifflent sur nos têtes), les rimes, etc. Un peu comme un peintre qui travaille d'abord sur la couleur et
la lumière avant de "représenter une scène"... Historiquement c'est sans doute là la rupture de
l'impressionnisme. Et plus tard celle inaugurée par le Carré blanc de Malevitch.

Le modèle de Jakobson devait permettre de classer les différentes formes de production langagière
selon des genres en fonction de la fonction dominante puisque, évidemment, les différentes
fonctions existent à un degré divers dans toute texte, dans toute production langagière. Cette idée
que les messages appartiennent à des genres, à des types différents a été systématisée notamment
par Bakhtine M. (1984), Esthétique de la création verbale, Paris, Gallimard. »1

1
PERAYA D. (1998), « Le schéma de la communication humaine ». En ligne : >Le schéma général de la
communication humaine (18-Nov-1998) (unige.ch), consulté le 22 aout 2023.

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Remarques sur la fonction expressive


Il est impératif, pour analyser correctement un texte, de distinguer différents niveaux au sein même
de la fonction expressive. Celle-ci concerne certes le destinateur, mais celui-ci peut se distinguer de
l’auteur ou de l’autrice, qui a choisi les mots, qui a structuré les phrases du texte ; c’est le cas, par
exemple, si vous encodez une consigne de rédaction d’un texte sur la plateforme « ChatGPT » de
OpenAI, et que vous transmettez ensuite ce texte à un ou plusieurs destinateurs, ou que vous le
publiez tel quel dans/sur un média. Celui ou celle qui a encodé la consigne et exprimé le besoin de
transmettre un message est le destinateur, mais pas l’auteur.

Prenons un autre exemple. Fin des années quarante, l’écrivain français Boris Vian a publié deux
romans qu’il prétendait avoir traduit de l’anglais américain, et dont l’auteur aurait été Vernon
Sullivan. Boris Vian a par ailleurs réellement traduit des romans noirs, des polars, écrits initialement
en anglais. Pour les lecteurs et les journalistes de l’époque, le destinateur et l’auteur se confondaient ;
il s’agissait de Vernon Sullivan. Boris Vian était auteur à titre de traducteur, mais pas « destinateur ».
Ensuite, lorsque la supercherie est découverte, Boris Vian apparait comme le destinateur de ces
romans, mais qui choisit de s’établir une identité d’auteur distincte, pour ces romans noirs, par
rapport aux romans, nouvelles et chansons qu’il signe de son nom officiel.

Dans d’autres cas (texte produit par un collectif institutionnel, fiction littéraire…), il faut aussi, bien
sûr, distinguer « destinateur » / « auteur ou autrice » / « narrateur ou narratrice ». L’ouvrage
Rhétorique générale, repris dans la bibliographie de cette AA, est par exemple signé « Groupe µ ». Il
s’agit d’un collectif d’enseignants et de chercheurs de l’université de Liège. Ce collectif peut être
considéré comme destinateur-auteur institutionnel, mais les auteurs réels sont les individus membres
du collectif. Dans le cas d’un texte de fiction littéraire, pour l’auteur ou l’autrice, plusieurs jeux sont
possibles afin de laisser planer le doute sur une concordance entre lui/elle et un narrateur ou une
narratrice.

Analysons le cas de deux romans de la littérature francophone contemporaine : Franz et François (19
de François Weyergans, et Un crime sans importance (2020), d’Irène Frain, au travers de quelques
brefs extraits.

Tous ses amis savaient que François Weyergraf avait commencé d'écrire, cinq ans plus tôt, un livre sur
son père. Tous ses amis savaient aussi que, depuis cinq ans, il n’arrivait pas à finir ce livre. Dans
l’ensemble, ces cinq années lui apparaissaient comme les pires qu'il avait vécues. (François
Weyergans, Franz et François [incipit], p. 11)

Comme dans les examens de conscience qu’on lui demandait de pratiquer quand il était enfant (« Ai-
je été paresseux à l’école ? Ai-je fait des choses vilaines en me cachant, seul ou avec d’autres ? Ai-je
aimé et respecté mes parents ? Leur ai-je menti ? »), François Weyergraf se demandait, adulte
quinquagénaire et père de famille, s’il n'avait pas été à l'égard de son père d’une indifférence
minérale, tout en admirant l'expression. « Une indifférence minérale », c'était bien trouvé.

Son père était écrivain, lui aussi, un homme qui avait élevé une famille nombreuse en publiant des
livres et en rédigeant des centaines d'articles. Il s’appelait Franz Weyergraf, et quand François allait
dans des Salons du Livre, il rencontrait toujours des personnes souvent un peu âgées, parfois des
couples, qui venaient le voir pour lui demander s’il était un parent de Franz Weyergraf dont ils avaient

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aimé tel ou tel livre. Et ils citaient des titres, en général ceux des trois essais que son père avait écrits
sur le mariage et la paternité, des sortes de journaux de bord d’un père de famille chrétien. Quand
François leur apprenait qu’il était le fils de Franz, les lecteurs de son père le regardaient avec
affection. (François Weyergans, Franz et François, p. 16)

Pendant toute mon enfance et mon adolescence, j'avais une confiance aveugle en mon père, doublée
d’une confiance inébranlable en moi. Il était mon seul père et j'étais son seul fils. Nous formions un
couple. Il avait avec moi des conversations comme il n’en avait avec personne d’autre, et je peux dire
que c'était réciproque. J'avais la certitude qu’il me disait des choses plus intelligentes qu’à ma mère,
et qu'avec un interlocuteur comme moi, il était obligé de se surpasser. Parlait-il autant avec mes
sœurs qu'avec moi ? En tout cas, chaque fois que j'allais le voir dans son bureau, elles ne s’y
trouvaient pas. Jugeait-on préférable de les initier à leurs futures tâches d’épouses et de mères en
leur suggérant de s’occuper de la cuisine et de faire de la broderie ? Dans les livres de mon père
transparaît — que dis-je, éclate ! — une misogynie dont mes sœurs ont sans doute ressenti les effets.
(François Weyergans, Franz et François, p. 81)

Ces documents n'ont jamais été téléchargés par le destinataire. Et la visite que le fils de la victime
appelait si ardemment de ses vœux n'a jamais eu lieu. De lui, la femme en manteau bleu-noir n'a
reçu d'autre signe qu'un de ces faire-part de remerciements qu'on se sent tenu d'adresser à ceux qui,
selon l'expression consacrée, ont témoigné leur sympathie aux membres de la famille lors de la
disparition de l'être cher. Il lui fut envoyé par courriel, assorti de la seule formule : « Cordialement ».

Comment l'auteur de ces lignes est-il au fait de cette information ? C'est très simple. Je suis la femme
en manteau bleu-noir. Et la victime de l'impasse, c'est ma sœur. Sœur aînée. Sans mon père, et sans
elle, Denise, je ne serais pas devant cet écran à écrire ce livre. J'ignore ce que je serais devenue, mais
je suis convaincue que mon parcours aurait été différent et, à coup sûr, beaucoup plus difficile.

Jusqu'à présent, cette sœur, quand elle apparut dans mes récits autobiographiques, ce fut dans une
sorte de demi-jour, à touches légères, discrètes, en raison de la maladie si précisément décrite, datée
et nommée dans l'un des discours prononcés lors des obsèques par des membres de ma famille. De
ce mal, je n'ai jamais parlé ; et je n'en parlerais pas aujourd'hui s'il n'en avait pas été question
publiquement. (Irène Frain, Un crime sans importance, pp. 60-61)

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Exercice global d’observation de la situation de communication et des paramètres liés au


destinateur et/ou auteur, pour un texte non littéraire

« La féminisation des noms de métiers, fonctions, grades ou titres - Mise au point de l’Académie
française » (texte 1 du dossier d’annexes)

Observez la mise en page et les mentions initiales ; lisez attentivement le texte ; observez les
mentions (ou l’absence de mentions) se rapportant au destinateur / auteur ;

a. Situation/ Médium /contexte spatio-temporel de communication ?

b. Mention explicite d’un destinateur (initiateur du message) ?

c. Destinateur = auteur (qui a choisi les mots et rédigé les phrases du texte) ?

d. Destinateur = individu seul ? / association d’individus ? / Collectif institutionnalisé ?

e. Destinateur « présent » et visible dans les mots du texte ? Si oui, à travers quels types de
mots et d’expressions ?

Situation de communication (au sens courant) : contexte temporel, spatial, social et personnel de
transmission du message

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« L’énonciation » : un concept multiple

Le concept d’énonciation est multiple et invoqué pour :

a. distinguer l’acte de production ET l’énoncé, écrit ou oral, produit

« Selon Benveniste, l’énonciation est l’événement historique constitué par le fait qu’un énoncé a été
produit, c’est-à-dire qu’une phrase a été réalisée. L’énonciation […] est l’acte même de produire un
énoncé » (Longhi, 2012 : 3)

b. qualifier l’emploi de pronoms, dénominations et apostrophes représentant


destinateur et destinataire, et de déictiques spatio-temporels dans un texte (expl. de
déictiques : « je », « ici », « maintenant », « ceci »…)

« la ‘‘situation d’énonciation’’ ne saurait être une situation de communication socialement


descriptible, mais le système où sont définies les trois positions fondamentales d’énonciateur, de co-
énonciateur et de non-personne […]. Ce système de coordonnées personnelles de la situation
d’énonciation, on le sait, est à la base du repérage des déictiques spatiaux et temporels »
(Maingueneau, 2004 : 198-199)

c. élaborer les concepts de « scène générique » et de « scénographie énonciative »


(distinction conceptuelle établie par D. Maingueneau)

o Scène d’énonciation englobante et générique : inscription du texte dans un cadre


global, un type de discours et un genre de texte Exemples : discours politique,
publicité, œuvre littéraire…
▪ Exemples : éditorial de presse, tract politique, texte de chanson, roman,
poème, manuel scolaire, texte de carte postale…

o Scénographie énonciative : dispositif, modalités de genre et de relations


personnelles dans lequel le destinateur souhaite, parfois en apparence, inscrire
son texte (« scénographie : art et étude de l’organisation et de l’agencement de la
scène […] aménagement, décoration. » (Trésor de la langue française, je
souligne))

« Prenons l’exemple d’un manuel d’initiation à l’informatique qui […] se présenterait comme un récit
d’aventures […] ; le lecteur se trouve ainsi pris dans une sorte de piège […]. Pour de nombreux genres
de discours, en particulier ceux qui sont pris dans une concurrence pour capter un public, la prise de
parole constitue, à des degrés divers, une prise de risque. C’est particulièrement évident quand on
considère des textes publicitaires ou politiques, qui devant faire adhérer un public a priori réticent ou
indifférent, sont en train d’élaborer des scénographies. » (Maingueneau, 2004 : 202-203)

➢ Scénographie énonciative = genre de texte ET modalités de relation dont le destinateur veut


produire l’effet, et qu’il veut que le destinataire/lecteur reconnaisse (reconnaitre = identifier/
accepter)

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Français – analyse de textes (É. Castadot)

Passons à un exercice d’observation et d’analyse de deux textes traitant d’un thème similaire, et
diffusé via le même médium (site web du quotidien de presse belge La Libre)

Observez les textes 2 et 3 du dossier d’annexes. Décrivez et comparez :

- la mise en page et les illustrations

Texte 2 Texte 3

- les mentions renvoyant au destinateur/auteur

Texte 2 Texte 3

- les titres et intertitres

Texte 2 Texte 3

- les éventuelles marques d’énonciation (pronoms, déterminants possessifs, déictiques…)

Texte 2 Texte 3

- les éléments visant à maintenir l’attention du lecteur et le contact avec celui-ci (fonction phatique)

Texte 2 Texte 3

- les références spécifiques à un contexte temporel, spatial et social précis

Texte 2 Texte 3

- la fréquence d’emploi du terme-clé « patient(s) »

Texte 2 Texte 3

Liens et écarts entre scène englobante-générique et scénographie énonciative dans ces textes ?

Limites de la distinction entre scène englobante/générique et scénographie énonciative :

- Distinction qui s’appuie sur l’idée préalable que les genres de textes seraient __________

Mais…

contre-expl : ___________________________

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- Cas nouveaux et spécifiques des dispositifs scénographiques produits par _____________

Brève anticipation : quelle définition pour la notion de « Genre » (par rapport, bien sûr, à l’étude de
textes) ?

Définition : _______________________________________

Énonciation et effets de l’emploi de certains pronoms personnels

Remarque préalable : en français, le pronom n’apparait pas nécessairement lors de l’emploi de


l’impératif. Mais il s’agit tout de même d’une modalité énonciative personnalisée. Écrire
« Réponds ! » constitue tout de même une modalisation personnalisée de l’énonciation.

1. Emploi du pronom « tu » à la 2e personne du singulier : quels effets énonciatifs ?

Expl. :

2. Emploi de « vous » (singulier de politesse ou pluriel) : quels effets énonciatifs ?

Expl. :

3. Emploi du « on » : quels effets énonciatifs par rapport au « nous » ?

Pluralité de valeurs et d’effets associés au « on » en français :

Expl. :

4. Emploi du « ils » sans référent clairement déterminé : quels effets énonciatifs ?

Expl. :

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Voici un autre extrait du roman Un crime sans importance, d’Irène Frain, dans lequel elle évoque très
bien ces valeurs du « on » et du « ils » indéterminé.

Comme dans les massifs du jardin de la victime, on doit pouvoir aisément s'y cacher ou s'y enfuir.
D'ailleurs certains (pas seulement des habitants du quartier, des policiers aussi) n'ont pas manqué de
conjecturer : « Si ça se trouve, ils sont venus par là. » Ils. Alors que tout le monde était d'accord pour
proclamer que l'agresseur avait agi en solitaire. L'épouvante fut telle, devant la nature des faits,
qu'on le dota spontanément d'une violence décuplée. Ce pluriel qui s'invita dans les conversations
traduisit le fantasme qui habita à ce moment-là tous les esprits, celui d'un commando malfaisant et
sans visage occupé à marauder dans la ville, le RER, le train […]. Ils étaient partout. Ils étaient venus
ici, ils repasseraient par-là, hydre multiforme et anonyme n'aspirant qu'à s'en prendre aux êtres
fragiles, isolés, désarmés, innocents.

Mais ce sombre, redoutable et fantasmagorique « ils » qui peupla les conversations aussitôt après
l'agression s'accommoda parfaitement d'une spéculation, pour le coup, des plus rationnelles : la
victime avait été repérée. « Ils » se transforma alors en « on ». On l'avait suivie, on l'avait espionnée.
Rien de plus facile : il suffit qu'on se poste au bout de l'impasse, à moins de cinquante mètres de sa
maison, tout près de la clôture du Décathlon. (Irène Frain, Un crime sans importance, pp. 22-23, nous
soulignons)

5. Emploi du « nous » : quels effets énonciatifs ?

Pluralité de valeurs du « nous » :

Expl. :

6. Opposition entre emploi fréquent ou (quasi-)absence d’emploi du « je »

Exemple d’analyse : analysons de l’énonciation et de l’emploi des pronoms dans la « lettre »


d’Emmanuel Macron (texte 4 du dossier d’annexes)

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Similitudes et différences par rapport à la lettre de Fr. Mitterrand ?

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Genres et typologie des séquences textuelles

Il existe de nombreuses propositions de classement des discours et des textes :

- Selon la ou les fonction(s) du langage privilégiée(s) et/ ou selon les coordonnées


personnelles de l’énonciation > Exemples :

o « fonction référentielle » > texte descriptif


o « fonction poétique » > texte littéraire-poétique
o « fonction conative » et fonction « référentielle » > texte argumentatif /
publicitaire
- Selon le but poursuivi, la visée principale de l’auteur, et selon l’accentuation des
dispositions énonciatives > Exemples :
o Convaincre > texte argumentatif
o Raconter > texte narratif
o Expliquer, informer > texte informatif-explicatif
o Faire agir > texte injonctif - …

Il existe aussi des propositions de découpage et d’analyse des textes selon les séquences qui les
composent, afin d’offrir une prise en compte du caractère hétérogène de tout texte (J.-M. Adam)

a. Séquence descriptive

b. Séquence narrative

c. Séquence explicative

d. Séquence argumentative

e. Séquence injonctive

f. Séquence dialogale (rapport de paroles diverses)

Il existe aussi des catégorisations des textes selon les discours globaux dont ils relèvent.

Quelques catégories de discours et de genres établis Discours (au sens linguistique = ensemble des
énoncés, des messages parlés ou écrits réels produits dans un contexte). Exemples :

a. Discours politique > (français, américain, etc.) de (X) période


b. Discours médical
c. Discours religieux
d. Discours médiatique
e. Discours amoureux ? (cf. R. Barthes, Fragments d’un discours amoureux) ...

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Les notions de « genre de textes » est déjà bien établie dans l’Antiquité, mais elles sont en évolution,
selon les époques et les contextes.

a. Quelques genres établis dans l’Antiquité gréco-romaine : tragédie, drame satirique, comédie
(théâtre) / élégie, épopée, épigramme (poésie) / apologie, plaidoirie (rhétorique) / chronique
historique, annales (récit)…
b. Quelques genres établis au Moyen Âge (aire des langues d’oïl [langues de la même famille
que le francien, dont vient le français moderne) : mystère (ou mistère) religieux, jeu, farce
(théâtre) / cantilène hagiographique, allégorie, chanson de geste, roman courtois (poésie et «
récit ») / annales et chroniques historiques (récit)…
c. Quelques genres établis aux Temps modernes (aire française) : tragédie et comédie classiques
(théâtre) / sonnet, fable (poésie) / roman psychologique, roman épique (récit) / essai,
maxime, caractère (idées)… R

Rappel sur les genres textuels :

Définition du concept de « genre textuel » :

- Ensemble d’_______________________ qui s’inscrivent dans un ____________________ commun,


dans lesquels peuvent s’observer des régularités de … (3 éléments)

- _________________________

- _________________________

- _________________________

Multiplicité des sous-catégories (interconnectées) de textes

➢ Pour les textes narratifs,

➢ Pour les textes journalistiques,

Remarque sur les genres à l’époque contemporaine, dans l’aire occidentale :

a. Explosion de la diversité des genres textuels

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b. Recherche, de la part des auteurs/autrices, de positions qui échappent quelque peu à la


catégorisation générique stricte, ou qui en jouent.

Si la catégorisation traditionnelle française des genres littéraires distingue récit / poésie / théâtre, les
auteurs et autrices francophones de la période contemporaine cherchent souvent à se dégager des
structures et régularités associées de façon classique et attendue à chacune de ces catégories.

Discours, genres et registres textuels

Pour cette section, il convient de réaliser le module de formation « Genres de textes », du portail
« J’améliore mon français écrit », proposé par l’université Paul Valéry Montpellier 3.

Voici la page pour accéder à ce module obligatoire, réalisé par le laboratoire Praxiling : Genres de
textes (univ-montp3.fr) / http://uoh.univ-montp3.fr/j_ameliore_ma_maitrise_du_francais/T-COM-
genres/co/module_GENRE.html

Attention : les questionnaires à choix multiples qui vous sont proposés au cours de la progression
dans le module demandent parfois de cocher plusieurs réponses (le nombre de cases à cocher n’est
malheureusement pas spécifié dans l’énoncé de l’exercice ; il peut s’agit d’une ou de deux cases).
Rassurez-vous, lors de l’examen final pour ce cours, il n’y aura pour chaque question qu’une seule et
unique réponse à sélectionner.
Vous pouvez également découvrir et utiliser les autres modules (consacrés à la formation des mots en français, à la
ponctuation, aux accords grammaticaux…) proposés par le portail, via la page : J'améliore mon français écrit (univ-
montp3.fr)

Les auteurs du module « Genres de textes », sur le portail de l’université Paul Valéry, considèrent qu’il
faut distinguer trois niveaux de catégories : les types de textes-discours, les genres textuels et les
registres-tonalités de texte.

- Le classement traditionnel français des genres littéraires distingue trois catégories de


genres : récit / théâtre / poésie
- Ce classement en trois catégories est bien sûr souvent remis en cause par les auteurs et
autrices contemporains, qui produisent des œuvres volontairement hybrides. La poésie
ne se construit par exemple plus nécessairement à partir de rimes à intervalles réguliers.

- Le classement des types de textes-discours, sur le module de Praxiling, distingue six


catégories, en fonction de l’intention principale, de l’objectif du texte : narratif / descriptif
/ explicatif / argumentatif / injonctif et prescriptif / dialogal

- Il reste cependant difficile d’attribuer un seul et unique type principal à un texte, car le
texte même le plus narratif est en général entrecoupé de passages plus descriptifs ou
dialogaux.

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- Le classement des registres-tonalités, sur le module de Praxiling, distingue quelques


registres principaux, qui peuvent comporter certaines tonalités : registre comique
(tonalité ironique, burlesque, humoristique…), registre réaliste, registre fantastique,
registre merveilleux, registre didactique (tonalité docte, lyrique…) registre lyrique,
registre épique, registre pathétique, registre tragique, registre polémique-épidictique.

Le registre correspond à la nature particulière de l'émotion que le texte vise à communiquer


indépendamment du « genre » dans lequel il s'inscrit : ainsi un texte romanesque peut-il être traversé
du registre épique ; le registre réaliste peut caractériser tel passage d'une épopée, etc. Il n'est pas
toujours facile d'identifier la tonalité d'un texte car il y a souvent mélange de plusieurs registres et,
d'un paragraphe à l'autre, la tonalité peut changer. (Praxiling, « Genres de textes », en ligne.)

Analyse de genre, de discours, de registre et d’énonciation de trois textes littéraires


Observons le rapport à la catégorisation et aux régularités génériques dans trois textes littéraires
contemporains.

➢ Obligation de lecture très attentive des textes 6, 7, 8 du dossier d’annexes !!!

Texte x : Par temps de pluie et de brouillard

Auteur : Gérard Prévot (1923-1975)

Narrateur ? _________________________________________________

Protagoniste(s) : _________________________________________________

Dates ? Externe : _________ / Interne : ___________

Lieux ? Externe : _________ / Interne : _________________________________________________

Type de discours – objectifs communicationnels ?

Genres / Formes de ce texte (longueur, mise en page…) ?

Texte identifié comme une ____________

Caractéristique(s) / définition de ce genre de texte ?

Médium et co-texte ?

Points majeurs de l’analyse énonciative, générique et séquentielle de ce texte de G. Prévot :

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Texte x : Séquence 24 de Ça va ? Combien de « ça va » faudrait-il pour que ça aille


vraiment ?
Auteur : Jean-Claude Grumberg (1939 - ) > _________________ statut : ________________

Protagoniste(s) : _________________________________________________

Dates ? Externe : _________ / Interne : ___________

Lieux ? Externe : _________ / Interne : _________________________________________________

Type de discours – objectifs communicationnels ?

Genres / Formes de ce texte (longueur, mise en page…) ?

Texte identifié comme _____________________ , car _______________________

Particularités-singularités du texte par rapport aux régularités attendues pour cette catégorie de
genre ?

Texte x : Source

Autrice : Laurence Vielle > ______________________ statut : ______________________

Marques d’énonciation / narrateur ou narratrice : ________________________________________

Dates-moments ? Externe : _________ / Interne : ___________

Lieux ? Externe : _________ / Interne : _________________________________________________

Type de discours – objectifs communicationnels ?

Genres / Formes de ce texte (longueur, mise en page…) ?

Texte identifié comme _____________________ , car _______________________

Particularités-singularités du texte par rapport aux régularités attendues pour cette catégorie de
genre ?

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Préalables pour l’analyse des figures du discours

Quelques concepts de la linguistique générale (F. de Saussure)

Qui était F. de Saussure (1857-1913) ?

« Signifiant » et « signifié » : deux faces inséparables du signe linguistique

- Le signifiant :

Premières rencontres avec le langage et la langue = la matière signifiante (sons, ou traces écrites si les
locuteurs se servent d’un code graphique)

Définition de « Signifiant » (selon Saussure) :____________________________

Particularité de ce principe : nombre (plus ou moins grand selon les langues) de signifiants
polysémiques (= homophones)

- Le signifié

Définition de « Signifié » (selon Saussure) : concept, représentation mentale et/ou valeur associé(s) à
un signifiant

« Nous proposons de conserver le mot signe pour désigner le total, et de remplacer concept et image
acoustique respectivement par signifié et signifiant » (Saussure, Cours de linguistique générale)

« Arbitraire » du signe linguistique, caractère conventionnel et social

- Arbitraire > pas de lien « naturel », « motivé », entre la représentation sonore/graphique


et le concept

- Conventionnalité > il faut que plusieurs personnes partagent ces signifiants, et leur
associent des signifiés semblables

« Si par rapport à l’idée qu’il représente, le signifiant apparaît comme librement choisi, en revanche,
par rapport à la communauté linguistique qui l’emploie, il n’est pas libre, il est imposé. La masse
sociale n’est point consultée, et le signifiant choisi par la langue, ne pourrait être remplacé par un
autre. » (Saussure, Cours de linguistique générale)

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Deux axes d’analyse d’un énoncé : axe paradigmatique et axe syntagmatique (F. de Saussure)

- Axe paradigmatique = axe du choix (vertical) dans une catégorie de concepts

Expl. : pour le paradigme « chat », l’auteur ou l’autrice peut choisir, sur cet axe, entre écrire
« chat », ou « angora », ou « matou » ou « félin », ou « minet », ou « ami de la science et de
la volupté, pour citer Baudelaire »… Pour le paradigme « manger », choix entre « manger »,
ou ____________________ , ____________________________ , … ?

- Axe syntagmatique = axe de la combinaison (horizontal) et de l’association


o pour créer des syntagmes compréhensibles (selon les règles syntaxiques et
grammaticales d’une langue)
o pour ordonner/enchainer les phrases et organiser la progression d’un texte

Exemples :

- « Le chat mange la souris. » (respect des principes syntagmatiques du français)

- « La souris mange le chat. » (respect des principes syntagmatiques du français >< sémantique ?)

- « La souris le chat mange. » > ??? (rupture syntaxique, mais… adaptation possible (du moins selon la
syntaxe du français oral)

- « La souris, le chat la mange. » > OK

➢ Variations infinies dans la construction d’un propos, grâce à l’ouverture combinée des axes
paradigmatiques et syntagmatiques

Exemples : …

Jeux sur l’axe paradigmatique-axe syntagmatique

Texte intitulé Politiquement inversé, qui présente un jeu de codage basé sur l’enchainement
syntagmatique (avec une allusion dans le titre : inversé = fin >< début)

Ordre initial :

« Dans notre parti politique, nous accomplissons ce que nous promettons

Seuls les imbéciles peuvent croire que

Nous ne lutterons pas contre la corruption »

Ordre inversé =

Jeux d’inversion du sens, selon l’association des phrases principales (= P1) et des subordonnées
(= sous-phrases, ou P2), et selon la portée des (doubles) négations

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Les « lois » de fonctionnement du discours et de la communication (Paul Grice (1913-1988))

Lois, principes établis pour l’analyse des interactions verbales (conversations) : « maximes
conversationnelles »

Reprise de ces observations de Grice, par Maingueneau, pour analyser le fonctionnement de


communications écrites (textes) > « lois » de fonctionnement du discours et de la communication

1. Principale loi du discours : principe de coopération


➢ Obligation, pour le destinateur/auteur, d’envisager les connaissances et les capacités du
destinataire, afin de prévenir les éventuels risques de mécompréhension, et de s’adapter au
contexte

➢ Obligation, pour le destinataire/lecteur, de produire un effort de recherche, afin d’établir des


liens et du sens, malgré les implicites

2. Maximes découlant du principe de coopération


a. La loi de pertinence et la loi de _____________________
> Il faut que les infos et énoncés introduits successivement créent une
cohérence (transition, lien entre le nouveau et le déjà lu) >< hors-sujet /
digression
> Il faut que les énoncés introduits apportent le plus souvent du neuf
>< répétition
b. La loi de ____________________ et la loi d’exhaustivité (= complétude)
> Il faut que le destinataire/lecteur puisse aborder le texte dans l’idée que le
destinateur croit à la valeur de ce qu’il écrit >< mensonge, manipulation
> Il faut que le destinateur/auteur se présente comme sincère et fiable ><
inexactitude /duplicité (Expl > paradoxe du

> Il faut que le destinataire/lecteur trouve dans le texte tous les éléments
annoncés et que toutes les phrases et parties nécessaires s’y trouvent ><
incomplétude, oubli (Expl. )

Analyse du texte 5 (L’Allergie, de J. Sternberg) selon ce principe de coopération et ces maximes :

Quelques remarques : Lois du discours versus Figures du discours :

- Impossibilité d’un respect total et absolu des lois du discours (sauf pour des textes du
type « mode d’emploi »)

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- Figures du discours : procédés textuels qui vont « transgresser » le principe de


coopération > « mise au travail » du lecteur, pour

et emploi de figures du discours = recours à des effets de


(>< sincérité totale)

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Catégorisation, description et effets des figures du discours dans un texte

« La rhétorique antique constituait un immense édifice pédagogique de formation de l'orateur, qui a perdu
une partie de son importance à partir du moment où l'orateur a cessé de jouer un rôle politique
prépondérant. […]
jusqu'à nos jours, c'est l'elocutio qu'on identifie parfois au style et qu'on peut traduire plus exactement
par mise en figure du discours. Elle a fait l'objet depuis l'antiquité d'innombrables traités de
rhétorique ou traité des figures.
Cependant ces traités, au fil des siècles ont eu tendance à donner une vision réductrice de l'elocutio. […] De
plus en plus, les traités ont présenté au contraire les figures comme des ornements purement locaux,
surajoutés au discours et sans lien fonctionnel avec lui.
Les figures recouvrent des faits de discours si nombreux et si hétérogènes que la rhétorique a toujours eu
de la peine à les définir rigoureusement. » (L. Jenny, Méthodes et problèmes, Les figures de rhétorique)

Catégorisation selon leur mécanisme :

A. Jeu sur le sens : métaphore (métaphore lexicalisée, métaphore filée, personnification / réification /
animalisation, allégorie), métonymie (antonomase, périphrase, euphémisme), comparaison, analogie

B. Jeu sur le signifiant : paronomase, assonance, allitération, rime

C. Jeux sur la progression du discours et la syntaxe : attelage, anadiplose (rebond), anaphore,


anastrophe (inversion interne au syntagme), prétérition, question rhétorique, correction, digression,
énumération, ellipse

D. Jeux combinés (sur le sens, le signifiant, la syntaxe) : paradoxe, oxymore, chiasme, antithèse, litote,
hyperbole, syllepse (double sens), antanaclase (répétition selon deux sens), hypallage (déplacement
du qualificatif), allusion, tautologie

Catégorie A : figures de jeu sur le sens - tropes


Définition de trope : « Figure de rhétorique par laquelle un mot ou une expression sont
_____________ de leur sens propre » (Le Robert, 2013)

Principaux tropes : métaphore, métonymie, comparaison, antonomase, allégorie, personnification,


réification

Remarque lexicale : nombreuses métaphores devenues « habituelles », intégrées au langage courant


= tropes lexicalisés (nom savant = « catachrèse ») Expl. :

A.1.a. La métaphore

Emploi de mots sur la base d’un rapprochement direct (sans comparaison), d’une analogie implicite,
qui produit un déplacement, une oscillation de la signification

= Forme de condensation sur l’axe syntagmatique

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Expl. Cette femme est une lionne. (« lionne » = manière de condenser le sens de « forte et
courageuse comme est en général traditionnellement représentée la lionne »)

Remarques :

- Ce procédé est fondamental et constant dans le langage humain. Il était déjà mis en
évidence en tant que tel par les philosophes et les rhéteurs antiques.

La métaphore est une comparaison abrégée […] qui n’utilise aucun élément grammatical (comme,
ainsi que, tel, semblable), se différenciant ainsi de la comparaison. La métaphore comprend un terme
comparé [thème] et un comparant [phore] détourné de son sens habituel. » (J.-L. Chiflet, Oxymore,
mon amour !, p. 227)

- Variation de la métaphore selon le degré d’originalité et de nouveauté du rapprochement


(métaphores souvent reprises > clichés > stéréotypes)
Expl. :

- Possibilité de création de métaphore à partir de noms mais aussi de verbes, d’adverbes


ou d’adjectifs
Expl. :

A.1.b. Métaphore filée : prolongement éventuel de la métaphore, par recours à plusieurs comparant
du même champ lexical

Expl. :

A.1.c. Quelques formes particulières de la métaphore : réification / animalisation / personnification

Expl. :

A.1.d. Allégorie

Expl. :

A.2. Métonymie :

- Substitution du terme propre par un terme lié par connotation, ou par une relation logique (partie-
ensemble, cause-conséquence…) , spatiale ou temporelle

- Forme de décalage sur l’axe paradigmatique, car…

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Expl. :

Remarques :

« Trope qui permet de désigner quelque chose par le nom d’un autre élément du même ensemble,
en vertu d’une relation suffisamment nette. » (Bernard Dupriez, Gradus. Les procédés littéraires)

Quels sont les mécanismes de substitution métonymique ?

Rapport entre le terme propre et le mot qui s’y substitue, qui peut être de type :

- Agent >< …

Expl. :

- C… ><

Expl. :

- Contenu ><

Expl. :

- Institution, personne >< …

Expl. :

- Objet >< …

Expl. :

- Totalité >< partie (= forme de figure spécifiquement appelée « synecdoque »)

Expl. :

A.2.a. Quelques formes particulières de la métonymie : antonomase / périphrase / euphémisme

- Antonomase :

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- Périphrase :

- Euphémisme :

A.3. Comparaisons et analogies

Associations explicite (grâce à une préposition ou à un verbe de comparaison) entre un comparant et


un comparé, via un terme « tiers » (un point spécifique sur lequel se fonde l’association)

Rapprochement explicite, au moyen d’un élément (« support) de comparaison, qui peut être…

Expl. : « Ces feuilles tombant toujours semblaient des larmes » (G. de Maupassant)

> support de l’analogie, dans cet exempl = «… »

Catégorie B : figures de jeu sur le signifiant – les sonorités

B.1. La paronomase

Rapprochement de deux mots dont … , mais dont…

Expl. :

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Emploi fréquent dans les…

car…

Les paronymes n’ont pas nécessairement de racine lexicale commune :

B.2. Le calembour, « approfondissement » du ressort de la paronomase

Fonctionnement :

Expl. :

Effets :

B.3. Figures d’effets musicaux : assonances, allitérations et rimes

Remarques préalables : le français est une langue à accentuation « fixe », en fin de mot ou de groupe
de mots. L’intonation ne varie pas selon différents mots ; il n’y a pas de mots qui se distingueraient
par une accentuation sur la syllabe du milieu, ou sur l’avant-dernière syllabe.

L’intonation, en français, est toujours marquée en intensité, plus forte, en finale de syntagme (sauf
pour la recherche d’une expressivité particulière, ou dans l’expression d’une interrogative). On dit que
le français est une langue à accentuation fixe et oxytonique. Cette langue n’offre donc pas beaucoup
de possibilités de modulation plus « mélodique ». Pour donner un effet de musicalité, les auteurs et
autrices doivent jouer sur la longueur des syntagmes (groupes de mots formant une unité syntaxique
et sémantique) qui s’enchainent, ou encore sur les répétitions de sons identiques, ou semblables, ou
sur les contrastes entre sons plus aigus ou plus graves.

B.3.a. Effets d’assonances

Expl. :

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B.3.b. Effets d’allitération

Expl. :

B.3.c. Création de rimes

Rime : répétition d’une même finale, associant voyelle-consonne, à un intervalle régulier de syllabes

Il existe différentes catégories de rimes, selon le nombre de sons semblables, et selon la succession
des finales associées :

- …
- …
- …

B.3.d. Répétitions de sonorités : analyses de quelques exemples

Observons la phrase suivante, issue de la nouvelle de G. Prévot que vous avez lue dans le dossier de
textes :

« Un samedi soir, par temps de pluie et de brouillard, Pierre-Louis et Hortense, affrontant l'hiver, se
rendirent donc au cinéma voisin. »

➢ Pourquoi « samedi » sonne-t-il bien dans la phrase ?

Deux remarques :

- Importance des effets sonores pour la construction des phrases et les choix lexicaux
(même hors genre poétique, dans des textes à visée nettement « informative »)

- Équilibre à maintenir pour l’auteur, afin d’éviter l’effet d’accumulation excessive, tel qu’il
transparait dans les virelangues Expl. :

Catégorie C : figures du jeu sur la syntaxe et la progression du discours

C.1. L’attelage (ou « zeugme »)

Association …

Expl. :

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Effets :

C.2. Anadiplose (= rebond)

Enchainement…

Expl. :

C.3. Anaphore

Reprise…

Expl. :

Effets de ces deux dernières figures :

C.4. Anastrophe (inversion interne au syntagme)

Bouleversement de l’ordre syntaxique « courant »

Expl. :

Effets de cette modification syntaxique :

C.5. Inversion

Déplacement d’un complément par rapport à l’ordre « habituel » qu’il occuperait en général dans la
phrase

Expl. :

Exemple célèbre : « On les peut mettre premièrement comme vous avez dit : Belle Marquise, vos
beaux yeux me font mourir d’amour. Ou bien : D’amour mourir me font, belle Marquise, vos beaux
yeux. » (Molière)

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Remarque : en français écrit soutenu, l’inversion est très fréquente dans les subordonnées

Expl. :

Remarque à propos d’un des effets de l’inversion entre syntagmes d’une même phrase :

- Production intéressante de …

Expl. :

« Fleur qui décores la ruine


Sans un regard pour t’admirer !
Je cueillis ta blanche étamine (Lamartine)

> « sans un regard » se rapporte-t-il au « je » qui énonce le texte ? Étant donné que

il semble aussi possible que

C.6. Question(s) rhétorique(s)

Formulation de…

Expl. :

Expl. dans le texte de Th. Fiorilli (texte 9 du dossier d’annexes) :

C.7. Prétérition

Annonce au sujet de ce dont il…

Remarque : figure qui témoigne du paradoxe inhérent au langage > il n’est pas possible d’indiquer
qu’il ne faut pas évoquer qqch, sans l’évoquer tout de même !

C.8. Digression

Phrase ou propos qui …

Remarque : apparence de digression (par la juxtaposition de différentes « trames ») parfois utilisée


comme procédé pour susciter une attente, chez le lecteur : comment les voies divergentes vont-elles
se retrouver ?

Expl. :

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C.9. Ellipse

Expl. :

C.10. Énumération / accumulation - liste

Expl. :

Effets de ce procédé :

Catégorie D. Figures du jeu sur les associations-oppositions de sens (contradictions et


dédoublements)

D.1. Oxymore

Expl. :

D.2. Paradoxe

Expl. :

Effets de ces deux procédés-figures :

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D.3. Antithèse

Expl. :

D.4. Chiasme

Expl. :

Remarques sur les effets et l’utilité de l’antithèse et du chiasme :

D.5. Le parallélisme-association

Expl. :

D.6. La litote

Expl. :

Remarques sur les différents usages et sur la portée de la litote :

D.7. L’hyperbole

Expl. :

Catégorie E. Figure du jeu sur les associations de sens (ambigüités et équivoques)

E.1. La syllepse

Expl. :

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E.2. L’antanaclase

Expl. :

E.3. L’hypallage

Expl. :

E.4. L’allusion

Expl. :

Usages de l’allusion dans une visée argumentative :

Catégorie F. Figures du jeu sur les évocations de non-sens (« parler pour ne rien dire »)

F.1. La tautologie

Expl. :

F.2. Le truisme

Expl. :

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Quelques remarques générales sur les figures du discours et la


pratique de la traduction

Impossibilité totale de traduire terme à terme : les signifiants, connotations et calembours possibles
variant d’une langue à l’autre

Expl. : extrait de « A litter to Mr. Germ’s Choice » (texte parodique écrit par l’auteur irlandais James
Joyce, 1882-1941)

« You must not stink I am attempting to ridicul (de sac! ) you or to be smart, but I am so disturb by my
inhumility to onthorstand most of the impslocations constrained in your work »

Expl. : « lune » = nom féminin en français / « Mond » = nom masculin en allemand

- …
- Et nécessité de transposer différemment certains jeux avec la syntaxe car…

Procédés d’argumentation et figures du discours

Remarques préalables :

1. Mise en évidence récente, par plusieurs théoriciens de la rhétorique et de l’analyse de textes


(Bonhomme, Amossy, Koren…), du caractère fondamentalement argumentatif des figures du
discours
➢ Les figures ne se limitent pas à des ornements superficiels du langage («pas que pour faire
joli ») : elles produisent un véritable effet de persuasion et d’adhésion du lecteur

2. Emploi très fréquent de figures dans les slogans et textes publicitaires


➢ Preuve manifeste de leur portée argumentative

« De nombreux textes construisent un raisonnement en tissant un réseau figural serré. […] Toute
la démonstration se soutient des figures d’analogie, qui ont une qualité à la fois didactique et
émotionnelle. […] Le texte peut aussi tenter d’influencer son lecteur à partir, non pas d’une
métaphore explicative, mais d’une argumentation tout entière fondée sur les glissements
associatifs qu’autorise le jeu des métaphores où le réseau figural se substitue en quelque sorte à
la démarche analytique. » (Ruth Amossy, L’argumentation dans le discours)

3. Caractère paradoxalement « circulaire » de l’efficacité argumentative de la figure : il faut que le


destinataire la reconnaisse comme telle pour qu’elle produise ses effets…

34
UMONS / FTI-EII / Service d’études françaises & francophones 2023-2024
Français – analyse de textes (É. Castadot)

Observations à partir du texte de Mélanie Geelkens, intitulé « Une sacrée paire de victimes
consentantes » (texte 11 du dossier), pour dégager les grands usages argumentatifs des figures :

Troubles dans le genre textuel : Analyse de quelques textes satiriques/parodiques

Ces préliminaires posés, nous sommes maintenant en mesure de risquer une définition plus précise de la
parodie, dans son application au domaine écrit : par ‘‘parodie’’, on entendra /e mécanisme par lequel un texte
littéraire démarque, au moyen de certains procédés déterminés, sur le mode caricatural (burlesque, ironique ou
emphatique), soit un autre texte, soit un ensemble de textes, soit certains caractères et procédés d'un genre,
d'une école, d'un courant de pensée, etc., tels qu'ils apparaissent dans un certain nombre de textes, littéraires
ou non. Accessoirement, on entendra aussi par ‘‘parodie’’ tout texte, ou tout passage d'un texte, dans lequel ce
mécanisme se trouve utilisé. […]

le terme ‘‘mécanisme’’, plus que celui d' ‘‘imitation’’, a paru apte à souligner le caractère dynamique de la
parodie, son aspect de processus producteur de sens, de texte à l'œuvre sur d’autres textes, pour en modifier la
signification, la portée et la fonction ; en second lieu, définir la parodie [comme] une déformation opérant sur le
mode burlesque revient à la réduire à l’une de ses manifestations particulières, l'effet parodique pouvant être
burlesque ou grotesque […], mais pouvant aussi procéder d'une ironie moins voyante […]. (Cl. Bouché,
Lautréamont, Du lieu commun à la parodie)

Comprendre un jeu parodique =

- S’intéresser à la situation de communication du texte

- (Re)connaitre certaines références à d’autres textes et faits

Analyse de « Les tigres de Russie devront quitter le parc Pairi Daiza » (texte 14 du dossier) , publié par
S. Devillers le 1er avril 2022 dans La Libre Belgique.

1. Observation du contexte de rédaction et de publication

2. Observation du titre

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UMONS / FTI-EII / Service d’études françaises & francophones 2023-2024
Français – analyse de textes (É. Castadot)

3. Observation de la scène générique / énonciation / scénographie énonciative

4. Fonctionnement parodique / « poisson d’avril »

5. Aspects et fonctionnement du pastiche

Analyse de Sois soumis, mon chagrin (G. Perec), pastiche de Recueillement, de Ch. Baudelaire (textes
12 et 13 du dossier)

Pastiche : « Œuvre artistique ou littéraire dans laquelle l'auteur imite en partie ou totalement l'œuvre
d'un maître ou d'un artiste en renom [très connu] par exercice, par jeu ou dans une intention
parodique. » (Trésor de la langue française)

- L’intertextualité : un rapport à la base du pastiche

- Entre dégradation et hommage indirect par…

o …
o …
o …

Exemple de consignes pour l’analyse d’un texte, à produire lors de l’examen


Observez le texte « Charles-Quint, encore un empereur belge, une fois », afin d’en proposer une
brève analyse selon les paramètres suivants :

1. Observation des caractéristique du titre (structure syntaxique et grammaticale, longueur, lien


thématique avec le texte, construction à partir d’une figure (ou non)…)
2. Contexte ? (qui ? quand ? publié dans ? Références à des éléments et faits réels ou culturels
connus ?)
3. Rapport (concordant ou trouble) à un genre textuel ? Quel registre textuel ( !!! il n’est pas
nécessaire d’évoquer le registre de langage, familier ou soutenu, employé dans le texte)
et/ou quelle tonalité dominante ?
4. Énonciation ? Modalités énonciatives personnelles ou impersonnelles ? Modalités
énonciatives fictionnelles (destinateur-narrateur interne ?) ou non ?...
5. Recours à des figures du discours ? Dans quel but ? Avec quels effets ?

Un exemple de correctif, pour l’analyse de « Charles-Quint, encore un empereur belge, une fois »,
sera déposé sur moodle le dernier jour de cours du quadrimestre. Des exemples de questions à choix
multiples seront aussi proposés sur moodle durant la dernière semaine de cours du quadrimestre.

Merci pour votre participation et votre implication durant ce cours !

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UMONS / FTI-EII
Annexes pour l’AA « Français - analyse de textes : partie a » (2023-2024)

Table des matières des textes et points abordés


1. « Mise au point de l’Académie française » ................................................................................. 2
2. « Une application pour assurer au patient comme à ses proches le suivi du diabète » ............. 3
3. « Un capteur de glucose implanté sous la peau de cinq patients diabétiques de type 1 : une
première en Belgique francophone » ................................................................................................. 4
4. « Lettre aux Français »................................................................................................................. 5
5. L’allergie ...................................................................................................................................... 8
6. Par temps de pluie et de brouillard ............................................................................................. 9
7. Ça va ? Combien de « ça va » faudrait-il pour que ça aille vraiment ? [séquence 24] .............. 11
8. Source ........................................................................................................................................ 11
9. « C’est beau comme Les traces des jours heureux » ................................................................ 12
10. À une fleur séchée dans un album ........................................................................................ 13
11. « Une sacrée paire de victimes consentantes » .................................................................... 14
12. Recueillement ........................................................................................................................ 16
13. Sois soumis, mon chagrin ...................................................................................................... 16
14. « Les tigres de Russie devront quitter le parc Pairi Daiza » .................................................. 17
15. « Charles-Quint, encore un empereur belge, une fois » ....................................................... 18
16. Points et concepts à identifier/exploiter pour l’analyse ....................................................... 20

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Annexes pour l’AA « Français - analyse de textes : partie a » (2023-2024)

1. « Mise au point de l’Académie française »


Texte publié en ligne sur le site de l’Académie française, onglet « l’Institution », page « actualités »

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2. « Une application pour assurer au patient comme à ses


proches le suivi du diabète »

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Annexes pour l’AA « Français - analyse de textes : partie a » (2023-2024)

3. « Un capteur de glucose implanté sous la peau de cinq


patients diabétiques de type 1 : une première en Belgique
francophone »

[…]

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4. « Lettre aux Français »


(lettre ouverte d’Emmanuel Macron à ses compatriotes)

Texte publié par divers organes de la presse régionale française, ainsi que sur les sites internet de
différents médias français, le 3 ou le 4 mars 2022

Mes chers compatriotes, [mention reproduite à partir d’un modèle manuscrit]

Depuis cinq ans, nous avons traversé ensemble nombre d’épreuves. Terrorisme, pandémie, retour de
la violence, guerre en Europe : rarement, la France avait été confrontée à une telle accumulation de
crises. Nous avons fait face avec dignité et fraternité.

Nous avons tenu bon sans jamais renoncer à agir. Grâce aux réformes menées, notre industrie a pour
la première fois recréé des emplois et le chômage a atteint son plus bas niveau depuis quinze ans.
Grâce au travail de tous, nous avons pu investir dans nos hôpitaux et notre recherche, renforcer nos
armées, recruter policiers, gendarmes, magistrats et enseignants, réduire notre dépendance aux
énergies fossiles, continuer à moderniser notre agriculture. Grâce à nos efforts, nous avons, avant la
pandémie, réduit nos déficits et, tout au long du quinquennat, baissé les impôts de manière inédite.
Tout cela nous a permis d’être crédibles et de convaincre nos principaux voisins de commencer à bâtir
une Europe-puissance, capable de se défendre et de peser sur le cours de l’Histoire.

Nous n’avons pas tout réussi. Il est des choix qu’avec l’expérience acquise auprès de vous je ferais
sans doute différemment. Mais les transformations engagées durant ce mandat ont permis à nombre
de nos compatriotes de vivre mieux, à la France de gagner en indépendance. Et les crises que nous
traversons depuis deux ans montrent que c’est bien ce chemin qui doit être poursuivi.

Nous connaissons des bouleversements d’une rapidité inouïe : menace sur nos démocraties, montée
des inégalités, changement climatique, transition démographique, transformations technologiques.
Ne nous trompons pas : nous ne répondrons pas à ces défis en choisissant le repli ou en cultivant la

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nostalgie. C’est en regardant avec humilité et lucidité le présent, en ne cédant rien de l’audace, de la
volonté et de notre goût de l’avenir que nous réussirons. L’enjeu est de bâtir la France de nos enfants,
pas de ressasser la France de notre enfance.

Voilà pourquoi je sollicite votre confiance pour un nouveau mandat de Président de la République.
Je suis candidat pour inventer avec vous, face aux défis du siècle, une réponse française et européenne
singulière. Je suis candidat pour défendre nos valeurs que les dérèglements du monde menacent. Je
suis candidat pour continuer de préparer l’avenir de nos enfants et de nos petits-enfants. Pour nous
permettre aujourd’hui comme demain de décider pour nous-mêmes.

Il n’y a pas d’indépendance sans force économique. Il nous faudra donc travailler plus et poursuivre
la baisse des impôts pesant sur le travail et la production. Pour ne pas nous laisser imposer par d’autres
les technologies qui rythmeront demain notre quotidien, il nous faudra aussi continuer d’investir dans
notre innovation et notre recherche afin de placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les
énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l’agriculture, le numérique, ou le spatial feront le
futur et nous permettront de devenir une grande Nation écologique, celle qui la première sera sortie
de la dépendance au gaz, au pétrole et au charbon.

C’est à la condition de cette reconquête productive par le travail que nous pourrons préserver et même
améliorer ce modèle social auquel nous tenons tant et qui a fait ses preuves.

Nous lutterons contre les inégalités, non pas tant en cherchant à les corriger toujours trop tard qu’en
nous y attaquant à la racine. Nous ferons en sorte que tous les enfants de France aient les mêmes
chances, que la méritocratie républicaine redevienne une promesse pour chacun. Pour cela, la priorité
sera donnée à l’école et à nos enseignants, qui seront plus libres, plus respectés et mieux rémunérés.

Nous investirons pour permettre à chacun de vivre le grand âge à domicile tant qu’il le peut, pour
rendre les maisons de retraite plus humaines. Nous poursuivrons sans relâche notre travail pour
l’inclusion de nos compatriotes en situation de handicap. En matière de santé, nous opérerons la
révolution de la prévention et ferons reculer les déserts médicaux.

La force de notre modèle social est là : dans cet investissement dans l’humain tout au long de la vie,
qui donne confiance aux familles et a fait de la France l’un des pays d’Europe à la plus forte natalité.

Défendre notre singularité française implique enfin de promouvoir une certaine manière d’être au
monde. Un art de vivre millénaire, enraciné dans chaque région, chaque canton, chaque ville et chaque
village que ce soit en métropole ou dans nos outre-mer. Une histoire, une langue, une culture que
lorsque l’on est Français, on se doit de connaître, d’aimer, de partager. Une citoyenneté, qui ne repose
pas seulement sur des droits, mais sur des devoirs et un engagement de chaque jour. Parce que le
respect des lois n’est pas négociable, nous poursuivrons l’investissement dans nos forces de sécurité
et notre justice. Nous encouragerons l’engagement avec une ambition simple : former non pas
seulement des individus et des consommateurs, mais des citoyens. Faire des républicains.

Tout au long de mon mandat, j’ai vu partout un esprit de résistance à toute épreuve, une volonté
d’engagement remarquable, une inlassable envie de bâtir. Je l’ai retrouvée dans notre pays mais aussi
en allant à la rencontre de nos compatriotes vivant à l’étranger. En chaque lieu, j’ai perçu le désir de
prendre part à cette belle et grande aventure collective qui s’appelle la France.

C’est pourquoi le moment électoral qui s’ouvre est si important. Cette élection présidentielle
déterminera les directions que le pays se donne à lui-même pour les cinq années à venir et bien
au-delà. Bien sûr, je ne pourrai pas mener campagne comme je l’aurais souhaité en raison du contexte.

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Mais avec clarté et engagement j’expliquerai notre projet, notre volonté de continuer à faire avancer
notre pays avec chacun d’entre vous.

Ensemble, nous pouvons faire de ces temps de crises le point de départ d’une nouvelle époque
française et européenne.

Avec vous. Pour vous. Pour nous tous.

Vive la République !

Vive la France !

Emmanuel Macron

« Lettre à tous les Français », 7 avril 1988 [texte paru sous


forme d’insert publicitaire d’une cinquantaine de pages, dans la presse nationale et régionale]

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5. L’allergie
Nouvelle littéraire de Jacques Sternberg, parue à la page 27 du recueil 188 contes à régler,
publié par Denoël en 1988.

Il avait toujours eu quelque difficulté à supporter le genre humain jusqu'au jour où il dut reconnaître
qu'il devenait physiquement allergique à toute présence masculine ou féminine. Il se barricada chez
lui, sans télévision, sans radio, parce que même le son des voix lui donnait des troubles graves, des
vertiges et des nausées accompagnées de saignements.

Les choses s'aggravèrent quand il comprit qu'il développait une allergie de la même gravité à tous les
aliments fabriqués par les hommes ou tous les produits naturels de la terre. Il s'en tira en avalant des
vitamines à hautes doses et en s'administrant des injections à doses plus réduites. Il eut ensuite un
coup de panique en constatant son allergie à toute boisson. Et il perdit tout espoir quand il ressentit
des symptômes d'étouffement en respirant l'air ambiant.

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6. Par temps de pluie et de brouillard


Nouvelle littéraire de Gérard Prévot, parue aux pages 101-106 du recueil Le démon de février, publié en 1970
par Gérard &Co dans la collection Marabout.

Le coup de pouce du destin, cela existe. Il y a des hasards brusques comme des coups de vent qui
peuvent, en quelques secondes, bouleverser les vies les mieux établies. Quand les chocs ainsi produits
sont légers et ne mettent en cause aucune de nos raisons profondes de vivre, nous les acceptons d'assez
bon gré sous le nom de malentendus. Il faut une sensibilité bien épaisse pour ne pas s'avouer que le
malentendu est pour ainsi dire quotidien. La conséquence la plus perceptible de cet état de fait est
l'ambiguïté quasi permanente dans laquelle nous vivons tous. Devant certains masques d'Ensor, je me suis
parfois demandé à quoi tenait cette impression bizarre que je ressentais. Que l'âme humaine soit
ambiguë, nous le savons. Et quoi de plus ambigu qu'un masque ? Sur les toiles du peintre flamand, cette
double ambiguïté crée un malaise. À la bizarrerie simple du masque s'ajoute, de toute évidence, une
bizarrerie plus subtile. Il m'a fallu les regarder longtemps pour comprendre – mais peut-être cette
compréhension même est-elle un piège – qu'à la différence du masque ordinaire, le masque d'Ensor ne
cache aucun visage humain. Plus exactement, il est le visage. Il colle à la peau. Il nous dit d'une manière
burlesque ou tragique ce que nous sommes et ceux qui rient devant ces masques-là sont ceux qui ne se
connaissent pas. Ainsi sommes-nous sans le savoir toujours soumis à des hasards qui, dépassant parfois le
simple malentendu, peuvent nous entraîner fort loin.

Le bref récit que voici est burlesque. Il aurait pu être tragique. La frontière séparant la farce du drame est
infiniment plus mince qu'un rideau de théâtre. Ceux qui l'ignorent ou se refusent à le reconnaître n'en
sont que plus menacés. Une tuile tombant d'un toit peut changer le cours de l'histoire. J'ai connu un
homme qui vivait dans un village presque abandonné de Provence, un village qui ne comptait qu'une
vingtaine d'habitants et dans lequel il n'y avait qu'une seule voiture. Pendant les trois jours de notre
rencontre, cet homme, qui n'était pas un simple, ne cessait de me dire la peur qu'il éprouvait devant cette
voiture. Quand j'appris sa mort, je me surpris à demander : « Où a-t-il été écrasé ? » « Devant le garage »,
m'a-t-on dit. Mais venons-en au récit.

Pierre-Louis Forestier était un être en apparence que rien ne destinait à l'aventure. Caissier principal dans
une grande banque du Nord depuis une trentaine d'années, il menait une vie heureuse et tranquille, une
de ces vies que l'on dit sans histoires parce que tout s'y passe au-dedans, sous l'épais confort des rêves à
jamais enfouis, des désirs à jamais dominés et d'un bonheur calme à jamais acquis. Il traversait son
époque avec une indifférence et une incuriosité naturelles. Ce qui le retenait dans la lecture des journaux,
par exemple, ce n'était pas l'état du monde. Tout au plus s'étonnait-il parfois que l'on pût se massacrer
ainsi. À peine s'intéressait-il aux faits divers. La simple annonce de la fuite d'un caissier de banque le
plongeait dans un abîme de stupéfaction. Il avait alors la honte corporative. Les pages économiques et
sportives étaient les seules à retenir vraiment son attention. Pour le reste, il aimait sa femme et, depuis
que sa fille était mariée, ne se posait aucune question. Sa femme, Hortense Forestier, née Lelièvre, lui
ressemblait en tous points. En un sens, c'était un couple idéal. Leurs seules distractions, auxquelles ils
tenaient beaucoup étaient la réception amicale du mardi, la soirée théâtrale du jeudi, le cinéma du
samedi soir […].

Un samedi soir, par temps de pluie et de brouillard, Pierre-Louis et Hortense, affrontant l'hiver, se
rendirent donc au cinéma voisin. Pour y arriver, il leur fallait à peine un quart d'heure, le temps
d'atteindre la place du Roi-Vainqueur, toute proche, de la longer, de descendre l'avenue du même nom et
de remonter tranquillement vers le carrefour de la Chasse. Ils s’y rendirent à pied. Sortir la voiture du
garage était un exercice que Pierre-Louis réservait aux départs du petit matin vers la banque et aux grands
départs des jours de juillet. D'ailleurs, il détestait conduire par temps de brouillard, n'y voyant déjà plus

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que juste assez par temps clair. Et puis, c'était une tradition. […] Dans les rues presque désertes, ils
allaient, ombres serrées sous le grand parapluie noir, silencieux à leur habitude. Soudain, comme ils
venaient d'atteindre le bas de l'avenue du Roi-Vainqueur et se disposaient à monter la longue rue menant
au carrefour de la Chasse, une ombre se détacha du brouillard et s'approcha d'eux.

– Pardon, monsieur, auriez-vous du feu, je vous prie ?

Pierre-Louis Forestier regarda l'homme, balbutia un « oui » qui se perdit dans le vent, tendit le parapluie à
sa femme et fouilla ses poches à la recherche d'un briquet. L'ayant trouvé, il le tendit vers l'inconnu,
poussa la gentillesse jusqu'à entrouvrir son manteau afin de protéger la flamme du vent et attendit que
l'autre eût allumé sa cigarette pour refermer le briquet, le glisser dans une de ses poches, reboutonner
son manteau et reprendre le parapluie. D'une voix claire, l'inconnu remercia et repartit dans le brouillard.
Forestier eut un geste vague en direction du chapeau et reprit sa marche silencieuse à côté d'Hortense.

C'est seulement lorsque le couple pénétra sous le porche du cinéma que Pierre-Louis Forestier comprit ce
qui venait de se passer. Il avait tendu le parapluie à Hortense, pour qu'elle pût le refermer pendant qu'il
se dirigeait vers la caisse, et se disposait à demander les deux places de la loge qu'ils occupaient tous les
samedis, quand il s'aperçut que son portefeuille avait disparu. II blêmit. Il se souvenait exactement de la
somme contenue dans ce portefeuille, somme assez considérable puisque Forestier avait l'habitude –
habitude maudite, qu'il se jura sur l'instant de perdre à jamais – d’y laisser le samedi soir tout l'argent
nécessaire aux dépenses du week-end. Il se souvenait même du gros billet glissé, à l'issue du repas, dans
la petite poche intérieure du portefeuille, billet destiné à l'achat d'une caisse de cigares qu'il lui aurait été
facile, le lundi, de faire passer auprès d'Hortense pour un cadeau d'un collègue hollandais. Il se tourna
vers sa femme et dit, d'une voix étranglée : – On m'a volé mon portefeuille.
Hortense pâlit à son tour et dit d'une voix mauvaise : – Cela t'apprendra à donner du feu à un inconnu.

Toute la joie du samedi soir morte en eux, Pierre-Louis et Hortense regagnèrent d'un pas rapide leur
domicile. Il ne leur restait plus qu'une chose à faire : téléphoner à la police. Sans se communiquer leurs
impressions, tous deux pensaient aux mêmes choses : à l'argent perdu, à la menace de plus en plus
précise que les gangsters font maintenant peser sur les villes et à l'énervement qui les attendait devant
l'impuissance évidente des policiers.

Soudain, comme ils allaient atteindre l'angle de la rue Aviateur-Thieffry et que leur maison, voisine du
pont, commençait à se dessiner dans la brume, Pierre-Louis Forestier eut un choc. Devant eux, quelqu'un
remontait lentement la rue. Cette ombre, un instant captée au passage par le réverbère d'angle, Forestier
la reconnut tout de suite. C'était celle de son voleur. Une juste colère le prit. Il tendit le parapluie à
Hortense, lui dit sèchement de rentrer et se lança à la poursuite de l'inconnu. L'homme allait atteindre le
pont. Entendant des pas derrière lui, il s'arrêta, se retourna et tâcha de deviner dans le brouillard ce qui se
passait. Forestier était déjà sur lui. D'une voix menaçante, il cria : – Le portefeuille ! Vite !

S'étant reconnus, les deux hommes se dévisagèrent une seconde. L'inconnu céda. Il mit la main dans sa
poche intérieure et tendit le portefeuille à Forestier. Celui-ci l'empocha. Il aurait voulu frapper ou crier,
mais son indignation était trop forte. Sans attendre son reste, l'autre courut dans la direction du pont et
se perdit vers les boulevards, dans la nuit.

[ ??? en rentrant chez lui ce soir-là, ce fut ??? ]

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7. Ça va ? Combien de « ça va » faudrait-il pour que ça aille


vraiment ? [séquence 24]
Séquence 24 de l’œuvre de Jean-Claude Grumberg, Ça va ? Combien de « ça va » faudrait-il pour
que ça aille vraiment ?, un texte publié chez Actes Sud en 2008.

- Ça va ? - Bon ben.
- Tiens c’est toi. - Et chez toi ?
- C’est moi. - Ça va, ça va.
- Ça va ? - Alors salut p’pa.
- Ta mère ? - Salut fils.
- Ça va. - Bonjour chez toi.
- Ta sœur ? - De même.
- Ça va. - J’manquerai pas.

8. Source
Laurence Vielle, juillet 2016

Poème rédigé et publié dans le cadre du mandat de poète national attribué à Laurence Vielle en
2016-2017 (tous les poèmes rédigés depuis 2014 par les poètes nationaux belges sont publiés et
disponibles sur www.poetenational.be)
Matin sur Bruxelles à quel quai j’embarquerai
je marche à contresens de tous les travailleurs après-demain à contresens encore
qui descendent du train j’irai à la source de la vie
vague de corps pressés déferle sur la cité de la joie du temps de l’amour
je pars à contresens aux sources de l’Escaut aux sources de l’Europe aussi
ah ça c’est un voyage pour honorer Emile poète européen
prendre le train pour Mons l’Europe des marcheurs
puis la voiture avec Maarten Inghels des sillonneurs des resourceurs
le poète d’Anvers qui va marcher dix jours ouverte à ceux d’ailleurs
de la source à sa ville qui nourrit son souffle court
on passe la frontière aux souffles nouveaux venus
je pars à contresens aux sources de l’Escaut l’Europe sociale et inclusive
qui ne s’en soucie guère des frontières qui prend appui sur les petits
depuis cent ans il veille l’Europe où se repeuplent
les os de Verhaeren campagnes et vallées
Rimbaud le marcheur l’a longé lui aussi un jour par an nous marchons tous
Hugo le saute-frontières et tant d’autres en quête d’une source
ah ça c’est un voyage la source de l’Escaut l’Europe trouée se réveille
point de Gouy d’où l’eau jaillit ah j’aimerais m’y rendre à cette source-là
quelle matrice te nourrit ? source source une goutte t’initie
Demain j’irai je crois source du fond obscur renouvelle nos langues
aux sources de moi-même rafraîchis pieds gosiers
je ne sais pas encore mouille vocables envahis chairs
dans quel train je monterai ouvre-nous le chemin.

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9. « C’est beau comme Les traces des jours heureux »


Billet de Thierry Fiorilli, paru dans le magazine Le Vif/L’Express, numéro 3681, 20-26 janvier 2022,
et classé dans la rubrique « Vivifiant »

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10. À une fleur séchée dans un album


Alphonse de Lamartine, recueil Méditations poétiques, version revue et augmentée en 1849

Il m’en souvient, c’était aux plages


Où m’attire un ciel du midi,
Ciel sans souillure et sans orages,
Où j’aspirais sous les feuillages
Les parfums d’un air attiédi.
Fleur qui décores la ruine
Sans un regard pour t’admirer !
Une mer qu’aucun bord n’arrête
Je cueillis ta blanche étamine,
S’étendait bleue à l’horizon ;
Et j’emportai sur ma poitrine
L’oranger, cet arbre de fête,
Tes parfums pour les respirer.
Neigeait par moments sur ma tête ;
Des odeurs montaient du gazon.
Aujourd’hui, ciel, temple et rivage,
Tout a disparu sans retour :
Tu croissais près d’une colonne
Ton parfum est dans le nuage,
D’un temple écrasé par le temps ;
Et je trouve, en tournant la page,
Tu lui faisais une couronne,
La trace morte d’un beau jour !
Tu parais son tronc monotone
Avec tes chapiteaux flottants ;

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11. « Une sacrée paire de victimes consentantes »


Billet d’humeur de Mélanie Geelkens, paru dans le magazine Le Vif/L’Express, numéro 3681, 20-26
janvier 2022, et classé dans la rubrique « Vivifiant »

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12. Recueillement
Charles Baudelaire, poème publié dans le recueil Les Fleurs du mal (1868)

13. Sois soumis, mon chagrin


Georges Perec, extrait du roman intitulé La Disparition, paru chez Gallimard en 1969

Sois soumis, mon chagrin, puis dans ton coin sois sourd.
Tu la voulais la nuit, la voilà, la voici :
Un air tout obscurci a chu sur nos faubourgs,
Ici portant la paix, là-bas donnant souci.

Tandis qu'un vil magma d'humains, oh, trop banals,


Sous l'aiguillon Plaisir, guillotin sans amour,
Va puisant son poison aux puants carnavals,
Mon chagrin, saisis-moi la main; là, pour toujours,

Loin d'ici. Vois s'offrir sur un balcon d'oubli,


Aux habits pourrissants, nos ans qui sont partis;
Surgir du fond marin un guignon souriant;

Apollon moribond s'assoupir sous un arc,


Puis ainsi qu'un drap noir traînant au clair ponant,
Ouïs, Amour, ouïs la Nuit qui sourd du parc.

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14. « Les tigres de Russie devront quitter le parc Pairi


Daiza »

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Annexes pour l’AA « Français - analyse de textes : partie a » (2023-2024)

15. « Charles-Quint, encore un empereur belge, une fois »


Extrait de l’ouvrage de Stéphane Baurins et André Clette [illustrations de Jean-Claude Salemi et Willy
Wolsztajn], Histoire du Belge. Comment il est sorti du tombeau. Comment il y est rentré. Tome 1 : De
la nuit des temps à la Muette de Portici, Bruxelles, Luc Pire, 1996.

(page de titre de l’ouvrage)

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16. Points et concepts à identifier/exploiter pour l’analyse


Définition et caractéristique du texte / Paramètres de la communication humaine

a. Le texte comme forme de mémorisation-enregistrement, de structuration de


l’information et de transmission
b. Le texte comme ensemble de mots, de phrases formant un tout cohérent
c. Le texte comme production verbale destinée à persister et à être partagée, malgré une
distance physique/temporelle
d. La communication humaine : processus non-linéaire, par essence sujet à de potentiels
dysfonctionnements
e. Le schéma de la communication (R. Jakobson)
f. Distinctions entre destinateur / auteur / narrateur
a. Mise en page : typographie, présence ou non d’illustrations, organisation spatiale sur la
page ou sur l’écran
b. Indications concernant l’identité et la position de l’auteur
c. Canal et médium de transmission du texte
d. Contexte temporel, spatial et politique : évocation et allusions (ou absence d’évocation
et d’allusions) à des aspects de ce contexte
e. Travail métalinguistique
f. Travail de connexion « phatique »

L’énonciation et ses paramètres

a. Observer le traitement de l’énonciation : une nécessité pour toute analyse textuelle


b. 1re définition de l’énonciation : processus, « acte de production » de l’énoncé
c. Emploi ou absence de termes (pronoms, noms, appellations) représentant destinateur
et destinataire dans le texte / emploi ou absence de déictiques (indications renvoyant
au contexte spatio-temporel dans lequel le texte a été produit
d. Effets de l’emploi des différents pronoms personnels pour construire l’énonciation d’un
texte
e. Ethos (représentation de soi) du destinateur/auteur et représentations du ou des
destinataire(s)
f. Scène d’énonciation générique et englobante (concepts de D. Maingueneau) et
première approche de la notion de genre
g. Scénographie énonciative : « mise en scène » (par la structure, le registre lexical…)
de l’identité du destinataire envisagé ;
du type de relation (proximité, distance, neutralité…) qui doit s’établir entre
destinateur et destinataire ;
du type et genre textuel dont le lecteur peut repérer des caractéristiques
h. Limites du concept de « scénographie énonciative » : pas de catégorisation étanche et
stricte des genres, en particulier depuis le XXe siècle

Dimensions du langage à prendre en compte pour analyser le travail de la langue dans un texte :
signifiant et signifié (concepts de De Saussure)

a. Signifiant : empreinte matérielle (sonore ou graphique) associée à une unité de sens


b. Signifié : concept, représentation mentale associée à une unité sonore ou graphique

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Dimensions du langage à prendre en compte pour analyser le travail de structuration des mots et des
phrases :

a. choix sur l’axe paradigmatique


b. agencement et combinaison sur l’axe syntagmatique

Lois et normes du discours (concepts de P. Grice) et de l’organisation du texte (reprise de ces


concepts par Maingueneau)

a. Principe de coopération : fondement essentiel de la communication (l’auteur peut


attendre un minimum de travail d’interprétation de la part du lecteur / le lecteur peut
attendre que l’auteur lui donne assez d’éléments, dans un ordre relativement cohérent,
pour dégager le sens général)
b. Loi de pertinence
c. Loi de progression
d. Loi de sincérité
e. Loi d’exhaustivité
f. Remarque : caractère relatif de ces « lois », toujours transgressée par la dimension
figurée du langage et du texte

Types, genres et structures de texte

a. Catégories et sous-catégories génériques : inscription et écart par rapport à un modèle


b. Visées narratives, dialogales, descriptives, informatifs-explicatives et injonctives
c. Multiplicité et variation des dénominations et catégories
d. Catégories « littéraires » en fonction de schémas narratifs, structurels ou énonciatifs,
catégories informatives-explicatives, catégories « argumentatives »
e. Hybridité du texte et analyse de celui-ci sous forme de séquences à buts communicatifs
divers (J.-M. Adam)
f. Discours, genres et registres (et module didactique complémentaire en ligne, des
laboratoires MoDiCo et Praxiling : Genres de textes (univ-montp3.fr) )
g. Observations du titre éventuel et de la structure (nature, longueur, mise en page,
relations)

Figures du discours : tropes et jeux sur le sens

a. Pourquoi parler de figures du discours (et pas de « figures de style » ou « figures de


rhétorique ») ?
b. Les tropes : la métaphore / la métaphore filée / la métaphore lexicalisée
c. Les tropes : la comparaison et l’analogie
d. Les tropes : la métonymie
e. Formes particulières de la métaphore : personnification / réification / allégorie
f. Formes particulières de la métonymie : antonomase / euphémisme / périphrase

Figures du discours : jeux sur le signifiant

a. La paronomase
b. Le calembour
c. L’assonance, l’allitération, la rime

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Figures du discours : jeux sur la syntaxe et la progression

a. L’attelage (= le zeugme)
b. Le rebond (= l’anadiplose)
c. L’inversion interne au syntagme (= l’anastrophe)
d. L’inversion
e. La question rhétorique
f. La prétérition
g. La digression
h. L’ellipse
i. L’énumération / accumulation

Figures du discours : jeux sur les associations de significations

a. L’oxymore
b. Le paradoxe
c. L’antithèse
d. Le chiasme
e. Le parallélisme
f. La litote
g. L’hyperbole
h. La syllepse
i. L’antanaclase (syllepse avec répétition)
j. L’hypallage (« déplacement » d’un qualificatif)
k. L’allusion
l. La tautologie
m. Le truisme

Remarques sur les figures du discours et la pratique de la traduction

a. Difficultés dues au jeu sur les sonorités (signifiants)


b. Difficultés dues aux connotations associées aux mots dans l’une ou l’autre langue
c. Difficultés dues aux figures de jeu sur la syntaxe, en fonction de ce que l’ordre d’une
langue privilégie, autorise ou interdit

Troubles dans le genre textuel : fonctionnement des textes parodiques et de pastiches

a. Pastiche, parodie, satire, caricature : parentés et nuances


b. Reprise apparente d’un genre et de ses structures (scénographie énonciative, situation
de communication)
c. Intégration d’éléments réels ou formels identifiables par le lecteur
d. Substitutions et renversements
e. Insertion d’éléments extrapolés ou dégradés
f. Maintien d’une reconnaissance du « modèle » et de son « autorité »

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