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Séquence Alchimie poétique – La boue et l’or 

: Commentaire linéaire
Les Fleurs du mal, Baudelaire, 1857 (« La vie antérieure »)

J’ai longtemps habité sous de vastes portiques

Registre lyrique avec le « je » qui ouvre le poème et la nostalgie que le poète ressent, avec le passé
composé.
Dilatation du temps avec « longtemps », mais aussi de l’espace avec le champ lexical de la grandeur
(« vastes », « mille », « grands », « majestueux ») et le pluriel (« portiques », « soleils », « feux »,
« piliers », « grottes »), renforcée par l’assonance en « a » (« habité », « vastes », « marins »,
« majestueux », « pareils », « basaltiques »), un son ouvert.
Rimes embrassées qui forment un cycle, une harmonie sonore, renforcée par l’allitération en « t »
(« longtemps », « habité », « vastes », « portiques »).

Que les soleils marins teignaient de mille feux

Paysage impressionniste avec le verbe « teignaient » qui fait référence à la peinture, et la confusion
entre le ciel (« soleils ») et la mer (« marins », « le soir »), les couleurs chaudes (« feux ») et les
couleurs froides (l’eau).
Parallèle possible avec le poème « Invitation au voyage » et le tableau impressionniste « Luxe, calme
et volupté » de Matisse.

Et que leurs grands piliers, droits et majestueux

Union de la nature et de l’art, avec la métaphore entre « portiques », « piliers » et « grottes », et le


mélange des lignes droites « piliers, droits » et des lignes courbes (« portiques », les vagues).
Parallèle possible avec le poème « Correspondances ».

Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Sérénité du paysage avec le rythme lent, provoqué par la ponctuation et le rythme ternaire.
Allitération en « r » qui annonce le bruit des vagues qui roulent à la strophe suivante.

Les houles, en roulant les images des cieux

Correspondance en miroir de la mer (« les houles ») et du ciel (« des cieux ») qui alimente le thème du
reflet, qu’on retrouve à la fin de strophe avec « mes yeux ».

Mêlaient d’une façon solennelle et mystique

Introduction d’une dimension sacrée, spirituelle avec les termes « solennelle » et « mystique »,
annoncés par « les cieux ».

Les tout-puissants accords de leur riche musique

Harmonie sonore avec l’allitération en « an » qui crée des rimes interne à la césure entre « roulant »,
« puissants » et « couchant », renforcé par l’allitération en « ou » dans « houles », « roulant », « tout »,
« couleurs », et couchant ».

Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

Synesthésie entre les sensations visuelles (« images », « couleurs ») et les sensations auditives
(« accords », « musique »).
Espace réconfortant, chaleureux crée par le moment du crépuscule et les couleurs chaudes : les
« couleurs du couchant » sont harmonieuses grâce à la répétition du son « cou » au début de chaque
mot.

C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes

Présentatif « c’est là » : place le décor dans les deux quatrains, puis évoque ses sensations / émotions
dans les tercets.
Harmonie sonore, musicalité avec l’allitération en « v » (« vécu », « volupté », « vagues »,
« esclaves ») et « k » (« que », « vécu », « calmes », « esclaves ») renforcée par l’assonance en « u »
qui crée des rimes internes à la césure « vécu » / « azur » / « nus ».
Totalité des sensations, puissance des émotions qui conduit pourtant à une sérénité avec l’oxymore
« voluptés calmes ».

Au milieu de l’azur, des vagues, des splendeurs

Enumération qui crée un rythme ternaire pour ralentir le rythme et faire ressentir le calme.
Espace, univers total et sensuel avec la présence des quatre éléments : l’eau (« houles », « vagues »), la
terre (« grottes »), l’air (« azur », « cieux ») et le feu (« soleils », « feux »).

Et des esclaves nus, tout imprégnés d’odeurs

Présence forte et richesse des sensations, avec l’odorat (« odeurs »), la vue (« azur », « splendeurs »),
l’ouïe (« vagues ») et le toucher (« rafraîchissaient »).

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes

Allitération en « f » (« rafraîchissaient le front ») pour mimer le bruit, le souffle des palmes et plonger
le lecteur dans l’atmosphère paisible.

Et dont l’unique soin était d’approfondir / Le secret douloureux qui me faisait languir

Effet de chute, de pointe du sonnet avec l’enjambement qui retarde le « secret douloureux », qui
contraste avec l’apaisement du reste du poème.
Irruption du spleen avec le dépérissement du poète, l’allitération en « l » (« l’unique », « le »,
« douloureux », « languir ») souligne cette langueur qui émerge à la fin du poème.

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