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Problématiques :
- Comment et pourquoi le poète fait subir au lecteur une vision abominable de ce qui l’attend
dans la tombe ?
- Memento mori et vanités
- Tension entre la composition formelle et le thème de la décomposition
- L’hypotypose
Le préfixe privatif « dé » vient inverser le sens de chaque mot, de la même façon que la mort vient
inverser le processus de la vie, vient annuler toute croissance, vient décomposer chaque mot.
L’abondance de participes passés placent le cadavre en objet, en patient de l’action : il ne maîtrise plus
rien, il est passif et subit la Mort.
Ces deux vers ont un rythme ternaire, ces alexandrins sont donc des tétramètres : le sonnet est régulier
(quatrain / tercet, schéma de rimes), et les alexandrins le sont également, il y a un contraste entre la
décomposition sémantique (au niveau du sens) et la composition poétique.
Le corps se décompose, il ne reste qu’ « une des mains » et non plus les deux.
Le poète mentionne plusieurs parties du corps (répertoriées sans logique apparente) : la « main », qui
symbolise le toucher, les « yeux », la vue, et le « nez », l’odorat, or ces éléments ne fonctionnent plus
dans le cas du cadavre : il ne ressent plus rien, ces outils sont inefficaces.
Le complément circonstanciel « d’autre côté » renforce l’éparpillement du corps, qui se défait de ses
membres, et qui se renverse, s’inverse. Le fait que les parties du corps soient sujets accentue leur
autonomie, leur indépendance vis-à-vis du corps, duquel elles se détachent.
La vision est ici dégoutante, le lecteur parvient à ressentir le cadavre, à la toucher, et le caractère
gluant est renforcé par l’allitération en « l », un son liquide (« distillent », « glaire », « muscles »).
Le corps est réifié en « ordinaire pâture », la chaîne alimentaire est déconstruite et l’homme se
retrouve tout en bas.
On retrouve encore une fois le mot « vers », qui peut aussi bien faire référence à l’insecte qu’au vers
poétique : de la même façon que l’insecte ronge le cadavre, le vers poétique contamine chaque mot, le
poème mime donc la décomposition du corps.
L’hypotypose est permise grâce à la présence des quatre sens du lecteur : la vue (« les os
découverts »), l’ouïe (les jeux de sonorité), le goût (« pâture »), le toucher (« glaire ») et l’odorat
(« puanteur » et « senteur », synonymes placés à la rime).
Le cadavre semble s’évaporer, le poète mentionne d’abord les os, (matérialité du corps), la pourriture
(dématérialisation) puis l’odeur (vapeur impalpable).
Et le nez mi-rongé difforme le visage
Le tercet se termine par la mention du visage, apogée de la déshumanisation du cadavre, qui perd alors
toute identité.
Le dernier tercet se présente comme une morale, une conclusion avec l’adverbe « puis » qui permet
l’articulation : il faut tirer une leçon de cette description.
L’impératif permet de verbaliser la leçon à retenir : c’est le memento mori, il faut se détacher des
biens terrestres, des vanités (« vanitas vanitatum, et omni vanitas » : vanités des vanités, et tout est
vanité, dans l’Ecclésiaste).
La typographie en majuscules du mot « DIEU » lie visuellement ce terme à « MORTEL » au début du
poème, pour souligner la différence entre ces deux entités, l’une mortelle, l’autre immortelle.
Le poète passe d’un champ lexical macabre à un champ lexical savant, avec les verbes connaître, et les
mots « savant » et « sage ».