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Attachement et troubles du comportement

Article in Perspectives Psy · January 2006


DOI: 10.1051/ppsy/2006451087

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Les facteurs de risque familiaux et environnementaux des troubles du


comportement chez le jeune enfant : une revue de la littérature
par Antoine GUEDENEY et Romain DUGRAVIER

| Presses Universitaires de France | La psychiatrie de l'enfant

2006/1 - Volume 49
ISSN 0079-726X | ISBN 2130557716 | pages 227 à 278

Pour citer cet article :


— Guedeney A. et Dugravier R., Les facteurs de risque familiaux et environnementaux des troubles du comportement
chez le jeune enfant : une revue de la littérature scientifique anglo-saxonne, La psychiatrie de l'enfant 2006/1,
Volume 49, p. 227-278.

Distribution électronique Cairn pour Presses Universitaires de France .


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REVUE CRITIQUE
DES PROBLÈMES
D’ACTUALITÉ

Attachement
Trouble des conduites
Agressivité
Facteurs de risque
Prévention

LES FACTEURS
DE RISQUE FAMILIAUX ET
ENVIRONNEMENTAUX
DES TROUBLES DU COMPORTEMENT
CHEZ LE JEUNE ENFANT :
UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE
SCIENTIFIQUE ANGLO-SAXONNE
Antoine GUEDENEY1
Romain DUGRAVIER2

LES FACTEURS DE RISQUE FAMILIAUX ET ENVIRONNEMENTAUX


DES TROUBLES DU COMPORTMENT CHEZ LE JEUNE ENFANT :
UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE

Ces dernières années, plusieurs études longitudinales ont permis


une meilleure analyse des mécanismes en cause dans les troubles du
comportement tels que les troubles des conduites. Si l’origine des trou-
bles du comportement apparaît effectivement multi-factorielle, il est
manifeste que les relations parent/enfant jouent un rôle aussi bien
comme facteurs de risque que de résilience. Elles sont un médiateur

1. Chef de service, Xe intersecteur de psychiatrie infanto-juvénile, CHU Bichat -


Claude-Bernard, Paris.
2. Chef de clinique, Xe intersecteur de psychiatrie infanto-juvénile, CHU
Bichat - Claude-Bernard, Paris.
Psychiatrie de l’enfant, XLIX, 1, 2006, p. 227 à 278
228 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

essentiel entre disposition tempéramentale et devenir comportemental.


La pathologie individuelle débuterait ainsi par des troubles précoces des
relations, la qualité de l’attachement (sécure, insécure, désorganisé) en
étant une bonne illustration. Ainsi, il est justifié de proposer, sur le
modèle des études menées par Olds, une intervention précoce, dès le der-
nier trimestre de grossesse, régulière et prolongée jusqu’aux deux ans de
l’enfant et d’évaluer si, en France, on peut aussi infléchir la prévalence
des facteurs en cause (comme la dépression postnatale) ainsi que les
troubles du comportement en eux-mêmes.

FAMILIAL AND ENVIRONMENTAL RISK FACTORS


IN BEHAVIOURAL TROUBLES OF THE YOUNG CHILD :
A REVIEW OF THE ANGLOSAXON SCIENTIFIC LITERATURE
In the past few years, several longitudinal studies have allowed us
to make a better analysis of the mechanisms implicated in behavioural
troubles, such as in problems of conduct. While the origin of these beha-
vioural troubles does appear indeed to be multi-factorial, it is clear that
parent/child relations play a role both in risk factors and resilience.
They act as an essential mediator between the temperament and beha-
vioural evolution. The individual pathology thus begins with preco-
cious relational problems, the quality of attachment (secure, insecure,
disorganized) being one good illustration. Therefore, it is justified to
propose, as in the model used in studies by Olds, an early, prolonged
and regular intervention beginning in the final trimester of pregnancy
and continuing until the child is two years old. An evaluation should
then be made to see whether, in the French system, we can also have an
effect on the prevalence of those factors implicated (such as post-natal
depression) as well as upon the behavioural problems themselves.

LOS FACTORES DE RIESGO FAMILIARES Y DEL ENTORNO


DE LOS TRASTORNOS DEL COMPORTAMIENTO EN EL NIÑO :
REVISTA DE LA LITERATURA CIENTÍFICA ANGLO-SAJONA
Estos últimos años distintos estudios longitudinales han facilitado
el análisis de los mecanismos implicados en los trastornos del compor-
tamiento y en los trastornos de conducta. Aunque el origen de los tras-
tornos del comportamiento sea aparentemente multifactorial, es evi-
dente que las relaciones padres/niño tienen un papel tanto de riesgo
como de resiliencia. Representan un mediador esencial entre disposi-
ción temperamental y porvenir comportamental. El desencadenante de
la patología individual debutaría así en trastornos precoces de las rela-
ciones : una buena ilustración de ello sería la calidad del apego
(seguro, inseguro, desorganizado) De esta manera y según el modelo de
los estudios de Olds, se justifica proponer una intervención precoz,
regular y prolongada, desde el último trimestre del embarazo, hasta los
dos años del niño y evaluar si también en Francia se puede desviar la
prevalencia de los factores implicados (como la depresión post-parto)
así como los propios trastornos de comportamiento.
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 229

La recherche sur les troubles du comportement s’est


appliquée, au cours des dix dernières années, à l’analyse de la
complexité des facteurs de risques et des modèles développe-
mentaux des troubles des conduites (Burke et coll., 2002). En
ce qui concerne les facteurs familiaux et environnementaux,
des échantillons plus larges suivis de façon longitudinale et
des méthodes plus complexes d’analyse statistique ont permis
de tester des modèles de plus en plus sophistiqués, en particu-
liers séquentiels, issus de l’analyse en régression logistique.
Nous nous appuyons ici, pour définir les troubles des
conduites, sur les classifications internationales (Classification
internationale des maladies, CIM-10 et Diagnostic and Statisti-
cal Manual of Mental Disorders, DSM-IV) qui, toutes deux,
insistent sur « un ensemble de conduites répétitives et persis-
tantes dans lesquelles sont bafoués soit les droits fondamen-
taux des autres, soit les normes ou les règles sociales corres-
pondant à l’âge de l’enfant ». Pour la CIM-10, ce trouble est
intégré dans le chapitre intitulé « Troubles du comportement
et troubles émotionnels apparaissant habituellement durant
l’enfance ou l’adolescence ». Pour le DSM-IV, il est intégré dans
le chapitre « Déficits de l’attention et comportements pertur-
bateurs ». En 2002, à l’occasion d’une révision de la Classifica-
tion française des troubles mentaux de l’enfant et de l’ado-
lescent (CFTMEA), apparaît un chapitre intitulé « Troubles des
conduites et des comportements » (Expertise collective troubles
des conduites chez l’enfant et l’adolescent, Paris, INSERM, 2005).
Si les troubles du comportement précoces apparaissent
effectivement multi-factoriels, les facteurs de risques fami-
liaux et environnementaux conservent un poids important et
spécifique dans leur explication et dans leur développement,
comme dans l’intervention thérapeutique et préventive
(Greenberg, 1999 ; Rutter, 2001). Il est clair, en effet, que les
relations parents/enfants jouent un rôle majeur dans le déve-
loppement des problèmes de comportement, à travers l’expé-
rience et le type de régulation émotionnelle qu’elles permet-
tent (Campbell, 1995 ; Kazdin, 1995 ; Shaw et Bell, 1993 ;
Rutter, 1995), et cela est admis par beaucoup d’auteurs,
même lorsqu’ils sont issus de champs théoriques différents.
En effet, la psychopathologie apparaît comme le résultat
d’une combinaison de facteurs de risque et de protection qui
230 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

ont un impact sur l’individu, avec sans doute plusieurs pério-


des sensibles au cours de la vie. Si les facteurs familiaux et
d’environnement jouent un rôle si important dans la psycho-
pathologie des troubles des conduites, c’est sans doute du fait
de leur impact sur les capacités parentales, et aussi sur les
relations entre pairs. Les relations familiales jouent ainsi un
rôle de facteurs de risque, de résilience, de modérateurs et de
médiateurs des autres influences. Les facteurs de protection
familiaux les plus étudiés sont la chaleur parentale et la sécu-
rité de l’attachement entre parents et enfants. Plusieurs
modèles, dont celui de Patterson (1989), voient l’origine des
difficultés de comportement dans le manque de discipline et
de surveillance parentale, qui conduisent aux problèmes de
comportement, ce qui ensuite s’associe au rejet des pairs et à
l’échec scolaire.
Plus que des facteurs de risque, les expériences relation-
nelles, dans les différents contextes familiaux, peuvent ainsi
être considérées comme les précurseurs de la psychopatho-
logie individuelle, à travers leur rôle dans l’établissement des
modes fondamentaux de régulation émotionnelle. La patho-
logie individuelle débuterait ainsi par les troubles des rela-
tions précoces, qui en seraient les précurseurs, à l’opposé
d’une conception trop catégorielle, organiciste et déterministe
des troubles du comportement. En effet, les jeunes enfants ne
peuvent pas s’autoréguler, mais sont co-régulés (Fogel, 1993).
Les relations parents/enfants précoces sont les premiers pro-
totypes des modes dyadiques puis individuels d’autorégu-
lation. L’attachement peut se définir comme une régulation
dyadique des émotions (Sroufe, 1997). Les enfants qui ont un
attachement dit « sécure » ont aussi une capacité d’autorégu-
lation émotionnelle plus efficace. La recherche actuelle laisse
penser que la sensibilité parentale, donnant lieu à un attache-
ment sécure et à une régulation émotionnelle souple, façonne
le réglage des systèmes inhibiteurs et de contrôle cérébral de
l’excitation (Shore, 1994).
Malgré ces avancées dans la compréhension des troubles
du comportement, la majorité de la recherche sur les influen-
ces parentales et d’environnement reste corrélationnelle, et
non causale. Les études de prévention demeurent remarqua-
blement rares en ce domaine ; leur développement pourrait
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 231

permettre d’approcher les causes du phénomène et de mieux


comprendre le poids des diverses composantes des variables
d’environnement sur le développement des troubles des
conduites. Bien que l’association entre ces facteurs familiaux
et les troubles des conduites soit bien établie, la nature de
cette association et le rôle causal éventuel des facteurs fami-
liaux continuent à être débattus (Deater-Deckard et Dodge,
1997).
Cette analyse portera donc sur :
— les dimensions de l’attachement en tant que facteur de
transmission inter-générationnelle des comportements
agressifs et coléreux, et des troubles avérés du comporte-
ment ;
— les facteurs psychosociaux, et en particulier les facteurs
liés à l’attitude parentale, dans ses différentes dimensions.
On en rapprochera les effets de l’abandon, des séparations
et de l’abus ;
— les effets du groupe des pairs et les facteurs environne-
mentaux de voisinage, de pauvreté, et du stress seront
étudiés ensemble.
Parmi les facteurs influençant l’attitude parentale et sus-
ceptibles de donner lieu à des troubles des relations précoces
et de la régulation émotionnelle, la dépression maternelle
postnatale prend une importance croissante, parmi les autres
types de troubles psychiques parentaux, troubles des condui-
tes, trouble de la personnalité antisociale, toxicomanie, avec
en particulier l’alcoolisme paternel. Le rôle tampon du séjour
en crèche, précoce et généralement à doses hebdomadaires
élevées dans notre pays, sera discuté.

MODÈLES ÉTIOLOGIQUES DES TROUBLES


DES COMPORTEMENTS AGRESSIFS

On peut recenser trois modèles étiologiques principaux


des troubles des comportements agressifs pour lesquels il
existe des données empiriques : le modèle génétique ; le
232 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

modèle de l’apprentissage social ; le modèle de l’attachement.


Ces trois modèles ont été utilisés pour rendre compte des fac-
teurs familiaux et d’environnement.
Plusieurs études, et en particulier celle de Fergusson (1993,
2001), proposent un modèle développemental de ces troubles.
La première étape serait l’existence d’un tempérament favori-
sant la survenue des troubles (tempérament impulsif, « diffi-
cile », etc.) ; la seconde serait le trouble oppositionnel et
défiant, surtout s’il existe un trouble de l’attention associé ; la
troisième étape étant le trouble des conduites constitué.
En 2002, Keenan et Wakschlag ont examiné 79 enfants
âgés de 2 à 5 ans et demi, de faible milieu socio-économique,
adressés pour évaluation et traitement dans un centre de
soins. Près de la moitié de l’échantillon remplissait les critères
de troubles des conduites, et les trois cinquièmes ceux du
trouble oppositionnel et défiant. Cela témoigne du fait que les
critères du DSM-IV sont effectivement applicables à une popu-
lation de jeunes enfants et que ces troubles constituent une
cause fréquente de consultation dans cette tranche d’âge.
Plusieurs études décrivent les différentes dimensions des
troubles du comportement, depuis la petite enfance jusqu’à
l’âge adulte, en tenant compte du fait qu’un certain nombre
de comportements ne peuvent pas apparaître dans la petite
enfance, comme les troubles du comportement sexuel ou un
certain nombre de comportements délinquants.
En 1982, Patterson a proposé un modèle basé sur l’ap-
prentissage social de la genèse des troubles du comportement.
Il montre, de façon empirique, combien au cours d’un conflit
mère/enfant, la tendance d’une mère à éviter le conflit,
l’affrontement avec son enfant, conduira celui-ci à utiliser des
tactiques qui vont renforcer l’attitude maternelle d’évite-
ment (Patterson, 1982, 1989 ; Snyder et Patterson, 1995).

Les apports des études longitudinales


sur l’importance des facteurs familiaux
et sur le développement des troubles agressifs
Quelques études longitudinales récentes se révèlent spé-
cialement importantes pour la compréhension des facteurs
familiaux et d’environnement qui jouent un rôle dans
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 233

l’origine, le déclenchement et la persistance des troubles du


comportement. Il s’agit en particulier de celle de Moffitt et
coll. (2002), dite de Dunedin, en Nouvelle-Zélande, celle de
Fergusson et coll. (1993, 2002) à Christchurch, également en
Nouvelle-Zélande, celle de Nagin et Tremblay (2001) à Mon-
tréal, et celle de Loeber et coll. (2001) en Pennsylvanie et en
Géorgie (Developemental Training Study, DTS).
Dans l’étude DTS de Loeber et coll. (2001), 177 garçons
ont été inclus, et l’intérêt est qu’il s’agit d’un échantillon cli-
nique suivi longitudinalement. Ils avaient été initialement
adressés à des centres de soins et ont été suivis ensuite tous les
ans, avec un taux très faible de perdus de vue. Cette étude
apporte des arguments à l’idée que le trouble oppositionnel
est un précurseur développemental des troubles des conduites
chez le garçon. Dans cet échantillon DTS, l’agressivité phy-
sique était très persistante et prédisait la survenue de trou-
bles du comportement plus qu’aucun autre symptôme spéci-
fique. Seulement 13,1 % des garçons de cet échantillon ont
pu cesser leurs agressions physiques. Ceux-ci présentaient un
degré d’intelligence plus élevé, et leurs mères avaient des
scores moindres aux mesures de personnalités antisociales.
L’échantillon DTS a également permis d’aller plus avant
dans l’étude des facteurs familiaux. La mesure de la hié-
rarchie familiale dans cet échantillon a révélé qu’une altéra-
tion de la structure familiale semble être liée aux troubles du
comportement en général, mais de façon contrastée pour cha-
cun d’entre eux. Ainsi, les analyses de cet échantillon vont
manifestement dans le sens de patterns spécifiques de dys-
fonctionnements familiaux pour les enfants avec des troubles
de l’attention, et qui apparaissent différents de ceux qui pré-
sentent des troubles des conduites. Le groupe des enfants
avec des troubles des conduites ont des parents qui ont des
niveaux de troubles plus élevés que ceux qui ont des troubles
oppositionnels (40 % des enfants avec un trouble des condui-
tes avaient un parent porteur d’un diagnostic de trouble de la
personnalité antisociale, comparés à 23 % des enfants avec
un trouble oppositionnel, et seulement 8 % dans le groupe de
contrôle ; Frick et coll., 1992).
Dans cette étude toujours, la persistance des troubles du
comportement apparaît liée à leur intensité, au niveau intel-
234 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

lectuel de l’enfant, au comportement antisocial des parents et


au degré de surveillance exercée par les parents (Lahey et
coll., 1995). D’autre part, mais en utilisant le même échantil-
lon, Wakschlag et coll. (1997) ont montré que les mères qui
fument plus d’un demi-paquet de cigarettes par jour pendant
la grossesse ont quatre fois plus de risque que les non-
fumeuses d’avoir un enfant présentant des troubles du com-
portement (odd ratio 4,4). Dans cette étude, avoir un enfant
avant l’âge de 20 ans était associé pour une première gros-
sesse au trouble du comportement chez le garçon, ce qui était
partiellement médiatisé par l’utilisation par la mère de
méthodes disciplinaires dures, par l’absence importante de
contact entre l’enfant et son père biologique et par le taba-
gisme maternel pendant la grossesse. Les effets de l’âge
maternel lors de la première grossesse restent significatifs
après le contrôle de ces dernières variables.
Dans l’étude de Christchurch portant sur 1 265 enfants
suivis jusqu’à l’âge de 21 ans, le fait de disposer d’un échantil-
lon non biaisé ou avec des biais connus, et d’une évaluation
initiale a permis à Caspi et Moffitt (2002) d’émettre des hypo-
thèses causales. Cette étude confirme que les 2,7 % des
enfants qui, à l’âge de 15 ans, développent des problèmes de
comportement sévères et multiples étaient ceux qui avaient
eu pendant l’enfance des risques sociaux et familiaux multi-
ples. Les enfants ont été évalués à la naissance puis à 11, 13,
15, 18, 21 et 26 ans. Une analyse récente de cette étude (Kim-
Cohen et coll., 2003) montre que parmi les adultes porteurs
d’un diagnostic de trouble psychiatrique, 73,9 % l’avaient
reçu avant 18 ans et 50 % dès l’âge de 15 ans. Parmi ceux qui
ont eu besoin d’un traitement psychiatrique intensif, 77,9 %
étaient porteurs d’un diagnostic de trouble mental dès l’âge
de 18 ans, et 60,3 % dès l’âge de 15 ans. Les troubles à l’âge
adulte étaient généralement précédés par leur version juvé-
nile (en particulier pour l’anxiété), mais, pour l’ensemble des
troubles de l’adulte, 25 à 60 % des cas avaient eu une histoire
antérieure de troubles oppositionnels ou de troubles des
conduites.
L’échantillon de Montréal concernant 1 037 garçons âgés
de 6 à 15 ans, dans une population à haut risque, a permis
d’identifier des trajectoires différentes d’agression physique
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 235

de ces garçons (Nagin et Tremblay, 2001). Quatre trajectoires


sont discernables par l’analyse en régression logistique : deux
trajectoires à niveau d’agressivité physique bas et deux tra-
jectoires à niveau élevé. Parmi les deux trajectoires à niveau
élevé, une est haute de façon persistante et l’autre a tendance
à décliner. Deux caractéristiques maternelles séparaient les
groupes des garçons agressifs de façon persistante de ceux qui
sont agressifs mais vont ensuite l’être moins. Ces deux carac-
téristiques étaient la maternité précoce et le faible niveau
d’éducation. Chacun de ces facteurs augmentait les risques de
persistance de l’agressivité d’un odd ratio de l’ordre de 2 à 3,
mais la combinaison de ces deux facteurs faisait montrer l’odd
ratio à 9,4. Différentes études de Tremblay et ses collabora-
teurs insistent sur le fait que l’agression physique est une
dimension importante des troubles du comportement, et
peut-être la plus pertinente (Nagin et Tremblay, 2001 ;
Tremblay et coll., 2004). L’agressivité physique a tendance à
se développer à partir de l’âge de 15 à 17 mois, avec un pic
autour de 2 ans. En France, Gimenez et Blatier (2004) ont
répliqué ces résultats. En utilisant la même approche métho-
dologique, ces auteurs ont rapporté que 90 % des sujets de
leur échantillon manifestaient, à l’âge de 17 mois, au moins
un des comportements de la liste proposée de 11 items
d’agression physique.
Il est donc particulièrement important de déterminer les
facteurs qui conduisent à l’inhibition de ces agressions physi-
ques chez la plupart des enfants, et qui échouent à le faire
pour une faible proportion d’entre eux, pour lesquels les com-
portements agressifs risquent de persister. Il ne semble pas y
avoir de réel début à l’adolescence (adolescence onset) de trou-
bles du comportement agressif, alors que cela peut être le cas
pour la délinquance. Les troubles du comportement agressif
existant à l’adolescence ont été, dans la très grande majorité
des cas, précédés par des troubles agressifs physiques surve-
nant pendant la petite enfance. Le modèle early onset versus
adolescence onset proposé par Moffitt (1993) semble donc
s’appliquer surtout au comportement du type vol/mensonge
à la dimension non destructrice et non physiquement agres-
sive des troubles du comportement.
236 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

Attachement et troubles du comportement

John Bowlby (1969) propose de considérer l’attachement


comme un besoin primaire. C’est une alternative à la théorie
freudienne des pulsions, mais aussi aux perspectives pure-
ment comportementales sur le développement humain. En
effet, la position de Bowlby est plus probabiliste que détermi-
niste ; par exemple, un attachement anxieux ne produit pas
directement un trouble, mais initie plutôt un type de trajec-
toire (pathway) qui va être influencé par les événements
intercurrents comme par l’histoire antérieure. Cette théorie a
généré de nombreux travaux expérimentaux grâce à la mise
au point de méthodes de mesure, telles que la « situation
étrange » de Mary Ainsworth (1978) ou l’Adult Attachement
Interview de Main, 1985).
Lorsque Bowlby écrit un article fondateur paru dans
l’International Journal of Psychoanalysis en 19441, il y com-
pare deux groupes de jeunes voleurs de 8 à 16 ans, adressés à
la Tavistock Clinic pour des vols. Il décrit soigneusement les
différents types de vols, le passé des enfants, leur psychopa-
thologie actuelle, leur efficience intellectuelle et leur histoire
familiale. Parmi les 44 jeunes voleurs, il isole un groupe de
12 enfants et adolescents qui semblent dépourvus de capacité
affective (affectionless characters), qui se méfient profondé-
ment des relations affectives proches et ne s’attachent qu’aux
possessions matérielles. Bowlby montre que dans ce groupe,
généralement constitué d’enfants intelligents et sans autre
psychopathologie, les séparations répétées et l’exposition à la
violence intra-familiale ont été significativement plus fré-
quentes que dans le groupe des enfants voleurs sans caractère
d’indifférence affective. Par la suite, il travaillera aussi sur la
carence de soins maternels et les réactions à la séparation qui
serviront de socle à sa théorie de l’attachement où il insiste
sur le besoin pour le bébé d’avoir un lien d’attachement pré-
coce continu avec sa mère. Très tôt, l’enfant développe alors

1. Quarante-quatre jeunes voleurs : leur personnalité et leur vie familiale,


article traduit en français et publié dans ce même numéro de La Psychiatrie de
l’enfant, 2006, 49, 1, 5-122.
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 237

un modèle d’attachement particulier en fonction de l’attitude


de la figure maternelle à son égard, c’est le Modèle interne
opérant (MIO). Ce lien d’attachement, intériorisé, sert alors de
modèle à toutes les relations intimes et sociales de l’individu.
Mary Ainsworth, élève de John Bowlby, propose quant à
elle le concept de base de sécurité (secure base) à partir de son
travail sur les effets de la séparation et du sevrage en
Ouganda. Elle reprend ce travail aux États-Unis en dévelop-
pant une situation standardisée et huit épisodes de séparation
et de retrouvailles avec la mère (Strange Situation) auprès
d’enfants de 12 mois (Ainsworth et coll., 1978), dans laquelle
le comportement étudié est surtout celui de l’attitude de l’en-
fant au cours des retrouvailles. Elle repère alors dans les inte-
ractions mère/enfant trois formes principales d’attachement
corrélées de façon significative à la sensibilité maternelle.
— Les différentes catégories d’attachement
— à partir de la Strange Situation
L’attachement de type sécure favorisé par les mères qui trai-
tent leur enfant avec sensibilité. Il s’accompagne, chez
l’enfant, d’une meilleure estime de soi et de la capacité de
faire appel lorsqu’il en a besoin. Cela favorise également la
capacité d’exploration. Lors de la « Situation étrange », l’en-
fant manifeste une forme de protestation lors de la séparation
et accueille sa mère avec plaisir, à son retour. Les études lon-
gitudinales américaines et allemandes ultérieures sur l’atta-
chement ont montré la capacité prédictive de l’attachement
dit « sécure », en termes de relation avec les pairs, d’aisance
sociale, de stabilité de l’attention, d’affect positif, de curio-
sité, de capacité d’exploration, de capacité de résilience et
d’empathie (Sroufe et coll., 1990 ; Grossmann et Grossmann,
1991). Par ailleurs, l’attachement sécure n’est pas fixé la vie
durant : il peut devenir insécure si les conditions d’environ-
nement changent (traumatismes, deuils...) et, à l’inverse,
l’attachement insécure peut devenir sécure.
L’attachement de type insécure évitant. L’enfant ne fait pas
appel à autrui au fur et à mesure que son stress augmente. Il
a tendance à masquer sa détresse émotionnelle, ou à se sentir
invulnérable et à considérer que l’on ne peut pas faire
confiance aux autres. Il essaye de garder le contrôle dans les
238 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

situations de détresse en diminuant la réactivité du système


d’attachement et en réduisant ses signaux de détresse en
direction des parents. Lors de la « Situation étrange », il
paraît peu affecté par la séparation, il tend à éviter la proxi-
mité et le contact avec la mère lors des retrouvailles et se
focalise surtout sur les jouets.
L’attachement de type insécure ambivalent ou résistant.
L’enfant se montre très ambivalent en situation de stress,
comme s’il résistait à son besoin d’être réconforté. Il adopte
une stratégie d’augmentation de fonctionnement du système
d’attachement et d’augmentation des signaux. Lors de la
« Situation étrange », il manifeste de la détresse au moment
de la séparation, un mélange de recherche de contact et de
rejet coléreux, des difficultés à être réconforté.
Les catégories insécures, qu’elles soient résistantes ou évi-
tantes, correspondent à des stratégies adaptatives et ne sont
pas, en elles-mêmes, synonymes de pathologie, bien que
l’insécurité soit en général associée davantage que la sécurité
à la psychopathologie, et la sécurité à la résilience face au
traumatisme.
Enfin, les études transculturelles ont montré que, dans
différents pays, approximativement 65 % des enfants nor-
maux étaient attachés de façon sécure, 21 % étaient évitants
et 14 % de type ambivalent, et que ces différentes classes de
sécurité ou d’insécurité chez l’enfant pouvaient être reliées de
façon valide au type d’interactions mère/enfant, sensibles,
évitantes, imprévisibles ou rejetantes. Cependant, les associa-
tions entre la sensibilité maternelle et la sécurité de l’enfant
restent modestes (10 % de la variance), conduisant à ce que
van Ijzendoorn a appelé en 1995 le transmission gap, c’est-à-
dire « le trou dans la transmission », en ce qui concerne
l’explication de la transmission des styles d’attachement
entre les générations.
— L’Adult Attachment Interview
— et l’attachement désorganisé
Plus récemment, Main et Kaplan (1985) élaborent un
nouvel outil d’évaluation : l’Adult Attachment Interview. Cela
consiste en un entretien semi-structuré destiné aux adultes,
qui porte sur l’état d’esprit actuel de la personne interrogée
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 239

vis-à-vis de l’attachement. C’est l’analyse du discours plus


que le contenu qui permet de classer les récits sur les expé-
riences d’attachement. Les auteurs font correspondre des
figures parentales aux différentes catégories d’attachement
de l’enfant. Ainsi, aux enfants classés comme insécures évi-
tants correspondent des figures parentales détachées vis-à-vis
de leurs propres expériences d’attachement ; aux enfants
insécures ambivalents correspondent des figures parentales
préoccupées ; aux enfants sécures correspondent des figures
parentales libres et autonomes. De là, les auteurs ont intro-
duit une autre catégorie d’attachement dite désorganisée
(enfants avec une stratégie incohérente) correspondant, chez
les adultes, à la catégorie « non résolue » en lien avec un deuil
ou un traumatisme. La désorganisation (Main et Solomon,
1988) correspondrait à un conflit entre deux stratégies incom-
patibles et se traduirait par une interruption prématurée du
comportement d’attachement ou par l’activation simultanée
de comportements contradictoires de recherche et de fuite, ou
encore par des manifestations d’effroi. Cette incapacité à
développer une stratégie comportementale organisée serait
due à l’impossibilité pour l’enfant de trouver une protection
auprès de sa figure d’attachement (Main et Hesse, 1990).

— Modèles théoriques de la relation


— entre attachement et troubles du comportement
Un certain nombre de dimensions positives du comporte-
ment parental, comme la sensibilité, la chaleur, la capacité de
réponse et l’acceptation, sont directement associées à l’atta-
chement entre parents et enfants. L’attachement peut ainsi
servir de variable globale utile, dans la mesure où son évalua-
tion permet de résumer l’histoire des soins parentaux. En
effet, la qualité de l’attachement donne, dans une certaine
mesure, une idée de la façon dont un enfant a été traité. Reiss
et coll. (1995) ont montré que le niveau spécifique d’attitude
négative vis-à-vis d’un enfant d’une fratrie prédisait le
niveau des troubles du comportement de cet enfant, au-delà
de toute contribution génétique, en utilisant un protocole
contrôlant la part génétique du comportement. Un autre
mécanisme dans la genèse des troubles du comportement
240 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

peut être celui de la confusion des limites, avec renversement


des rôles entre enfant et adulte (Sroufe, 1997).
La théorie de l’attachement suggère ainsi plusieurs pro-
cessus spécifiques qui peuvent être associés soit à l’étiologie,
soit au développement, soit au maintien des troubles du com-
portement (Greenberg, 1999) :
— Un grand nombre des comportements considérés
comme des précurseurs des troubles des conduites (les colères,
l’agression, l’opposition) peuvent être envisagés comme des
stratégies « attachementales », qui visent à gagner l’atten-
tion ou la proximité de figures d’attachement généralement
inattentives aux signaux habituels de l’enfant. Ces comporte-
ments ont pour but de réguler celui du parent et traduisent en
même temps la réaction de l’enfant à l’échec de leur mise en
œuvre. En effet, ils sont adaptatifs sur le court terme, mais
peuvent contribuer au développement de réactions familiales
négatives, qui vont elles-mêmes augmenter le risque de sur-
venue de trouble du comportement (Patterson, 1982, 1989).
À un premier niveau comportemental, les stratégies d’atta-
chement peuvent donc contribuer à expliquer l’apparition et
la persistance des troubles du comportement.
— Un second mécanisme implique les modèles des rela-
tions qui se sont développés chez l’enfant au cours du temps,
et qui affectent ses perceptions, sa cognition et ses motiva-
tions. Ainsi l’attachement insécure peut-il conduire à des
biais hostiles dans la perception de l’autre. Ces biais de per-
ception vont donner lieu à une agression en quelque sorte
réactionnelle (Dodge et coll., 1994). Au contraire, les enfants
sécures ont plutôt tendance à avoir des attentes et des attri-
butions causales de type positif, et à se tourner vers les autres
avec confiance.
— L’attachement joue aussi un rôle dans la détermina-
tion des troubles des conduites à travers son impact sur la
régulation de l’émotion. Cette régulation peut s’organiser de
façon souple, sécure, ou faire appel à des stratégies immatures
et rigides, en fonction des différentes stratégies d’attache-
ment. Fonagy propose que la sécurité de l’attachement per-
mette le développement de la capacité autoréflexive ou
encore de mentalisation, qui permet la compréhension intui-
tive des motivations de l’autre et sa prédiction (Fonagy et
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 241

coll., 1997). Le développement de cette capacité, favorisé par


l’attachement sécure, inhibe la survenue de troubles du com-
portement dans la mesure où l’enfant est alors beaucoup plus
sensible aux émotions de l’autre et beaucoup plus capable
d’empathie et de lire les émotions, dans une situation de
stress.
La théorie de l’attachement offre donc un lien très intéres-
sant entre attachement désorganisé et trouble du comporte-
ment, à la fois sur le plan sémiologique et sur le plan explica-
tif. La recherche empirique qui lie l’attachement et les
troubles du comportement donne des résultats moins specta-
culaires et révèle des liens modestes, bien que significatifs.
— Les études portant sur l’attachement
— et les troubles du comportement
Il a fallu attendre la mise en place d’études longitudinales
avec de larges échantillons, ou avec des échantillons à haut
risque, et la création d’outils de mesures de l’attachement
applicables aux tranches d’âge concernées pour tenter d’éva-
luer les associations entre l’attachement et la psychopatho-
logie, en particulier les troubles du comportement. Mais les
premières études longitudinales concernant la classification
de l’attachement et les troubles du comportement ont donné
des résultats mitigés :
— dans les échantillons à faibles risques, un attachement
insécure avait peu de conséquences quant à l’émergence
de troubles du comportement (Bates, 1985, 1991) ;
— en revanche, dans les échantillons à hauts risques, l’insé-
curité de l’attachement augmentait nettement le risque
de survenue de comportement antisocial.
L’étude du Minnesota (Erickson et coll., 1985 ; Sroufe et
coll., 1990) de jeunes enfants suivis jusqu’à l’adolescence et
l’âge adulte a permis de démontrer que les enfants de mères
jeunes, de faible niveau socio-économique et souvent isolées,
et avec un attachement insécure, avaient beaucoup moins de
relations satisfaisantes avec leurs pairs et davantage de
symptômes d’agression et de dépression. Les prédictions à
partir de l’attachement en ce qui concerne le comportement
externalisé étaient bien plus puissantes pour les garçons. Cela
242 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

est cohérent avec l’idée que l’attachement sécure puisse opé-


rer comme un facteur de protection, de résilience, dans un
environnement à haut risque et que l’insécurité de l’attache-
ment, combinée avec l’adversité familiale, puisse contribuer
fortement à la survenue ultérieure de problèmes de comporte-
ment. Toutefois, il n’existe pas de preuves d’un effet spéci-
fique des différentes catégories d’insécurité de l’attachement,
du moins dans l’étude du Minnesota.
Un certain nombre d’études récentes ont cependant mis
en valeur le rôle de l’attachement désorganisé dans la sur-
venue ultérieure de trouble du comportement. Dans l’étude
de Lyons-Ruth (1993), 71 % des jeunes enfants évalués
comme hostiles avaient été désorganisés à l’âge de 18 mois.
L’association d’un faible QI et d’une désorganisation de
l’attachement prédisait de façon significative la survenue de
troubles externalisés à l’âge de 7 ans, ce qui, là encore, va
dans le sens d’un modèle « multirisque ».
Dans l’étude de Shaw et Vondra (1995), la sécurité de
l’enfant prédisait les problèmes de comportements à l’âge
de 3 et 5 ans. 60 % des enfants classés comme désorganisés à
l’âge de 12 mois montraient des niveaux cliniques d’agres-
sion, alors que 31 % seulement des évitants, 28 % des ambi-
valents et seulement 17 % des enfants sécures montraient de
tels niveaux. Dans cet échantillon de 100 jeunes enfants à
haut risque, la stabilité des patterns d’attachement de 12 à
18 mois était faible, mais l’attachement était prédictif d’un
trouble du comportement uniquement pour les garçons, avec
un effet relativement faible mais significatif, rendant compte
de 10 % de la variance dans les scores de comportement
externalisé pour les garçons, à l’âge de 3 ans. L’agression et
les troubles des conduites s’associent de façon préférentielle à
l’attachement insécure et particulièrement à la catégorie
« anxieux/évitant » (Sroufe, 1997), mais c’est l’attachement
désorganisé, avec le maximum de troubles de la régulation
émotionnelle, qui montre la relation la plus forte avec la
pathologie.
Trois études ont examiné la qualité de l’attachement chez
des enfants adressés pour trouble du comportement de type
opposant et défiant (Greenberg, 1991 ; Speltz, 1990). 80 %
des 50 enfants des deux premières cohortes étudiées étaient
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 243

classés comme insécures, qu’ils soient évitants, ambivalents


ou contrôlants-désorganisés. Dans une troisième cohorte
constituée de 160 enfants et comparée à un groupe témoin, les
enfants présentant des troubles défiants-opposants avaient,
là encore, des taux d’insécurité plus élevés (Speltz, 1990).
Dans cette étude, le fait d’avoir un attachement insécure
avec les deux parents augmentait significativement le risque
de présenter des troubles du comportement. Il existe peu
d’études évaluant à la fois l’attachement au père et à la mère
dans les troubles du comportement, mais l’expérience cli-
nique, comme celle de De Klyen et coll. (1998), suggère
l’importance d’un attachement insécure aux deux parents
dans les troubles du comportement agressif. Cependant, un
certain nombre de garçons avec des troubles du compor-
tement ont un attachement sécure, ce qui montre que
l’insécurité de l’attachement constitue un élément parmi
d’autres dans les voies qui mènent aux troubles du comporte-
ment, et il est important de se rappeler que l’insécurité n’est
pas en elle-même synonyme de pathologie.
Les enfants dont l’attachement est désorganisé ont,
par comparaison aux autres catégories d’attachement, subi
beaucoup plus de violences ou d’abus physiques ou sexuels
ou ont davantage été exposés de façon terrifiante à des
parents eux-mêmes terrifiés (Solomon et George, 1999 ;
Lyons-Ruth, 1993). L’enfant est alors dans une situation
paradoxale, puisqu’il est pris entre son besoin d’attachement
et de sécurité, et la peur vis-à-vis d’un parent maltraitant ou
lui-même désorganisé. Chez ces enfants à l’attachement
désorganisé, le trouble du comportement peut être une
modalité pour prendre enfin le contrôle de la situation. Clini-
quement, les enfants dont l’attachement a été désorganisé
dans la petite enfance se montrent ensuite à l’âge scolaire
plutôt « contrôlants » et agressifs vis-à-vis de leurs parents.
Sur le plan sémiologique, l’attachement désorganisé est
proche du tableau décrit par Misès (2002) sous le terme de
dysharmonie évolutive ; on se souvient d’ailleurs que le
devenir principal de ces dysharmonies est le trouble des
conduites.
La seule étude actuelle qui allie l’utilisation de l’AAI
(Adult Attachment Interview) à des problèmes de comporte-
244 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

ment chez l’adolescent et l’adulte est celle de Fonagy (1997,


non publiée). L’AAI permet d’évaluer l’état d’esprit vis-à-vis
de l’attachement, chez l’adolescent et l’adulte. Dans l’étude
de Fonagy, la plupart des criminels de l’échantillon étaient
caractérisés par une classification atypique et insécure à l’AAI,
et par l’absence de toute classification organisée sécure.
Dans une étude publiée en 1997, Greenberg et coll. ont
examiné l’association des facteurs donnant lieu à des problè-
mes d’opposition clinique chez des enfants d’âge scolaire. Ils
ont trouvé quatre dimensions permettant de prédire le risque
pour un enfant de recevoir un diagnostic. Ces dimensions sont
les caractéristiques de l’enfant (tempérament), les stratégies
parentales inefficaces, l’adversité familiale élevée et l’atta-
chement insécure. Elles participent ensemble au risque qu’un
enfant rentre dans une catégorie diagnostique de trouble du
comportement. Dans cette étude, un enfant avec un risque
dans moins de deux de ces domaines a fort peu de chance de
recevoir un tel diagnostic. Si l’enfant présente un risque dans
les quatre domaines concernés, alors il a 34 fois plus de proba-
bilité de présenter un diagnostic de trouble du comportement.
Cette étude est importante du fait de sa méthodologie, et du
fait qu’il s’agit d’un échantillon clinique. Elle confirme l’im-
portance de la sommation des facteurs de risque.
De Vito et Hopkins (2001), en utilisant le système de
mesure de l’attachement de Crittenden (1992), montrent,
chez 60 écoliers atteints de troubles cliniques du comporte-
ment, la présence de 45 % d’attachement équilibré, 35 % du
type C coercitif et 17 % du type A défendu. Les enfants avec
le type d’attachement coercitif ont significativement plus de
troubles de type comportemental. La combinaison d’un mode
d’attachement coercitif, de trouble au sein du couple et de
mode de soins parentaux de type laxiste était celle qui prédi-
sait le mieux et rendait le mieux compte de la variance des
troubles.
L’étude de Oppenheim et coll. (1997) montre les liens
entre la capacité maternelle à soutenir l’élaboration de l’en-
fant dans une tâche mettant en jeu la séparation et la capa-
cité de l’enfant à élaborer les thèmes spécifiques de l’attache-
ment des histoires à compléter de Mac Arthur (Mac Arthur
Story Stem Battery). Les enfants qui avaient les récits les
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 245

mieux construits et les plus cohérents étaient ceux qui


avaient le moins de problèmes de type externalisé. Cette
étude souligne, du point de vue du développement, les liens
entre une attitude maternelle cohérente sensible et conte-
nante, d’une part, le développement de la capacité narrative
et une moindre tendance à avoir recours à l’agir, d’autre part.
L’insécurité de l’attachement peut donc augmenter le
risque de psychopathologie, en particulier de trouble du com-
portement, mais elle n’est ni nécessaire ni suffisante à son
expression. Les relations d’attachement peuvent augmenter
le risque ou au contraire diminuer l’influence des autres fac-
teurs de risque dans différentes modalités spécifiques. Ainsi,
l’insécurité pourrait être un facteur de risque non spécifique
associé à différents types de psychopathologie, à la fois inter-
nalisée et externalisée. Il a été suggéré que l’attachement évi-
tant pouvait s’associer plus particulièrement aux troubles des
conduites, mais les preuves dans ce sens restent faibles, parce
que la fiabilité de la classification des différentes catégories
reste modeste et parce que l’association avec d’autres facteurs
de risques peut aussi jouer un rôle essentiel. Un enfant évi-
tant mais avec un tempérament facile peut échapper à la sur-
venue d’un trouble du comportement, là où le même enfant
évitant, dans un contexte de discipline parentale trop dure,
peut développer un tel trouble. Il est possible que des deve-
nirs multiples soient associés à chaque catégorie d’attache-
ment, ou que toutes les catégories d’attachement soient
représentées dans un échantillon de troubles des conduites. Il
est possible au contraire que les différents types d’attache-
ment et les différents types de trouble du comportement
soient associés de façon plus précise à certaines dimensions de
ces troubles, mais des études plus précises sont ici nécessaires.
Finalement, une interaction gène/environnement entre
l’équipement génétique et l’attachement est potentiellement
importante à reconnaître. Des études réalisées chez le singe
rhésus montrent bien la possibilité d’une telle interaction.
Chez les rhésus porteurs de l’allèle muté du 5-HIAA (acide 5-
hydroxyindolacétique), la sécurité de l’attachement tam-
ponne le risque biologique là où l’insécurité permet son expres-
sion en termes de risque dépressif ou trouble du comportement
(Suomi, 1999). Les études de Lakatos et coll. (2000, 2002)
246 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

montrent que l’attachement désorganisé peut exister dans une


population humaine non clinique, à un taux élevé (15 %), et
leur étude récemment répliquée montre que cette désorgani-
sation s’associe significativement avec des caractéristiques
génétiques spécifiques sur le récepteur DR-D4 de la dopa-
mine. Cependant, Bakermans-Kranenburg et van IJzendoorn
(2004) ne retrouvent pas cette association sur une population
pourtant plus large. Enfin, l’étude de Caspi et Moffit, à Dune-
din (2002) indique que certains aspects de la résilience face à
l’abus, à la carence et à la négligence pourraient être liés à des
caractéristiques génétiques et au port d’un allèle MAO (monoa-
mine oxydase) spécifique. Certains sujets se sont montrés rési-
lients face à des expériences d’abus et de carences et ne sont
pas devenus eux-mêmes abuseurs ou violents, alors que les
sujets porteurs du génotype symétrique étaient, quant à eux,
exposés à un tel devenir (Caspi et coll., 2002).

ATTITUDES PARENTALES (PARENTING)

Les attitudes parentales et le mode éducationnel jouent


un rôle déterminant dans le comportement de l’enfant et son
évolution.

Facteurs familiaux de la délinquance


La famille est le creuset de toute conduite sociale. Il existe
dans toutes les familles des facteurs de risque d’apparition de
conduites délinquantes, mais ceux-ci sont retrouvés de façon
statistiquement significative en plus grand nombre dans les
familles dont sont issus les délinquants persistants. La ques-
tion est donc : quels processus familiaux génèrent la délin-
quance, et par quel mécanisme ?
Historiquement, ce sont les Glueck, aux États-Unis, qui
ont apporté les bases empiriques des facteurs familiaux de pré-
diction de la délinquance. Leur travail, réalisé entre 1939
et 1950, est encore actuellement considéré comme une référence
classique en matière de relation entre caractéristique familiale
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 247

et délinquance. Leur livre Unravelling Juvenile Delinquency,


publié en 1950, expose leurs recherches. La méthodologie était
celle des groupes appariés, avec 1 000 jeunes garçons, 500 délin-
quants strictement appareillés à 500 non-délinquants, tous
blancs et provenant de quartiers défavorisés de Boston. Leurs
critères de délinquance étaient exigeants : était considéré
comme délinquant un garçon ayant rencontré le juge des
enfants à trois reprises. Un non-délinquant ne devait pas avoir
été puni pour absentéisme scolaire. Chacun des sujets avait
subi des tests psychologiques, une exploration physique cli-
nique, un test d’intelligence, un entretien psychopathologique
et un questionnaire de délinquance autorévélée, ce qui était une
première à l’époque. Les professeurs, les parents, les voisins,
voire les employeurs ont également été interrogés et les données
officielles de la police et du tribunal ont été utilisées. Les sujets
ont été réinterrogés lorsqu’ils étaient âgés de 25 ans, puis
32 ans. À ce dernier examen, il restait encore 438 délinquants et
442 non-délinquants sur 500 dans chaque groupe, soit un pour-
centage de perte très faible. Les Glueck décrivent des résultats
devenus classiques : les familles de délinquants déménagent
plus souvent, habitent dans des logements de moins bonne qua-
lité, leur situation économique est instable, et il y a davantage
de divorces. L’absence du père est très significativement plus
fréquente dans les familles de délinquants. Il y a davantage de
délinquance chez les frères et sœurs de délinquants et les anté-
cédents psychopathologiques sont plus nombreux chez les
grands-parents des délinquants. La vie familiale est plus désor-
donnée, il y a moins de cohésion, de solidarité, de fierté. Dans
ces familles, on observe souvent entre parents et enfants de
l’indifférence, du rejet, et de façon générale moins de chaleur
dans les relations familiales. La surveillance par la mère est
beaucoup moins importante chez les délinquants, avec une dis-
cipline souvent lâche, ou très sévère ou encore erratique. De
nombreux auteurs ont repris et confirmé bon nombre de ces
facteurs de risque.
Par la suite, l’étude longitudinale de Cambridge, réalisée
par Farrington en 1995, a précisé l’impact des facteurs fami-
liaux, en indiquant que ce n’est pas la structure monoparen-
tale de la famille en elle-même qui est responsable des effets
négatifs sur les enfants, mais les conflits qui ont précédé la
248 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

rupture du couple, et en particulier l’absence de surveillance


et de discipline après cette rupture. En 1993, Sampson et
Laub ont repris le travail des Glueck, ont ré-analysé leurs
données, et en ont publié les résultats dans leur livre Crime in
the Making. Les auteurs se basent sur le modèle général du
contrôle social (Hirschi, 1969) qui postule que le crime et la
déviance s’installent lorsque le lien entre l’individu à la
société est trop mince ou qu’il est brisé, le lien étant ici à
entendre à la fois dans son sens formel (police, autorité judi-
ciaire) et informel (famille, voisin). Sampson et Laub donnent
à la famille un rôle prépondérant en matière de contrôle social
informel. Leur hypothèse est que le contexte structurel,
c’est.à-dire tout l’arrière-plan dans lequel vit la famille,
influence les formes du contrôle social informel exercé par la
famille, et ce contrôle explique à son tour les variations de la
délinquance. Selon eux, les processus familiaux servent donc
d’intermédiaire aux effets de la structure familiale.
Pour Sampson et Laub, les variables pertinentes de
l’influence familiale vis-à-vis de la délinquance sont :
— la dislocation familiale ;
— la taille de la famille ;
— le faible niveau socio-économique ;
— l’origine étrangère ;
— la mobilité résidentielle ;
— le travail de la mère ;
— la criminalité ou l’alcoolisme du père et/ou de la mère.
Ces dimensions agissent directement, mais plus encore
par leurs effets sur les variables du contrôle social informel
exercé par la famille, qui conduisent plus directement à la
délinquance, c’est-à-dire la discipline erratique sévère et
menaçante du père ou de la mère, le manque de surveillance
de la part de la mère, le rejet parental, l’hostilité, le rejet
émotionnel.
Les pratiques éducatives ressortent donc comme la carac-
téristique familiale essentielle la plus solidement reliée à la
délinquance (Glueck et coll., 1950). Les recherches conver-
gent pour accorder une place fondamentale au manque de
surveillance par les parents et à une discipline erratique ou
trop stricte.
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 249

Dans le système parental, le style des parents aurait une


influence indirecte, tandis que les pratiques parentales
auraient une influence plus directe sur le développement de
l’enfant. Les styles éducatifs ont été classés par Borind (1968
et 1991, in Boin, 2003) en trois grands types :
— le style permissif : non punitif, peu exigeant, autorise
l’enfant à réguler ses activités comme il le désire,
s’inspirant de ses opinions sans lui demander d’obéir à une
norme extérieure et sans exercer de contrôle sur l’enfant.
Il encourage l’enfant dans son individualité et sa sensibi-
lité, sans restriction psychologique ou comportementale ;
— le style autoritaire (authoritarian) est à l’opposé. Il déter-
mine, contrôle et évalue les comportements de l’enfant,
au regard d’une norme de conduite. Il valorise l’obéis-
sance comme une vertu en soi, favorise les mesures puni-
tives et les valeurs de respects d’autorité, de tradition. Les
discussions avec l’enfant ne sont pas encouragées et
l’enfant doit participer aux tâches ménagères ;
— le style démocratique (authoritative). Ce style dirige les
actions de l’enfant, mais de façon rationnelle, encoura-
geant la discussion avec lui, valorisant l’autonomie et la
conformité avec un contrôle ferme, mais reconnaissant
les droits de l’enfant et ses particularités. Ce style est
celui qui favorise le plus les confidences de l’enfant, et il
semble être le meilleur prédicteur social d’une adaptation
positive.

Ces styles éducatifs sont à mettre en parallèle avec trois


modalités de soins parentaux particuliers qui apparaissent
être nettement liés à la survenue de troubles du comporte-
ment :
— le modèle de Patterson, de renforcement coercitif, iden-
tifie des cycles de renforcement négatif, dans lesquels des
épisodes de refus d’obéissance de l’enfant aux demandes
des parents sont en quelque sorte récompensés par la
démission du parent (Patterson, 1982) ;
— les modalités de punitions excessivement dures ont été
identifiées de façon constante comme un facteur de risque
(Dodge, 2002 ; Nix et coll., 1999) ;
250 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

— la présence d’une attitude parentale active et positive per-


met de prévenir la survenue de trouble du comportement,
même dans les situations d’adversités psychosociales.

Les modes d’attitudes parentales qui favorisent les trou-


bles du comportement chez les adolescents semblent bien spé-
cifiques et associent l’ambiguïté dans les attitudes parentales
et la permissivité (Jewell et Starck, 2003 ; Stormshark et
coll., 2000). Sur un échantillon de 631 enfants âgés de 6 ans,
Stormshark et coll. confirment que chacun des troubles du
comportement (oppositionnel, agressif, hyperactif) s’associe à
des attitudes parentales spécifiques. Dans cette étude, les
interactions de type principalement punitif s’associaient avec
un taux élevé de tous les types de trouble du comportement.
Les comportements d’opposition sont, dans cette étude, par-
ticulièrement caractéristiques des parents avec un faible
niveau d’investissement chaleureux vis-à-vis de leur enfant,
alors que l’agression chez les enfants était liée de façon spéci-
fique à un mode de comportement parental marqué par
l’agression physique.
Le type de soins parentaux semble contribuer davantage
à la prédiction des comportements de types agressifs et oppo-
sitionnels qu’à celle des troubles de type attentionnels et
hyperactifs. Enfin, dans cet échantillon large, plutôt à risque
et divers, les influences parentales étaient généralement les
mêmes selon le sexe, et dans les divers groupes ethniques.
Dans leur analyse de 1986, Loeber et Stouthammer mon-
trent que deux variables émergent particulièrement comme
les plus associées avec les problèmes de comportement. Ces
deux variables correspondent à l’implication des parents dans
les activités de l’enfant et la supervision du comportement de
l’enfant par les parents, c’est-à-dire l’attention à ses réactions.
Un manque d’implication parentale – soit manque de temps
suffisant passé ensemble, ou manque d’intérêt des parents
dans l’éducation de leur enfant et dans le choix de ses amis –
crée une relation significative avec la délinquance et le niveau
d’agression actuelle de l’enfant dans 22 des 29 analyses passées
en revue par Loeber et Stouthammer. La surveillance par les
parents était significativement corrélée aux problèmes de
comportement actuels dans 10 des 11 analyses. Plus net
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 251

encore, dans 6 études longitudinales, la surveillance par les


parents de l’absence de l’enfant à l’école ou à la maison était
un facteur prédictif significatif d’un comportement antisocial
et de la délinquance ultérieure de l’enfant. Cette puissance
prédictive était encore accentuée dans les milieux défavorisés.
Dans cette revue, les pratiques disciplinaires parentales
venaient en troisième position dans leur association aux trou-
bles du comportement. Les comportements agressifs et délin-
quants étaient constamment corrélés avec une attitude puni-
tive excessive, physiquement dure ou inconsistante. L’effet
positif des interventions thérapeutiques centrées sur les moda-
lités de la discipline parentale (Kazdin, 1995 ; Patterson,
1989) est aussi un élément qui va dans ce sens.
En revanche, l’influence du comportement parental a été
généralement trouvée comme étant beaucoup moins forte
dans les cas d’hyperactivité que dans ceux du trouble du
comportement, surtout en situation d’hyperactivité sans
trouble du comportement.
La revue de Frick, en 1994, rappelle que les familles des
enfants présentant des troubles de type oppositionnel sem-
blent différer davantage sur le plan quantitatif que qualitatif
des familles d’enfants avec des troubles des conduites plus
sévères. Les troubles attentionnels semblent être associés
avec des variables familiales différentes, ce qui supporte la
validité différentielle de ces deux catégories de troubles.
Quant à l’utilisation de la fessée chez les très jeunes
enfants, c’est-à-dire avant l’âge de 2 ans, elle est associée dif-
féremment avec la survenue de troubles du comportement
dans les populations blanches, hispaniques ou noires, indé-
pendamment de leur niveau socio-économique. Plus un jeune
enfant est fessé chez les blancs, plus il aura des troubles du
comportement, ce qui n’est pas le cas chez les hispaniques ou
les noirs. Dodge (2002) suggère que la relation entre la disci-
pline parentale et l’agression chez l’enfant n’est pas linéaire.
Des punitions physiques légères ne sont que faiblement en
lien avec les comportements externalisés, alors que les puni-
tions sévères, abusives et prolongées le sont beaucoup plus.
Les auteurs suggèrent que la culture, le sexe de l’enfant et la
nature de la relation vont tous trois influencer les effets de la
punition physique.
252 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

Stormshak et coll. (2000) ont trouvé que les aspects posi-


tifs et négatifs des attitudes parentales avaient des contribu-
tions relativement indépendantes l’une de l’autre vis-à-vis de
la survenue de troubles du comportement. Il est clair que la
relation entre l’attitude parentale et les troubles du compor-
tement de l’enfant est dynamique et réciproque. Le modèle de
Patterson (1982) montre bien comment le comportement de
l’enfant peut perturber celui des parents, et Wooton et coll.
(1997) ont montré que les effets d’un comportement parental
inadapté sur le comportement de l’enfant sont particulière-
ment apparents pour ceux des enfants qui sont porteurs de
traits tempéramentaux particuliers.
Keenan et Shaw (1995) ont fait une revue sur les modali-
tés différentes d’interaction des parents avec les filles et les
garçons au regard de la survenue de troubles du comporte-
ment. Pour Dodge (2002), il semble particulièrement impor-
tant d’évaluer les conflits au sein de la structure familiale
(par exemple entre mère et fille) ou les différences d’attitude
entre les enfants, dans l’explicitation des troubles du compor-
tement chez les filles.
Les dix dernières années ont donc mis en évidence la com-
plexité des modèles des interactions parents/enfants et la
reconnaissance de l’importance de l’ensemble des comporte-
ments parentaux, de l’ensemble des facteurs de contexte et
des facteurs génétiques, si l’on veut décrire les relations entre
les attitudes parentales et les comportements de l’enfant
(Burke et coll., 2002). Frick (1994) insiste quant à lui sur la
nécessité de prendre en compte à la fois les facteurs de risque
et les facteurs de protection pour éclairer ces relations entre
attitude parentale et trouble du comportement chez l’enfant.
Le lien transgénérationnel entre les problèmes de compor-
tement est retrouvé constamment, que l’on définisse ces pro-
blèmes d’un point de vue criminel, sur le plan de l’agression
ou des troubles psychiatriques. Shaw (2003) s’est livré à une
analyse des principales études de continuité intergénération-
nelle dans le comportement antisocial. Les études récentes,
prospectives avec de multiples informateurs, montrent la
continuité des attitudes parentales sur trois générations.
Frick et coll. (1992) montrent que, pour ce qui concerne la
personnalité antisociale des parents, la transmission à l’en-
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 253

fant sous forme de troubles du comportement ne passe pas


exclusivement par des facteurs d’attitudes parentales, et qu’il
faut donc faire appel à plusieurs types de relations causales.

Troubles mentaux parentaux


Dans la mesure où les soins parentaux ont un impact
important sur la survenue et la persistance des troubles du
comportement, on s’attend à ce que la psychopathologie
parentale en fasse de même. Dans quelle mesure le dicton
populaire « Tel père, tel fils » s’applique-t-il au trouble du
comportement ? Un certain nombre d’études permettent
maintenant d’évaluer de façon mieux contrôlée l’influence
des psychopathologies parentales, qu’il s’agisse des troubles
du comportement du père, de la mère, ou du couple, de la
dépression maternelle postnatale, de l’alcoolisme ou d’autres
toxicomanies chez les parents, ou encore de l’impact sur les
enfants des grossesses chez les jeunes adolescentes.
Enfin, nous verrons comment le séjour en crèche peut
jouer un rôle favorisant la résilience ou au contraire majorant
les troubles de l’attachement des enfants exposés à des fac-
teurs de risques parentaux.
L’association la plus anciennement évaluée et repérée se
situe entre les troubles du comportement parentaux et ceux
survenant chez les enfants.
De nombreuses études ont relevé le lien entre des taux éle-
vés de personnalités antisociales, d’abus de toxiques et de
dépression chez les parents et la survenue de troubles clini-
ques chez les garçons consultant pour troubles agressifs et du
comportement.
En 1992, Frick et coll. montrent que les troubles du com-
portement chez les enfants sont associés spécifiquement avec
la personnalité antisociale des parents, indépendamment des
types de soin maternel.
En 2001, Moss et coll. comparent les enfants avec des
troubles du comportement et dont les pères sont porteurs de
troubles de la personnalité antisociale avec ou sans abus de
toxiques. Les enfants dont les pères ont à la fois des dépen-
dances aux toxiques et une personnalité antisociale montrent
des taux plus élevés à la fois de troubles internalisés (du type
254 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

dépression et angoisse de séparation) et de troubles dits exter-


nalisés (du type troubles des conduites et troubles de l’atten-
tion). Il existe donc un lien manifeste entre les troubles du
comportement paternel et leur survenue chez les fils en parti-
culier, mais il n’est pas vraiment clair si ce fait est dû à une
transmission génétique, à l’effet de la psychopathologie des
pères sur leur façon d’être avec leur fils (manque de chaleur,
dureté), à leur absence, ou encore aux facteurs associés de
toxicomanie ou d’alcoolisme.
En revanche, alors qu’elle a été longtemps sous-estimée,
l’influence des troubles de la personnalité antisociale des
mères semble maintenant manifeste sur la survenue de trou-
bles du comportement chez les enfants. L’étude des trajectoi-
res et des facteurs prédictifs de l’agression pendant la petite
enfance, à partir de l’échantillon québécois de Tremblay et
coll. (2004) constitué de 572 familles, permet d’identifier les
facteurs qui sont les plus prédictifs du maintien d’un haut
comportement d’agression. Dans cet échantillon, le compor-
tement antisocial de la mère avant la fin du lycée est prédictif
de hauts comportements d’agression chez l’enfant (odd ratio :
3,1 ; CI 1,1-8,6). Cet odd ratio d’une trajectoire d’agression
élevée monte à 10,9 pour les enfants dont les mères ont à la
fois des hauts niveaux de comportements antisociaux, et qui
vivent une grossesse précoce, tôt dans leur vie.
L’alcoolisme parental, et en particulier paternel, a fait
l’objet de nombreuses études quant à son influence sur le
comportement antisocial des enfants, principalement des gar-
çons. Les fils de pères alcooliques sont généralement considé-
rés comme plus à risque de présenter des troubles du compor-
tement de type externalisé, et ils ont aussi davantage de
risques de développer eux-mêmes des comportements alcooli-
ques. Cependant, d’autres études n’ont pas retrouvé ces résul-
tats. En effet, l’alcoolisme parental ne semble pas toujours
être un facteur de risque de troubles du comportement chez
l’enfant, une fois que les autres facteurs sont contrôlés, et en
particulier lorsque le caractère intact ou non de la famille est
pris en compte. Si la séparation des parents s’associe en géné-
ral à des problèmes d’adaptation chez les enfants, elle peut
aussi les protéger dans les cas de troubles de la personnalité
antisociale et de toxicomanie. L’étude de Carbonneau et coll.
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 255

(1998) éclaire ces différents facteurs. Elle montre cependant


que les fils d’alcooliques ont plus de troubles oppositionnels,
de troubles de l’attention et sont plus agressifs physiquement
que les enfants du groupe contrôle, à l’âge de 6 ans et à l’âge
de 12 ans, et qu’un faible niveau d’anxiété et une propension
à l’agression physique les distinguent nettement des fils des
pères non alcooliques. Carbonneau et coll. montrent que les
troubles du comportement étaient globalement augmentés
dès l’âge de 3 à 5 ans chez les enfants de parents alcooliques
comparés aux témoins, suggérant que les problèmes de com-
portement chez des garçons de pères alcooliques commencent
tôt, et ont tendance à persister au cours du temps.
Dans cette étude, la séparation d’avec le père ne semblait
pas jouer de rôle dans les effets de l’alcoolisme paternel sur le
comportement du fils, contrairement à ce que d’autres études
(Stouthamer-Loeber et coll., 2002) avaient pu montrer dans
des familles de niveaux socio-économiques différents, ce qui
pouvait avoir joué un rôle médiateur.
Une étude réalisée par Schuckit, Smith et col (2000) chez
453 fils d’alcooliques tend à confirmer qu’une histoire fami-
liale d’alcoolisme ne semble pas être obligatoirement liée à la
survenue d’un trouble externalisé chez l’enfant, si les troubles
antisociaux familiaux et le niveau socio-économique sont
contrôlés. Comparant les effets de l’attitude parentale en
général avec ceux des troubles du comportement maternel,
Ehrensaft et coll. (2003) trouvent, eux, un lien direct entre
l’aggravation des troubles du comportement des garçons
après l’âge de 15 ans et l’augmentation des troubles du com-
portement chez leurs propres fils.
Au total, il y a peu d’arguments qui permettent de séparer
les effets de la psychopathologie parentale de ceux des attitu-
des des parents dans leurs soins aux enfants ; mais même si
ces deux éléments sont manifestement contributifs, la psy-
chopathologie parentale est sans doute un déterminant plus
puissant des troubles du comportement chez les enfants que
le comportement de soins parentaux.
À cet égard, des études récentes concernant les effets de la
dépression maternelle sont importants à considérer, dans la
mesure où elles sont tirées d’études longitudinales réalisées
sur des échantillons de communauté.
256 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

La dépression maternelle est devenue un problème de


santé publique du fait de sa fréquence de 10 à 15 % dans les
diverses études de communautés, dans divers pays (Cox et
Holden, 1994, 2003). La dépression maternelle est un risque
manifeste vis-à-vis du développement de troubles du compor-
tement chez l’enfant. Cela peut provenir des caractéristiques
de l’interaction entre la mère déprimée et son bébé, engen-
drant des conséquences à long terme sur les capacités de
l’enfant à réguler son attention et ses émotions.
Les mères déprimées répondent de façon moins contin-
gente aux besoins de leurs enfants, et l’expérience d’interac-
tions non contingentes marquées par la détresse de l’enfant,
ou de la mère, rend difficile l’autorégulation de la part du bébé
(Weinberg, Tronick, Cohn et Olson, 1999). Pour Wakschlag et
Hans (1999), c’est le manque de capacités à répondre de façon
contingente et sensible aux besoins de l’enfant qui est caracté-
ristique des mères déprimées et prédit de façon spécifique les
comportements agressifs dans la petite enfance et l’enfance.
Cela suggère qu’il puisse exister une voie de développement
depuis la dépression postnatale jusqu’au risque ultérieur de
troubles du comportement agressifs dans l’enfance et plus
tard. Cependant, il faut s’assurer qu’il existe bien une spécifi-
cité de la dépression postnatale dans ses effets à long terme par
rapport à la dépression de la mère à d’autres périodes de la vie
et préciser l’impact d’un épisode de dépression postnatale en
fonction de l’âge de survenue et des récidives.
L’étude de Hay et coll. (2003) permet de répondre à ces
questions. Elle concerne 122 familles à faible risque dans une
communauté urbaine anglaise. Les mères furent interviewées
pendant la grossesse, à 3 mois post-partum, puis quand
l’enfant était âgé de 1,4 et 11 ans. Les résultats de cette étude
montrent que la violence chez l’enfant était prédite par la
dépression maternelle postnatale, même lorsqu’une dépres-
sion lors de la grossesse, les épisodes ultérieurs de dépression
et les caractéristiques familiales de la mère étaient pris en
compte. Les enfants étaient plus violents lorsque les mères
avaient été déprimées après les 3 mois de l’enfant, et au moins
une fois ensuite. Ce travail tend à montrer que le chemin vers
l’expression de la violence à l’âge de 11 ans est médiatisé par
les symptômes de trouble de l’attention et par les difficultés à
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 257

gérer la colère, et ce même lorsque les capacités cognitives de


l’enfant sont prises en compte.
Les filles comme les garçons sont affectées par la dépres-
sion maternelle postnatale en ce qui concerne leur expression
de la violence. Cette étude renforce le schéma explicatif de
Hay (2003) en faveur d’une progression développementale
depuis l’expérience d’une mère déprimée avec l’enfant, jus-
qu’au problème d’autorégulation et de capacités cognitives
précoces amoindries, puis aux déficits ultérieurs de capacités
intellectuelles et aux troubles du comportement.
Cela n’exclut pas le rôle d’un tempérament difficile chez le
bébé comme facteur déclenchant de la dépression maternelle
et, à ce titre, l’étude de Murray et Cooper (1997) montre que
certaines caractéristiques tempéramentales, comme l’irritabi-
lité ou l’hypotonie, sont des facteurs prédictifs de la dépres-
sion maternelle.
L’analyse de l’échantillon de Hay (2003) tend à montrer
que la dépression maternelle postnatale a un effet significatif
sur les capacités intellectuelles de l’enfant, quelles que soient
les récidives de dépression ultérieures, alors que ces dernières
tendent nettement à augmenter le risque d’évolution liée à
des troubles du comportement violent chez l’enfant. Cela
tend à faire des enfants de mères déprimées en période post-
natale, un groupe spécifiquement à risque, lequel justifie un
suivi et un traitement pour éviter l’évolution vers les troubles
de l’attention, les troubles cognitifs et les troubles du compor-
tement. Cela est d’autant plus vrai que les études sur
l’évaluation des traitements de la dépression postnatale (Coo-
per et Murray, 1997) montrent que les différents types de
traitements ont des effets comparables (guidance parentale,
thérapie mère/enfant, thérapie cognitive, antidépresseurs),
mais que l’effet positif sur la dépression maternelle ne
s’accompagne pas d’un effet aussi net sur l’amélioration des
interactions mère/bébé.
Toutefois, les effets de la dépression postnatale sur le
développement sont encore discutés. Une étude de Kurstjens
et Wolke (2001) sur un échantillon de 1 329 mères primipares
en Allemagne donne des résultats différents quant aux effets
de la dépression postnatale. Selon ces auteurs, la dépression
maternelle en elle-même aurait des effets négligeables sur le
258 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

développement cognitif de l’enfant ; les effets à long terme ne


sont trouvés dans cette étude que lorsque la dépression
maternelle est chronique, quand l’enfant est un garçon et/ou
porteur de risques néo-natals ou lorsque la famille est exposée
à d’autres facteurs de risque. Cependant, cette étude, à la dif-
férence de celles de Hay (2003) et de Murray et Cooper (1997),
n’a évalué la dépression maternelle que de façon rétrospec-
tive, lorsque les enfants étaient âgés de 6 ans.
L’étude de Morrel et Murray (2003) utilise un modèle
prospectif, avec un suivi de 2 mois à 8 ans, mais aussi avec
une évaluation des capacités préfrontales chez le bébé et des
symptômes de trouble du comportement et d’hyperactivité
à 5 et 8 ans. Dans cette étude, la dysrégulation émotionnelle à
l’âge de 9 mois s’associe de façon significative aux symptômes
de trouble du comportement à la fois à 5 et 8 ans, mais pas
avec l’hyperactivité à ces deux âges. Cet effet apparaît
médiatisé chez les garçons par un comportement maternel
hostile, alors que chez les filles, c’est un comportement coerci-
tif qui joue ce rôle médiateur entre la dépression postnatale et
le trouble ultérieur du comportement.
Cette étude suggère des modalités développementales spé-
cifiques du sexe pour le développement des troubles de la
régulation émotionnelle. Ceci va dans le sens de la plus grande
sensibilité trouvée chez les garçons à la situation dite du
« visage immobile » (Still Face) (Weinberg, Tronick, Cohn et
Olson, 1999), de même que dans le sens de la vulnérabilité
généralement plus forte des garçons à un environnement
parental défavorable.
Dans l’étude de Morrel et Murray (2003), la dysrégulation
émotionnelle à 9 mois était prédictive des troubles du com-
portement ultérieurs tant chez les garçons que chez les filles,
ce qui suggère la possibilité d’une période sensible pour le
développement de ces troubles, qui peuvent cependant être
médiatisés, dans un sens positif ou négatif, par les attitudes
parentales.

Grossesse précoce et trouble du comportement chez l’enfant


La grossesse précoce apparaît en lien avec les troubles des
conduites, à la fois comme facteur prédictif de ces troubles et
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 259

comme leur conséquence. La grossesse précoce chez les ado-


lescentes se relie différemment à la psychopathologie et aux
facteurs de risque, en fonction du groupe d’appartenance
socioculturel. Chez les noirs américains, l’étude réalisée par
Miller-Johnson et coll. (1999) montre qu’un degré élevé
d’agression pendant l’enfance est un élément prédictif valide
de la survenue d’une grossesse précoce. Les filles qui sont
agressives de façon persistante pendant l’enfance ont plus de
risque de devenir de très jeunes mères que celles qui le sont
moins ou ne sont pas agressives. Les filles qui montrent des
modes d’agressions stables ont également plus de risques
d’avoir davantage d’enfants, et ce à un âge plus précoce.
L’étude de Nagin et Tremblay (2001) montre que le risque
d’appartenir au groupe présentant un taux élevé d’agression
entre 6 et 15 ans dans la population à haut risque de
1 030 garçons de Montréal était relié à la grossesse très pré-
coce de la mère par un odd ratio de 1,6 (IC : 1,2-2,2). Mais
l’association d’un faible niveau d’éducation et d’une grossesse
très précoce fait passer à 4 l’odd ratio de la persistance d’un
haut niveau d’agression physique identifié à 9 mois. Dans
l’échantillon étudié en 2004 par les mêmes auteurs, l’asso-
ciation d’un comportement antisocial maternel et d’une gros-
sesse très précoce fait passer l’odd ratio d’une trajectoire à
haute agression à 10,9, ce qui est une augmentation considé-
rable. Les enfants qui présentent le risque le plus élevé de ne
pas apprendre à réguler leur agression physique de la petite
enfance pendant leurs années d’école ont des mères avec une
histoire de troubles du comportement de type antisocial, et
des mères qui ont débuté très tôt leur grossesse. Les très jeu-
nes mères présentant ces caractéristiques, et qui de surcroît
fument pendant leur grossesse, représentent une population
particulièrement à risque vis-à-vis de la survenue chez leurs
fils de trouble du comportement agressif et constituent, par
conséquent, une population qui devrait pouvoir bénéficier
d’un programme spécifique de prévention.
260 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

Modes de garde non parentaux (crèches),


développement social du jeune enfant
et résilience face à la psychopathologie parentale

Le mode de garde non parental en crèche est devenu un


fait d’importance croissante dans tous les pays développés
(Guedeney et coll., 2004). Des controverses ont surgi quant à
l’effet de ce mode de garde sur la sécurité de l’attachement et
sur la survenue ultérieure de trouble du comportement chez
les enfants (Belsky, 2001). De nombreuses études ont exploré
la santé physique des enfants en crèche et ont évalué les effets
positifs ou négatifs que peut avoir le séjour en crèche sur le
développement social et émotionnel de l’enfant et sur sa rési-
lience quand il est exposé à des circonstances défavorables
(pauvreté, psychopathologie parentale). Une étude longitudi-
nale contrôlée du NIMH (National Institute of Mental Health)
apporte des éléments de réponses à ces questions. Cette étude
a pris en compte divers modes de garde pour des enfants
d’âge différents, de milieux socio-économiques différents,
avec divers niveaux de dépression maternelle et divers
niveaux de qualité de garde. Belsky (2001) rapporte à l’oc-
casion de cette étude un effet d’ampleur modeste sur l’insé-
curité de l’attachement en fonction d’abord du temps passé
en garde non parentale, de l’âge d’entrée et de la qualité du
mode de garde. Il constate un effet de ces mêmes variables sur
la survenue plus fréquente de difficultés de comportement
lorsque l’enfant est âgé de 5 à 6 ans, mais le trouble demeure
au-dessous du seuil clinique de la CBCL d’Achenbach (1983).
Toutefois, l’ampleur de l’effet est plus importante que sur la
dimension de l’attachement. La crèche peut donc jouer un
rôle de tampon vis-à-vis des difficultés que rencontrent cer-
tains enfants dans un milieu familial carentiel ou troublé par
une psychopathologie parentale, mais elle peut aussi partici-
per à la survenue de trouble du comportement si le temps de
séjour en crèche est trop long chez un enfant trop jeune, et
dans une crèche de qualité insuffisante.
Il est important de noter que les effets positifs de la crèche
sur le développement de l’enfant ne sont trouvés que lorsque
la crèche est de bonne qualité, tandis que les effets sur le
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 261

développement social restent discutés (voir Guedeney et coll.,


2004 pour une revue). Cela suppose un nombre adéquat de
professionnels par enfant, une formation suffisante et une
stabilité des intervenants (Belsky, 2001).

INFLUENCES PSYCHOSOCIALES

On a regroupé dans ce paragraphe différentes influences


psychosociales dont le rôle sur la survenue de trouble du com-
portement a pu être évalué.

La pauvreté
La pauvreté est bien entendu un facteur majeur depuis
longtemps reconnu. La puissance de ce lien a conduit à une
stigmatisation des pauvres comme présentant le plus grand
risque d’avoir des enfants délinquants, en particulier au
XIXe siècle. Les études portant sur les facteurs de risques psy-
chosociaux ont été les premières à mettre en évidence ce
risque, mais aussi ses limites. En 1979, Rutter argumente sur
le fait que ce n’est pas un facteur de risque en particulier,
mais le nombre des facteurs de risque qui va conduire à la
psychopathologie chez l’enfant. Dans l’échantillon d’enfants
âgés de 10 ans qu’il étudie, ce risque passe de 2 % dans les
familles sans facteur de risque ou avec un seul, à 20 % dans
les familles présentant 4 facteurs de risque ou plus. De même
dans l’étude de Philadelphie menée par Sameroff et coll.
(1982), le niveau des problèmes de comportement est directe-
ment proportionnel au nombre de facteurs de risque.
La pauvreté, si elle est rarement un facteur isolé, n’a
d’influence qu’en fonction des autres facteurs de risque.
Sameroff et coll. (1982) montrent que les enfants de familles
les plus pauvres ont le même devenir que ceux des plus aisées
s’ils partagent les mêmes facteurs de risque, et le même deve-
nir positif s’il ne survient pas d’autres facteurs de risque
socio-économiques. Comme l’indique Mac Leod (1998), la
262 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

pauvreté associe très souvent plusieurs facteurs de risque,


avec en particulier :
— le fait d’être un parent isolé ;
— la dépression ;
— les faibles capacités parentales ;
— l’augmentation de l’exposition au stress.
Ainsi, beaucoup d’adultes autonomes et réussissant dans
leur vie peuvent être issus de familles pauvres, mais très peu
d’entre eux sont issus de famille à risques multiples. La pau-
vreté concentre donc un certain nombre des facteurs de risque
identifiés comme participant au développement des troubles
des conduites, puisqu’elle expose à un risque environnemen-
tal accru en matière de toxicité, de traumatisme, de malnutri-
tion, à un stress parental plus élevé et donc à un risque
d’insensibilité, de rejet et d’inconsistance dans les attitudes
parentales. Parallèlement, la stimulation des enfants à la
maison est plus faible, sans être relayée par une stimulation
adéquate ailleurs. La pauvreté s’associe au fait de vivre dans
des voisinages à hauts risques, et nombre de familles com-
prennent intuitivement combien il est important que leurs
enfants vivent dans un bon voisinage pour réussir et éviter la
délinquance. À ce titre, Stouthamer-Loeber et coll. (2002) ont
étudié les effets du voisinage dans la persistance du comporte-
ment délinquant. Ils concluent, sans surprise, que la délin-
quance sévère est concentrée dans les bas niveaux socio-
économiques et dans les quartiers les plus démunis. Le
nombre moyen de facteurs de risque de délinquance diminue
au fur et à mesure que le niveau socio-économique augmente,
la relation étant inverse pour les facteurs de résilience.
L’étude conclut que ces facteurs de risque et de résilience peu-
vent s’équilibrer et les auteurs plaident pour une intervention
dans de multiples domaines simultanément. Costello et coll.
(2003) ont étudié les effets à long terme de la sortie de la pau-
vreté après l’ouverture d’un casino dans une réserve indienne.
Curieusement, l’effet de réduction de la psychopathologie
était spécifique aux symptômes de troubles du comportement
et d’opposition, chez les enfants d’adultes précédemment
pauvres, alors que les niveaux d’anxiété et de dépression res-
taient les mêmes. Cela supporte l’idée qu’il existe bien une
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 263

participation forte des facteurs sociaux dans l’explication des


troubles du comportement et d’opposition, par rapport à la
dépression et à l’anxiété.

Rôle des pairs délinquants

Un autre facteur important dans le déclenchement et la


persistance des comportements délinquants est celle de
l’association à des pairs eux-mêmes délinquants. Pour Mat-
thieu et coll. (1998), les relations entre les deux phénomènes
sont manifestement réciproques et dynamiques. L’associa-
tion avec des pairs délinquants facilite la délinquance future,
et la délinquance augmente le risque de s’associer avec des
pairs déjà délinquants. Les résultats de ces études sur un
échantillon national suggèrent que l’effet de la délinquance
sur l’association entre pairs soit plus large que celle de
l’association entre pairs sur la délinquance.
Une étude de Vitaro et coll. (1997) sur l’influence réci-
proque de la délinquance des garçons en fonction de la carac-
téristique de leurs amis conclut que les deux modèles
(influence des délinquants sur leurs amis et influence des amis
sur les délinquants) jouent un rôle causal dans la délinquance.
Ces deux modèles sont respectivement appelés modèle de
l’influence des pairs et modèle des caractéristiques individuel-
les. Le premier est aussi appelé modèle de la facilitation
sociale ; il suggère que des capacités parentales inefficaces
conduisent à l’association avec des amis déviants, ce qui
conduit alors à la délinquance. L’association avec des amis
délinquants est vue comme une composante essentielle entre
l’attitude parentale et la délinquance ultérieure. Cette pers-
pective est basée sur le fait que la plupart des adolescents ont
d’abord des amis délinquants avant d’être délinquants eux-
mêmes. En revanche, le modèle des caractéristiques indivi-
duelles, également appelé modèle du contrôle social, suggère
que nos comportements individuels déviants de l’enfance
conduisent à la fois à la délinquance et à l’association avec
des amis délinquants. Le comportement initial troublé peut
être en lien à la fois avec l’attitude parentale et avec des diffi-
cultés de tempérament, comme dans le modèle des influences
264 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

des pairs. Dans ce modèle, le rôle des pairs est une consé-
quence qui n’explique pas la délinquance.
En résumé, le modèle de l’influence par les pairs voit
cette association comme nécessaire et causale, alors que le
modèle des influences et des caractéristiques individuelles le
considère comme un épiphénomène ou comme un élément de
facilitation.
Dans l’étude de Woodward et Fergusson (1999) basée sur
l’étude longitudinale de Christchurch, en Nouvelle-Zélande,
la variable la plus influente pour expliquer l’association entre
les troubles avec les pairs et les troubles ultérieurs de
l’ajustement était l’étendue des problèmes de comportement
précoces de l’enfant, suggérant que le rôle des pairs dans les
troubles du comportement ne soit pas directement causal.

Exposition à la violence
Barletto-Becker et Mac Closquey (2002) ont examiné
l’impact de la violence familiale sur le développement de la
tension et les problèmes de comportement chez les garçons et
les filles. La violence familiale était en lien avec les problèmes
d’attention et de comportement, mais chez les filles unique-
ment. Les filles qui avaient ces difficultés dans l’enfance
n’étaient pas forcément à risque pour une délinquance future.
Mais la violence familiale vécue pendant l’enfance avait un
effet direct sur la délinquance des filles.
Là encore, les études contrôlées permettent d’indiquer
l’existence possible de chemins spécifiques pour les garçons et
les filles ; il semble que la délinquance chez les filles requière
un degré plus élevé de risque et de facteur de risque que chez
les garçons.
Les troubles attentionnels semblent être un catalyseur des
troubles du comportement à la fois pour les garçons et pour
les filles. L’absence de problème de comportement chez les fil-
les qui subissent des attitudes parentales excessivement dures
ou des abus pendant l’enfance ne signifie pas pour autant
qu’il n’y ait pas de risque de délinquance.
Miller et coll. (1999) ont étudié des garçons de 6 à 10 ans
exposés à être des témoins de scènes de violences. Ils rappor-
tent un lien entre le fait d’avoir assisté à de telles scènes et
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 265

les troubles du comportement, même après que les trois


autres aspects des interactions parents/enfants eurent été
contrôlées : le niveau de conflit entre les parents et les
enfants, l’implication des parents et leur surveillance de
l’enfant. De plus, dans des familles avec un bas niveau de
conflit conjugal, le fait d’être témoin de violence était lié à
l’augmentation du comportement antisocial chez les enfants,
alors que ce n’était pas le cas dans les familles avec un
niveau de conflit élevé.

Rôle de la fratrie
La présence dans la famille d’un enfant avec un trouble
sévère du comportement peut avoir une influence sur sa
fratrie (Farington et coll., 2001). Une étude de Brody et coll.
(2003) montre l’importance du fait d’avoir un frère ou une
sœur avec des troubles du comportement sur les plus jeunes.
À l’inverse, le fait d’avoir des frères et sœurs aux bonnes per-
formances académiques représente un facteur de protection
dans la famille. Le concept de « continuité cumulative »
(Caspi et coll., 1989) permet d’interpréter l’influence du
voisinage, de la fratrie et des pairs délinquants. La conti-
nuité cumulative décrit les façons par lesquelles le dévelop-
pement du comportement antisocial, dans un contexte
donné, influence la sélection de types d’environnement qui
vont ultérieurement le renforcer. Dans cette perspective, les
comportements antisociaux sont « maintenus par l’ac-
cumulation progressive de leur propre conséquence » (Caspi
et coll., 1989). Ainsi, les enfants qui présentent des compor-
tements antisociaux à la maison ont plus de chance de cher-
cher des affiliations avec des pairs du même âge et plus âgés
qui partagent les mêmes normes antisociales et les mêmes
comportements. Les quartiers les plus désavantagés sont
aussi ceux dans lesquels il y a la plus grande accumulation
de bandes d’enfants avec des troubles du comportement
antisocial, et de ce fait un risque plus élevé pour les enfants
de ce quartier de les rejoindre. Cependant, les différents
quartiers ne sont pas homogènes. Certains quartiers sont
organisés de façon à promouvoir la santé mentale des
enfants et des adolescents à travers un certain nombre de
266 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

processus de socialisation, de contrôle et de supervision du


comportement des enfants, et de tutorat. Les communautés
et les quartiers dans lesquels les adultes s’engagent dans de
tels processus de socialisation et d’action collective, en dépit
de leur faible niveau socio-économique, sont ceux dans les-
quels il y a le moins de violences, et ceux où les adolescents
montrent le plus de compétences sociales et le moins
d’affiliation avec des pairs délinquants (Southammer et coll.,
2002). Vitaro et coll. (1997) ont montré que la délinquance
des pairs influence la délinquance individuelle uniquement
pour les garçons qui ont un degré modéré de trouble. Bien
que la relation soit réciproque, la délinquance a un effet plus
puissant sur l’association avec des pairs que le contraire
(Matsueda et Anderson, 1998).
À cet égard, on remarque que très peu de programmes de
prévention prennent en compte le contexte dans lequel
vivent les enfants. Dans l’étude de Brody (2003), les enfants
qui avaient un frère ou une sœur délinquant avaient eux-
mêmes une tendance aux troubles du comportement, quand
la famille résidait dans un quartier difficile ou pauvre, alors
que cette même association ne tenait pas pour les familles des
quartiers les plus favorisés. Southammer et coll. (2002) rap-
pellent que les quartiers défavorisés ont à la fois une plus
grande prévalence de facteurs de risque et une plus basse pré-
valence de facteurs de promotion et de résilience.
Enfin, Pagany et coll. (1998) ont étudié les effets de la
séparation et du remariage des parents chez des garçons en
fonction de l’âge de survenue de la transition familiale. Les
résultats suggèrent que les garçons dont les parents se rema-
rient quand ils sont âgés de 12 à 15 ans ont le plus grand
risque de délinquance.
Wikstrom et Loeber (2000) ont montré que le fait de vivre
dans un quartier défavorisé contrebalançait l’impact de tous
les facteurs individuels protecteurs qui peuvent être pré-
sents ; la rupture des liens familiaux apparaît comme un vif
facteur pour les troubles du comportement externalisés chez
les filles et moins chez les garçons.
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 267

EN CONCLUSION

Les troubles du comportement de l’enfant et de l’ado-


lescent n’ont pas de cause unique et ne reconnaissent pas un
seul facteur étiologique, même prévalent sur les autres. Ils
présentent un développement au cours du temps, ce qui per-
met à différents facteurs d’intervenir à différents moments. Il
est probable que le développement d’un comportement agres-
sif exige une succession d’influences, année après année. Le
vœu agressif fait partie du destin humain, et la difficulté est
de l’élaborer et de l’inhiber. Il existe bien un trajet dévelop-
pemental qui conduit, sans destin tout tracé et avec des voies
de sortie, des aspects tempéramentaux au trouble opposition-
nel et défiant, puis aux troubles du comportement et, de là, à
la personnalité antisociale de l’adulte. Dans ces différents tra-
jets, les influences parentales, à travers l’attention, la sensibi-
lité, la surveillance, l’absence de violence et de dureté sem-
blent bien jouer un rôle médiateur essentiel entre dispositions
tempéramentales et devenir comportemental.
Les différents facteurs familiaux et d’environnement sont
difficiles à hiérarchiser, en se basant sur la recherche, du fait
de la grande variété des méthodes et des outils de mesure, et
aussi parce qu’un certain nombre de facteurs qui ont une
importance clinique reconnue n’ont pas été évalués. C’est le
cas des effets des placements en familles d’accueil ou en insti-
tution. En France en particulier, où le placement en institu-
tion de jeunes enfants demeure la règle, on n’a pas évalué ses
effets par rapport à ceux d’un placement en famille d’accueil.
En France toujours, où le séjour en crèche est à la fois très
précoce et à haute dose hebdomadaire, aucune étude à large
échelle n’a mesuré ses effets (protecteurs ou délétères) en ter-
mes de sécurité de l’attachement et de psychopathologie
(Guedeney et coll., 2004). Le nombre des symptômes, la pré-
sence de troubles importants du comportement et la survenue
d’expériences intermédiaires sont les facteurs qui conduisent
à la personnalité antisociale adulte, mais aussi ceux qui peu-
vent être la cible des interventions (Simonoff et coll., 2004).
268 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

En effet, les études longitudinales montrent que la pathologie


de l’adulte a été précédée de celle de l’adolescent, ce qui
conduit à rechercher les prémices développementaux de la
pathologie de l’adulte.
Les facteurs très puissants de délinquance, en termes
d’ampleur d’effet (effect size), semblent être le fait d’avoir
déjà commis des actes délictueux, d’avoir des pairs délin-
quants, de se situer dans un réseau social faiblement tissé, de
consommer des toxiques précocement, d’être un garçon, et
d’avoir des parents avec une personnalité antisociale. Cela
justifie l’importance d’une intervention précoce dès le pre-
mier épisode, comme pour la récidive d’une tentative de sui-
cide, et aussi l’intérêt de séparer les adolescents délinquants
d’un milieu, d’un collège, d’un quartier où la culture est la
délinquance, si l’on ne peut arriver à changer cette culture sur
place assez rapidement. Les facteurs qui prédisent un haut
niveau d’agressivité physique sont plus récemment connus :
ils s’agit du fait d’être un garçon, avec une mère très jeune,
isolée, de faible niveau d’éducation et à faibles revenus, avec
elle-même des troubles des conduites et qui fume pendant la
grossesse, avant les facteurs classiques d’éducation coercitive
et de dysfonctionnement familial.
Les facteurs puissamment prédictifs de récidive sont
l’agression précoce, le bas niveau socio-économique, la prise de
risque et l’impulsivité, les mauvaises relations parents/enfant,
le faible niveau scolaire, les problèmes médicaux précoces et le
faible QI.
Les facteurs légèrement prédictifs de délinquance semblent
être la taille de la famille, le niveau de stress et de discorde
familiale, le divorce et la négligence parentale. Les facteurs de
protection sont, on l’a vu, bien moins connus : compétence
sociale et capacité d’expression et de contention émotionnelle,
QI élevé, relation à un adulte tuteur étayant, valeurs pro-
sociales, programmes sociaux et supports efficaces.
Le modèle développemental de la psychopathie est diffé-
rent, avec un poids tempéramental élevé et une moindre
influence des facteurs parentaux ; cependant, un certain
nombre d’enfants psychopathes ont connu des expériences
infantiles marquées par la carence, les séparations et la
violence.
Les facteurs de risque familiaux et environnementaux 269

Sur le plan étiologique, les facteurs familiaux et d’envi-


ronnement jouent un rôle manifeste. Leur poids a été démon-
tré récemment par l’étude faite par Costello et coll. (2003) chez
les Indiens récemment enrichis. Le rôle de l’attitude parentale
est clair dans la survenue des troubles du comportement selon
le cycle bien mis en évidence par Patterson (1989). La théorie
de l’attachement et nombre d’études sur le comportement du
type de l’apprentissage social se rejoignent dans l’effet préven-
tif d’une attitude parentale proche, soutenant et surveillant ce
que fait l’enfant, en évitant les punitions trop dures et les châ-
timents corporels, mais ceux-ci n’ont pas les mêmes effets
dans les différentes cultures.
Les troubles mentaux parentaux, peut-être par le biais
d’une influence sur le développement de l’attachement,
jouent un rôle important dans le déclenchement de troubles
du comportement des enfants, en particulier la dépression
maternelle postnatale, quand elle survient après l’âge de
3 mois et qu’elle récidive, l’alcoolisme parental, la psycho-
pathie ou la personnalité antisociale des parents. La mater-
nité chez les jeunes adolescentes est à risque sur ce plan. La
crèche peut avoir un rôle de tampon de ces effets néfastes,
quand elles est de bonne qualité et quand la dose hebdoma-
daire de soins non parentaux n’est pas trop élevée. Ces fac-
teurs soulignent l’importance de la continuité de la chaleur et
de la sensibilité de l’attitude parentale et, a contrario, mon-
trent le poids de la carence, des séparations précoces prolon-
gées, de l’incohérence et de la violence dans les troubles du
comportement des enfants. Cela devrait nous conduire à
mieux évaluer le fonctionnement de la protection de l’enfance
et de l’aide sociale à l’enfance (ASE), et en particulier la durée
des placements, l’intérêt de garder une place aux institutions
pour enfants ou d’utiliser plus largement le placement fami-
lial, et la nécessité de l’évaluations de ses placements.
Le rôle du voisinage, d’une fratrie avec ou sans troubles du
comportement ou encore du fait d’être témoin de violence, est
aussi important dans le début et la pérennisation des troubles.
Les études de Olds et coll. (1998) ont montré les effets pré-
ventifs d’une intervention qui commence pendant la gros-
sesse et se poursuit pendant les deux premières années, à
condition que cette intervention soit suffisante et régulière.
270 Antoine Guedeney, Romain Dugravier

En effet, les différentes études longitudinales (Moffitt et coll.,


2002) ; Fergusson et coll., 1993, 2002 ; Nagin et Tremblay,
2001 ; Loeber et coll., 2001) montrent que les facteurs de
risque de comportement violent chez les jeunes enfants sont
pour la plupart déjà présents chez la mère, pendant la gros-
sesse. Lyons-Ruth (2004) confirme que l’effet préventif des
visites à domicile sur le comportement agressif à cinq ans est
proportionnel à la dose et a un effet durable. Il y a donc
nécessité d’études complémentaires, en particulier pour préci-
ser la fréquence réelle de ces troubles dans la population
d’enfants d’âge scolaire, le rôle des troubles de l’attachement
dans les troubles du comportement, et les effets de l’inter-
vention précoce en France.
Mais cette revue montre toute la complexité des facteurs
étiologiques en jeu ; la clinique nous montre que les troubles
des conduites n’appartiennent pas à un milieu social particu-
lier, mais se retrouvent chez les enfants qui ont manqué,
autant qu’ils en avaient besoin, de soutien dans le développe-
ment de leurs compétences relationnelles, de mentalisation et
de contrôle émotionnel et dans le développement d’un senti-
ment d’estime de soi et de compétence. Ces troubles sont donc
le résultat de trajectoires développementales complexes, et il
existe manifestement plusieurs voies pour y parvenir comme
pour en sortir. Si un comportement agressif fait partie du
développement normal de la petite enfance, sa persistance,
son intensité justifient une prise en charge avant l’entrée à
l’école primaire. La relative stabilité et la difficulté du traite-
ment des troubles des conduites institués plaide pour une
intervention précoce, et pour une recherche sur les possibili-
tés de prévention, en particulier auprès des parents vulné-
rables et isolés.

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Pr Antoine Guedeney Automne 2005


Dr Romain Dugravier
Xe intersecteur de psychiatrie infanto-juvénile
CHU Bichat - Claude-Bernard
124, Boulevard Ney
75018 Paris
e-mail : antoine.guedeney@bch.ap-hop-paris.fr
romain.dugravier@bch.ap-hop-paris.fr

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