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Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence xxx (xxxx) xxx–xxx

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Article original

Le refus de contact d’un enfant avec un parent dans un contexte de


divorce conflictuel – Partie I. Recension des recherches cliniques et
judiciaires
Contact refusal with a parent by children in high conflict divorce situations – Part
I. A review of clinical and judicial research
M. Berger
45, rue Francisque-Voytier, 42100 Saint-Étienne, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Mots clés : But. – Cet article présente une revue de la littérature concernant les situations où un enfant ou un ado-
Agression sexuelle lescent refuse tout contact avec un parent dans le cadre d’un divorce ou d’une séparation parentale
Aliénation parentale conflictuelle. Ces situations, fréquentes en pratique pédopsychiatrique, font l’objet de nombreux litiges
Divorce
judiciaires concernant le droit de visite et d’hébergement.
Droit de visite et d’hébergement
Emprise
Méthode. – Les 16 études recensées sont celles qui ont été réalisées conjointement par des cliniciens et
Fausses allégations des tribunaux depuis 1987, certaines à la demande des ministères de la justice américains, canadiens,
Refus de contact parent-enfant français.
Séparation Résultats. – Ces études montrent pourquoi le concept de « syndrome d’aliénation parentale » ne doit
Tribunal aux affaires familiales pas être utilisé, car il aboutit à d’importantes erreurs d’évaluation qui mettent des enfants en danger
affectif et physique. L’inscription de ce terme a été refusée dans le DSM 5 et la CIM 11, étant donné son
absence de fondement scientifique. Les fausses allégations d’abus sexuel sont très rares, entre 0,8 et 6 %
des allégations dans les études portant sur de grandes séries. Plusieurs recherches soulignent l’existence
d’un lien statistique entre des violences conjugales antérieures au divorce et des maltraitances exercées
sur l’enfant, par le père, dans le cadre du droit de visite et d’hébergement. Deux études longitudinales
montrent que 81 % des mineurs reprennent contact spontanément avec le parent « refusé ». Dans les
19 % restant, la plupart des enfants ont des raisons valables de ne pas vouloir rencontrer ce parent.
Les situations d’emprise avec lavage de cerveau exercées par des mères ou des pères existent, mais ne
représentent qu’une minorité des situations de refus.
Conclusion. – Il apparaît nécessaire de définir la méthodologie clinique permettant d’évaluer les processus
en jeu lorsqu’un enfant refuse le contact avec un parent et de déterminer si la cause en est l’emprise
pathologique de la part de l’autre parent sur l’enfant ou d’autres motifs. Ceci fait l’objet d’un autre article.
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Keywords: Background. – This article presents a review of literature concerning situations where a child or an adoles-
Control cent refuses all contact with a parent in the course of a high conflict separation or divorce. Such situations,
Divorce which happen frequently in child psychiatry, are the cause of numerous judicial litigations.
False allegations Method. – The sixteen studies reviewed are those which have been conducted jointly by clinicians and
Family court
courts since 1987, some of them initiated by the American, Canadian or French departments of Justice.
Parental alienation
Results. – These studies show why the concept of “parental alienation syndrome” cannot be used since
Parent-child contact refusal
Separation it results in important errors of assessment which put the children in danger both emotionally and
Sexual abuse physically. Considering its lack of scientific foundation, the inscription of the term has been denied both
Visiting and accommodation rights in DSM5 and ICD 11. False allegations of sexual abuse are very rare (between 0.8 and 6% of allegations

Adresse e-mail : drmberger@mauriceberger.net

https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2020.10.010
0222-9617/© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Berger M, Le refus de contact d’un enfant avec un parent dans un contexte de divorce conflictuel – Partie
I. Recension des recherches cliniques et judiciaires, Neuropsychiatr Enfance Adolesc, https://doi.org/10.1016/j.neurenf.2020.10.010
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in studies dealing with large series). Several research studies underline the existence of a statistical link
between domestic violence prior to divorce and ill-treatments against children committed by the fathers
in the exercise of their visiting and accommodation rights. Two longitudinal studies show that 81% of
minors spontaneously reconnect with the “refused” parent. In the remaining 19%, most children have rele-
vant reasons for not wanting to meet this parent. There can be situations of control including brainwashing
from either mothers or fathers, but they only represent a minor part of the refusal situations.
Conclusion. – It is deemed necessary to define the clinical methodology allowing to assess the processes
at work when a child refuses contact with a parent and to determine if the cause is a pathological control
from the other parent on the child or any other reason. This is the subject of another article.
© 2020 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction enfant », et il est précisé que « cette entité n’a pas d’autre défini-
tion pour le moment ». Le 15 février 2020, suite à l’intervention de
Le refus d’un enfant ou d’un adolescent de rencontrer un parent, plusieurs centaines de chercheurs et professionnels de l’enfance de
après une séparation ou un divorce du couple parental, est un différents pays1 , l’OMS retire le terme d’« aliénation parentale » de
problème de plus en plus fréquent dans la pratique des pédopsy- sa classification.
chiatres et des psychologues cliniciens, mais aussi dans celle des L’origine de ce débat est d’abord liée à la personnalité du créa-
juges des affaires familiales et des juges des enfants. teur du terme de SAP, Richard Gardner, psychiatre, autoproclamé
De telles situations soulèvent de nombreuses questions. Le professeur, mais aussi à l’utilisation qui a été faite de ce terme. Dans
mineur est-il sous l’emprise d’un parent ? Ou pris dans un conflit les années 1980, au moment où beaucoup de femmes s’émancipent
conjugal ? Ou maltraité ou victime d’agression sexuelle ? Ou aux États-Unis et demandent le divorce, de nombreuses séparations
considère-t-il qu’un de ses parents a une attitude éducative très de couple sont très conflictuelles. Gardner qualifie alors de SAP le
inadéquate avec lui ? Ou s’oppose-t-il dans le cadre des mouve- fait qu’un enfant exprime des réticences à se rendre chez un de
ments d’opposition fréquents à l’adolescence ? Ou autre ? ses parents, en précisant qu’il y a aliénation parentale de la part
On mesure la difficulté éprouvée par un professionnel à com- de la mère dans 90 % des divorces conflictuels et que les déclara-
prendre quels sont les mouvements psychiques en jeu chez chacun tions d’abus sexuels faites par les enfants, dans un contexte de litige
des membres de la famille. En témoigne la rareté des publications concernant leur garde, seraient de fausses allégations [5].
en langue française sur ce sujet [1–3], si on excepte les ouvrages De plus, dans les publications effectuées par sa propre maison
consacrés au Syndrome d’aliénation parentale (SAP), concept pour- d’édition, Gardner prône que l’enfant est sexuellement actif très tôt
tant refusé par la communauté scientifique. pour transmettre « des gênes de bonne qualité à sa descendance »,
Ces situations, considérées comme parmi les plus complexes et ajoute que les diverses paraphilies incluant le sadisme, le viol,
à appréhender, demandent de connaître les recherches existantes la nécrophilie, la zoophilie, etc., servent à la survie de l’espèce en
concernant ce sujet, d’avoir une longue expérience clinique, et augmentant le niveau d’excitation sexuelle dans la société [6]. Il
d’utiliser une méthodologie précise. En l’absence de ces trois exi- recommande de ne pas incarcérer les pédophiles, car cela gênera
gences, on risque d’aboutir à des décisions nocives pour les mineurs leur guérison, plaide pour l’abolition du signalement obligatoire
concernés, reposant sur des expertises judiciaires sommaires. Ces des maltraitances, propose que « les enfants soient aidés à recon-
problèmes sont en grande partie à l’origine de la création du naître que les relations sexuelles entre un adulte et un enfant ne
diplôme universitaire « expertise légale en pédopsychiatrie et en sont pas universellement considérées comme des actes répréhen-
psychologie clinique de l’enfant » à l’Université Paris 5 en 2019. sibles », insiste sur le fait qu’il faut « aider le père incestueux à
Nous proposons d’exposer ici les travaux concernant deux compatir avec son enfant, victime d’une société qui considère le
aspects de cette question : tout d’abord les études concernant comportement de son père comme un crime odieux ». Pour lui,
les allégations de maltraitance de la part d’un parent, recherches les activités sexuelles entre un adulte et un enfant sont une tra-
rendues nécessaires par l’apparition des concepts de SAP, de « syn- dition ancienne dans le monde entier et les sociétés occidentales
drome des faux-souvenirs », et de « fausses allégations », qui ont sont excessivement punitives lorsqu’elles considèrent la pédophilie
brouillé la compréhension de ces situations ; puis les publications comme un crime [7], évolution négative prise sous l’influence des
concernant les suivis des situations où un enfant refuse le contact Juifs [6,8,9]. Concernant les femmes, il écrit que leur physiologie et
avec un parent. leur conditionnement font d’elles des victimes masochistes poten-
tielles de viol qui peuvent avoir du plaisir à être battues, attachées,
2. Le SAP, un concept dangereux et à souffrir d’autres manières, [6], etc. Et bien qu’il indique que
la pédophilie ne soit pas dommageable, il affirme lors d’une inter-
L’inscription du SAP a été refusée au DSM 4, puis au DSM 5 suite à view filmée qu’à un enfant qui raconte à sa mère avoir été agressé
un courrier émanant de nombreux spécialistes américains renom- sexuellement par son père, sa mère doit lui répondre qu’elle ne le
més en psychologie, pédopsychiatrie, et législation de la famille [4]. croit pas et qu’elle va le frapper pour avoir prétendu une telle chose.
Le comité scientifique du DSM a considéré que ce concept manquait Et ajouter « ne dis plus jamais cela sur ton père » [10]. Sur la fin de
de fondements scientifiques et empiriques. sa vie, Gardner reconnaîtra qu’il y a autant de pères aliénants que
Les tenants du SAP, dont les motivations seront évoquées ci- de mères. Il se suicide en 2003 en se lardant de coups de couteaux.
après, se sont alors adressés « en catimini » à l’OMS et ont obtenu, Sa pensée est toujours citée en France et dans le reste du monde
le 25 mai 2019, que le terme « aliénation parentale » figure dans la par les tenants du SAP dans les congrès, formations, articles dans
Classification internationale des maladies, la CIM 11 (qui entre en
application en 2022), non pas comme trouble mental mais sous la
rubrique des codes d’extension dont il est précisé qu’ils ne doivent
jamais être utilisés en premier pour définir un trouble. Il est inti- 1
http://www.learningtoendabuse.ca/collective-memo-of-concern-to-WHO-abo
tulé « problème de relation entre donneur de soin (« care giver ») et ut-parental-alienation.html.

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les journaux grands publics consacrés à ce concept, sans évoquer « La définition proposée actuellement est donc : “Le syndrome
le contenu des publications décrit ci-dessus. d’aliénation parentale désigne l’ensemble des manifestations
Les dégâts du concept de SAP furent importants au niveau psychopathologiques observées chez les enfants soumis à des sépa-
des enfants, à tel point que l’American Medical Association et rations parentales très conflictuelles : en premier lieu le rejet
l’Association américaine de psychologie en 1996, l’Association injustifié ou inexplicable d’un parent par un enfant” [12]. C’est
américaine de psychiatrie, le Guide du Conseil national des juges pourquoi notre collectif d’auteurs a proposé une nouvelle défini-
aux tribunaux de la famille aux USA (qui qualifie le SAP de « junk tion de l’aliénation parentale, résolument moins polémique. Nous
science », science de pacotille) ont mis en garde contre l’utilisation définissons désormais l’aliénation parentale comme “la condition
de ce terme, ainsi que la Société de neuropsychiatrie espagnole. En psychologique particulière d’un enfant (habituellement dont les
2002, Bruch montre dans un long article comment la nocivité de parents sont engagés dans une séparation très conflictuelle) qui
ce concept et son utilisation ont provoqué des suicides d’enfants s’allie fortement à l’un de ses parents (le parent préféré) et rejette la
suite à des attributions erronées de droit de garde [11]. En 2016, relation avec l’autre parent (le parent aliéné) sans raison légitime” ».
trois psychologues, deux Américains, un Australien2 , ont été sanc- « La première notion-clé de cette définition est : « un enfant qui
tionnés pour la nature « non professionnelle » de leurs rapports s’allie ». La notion d’alliance montre que la « faute » du parent favori
d’expertise. « Ce rapport ne fait pas de distinction entre les faits, et n’est pas d’avoir manipulé son enfant, mais plutôt de s’accommoder
les rumeurs et les opinions. Il utilise une forme de terminologie, le de son attitude, épousant sa souffrance et sa révolte pour entrer
Syndrome d’aliénation parentale, comme si elle était reconnue et avec lui dans une solidarité de naufragés. L’autre mot-clé de la défi-
communément utilisée dans la classification psychiatrique ». Un de nition, sans doute l’enjeu principal de l’expertise psychiatrique, est
ces psychologues est interdit d’exercer. la notion « d’absence de raison légitime » : il est évident que des
Citons quelques-uns des défauts méthodologiques des études carences ou maltraitances antérieures au rejet doivent faire exclure
présentées par le groupe de travail demandant l’inscription du SAP le diagnostic d’aliénation parentale ».
au DSM 5 [12]. On constate que cette définition est très réductrice et n’envisage
Tout d’abord, les estimations de la prévalence du SAP ne qu’un mode de compréhension des processus psychiques en jeu. Les
reposent sur aucun fondement statistique valable [4]. Ainsi, dans la auteurs qui critiquent le rapport « proSAP » [4] soulignent qu’il ne
thèse de Goudard [13], il est indiqué : « Pour s’appuyer sur des don- propose pas de diagnostic différentiel entre l’aliénation parentale,
nées très grossières, les chiffres qui circulent estiment qu’environ les phases normales du développement, les réactions prévisibles
un mariage sur deux finit par un divorce actuellement. Le nombre à une situation de divorce, un syndrome post traumatique, ou un
moyen d’enfants par femme en France est de 2,1. Or, il semble que trouble anxieux généralisé. Et l’accusation faite contre le parent dit
le syndrome d’aliénation parentale concerne 5 à 10 % des divorces, « favori » d’« épouser la souffrance de l’enfant » montre la difficulté
dont les 2/3 sont au stade grave ». Ou encore, le rapport terminal des des « proSAP » à considérer que l’enfant peut avoir des raisons per-
tenants du SAP [14] conclut sans preuve que « 1 % des enfants et ado- sonnelles « légitimes », hors carence ou maltraitance, de refuser le
lescents sont victimes d’aliénation parentale » (ce qui équivaudrait contact avec l’autre parent.
à 73 700 mineurs en France, une quasi-épidémie). Van Gijseghem Enfin, les auteurs ne présentent aucune étude méthodologique-
[15] cite une étude hollandaise indiquant que le parent aliénant ment acceptable concernant les interventions thérapeutiques qu’ils
est la mère dans 95 % des cas, lui-même considérant que c’est elle proposent, en particulier concernant l’évaluation des résultats [4].
qui est en cause dans 75 % des situations, répartition qui ne cor- Cette remise en cause du SAP entraîne une adaptation rapide
respond pas à notre pratique où la tendance est plus équilibrée et et de surface des tenants de ce syndrome « à tout prix » : ils
même plutôt inverse. Le même auteur indique qu’il y a une aliéna- n’utilisent plus ce terme mais celui de « conflit de loyauté d’un
tion dans 6 % des divorces et que les parents aliénants sont « tout à enfant pris dans une séparation très conflictuelle », avec exacte-
fait normaux ». La question de la structure psychique d’un adulte qui ment les mêmes conclusions d’expertises, ou encore « aliénation
peut exercer une emprise d’une telle intensité et avoir une lecture parentale », syndrome de Münchausen, syndrome de Médée (cf.
aussi déformée de la réalité est ainsi balayée, alors qu’au contraire, infra). En réalité, la notion de syndrome d’aliénation parentale telle
dans un encart figurant dans ce même article, Hayez indique que que définie par Gardner est encore bien présente et fait l’objet
l’aliénation est exceptionnelle et qu’elle est le fait de parents qui d’un prosélytisme incessant. Ainsi, en France, en 2012, dans un
présentent un trouble mental. manuel scolaire de sciences et techniques sanitaires et sociales de
Par ailleurs, on est gêné par le fait qu’il n’y a pas dans ces publi- Première ST2S (éditions Delagrave), dans le chapitre consacré aux
cations de critique réelle des positions propédophiles et antimères problématiques sociales dont les thèmes habituels sont l’inégalité,
de Gardner alors qu’elles infiltrent sa théorie du SAP. Cependant, la marginalisation, la perte d’emploi, la précarité, l’illettrisme, le
le groupe de travail « proSAP » prend une certaine distance par modèle d’exclusion présenté sur sept pages est le SAP. Une ques-
rapport à lui. « Les premières définitions de GARDNER mettaient tion a été posée au gouvernement par un député sur l’utilisation de
l’accent, de façon réductrice, voire simplificatrice, sur la notion ce thème dans l’Éducation Nationale (Journal Officiel du 23/10/2012,
de manipulation de l’enfant (par le parent « favori »). Pour lui, réponse le 25/12/2012). Il est difficile de savoir quels sont les enjeux
l’aliénation parentale était en effet une campagne de dénigrement présents derrière cette volonté. On peut noter que certaines asso-
d’un enfant contre un parent, campagne injustifiée et résultant d’un ciations de pères ont fait déposer à plusieurs reprises des projets
plus ou moins subtil travail de manipulation pouvant aller jusqu’au de loi demandant que la résidence alternée soit instaurée le plus
lavage de cerveau, avec le mélange, en des proportions variables, de précocement possible, quel que soit l’âge de l’enfant, car elle per-
contributions personnelles de l’enfant . Gardner allait donc jusqu’à mettrait de « prévenir l’installation d’un SAP ». Un autre enjeu est-il
inclure, dans la définition, la cause et l’auteur du désordre, ce qui d’éloigner des soupçons de pédophilie ?
est scientifiquement contestable et a contribué à nourrir les polé- À un autre niveau, il est possible que l’aspect linéaire du rai-
miques sexistes les plus passionnelles : les parents aliénants étant sonnement « un enfant refuse le contact avec un parent dans le
plus souvent les parents gardiens, les mères se voyaient, statisti- cadre d’un divorce conflictuel donc il est manipulé par l’autre »,
quement, plus souvent mises en causes » [14]. soit tentant pour certains professionnels ayant peu l’habitude des
entretiens avec les enfants. Il les exonère d’une écoute plus fine du
mineur concerné dans la mesure où, pour Gardner, un enfant ne
s’exprime jamais à partir de ce qu’il pense ou ressent, mais il est
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https://reppea.files.wordpress.com/2017/08/sapcanberratimes.pdf. forcément manipulé par un adulte. On arrive alors au paradoxe qui

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consiste à essayer de comprendre des situations qui sont parmi les fait que les allégations soient apparues dans un contexte de divorce
plus complexes de la psychopathologie de l’enfant par une théorie conflictuel qui a empêché qu’on les prenne en compte. 43 % des
simpliste et non validée. évaluations de l’état mental de l’enfant ont été faites par des théra-
Avant d’aller plus loin, précisons que les processus d’emprise peutes, 38 % par des enquêteurs sociaux. Au total, 85 % n’ont pas cru
parentale sur un enfant peuvent être aussi bien le fait d’un père l’enfant, ou l’ont cru mais ont demandé que l’enfant soit forcé à avoir
que d’une mère, mais c’est un fait que le terme de SAP a été créé au des contacts libres avec son agresseur. En cas d’évaluation contra-
départ dans une optique patriarcale. dictoire des professionnels, les juges ont eu tendance à plus suivre
les recommandations du professionnel qui ne croyait pas l’enfant.
3. Les recherches sur les conséquences du concept de SAP 59 % des agresseurs avaient la garde exclusive et le parent protec-
teur seulement un droit de visite limité incluant 22 % de visites
Ce sont des États-Unis, lieu d’origine du SAP, que sont venues médiatisées.
les principales recherches sur les conséquences de ce concept. Sans Les arguments ayant motivé la décision du juge à T1 étaient les
viser l’exhaustivité, nous avons choisi de présenter un résumé des suivants :
travaux les plus connus et les plus étayés concernant le refus de
contact avec un parent de la part d’un enfant, et ceux concernant les • le fait que la mère demandait que son enfant soit protégé était
fausses allégations. Nous mettrons brièvement en lien ces études interprété comme le fait que la mère était aliénante, conclusion
avec ce que nous constatons dans notre pratique clinique en France. proposée le plus souvent par l’enquête sociale. « La mère avait
coaché l’enfant pour ses déclarations » (lavage de cerveau). Ou
3.1. La recherche de Silberg, Dallam, Samson : « Crise au Tribunal encore « La mère et l’enfant sont fusionnels » ;
de la famille » [16]3 • les agressions étaient incertaines ;
• le père était plus « friendly », plus près à coopérer avec la décision
Cette importante étude4 a été effectuée à la demande du minis- judiciaire que la mère ;
tère de la Justice américain, lequel s’inquiétait du nombre d’enfants • les nombreux symptômes de détresse que présentaient les
placés en garde chez un parent maltraitant à l’occasion d’un divorce, enfants et qui figuraient tous dans les rapports judicaires, dépres-
58 000 par an d’après le Leadership Council on Child Abuse and Inter- sion, anxiété, auto-agressivité, intentions suicidaires, problèmes
personal Violence en 2008. L’objectif de cette recherche était de scolaires, comportement sexualisé, culpabilité avec perte de
réaliser une analyse approfondie de cas, afin d’identifier quels fac- l’estime de soi, ont été attribués à la pathologie de la mère et
teurs conduisent des évaluateurs sociaux et des juges à mettre des au stress du divorce.
enfants dans des situations qui les exposent à des dangers. Cinq
chercheurs indépendants ont étudié les arguments indiqués dans À T2, l’enfant avait continué à révéler les faits à sa mère dans
l’ensemble des rapports écrits présents dans les dossiers judiciaires 72 % des cas, au lieu de 100 % à T1. Cela était peut-être dû au
ayant amené à une décision d’attribution de droit d’hébergement fait que nombre d’enfants n’étaient plus confiés au parent protec-
(temps T1), décision reconnue ensuite comme gravement non pro- teur et n’avaient plus le droit de le voir. En outre, dans un certain
tectrice et erronée (temps T2). nombre de cas, le parent protecteur avait été menacé par le tribu-
À T1 donc, ont été évaluées des situations dans lesquelles, à nal de perdre tout contact avec son enfant s’il continuait de signaler
l’occasion d’un divorce conflictuel, des enfants ont déclaré avoir les agressions, ce qui a également pu décourager les enfants de se
subi des maltraitances ou agressions sexuelles de la part de leur confier à leur mère. Mais l’enfant avait parlé des abus à d’autres
père, et où le juge, considérant qu’il s’agissait de fausses allégations, adultes, thérapeutes éventuels dans 46 % des cas, enseignants,
lui avait confié la garde. autres professionnels, ce qui avait entraîné une réouverture du
À T2, des preuves incontestables de maltraitance physique et dossier. L’évaluation n’avait alors pas été faite par des enquêteurs
sexuelle par le père ont amené la Cour à lui retirer la garde et à la sociaux, mais par des thérapeutes formés ou par des personnes
confier à la mère. spécialisées dans le domaine des maltraitances. Les pères furent
L’âge moyen des enfants était de 6,5 ans (de 3 à 15 ans). Le emprisonnés.
temps moyen passé chez l’agresseur avait été de 3,2 ans (entre 4 Dans aucun cas, il n’est apparu que la mère « briefait », condi-
mois et 9 ans). Les magistrats concernés furent très éprouvés de tionnait l’enfant.
constater que leur décision avait laissé ces enfants exposés à de En s’appuyant sur d’autres recherches, Silberg indique que d’une
graves abus qui dans 78 % des cas avaient été de plusieurs sortes, manière générale, les allégations de violence ou d’abus sexuels
70 % d’agressions sexuelles, 52 % de maltraitance. Les mères avaient faites par une mère sont souvent refusées pour quatre raisons :
été frappées dans 60 % des cas, dont 84 % avaient demandé une
ordonnance de protection et l’avaient obtenue dans 94 % des cas, • la place du genre.
ordonnance souvent annulée par le Juge aux affaires familiales.
Après la décision de T1 fut notée une augmentation de la gravité La mère est très vite qualifiée de pathologique ; tout ce qu’elle
des agressions, une négligence dans les soins médicaux ou un refus dit est suspect, le niveau de preuve exigé pour accepter la réalité
d’accès aux soins par le parent gardien (même dans la situation des maltraitances est beaucoup plus important que celui exigé pour
d’un enfant suicidaire), le père attribuant à la mère les problèmes affirmer que les allégations sont fausses. Une mère qui évoque les
de l’enfant, une violation des limites avec la fabrication de faux. Du violences conjugales subies a moins souvent l’hébergement prin-
côté de l’enfant, après la décision de justice s’est produite une dété- cipal que si elle n’en parle pas. Le droit de visite et d’hébergement
rioration mentale avec une augmentation de ses troubles. Ainsi, (DVH) est plus restreint pour un parent qui demande que son enfant
13 % d’enfants déclarèrent être suicidaires à T1, et 33 % à T2. soit protégé que pour un autre parent.
À T1, l’enfant avait révélé les agressions sexuelles à sa mère dans À l’opposé, il est difficile d’imaginer qu’un homme qui parle et
100 % des cas. L’agression n’a été considérée comme crédible par le présente bien, et qui se montre coopératif puisse être auteur de mal-
service de protection de l’enfance que dans 22 % des cas, et c’est le traitance sur son enfant. Un avertissement écrit de l’Association du
Barreau américain à tous ses membres a eu lieu en 1996 à ce propos,
indiquant que de nombreux agresseurs familiaux sont de grands
3
https://reppea.files.wordpress.com/2017/08/sapetudedesilbergtraduite3.pdf. manipulateurs, se présentent comme de bons parents coopératifs
4
https://reppea.wordpress.com/les-documents-de-references-sur-le-sap/. et dépeignent le parent victime comme une personne diminuée,

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encline aux conflits, impulsive ou excessivement protectrice, et conjugale, en particulier de la part d’hommes qui estiment que leurs
parviennent à instrumentaliser le système judiciaire des tribunaux partenaires n’ont pas le droit de les quitter.
aux affaires familiales pour poursuivre le harcèlement des femmes Nous constatons, nous aussi, à partir de notre expérience cli-
victimes de violences. nique, la fréquence de la non prise en compte en France des
Nous ajouterons à partir de notre pratique personnelle que violences conjugales dans les décisions judiciaires concernant des
lorsqu’une mère n’arrive pas à protéger son enfant dans de telles DVH, même lorsque leur auteur a fait l’objet d’une condamna-
circonstances, nous avons constaté qu’elle se désorganisait psychi- tion. Ce qui n’est pas pris en compte, au-delà des faits, ce sont les
quement, ce qui peut se retourner contre elle si l’expert n’est pas traits de personnalité paternels sous-jacents à ces violences, et qui
au courant de ce processus. risquent d’être à l’œuvre dans les modalités de DVH exigées qui
ne respectent pas les besoins fondamentaux de l’enfant [23,24] et
• le très faible niveau de formation des enquêteurs sociaux (« cus- dans la relation du père avec ce dernier. Cette non prise en compte
tody evaluators ») concernant les effets de la violence conjugale est parfois favorisée par la manœuvre de l’avocat de l’auteur qui
sur les enfants : 10 % avaient une formation suffisante dans les fait en sorte de retarder le procès pénal pour violences conjugales
années 2000. La principale pathologie attribuée aux mères qui afin que son client n’ait pas été condamné au moment de la déci-
dénoncent des abus est d’être « aliénante ». De nombreux évalua- sion de DVH prise par le Juge aux affaires familiales. C’est pourquoi
teurs ont reçu une formation à cette théorie et lisent les conflits en 2016, dans le 5e plan de mobilisation et de lutte contre toutes
parentaux à travers ce prisme. Pour certains, les faits ont moins les violences faites aux femmes est publiée l’action n◦ 58 : « Dans
d’importance que leurs croyances ; les cas de violences faites aux femmes ou de violences faites aux
• une forte présomption en faveur du parent qui se montre le plus enfants, l’allégation du « syndrome d’aliénation parentale » sou-
coopératif concernant les droits de garde de l’autre parent. Or, le lève de réelles difficultés. Elle conduit à décrédibiliser la parole de
parent « abuseur » peut n’avoir aucune objection à ce que l’enfant la mère, exceptionnellement du père ou de l’enfant, et par consé-
rende visite à sa mère à l’inverse de la mère qui, dans ces circons- quent à en nier le statut de victime en inversant les responsabilités.
tances, ne veut pas que son enfant aille chez son père ; Or, aucune autorité scientifique n’a jamais reconnu un tel syndrome
• l’usage de tests projectifs inappropriés car conçus pour d’autres et le consensus scientifique souligne le manque de fiabilité de cette
contextes. notion [. . .]. La recherche démontre que les fausses allégations de
maltraitance ou de négligences sur les enfants sont marginales.
L’étude de Silberg va plus loin, en soulevant la question de C’est pourquoi une communication visant à proscrire l’utilisation
la place donnée ou pas aux violences conjugales et aux fausses de ce concept sera réalisée, via la publication d’une fiche sur ce
allégations dans les décisions de DVH. L’importance des violences sujet, sur le site du ministère de la justice.
conjugales avant la séparation est sous-estimée ou ignorée bien que
30 études montrent un lien entre violence conjugale, maltraitance 3.3. La question des fausses allégations et la théorie du fantasme
infantile, et emprise pathologique par l’agresseur (cf. infra).
Ce concept a pris toute son ampleur aux États-Unis en même
3.2. L’impact des violences conjugales antérieures temps que l’apparition du concept de SAP et il a été utilisé de
manière massivement abusive : une campagne internationale très
De nombreuses études montrent que beaucoup d’auteurs de médiatique « pro-pères » a été menée par Underwager, pasteur et
violences conjugales risquent d’être auteurs de maltraitances phy- psychologue, et son épouse Wakefield, qui considéraient que 30 à
siques ou sexuelles sur leur enfant après la séparation du couple, ce 70 % des allégations d’abus sexuels étaient fausses et qu’émettre
qui met à mal l’aspect souvent systématique de l’affirmation « un une telle hypothèse était une attaque contre la famille [25]. Il fut
mauvais mari peut être un bon père » : reproché entre autres à Underwager d’avoir donné une interview
dans la revue « Païdika », le journal qui soutenait « le mouve-
• l’étude de Roy [17] portant sur 146 enfants de femmes battues ment d’émancipation de la pédophilie », dans laquelle il déclarait :
montre que 31 % ont été abusés par leur père « Les pédophiles peuvent affirmer avec audace et courage ce qu’ils
• l’étude de Paveza [18] indique que les filles de femmes battues choisissent. Ils peuvent dire que ce qu’ils veulent, c’est trouver la
ont 6,5 fois plus de chances d’être abusées sexuellement par leur meilleure façon d’aimer. En tant que théologien, je crois que c’est
père la volonté de Dieu qu’il y ait proximité et intimité, unité de la
• l’étude de Kernic [19], sur 324 situations de divorce avec violences chair, entre les gens. Un pédophile peut dire : “Cette proximité
conjugales, conclut que la violence d’un père n’a aucun impact sur m’est possible dans les choix que j’ai faits.” Les pédophiles sont
l’attribution du droit d’hébergement au niveau des tribunaux trop défensifs ».
• l’étude de Stahly [20] concerne 400 situations d’enfants qui La situation a été compliquée par la position d’Arthur Green [26],
déclarent être maltraités ou abusés par leur père. Au total, 90 % décrite pas Bonnet [27], qui publia, en 1986, un article peu étayé
de leurs mères avaient indiqué des violences conjugales avant scientifiquement dans une revue prestigieuse, indiquant qu’entre
la séparation. Cinquante pour cent des pères avaient fait l’objet 36 et 55 % des allégations étaient fausses. S’inspirant de sa lecture
d’un procès-verbal au niveau « criminel » (« criminal record »). Cin- personnelle de Freud, il expliquait que les plaintes des enfants repo-
quante pour cent des mères, qui étaient la personne principale saient sur des fantasmes sexuels, « l’enfant accusant faussement le
à s’être occupée de l’enfant, ont perdu tout accès à leur enfant. père d’inceste par vengeance ou punition ». Cet auteur ne tenait
Soixante-trois pour cent ont arrêté de parler des abus de crainte pas compte du fait que, par définition, un fantasme prend soin de
que cela ne fasse interdire les contacts ou prolonger l’interdiction. dissimuler le désir et ne l’exprime pas aussi abruptement, en rai-
• enfin, dans une étude réalisée à Harvard en 2004, le Pr Silverman son du refoulement et du déplacement. Ce n’est pas la même chose
montre que dans 54 % des dossiers où il y avait de la violence de désirer d’avoir l’amour de son père, voire de rêver d’avoir un
conjugale prouvée, la garde des enfants a été confiée aux agres- bébé et de se marier avec lui dans une identification à la mère, et
seurs, qui avaient presque tous plaidé l’aliénation parentale [21]. de l’accuser d’inceste. Il est à noter que cette théorie du fantasme
est parfois encore à l’œuvre en France : des enfants présentant
Goldstein [22] souligne que d’une manière générale, on nomme tous les signes cliniques d’une agression sexuelle subie, y com-
« conflits », ce qui implique que les deux parents sont autant nui- pris des signes de stress post-traumatique, voient leurs déclarations
sibles l’un que l’autre pour l’enfant, des situations de violence considérées comme crédibles, mais certains experts, inquiets des

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conséquences de leurs conclusions, ajoutent qu’on ne peut pas D’une manière générale, l’ensemble des études incluant celles
exclure absolument des fantasmes œdipiens, ce qui entrave la que nous ne citons pas ici indique un taux de fausses allégations
procédure pénale et la mise en place d’une protection cohérente. volontaires variant entre 0,8 et 6 %.
L’article de Green a déclenché une réunion nationale des pédiatres En France, en 2001, une recherche a été demandée par le minis-
et pédopsychiatres américains qui considéraient que les théories tère de la Justice concernant la réalité et la fréquence des fausses
de cet auteur allaient empêcher de protéger des enfants pris dans allégations dans les dossiers de divorce sur 30 000 décisions de
un conflit de garde et qui ont été réellement agressés sexuellement, Juges aux affaires familiales provenant des tribunaux d’Évreux, de
et ils demandaient que des études scientifiques soient réalisées à ce Nanterre, et des dossiers de plusieurs brigades des mineurs. Elle
sujet. conclut à 0,8 % de cas considérés comme de fausses allégations
C’est ainsi qu’en 1987, Jones et McGraw ont passé en revue d’après les tribunaux, et 0,7 % d’après les brigades des mineurs [33].
579 dossiers d’agressions sexuelles signalées aux services de la pro- Depuis, aucune étude n’a eu lieu en France sur les plaintes d’enfants
tection de l’enfance du comté de Denver en utilisant une équipe classées sans suite [34]. Il faut rappeler ici qu’au procès d’Outreau
d’experts en agressions sur mineurs [28]. Ils ont conclu que le taux où la parole des enfants a été fortement remise en cause, 12 enfants
de fausses allégations s’élevait à 5 % pour celles qui étaient indi- sur 15 ayant fait part d’abus sexuels ont été reconnus victimes,
quées par un adulte et à 1 % pour celles faites par l’enfant lui-même. qu’une treizième a attendu sa majorité pour révéler les maltrai-
En 2000, cette étude a été poursuivie, et le taux de fausses alléga- tances à connotation sexuelle subies de la part de ses parents (qui
tions déclarées par un adulte s’élevait à 0,2 % et à 2,5 % provenant avaient été fortement indemnisés. . .), et qu’on ne peut pas exclure
de l’enfant lui-même. Des résultats similaires ont été trouvés par la validité des déclarations des deux dernières victimes.
d’autres chercheurs. Nous avons sollicité le Pr Jean-Yves Hayez, qui a introduit en
Silberg cite trois études de taille importante concernant cette Belgique et en France le Statement Validity Assesment (SVA) de
question [12]. Yuille, protocole international non suggestif, qui, à partir d’items
L’étude de Thoennes et Tjaden concerne 9000 situations de précis, permet d’observer la validité du discours d’un enfant pour
litige de garde provenant de 12 tribunaux des affaires familiales lequel est évoquée la possibilité d’agression sexuelle (traduction
à travers les États-Unis [29]. Des allégations de violences sexuelles par Haesevoets, [35]). Ce pédopsychiatre, considéré comme un
étaient présentes dans 1,9 % des situations. Sur un échantillon de des praticiens ayant le plus d’expérience dans le domaine des
169 cas dans lesquels les données furent recueillies auprès des tra- agressions sexuelles, nous a répondu avoir reçu 300 situations de
vailleurs sociaux familiaux rattachés aux Cours, des magistrats, et mineurs ayant déclaré avoir été l’objet de telles agressions, dont
des professionnels de santé, les accusations étaient portées par 100 adolescent(e)s. Il n’a constaté que quatre situations de fausses
des mères (67 %), des pères (28 %), et des tiers (11 %). Des pères allégations, dont deux lors d’un fort conflit parental. Les deux autres
étaient accusés dans 51 % des cas, mais des allégations étaient éga- concernaient des adolescentes carencées affectivement et maltrai-
lement portées contre des mères, leurs nouveaux partenaires, et tées dans leur enfance qui exprimaient ainsi leur besoin d’amour
des membres de la famille élargie. La validité des allégations a été « dépité » à l’égard d’un adulte, leurs déclarations étaient très floues
confirmée dans 50 % des cas, et pour les 50 % d’allégations non et ne correspondaient à aucun des critères du SVA, aussi n’ont-elles
prouvées restantes, seules 1 % ont été considérées comme délibéré- posé aucun problème diagnostique.
ment fausses, soit dans 0,2 % des situations de divorce et séparations En conclusion, on peut dire que toutes les études sur les fausses
conflictuelles. allégations soulignent la complexité de cette clinique. Il existe des
Schuman a passé en revue plusieurs études et a trouvé un taux allégations justifiées, c’est la majorité des cas ; des allégations incer-
de 1 à 5 % de fausses allégations délibérées, et 14 à 21 % provenant taines où un doute persiste ; des allégations erronées de manière
d’erreurs d’appréciation [30]. Il souligne que les fausses alléga- non intentionnelle souvent liées à la crainte anxieuse d’un parent
tions ne sont pas toujours formulées par des mères qui accusent de bonne foi ; et de fausses allégations volontaires de la part d’un
des pères. Bala et Schuman ont passé en revue les décisions judi- parent présentant souvent des troubles de la personnalité, et par-
ciaires des juges canadiens entre 1990 et 1998 en s’intéressant aux fois dans le but d’attaquer l’autre parent.
affaires impliquant des allégations de maltraitances physiques ou
sexuelles dans un contexte de séparation parentale [31]. Les juges 3.4. Les biais de genre liés au SAP dans les décisions de DVH
ont constaté que les pères étaient plus enclins que les mères à faire
des fausses accusations. Parmi les allégations formulées par des L’étude pilote de Meier [36], professeur de droit de la famille à
mères, seulement 1,3 % étaient considérées par le tribunal comme l’Université de Washington, porte sur 238 situations incluant des
délibérément fausses par rapport à 21 % d’allégations faites par des accusations d’aliénation parentale (AP) et elle est élargie actuelle-
pères et considérées comme délibérément fausses par les magis- ment à plus de situations avec deux chercheurs en double codage.
trats. Elle démontre l’existence, dans les décisions judiciaires, d’un biais
Une autre étude renommée pour son ampleur et sa rigueur de genre en faveur du père, père qui est à l’origine des plaintes pour
s’est intéressée aux fausses allégations de maltraitance et de AP dans 82 % des cas.
négligence formulées au moment de la séparation des parents Quand l’aliénation de l’autre parent est prouvée, le père gagne
[32]. Les chercheurs ont analysé 7672 situations ayant donné dans 95 % des cas, avec changement de garde dans 69 % des cas ; la
lieu à une enquête pour maltraitance (négligences, coups, agres- mère gagne dans 80 % des cas, avec changement de garde dans 25 %
sions sexuelles, maltraitance émotionnelle incluant l’exposition des cas. Donc, le père a 2,6 fois de chances que la mère d’obtenir un
aux scènes de violences conjugales) et constaté que le parent non changement de garde.
gardien, en général les pères, étaient plus susceptibles de faire des En moyenne, dans 38 % des cas où les négli-
fausses allégations que les parents gardiens, en général les mères gences/maltraitances/agressions sexuelles du père sont
(15 % versus 2 %). Plus précisément, sur les 798 allégations d’abus considérées comme véridiques mais où la mère est cependant dite
sexuels, 38 % ont été considérée comme prouvées, 20 % comme aliénante de manière non prouvée, le père gagne quand même.
possibles (« suspected »), 36 % comme sans fondement (« unsub- Les auteurs concluent qu’ils n’avaient pas anticipé qu’alléguer des
stantiated »), et 4 % comme volontairement fausses. Sur ces fausses agressions sexuelles était autant à haut risque pour la mère. Une
allégations volontaires d’agression sexuelle, 0 % étaient du fait des mère perd la garde dans 29 % si elle parle de violences conjugales ;
enfants, ce qui donne toute sa valeur à leurs déclarations sponta- dans 57 % des situations si elle parle de négligence/maltraitances ;
nées. et dans 68 % des cas si elle parle d’agressions sexuelles. « Le

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plus étonnant est que si les négligences/maltraitances/agressions rejeté. Johnston fait remarquer qu’à l’adolescence, le sujet se sent
sexuelles sont prouvées, cela aide peu la mère protectrice, c’est plus fort, plus autonome, plus à distance du conflit parental.
l’accusation d’aliénation parentale qui triomphe ». Souvent, il Le deuxième groupe était composé de 42 enfants opposés au
s’agit de maris violents connus pour retourner leurs enfants contre droit de visite d’un parent. Certains acceptèrent l’organisation de
leur mère. La conclusion est que ces processus sont importants contacts brefs autour d’activités structurées agréables, telles que
à repérer « afin d’expliquer plus tard aux enfants “survivors” voir un film ou participer à une fête familiale. Dans 81 % des cas,
pourquoi ils ont été exposés ». la situation s’est résolue sans obligation judiciaire. Dix-neuf pour
Cette étude confirme celle réalisée par l’Institut national de la cent gardaient des sentiments négatifs à l’encontre d’un parent et
justice [37] dans laquelle les chercheurs ont constaté que seule- refusaient tout contact. Les auteurs indiquent que le « lavage de cer-
ment 35 % des mères qui avaient dénoncé des violences conjugales veau » demeurait la cause la plus rare du refus prolongé de contact,
avaient obtenu la garde exclusive par rapport à 42 % des mères qui bien après les causes citées ci-dessus.
ne l’avaient pas fait. Les seules situations où des faits de violence Concernant l’intervention judiciaire, les auteurs soulignent que
conjugale ont impacté l’agresseur présumé ont été celles où les les adolescents qui avaient été forcés judiciairement à rencontrer
enquêteurs ont constaté l’existence de violences conjugales dont un thérapeute afin de les réconcilier avec le parent rejeté, expri-
la mère n’avait pas parlé. Ils ont alors recommandé deux fois plus maient à l’âge adulte leur colère à l’égard du tribunal ou de ce parent
de contacts protégés pour les enfants. pour leur avoir fait subir une telle épreuve.
En France, certains avocats en arrivent à conseiller à des mères
de ne pas mentionner au tribunal que leur enfant leur a déclaré 5. En conclusion
avoir subi des gestes sexuels de la part de son père, car cela risque-
rait de se retourner contre elles et contre l’enfant. Ces études permettent de comprendre pourquoi, lorsqu’un
On constate comment se sont développées ce qu’on appelle les enfant ou un adolescent refuse tout contact avec un parent à
théories antivictimaires : SAP, théorie du fantasme et de l’enfant l’occasion d‘une séparation du couple parental, il est souhaitable
menteur, fausses allégations, faux souvenirs opposés à la mémoire de renoncer à employer les termes de SAP et d’« aliénation paren-
traumatique (sauf exceptionnellement des faux souvenirs induits tale », car on constate à quel point ils sont dépourvus de fondement
par des thérapeutes incompétents, et leur structure est plus celle de scientifique et peuvent être à l’origine de décisions inadéquates.
fausses convictions sans véritables souvenirs : « je suis sur(e) qu’il Il est préférable d’utiliser les termes d’« emprise » sur l’enfant ou
m’a fait quelque chose mais je ne m’en souviens plus »). La diffusion « d’instrumentalisation » de l’enfant dans les rares cas où ces pro-
de ces théories vient compliquer la compréhension clinique des cessus sont à l’origine du refus de contact. Ce refus de contact a le
processus en jeu. plus souvent d’autres causes, en particulier une attitude éducative
inadéquate du parent refusé.
Quant aux « fausses allégations » de maltraitance physique ou
sexuelle, elles ne représentent que 0,8 à 5 % des allégations.
4. Les recherches sur les suivis au long cours Ces recherches soulignent l’importance des études conjointes
associant des cliniciens et des juges, ainsi que la nécessité d’une
À notre connaissance, la seule équipe ayant réalisé de tels suivis approche clinique très précise de ces situations qui fait l’objet d’une
avec une méthodologie précise est celle de Johnston et al. en Cali- autre publication.
fornie [38]. Leurs études portent sur les situations où, à l’occasion
d’une séparation plus ou moins conflictuelle d’un couple, un enfant
Déclaration de liens d’intérêts
ou un adolescent est réticent à aller chez un parent ou refuse même
tout contact avec lui. Les nuances de leurs recherches rendent sou-
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
haitable leur lecture.
Leur conclusion est qu’avant de parler de manipulation ou
d’emprise parentale, il est nécessaire de faire une analyse pré- Références
cise de la situation car beaucoup de refus de contact ne sont pas
[1] Hayez JY, Kinoo P. Aliénation parentale : un concept à haut risque. Neuropsy-
synonymes d’enfant soumis à une emprise. Dans la plupart des cas
chiat Enfance Adolesc 2005;53:147–65.
de divorce conflictuel, l’hostilité apparue, souvent à l’adolescence, [2] Phelip J. Le livre noir de la résidence alternée. Paris: Dunod; 2006. p. 99–105.
dure entre quelques mois et deux ans, c’est une période transi- [3] Phélip J, Berger M. Divorce, séparation : les enfants sont-ils protégés ? Paris:
toire pendant laquelle l’enfant cherche à se débarrasser ainsi du Dunod; 2012. p. 227–32.
[4] Johnston JR, Kelly J. Pourquoi il faut refuser d’inclure le SAP dans le DSM, 2012.
conflit de loyauté ou à se distancier d’un parent très autoritaire. Paris: Dunod; 2012. p. 227–32 [Traduction in Phélip J, Berger M Divorce, sépa-
En cas de refus prolongé et total, l’analyse des raisons données ration : les enfants sont-ils protégés ?].
par l’enfant pour expliquer ses réticences ou son refus montre [5] Gardner RA. The parental alienation syndrome and the differentiation between
fabricated and genuine child sex abuse. Cresskill, NJ: Creative Therapeutics;
qu’elles sont enracinées sur des inquiétudes chroniques et anté- 1987. p. 69–70.
rieures au divorce concernant le parent « refusé » et qu’elles sont le [6] Gardner RA. True and false accusations of child sex abuse. Cresskill, NJ: Creative
plus souvent valables et liées au fait que ce parent est maltraitant, Therapeutics; 1992. p. 20–6, 47-49.
[7] Gardner RA. Sex abuse hysteria: Salem Witch trials revisited. Cresskill, NJ:
voire violent ; ou gravement négligent ; ou alcoolique ; ou qu’il Creative Therapeutics; 1991. p. 115.
est malade mentalement ou souffre de sérieux troubles de la per- [8] Meier J. A historical perspective on parental alienation syndrome and parental
sonnalité ; ou qu’il tente de manipuler émotionnellement l’enfant. alienation. J Child Custody 2009;6(3):232–57.
[9] Meier J. Parental alienation syndrome and parental alienation: a research
Une autre conclusion est qu’une majorité des enfants reprennent
review; 2013. p. 1–21 [Violence Against Women net.org, Harrisburg, Disponible
contact spontanément avec le parent refusé. sur : URL : http://www.vawnet.org].
Le premier groupe, suivi par Johnston et al., était composé de [10] Waller G. (Producer) Small justice: little justice in America’s family courts
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37 adultes interrogés 15 à 20 ans après les faits et qui avaient
[11] Bruch CS. Parental alienation syndrome and parental alienation: getting it
refusé de rencontrer un parent alors qu’ils avaient entre 4 et 14 wrong in child custody cases. Family Law Quarterly 2001;35:527–52.
ans. Vingt-cinq pour cent avaient été en thérapie de type conseils [12] https://paulbensussan.fr/alienation-parentale/.
familiaux. Vingt-cinq pour cent seulement se souvenaient avoir eu [13] Goudard B. Le Syndrome d’Aliénation Parentale, Thèse de médecine présentée
à l’Université Claude Bernard, Lyon 1 le 22 octobre 2008, non publiée.
des sentiments négatifs envers un parent. À la fin de leur adoles- [14] Bernett B, Von Boch-Galhau W, Joseph K, Kinlan J, Lorandos D, Sauber R, et al.
cence, presque tous ont initié une reprise des contacts avec le parent Parental alienation disorder and DSM-V. Unpublished proposal submitted to

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