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Résumé
Le phosphogypse est un déchet de la production de l’acide phosphorique, constituant de base dans la
fabrication des engrais modernes. La production annuelle de phosphogypse en Tunisie est estimée actuellement à
10 millions de tonnes. Les problèmes de pollution causés par ce sous produit sont cités par plusieurs auteurs à
travers le monde. Après présentation de ce déchet, nous exposons notre démarche de recherche pour une
valorisation dans le domaine routier.
1. Introduction
70 à 80 °C
[Ca3(PO4) 2] 3CaF2 + 10 H2SO4 + 20H2O 6H3PO4 + 10(CaSO4 2H2O) + 2HF
Minerai phosphogypse
Le phosphogypse, séparé de la phase liquide par filtration, est mélangé avec de l’eau et
transporté au lieu de dépôt, généralement sur des terrils à proximité de l’usine. La
composition chimique du phosphogypse dépend principalement de celle du minerai de
phosphate et du procédé de fabrication utilisé.
En tenant compte des impuretés présentes dans les minerais, le rapport entre le
tonnage induit par cette réaction et les réactions secondaires, du phosphogypse et de l’acide
phosphorique (exprimé en P2O5) est de l’ordre de 4.9, Kouloheris (1980).
2. Caractérisation du phosphogypse
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- Impuretés solubles : ce sont des sels ou acides non éliminés par le lavage : après
réaction, le phosphogypse est séparé par filtration suivie de lavage, destinés à
récupérer l’acide qui l’imprègne. Comme les limites économiques (quantité d’eau,
surface de filtration) ne permettent pas un rendement de 100 %, une quantité d’acide
(0.5 à 1 % du P2O5 traité) reste dans le phosphogypse, Davister (1998). En plus du
P2O5 soluble, on trouve du fluor soluble.
- Impuretés insolubles : ces impuretés insolubles proviennent soit :
Radioactivité :
L’uranium, qui se trouve à peu près partout dans le monde et à des teneurs entre 1 et 5
ppm pour la croûte terrestre, est le matériau radioactif qui existe naturellement dans les dépôts
de phosphate dans des concentrations entre 50 et 150 ppm, Chang et al (1990). Plusieurs
minerais de phosphate ont des taux élevés de radioactivité naturelle qui provient
principalement des éléments de désintégration de 238U et 232Th. Les phosphates sédimentaires
contiennent des concentrations élevées en uranium et de faibles concentrations en thorium,
Rutherford et al (1994). Le radium (226Ra : demi-vie = 1600 ans) est le plus abondant des
isotopes du radium dans les minerais de phosphate. Lors du procédé de fabrication, la
majorité de l’uranium est transféré vers l’acide phosphorique alors que le 226Ra apparaît
préférentiellement dans le phosphogypse.
Nous avons effectué une étude des caractéristiques et propriétés chimiques, physiques,
géotechniques et mécaniques du phosphogypse frais et celui stocké depuis des dizaines
d'années sur les terrils de Sfax (Sfar Felfoul et al, 2004 à paraître). Les résultats de cette étude
ont montré :
- une évolution chimique, sans doute rapide, de lavage - dissolution des impuretés, puis un
séchage sur les terrils sans décomposition du gypse en semi hydrate ;
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- Industrie du plâtre.
- Secteur du ciment.
- Agriculture.
- Matériaux de construction.
- Utilisation en technique routière.
Difficultés :
• la sensibilité à l’eau ;
• la difficulté de compactage : le phosphogypse nécessite une énergie de
compactage plus élevée que pour les matériaux traditionnels de remblais ;
• tassements différentiels dus au lessivage du phosphogypse par les infiltrations
locales d’eau.
• fissuration très marquée des remblais expérimentaux, causée essentiellement par
des retraits du phosphogypse ;
• dangers de pollution à long terme des réserves d’eau souterraines par migration des
impuretés contenues dans le phosphogypse ;
Mélangé ou non avec d’autres matériaux granulaires, traité ou non avec un liant. Si nous
nous basons sur les études américaines faites sur des formulations au laboratoire ou/et sur des
tronçons de routes expérimentales nous pouvons conclure que le phosphogypse est apte à
subir des traitements et à acquérir les performances mécaniques exigées, Sfar Felfoul et al
(2002a). Cependant, si nous nous basons sur les expériences françaises, les résultats sont
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moins encourageants. Nous pensons que le climat (surtout la pluviométrie) a une grande
influence sur les routes expérimentales.
Parmi toutes les pistes de valorisation possibles, notre analyse bibliographique nous
amène à penser que la filière la plus réaliste pour la Tunisie est celle des techniques routières
(remblais, assises de chaussées, pistes peu circulées,…). Toutefois, la littérature rapporte que
dans ce domaine d’emploi des réussites aussi bien que de graves échecs ont été enregistrés : il
semble que les mauvais résultats ont toujours été obtenus sous des climats pluvieux.
Nous avons mélangé le phosphogypse avec certains matériaux (laitier, sol, sable
siliceux, sable de concassage, chaux, ciment), puis étudié les résistances mécaniques obtenues
(compression et traction par fendage), (Sfar Felfoul et al (2002c) et autres résultats non encore
publiés). Les résultats montrent d’une part, des améliorations des résistances à la compression
et à la traction par fendage des formulations par rapport à celles du phosphogypse brut,
d’autre part de meilleurs comportements à l’immersion.
5.3. Étude de l’influence du climat sur le niveau et la permanence des propriétés mécaniques
des formulations étudiées
Nous avons étudié la durabilité sur 90 jours, d’une formulation de matériaux à base de
phosphogypse. Cette étude montre que :
- cette formulation est durable pour un climat ayant une faible pluviométrie ;
- une faible pluie améliore les résistances par rapport à un climat totalement sec.
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Références
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Florioda Institute Phosphate Research (FIPR) publication n° 01-068-070, University of Miami, ISBN 87024-
328-4, 1990.
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l’IFA, Marrakech, Maroc, Septembre 1998.
KOULOHERIS A. P. 1980. Chemical nature of phosphogypsum as produced by various wet phosphoric acid
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dans les terrils de Sfax (Tunisie): influence de la durée de stockage, à paraître.
SFAR FELFOUL H., CLASTRES P. & BEN OUEZDOU M. 2002a. La valorisation du phosphogypse en
technique routière, Ecole Franco Maghrébine sur les Phosphates et les Composés du Phosphore, Monastir, 9-11
mars 2002.
SFAR FELFOUL H., CLASTRES P., CARLES GIBERGUES A. & BEN OUEZDOU M. 2001. Propriétés et
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SFAR FELFOUL H., CLASTRES P., CARLES GIBERGUES A. & BEN OUEZDOU M. 2002b. Propriétés et
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