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Introduction

Le tabagisme préoccupe davantage la communauté internationale du fait de la forte


augmentation de la consommation de tabac chez les adolescents surtout écoliers. Le tabagisme
constitue une cause majeure de mortalité dans le monde avec plus de 4 millions de décès
rapportés chaque année par l’OMS.

Ce fléau préoccupe davantage la communauté internationale du fait de la forte augmentation de


la consommation de cigarettes et d’autres formes d’usage du tabac chez les enfants et les
adolescents dans le monde entier et d’autant plus que ceux-ci commencent à fumer de plus en
plus jeunes étant sur les bancs de l’école.

I) Les causes de ce fléau


1) Environnement du fumeur
a) Tabagisme des parents
Les trois quarts des élèves fumeurs ont déclaré avoir au moins un membre de la famille qui
fume. Il s’agissait du père (70 %), du frère (20 %), du père et du frère (10 %).
b) Réaction des parents
Plus de la moitié des élèves fumeurs enquêtés (71,3 %) ont affirmé qu’ils ont été réprimandés par
les parents. Cependant 6 % des élèves ont été encouragés dans leur tabagisme par l’attribution de
l’argent du tabac et 22,7 % des parents étaient indifférents.
c) Lieu de consommation du tabac
Les lieux de prédilection pour la consommation de la cigarette étaient l’école (68 %), les bars
(22 %) et le domicile (10 %).
Dans les établissements, 75 % des élèves ont déclaré fumer en présence des éducateurs
(surveillants, enseignants) et avec eux dans 5 % des cas. La grande majorité des élèves (96 %) a
déclaré avoir au moins un enseignant qui fume en classe.
d) Influence des mass media sur les élèves fumeurs
La majorité des fumeurs (80,8 %) ont déclaré avoir commencé la consommation de la cigarette
par l’action des médias. Dans 70 % des cas, ils ont été influencés par les activités de sponsoring
du sport et dans 30 % par des spots publicitaires. Les 3/4 des élèves fumeurs possédaient des
gadgets publicitaires sur le tabac.
2) Caractéristiques générales des fumeurs
a) L’âge des fumeurs
L’âge moyen d’initiation au tabagisme dans notre étude était de 13 ans. Cet âge est comparable à
celui d’autres auteurs Burkinabé et à l’âge moyen d’initiation au tabagisme en France. Nous
avons cependant noté une initiation précoce à 8 ans. Dans notre pays, l’âge d’initiation au tabac
correspond au début des études secondaires et de la puberté. Selon Choquet le tabagisme est une
épidémie pédiatrique puisque la majorité des fumeurs s’initie au tabac dès l’adolescence.
L’âge des fumeurs au moment de l’enquête se situait entre 14 et 24 ans avec une concentration
entre 14 et 19 ans. Cette tranche d’âge correspond à l’adolescence et a été également notée par
certains auteurs. Nous pouvons dire comme ces auteurs que les perturbations psychologiques
liées à l’adolescence expliquent ce constat. En effet le désir d’appartenir à un groupe d’amis avec
des besoins de vaincre la timidité, la recherche d’une personnalité à travers les vedettes fumeurs
que la publicité sur le tabac valorise et le tempérament oppositionnel en réaction à l’attitude trop
autoritaire des parents surtout fumeurs semblent être autant de facteurs qui poussent l’adolescent
dans le tabac.
b) Le sexe
Le tabagisme des filles était faible dans notre étude : 4 %. Cette observation paraît habituelle en
Afrique. Cette faible prévalence des fumeuses s’explique par la place qu’occupent les femmes
dans la société africaine en général et burkinabè en particulier. Ce statut à lui conféré par la
société lie intimement sa vie à celle de la mère dont la place dit-on est au foyer, donc sous la
surveillance de la famille. Le garçon est plus libre, ce qui l’expose aux vices sociaux dont le
tabagisme.
Dans les pays développés le tabagisme des filles est en passe de dépasser celui des garçons. Ce
constat peut être lié à l’émancipation des femmes et à l’éducation familiale qui ne diffère pas
selon le genre dans ces pays.
c) Les motifs d’initiation à la consommation de cigarettes
Derrière « l’imitation de l’entourage, les facteurs subjectifs tels que : « pour vaincre la peur et la timidité » « pour
lutter contre les nausées » et « pour rester éveillé » ont été évoqués par les élèves comme motifs de leur
tabagisme. Les mêmes facteurs ont été retrouvés par les différents auteurs avec des fréquences variables selon les
études.
Ainsi, l’initiation au tabagisme se fait dans une large mesure par le biais des camarades et dans une moindre
mesure en famille. Les jeunes n’ont généralement pas une connaissance exacte des effets du tabac et n’ont
surtout pas conscience des risques qu’ils courent à travers la recherche d’un hypothétique bien être. Ils finissent
par être piégé par le tabac et sa nicotine et rentrent dans le cercle infernal de la dépendance du tabac. Le
tabagisme devient donc un comportement renforcé par une dépendance dont la nicotine est responsable, en raison
de ses propriétés psycho-actives.
II) Les conséquences
1) conséquences sur la santé
La grande majorité des élèves fumeurs (82,4 %) de notre étude connaissait la nocivité du tabac
sur la santé. La toux (83,8 %) et le cancer du poumon (79,8 %) ont été les maladies causées par
le tabac les plus cités par les élèves. Ces mêmes constats ont été faits par différents auteurs avec
des fréquences variables. La connaissance des effets du tabac sur la santé ne semble donc pas
prémunir du tabagisme.
2) Conditions économiques
Les enfants des fonctionnaires (43,6 %) suivis de ceux des commerçants (21,6 %) étaient les plus
représentés. Par ailleurs, la majorité des fumeurs possédaient un moyen de déplacement et
recevaient de l’argent de poche quotidiennement. S’il est difficile d’apprécier le revenu d’une
famille à partir de la profession du chef de ménage, la possession d’un moyen de locomotion et
d’argent de poche quotidien reflète assez bien le pouvoir d’achat élevé des élèves fumeurs. Ils
peuvent donc supporter les dépenses qu’occasionne le tabagisme et « subventionnent » souvent
les élèves plus démunis qui finissent par s’accoutumer. Ces observations sont partagées par
d’autres auteurs. Ainsi dans notre étude les élèves dépensaient en moyenne 270 francs par jour
pour le tabac soient 8 100 francs par mois et près de 100 000 francs par an.
3) Difficultés scolaires
Dans notre étude, plus de la moitié des élèves fumeurs avaient redoublé au moins une classe et la
moitié avait une moyenne de classe inférieure à 10/20 au cours du trimestre précédent l’enquête.
La relation entre le tabagisme des élèves et leurs difficultés scolaires a été rapportée par
Sondo en milieu rural au Burkina en 1994. Cette observation pourrait s’expliquer par le fait que
les élèves fumeurs sont souvent des élèves indisciplinés qui indépendamment du tabagisme
auraient de mauvais résultats scolaires. Aussi les élèves médiocres auraient tendance à
rechercher les effets stimulants du tabac et de lutte contre l’angoisse supposés du tabac.

4) L’environnement du fumeur
Seulement 28 % des élèves fumeurs vivaient avec leurs parents géniteurs. Ces conditions de vie
pourraient favoriser un manque d’affection et de rigueur dans l’éducation des adolescents par les
tuteurs. Selon Harrabi en Tunisie, le tabagisme des élèves est associé à l’absence de la mère au
foyer du fait d’un manque de contrôle maternel à la maison. Certains auteurs affirment que les
facteurs sociaux que sont essentiellement les mauvaises conditions de vie, la séparation des
parents, leur mésentente exposent les adolescents au tabagisme du fait qu’ils n’ont pas un cadre
adéquat pour leur développement psychoaffectif.
L’école (68 %) était le lieu privilégié des élèves pour fumer. Ensuite, venaient les bars (22 %)
puis les domiciles (10 %). La consommation de tabac dans l’enceinte des établissements
secondaires reste forte malgré l’interdiction officielle faite aux élèves d’y fumer. Le laxisme
dans l’application de cette mesure et les mauvais exemples donnés par certains éducateurs en
fumant devant et avec les élèves pourrait expliquer le comportement des élèves. Par ailleurs
certains élèves fumaient à la maison. Ce qui sous-entend une certaine tolérance des parents ou
tuteurs à l’égard du tabagisme des adolescents. Bien que la majorité (71,3 %) des élèves ait
déclaré avoir été réprimandée par leurs parents, il apparaît que le tabagisme dans
l’environnement familial favorise le tabagisme des adolescents comme rapportés par de
nombreux auteurs. Dans notre étude, 75 % des élèves fumeurs avaient au moins un membre de la
famille fumeur.
III) Les solutions
10 mesures efficaces contre le tabagisme
1. Interdire la fumée du tabac au travail et dans les lieux publics (gares, restaurants, etc.). Il s'agit tout d'abord de
protéger les personnes présentes contre le tabagisme passif. De plus, le fait que les endroits et les moments où il
est possible de fumer deviennent rares conduit certains fumeurs à arrêter, ou en tout cas à réduire leur
consommation. Et la non-banalisation de la consommation de cigarettes exerce un effet préventif, surtout à
l'égard des jeunes qui sont privés de modèles adultes… qui fument. Enfin, il faut rappeler que là où la fumée du
tabac a été interdite dans les cafés et les restaurants (certains Etats américains et australiens), il n'y a pas eu de
réduction du chiffre d'affaires des cafetiers.
2. Augmenter le prix du paquet de cigarettes. Il est prouvé que cette mesure réduit non seulement le nombre de
fumeurs, mais aussi le nombre de cigarettes consommées par les fumeurs restants. Les adolescents, en raison de
leur budget réduit, sont particulièrement sensibles au prix des cigarettes. Généralement, une augmentation de
10% conduit à une réduction du tabagisme de 4% chez les adultes et de 6% chez les mineurs. Chaque
augmentation importante devrait être accompagnée d'une campagne d'information et de mesures de lutte contre la
contrebande.
3. Campagnes d'information. Certaines campagnes à l'intention du grand public (radio, télévision, affichage…)
réussissent à réduire la proportion de fumeurs dans une population donnée. Lorsque les résultats sont bons, c'est
généralement grâce aux personnes qui arrêtent de fumer, et plus rarement grâce à celles qui renoncent à devenir
fumeurs. Les analyses montrent que les interventions les plus efficaces combinent plusieurs médias et/ou actions,
et s'étendent sur une durée relativement longue (plusieurs mois). Les messages doivent être originaux, bien
présentés, percutants et inattaquables sur le plan scientifique. Dans les écoles, en revanche, même les meilleures
campagnes ne semblent avoir aucun effet durable sur les comportements.
4. Interdire la publicité, même indirecte. Dans les médias, mais aussi dans la vie de tous les jours, un subtil
glissement s'est opéré au cours des dernières années. Face aux limites imposées à la publicité directe, les
fabricants de cigarettes ont investi dans le "placement" de leurs produits dans le monde du sport, de la mode, du
spectacle, etc. (des acteurs de cinéma acceptent de l'argent pour être filmés en train de fumer). Mais l'interdiction
de la publicité indirecte nécessite des accords entre gouvernements, ainsi que des moyens de contrôle efficaces.
5. Emballages ternes et "génériques". Autre conséquence des limites imposées à la publicité directe: le paquet de
cigarettes lui-même est devenu un vecteur publicitaire primordial (il suffit de le déposer sur la table d'un café
pour qu'il exerce son effet). L'importance des emballages est confirmée par la résistance acharnée des fabricants
contre les tentatives d'introduire des paquets "génériques", dépourvus d'illustrations et qui se ressemblent tous.
L'obligation d'utiliser de tels paquets permettrait de casser l'image de bonheur, d'indépendance et de réussite
sociale que les fabricants essaient d'associer à la consommation de leurs produits.
6. Intervenir dans les points de vente. De plus en plus, les points de vente sont aménagés dans le but d'augmenter
l'impact visuel des paquets de cigarettes, qui couvrent parfois des murs entiers. La publicité au point de vente
pourrait aussi être limitée au moyen d'une loi comme celle en vigueur dans un Etat australien (Western
Australia), qui oblige les affiches à porter un message de prévention sur au moins 50% de leur surface. Suite à
l'introduction de cette loi, on voit peu d'affiches dans les points de vente de cet Etat…
7. Les traitements individuels qui fonctionnent. Il existe trois méthodes -combinables entre elles - qui permettent
de doubler ses chances d'arrêter de fumer: les conseils personnalisés (médecins, infirmiers), les substituts
nicotiniques (gommes, patchs, tablettes) et le zyban (bupropion). Il faut donc encourager l'utilisation de ces
traitements, et éviter qu'ils soient trop chers ou trop difficiles d'accès.
8. Appliquer les lois existantes. Il faut que les lois, par exemple celles interdisant la vente aux mineurs, soient
réellement appliquées. En parallèle, un effort de communication doit être effectué pour faire savoir que des
contrôles réguliers ont lieu et que les contrevenants sont systématiquement punis.
9. Durcir la loi. Les cigarettes sont soumises à des règlements bien moins sévères que ceux qui régissent le
marché de la nourriture ou des médicaments. Les substances permettant d'arrêter de fumer doivent passer par une
procédure d'acceptation longue et coûteuse, qui est justifiée mais qui n'a jamais été appliquée à la cigarette. Le
régime d'exception dont bénéficie ce produit toxique dont les ingrédients restent inconnus n'est pas tolérable. La
loi doit donc être changée.
10. Répondre à la propagande. Les mensonges de l'industrie du tabac doivent être dénoncés publiquement et
leurs responsables déférés devant les tribunaux. Plusieurs sociétés ont déjà été condamnées pour de tels
agissements dans plusieurs pays (notamment aux Etats-Unis et en Australie). De telles condamnations sont
importantes, car elles nuisent à l'image des entreprises et de leurs produits.

Conclusion
Le tabagisme reste fréquent chez les élèves au Burkina Faso et partout ailleurs en Afrique.
Certains facteurs paraissent être des facteurs favorisant en attendant une confirmation par des
études analytiques de causalité. Il s’agit des conditions économiques favorables, de la faible
autorité des parents ou tuteurs éducateurs, du manque de rigueur dans l’application des textes
réglementaires dans les établissements et des difficultés scolaires. La prise en compte de ces
différents facteurs devrait permettre de réduire le tabagisme en milieu scolaire. Il faut donc que
tous les acteurs et en particuliers les décideurs acceptent de jouer pleinement leur rôle comme
c’est le cas dans certains pays du nord avec l’interdiction de fumer dans les lieux publics.

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