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Conceptions Avancées de

Ponts
Par M. KILARDJ
Chapitre 1

Les ponts à tablier mixte

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Introduction

Les ponts mixtes sont des ponts dont le système porteur est constitué de
poutres métalliques à âme pleine et dont la couverture est une dalle
en béton armé participante. Ils représentent la famille la plus
nombreuse de ponts métalliques. [1]

La gamme usuelle de portées pour les ponts mixtes va de 30 à 110 m


environ pour les travées continues et de 25 à 90 m environ pour les
travées indépendantes. Au-delà de ces portées, il est plus économique
de changer de conception. [1]

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Les ponts mixtes sont les ponts métalliques les plus courants et les plus
compétitifs. Ils sont constitués d’au moins deux poutres en forme de I, ou de
caissons. Les poutres sont connectées à la dalle de couverture en béton armé et
sont solidarisées entre elles par des entretoises métalliques espacées de 8 à 10
mètres ou par des pièces de pont plus rapprochées (3 à 4 mètres) qui sont liées à
la dalle de couverture. [2]

Figure. 1. Ponts mixtes [2]

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Indépendamment de la structure porteuse métallique, il faut également distinguer
la nature de la dalle de couverture.
La couverture la plus courante est une dalle en béton armé de 20 à 25 cm
d’épaisseur connectée aux semelles supérieures des poutres métalliques par des
goujons ou des cornières. [2]

Figure. 2. Dalle participante [2]

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Les ponts mixtes les plus couramment utilisés sont :

1- Les ponts bipoutre 2- Les ponts caisson

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Le choix entre ces deux profils dépend des caractéristiques de l’ouvrage et du
mode de construction. Sachant que les caissons ont une meilleure résistance à la
torsion que les profils en I. Ils sont donc utilisés de préférence dans les ponts
courbes ou biais. Ils permettent aussi le franchissement de plus grandes portées
que les poutres en I. Mais ils sont plus coûteux car plus lourds et plus difficiles à
fabriquer que les poutres en I. [2]

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Pont bipoutre mixte

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Pont bipoutre mixte [4]
Les ponts bipoutres mixtes sont constitués :
- De deux poutres métalliques en I, généralement de hauteur constante
- D’une dalle en béton armé connectée

Le domaine d’emploi de ces ouvrages correspond aux portées de 25 à 110 mètres.


Les portées maximales, pour les travées continues, dépassent rarement 110 m,
mais le record mondial est de 150 m. Pour les travées indépendantes, la portée
maximale dépasse rarement 90 m.

L’élancement Hp/L économique est :


- Pour les travées indépendantes : 1/22
- Pour les travées continues :
- De hauteur constante : 1/28
- De hauteur variable : 1/25 sur appui et 1/40 à 1/50 à la clé

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Pont bipoutre mixte

1. caractéristiques du tablier

Le tablier est la partie de l’ouvrage qui transmet les charges au systèmes porteur. Un
tablier mixte est constitué par l’association d’une ossature métallique et d’une dalle
en béton armé par l’intermédiaire de connecteurs empêchant le glissement et le
soulèvement de la dalle par rapport à l’ossature. [1]

Tablier = Ossature + Couverture

L’ossature d’un tablier peut comporter les éléments suivants :


 Des longerons, qui sont des poutres secondaires en I parallèles aux poutres
principales dont le rôle est de reporter sur les pièces de pont les charges qui leur
sont appliquées par l’intermédiaire de la couverture. [2]

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Pont bipoutre mixte

Figure. 3. Longerons, pièces de ponts et entretoises


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Pont bipoutre mixte
 Des pièces de pont, qui sont des poutres transversales en I destinées à
transmettre aux poutres principales les efforts transmis soit directement par la
couverture, soit par l’intermédiaire des longerons. Les pièces de pont servent
aussi d’entretoise car elles répartissent les charges entre les poutres principales
et assurent en partie leur contreventement.

Plusieurs solutions sont donc envisageables :

 Lorsque les poutres principales sont suffisamment rapprochées (distance


inférieure à 4 m), la dalle repose directement sur les poutres principales qui sont
entretoisées par des poutres triangulées ou en I, espacées tous les 8 m environ.
Les entretoises peuvent même être supprimées lorsque la portée déterminante de
l’ouvrage est faible (moins de 30 m), l’entretoisement étant alors assuré par la
dalle et les entretoises sur appuis. [1]
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Cas d’une chaussée
monodévers

Cas d’une chaussée à dévers


en toit

Figure. 4. Bipoutre à entretoises [5]

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 Lorsque les poutres principales sont très espacées, deux conceptions sont
possibles :

o Soit appuyer la dalle longitudinalement sur les poutres principales et


transversalement sur des pièces de pont espacées tous les 4 m environ. La
dalle a alors une épaisseur constante (20 à 25 cm). [2]

Figure. 5. Dalle à
épaisseur
constante
soutenue par des
pièces de pont [2]
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o Soit appuyer la dalle uniquement sur les poutres principales. La dalle est alors
d’épaisseur variable et les poutres sont entretoisées par des poutres en I,
espacées tous les 8 m environ [2]. Une variante à cette dernière solution
consiste à utiliser des longerons afin de diminuer la portée transversale de la
dalle. [1]

Figure. 6. Dalle à
épaisseur variable
soutenue par les
poutres
entretoisées [2]
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Cas d’une chaussée
monodévers

Cas d’une chaussée à dévers


en toit

Figure. 7. Bipoutre à pièces de pont avec consoles [5]

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Pont bipoutre mixte

Figure. 8. Bipoutre à pièces de pont sans console (cas d’une chaussée monodévers) [5]

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Pont bipoutre mixte
Le S.E.T.R.A [4] préconise ceci :

Figure. 9. Ouvrage de faible largeur

Largeur de dalle < 14 m

Entretoises à mi-hauteur, Dalle en béton


espacées de 8 m environ armé
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Pont bipoutre mixte

Figure. 10. Ouvrage de grande largeur

Largeur de dalle > 14 m

Pièces de pont, espacées Dalle en béton armé avec


de 4 m environ précontrainte transversale

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Pont bipoutre mixte

Dans les ouvrages continus, les poutres peuvent être de hauteur constante ou
variable. La hauteur variable s’impose dans les grandes portées car elle permet
d’économiser de l’acier, et lorsqu’il existe des conditions de gabarit sévère. [2]

Figure. 11. Pont à hauteur variable (Pont Guillaume le conquérant à Rouen [2]

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La couverture d’un tablier de pont mixte est une dalle en béton armé participante.
Participante car elle est connectée aux poutres métalliques et aux pièces de pont
pour participer à la résistance en flexion [4]. L’association du béton et de l’acier,
comme dans le béton armé, crée une structure résistante à la flexion d’ensemble de
l’ouvrage. La dalle a ainsi deux fonctions : elle transmet les efforts locaux à
l’ossature et elle participe à la résistance à la flexion d’ensemble de l’ouvrage. Elle
joue également un rôle de contreventement, conférant à l’ensemble de la charpente
une grande rigidité transversale. [2]

Remarque : Sans connexion, la dalle s’appuierait simplement sur la poutre qui


supporterait seule la flexion d’ensemble [4].

la dalle de couverture repose donc sur l’ossature, sa face supérieure épouse le


profil en travers. On réalise aujourd’hui des dalles d’épaisseur constante (de 18 à
25 cm) ou variable. On peut réaliser aussi lorsque les encorbellements sont grands,
des dalles précontraintes transversalement. [2]

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Pont bipoutre mixte

2. Prédimensionnement

2.1. Prédimensionnement des Bipoutres à entretoises [5]

Le tableau 1 donne, pour des bipoutres à entretoises et avec les notations de la


figure.12, des éléments de prédimensionnement de la charpente et de la dalle.
Dans ces relations, X est la longueur des travées courantes ou, en cas de travées
inégales, la longueur pondérée des deux plus grandes travées consécutives :

X = (2 × 𝑙𝑖 + 𝑙𝑖+1 )/3 pour 𝑙𝑖 > 𝑙𝑖+1

En cas de travée isostatique :


X = 1.4 × 𝑙

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Pont bipoutre mixte

Figure. 12. Paramètres du dimensionnement d’un bipoutre à entretoises [5]

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Pont bipoutre mixte

Tableau. 1. prédimensionnement des bipoutres à entretoises [5]

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Pont bipoutre mixte

Tableau. 1. prédimensionnement des bipoutres à entretoises [5]

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Pont bipoutre mixte

2. Prédimensionnement

2.2. Prédimensionnement des Bipoutres à pièces de pont [5]

Le tableau 2 donne, pour des bipoutres à pièces de pont et avec les notations de la
figure.13, des éléments de prédimensionnement de la charpente et de la dalle.

Les notations utilisées sont identiques à celles du prédimensionnement des bipoutres


à entretoises.

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Pont bipoutre mixte

Figure. 13. Paramètres du dimensionnement d’un bipoutre à pièces de


pont (à gauche, avec consoles ; à droite, sans console) [5]
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Pont bipoutre mixte

Tableau. 2. prédimensionnement des bipoutres à pièces de pont [5]

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Pont bipoutre mixte

Tableau. 2. prédimensionnement des bipoutres à pièces de pont [5]

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Pont bipoutre mixte

3. Méthode d’analyse

Avant d’attaquer l’analyse d’un pont mixte (ou tout autre type de pont d’ailleurs), il
faut d’abord connaitre la méthode et les différentes phases de construction de ce
pont.

3.1. Phasage de construction

Les hypothèses concernant les phases de construction sont importantes pour tout les
calculs et les vérifications pendant la mise en place de l’ossature métallique et en
cours de bétonnage. Le calcul des sollicitations dans le tablier doit tenir compte des
phases de construction.

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Pont bipoutre mixte

Le phasage de construction suivant a été retenu : [3]

1. Mise en place de la charpente métallique,

2. Coulage en place des plots du hourdis supérieur par pianotage :

Exemple d’un pont de 200 m de longueur


La longueur totale de 200 m a été découpée en 16 plots de bétonnage identiques de
12.5 m de long. Ils sont coulés dans l’ordre indiqué sur la figure 14. Le poids propre
de l’équipage mobile est pris en compte dans les calculs à hauteur de 2 kN/m².
Le début du coulage du premier plot correspond à l’origine du temps (t = 0) dont la
définition est nécessaire pour déterminer les âges respectifs des plots de béton.

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Figure. 14. Ordre de bétonnage des plots du hourdis en béton [3]

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Pont bipoutre mixte

Le temps de réalisation de chaque plot est évalué à 3 jours ouvrables. Le premier


jour est consacré au bétonnage, le deuxième jour à la prise du béton et le troisième
jour au déplacement de l’équipage mobile. Cette séquence permet de respecter une
résistance minimale du béton de 20 MPa avant décoffrage. Cette mesure permet de
ne pas endommager un béton partiellement durci dont le fonctionnement en mixte
serait sollicité par les phases ultérieures de bétonnage.
La dalle est ainsi complètement réalisée en 66 jours (incluant les jours chômés de
fin de semaine).

3. Mise en place des superstructures (figure 15) :


Elle est supposée terminée en 44 jours de façon que le tablier soit entièrement
réalisé à la date t = 66 + 44 = 110 jours. [3]

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Pont bipoutre mixte

Figure. 15. Détails des superstructures [3]


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Pont bipoutre mixte

3.2. Calcul des sollicitations et contraintes

3.2.1. Modèle de calcul numérique [3]

Pour le calcul de flexion longitudinale, le tablier est modélisé sous la forme d’une
file continue de barres, placée au niveau de la fibre moyenne de la poutre maitresse
modélisée, et posée sur des appuis simples au niveau des piles et culées. Par rapport
à une référence fixe (qu’on peut par exemple attacher au profil en long final de la
chaussée), cette fibre moyenne évolue tout au long du calcul selon les
caractéristiques mécaniques (sections et inerties) affectées aux barres du modèle. En
effet, plusieurs coefficients d’équivalence différents sont à considérer et une section
donnée peut être mixte ou non, avec un béton fissuré ou non, suivant les phases de
l’analyse globale.

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Pont bipoutre mixte

En plus des sections sur piles, culées et à mi- travées, certaines sections particulières
du tablier méritent de figurer en extrémités de barres : [3]

• Aux quarts et trois-quarts de chaque travée (pour la définition des largeurs


efficaces de dalle pour le calcul des contraintes),
• Aux extrémités de chaque plot de bétonnage de la dalle,
• Au changement de sections de répartition des matières.

Chaque cas de charge est introduit sur le modèle affecté des caractéristiques
mécaniques lui correspondant. Le calcul des sollicitations est réalisé cas de charge
par cas de charge.

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Pont bipoutre mixte

Le positionnement, longitudinal et transversal sur le tablier, des charges et


surcharges est réalisé de façon à obtenir l’effet le plus défavorable pour la poutre
maîtresse étudiée.
Une poutre maîtresse est celle qui conduit aux calculs les plus défavorable. La ligne
d’influence à charger dans le sens longitudinal est définie classiquement par la
position de la section étudiée dans la longueur du tablier et par le type de
sollicitation calculé.
La figure 16 représente un exemple concret du choix de la poutre maîtresse :
La largeur de la chaussée entre nus des longrines atteint 11m. On peut y loger 3
voies de circulation de 3m de large et une aire résiduelle de 2m de large.
Compte tenu de la symétrie transversale de l’ouvrage, on n’étudie que la poutre N°1
pour laquelle les voies sont alors disposées de la façon la plus défavorable selon le
schéma de la figure 16.

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Pont bipoutre mixte

Figure. 16. Exemple de disposition des voies de circulation pour le calcul de la poutre N°1 en flexion longitudinale [3]

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Pont bipoutre mixte

3.2.2. Combinaisons d’actions [3]

Le pont est à vérifier pour les situations suivantes :

Situations de projet transitoires :


- Charpente seule sous son poids propre (avec différentes phases suivant les étapes
choisies pour le montages),
- Fin du bétonnage de chaque plot de dalle (16 situations dans l’exemple),
- Mise en œuvre d’éventuelles dénivellations d’appuis ;

Situations de projet durables :


- À la mise en service (état du pont en fin de construction),
- En fin de durée de vie, c’est-à-dire 100 ans (état considéré comme l’infini dans
les calculs);
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Pont bipoutre mixte

Situations de projet accidentelles :


- Séisme,
- Chocs,
- Autres.

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Pont bipoutre mixte

4. Justifications des sections aux états limites [3]

4.1. Justifications des sections mixtes aux ELU autres que la fatigue

Une section mixte doit être vérifiée à l’ELU vis-à-vis de :

- La résistance en section,
- La résistance au voilement par cisaillement,
- La résistance au lancement (en phase de construction),
- La résistance au glissement (connexion),
- La résistance en fatigue,
- La résistance au déversement.

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Pont bipoutre mixte

4.2. Justifications à l’ELU de fatigue

La vérification à la fatigue consiste à s’assurer que la probabilité de ruine d’un


ouvrage par propagation de fissure à l’intérieur d’un composant du tablier soumis à
des variations répétées de contraintes reste faible. Pour ce faire, il convient de
retenir la méthode de la durée de vie sure.

Les composants à vérifier en fatigue dans un pont mixte sont :


- La charpente métallique et ses connecteurs,
- Les armatures passives de la dalle,
- Le béton de la dalle.

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Pont bipoutre mixte
4.3. Justifications des sections aux ELS

Les justifications d’un pont aux ELS permettent :


- D’assurer son fonctionnement correct en service,
- D’assurer le confort des personnes,
- De limiter les déformations affectant son aspect,
- De limiter ses vibrations,
- De maîtriser les dommages nuisant à son aspect, sa durabilité ou sa fonction.

À l’ELS, en flexion longitudinale générale, il convient de vérifier :


- Les limitations sur les contraintes dans la charpente, les aciers passifs et le béton,
sous combinaison ELS caractéristique,
- La maîtrise de la fissuration du béton de la dalle,
- La respiration de l’âme.
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Pont bipoutre mixte

4.4. Justifications locales de la dalle en béton

La dalle en béton doit faire l’objet des justifications suivantes :

- La mise en œuvre d’un ferraillage de non-fragilité,


- La limitation des contraintes sous ELS caractéristique,
- La limitation de l’ouverture des fissures sous ELS quasi-permanent,
- La résistance en flexion à l’ELU,
- La résistance au poinçonnement,
- La résistance à l’effort tranchant vertical à l’ELU,
- La résistance à l’effort tranchant longitudinal à l’ELU,
- La résistance au cisaillement au droit des joints de la dalle,
- Les règles de cumul d’armatures.

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Pont bipoutre mixte

5. Connexion

La liaison acier béton est assurée par des organes spécifiques appelés connecteurs.
En effet, l’adhérence acier-béton sans ces connecteurs est trop faible pour résister
aux efforts de glissement et de soulèvement de la dalle. Ces connecteurs peuvent
être constitués par des arceaux, des cornières ou des goujons verticaux, soudés sur
les semelles supérieures à l’aide de pistolets suivant des procédés automatiques et
fonctionnant par ancrage, mise en butée ou cisaillement (figure 17). À noter que les
connecteurs à arceaux, bien que très satisfaisants sur le plan mécanique, ont été
progressivement abandonnés à cause de leur prix de revient. [1]

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Figure. 17. Trois types de connecteurs [2]
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Pont bipoutre mixte

Désormais, la connexion est, pour la très grande majorité des ponts, assurée par des
goujons, c’est-à-dire des tiges cylindriques de faible diamètre soudées avec un
pistolet, selon un procédé semi-automatique. En effet, les poutres principales sont de
plus en plus souvent assemblées avec des machines automatiques imposant le
soudage des connecteurs. De ce fait, le soudage des cornières ou des arceaux
engendre des déformations très difficiles à corriger, ce qui n’est pas le cas avec des
goujons.
Les goujons utilisés sur les ponts mixtes sont le plus souvent des tiges de 22mm de
diamètre surmontées par une tête de 25mm de diamètre et de 10mm de hauteur. La
hauteur totale la plus courante est de 200mm mais des hauteurs de 150, 175 ou
encore 225mm sont parfois nécessaires pour ancrer la connexion au-dessus de la
nappe d’armatures passives inférieure. [5]

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Pont bipoutre mixte

Les goujons sont mis en œuvre à l’aide d’un pistolet à goujons, outil spécifique
alimenté par un courant électrique. Lorsque le goujonneur déclenche le pistolet, un
électro-aimant fait remonter légèrement le goujon jusqu’à la création d’un arc
électrique de forte intensité qui a pour effet de faire fondre localement l’acier de la
tôle et celui du goujon. Ce dernier est alors enfoncé dans la semelle avant
resolidification de l’acier. [5]

Lorsque les poutres principales ne sont pas reconstituées avec des machines
automatiques, la connexion peut aussi être exécutée à l’aide de tronçons de cornières
soudés sur les semelles supérieurs avant assemblage de ces dernières avec les âmes
des poutres principales. Dans ce cas, il s’agit le plus souvent de tronçons de 150 à
200mm de cornières à ailes égales des séries 120 x 120 à 160 x 160 en acier.

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Pont bipoutre mixte
En construction, certains connecteurs peuvent constituer une gêne pour
l’implantation de certains dispositifs de montage, en particulier lorsque la charpente
est posée à la grue. Dans ce cas, ces connecteurs ne sont pas soudés en usine mais
sur site.

5.1. Disposition des goujons sur les poutres principales [5]

Les goujons sont disposés sur les semelles supérieurs le plus souvent en quatre files
longitudinales, parfois en six files, en particulier lorsque la largeur du tablier
avoisine les 20m.
L’exécution de la dalle nécessite presque toujours la circulation d’engins divers
(équipages mobiles, chariots de roulement des cages d’armature, chariots de
transport de dalles préfabriquées ou de prédalles, etc.) sur la semelle supérieure des
poutres principales.
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Pont bipoutre mixte
À cet effet, on laisse en général un
espace plus important entre les deux files
centrales, pour permettre à ces engins de
rouler sur les semelles et dans l’axe de
l’âme (cas N° 1 et 2 de la figure.18).
Lorsque, au contraire, les méthodes
prévues par l’entreprise ne prévoient
aucun engin susceptible de rouler sur les
semelle – ce qui est toutefois assez rare –
les files de goujons peuvent être
distribuées de manière régulière dans le
sens transversal (cas N° 3 de la Figure. 18. Distribution transversales
figure.18). [5] courantes des connecteurs [5]

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Pont bipoutre mixte

Dans le sens longitudinal, les goujons sont disposés selon un entraxe variable selon
les sections. Dans les zones à mi-travée, où l’effort tranchant est faible, l’entraxe
peut atteindre 800mm, valeur maximale définie par la règlementation. Dans les
zones sur appuis, l’entraxe est beaucoup plus faible et peut descendre à 200mm. Il
est à noter que quelle que soit la section considérée, l’entraxe des goujons doit être
compatible avec le pas des armatures transversales de la dalle. [5]

5.2. Disposition des goujons sur les pièces de pont

Les goujons soudés sur les pièces de pont sont du même type que ceux soudés sur
les poutres principales. Ils sont en général disposés en deux files (cas N° 4 de la
figure.18).

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Pont caisson mixte

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Pont caisson mixte

1. caractéristiques du caisson mixte [5]

Les ouvrages mixtes de type caisson sont beaucoup plus rares que les ouvrages à
poutres. En effet, en l’absence de contraintes particulières, ils sont plus complexes et
donc plus coûteux à construire et à entretenir. Ils sont ainsi bien adaptés au cas où au
moins l’une des conditions suivantes est satisfaite :

• La portée maximale dépasse environ 90m,


• La largeur du tablier dépasse une vingtaine de mètres,
• La hauteur disponible pour inscrire le tablier est trop faible pour une structure à
poutres,
• La courbure en plan est importante (portée angulaire : P/R > 0,2).

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Pont caisson mixte

Il arrive aussi qu’on adopte un caisson de préférence à un ouvrage à poutres pour


des considérations purement esthétiques. En effet, un caisson présente presque
toujours un aspect plus fin qu’un ouvrage à poutres, d’une part car il est plus élancé
et d’autre part, car pour une hauteur de tablier donnée, l’inclinaison de ses âmes le
fait paraitre moins haut qu’un bipoutre.
Un caisson est aussi parfois choisi de préférence à un tablier à poutres pour la
compacité de ses piles, soit parce que l’espace disponible pour les appuis est très
réduit (cas des ouvrages franchissant des voies routières ou ferroviaires), soit pour
des raisons purement architecturales. En effet, compte tenu de l’inclinaison de ses
âmes, les appareils d’appui d’un caisson sont toujours significativement plus
rapprochés que ceux d’un tablier à poutres, ce qui autorise des formes de piles plus
compactes.

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Pont caisson mixte

Signalons enfin que les caissons sont parfois préférés aux bipoutres uniquement
pour leur meilleure capacité à résister à des chocs de véhicules ou de corps flottants.

2. Morphologie transversale [5]

2.1. Le caisson simple ouvert

Les tabliers en caisson les plus simples sont composés d’une dalle en béton et d’une
charpente métallique en U. Cette dernière est constituée de tôles longitudinales
reconstituant le U extérieur (de haut en bas, deux semelles supérieures, deux âmes et
une tôle de fond) et d’éléments transversaux de deux types, des diaphragmes
disposés au droit des appuis et des cadres disposés en travées (figure 19).

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Pont caisson mixte

Figure. 19. Caisson simple ouvert (cas d’une chaussée monodévers) [5]

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Pont caisson mixte

Trou d’homme

Figure. 20. éléments transversaux : à gauche et au centre, cadres ; à droite,


diaphragme sur appuis [5]

Trou d’homme : trou permettant le passage d’un homme pour l’inspection et la maintenance d’ouvrage de travaux
publics (pont, égouts…)

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Pont caisson mixte
La dalle présente sensiblement les mêmes caractéristiques et modalités d’exécution
que la dalle des bipoutres à entretoises.
Les semelles supérieures présentent des caractéristiques identiques à celles des
bipoutres.
La tôle de fond est une tôle d’épaisseur constante par tronçons. Elle est raidie le plus
souvent par des augets, c’est-à-dire des tôles pliées en U, ou par des tés et
quelquefois par des plats.
Les âmes sont des tôles d’épaisseur constante par tronçons. Elles sont en général
inclinées par rapport à un axe perpendiculaire au fond du caisson. Elles sont le plus
souvent raidies par des plats ou des tés.
Les cadres sont des éléments transversaux soudés sur les semelles supérieures, les
âmes et la tôle de fond (figure 20). Destinés à empêcher une déformation
transversale excessive du caisson, ils sont disposés selon un entraxe généralement
compris entre 4 et 6 mètres.
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Pont caisson mixte
Les diaphragmes sont les éléments transversaux situés au droit des appuis. Destinés
à reprendre de nombreux efforts dont la torsion et ceux dus aux réactions d’appui,
ils sont constitués de tôles fortement raidies fermant la totalité de la section du U, à
l’exception d’un trou d’homme (figure 20). Ils sont en contact et connectés avec la
dalle en béton sur toute la largeur du U.
Les caissons métalliques ouverts doivent présenter une hauteur minimale de 1,5m, le
respect de cette condition étant indispensable à la construction de la dalle en béton
et à leur inspection.

2.2. Le caisson simple fermé

Une variante du type de caisson que nous venons de décrire est le caisson fermé.
Celui-ci est identique au caisson ouvert, à l’exception de ses deux semelles
supérieures qui sont remplacées par une tôle générale (figure 21).
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Pont caisson mixte

Figure. 21. Caisson simple fermé (cas d’une chaussée monodévers) [5]

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Pont caisson mixte

Pour ces ouvrages, la tôle supérieure est une tôle raidie par des plats ou des tés.
À largeur et à portées égales, ces structures consomment un peu plus d’acier et de
main d’œuvre que les caissons simple ouverts décrits précédemment mais la
présence d’une tôle générale comme membrure supérieure simplifie certaines taches
et notamment l’exécution de la dalle, la tôle supérieure étant utilisée comme
coffrage perdu. Les caissons simples fermés sont de ce fait des structures
particulièrement bien adaptées au cas des tabliers de faibles dimensions. Ils sont
également bien adaptés aux ouvrages courbes car leur tôle supérieure permet de
s’affranchir de contreventement provisoire.

Les ouvrages de ce type restent assez rares.

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Pont caisson mixte
2.3. Le caisson à pièces de pont avec consoles

Comme les bipoutres, les caisson peuvent être conçus avec une ossature secondaire
supportant la dalle (figure 22).
Les caisson à pièces de pont sont plus difficiles à exécuter que les caissons simples.
Ils sont donc généralement utilisés :
• Lorsque la largeur du tablier dépasse 13-14 m,
• Lorsque la portée dépasse environ 90 m.
Dans ces structures, les semelles supérieures, les âmes et la tôle de fond ont des
caractéristiques similaires à celles des caissons simples.
Les pièces de pont sont disposées selon un entraxe aussi constant que possible et
voisin de 4m. Elles sont couplées avec les cadres et sont souvent prolongées sous les
parties en encorbellement de la dalle par des consoles, en général de hauteur
linéairement variable.
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Pont caisson mixte

Figure. 22. Caisson à pièces de pont avec consoles (cas d’une chaussée à dévers en
toit) [5]

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Pont caisson mixte

La dalle présente les mêmes caractéristiques et modalités d’exécution que la dalle


des bipoutres à pièces de pont. Il s’agit donc d’une dalle mince d’épaisseur
constante.

2.4. Le caisson à pièces de pont sans console

Certains caissons mixtes comportent des diaphragmes en lieu et place des cadres,
dont la partie située au dessus du trou d’homme fait office de pièces de pont pour la
zone centrale de la dalle (figure 23). L’entraxe de ces diaphragmes est en général de
4m, ce qui permet de réduire au maximum l’épaisseur de la dalle.

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Pont caisson mixte

Figure. 23. Caisson à pièces de pont sans console (cas d’une chaussée monodévers) [5]

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Pont caisson mixte
2.5. Le caisson à pièces de pont et bracons

Au centre, ces caissons comportent un noyau central composé de deux tôles


générales, de deux âmes verticales assez rapprochées et d’une série de cadres.
Sur les côtés, les grands encorbellements sont soutenus par des consoles prolongeant
les cadres, elles-mêmes soutenues par des bracons appuyés à la base du noyau
central. Ces bracons, en général tubulaires, sont soit perpendiculaires à l’axe de
l’ouvrage soit inscrits dans des plans longitudinaux inclinés dans lesquels ils
forment une triangulation (figure 24).

2.6. Ouvrages à deux caissons

Pour certains ouvrages de grande largeur mais de petites portées, il est possible
d’envisager des tabliers constitués de deux petits caissons métalliques et d’une dalle
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Figure. 24. Caisson à pièces de pont et bracons (cas d’une chaussée à dévers en toit) [5]

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unique en béton. Les principaux avantages de ces structures sont, malgré la largeur
de l’ouvrage, la possibilité d’amener les caissons intégralement assemblés depuis
l’usine et la souplesse d’implantation des piles de chaque caisson. Leurs principaux
inconvénients sont la complexité de leur fonctionnement et les conditions
d’exécution de la dalle.

Remarque : Du fait de la faible largeur de leur tôle inférieure, les caissons mixtes
sont souvent choisis dans des sites où les piles doivent avoir des dimensions
restreintes. Dans certains cas extrêmes, on peut même être amené à ne disposer
qu’un appareil d’appui par pile – ce qui permet de réduire au maximum le chevêtre
d’appui – et à reprendre l’intégralité des efforts de torsion sur les culées. [5]

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3. Prédimensionnement des caissons [5]

Le tableau 3 donne, pour des caissons mixtes et avec les notations de la figure.25,
des éléments de prédimensionnement de la charpente et de la dalle.

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Pont caisson mixte

Figure. 25. Paramètres du dimensionnement d’un caisson (à gauche, à pièces de


pont avec consoles ; à droite, sans pièce de pont) [5]

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Pont caisson mixte
Tableau. 3. Prédimensionnement des caissons [5]

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Pont caisson mixte
Tableau. 3. Prédimensionnement des caissons [5]

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Pont caisson mixte

4. Analyse globale [3]

L’analyse d’un caisson mixte se fait de la même manière que l’analyse d’un
bipoutre. Cependant, par rapport au pont bipoutre où la position excentrée de la voie
conventionnelle N°1 conduit à des charges plus importantes dans la poutre la plus
proche de cette voie (poutre maîtresse). Les charges variables de trafic sont
maintenant reprises de façon équivalente par les deux âmes du caisson. Il en résulte
que la valeur des contraintes se trouve diminuée. À l’issue de l’analyse globale, les
contraintes de traction dans la dalle en béton sous combinaison ELS caractéristique
sont donc plus faibles en valeur absolue et les zones fissurées du caisson mixte sont
réduites par rapport à celles du pont bipoutre.

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5. Analyse des sections [3]

La seule différence avec ce qui a déjà été présenté pour le pont bipoutre, réside dans
la prise en compte de la section efficace de la tôle de fond. On distingue les effets du
traînage de cisaillement pour le calcul des contraintes aux ELS et à l’ELU de
fatigue, de ceux pour le calcul des contraintes à l’ELU fondamental.

6. Justifications des sections aux états limites [3]

Les mêmes justifications que pour le pont bipoutre sont à considérer pour le caisson
mixte.

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Conclusion
La grande souplesse de la construction métallique ainsi que le nombre de
solutions possibles, concernant la mise en place des ouvrages d’art,
permettent de construire dans des conditions très particulières des ouvrages
importants sans qu’une gêne notable soit apportée à la circulation routière,
ferroviaire ou fluviale. Gêne, souvent très couteuse pour les maîtres
d’ouvrages et dont il n’est pas toujours tenu compte malheureusement lors e
l’étude comparative des coûts des ouvrages.

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Glossaire

Auget : Nervure en acier de section trapézoïdale, faite d'une tôle pliée, utilisée en
particulier dans les dalles orthotropes de tabliers.

Raidisseurs : servent au renforcement de la tôle du caisson.

Coefficient d’équivalence n0 = Ebéton / Echarpente : pour homogénéiser la section


mixte.

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Références
[1] : Bernard-Gely et Jean-Armand Calgaro, Conception des ponts – Presse de
l’école nationale des ponts et chaussées (ENPC), Août 1994.
[2] : P. PAILLUSSEAU, G. LACOSTE et J.L. MICHOTEY. Cours de Pont, Ecole
Spéciale des Travaux Publics. Août 2016.
[3] : Guide SETRA : Eurocode 3 et 4 Application aux ponts-routes mixtes acier-
béton, Juillet 2007.
[4] : Guide SETRA : Ponts mixtes acier-béton – illustration des défauts.
[5] : Guide SETRA : Ponts Mixtes Acier-Béton - Guide de Conception Durable,
Septembre 2010.

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