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1.

L'aventure du jeans
Elle a vraisemblablement commencé avant l'arrivée aux États-Unis de Levi Strauss, mais la légende n'a
finalement retenu que lui. À l'époque de la ruée vers l'or, ce jeune émigré bavarois était marchand de
grosses toiles de tentes et de bâches pour les chariots. La légende veut qu'en 1853, il ait eu l'idée de
découper un pantalon dans une toile de tente extrêmement solide pour des bûcherons,. Un vêtement
de travail était né.

En 1860, Levi Strauss remplaça la toile de tente par de la toile bleue, un tissu denim, acheté en France
(à…Nîmes) et coloré par de l’indigo. Le pantalon fut très vite adopté, pour son côté pratique, par de
nombreux travailleurs : fermiers, mineurs, cowboys, ouvriers de construction des voies ferrées, etc. En
1871, Levi Strauss déposa avec le tailleur Jacob Davis le brevet du denim (jeans), valable pour 20 ans.
L'aventure du jeans, encore localisée aux États-Unis, venait vraiment de commencer.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le jeans franchit l'Atlantique, au même titre que le
Jazz et le chewing gum, avec les Gis. Depuis le jeans a traversé les générations et les cultures
occidentales. Un vrai symbole de l'American Way of life. Les années 70 furent une période
particulièrement propice aux ventes de jeans en Europe qui augmentèrent de 300 % entre 1970 et 1976.
Les marchés asiatiques (Japon et Chine en premier lieu), sud-américains, australiens et africains se
sont eux aussi ouverts au jeans. Depuis la fin des années 1990, les pays émergents du Sud (Brésil,
Chine, Inde) constituent l'objet de toutes les attentions des moyennes et grandes enseignes
occidentales. En effet, le marché du jeans étant saturé dans les pays riches du Nord, elles tentent de
séduire d’autres consommateurs.
Le jeans est un marché qui fluctue mais qui, globalement, se porte plutôt bien et génère d'importants
bénéfices. 60 jeans se vendent chaque seconde dans le monde. En 2007, le marché mondial de ce
pantalon frôlait les 35 milliards d'euros de vente. La même année, la France comptabilisait 88 millions
de jeans vendus. La vente de jeans représente à elle seule 40 % du chiffre d'affaire du groupe Diesel qui
produit pourtant également d'autres vêtements, des bijoux, de la bagagerie, des chaussures, du parfum
et des accessoires.

2. Le procédé de fabrication

Le coton employé pour fabriquer la toile de jeans est cultivé au Bénin (Afrique) et en Ouzbékistan (Asie).
Le délavage des jeans (ou blanchiment), s'effectue en frottant la toile contre des pierres ponces
provenant des volcans turcs. Le zinc et le cuivre, nécessaires à la fabrication du laiton (employé pour
produire les boutons et les rivets produits en Allemagne) proviennent en grande partie de
la Namibie (Afrique).
Le jeans est un vêtement voyageur car, tout au long des étapes de sa fabrication, il traverse des pays,
voire des continents. On estime que pour certains, ces étapes mises bout en bout en termes
kilométriques parviendraient à parcourir une fois et demi le tour de la planète (soit 65 000 kilomètres !).
Le coton peut être filé en Turquie ou en Chine et teint en Bulgarie, la toile peut être tissée à Taïwan, les
jeans assemblés en Tunisie, délavés en Turquie ou au Bangladesh par exemple.
En 2008, Xintang, ville chinoise considérée depuis peu par certains comme l'une des « capitales
mondiales du jeans », a produit en 2008 plus de 260 millions de jeans. À elle seule, elle assure 40 %
des jeans vendus aux États-Unis.
Le secteur de l'habillement, auquel appartient le jeans, a été le premier à abandonner progressivement
la production proprement dite du jeans au profit d'entreprises de sous-traitances appartenant à des pays
du Sud, plus souple en terme de salaires et plus intéressantes sur le plan fiscal. Les marques continuent
cependant de s'occuper de la création des modèles, du design et de la publicité.

3. De nombreuses conséquences
En 2004, le groupe espagnol Lois a choisi de délocaliser ses usines au Maroc, un pays attractif sur le
plan fiscal, en terme de coût de main d'œuvre et de proximité avec les marchés de l'Union
européenne. Les délocalisations d'usines des pays du Nord pour certains pays en développement ont
eu des conséquences négatives en mettant des milliers d'ouvriers occidentaux au chômage.

Lorsque des entreprises, moyennes ou grosses, délocalisent leur production, elles s'intéressent
rarement au fait que, dans ces ateliers ou dans ces usines, les règles de l'OIT (Organisation
Internationale du Travail) ne sont pas appliquées en terme de droit du travail. Les ouvriers ne sont
pas toujours déclarés, les cadences peuvent être infernales, le nombre d'heures travaillées est
largement supérieur à ce qui est autorisé, les salaires à peine suffisants pour vivre... Dans une zone
franche installée au Nicaragua (maquiladora), la part de ce que représente le salaire des ouvriers
dans le prix de vente d'un jeans est à peine de 1,5 %. Ce sont les études de marché et les
campagnes de publicité qui ont la part la plus importante du prix de vente d'un jeans.

Les conditions de travail dans ces entreprises peuvent être extrêmement pénibles, voire dangereuses.
Les ouvriers qui travaillent à la teinture des toiles ou à leur blanchiment subissent, sans en être protégés,
les effets des produits polluants employés. Au Bangladesh et en Turquie, des usines produisent depuis
20 ans pour le marché européen, des jeans qui sont délavés par sablage. Aujourd'hui, des milliers
d'ouvriers sont atteints d'une maladie incurable des poumons, la silicose, et on compte une quarantaine
de morts à Istanbul.
La méthode du sablage, peu coûteuse, est dangereuse. Elle est interdite dans l'Union européenne.

Porté et fabriqué sur tous les continents, le jeans est devenu un produit de consommation
incontournable dont la fabrication a, par endroits, un impact lourd sur l'environnement. Qu'il s'agisse de
la teinture, du sablage ou du blanchiment de sa toile, il nécessite d'importantes quantités d'eau, de
métaux lourds et de produits chimiques. À Zhongshan, dans le sud-est de la Chine, le delta de la rivière
des perles, est, selon un rapport de Greenpeace, extrêmement pollué par l'industrie du jeans locale qui
exporte dans ses eaux de grandes quantités de polluants (cadmium, chrome, mercure, plomb et cuivre
par exemple)
Souvent les terres ne sont plus bonnes pour l'agriculture et rien ne pousse à des kilomètres des usines
de Jeans.

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