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MA, EN, OKU : Trois principes traditionnels transposition dans l'architecture


japonaise contemporaine

Research · June 2020


DOI: 10.13140/RG.2.2.19195.75045

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Jérôme Brandt
École d'ingénieurs et d'architectes de Fribourg
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MA, EN, OKU : TROIS PRINCIPES TRADITIONNELS

transposition dans l’architecture japonaise contemporaine

Profil Search 2 - JMA-FR - BRANDT Jérôme


Professeur accompagnant : FRANK Frédéric

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GSPublisherVersion 331.82.88.100
TABLES DES MATIÈRES

INTRODUCTION
5

HISTORIQUE
6

CONCEPT DE NON-ÉTERNITÉ [ANITYA]


8

CONCEPT ET NOTION DU [MA]


9

CONCEPT ET NOTION DU [EN]


10

CONCEPT ET NOTION DU [OKU]


11

- LA MACHIYA -
Maison traditionnelle japonaise
12

- LA MACHIYA -
Brève analyse
14

- L’HABITAT JAPONAIS CONTEMPORAIN -


Entre influences et nouvelle modernité
17

- L’HABITAT JAPONAIS CONTEMPORAIN -


SANAA - Moriyama house, Tokyo
18

- L’HABITAT JAPONAIS CONTEMPORAIN -


Tadao Ando - Koshino House, Kobe
22

CONCLUSION
26
Introduction

Bien qu’à l’autre bout de la planète, j’ai toujours porté un certain intérêt pour le Japon. Tout
d’abord, à travers les œuvres de Miyazaki puis grâce aux mangas et enfin aux architectes, je
porte pour ce pays et sa culture une passion sans bornes. En 2015, j’ai eu l’occasion de m’y
rendre pendant 3 semaines avec des amis. Cette période m’a permis de découvrir autant
sur la culture nippone que tout ce que j’avais appris durant toutes les années précédentes.
En étudiant l’architecture, j’en ai également découvert les maîtres et leurs capacités à trans-
mettre des émotions lorsqu’on déambule dans l’une de leur réalisation. J’ai découvert Toyo
Ito, Tadao Ando ou encore Kengo Kuma. La sensibilité de la construction, la légèreté, les ef-
fets, l’espace de leurs projets sont pour moi une référence et une inspiration dans certains de
mes projets. L’architecture japonaise a, pour moi, tellement à nous apprendre aujourd’hui.

En m’intéressant au sujet, il s’avère que durant les siècles derniers, un intérêt des Japonais pour l’oc-
cident et inversement existait déjà. Les deux se sont influencés et ont appris l’un de l’autre. Pourtant
l’intérêt du reste du monde pour l’architecture japonaise est toujours aussi fort aujourd’hui qu’il y
a un siècle malgré les échanges de connaissances. Alors quelles sont les raisons de cette attention ?
En s’intéressant davantage à la culture nippone, on discerne plusieurs principes présents depuis
plusieurs siècles.

Ces principes s’appliquent à différents projets et sont discernables à travers la réflexion et la


mise en place des pièces, de la mise en valeur de la lumière ou même les accès aux construc-
tions. Ce travail se concentre sur ces derniers en expliquant leurs origines et leur sens. Ces
éléments sont indispensables et pourtant difficiles à se représenter lorsqu’on n’y est pas in-
troduit depuis l’enfance. Je vais tenter d’expliquer au mieux les points les plus importants
pour la pleine compréhension de la conception des œuvres architecturales japonaises. En
apportant un bref regard sur l’évolution historique du pays, je vais tâcher de répondre à
toutes ces questions.

5
Historique

Fig. 1 : échanges entre le japon et l’occident

Pendant près de deux siècles, de 1641 à 1853, le Japon a vécu coupé du reste du monde. La
décision de cette politique isolationniste ou [Sakoku] fut prise par l’empereur afin d’asseoir le
pays comme point central en Asie. Les rares chrétiens furent expulsés et les accès aux ports
commerciaux furent grandement limités. La peine capitale fut instaurée pour tout japonais
souhaitant sortir du territoire.

La raison de cette décision réside dans la volonté de l’empereur de contrôler le commerce


avec les pays voisins tout en gardant les ressources rares comme le cuivre ou l’argent. Avec
ce principe, le gouvernement japonais était le seul à pouvoir réaliser des accords commer-
ciaux et ainsi gérer les stocks et les transactions. Ce dernier pouvait cependant étudier les
différentes avancées technologiques des autres pays.

En 1853, sous pression militaire des États-Unis d’Amérique, le Japon cède et ouvre ses
frontières. Ainsi, la curiosité du reste du monde pour le pays et vice-versa motive de nom-
breuses personnes à effectuer des voyages. Parmi les Occidentaux à réaliser le déplacement
se trouvent des médecins, des ingénieurs, mais également des architectes.

On nommera Frank Llyod WRIGHT, Bruno TAUT, Charlotte PERRIAND ou encore Josiah
CONDER. Ces différentes personnes ont rapporté les premières connaissances et notes sur
l’architecture japonaise qui sont encore aujourd’hui la base de nombreux travaux.

J. Conder enseignera à l’école impériale d’ingénierie à partir de 1877. Il y restera jusqu’à sa


mort en 1920. Il apportera de nombreuses observations sur l’architecture traditionnelle ja-
ponaise et pour ainsi dire les rares premières en occident. On lui doit notamment toute la
documentation autour des espaces intérieurs japonais, la lumière, les proportions ou encore
la succession de pièces et l’absence de couloirs. Ces nombreux points sont des applications
des principes culturels importants dans l’architecture traditionnelle japonaise.

6
Fig. 2 : Josiah Conder Fig. 3 : Frank Llyod Wright Fig. 4 : Bruno Taut Fig. 5 : Charlotte Perriand

F. L. Wright passera pas moins de trois ans au japon, période durant laquelle ses travaux in-
fluenceront l’architecture japonaise et inversement. Il réalisera notamment l’hôtel impérial à
Tokyo en 1968. À son retour, il intégrera dans ses œuvres certains des principes dont il s’était
inculqué pendant son voyage.

B. Taut partit au Japon en 1933 et passa près de trois ans également à étudier l’architecture
nippone. Il réalisa une étude visant à pointer les associations entre l’architecture tradition-
nelle et moderne au pays du soleil levant. Pendant la même période et avec les voyages
d’architectes japonais, ces derniers vont appliquer le principe occidental de faire ressortir les
principes traditionnels de leurs constructions.

Cela va mener les architectes japonais a ré-étudier leur architecture et réapprendre certains
éléments oubliés durant les derniers siècles. On retrouvera ainsi peu à peu la séparation de
la forme et de la fonction au sein des pièces et des bâtiments. Les connaissances en occident
de l’architecture traditionnelle japonaise sont donc en grande partie dues aux influences de
japonais par l’occident.

C. Perriand va quant à elle réaliser son voyage en tant qu’invitée du Japon afin de devenir
conseillère en mobilier destiné à l’occident ou, en japonais, oyatoi. En effet, le Japon était
désireux de relancer les échanges commerciaux de mobiliers avec l’occident et se devait d’ap-
porter des propositions de qualités sur le marché. Ce voyage prit brusquement fin lors de
l’entrée en guerre du Japon contre les Alliés, mais lui permit tout de même d’étudier le mode
de vie des Japonais et de rapporter ses observations.

7
Concept de non-éternité [Anitya]

Fig. 6 : Tremblement de terre en 2011 - Fukushima Fig. 7 : Tsunami suite au séisme en 2011 - Fukushima

Afin de bien comprendre ces principes, il est important de présenter des notions présentes
dans la société et la culture japonaise. Ces derniers dirigent le mode de vie et de réflexion
des Japonais.

Une grande différence avec notre culture occidentale réside dans le rapport à la nature
qu’ont nos deux peuples. Là où les Occidentaux n’y voient qu’un artifice plaisant, mais non
indispensable à leur vie, les Japonais eux en sont dépendants directement. Les catastrophes
naturelles étant beaucoup plus fréquentes sous leurs latitudes, la population japonaise vit
avec l’idée que tout pourrait brusquement changer si un tsunami, séisme ou typhon venait
à se produire.

Toutefois cette idée prend ses racines dans la religion bouddhiste. Ce principe montre que
rien n’est immuable ou éternel. Selon le bouddhisme, même la vie n’est que transitoire. Tout
est voué à disparaitre tôt ou tard et c’est pour cette raison que l’on peut évoluer. Ainsi, l’im-
permanence est une chance et non une fatalité pour les bouddhistes. Ils ne voient pas les
destructions de leurs bâtiments comme négatives, mais plutôt comme une occasion de faire
mieux.

C’est pour cela que les villes japonaises sont en évolution permanente aux vues de la construc-
tion, mais également de la réflexion de cette dernière. On apprend continuellement des fai-
blesses et forces des différentes réalisations et on peut ainsi s’améliorer à chaque fois.

«L’architecture japonaise se délabre en accord avec le temps ou se fond dans la nature.» (Tadao
Ando) Cette citation image alors la capacité de l’architecture japonaise à évoluer. Certains
éléments disparaissent ou évoluent, mais d’autres restent encore et encore dans la tradition
japonaise à tel point qu’on peut encore aujourd’hui retrouver ces principes dans l’architec-
ture contemporaine japonaise.

8
Concept et notion du [ma]

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Fig. 8 : Intérieur d’une maison japonaise, tatamis au sol

Chacunes des notions expliquées sont davantage des concepts dans l’architecture traditionnelle japo-
naise. Il n’existe pas de traduction littérale dans d’autres langues et c’est pour cela qu’il est difficile pour
les Occidentaux de comprendre et de s’approprier ces dernières.

Le [ma] désigne un intervalle d’espace et de temps. Il est présent dans beaucoup de disciplines diffé-
rentes telles que le théâtre, la danse, la musique, le design et l’architecture. [ma] désigne alors dans ces
différents domaines un intervalle, un espace ou une durée. «Fondamentalement, le ma est l’intervalle
qui existe obligatoirement entre deux choses qui se succèdent : d’où l’idée de pause.»1

Dans le cas de l’architecture, il définit le rapport qu’ont les Japonais avec leur foyer. Il caractérise la
liaison entre un espace, bâti ou pas, et le corps humain. Il est très important dans la conception de la
maison traditionnelle japonaise et facilite l’appropriation d’un espace par son ou ses occupants. [ma]
représente l’indissociabilité de l’espace et du temps.

L’intervalle peut être matérialisé par la taille d’une pièce d’une maison traditionnelle. Ces dernières
ne sont pas, comme en occident, séparées par des murs et des portes. Elles se succèdent au sein d’un
même grand espace où des parois amovibles translucides (shōji) composées de papier et de cadres en
bois, se ferment ou s’ouvrent tout au long de la journée afin de définir un espace pour une activité par-
ticulière ou selon les besoins. L’absence de fonction attitrée à une pièce rend donc la maison modulable
dans le temps de la journée et un petit mobilier facilement déplaçable permet d’utiliser chaque pièce
selon les besoins. Le logis s’adapte et les fonctions s’inscrivent dans la temporalité et non dans l’espace.

Ainsi, la présence du vide dans ces espaces permet des pauses pendant un déplacement dans l’habitat
et ce dernier devient un parcours rythmé par ces éléments. La monotonie disparait et avec elle la no-
tion d’espace et de temps.

1 Augustin Berque et Maurice Sauzet, «le sens de l’espace au Japon. Vivre, penser, bâtir».
Éditions Arguments, Paris, 2004
9
Concept et notion du [en]

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Fig. 9 : Le Yin-Yang ou In-Yô Fig. 10 : Une engawa

Le [en]désigne la coexistence entre les éléments. La continuité japonaise diffère de l’occiden-


tale. En effet, un parcours n’est pas jonché d’éléments identiques mais d’une opposition des
contraires, ou plutôt de leur mise en valeur réciproque. Il est issu de la culture bouddhiste et
de sa notion de complémentarité par l’opposition («Yin-Yang» ou «In-Yô» au japon).

Ainsi se crée une beauté des contraires. Les espaces, bien qu’ils soient de qualités différentes,
sont mis en relations par des espaces indépendants permettant cette transition. Par exemple:
l’engawa. Il s’agit d’une coursive créant le lien entre un intérieur et un jardin. Elle n’est ni
totalement intérieure puisque le vent et le froid y ont accès, mais ni totalement extérieure
puisque protégée de la pluie et du soleil. Vue depuis le jardin, elle paraît appartenir à la
maison mis depuis la maison, elle parait extérieure. Elle n’appartient à aucun des deux com-
plètement mais bel et bien aux deux en même temps.

Un second exemple réside également dans les parois amovibles (shōji) qui séparent deux
espaces. Ils peuvent séparer deux espaces lorsqu’ils sont fermés mais également les lier s’ils
sont ouverts. Ils séparent et connectent en même temps. «Le rôle principal est de provoquer
l’anticipation de la scène à venir. Les parties rendues indépendantes par les intervalles inter-
fèrent et se recouvrent pour développer une nouvelle scène dans l’environnement global.»1

Une dernière opposition courante dans l’architecture nippone réside dans la manipulation et
l’utilisation de l’ombre et de la lumière. Certaines parties très sombres d’une pièce s’opposent
à d’autres avec une lumière directe du soleil où une toile peinte est exposée. Puis, à une autre
moment de la journée, la situation inverse apparaîtra. La toile apparaissant à la lumière ou
se fondant dans l’obscurité au gré de la journée rappelant de ce fait la notion de non-éternité.

1 Tadao Ando, Magazine AA n°250


10
Concept et notion du [oku]

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Fig. 11 : Couches successives dans le déplacement Fig. 12 : Couches de plans différents

L’[oku] désigne le fond, l’intérieur, la profondeur. La notion d’[oku] en architecture pourrait


se résumer par «que l’on peut voir au-delà de quelque chose qu’on ne peut pas voir». Ce prin-
cipe matérialise un lieu, un objet caché dans les profondeurs.

Dans la religion shinto, ce principe est déjà présent. C’est d’ailleurs pour cette raison que les
accès à certains lieux sacrés ou temples sont rudes. Ils demandent un long effort physique
pour y accéder comme un chemin tortueux par exemple. Ces cheminements ont une valeur
spirituelle importante. On dit également qu’ils sont tout aussi importants que ce que l’on va
y trouver au bout. Le cheminement fait parti du rite.

En architecture, l’[oku] est donc un parcours. Il est très lié au concept du [ma]puisque ponc-
tué par le rythme et la juxtaposition d’espaces. Les shōjis forment alors des couches dans
la progression du visiteur et l’encourageant à continuer sa route afin de trouver ce qu’il re-
cherche. On peut le symboliser par les couches successives d’oignons nécessaires pour arri-
ver au cœur. Cette profondeur encourage un égarement du visiteur, une perte de ses repères
positive.

Plus particulièrement, les maisons traditionnelles japonaises en milieu urbain sont


construites en mitoyenneté, profondes et allongées. On trouve généralement un jardin au
fond de la parcelle accessible par la traversée de l’habitat dans sa longueur. L’utilisateur passe
ainsi par toutes les séquences créées par le [ma] et le [en] pour arriver au jardin calme qui
entre en contradiction avec le bruit de la ville.

La progression a donc autant, voire plus d’importance que le but final. Elle est dynamisé par
les séparations des espaces et invite son utilisateur à vivre son parcours. C’est une mise en
scène du cheminement et de l’espace japonais qui se vit alors en mouvement.

11
- La Machiya -
Maison traditionnelle japonaise

Fig. 13 : Espace du jardin dans une machiya traditionnelle

Fig. 14 : Un espace de circulation «niwa»

La maison traditionnelle japonaise en milieu urbain se nomme «machiya». Le nom pro-


vient de la composition de «machi» (ville) et de «ya» (maison). Elles sont généralement
mitoyennes à d’autres et allongées dans une parcelle rectangulaire avec un petit front sur
rue. Elles sont surnommées par les locaux «unagi no nedoko» se qui pourrait se traduire par
«habitat de l’anguille» pour son côté étroit et allongé.

Ces habitats sont l’évolution d’un commerce sur rue qui, après quelques années prospères, se
développait vers l’arrière pour contenir un habitat. Leur apparition se fait lors de la perte du
contrôle de Kyoto par le gouvernement impérial. Des petites échoppes se créent sur la rue,
autour des anciennes maisons de maître, puis s’allongent ou s’élargissent selon la réussite
marchande du propriétaire.

La répartition des parcelles s’est faite avec une influence chinoise au cours du 7ème siècle. On
en trouve généralement dans les anciennes rues marchandes de Kyoto où le commerçant
pouvait tenir sa boutique ou sa manufacture sur la rue et avoir son logement plus calme à
l’arrière de la parcelle. En général la largeur des boutiques mesurait 5,4 mètres ou le double
selon le patrimoine du propriétaire ou de son statut social.

Les salles en tatamis à l’avant du bâtiment servaient généralement de grande espace vide
multifonctionnel et librement aménageable par le propriétaire selon ses besoins. Le «niwa»
avait pour fonction un lieu de passage vers d’autres pièces. Ils étaient généralement au ni-
veau du sol, en terre. Les clients rentraient alors dans l’espace d’accueil sur la rue pour obser-
ver la marchandise, négocier ou continuer sur les espaces en terre pour les éléments moins
communs situés en arrière-boutique. La «mise» correspondait à l’espace de vente et se situait
généralement directement sur la rue ou facilement accessible. Le nom est dérivé de «miseru»
qui se traduit par «laisser voir». Tout à l’arrière se trouvait le «Dozo» où les familles stoc-
kaient les marchandises précieuses pour les protéger du feu et des incendies.

12
Fig. 16 : Développement des machiyas

Fig. 17 : Plan schématique des espaces

Fig. 15 : Plan d’une machiya traditionnelle Fig. 18 : Élévation sur rue


13
- La Machiya -
Brève analyse

1 ken
Futama
(2 ma, 4 tatamis)
1 ken

1 ma

Hitoma
(1 ma, 2 tatamis)

Muma
(6 ma, 12 tatamis)
Yoma
(4 ma, 8 tatamis)

Fig. 19 : Noms et taille des différentes pièces traditionnelles Fig. 20 : Vue depuis l’intérieur, couches successives

Après cette rapide introduction, il est intéressant de s’attarder sur certains points afin de faire
une liaison avec les principes énoncés plus tôt.

Tout d’abord, la forme du bâti est étroite et allongée. Ces deux éléments donnent alors une
incroyable sensation de profondeur à l’espace intérieur. Cette profondeur fait écho à la no-
tion d’[oku] vue plus tôt. La perspective de l’intérieur et ses successions de pièces forment
des couches successives qu’il faut traverser pour atteindre son but. On entre-aperçoit les
espaces suivants selon la position des shojis dans l’espace. Il y a là une application concrète
de cette notion d’[oku] et de profondeur.

Ensuite, les espaces juxtaposés les uns aux autres recouverts de tatamis créent un grand
espace multifonctionnel et dimensionnable à volonté. Les tatamis sont dimensionnés se-
lon l’échelle humaine. On dit généralement qu’un tatami équivaut à la taille d’un homme
allongé. Ils font un ken de long (soit 91cm x 182cm environ). Un ken au carré est appelé un
[ma] et est la mesure principale à prendre en compte lors du dimensionnement d’une espace
japonais. Le jeu consiste à juxtaposer des [ma] et quelques ken jusqu’à trouver la dimension
parfaite pour l’usage d’une pièce. Les mesures des pièces sont donc facilement semblables
d’un logis à l’autre et leur nom consiste à énumérer le nombre de [ma] présents : hitoma,
futama, yoma, muma, konokoma etc. Le [ma] est donc l’élément essentiel de l’organisation
des constructions.

Maintenant, on peut remarquer la présence de deux niveaux dans le bâtiment du côté de


la rue qui permettent d’offrir un front bâti et également des espaces supplémentaires pour
la boutique ainsi que les chambres à l’arrière. L’accès depuis la rue est délimité clairement.
Un petit trottoir rehausse le bâtiment de la rue piétonne et des barrières de bois viennent
frontalement indiquer une connotation de privé. La position de l’avant-toit vient recouvrir
ce trottoir et accentue sont côté semi-privé. Pourtant, ces éléments semblant séparer public

14
Fig. 21 : Façade sur rue avec des battari shôgi relevés Fig. 22 : Vue sur le jardin depuis l’intérieur, engawa

et privé sont côtoyés par les battari shôgi qui sont des tables pliantes servant à l’exposition
des marchandises sur la rue. Il est d’ailleurs intéressant de relever que contrairement aux
palais japonais où les vastes jardins qui entourent la demeure protègent cette dernière, le
jardin des machiya est beaucoup plus modeste. De plus il s’agit de la situation inverse : le bâti
protège le jardin. L’espace vert au centre de la parcelle permet l’apport de lumière dans les
espaces intérieurs et également du calme dans une ville très bruyante. Le jardin secret, sacré
est gardé précieusement. Le jardin central est édifié au rang de sacré par la configuration de
l’habitation.

Cette coexistence des opposés entre privé/public, bruyant/calme, sombre/lumineux et leur


confrontation brutale fait appel à la notion du [en]. On notera également la présence d’une
engawa aux abords du jardin permettant la circulation au sein de la construction sans su-
bir les intempéries extérieures. L’engawa renforce encore une fois la notion d’[en] puisque,
comme écrit précédemment, elle n’est ni intérieure, ni extérieure, mais bien les deux à la fois.

Plus généralement, puisque cet exemple de machiya est de taille supérieure, on peut noter la
présence de chambres d’amis à l’arrière, de la maison de thé et de deux entrepôts dozo pour
le stockage des marchandises précieuses et des objets de valeurs.

En résumé, cette construction traditionnelle et son évolution au cours des années est mar-
quée par les trois notions que sont le [ma], l’[oku] et le [en]. Chacun dans un ou plusieurs
éléments distincts formant un résultat cohérent et gracieux.

15
16
- L’habitat japonais contemporain -
Entre influences et nouvelle modernité

Après son ouverture sur le monde, divers échanges de connaissances entre le Japon et le
reste du monde ont lieu. Comme expliqué précédemment, certains occidentaux effectue-
ront des voyages dans l’archipel nippon, mais des Japonais partiront également étudier les
travaux d’occidentaux. En résultent des influences réciproques et une évolution de l’architec-
ture dans chacun des endroits du globe.

Au Japon, cette évolution créera deux nouveaux courants principaux à notre époque. D’un
côté, une architecture plus minimaliste portée par les travaux de certains tels que Sou Fouji-
moto ou SANAA. D’un autre côté, un courant beaucoup plus high-tech fera son apparition
avec des architectes tels que Kengo Kuma ou Toyo Ito.

Depuis cette ouverture sur le monde, le Japon se transforme. Les influences dans tous les
domaines se font ressentir et mutent peu à peu la société japonaise à leur image commune.
Tous les secteurs sont touchés. Qu’il soit musical, poétique, artistique ou même culturel, le
secteur en question absorbe gentiment les dogmes occidentaux. On assiste à un mélange
parfois douteux, parfois réussi. L’architecture est elle aussi concernée.

Malgré le raisonnement spatial traditionnel bien établi dans la culture japonaise, ce dernier
est dû en très grande majorité à la façon dont les habitants vivent. Le mode de vie ayant peu
à peu changé jusqu’à aujourd’hui, qu’en est-il de la manière de concevoir des logements ? La
manière d’habiter et de construire au Japon s’est-elle suffisamment éloignée de la manière
traditionnelle pour voir disparaitre l’application de ses notions fondamentales ?

À l’aide d’exemples contemporains, nous allons maintenant observer si, oui ou non, des
traces subsistent aujourd’hui. Sont-elles identiques ou ont-elles, comme la société, évolué
pour mieux correspondre au mode de vie actuel ?

17
- L’habitat japonais contemporain -
SANAA - Moriyama house, Tokyo

Fig. 23 : Angle de la parcelle, différents volumes perceptibles Fig. 24 : Vue depuis la rue, contraste avec les bâtiments

Pour ce premier cas d’études, mon choix s’est porté sur une réalisation du bureau d’études
architecturales SANAA terminé en 2005. La première impression que l’on ressent en obser-
vant ce bâtiment est le contraste net qu’il oppose avec les constructions aux alentours. Son
côté irrégulier et inhabituel le démarque. Il est composé de plusieurs volumes de différentes
hauteurs juxtaposés les uns aux autres. Il compose comme un petit quartier à lui tout seul à
l’angle de deux rues peu fréquentées.

Sa parcelle, par le hasard des choses, se trouve être allongée et étroite, faisant un écho direct
à celles des machiyas étudiées plus tôt. Ses façades formées par les avancements inégaux des
blocs qui la composent la dynamisent et donnent de l’intérêt à la parcourir. On peut voir là
un des aspects de l’[oku]. On remarque immédiatement les grandes ouvertures vitrées des
différents blocs offrant une vue sur le quartier et ses bâtiments. Il s’agit de la situation inverse
de la machiya qui se renferme sur elle-même à l’exception du côté commercial. De plus les
espaces entre les blocs permettent une perméabilité non présente dans les maisons tradi-
tionnelles ou le public et le privé est clairement délimité par les éléments présents en façade.

La construction, dans son ensemble, est composée de dix blocs en acier recouverts par du
blanc renforçant encore plus sa démarcation visuelle. Chaque bloc est différent dans sa sur-
face, sa hauteur et son programme. Entre ces derniers se trouvent des petits jardins com-
muns en terre battue et aménageables librement par les occupants. La Moriyama house ac-
cueille plusieurs familles différentes vivant ensemble dans une même petite communauté.

Un grand avantage de cette construction réside dans la possibilité de cloisonner différents


blocs entre eux afin de créer de plus petits ou plus grands logis. Les blocs ne sont que très
peu aménagés par du mobilier fixe mais reste tout de même de grands espaces libre. Le pro-
priétaire peut donc facilement adapter le bâtiment selon le nécessaire et donne à ce dernier
une remarque capacité d’adaptation au fil du temps.

18
Fig. 25 : Un des espace de jardins Fig. 26 : Entrée dans un bloc, couvert

Les grandes ouvertures vitrées entre chacun des blocs diminuent l’intimité de chacun. Ce qui
pourrait être négatif en occident actuellement ne l’est pas au Japon. Au contraire, par ce geste,
l’aspect de communauté voulu par les concepteurs est renforcé. On notera tout de même la po-
sition des arbres qui confèrent tout de même une légère barrière visuelle d’un volume à l’autre.

On comprend alors un rapport à la nature aussi important que dans les maisons traditionnelles.
La nature sert de lien entre les blocs, mais les sépare en même temps, comme une couche inter-
médiaire entre deux.
Les perspectives qu’offre la position des blocs, comme on peut le noter sur le plan, permet
une sensation de profondeur dans les différentes
directions comme le rappelle le principe d’[oku].

À l’entrée de chaque bloc se trouve un élément servant


à la distinguer. Que ce soit un bloc de pierre ou un pe-
tit avant-toit, cet élément permet un échelonnement
bref entre les circulations en terre battue et l’accès aux
logements, à l’instar du léger relèvement du trottoir
ou du débordement du toit pour les machiyas. Ces
éléments font appel au principe du [en] en créant un
espace de transition brutal entre deux opposés.

Entre le bloc G et H ainsi que le A et B, un élément vi-


tré fait une liaison. Il permet le passage d’un espace à
l’autre par l’extérieur tout en restant domestique. Une
forte ambivalence est alors créée, à l’instar de l’en-
gawa dans les machiyas, ce passage n’est ni extérieur,
ni intérieur.
Fig. 27 : Élément de raccord vitré entre deux blocs
19
J
A

D
B

G
H
C

E F

Fig. 28 : Plan et position des blocs, relations

20
Fig. 29 : Transparence dans les volumes Fig. 30 : Espace intérieur à l’étage supérieur

À l’intérieur des volumes, l’espace est très libre. Ce côté de la conception héritée du [ma]
permet de conserver la possibilité à l’occupant d’aménager son espace de vie selon ses
choix (à l’exception des salles d’eau qui sont fixes). Quant aux dimensions de ces der-
niers, on trouve un parallèle avec celles des machiyas. Tous les espaces sont régis selon
des multiplications d’une valeur commune liée à la dimension humaine.

En résumé, malgré son aspect et sa typologie très moderne, le bâtiment conserve et


réinterprète les notions traditionnelles. Une valeur d’[oku] se ressent lors de l’approche
du bâtiment, produisant un intérêt pour celui-ci et les perspectives visuelles créées entre
les volumes renforcent ce point.

La coexistence des opposés du [en] apparaît très clairement à travers la morphologie du


bâtiment en micro-urbanisme dans le quartier. Les cadrages de vue sur la nature et la
transparence des volumes accentuent la notion de relation entre l’intérieur et l’extérieur.
Les passages vitrés en sont un exemple parfait.

Et enfin, les dimensions inté-


rieures sont en accord avec celles
des maisons traditionnelles et
du [ma]. On y trouve de grands
espaces librement aménageables
et une grande capacité d’adapta-
tion même pour le propriétaire
qui peut choisir la taille des lo-
gements qu’il souhaite mettre à
disposition.

Fig. 31 : Espace intérieur à l’étage inférieur


21
- L’habitat japonais contemporain -
Tadao Ando - Koshino House, Kobe

Fig. 32 : Vue aérienne, accès depuis la route Fig. 33 : Accès à la maison, volume d’entrée

Ce second cas d’étude porte sur une réalisation de 1984 par Tadao Ando. Ce bâtiment,
comme nous allons le voir, est célèbre pour être un mélange entre modernité et traditiona-
lité tout en ayant quelques influences occidentales. Nous allons essayer de comprendre les
éléments pris en compte par l’architecte lors du développement du projet et le mariage entre
tradition et modernité.

La maison Koshino est une commande d’une créatrice de mode, Mme Koshino, pour se
loger elle-même ainsi que ses cinq enfants. La maîtresse d’œuvre souhaitait un bâtiment
moderne avec une touche de traditionalisme.

Le bâtiment se situe sur les hauteurs du massif de montagnes Rokko, entre Kobe et Osaka.
L’accès, tel qu’il est pensé pense se fait en véhicule par un accès en amont de la maison.
Cependant, il est facile de faire un rapprochement avec les anciens temples Shinto et leurs
chemins d’accès tortueux faisant appel aux principes de l’[oku].

Le bâtiment est constitué de deux parallélépipèdes rectangles, de 2/5 d’un cylindre et d’une
liaison entre les volumes. Ils sont placés de manière à limiter les travaux d’excavation en
s’accordant à la pente raide du site et à faire profiter un maximum de façades de l’orientation
sud.

La séquence d’entrée dans le bâtiment, au nord, est davantage de style occidental de japonais.
Ici, pas de transition brutale avec un front de façade, mais un petit chemin privé pour garer
son véhicule et accéder au bâtiment d’accès. Ce dernier permet une légère plongée dans le
terrain et l’accès à un profond couloir menant aux pièces de vie ainsi qu’aux chambres. La
matérialité principale en béton armé brut et la géométrie du bâtiment reflètent directement
un côté moderne, toutefois la conception des espaces garde des marques traditionnelles.

22
Fig. 34 : Plan niveau 0

Fig. 35 : Plan niveau -1


23
Fig. 36 : Couloir d’accès aux chambres, profondeur Fig. 37 : Exemple manipulation et jeu avec l’ombre et la lumière

Les grands espaces que forment les murs voiles en béton sont tous identiques dans la vision
de la pièce aménageable à l’exception qu’elles ne sont pas adaptables dans leurs tailles comme
l’auraient permis les shōjis.

Toutefois les éléments permettant des jeux entre l’ombre et la lumière sont nombreux. D’une
part, ils permettent la dynamisation du parcours, mais également de créer un contraste fort
entre le clair et l’obscur. Cette particularité est chère à Tadao Ando qui a réalisé de nombreux
exemples au cours de sa carrière permettant de matérialiser l’ombre et la lumière. Parmi les
plus connues, il est facile de connaitre l’église de la lumière où il est impossible de ne pas
reconnaitre la thématique.

On remarquera également les différents cadrages des vues sur la nature environnante afin
d’affaiblir la séparation entre intérieur et extérieur tout en jouant sur le clair-obscur de l’es-
pace. De plus, les joints de lumière zénithale permettent à certains moments de la journée de
faire apparaître les ombres des arbres présents autour de la maison tout en renforçant cette
idée. Cette confrontation entre les opposés fait bien entendu appel au principe du [en].

Dans cette construction, pas de jardin japonais à proprement dit, mais tout de même des
lieux verts privatisés entre deux volumes et des zones de calme intérieures où un élément du
mur ressort et invite à l’arrêt.

Dans l’ensemble, le travail de T. Ando est remarquable. Les espaces arborent une claire mo-
dernité, mais quelques éléments font appel aux principes fondamentaux japonais. Il s’agit là
d’une association entre les deux avec une touche de mode vie et de conception à l’occiden-
tale. En effet, il est difficile de ne pas faire le rapprochement entre le travail de Tadao Ando
et celui de Le Corbusier. Le traitement de la lumière est un grand point au même titre que
l’utilisation du béton. Il s’agit donc d’un mélange savant et réussi entre ces trois éléments.

24
Fig. 38 : Espace vert ouvert protégé par le bâti

Fig. 39 : Cadrage des vues sur la nature, contraste int.-ext. Fig. 40 : Manipulation ombre et lumière, zone de calme

Fig. 41 : Espace intérieur, mobilier occidental


25
Conclusion

Fig. 13 : Espace du jardin dans une machiya traditionnelle

Fig. 25 : Un des espace de jardins dans le projet de SANAA

Le Japon et sa culture ont, après la fin du sakoku (isolation du pays), passionné et pas-
sionne encore aujourd’hui nombre de personnes de tous horizons et de toutes cultures.
Les échanges de connaissances qui ont eu lieu à ce moment-là ont permis la création
d’une architecture composant entre traditions et modernité tout à fait particulière. C’est
d’ailleurs ces échanges qui ont fait comprendre aux Japonais l’importance de la conser-
vation de notions traditionnelles dans l’architecture contemporaine et moderne.

Les aspects traditionnels puisant dans la culture et la conception d’espaces propre au


pays n’auraient probablement pas vu le jour si c’est isolement n’avait pas été mis en place.
C’est un des rares cas observables et il est très intéressant de s’y plonger.

Les notions de [ma], [oku] et [en], prenant leur source dans la religion et les besoins
sociaux de l’époque, ont selon moi encore une grande part dans la culture japonaise et la
conception de projets d’architecture aujourd’hui. Les deux exemples analysés, une fois
qu’on s’y plonge un peu, présentent des adaptations de ces principes avec des valeurs
contemporaines. Elles ne sont pas obsolètes, mais se sont au contraire développées pour
répondre aux critères de la société actuelle.

On retrouve l’aspect symbolique dans leurs constructions et cette façon de magnifier


un lieu de manière à proposer une appréhension de l’espace différente pour chacun et
à chaque visite. La spatialité des constructions japonaises ont la force d’allier espace et
temps en même temps et permettant de ce fait ces différentes expériences renouvelables.

L’application des trois principes sur lequel ce travail se concentre permet la création
d’une dimension imperceptible faisant appel notre plus fine appréhension. Elle produit
alors un échange entre l’esprit, l’architecture et le corps humain.

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Fig. 42 : Confrontation int.-ext., contraste. Ici exemple traditionnel Fig. 39 : Confrontation int.-ext., contraste. Ici exemple T. Ando

Dans le cas du projet de l’agence SANAA, le bureau a su à merveille allier avec finesse
les aspects culturels et les influences occidentales. À travers de nombreux éléments du
projet que ce travail de recherche relève, les adaptations sont alors mises en évidences.
Le contraste au niveau urbain que projet crée avec les immeubles voisins, l’agencement
des différents blocs et l’adaptabilité de ces derniers ainsi que la réinterprétation de l’en-
gawa traditionnelle en sont des exemples flagrants.

Dans le cas du second projet, les notions sont appliquées à la manière de T. Ando. On
retrouve un grand travail sur la lumière comme à son habitude, mais également une
certaine finesse dans le choix de la morphologie et du placement des volumes. On re-
trouve des éléments modernes comme la recherche d’un maximum de façade orientée
sud ou encore l’utilisation de matériaux modernes. Les cadrages sont choisis avec soin
et le résultat parle de lui-même.

En somme et pour résumer ce travail, il est clair que les notions traditionnelles japo-
naises sont aujourd’hui encore appliquées. Mais il m’est impossible de déterminer si leur
adaptation est issue d’une volonté propre des architectes ou si, au contraire, les concep-
teurs ont intégré ces principes sans même sans rendre compte à force d’être plongé dans
cette architecture depuis leur enfance. Dans tous les domaines, les influences occiden-
tales laissent leurs marques et l’architecture n’y échappe pas. Toutefois, le résultat dans
ce domaine tend à produire une conception spatiale adaptée tant aux Japonais qu’aux
Occidentaux.

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Bibliographie

Livres, thèses, articles et sites web


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Illustrations
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Fig. 2, 3, 4 & 5 : 2 : Josiah Conder, 3 : Frank Llyod Wright, 4 : Bruno Taut, 5 : Charlotte Perriand .[en ligne] [consultables sur] wikipédia.org.
[consultés le 05.04.2020] disponible à l’adresse : Fig 2: https://fr.wikipedia.org/wiki/Josiah_Conder_(architecte). Fig 3: https://fr.wikipe-
dia.org/wiki/Frank_Lloyd_Wright. Fig 4 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Taut. Fig 5 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Charlotte_Per-
riand

Fig. 6 : Tremblement de terre en 2011 - Fukushima [Consultable sur] lepoint.fr [en ligne] [consulté le 05.04.2020] disponible
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Fig. 8 : Intérieur d’une maison japonaise, tatamis au sol [consultable sur] pinterest.com [en ligne et consulté le 05.06.2020].
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Fig. 19 : Noms et tailles des différentes pièces traditionnelle.[Consultable dans] JACQUET, Benoît, MATSUZAKI, Teruaki,
TARDITS, Manuel, 2019. Le charpentier et l’architecte : une histoire de la construction en bois au Japon. Lausanne : Presses
Polytechniques et Universitaires Romandes. Collection «Architecture». ISBN: 978-2-88915-289-6. Pp. 78 - Reproduction
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Fig. 20, 21 & 22 : Vue depuis l’intérieur, couches successives (20), Façade sur rue avec des battari shôgi relevés(21), Vue sur le
jardin depuis l’intérieur, engawa (22)[consultable sur] nippon.com [en ligne et consulté le 06.06.2020]. Disponible à l’adresse:
https://www.nippon.com/fr/guide-to-japan/gu900012/?pnum=3

Fig. 23, 24, 25, 26 & 29 : Angle de la parcelle, différents volumes perceptibles (23) Vue depuis la rue, contraste avec les bâtiments.
(24) Un des espaces de jardin(25), Entrée dans un bloc, couvert (26), Transparence dans les volumes. [consultable sur] divi-
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jima-ryue-nishizawa-august-fischer-moriyama-house

Fig. 27, 30 & 31 : Elément de raccord vitré entre deux blocs(27), Espace intérieur à l’étage supérieur (30), Espace intérieur à
l’étage inférieur (31).[Consultable sur] iwan.com [en ligne et consulté le 06.06.2020]. Disponible à l’adresse : https://iwan.
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Fig. 28: Plan et position des blocs, relations. [Consultable sur] pinterest.es [en ligne et consulté le 06.06.2020]. Disponible à
l’adresse : https://www.pinterest.es/pin/442549100863903070/

Fig. 32, 33, 36, 37 & 38 : Vue aérienne, accès depuis la route (32), Accès à la maison, volume d’entrée (33), Couloir d’accès
aux chambres, profondeur(36), Exemple de manipulation et jeu avec l’ombre et la lumière (37), Espace vert protégé par le
bâti (38). [consultable sur] archdaily.com [en ligne][consulté le 06.06.2020]. Disponible à l’adresse : https://www.archdaily.
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do-photo?next_project=no

Fig. 34, 35, 39 & 40 : Plan niveau 0 (34), Plan niveau -1 (35), Cadrages des vues sur la nature, contraste int.-ext. (39), Mani-
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Fig. 41: Espace intérieur, mobilier occidental. [Consultable sur] ladyworld.tv [en ligne et consulté le 06.06.2020]. Disponible
à l’adresse : https://ladyworld.tv/hiroko-koshino

Fig. 42: Confrontation int.-ext., Contraste. Ici exemple traditionnel. [Consultable sur] flickr.com [en ligne et consulté le
06.06.2020]. Disponible à l’adresse : https://www.flickr.com/photos/tokyoviews/28660418850

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Juin 2020

Profil Search 2 - JMA-FR - BRANDT Jérôme


Professeur accompagnant : FRANK Frédéric

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