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(K-M). Une fois retirée la variance de ces deux grands facteurs, la variance
restante se répartit entre plusieurs facteurs plus spécifiques qui correspondent
aux facteurs primaires de Thurstone (cf. figure 1.3).
Figure 1.3
Représentation schématique du modèle hiérarchique de Burt et Vernon.
Raisonnement Général
Induction
Intelligence fluide
Raisonnement quantitatif
Raisonnement Piagétien
Développement du langage
Compréhension verbale
Intelligence Connaissance lexicale
cristallisée Compréhension de lecture
Codage phonétique
Facilité numérique
Rapidité cognitive
Vitesse perceptive
Figure 1.4
Structure hiérarchique des capacités cognitives (d’après Caroll 1993. Facteurs de vitesse
en italiques et de puissance en caractères normaux).
Numérique
Addition
Multiplication
Soustraction
Division
Jugement numérique
Comparaison
Empans
de chiffres
de chiffres, Raisonnement numérique de symboles
de lettres Série de nombres de figures identiques
Analogies de nombres
Rotation
Anagrammes mentale
Voc. Série Matrices Développement
Voc. déf. de lettres de Raven de surfaces Reconstruction
reconn. de formes
Analogies
Formation verbales Analogies
de concepts géométriques Assemblage
Sp
mécanique
l
Compréhension
rba
à l’écoute Cubes
d’un texte de Kohs
a t
e
ial
V
Rappel Assemblage
de paragraphe d’objets
Complétion
Compréhension d’images
de lecture
Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Figure 1.5
Représentation selon le modèle du Radex d’un ensemble fini de tests d’intelligence (d’après
Snow et Lohman, 1989 et Lohman, 2000, cité par Juhel, 2005).
• À l’inverse, plus un test est situé vers la périphérie, mieux il mesure des
aptitudes spécifiques ;
• La nature des aptitudes évaluées dépend de la zone où est située l’épreuve.
Une première région concerne les épreuves offrant un contenu figuratif
ou dont les items sont des figures géométriques (domaine spatial), une
seconde région rassemble les épreuves du domaine verbal (compréhension,
lecture, vocabulaire...) et la troisième région correspond aux épreuves à
contenu numérique (tâches impliquant des chiffres, des nombres, des
calculs...).
La position du test dans l’espace de la figure informe donc sur la nature
de la dimension qu’il évalue.
La position du test informe également sur le degré de complexité cognitive
des épreuves (cf. Guttman et Lévy, 1991) :
• Les tests situés vers le sommet, requièrent de la puissance de raisonnement
et sont intellectuellement plus complexes ;
• Le niveau intermédiaire marque des tâches plus simples où il est
simplement nécessaire d’appliquer des règles sans avoir à les découvrir ;
• La base du cône correspond à des tâches plus spécifiques, s’acquérant
principalement par apprentissages et pour lesquels la vitesse de réalisation
est généralement importante.
Il est possible de choisir les différents subtests constitutifs d’une batterie
en fonction de leur position dans l’espace du Radex. Cela constitue alors
un élément supplémentaire de validité de l’épreuve par le choix de tâches
non redondantes et couvrant plus largement l’ensemble des domaines et
des niveaux d’évaluation. On peut également le faire à titre confirmatoire
sur une batterie déjà existante. Une démarche de validation de ce type a été
menée pour la batterie NV5R que nous présentons dans le chapitre 5.
Flynn a constaté que « des cohortes de naissance testées au même âge et dans
les mêmes conditions à l’aide d’une même épreuve d’intelligence obtiennent
des scores moyens qui s’ordonnent comme leur année de naissance » (Flieller,
2001, p. 43).
Flynn a mené des travaux dans quatorze pays situés sur 4 continents et
aboutit à la conclusion que la progression moyenne est d’environ 5 points
de QI par décade, c’est-à-dire un écart-type par génération. D’autres études,
réalisées depuis par divers auteurs un peu partout dans le monde, parviennent
aux mêmes conclusions (voir par exemple Raven, 2001). L’effet Flynn,
même s’il fluctue selon les pays, les périodes et les tests considérés, s’avère
néanmoins un phénomène très général. Curieusement, la progression est plus
importante dans les tests d’intelligence fluide que dans les tests d’intelligence
cristallisée, ce qui paraît surprenant, puisque le registre de l’intelligence
cristallisée est a priori mieux à même de profiter des apprentissages. En
France, le phénomène a également été observé par plusieurs études : Flieller
et al. (1986) observent une augmentation de 24 points de QI sur une
période de 40 ans ou encore Baudelot et Establet, analysant les résultats
des tests passés par les conscrits lors de leur incorporation, constatent une
progression moyenne de 5 points de QI entre 1968 et 1982 (sur 14 ans).
En outre, des données anciennes attestent de la présence de ce phénomène
dès la fin de la première guerre mondiale et montrent qu’il s’est prolongé à
un rythme très régulier jusqu’à nos jours, concernant tous les âges de la vie
(groupes de jeunes, d’adultes mais aussi de personnes âgées).
La grande généralité du phénomène est donc attestée et ne laisse pas
d’interroger.
Tentatives d’explications du phénomène
Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
Les tentatives d’explications sont nombreuses mais l’on doit bien admettre,
comme le rappelle Flieller (2001), que le phénomène demeure encore une
énigme.
Plusieurs hypothèses sont candidates à l’explication de l’effet Flynn. On
retiendra en particulier :
– l’augmentation du brassage génétique des populations ;
– l’amélioration de la nutrition et des conditions d’hygiène et de santé ;
– l’augmentation des exigences et sollicitations cognitives de l’environne-
ment ;
– les progrès de l’éducation.
26 Les conceptions théoriques de l’intelligence et de sa mesure
de cohorte n’est effectif que pour une seule génération. Pour pallier cette
difficulté, les études visant l’obtention d’une vue d’ensemble de l’évolution
« life-span » de l’intelligence ont eu recours à un plan plus sophistiqué (appelé
séquentiel) qui est une combinaison des plans transversaux et longitudinaux.
L’étude longitudinale est alors menée simultanément sur plusieurs cohortes,
ce qui permet d’isoler les effets de cohorte des effets propres du vieillissement.
60
55
Moyenne T-scores
50
Compréhension verbale
45
Aptitude spatiale
Raisonnement inductif
40 Aptitude numérique
Fluidité verbale
35
25 32 39 46 53 60 67 74 81 88
Age
Figure 1.6
Courbes moyennes d’évolution avec l’âge des résultats dans les PMA de Thurstone observées
dans l’étude longitudinale de Seattle (d’après Schaie, 1994).
initialement décrit par Balinsky (1941) a été confirmé et précisé par plusieurs
études (Poitrenaud, 1972, Baltes et al., 1980). Balinsky (cité par Fontaine,
1999) avait comparé des groupes d’âges différents et observé une diminution
progressive des corrélations entre les subtests de la WAIS de 9 à 30 ans, puis
une augmentation progressive de ces corrélations de 30 à 60 ans. Poitrenaud
(1972) a observé une telle différence de structure factorielle entre deux
Dunod – La photocopie non autorisée est un délit
groupes de sujets âgés respectivement de 64-69 ans et de 74-79 ans, alors que
Lindenberger et Baltes (1997), comparant deux groupes âgés respectivement
de 70-84 ans et de 85-103 ans, ne l’observent pas. On peut donc penser
que cette dédifférenciation débuterait vers 30 ans et serait achevée vers
75 ans. Ce phénomène reste cependant controversé dans la mesure où il
a principalement été observé par des études transversales et n’a pas trouvé
de confirmation dans l’étude longitudinale conduite par Schaie. En outre,
son étude présente un certain nombre de difficultés méthodologiques
(Nesselroade et Thompson, 1995, Baltes et al. 1999).
30 Les conceptions théoriques de l’intelligence et de sa mesure
Tableau 1.3
Tableau des domaines de capacités intellectuelles et de leur sensibilité au vieillissement
(McGhee, 1993, Fontaine, 1999).
Sensibilité au
Nom Définition
vieillissement
Connaissance Capacité à comprendre les concepts quantitatifs Faible
quantitative et leurs relations.
Compréhension, Profondeur des connaissances. Insensible
connaissance
Mémoire à court Capacité à enregistrer des informations et à les Sensible
terme utiliser dans les secondes suivantes.
Récupération à long Capacité à enregistrer des informations et à les Sensible
terme récupérer après un délai supérieur à quelques
secondes.
Processus auditif Capacité à analyser et à synthétiser des stimulis Sensible
auditifs.
Vitesse de décision Capacité à répondre à des questions portant sur Très sensible
correcte des problèmes de difficulté modérée nécessitant
raisonnement et compréhension.
Raisonnement fluide Capacité à raisonner, à construire des concepts, à Très sensible
résoudre des problèmes dans des contextes
nouveaux.
Processus visuel Capacité à analyser et à synthétiser des stimulis Sensible
visuels
Processus de rapidité Capacité à réaliser rapidement des tâches Très sensible
cognitives automatiques sous pression et à
maintenir l’attention
nous venons de présenter. On peut pourtant s’interroger sur le fait que ces
modèles refléteraient la totalité de ce qui caractérise l’intelligence humaine.
En particulier, dès lors que l’on considère l’individu engagé dans des
tâches et des situations pratiques de la vie quotidienne, l’intelligence évaluée
par les tests peut sembler insuffisante pour rendre compte de l’ensemble de
ses fonctionnements adaptatifs.
L’interrogation n’est pas récente et de nombreux auteurs ont opté pour
une vision élargie de l’intelligence. Déjà, en 1920, Edward L. Thorndike
(1874-1949) identifiait 3 facettes à l’intelligence. Il la définissait comme
l’habileté à comprendre et à gérer 1/ les idées (intelligence abstraite), 2/ les
objets (intelligence concrète ou mécanique) et 3/ les personnes (intelligence
sociale). Cette dernière facette est ainsi définie par Thorndike comme la
capacité à « comprendre et gérer les autres personnes » et à « agir sagement
dans les relations humaines » (1920, p. 228). L’intelligence classiquement
évaluée par les tests d’intelligence ne correspond donc principalement qu’à
la première de ces facettes.
Par ailleurs, Weschler s’est également un temps intéressé à ce qu’il
appelait les « facteurs non-intellectifs » de l’intelligence (1943, p. 108). Il
désignait par là en particulier l’intelligence sociale. Il conclura cependant
quelques années plus tard que l’intelligence sociale n’est rien d’autre que de
« l’intelligence générale appliquée aux situations sociales » (1958, p. 75).
Cette question a cependant repris de la vigueur dans la période récente.
Elle correspond à la tendance de plus en plus affirmée à ne pas considérer
l’intelligence uniquement sous l’angle de la pensée logicomathématique mais
d’accorder une place plus importante aux différentes facettes des activités
mentales qui contribuent à l’adaptation de l’individu et à son efficacité dans
les différentes sphères de ses activités. Cette tendance s’exprime notamment
dans le modèle de l’intelligence de Sternberg, en particulier par la prise en
compte de formes d’intelligence dites « pratiques » ou « non académiques »
(Sternberg, 1985, Sternberg et al., 2000), ainsi que dans le modèle des
intelligences multiples de Gardner (1996, 1999) ou encore dans les travaux
menés sur l’intelligence émotionnelle (Salovey & Mayer, 1990) et sur
l’intelligence sociale (voir Loarer, 2005 sur ces deux aspects).
Ces modèles et ces travaux présentent à notre avis l’intérêt d’élargir la
notion d’intelligence pour chercher à mieux prendre en compte l’étendue
de la palette des ressources adaptative des individus et à mieux saisir
ce qui sous-tend l’organisation des conduites dans les situations de la
vie quotidienne. L’intelligence cognitive, celle qui prend appui sur le
traitement logique de l’information, joue à l’évidence un rôle essentiel pour