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385-413-VL F.

Moussa Keïta

La politique au Canada et au Québec


Cours 7 – Les Premières Nations et le Canada
 Autochtones: Peuples originaires, par voie ancestrales, de la
région qu’ils habitent et qu’ils n’y sont pas venus par
« immigration »
 Au Québec: 11 nations Autochtones reconnues.
 10 nations Amérindiennes
 Inuits
 Lexique, p.18
 Voir la carte du lexique, p. 20

Pour les Autochtones, l’histoire du Canada se divise


en 4 périodes (1, 2, 2.3 et 3):
 1- Période des alliances: des premiers contacts avec les Européens à 1815
 2- Période de marginalisation et d’assimilation des Autochtones: de 1815 à 1969.
 2.3- Inclus les « traités historiques » signés entre 1764 et 1921
 3- Période d’activisme autochtone: de 1969 à aujourd’hui
 4- Le néocolonialisme

Recueil, p.139

1-Période des alliances (1er contact à 1815)


- Français et Britanniques sont minoritaires lorsqu’ils colonisent le territoire.
Ils ont besoin de l’expertise des Autochtones pour d’abord survivre et ensuite pour
commercer.

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-Ils auront aussi besoin des Autochtones comme alliés lors des diverses guerres qui
opposeront Français et Britannique jusqu’en 1763.
Mais aussi en 1773-1783 (guerre d’indépendance américaine)
et 1812-1815 (guerre contre les États-Unis).
Voir recueil, p. 139.

 Les Autochtones sont vus comme des alliés de la Couronne britannique et non
des sujets.
 Ils traitent « d’égal à égal » avec les Européens.
 Les lois européennes

 Voir recueil, p. 139.

Proclamation royale de 1763


 Elle a son importance aujourd’hui parce que:
 Elle

 Mais surtout;

 Contexte: le rapport de force est encore assez équilibré entre Autochtones et


Britanniques.

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 Contexte: les Autochtones sentent les intentions expansionnistes des Européens


et cette Proclamation royale calme les esprits…pour l’instant.
 Voir recueil, p. 140.
 Lien :
https://www.axl.cefan.ulaval.ca/francophonie/Rbritannique_proclamation1763.h
tm

2- Période d’assimilation: 1815 à 1969

 La Proclamation royale de 1763 signifiait « qu’un territoire réservé à l’usage des


Autochtones était la reconnaissance d’un titre autochtone sur ces terres »
 Les terres qui devaient être cédées pour colonisation devaient l’être à la suite
d’ententes conclues entre les Autochtones et la Couronne.
 La guerre d’indépendance américaine et celle de 1812 viendront tout changer…
 Vers 1815, les armées britanniques et américaines sont beaucoup plus
puissantes que celles des Autochtones. Le rapport de force a changé.

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La dépossession

 Les instruments de la dépossession:


 1-Les « traités historiques » signés entre 1764 et 1921.
 On retire aux Autochtones leurs terres pour les donner aux
Européens qui, eux, ont la capacité de les rentabiliser (…bref, le
nomadisme « c’est mal »). En échange, la Couronne donne le droit
d’accès aux terres retirées, des compensations financières, ou des
garanties d’accès à certains services (écoles,etc.)
 2- Le système des réserves.
 On isole les Autochtones de l’influence du monde extérieur.
 Ainsi, on les prépare à être pleinement assimilés à la culture
européenne.
Voir recueil, p.141
Les réserves :
 On connaît le système des réserves.
 Les plus proches sont celles de Kahnawake (voir photos), Kanesatake et
Akwesasne.
 Mais ce système est apparu en conjonction avec les traités historiques

2.3 – Les traités historiques.


Les « traités historiques » signés entre 1764 et 1921 :
Série de traités signés entre des populations autochtones et les autorités coloniales

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Voir recueil, p. 141-142.

Les « traités historiques »: la Commission Erasmus-Dussault de 1990 :

 Elle explique pourquoi ces traités ont pu être signés malgré la perte de
territoire qui en résulte pour les Autochtones. Ce sont les divergences
dans les interprétations:

 La vision autochtone: le fondement de ces traités est basé sur l’idée de


réciprocité, de protection et d’aide mutuelle entre alliés et amis.

La vision de la Couronne: ces traités sont des transactions entre propriétaires. L’un cède
un territoire que l’autre gagne et le tout est confirmé par écrit

Voir recueil, p. 142

L’assimilation.
Les instruments de l’assimilation (et le système des réserves):
 1-Une éducation à l’occidentale.
 C’est au milieu du 19e siècle qu’apparaîtront les pensionnats
autochtones. Leurs déploiements sont un instrument
d’assimilation.
 2- Les conseils de bande

Voir recueil, p. 141

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 À partir de 1815, les stratégies d’assimilation se raffineront:


 La « civilisation par contagion »: les Autochtones sont installés parmi les
colons.
 La technique de la « quarantaine » et « des soins intensifs »: les
Autochtones sont isolés dans des villages spéciaux pour les confier aux
soins intensifs des missionnaires, instituteurs et agents de l’administration
coloniale.
 L’Acte pourvoyant à l’émancipation graduelle des Sauvages et la Loi sur
les Indiens permettront de déposséder les individus de leur identité
« d’Indien ».
 Voir recueil, p. 141.

La dépossession suivie par l’assimilation.


 La loi sur les Indiens de 1876.
 D’abord appelée « l’Acte des Sauvages ».
 Instaure une tutelle du gouvernement fédéral sur les Autochtones et à favoriser
leur assimilation progressive dans la société canadienne.
 Adoptée à l’insu des Autochtones, le Canada s’arroge les pleins pouvoir sur les
« Indiens » et leurs terres.
 Inclut: la détermination du statut d’Indien (certificat-voir photo), la gestion des
réserves, la culture et la spiritualité des Autochtones (certains rites sont
interdits).

 Voir lexique, p .147


La loi sur les Indiens de 1876 :
 Attention! Pas dans le recueil!!.
 Cette loi détermine les conditions « d’émancipation » des Indiens pour
qu’ils deviennent des citoyens affranchis « sobres et industrieux ».
 Une période de probation de 6 ans de bonne conduite est nécessaire. Et
l’Indien a l’obligation de le démontrer.

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 Voir: https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/loi-sur-les-
indiens

2- Période d’assimilation : 1815-1969


 La période de 1921 à 1969:
 Arrêt des signatures des « traités historiques ». Le gouvernement fédéral n’est
plus intéressé aux terres autochtones… sauf si des non-Autochtones ont un
intérêt pour s’y établir ou exploiter des ressources naturelles.
 Les autorités pensent que les Autochtones vont disparaître devant la marche vers
la modernité et s’assimiler à la société plus « avancée »… Donc, pourquoi se
lancer dans des négociations coûteuses pour des terres?
Voir recueil, p. 141.

 En passant:
 Droit de vote accordé aux Inuits en 1950.
 Droit vote accordé aux Premières Nations en 1960
 Texte de Renée Dupuis (p. 173)
 Aussi: https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/droit-de-vote-
des-peuples-autochtones

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 La période de 1921 à 1969:


 La stratégie de l’assimilation culmine, en 1969, avec le Livre blanc sur la politique
indienne du gouvernement libéral de P.E. Trudeau (dont Jean Chrétien est
ministre des Affaires indiennes…voir photo).
 L’intention du gouvernement en était une d’ouverture envers les Premières
Nations. Mais ce document a été interprété comme une autre tentative
d’assimilation.
 Pour les Autochtones, ce document a eu l’effet d’un électrochoc.
Voir recueil, p. 141

Le livre blanc sur la politique indienne de 1969.


1-Propose d’éliminer le statut d’Indien afin de faire des Autochtones des citoyens à part
entière.
2 .
3-Propose de transférer aux provinces la responsabilité de pourvoir des services aux
Autochtones.
4- .
5- Le tout a pour but « de faire disparaître de la Constitution toutes les allusions à
l’Indien ».
Selon vous quel est le problème avec ces propositions?
Réponse:
Voir recueil, p. 143.

Des indices… (presque la réponse):

-Le libéralisme. Vision libérale individualiste des droits des minorités (donc les
Autochtones).
-Droits collectifs négligés devant les droits individuels
(quelle est la conséquence?).
-Pour P.E. Trudeau, « seul l’individu est détenteur de droits [!] »

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Lien avec la Charte canadienne des droits qui sera adoptée 13 ans plus tard !!

3-Période d’activisme autochtone: de 1969 à


aujourd'hui

 Dès 1969, le National Indian Brotherhood rejette les idées du livre blanc:
 Un statut différencié n’est pas la source de la situation socioéconomique
désastreuse des Autochtones.
 Le problème est que l’État canadien utilise ce statut pour construire un
système qui désavantage systématiquement ceux qui sont identifiés
comme « Indiens ».
Voir recueil, p.144.

 Encore le livre blanc:

 Pour les Autochtones, l’idée que la publication du livre blanc soit le


résultat d’un Canada juste est fausse.

 Le fait de créer les mêmes règles et institutions pour tout le


monde sans tenir compte des différences culturelles et des
injustices historiques ne peut pas être considéré comme un acte
« neutre » ou impartial.

 De plus, l’effet est que l’on impose ce qu’on appelle une


« dictature de la majorité ».

 Conclusion, bien que paradoxal, pour beaucoup d’Autochtones, le


système des réserves, qui peut être décrié, doit donc être préservé.

 Voir recueil, p.144-145.

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 Donc,

 « Pour les Autochtones, le problème ne réside pas dans l’existence d’un statut
individuel différencié ».

Voir recueil, p.146.

Dans les années 70:

Éveil de la lutte pour défendre les droits collectifs des Autochtones.

On espère obtenir une reconnaissance constitutionnelle qui aurait pu mener à un


troisième ordre de gouvernement à l’intérieur du régime fédéral.

Mais, on fonctionnera avec des négociations au cas par cas (nation à nation) entre
Premières Nations et le Fédéral.

Voir recueil, p.146.

… Hmm, il y a un parallèle intéressant à faire avec l’enjeu de la place des francophones


(et Québécois) dans la fédération canadienne!

-Création du Parti Québécois en 1967.

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-Référendums sur l’indépendance en 1980 (Oui = 40%; Non = 60%) et 1995 (Oui=49.4%;
Non=50.6%).

-Loi 101 sur la langue française de 1976.

-Rapatriement de la Constitution de 1982 (Trudeau, Lévesque, nuit des longs couteaux)

-Accords du Lac Meech de 1987.

-Enjeux de la laïcité au Québec (années 1990-2000).

Tous ces éléments touchent aux enjeux de droits individuels vs droits collectifs tels que
mentionnés aussi par les Autochtones.

La nuit des longs couteaux?

 Lors du rapatriement de la Constitution en 1982, le 1 er ministre Pierre E. Trudeau


convoqua tous les 1ers ministres des provinces pour négocier et approuver le
rapatriement (on modifie et ajoute des éléments à la Constitution : toutes les
provinces doivent donc être d’accord). Les négociations sont longues et le 1 er
ministre du Québec, René Lévesque, s’oppose souvent à Trudeau (ne pas oublier
que nous sommes deux après un référendum sur l’indépendance du Québec qui
opposa ces deux hommes).

 Pendant la nuit, lorsque Lévesque dort, Trudeau et les 1ers ministres des autres
provinces négocient « dans la cuisine »* et arrivent à un accord. Le lendemain,
lors du réveil de Lévesque, il est mis devant le fait accompli et on lui demande de
signer. Se sentant trahi et manipulé, il refuse de signer.

 *En anglais « la nuit des longs couteaux » s’appelle « the kitchen accord ».

Accord du lac Meech?

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 Accord (1987) qui modifie la Constitution canadienne afin de permettre au


Québec de réintégrer la fédération. Les termes donnent au Québec un statut
particulier dans la fédération canadienne.

 Le Québec n’a jamais signé la Constitution depuis son rapatriement de 1982 et la


nuit des longs couteaux. Cet accord devait être accepté par toutes les provinces.
Mais ce fut un échec, car Terre-Neuve et le Manitoba ont refusé (les Autochtones
étaient contre) de signer.

 L’accord sera donc un échec.

L’arrêt Calder :

IMPORTANT: https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/calder-affaire

Voir recueil, p.146.

 … Mais, la Cour Suprême reconnaîtra le point de vue des Nisga’a

 (le refus fut basé sur un problème de procédures…)

 Le développement économique de la région devra tenir compte de leur


présence.

 En passant, cette situation va à l’encontre du Livre blanc de Trudeau.

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 Conséquences pour le Canada:

Voir recueil, p.146.

Au Québec: Convention de la Baie James (1975) :

3-Période d’activisme autochtone: de 1969 à aujourd’hui.

Loi constitutionnelle de 1982 et l’article 35.

- Cette loi est adoptée sans le Québec (nuit des longs couteaux).

- Les associations autochtones réussissent à obtenir l’article 35: reconnaissance


des droits ancestraux ou issus de traités.

Article 35: https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/const/page-13.html


Il exige la tenue de conférences avec les provinces au sujet de la gestion des territoires
autochtones (Article 35.1).

 Voir aussi https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/droits-ancestraux

 Voir recueil, p.147.

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 Les premiers ministres provinciaux seront peu enthousiastes pour participer à


ces conférences.

 Conséquence: méfiance et cynisme chez les Premières Nations.

 Encore pire.

 Le parlementaire autochtone du Manitoba, Elijah Harper, bloquera le


processus de ratification en 1990.

 Voir recueil, p.147

La crise d’Oka, 1990 :

Voir recueil, p.147

3-Période d’activisme autochtone: de 1969 à aujourd’hui.

Pendant 15 ans (1990 – 2005 environ), revendications à travers le Canada.

 Revendications et blocages de routes

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 Ententes suite à des mobilisations autochtones locales.

 Implications des grandes organisations autochtones comme l’APN/AFN


(Assemblée des Premières Nations).

 Bref, tout projet sur les territoires autochtones doit passer par des consultations
publiques.

Voir recueil, p.148.

Aujourd’hui: Position critiquée* du gouvernement canadien

 1- L’arrêt Calder reconnaît, de façon floue, l’existence de titres autochtones. Et


d’autres jugements iront dans le même sens (celui de la reconnaissance des
titres).

 Donc, un groupe autochtone a le droit de prendre collectivement des


décisions à propos de l’utilisation de son territoire.

 2- Mais,

 3- Pour le Canada, il faut donc arriver à un compromis appelé:

Processus canadien de revendications territoriales globales.

4- *Mais quel est le problème?

Voir: https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/revendications-territoriales-
globales-traites-modernes

Voir recueil, p.148.

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Aujourd’hui: Position critiquée du gouvernement canadien (processus canadien de


revendications territoriales globales)

 Pour l’État canadien, il s’agit d’un processus de « réconciliation ».

 Fonctionnement: Mise sur pied de « traités modernes » qui sont des


négociations au cas par cas avec les Autochtones.

 Ainsi, on clarifie les ambiguïtés juridiques associées aux principes de


droits ancestraux.

 Pour les Autochtones:

 Voir recueil, p.148.

 Pour les Autochtones (suite):

 Ce processus a des lacunes démocratiques.

 Il sert avant tout à servir les entreprises extractivistes (entreprises


minières, pétrolières, etc.) qui dépossèderont les communautés
autochtones suite aux négociations.

 Ce processus renforce donc un cadre colonial.

 Ce processus est basé sur des valeurs eurocanadiennes et dont l’objectif


est l’assimilation.

 Voir recueil, p.149.


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Le fédéralisme postcolonial

 Pour les Autochtones, le Canada serait un État postcolonial:

 La lutte pour obtenir des systèmes politiques autochtones distincts et


sans interférences du gouvernement fédéral est donc une lutte pour la
« décolonisation ».

 Voir recueil, p.149-150.

Rapport Vérité et réconciliation et les pensionnats autochtones

Entre 1874 et 1996: 150 000 enfants autochtones ont été séparés de leurs familles pour
être internés dans 139 écoles créées à cette fin.

2008. Excuses du gouvernement conservateur

2015. Excuses du gouvernement libéral

2021. Découvertes de corps d’enfants autochtones sur les anciens sites des pensionnats

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 Le Rapport (2015). https://nctr.ca/documents/rapports/?lang=fr

 Voir les appels à l’action suite à la publication du rapport (dans LÉA).

4-Le néocolonialisme (important, voir lexique p.


171-172)
« Type de domination du Nord [pays riches] sur le Sud [pays pauvres] qui prévaut à
l’époque contemporaine »

Au Canada, il s’exprime à travers les éléments que nous venons de voir:

a. Traités historique inéquitables

b. Des siècles de colonisation

c. Dépossession

d. Assimilation

e. Politiques discriminantes (loi sur les Indiens, livre blanc)

f. Une réconciliation en demi-teinte.

g. Des territoires autochtones, convoités et exploités par les entreprises


non-autochtones sans tenir compte des droits collectifs et inhérents*.

Pour bien des autochtones, le résultat est qualifié de: génocide culturel.

*Droit inhérent?

 « Droit qui existe en soi, c’est-à-dire qui appartient de façon immanente,


intrinsèque et inaliénable au groupe ou à l’individu qui en est doté ».

 Voir lexique p. 78

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 Présentement, c’est un droit qui n’est pas accordé aux Premières Nations du
Canada.

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